Le trou d'Aillas (version 1) (Rôle Play en Ter Aelis)

Haven, nouveau venu en ces Terres s’était rendu à l’aeliversaire donné en faveur du premier anniversaire de l’installation des premiers colons sur Ter Aelis. Il y avait rencontré Cassiopée, gardienne tutélaire. Celle-ci, intriguée par ce nouveau venu, l’avait convié à se désaltérer, puis, comme l’atmosphère de la fête commençait à se calmer, elle l’avait entrainé vers le fond de la pièce.

Citation :: - Vois Haven ! Regarde où je vais t’emmener !

Et sans attendre plus longtemps, elle tendit la main posant ses doigts graciles sur la pierre glacée. Sous sa paume, la pierre fondait, se liquéfiant en gouttelettes de lave qui coulaient le long du mur découvrant un grand trou.
C’est ce que l’on voyait par cet orifice qui était surprenant.

-Tu vois Haven… Un jour Aillas a découvert ces Terres… Elles ne sont accessibles que depuis cette ouverture.
Viens je t’y emmène.

Et Cassiopée pénétra la première se contorsionnant pour passer la fenêtre. Puis, elle tendit la main à Haven :

-Viens !

Le trou d'Aillas (version 1) (Rôle Play en Ter Aelis) Trou_d10

Journaliste Nombre de messages : 1000 Age : 28 Date d'inscription : 23/12/2007

- Alors, je prendrai un verre de vin rouge avant de vous mener dans un lieu magique… Voulez-vous aller en ce lieu en ma compagnie ?

Haven observa encore un instant Cassiopée, comme pour chercher des indices quant à ses intentions. Il réfléchissait, rapidement maintenant, aux possibilités quand une serveuse à l'air pur passa avec une bouteille de vin sur un plateau. L'homme soupira en souriant et attrapa la domestique au passage, passant son bras autour de la taille de la jeune femme. Lorsqu'elle protesta, tandis qu'il se saisissait de la bouteille, il l'approcha de lui et chuchota quelques mots à l'oreille de la fille. Celle-ci se mit à rougir violemment et arrêta de protester. Haven en profita pour s'éloigner avec Cassiopée, après lui avoir rempli son verre.

- Vois Haven ! Regarde où je vais t’emmener ! dit-elle, alors qu'elle ouvrait un passage à même la pierre.

- Tu vois Haven… Un jour Aillas a découvert ces Terres… Elles ne sont accessibles que depuis cette ouverture. Viens je t’y emmène. ajouta-t-elle en se baissant pour entrer. L'homme considéra posément le passage devant lui et ce qui semblait se dresser derrière. Se frottant la lèvre inférieure de l'index, il sourit et eut un rire léger. Il se rendit compte qu'il avait toujours la bouteille de vin dans la main, l'examina un instant et but directement au goulot. Tandis que Cassiopée répétait son invitation, il posa le flacon sur le banc tout proche et se glissa doucement par l'ouverture.

- Voila qui promet ! dit-il juste avant de disparaitre de l'autre côté.

L’ouverture opérée par Cassiopée dans le mur du Zeppelin s’ouvrait telle une fenêtre circulaire sur un monde désolé, un hublot vers d’ardentes nuées. Elle resta béante et lumineuse pour les yeux des fêtards quand Haven se glissa par le trou.
Cassiopée avait été surprise quand ses pieds avaient touché le sol. Ils s’y enfonçaient comme si elle se déplaçait sur une couette géante et monstrueuse. Le premier contact avec le lieu lui donnait une impression de mollesse extrême. Elle devait lever le genou bien haut pour avancer d’un pas. Autours d’eux, le paysage apparaissait tel qu’ils l’avaient découvert par le hublot ouvert : Une brume ocre et pourpre envahissait les lieux et quelques fumerolles s’évadaient de petits cratères protubérants sur l’immense édredon qui s’étendait à perte de vue. Seules, au loin, s’élevaient de hautes roches grenat. Aucune végétation n’était visible.

- Quel étrange pays ! On dirait une mer de coton garnie de duvet. C’est presque chaud sous les pieds ! On aurait envie de s’y coucher pour dormir…

Sur ces mots, Cassiopée s’assit. Mais à peine s’était-elle posée, qu’elle s’enfonça si profondément que seule sa tête émergeait encore entre les plis du sol. Au contact de la matière, elle sentit sa robe de pluie s’assécher et avant de se retrouver complètement nue devant Haven, elle entreprit de changer de tenue. Pourtant, il lui fallut plusieurs tentatives pour réussir à se forger une fine étoffe de vapeurs grises.
Elle s’excusa auprès de Haven.

