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 Dérision Amoureuse

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Kayae

Kayae


Féminin Nombre de messages : 32
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MessageSujet: Dérision Amoureuse   Dérision Amoureuse Icon_minitimeMar 27 Jan - 0:02

Une rencontre, diverses circonstances, coeurs ne se connaissent pas, l'envie de plaire les prend. Envie naît sans réel intérêt, d'une simple solitude damnée et d'une profonde perversion sociale. Mais c'est qu'ils ont l'air cons à se trémousser et à se gonfler, c'est un bordel de gloussements, d'humour indécis, de pas maladroits et de gestes tremblants. Allez donc, ça se voit, ça se verrait à des milliers de kilomètres, ces deux-là s'essaient, mais allons donc arrêtez ! Des clowns, des acteurs, quelle mise en scène bancale et sans conviction, quels textes ridicules ! De grâce, n'en faites pas plus. La décence vous dirait d'arrêter, si vous en aviez la moindre.
Et c'est qu'elles se colorent, regardez le sang affluer à leurs joues contorsionnées dans des sourires forcés et niais, regardez donc leurs yeux tourner indécemment de tous côtés et évitant de se regarder, leurs mains se tortiller nerveusement et leurs tics inventés pour l'occasion se perpétrer !

C'est qu'il faut les guider, les pauvres âmes en peine, c'est qu'il faut les tirer, les pousser, les prendre par la main et les faire se toucher.
Car ils n'avoueront rien, ils nieront jusqu'au bout de leur fierté l'intérêt qui croît en eux !
Regardez-les essayer tant bien que mal de trouver la circonstance qui amènera naturellement leur histoire... Oui, aussi naturellement qu'un chat irait s'acoquiner de la souris !
Ah, au détour d'une activité ennuyeuse à crever pour tous deux les mains se joignent enfin. Les membres s'engourdissent, se tendent, et dans la sérénité qu'ils prônent l'un l'autre n'existe aucune détente.
C'est une pépetuelle hésitation, un concert de soupirs et de souffles laborieux, une langueur infinie qui excite le corps et le bloque à la fois.
Enfin s'avoueront-ils que ce n'est cela qu'il leur faut; ils comptent déjà brûler les étapes, jeunes ne sachant rien du rythme de la vie, et croyant se l'approprier comme il leur sied !

Ah, ils sont beaux les amants, noyés dans leurs sécrétions, pauvre amas de chair rose se tortillant péniblement sur sa tombe !
Un vrai régal des yeux, hésitations sans précédent, et c'est qu'il retombe le malheureux, et c'est qu'elle s'assèche la traitresse ! Une tour écroulée ne fera jamais rien d'un aride désert, mais c'est qu'ils s'obstinent. Ils peinent, ils peinent et je m'en satisfais.
Je jouis de les voir ainsi se morfondre, continuer en sachant que rien n'arrivera plus. Oh mais quelle jubilation j'en tire !
Le voilà qui se redresse fièrement, mais à quoi cela sert-il ? La traitresse t'a abandonné en Sahara, pauvre âme vierge de tout ébat ! Vierge mais non pure, vierge mais non innocente... Vierge mais aussi impie qu'une autre !

Après moultes déceptions et essais ratés, la masse s'endort recroquevillée sur sa propre dérision amoureuse. Ecrasements, coups sont au rendez-vous. On ne se le dit pas, mais qu'il est difficile de trouver le repos de l'esprit emmêlé dans un autre !
Ils se jouent du tambour dessus, s'étouffent d'amour; quelle belle chose que l'amour en effet ! Il n'est pas exagéré de dire qu'on peut en mourir, on y manque d'air en effet.
Et ça gigotte, et ça se tourne et se retourne, l'un trouverait le repos sur une pierre, et son corps abandonné au néant écrase inertement celui de l'autre. L'autre n'en pouvant plus veut bien vonlontiers se libérer de la terrible loque qui l'emprisonne, mais Hercule lui-même ne pourrait bouger d'un milimètre ce roc dégoulinant.

Quant le soleil filtre à travers la vitre, c'est l'autre qui a trouvé le repos le plus tardivement qui s'éveille en premier, prenant conscience de l'oppression que son corps a subi toute une nuit. Mentalement et physiquement ébranlée, sa masse se meut péniblement sur la tombe pour tirer l'autre de sa mort momentanée. Hélas, un haillon reste un haillon et aucun mouvement ne s'effectue. Prends ta douleur en patience jeune âme damnée...

Enfin sont-ils tous deux sorti de leur torpeur, ils se retrouvent vite.
Rien ne se fera d'autre que ce qui les concerne, aucune autre activité que l'abandon mutuel, l'envie du rien les prend.
L'un a tant à faire, tant de responsabilités, mais le fleuve du Léthé trouvé en l'autre lui a tout sorti de la tête ! Doit-on compter sur l'autre pour les lui rappeler ?
Certes non ! L'autre a parfaitement conscience de ce qui doit se faire ici-bas, mais ne veut en aucun cas quitter le refuge que son coeur a trouvé ! Ne rien dire, se taire, se taire, l'autre y pense toujours, toujours, cela ronge son intérieur mais il faut ne rien dire, se taire surtout, se taire !
Ainsi personne ne dit rien, et les étreintes maladroites recommencent, et on en atteint vite les prémices du Septième Ciel, car au fond qu'y a-t-il d'autre à faire ? Ici bas on s'ennuie, il faut quitter la Terre, quitter le sol et s'élever...

Mais c'est qu'ils s'enterrent plutôt.

Ils s'enterrent toujours plus profond, toujours et perpétuellement dans leurs illusions.
L'amour n'est qu'un mensonge se renouvelant à loisir, les oublis sont illusoires et dangereux aussi.
Leur amour est risible, leur amour est nuisible, et d'ailleurs je ne me prive pas d'en rire;

Je ne me prive pas d'en rire quand je vois les amants s'enterrer toujours plus profond dans leur dérision amoureuse.
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http://dollygoth.skyblog.com  (de nombreux textes pour les amate
 
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