Je vais vous raconter une histoire que vous n'auriez même pas imaginer. Vous souhaiteriez nejamais la subir. Cette histoire, c'est celle de ma vie.
Je m'appelle Guillaume. J'ai eu 20 ans cette année et je suis issu d'une famille ordinaire.
Ordinaire? Pas tant que ça.
Depuis plusieurs générations, la tâche de sauver les pauvres âmes d'une mort injuste.
Maintenant que j'ai passé mon vingtième printemps, c'est à moi d'assurer la relève.
Pour m'aider dans ma mission, les dieux m'envoient des visions des gens à sauver, du lieu et des conditions de sauvetage. A moi de me débrouiller pour sauver la vie de ces malheureux.
Comme vous pouvez vous en doutez, difficile de vivre une vie normale dans ces conditions. Malgré cela, j'ai trouvé l'amour.
Eloïse.
Elle est belle, brune, les yeux bleus et une plastique à en faire fondre la calotte glaciaire.
Entre elle et moi, c'est le grand amour depuis plusieurs mois.
C'est la première personne extérieure à ma famille à qui je parle de mon don.
Elle s'est montrée incroyablement compréhensible et ne se vexe jamais de mes départs précipités même si cela lui pèse certains jours.
C'est un matin de juin où j'ai fait l'erreur qui rendit ma vie aussi vide qu'inutile.
Nous dormions tranquillement dans mon lit. La fenêtre laissait entrer une brise agréable qui venait parcourir nos corps peu vêtus.
C'est alors qu'une vision, accompagnée du traditionnel coup de poing derrière le crâne, m'assaillit.
Je me redressai brusquement malgré le corps de ma petite amie sur moi et prit ma tête entre mes mains.
La vision fut celle d'une dame âgée d'environ cinquante ans. Celle-ci se semblait rentrer chez elle lorsqu'un homme antipathique s'approcha.
"File ton sac ou je te saigne!" disait-il en sortant un cran d'arrêt.
"Non" répondait la dame en se cramponnant à son sac.
Puis l'homme n'hésita pas. Il tira le sac et donna un coup de couteau à l'abdomen avant de partir en courant, laissant la femme pour morte.
La vision se stoppa. Celle-ci avait durée une seconde tout au plus. Eloïse s'approcha de moi.
"Ca va?" s'enquit-elle.
"Ouais, t'inquiètes" arrivai-je à articuler, le sang battant encore aux tempes.
"Une vision?"
"Non, ça a fait pareil mais c'était juste un mal de crane"
J'avais menti à Eloïse. Je voulais rester avec elle, la prendre dans mes bras, l'embrasser et m'endormir à nouveau à ses côtés. Après tout, si le destin de cette femme était de mourir aujourd'hui, il fallait que cela arrive. J'avais déjà empêché une trentaine de morts en 5 mois. L'un d'entre eux pouvait bien payer pour les autres, aussi cruel que cela pouvait paraitre.
Vers 7h du matin, Eloïse se prépara à aller en cours. Elle sortit du lit, totalement nue. Je pus admirer ses formes qu'elle s'empressa de cacher sous une fine chemise de nuit.
Elle revint me voir une fois prête à partir, m'embrassa et me souhaita une bonne journée.
Soudain, le mal de tête revint accompagné d'une nouvelle vision :
Ma petite amie se tenait sur un trottoir. Elle tenait son sac à main à l'épaule, fidèle à son habitude et s'apprêtait à traverser la route pour rejoindre sa voiture. Elle mettait les écouteurs de son MP3, regardait à gauche puis à droite et quittait le trottoir pour marcher sur la chaussée.
Soudain, une voiture lancée à toute vitesse surgit de nulle part. Eloïse la voyait au dernier moment et se faisait percuter par le monstre d'acier dans un crissement de pneu. Sa tête percutait le capot avant que son corps retombe tel une poupée de chiffon, totalement inerte.
Je rouvris les yeux, le souffle court et le front trempé. Je regardai le réveil : 11h20. Eloïse finissait ses cours d'ici dix minutes. Je sortis de mon lit, enfila mon jean et mon T-shirt de la veille et courut à toute vitesse dans le salon.
Je pris les clés dans ma main et sortit en courant en me dirigeant vers ma voiture. Je démarrai dans un grondement de moteur rageur, faisant monter l'aiguille du compte-tour dans ses limites. Je parcourus la ville à toute vitesse, frôlant régulièrement les 120 km/h. Je vis peu de feu rouge pour mon plus grand bonheur.
La fac d'Eloïse n'était plus très loin, seul un feu et un virage m'en séparait. Je continuai dans la rue, lancé à toute allure.
*Satané feu, passe au vert!!*
Je pris alors la décision de le griller, la vie de ma douce en dépendait. Passant à peine sous la barre des 80 km/h, je passai le feu, priant que personne n'ait l'idée de sortir de l'intersection qu'il gardait.
Vint le virage, heureusement, celui-ci était plutôt long. Je le prenai à toute allure et bientôt, la fac apparut.
Et soudain, l'horreur. Eloïse se trouvait en plein milieu de ma trajectoire, dans la sortie du virage. J'écrasai le frein, debout sur la pédale. Les pneus crièrent sous la douleur imposée. Chaque pièce de la voiture semblait se tordre sous la puissance du freinage brusque.
La distance qui me séparait d'Eloïse se raccourcissait de manière incroyablement rapide et pourtant, les secondes me paraissaient des heures.
L'impact fut effroyable mais il n'était rien en comparaison du bruit qu'accompagna le choc que fit la tête de ma petite amie sur mon capôt.
Elle fut éjectée à plus de 25 mètres et quand enfin ma voiture se décida à s'arrêter, je la vis. Par terre. Gisant dans une marre de sang. Son sang.
Je n'arrivai pas à bouger. Mes mains étaient aggripées au volant. Aggripées si forts que mes articulation en étaient blanches.
Dix minutes plus tard, un véhicules de pompiers était là. Mais c'était trop tard. Elle était morte sur le coup.
La voiture dans la vision, c'était la mienne. Moi qui avait sauvé 30 vies qui m'étaient inconnues, je venais de retirer celle de la personne qui m'était la plus chère au monde. Et c'était mes Dieux qui me l'avait ordonné.
Aujourd'hui, je suis en prison pour homicide involontaire avec circonstances aggravantes. Je n'ai pas pu aller à l'inhumation de ma petite amie, ma famille ne me parle plus et surtout, je n'ai plus aucune vision.
Voila ma punition pour avoir désobéi à mes dieux.