- Oh ! Ma magie semble ne pas être à la hauteur du lieu pour le moment, voici tout ce que je peux faire pour l’instant…

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Haven fit un tour d'horizon lentement, en prenant soin de ménager le sol cotonneux sous ses pieds. Une légère appréhension l'agita soudain, raidissant ses muscles. Le décor qui les entourait maintenant avait, à ses yeux, quelque chose d'inquiétant qu'il aurait su expliquer. Le mercure dans ses veines ne pulsait plus comme précédemment, en réponse aux flux des objets métallique. Haven respira profondément plusieurs fois pour se calmer. L'efficacité du geste fut illusoire. Il sentait toujours le flux de vif-argent s'agiter fiévreusement dans sa colonne vertébrale. Cassiopée ne semblait pas le moins du monde perturbée par ce monde et paraissait même amusée par la matière sous leurs pieds. Lorsqu'elle s'enfonça jusqu'au cou en tentant de s'asseoir, Haven ne put réprimer un rictus d'aversion. Marmonnant quelques paroles, il fit jaillir de son bras quelques gerbes de mercure qui allèrent se se placer sous ses pieds et l'élevèrent au dessus du sol.

- Oh ! Ma magie semble ne pas être à la hauteur du lieu pour le moment, voici tout ce que je peux faire pour l’instant…

Haven considéra la gardienne et sa nouvelle tenue, plus légère, avec un léger sourire appréciateur.

- Ça vous va mieux. dit-il dans un rire légèrement inquiet. - Je ne me sens pas parfaitement à l'aise non plus, en fait. avoua-t-il.

Il se baissa ensuite pour prendre la main de Cassiopée. A son contact, des gerbes de mercures coulèrent le long du bras de la femme en caressant sa peau, avant de tomber à ses pied pour créer une seconde plateforme qui s'éleva pour rejoindre la première. Le nouveau "sol" s'éleva encore pour se situer environ un mètre au dessus des masses cotonneuses. L'amusement premier de Haven avait fait place à une inquiétude mais la curiosité reprenait maintenant le dessus tandis que le mercure sous leurs pieds offrait une certaine consistance. Se tournant à nouveau vers Cassiopée, il demanda avec un air à nouveau enfantin:

- Et si nous visitions ce plan, maintenant ?

Comme Haven lui prenait la main pour la sortir du cocon dans lequel elle se sentait douillettement installée, Cassiopée accepta presque à contrecœur son aide. Pourtant, l’environnement cotonneux qui embrumait son esprit l’effrayait suffisamment pour la rendre consciente qu’elle devait réagir.

La main de Haven n’était plus aussi froide, la tiède sensation lui fut douce au toucher et quand le mercure parcourut sa peau, elle frissonna sous la caresse. A cet instant, Haven lui parut un homme plein de ressources, aussi frémit-elle à cette évocation et posée sur le socle solide procuré par le métal, elle en profita pour vérifier que la chaleur avait également gagné le corps de l’homme. Elle se serra contre lui, captant son aura encore si jeune mais si étonnante.

- Et si nous visitions ce plan, maintenant ?

Lui demanda Haven alors qu’elle l’écoutait avec intensité, cherchant à surprendre ce qui la rendait méfiante de l’homme au mercure.

C’est avec un sourire mi figue, mi raisin qu’elle lui répondit :

- Je me demande bien où nous pourrions aller dans cet amas de coton aussi parfumé soit-il. Comment voulez-vous que nous allions bien loin en étant condamné à lever les genoux jusqu’au menton ?
Je ne connais pas assez l’air qui nous entoure pour nous soulever tous deux.
Voulez-vous que nous nagions ensemble dans cette immense couette ?

Ajouta-t-elle espiègle.

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Haven trouvait que l'attitude de la gardienne avait changé depuis le début de la soirée. Il ne savait pas si c'était le vin ou autre chose mais il lui semblait qu'elle était devenue moins distante. Lorsqu'elle se serra contre, bien qu'il ne soit pas totalement à l'aise, il dut reconnaitre qu'il appréciait la sensation. Il perçut également qu'elle tentait de le discerner et de le comprendre, ce qui l'amusa. Observant que Cassiopée mettait un point d'honneur à distinguer les plus légères perturbations de son être, même lorsqu'il parlait, Haven décida qu'il était temps de la replonger dans le doute.

- Je me demande bien où nous pourrions aller dans cet amas de coton aussi parfumé soit-il. Comment voulez-vous que nous allions bien loin en étant condamné à lever les genoux jusqu’au menton ?
Je ne connais pas assez l’air qui nous entoure pour nous soulever tout deux.
Voulez-vous que nous nagions ensemble dans cette immense couette ?

