et dun charabia
Nombre de messages : 15 Date d'inscription : 25/11/2007
| Sujet: <Et dun charabia> [devoir n°2]{Neo} Dim 25 Nov - 0:27 | |
| - Citation :
- Sujet 2 :
"Un personnage est en train d'admirer sans bouger le lieu où il se trouve. Il se met ensuite à marcher le long d'un rue, avenue, chemin, canal, etc. puis à courir pour quelque raiso que ce soit (poursuivi/poursuivant)." Interdiction d'utiliser des verbes de mouvement, de localiser un lieu par rapport à un autre. La fin cependant pourra, si elle est explicative, déroger brièvement à cette règle. ¤ [Boite à musique] ¤ Un soir de novembre, songe d’un jeune homme…
Les mots semblaient s’écouler de son esprit, telle une plume légère et virevoltante guidée par les humeurs d’un souffle apaisant.
Sa course folle prenait donc fin dans cette fourmilière souterraine. Autour de lui, les gens planaient, bercés par cette douce mélodie qui n’avait cessé de résonner dans un coin perdu de leur imagination. Lentement, le voile s’était levé et son regard brillait d’un nouvel éclat, cette myriade d’étoiles ne l’avait finalement pas abandonné.
A ses côtés, un homme avait fini par interrompre la lecture de ce monde qui défilait beaucoup trop vite… Désormais, il paraissait calme, son regard s’était posé sur le sourire d’un petit garçon. Ce dernier, sous le regard attentionné de sa mère, agitait la petite boule en plastique qu’il tenait précieusement dans sa main gauche, faisant pleuvoir un manteau neigeux dans les rues de Moscou. Assise face à lui, une jeune femme vêtue d’une écharpe en soie assistait, le temps d’un instant, au spectacle donné sur les quais par un petit homme de bois. Accroché aux ficelles d’un marionnettiste aux doigts fatigués, il s’agitait maladroitement au milieu de la foule pressée. A la lueur d’une faible chandelle, ce pauvre acteur ne perdrait jamais son léger sourire, tant il savait au fond de lui-même que les mots étaient bien superflus ; nul besoin de crier, son seul plaisir était de capter un regard, un mime pour attendrir nos cœurs réunis…
Le jeune homme s’arrêta un instant pour regarder sa montre.
De là-haut, cette femme dessinait le ciel bleu d’un monde qu’il espérait tant. La main qu’elle passa dans ses cheveux, l’ondoiement de sa jupe, sa démarche impatiente, chacun de ses doux gestes semblait dépeindre ces objets ordinaires tels que leur reflet nous apparaîtrait empreint de magie.
Au centre de son tableau, elle se plaisait à estomper et souligner tour à tour l’architecture de la halle ; dans la profonde tranchée que la construction des voies a creusée, le mélange de teintes métalliques qu’elle utilisait nous fît parvenir une rame de métro sur les quais de la station des Abeysses…
Le temps reprit son envol…
Toute cette effervescence, toute cette atmosphère bouillonnante était fixée dans le regard de cette jeune femme. Elle avait pris soin d’effacer peu à peu le grondement des wagons, les sonnettes d’alarme assourdissantes et les pas fracassants de la foule, laissant place à une mélodie d’ordinaire presque inaudible. Le jeune homme pouvait sentir battre son cœur. Discrètement, par-delà le flou de toutes ses blessures du passé, elle avait dessiné son étreinte. Telle une rivière souterraine qui alimentait le meilleur de lui-même, elle laissait en lui des traces secrètes. Elle l’avait fait renaître, éclairant ce léger point lumineux de tout son amour. Là se trouvait son véritable chef d’œuvre. Lui ne vivait plus que pour la retrouver…
Il se faufila puis se heurta parmi les voyageurs qui se hâtaient vers la sortie. Les valises volèrent les unes après les autres, les épaules s’entrechoquèrent et les interjections résonnèrent tout au long de ce tunnel, formant ainsi un bal de vagues silhouettes déséquilibrées.
Il se présenta seul pour affronter cet escalier interminable. La lumière du néon tentait d’éclairer son ascension fulgurante, les marches qu’il montait quatre à quatre ; lui n’était déjà plus guidé que par le désir de pouvoir enfin serrer son amour dans ses bras. Ayant finalement gravi les dernières marches de ce labyrinthe, il s’arrêta net, comme stoppé par le souffle d’un murmure amoureux. Illuminée par ce soleil qui lui tendait une dernière fois les bras avant de se coucher à l’ouest, elle se trouvait là, resplendissante et merveilleuse.
Il posa la main sur ses hanches, la vie leur sourit…
A l’autre bout du monde, le clocher sonna huit coups marquant l’échappée belle de ces deux âmes qui vivaient l’une pour l’autre… | |
|
Dounette
Nombre de messages : 4122 Date d'inscription : 22/11/2007
Personnages RP Pseudo: Pseudo : Pseudo :
| Sujet: Re: <Et dun charabia> [devoir n°2]{Neo} Dim 25 Nov - 0:37 | |
| Correction du devoir par le mentor : Neobasileus - Neobasileus a écrit:
- Un retard en entraînant un autre, je ne passe que maintenant pour lire ce magnifique texte. Tu as bien respecté la consigne, n'utilisant de verbes de mouvement qu'à la fin. Je ne crois pas avoir besoin de t'xpliquer l'intérêt de cet exercice, le résultat étant suffisamment parlant. Je n'ai guère de temps, mais n'en aurait pas plus besoin : je n'ai pas remarqué de fautes (s'il y en a, que l'on m'excuse pour sommeil hésitant) et le contenu était libre ; il est d'excellente qualité, aussi me contenterai-je de te féliciter, je pense que tu as conscience que ce travail le mérite.
Ah oui, une remarque positive :"Il posa la main sur sa hanche, la vie leur sourit." On peut apprécier toute la saveur du passé simple : homonyme du présent, il donne ainsi à cette phrase un petit goût d'éternité... | |
|