L'uranium, ça pique.

Mes amis, connaissances et ennemis intimes, vous qui m’êtes au choix et dans le désordre indispensables, indifférents, superflus, agréables, insupportables, indestructibles, jaunes ou consumptibles, fruits de la corruption d’une terre qui ne sait pas ce qu’elle fait ou hybrides indignés voyageurs des verticales ou plus rarement des humains qui jouent à être des elfes, des anges ou des dragons de Komodo, je suis authentiquement heureux et reconnaissant de vous voir passer déposer à votre tour un petit – ou pour certains un gros – mot à l’occasion de ce non-évènement car, c’est vrai, j’aime et estime les symboles, même ceux qui viennent vous rappeler par l’intermédiaire de l’état des civils qu’il serait quand même temps de faire le lien entre le nombre d’automnes qui ont point sans qu’on ait demandé à les voir et les prétentions qu’on est en droit d’avoir sur vous après que fusse écoulé près d’un quart de siècle, un so happy Viertel von Jahrhundert.

Arte m’informa il y a un temps déjà que l’une des différences notables, encore, nous distinguant du reste du règne animal était la proportion du temps de vie consacré à l’enfance, et donc à l’apprentissage, même s’il est vrai qu’il n’est jamais trop tard pour engranger un savoir bienvenu. Tout s’explique donc : ma pilosité ridicule, la complaisance dans l’infantilisme, le fait qu’on me reproche sans cesse un manque de maturité… je suis juste le prototype d’un nouveau type d’humain – qui met un peu plus de temps à mûrir, certes, mais amené à conquérir le monde ! J’avais dit dès le début que c’était foireux cette histoire de grands blonds aux yeux bleus ; tout passe par les cheveux en fait… Et comme ça se recroise, j’entame aujourd’hui la lecture de l’Homme qui apprenait lentement, de Pynchon.

Mais en attendant ce jour béni – pour moi, et maudit pour la plupart des autres –, je poursuis mon enfance en parallèle de la vie aeliséenne – car en vrai, ça s’écrit comme ça – et, contrairement à la plupart des vieux que j’ai pour l’instant connus dans ces recoins pas très nets de celui-ci, le besoin de prendre congé de façon prolongée ne s’est pas encore fait sentir. Attaché à quelques-uns, découvrant à l’occasion d’autres à la démence compatible, je continue d’arpenter en lépreux épileptique, Gardien derviche tourneur, les terres bordéliques de Ter Aelis, et c’est toujours un plaisir.

***

Entre le 8 et le 9 janvier, avec Kinder, two half-geeks in Paris…


« Oh putain, une voiture immatriculée PNJ 75 !
_ Vite, mon appareil photo ! »


« C’est quoi dans ma poche ? Oh, mon ticket de cinéma de Burn after Reading. Ca sert plus à rien…
_ Mais pourquoi tu l’as jeté dans le caniveau !? Il fallait le brûler !!! »


« Vous vendez des tickets de stationnement ?
_ Oui, c’est dix ou vingt euros.
_ Merde.
_ Vous êtes bien garé ?
_ Ouais.
_ Alors vous pouvez tenter le coup. »


On aurait vu un « canard », peut-être décédé, coincé dans un canal gelé. Mais c’était probablement une chaussette.


On aurait éventuellement rigolé comme des cons au moment de l’atroce révélation du film Frozen River, lorsque la passeuse de clandestins pakistanais réalise qu’elle a jeté par inadvertance leur bébé sur une rivière gelée, justement, s’attirant des regards outrés de plusieurs spectateurs.


On aurait franchi, là encore par inadvertance, une porte spatio-temporelle, ce qui nous a permis de rencontrer à vingt kilomètres de la capitale une bande de racailles dont le style était déjà complètement passé de mode à la fin des années 1980 même dans les coins les plus reculés de province, mettons le Finistère. Question primordiale : le chef était-il celui dont la chaussette relevée sur le bas de survêt’ était rouge, à la manière du Grand Schtroumpf, ou bien celui qui a trouvé pertinent de s’asseoir sur une table voisine de celle de ses potes, bien qu’il y ait de la place dessus, apparemment pour le seul plaisir d’avoir à crier lors de leur conversation – qui portait sur le jeu de tarot, notamment ?

A l’année prochaine, petits serpents.


Message pas subliminal : allez voter pour le Voltaire.