- Pourquoi pas ! dit-il sur le même ton espiègle que la gardienne. - Allons-y ajouta-t-il alors que la plateforme de mercure s'élevait au dessus du paysage pour finalement se retrouver en train de déambuler à quelques mètres au dessus du "sol" cotonneux. La plateforme semblait chercher quelque chose dans le décor, à la manière d'un oiseau de proie, en planant ça et là. Soudain, elle s'immobilisa et Haven demanda - Vous êtes prête ? en attrapant la main de Cassiopée. Sans même attendre une quelconque réponse, il fit disparaitre le mercure sous leurs pieds et amorça la chute dans un sourire. Que trouveraient-ils en dessous?

Le premier réflexe de Cassiopée fut de s’allonger et d’écarter les bras bien qu’elle tint serrée entre ses doigts la main de Haven. Leur contact avec la masse cotonneuse fut aussi doux que prévu mais l’élan de la chute les faisait descendre sans que les particules qui les enveloppaient ne les arrêtassent. Ce fut une descente longue et paisible, sans frein, mais sans heurt non plus.
Cassiopée faisait connaissance avec ce nouvel environnement, testant les variations, les confrontant aux éléments qu’elle maîtrisait habituellement. Aucune particule d’eau ne semblait faire partie du paysage. Elle en fut inquiète car leur chute libre à travers cette masse nuageuse les éloignait considérablement de l’ouverture pratiquée dans le mur du zeppelin.

Il lui semblait nager dans un nuage de ouate aux parfums de fleurs, elle n’avait qu’une vague impression de chuter doucement. L’opacité lumineuse du lieu la plongeait dans une sensation de rêve. Elle planait…

Soudain, l’air fut plus léger, la densité de l’espace moins pesante et la chute plus rapide.
Autour d’eux, l’oppression diminua, laissant place à la pureté d’une vue aérienne.
Pourtant, ils descendaient si vite que Cassiopée s’en effraya :

-Et si tu trouvais un moyen pour qu’on ne s’écrase pas sur le sol à l’arrivée !

Dit-elle à Haven qu’elle n’avait pas lâché et qu’elle tenait si fort qu’elle devait laisser quelques traces de ses ongles sur sa peau.

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-Et si tu trouvais un moyen pour qu’on ne s’écrase pas sur le sol à l’arrivée !

- Tu as peur ? demanda simplement Haven avec un large sourire. A ce moment la, il plaqua ses bras écartés contre son corps, sans pour autant lâcher Cassiopée et manipula son mercure pour augmenter son poids. Le changement fut soudain et ils plongèrent vers le sol à une telle vitesse qu'on eut dit qu'ils volaient un instant plutôt. Malgré l'épaisse couche au dessus de leurs têtes, il faisait jour dans cette partie du plan et l'on pouvait voir loin à la ronde les décors qui les attendaient en contrebas. Un lac aux reflets de jade bordait une terre d'un rouge pourpre qui semblait tout bonnement surnaturelle. Plus loin, une forêt étrange et immense se dressait au pied de quelques montagnes. Ses couleurs elles aussi détonnaient car elles n'étaient que nuances de bleus plus ou moins sombres, tandis que les montagnes arboraient des nuances de verts mats et de bruns brillants. De l'autre côté des montagnes s'étendait un désert aux lueurs vertes vives presque aussi violentes que si on eut regardé le soleil directement. Le paysage fit oublier aux deux personnages leur chute l'espace d'un instant.

Haven reprit finalement conscience de leur situation. Il ouvrit à nouveau les bras et marmonna quelques paroles, faisant à nouveau sortir du mercure de ses manches. Les gerbes de métal revinrent se positionner sous les deux personnages et la nouvelle plateforme ralentit leur course, pour finalement les faire atterrir doucement.

- Jolie chute ! Tu t'es amusée au moins? dit simplement Haven, toujours souriant, en regardant Cassiopée - Et quelle terre étrange... Ce sol... On dirait... de la poussière de rubis !

Ils sortirent de la mer de nuages tel un avion à réaction. Le vent fouettait leur visage et les longs cheveux de Cassiopée battaient contre sa peau. La sensation fut comme un électrochoc pour Cassiopée, elle retrouvait les sensations qu’elle aimait. Elle se sentait glisser dans un déplacement d’air vivifiant et elle en profita pour se gorger d’énergie. Le contrôle de leur déplacement semblait une bagatelle pour Haven, aussi profita-t-elle de la balade sans arrière pensée.

Sous leurs yeux défilaient des paysages aux couleurs éclatantes et ils s’en rapprochaient à grande vitesse. Pourtant leur atterrissage fut maîtrisé avec tout l’art de la composition de Haven : Servis sur un plateau… Cassiopée s’amusa en pensant à l’image qu’ils donnaient tous les deux, se tenant par la main, debout sur un plateau de mercure se posant doucement sur le sol de ce pays multicolore.

Le sol fut la première chose qu’elle examina car il était composé de minuscules petits éclats d’un rouge étincelant. Elle hésitait à lâcher la main de Haven car depuis le temps qu’elle le tenait ainsi, elle appréciait le contact de cette peau étrange où circulait un métal en fusion qui dégageait une douce chaleur.
Elle s’y résolut pourtant à contrecœur et se baissa pour récolter une poignée de poussière rouge qu’elle fit crisser sous ses doigts :

-Ce sont de minuscules petits cristaux et ce rouge rubis est réellement magnifique !

Observant le paysage alentour, elle se décida à poser le pied sur ce sol précieux. Il paraissait bien ferme, aussi quitta-t-elle la plateforme procurée par son compagnon et se dirigea vers le lac d’un vert opaque qui ressemblait à s’y méprendre à du jade.

-Crois-tu que ce lac soit lui aussi composé de pierres précieuses ? dit-elle sans se retourner.

Cassiopée avançait à grands pas, cette vaste étendue d’un vert laiteux l’attirait comme un aimant. Elle n’entendit pas le vrombissement qui grondait au loin….

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- Crois-tu que ce lac soit lui aussi composé de pierres précieuses ?

- On aurait dit du jade, vu d'en haut. Quel étrange endroit...

Tandis que la gardienne courait vers le lac, un vrombissement sourd se fit entendre. D'abord lointain, il se rapprochait rapidement, à mesure que les arbres en saphir se brisaient sur son chemin. Finalement les arbres de l'orée de la forêt éclatèrent laissant place à deux nouveaux protagonistes; un golem d'opales d'une vingtaines de mètres aux prises avec un scorpion en diamant. Le vrombissement, maintenant assourdissant, provenait des cristaux longs de plusieurs mètres sur la carapaces du scorpion, long d'au moins dix mètres, qui perturbaient l'air en bougeant au rythme de la créature. Ce spectacle était d'autant plus impressionnant que les cristaux ne s'entrechoquaient jamais. De l'autre côté, le golem n'était pas en reste. Les opales changeaient sans cesse de couleur, avec des pointes dans le rouge écarlate, marquant probablement la colère dont la créatures était emprunte. Elle martelait de ce qui semblait des poings les pinces et la tête du scorpion qui répliquait en utilisant son dard pour poignarder, plus que pour empoisonner. Mais le combat était inégal et bientôt le golem, à qui de gros morceaux de "chair" manquaient, commença à reculer, comme pris de vertiges. Ce fut le moment que choisit le scorpion pour envoyer son aiguillon de diamant pur frapper le torse du golem qui vola violemment en éclat.

Le spectacle que venait d'offrir les êtres gigantesques était incroyable. Les deux humains restèrent bouche-bées, sans réaction, tandis que des éclats d'opales pourpres tombaient ça et là. Il fallut encore quelques secondes à Haven pour réaliser ce qui venait de se passer. Mais soudain son instinct de survie reprit le dessus, tandis que le mercure pulsait à la cadence du vrombissement. C'en était presque douloureux pour l'homme et il dut se concentrer pour contrôler ses membres et courir vers la gardienne dans l'intention de l'emmener avant que la créature ne les remarque. Mais il était trop tard. Le gigantesque scorpion s'était déjà tourné vers eux et avançait incroyablement vite.

- Et merde.

Lentement, la conscience de Cassiopée s’ouvrait au monde extérieur, s’écartant de l’opale verte du lac qui miroitait à proximité. Alors, elle entendit le bruissement sonore qui ronflait dans l’air ambiant. Cherchant des yeux la provenance du vrombissement, elle se retourna pour apercevoir une masse géante qui étincelait de mille feux mettre en éclat une créature étrange.

La dame des étoiles restait pétrifiée devant le monstre qui fonçait à présent vers eux à une vitesse affolante. Ce furent les mouvements de son compagnon qui éveillèrent ses instincts. Aussi se mit-elle à courir, allongeant sa foulée comme elle se pensait incapable de le faire. Pourtant, elle sentait que le mastodonte de cristal s’approchait plus vite qu’elle ne pouvait fuir. Elle cherchait des yeux un refuge et ne voyait rien à proximité qui puisse la protéger.

Comme elle arrivait sur la rive du lac, une pince gigantesque claqua des dents, juste sur sa droite. Elle ne réfléchit plus et se jeta sur le lac. Sans comprendre comment le jade pouvait l’absorber de la sorte, elle s’enfonça dans les profondeurs de la pierre et nagea comme si elle écartait devant elle un liquide dense et opalescent… Le plus surprenant fut sans doute la sensation étrange de pouvoir respirer alors que sa vue, troublée par la masse, déformait ses propres mains.

La sensation de refuge que lui apportait le lac était mitigée par l'étrangeté du lieu et par le fait que Haven n'était plus près d'elle. Aussi, se décida t-elle à remonter vers la surface.

Au fond de ses pensées, un appel retentissait, elle sentait Grendelor la chercher sans la trouver. Sachant qu'elle ne devrait compter que sur elle dans cette aventure, son âme noire ensommeillée depuis le départ de Sanz, s'éveilla...

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Haven n'avait pas remarquer la disparition de Cassiopée. Son esprit était distrait par son instinct qui lui intimait de fuir et par le métal qui réagissait de plus en plus fort au vrombissement de l'air entre les cristaux du scorpion. Il lui semblait devenir de plus en plus lourd chaque seconde, perdant le contrôle du métal dans son corps. Soudain, son corps se déroba sous lui. Le métal avait repris ses droits sur ce corps et l'esprit de Haven n'était plus qu'un hôte. Aussi rapidement qu'il était tombé par terre, le corps se releva. Il se retourna rapidement, faisant maintenant face au scorpion de diamant. Mais ce corps n'avait nullement l'intention de périr sous les coups de la créature.

Le corps fut recouvert d'une couche de métal liquide, suintant par les pores, qui forma rapidement une armure solide et légère à la fois. De la même façon, des armes apparurent sur le flan droit du corps de Haven. Le métal, maintenant le corps, fit tirer à celui-ci une longue épée large qui semblait plus aiguisée qu'un fil de diamant. Immédiatement, le corps se lança sur le scorpion et lui asséna un coup terriblement puissant. Celui-ci fut toutefois inefficace, de par la nature même de la bête. Le choc fit vibrer le corps encore plus qu'auparavant, intensifiant la transe. L'épée large disparut instantanément et fit place à une lance de métal liquide. Alors que la lame avait semblé finement ouvragée, la pique resta simple et une fois qu'elle fut solidifiée, elle sembla devenir indestructible.

A ce moment là, l'esprit de Haven regagna le contrôle du corps. Le métal avait laissé dans sa mémoire des informations qu'il s'empressa de mettre en pratique. Sautant avec une force décuplée, il arriva sur la tête du scorpion et décocha la lance en direction du dard qui, à l'impact, explosa littéralement. Gagnant en assurance, Haven rappela la haste métallique à lui, et la planta violemment dans la tête du scorpion.

L'effet fut immédiat et sans surprise. Alors qu'il remuait agressivement encore une seconde avant, la créature tituba quelques instant sur ses pattes avant de s'effondrer, ses pinces claquant une dernière fois, mollement.

Au contraire, Haven respirait plus fort qu'avant. L'exercice dont il avait été le "témoin" avait été pénible et il avait maintenant besoin de reprendre son souffle. Ce ne fut que lorsqu'il fut de nouveau complètement sur pieds qu'il prit le temps d'observer la lance qu'il tenait dans les main et qui lui avait permis de venir à bout du scorpion presque sans effort. En tâtant l'arme, ses doigts lisaient dans le métal comme un aveugle aurait lu du braille. les aspérités de la matières lui racontaient une histoire, lui faisaient comprendre la nature même de l'objet.

- Ça alors ! C'est de l'adamantium. C'est totalement indestructible, sous forme solide. Je vais être incapable de le réassimiler... dit-il distraitement à l'intention de la gardienne. Ce ne fut qu'à ce moment-là qu'il se rendit compte de l'absence de Cassiopée. Il la chercha du regard.

Cassiopée n’avait pas retrouvée son âme noire depuis la nuit funeste qui l’avait dédoublée à jamais sur la digue de Saint Adobe. Il était étrange pour elle, de sentir son âme étinceler bien plus violemment quand l’âme noire se montrait à son appel.
Lorsque ses yeux se fendirent, libérant un éclair fulgurant, elle enfourchait un dragon d’or et de nuit qui émergea du jade pour s’élancer dans un ciel aux allures de barbe à papa.

Cassiopée jouissait de ce moment sublime où elle était entière, sans scrupule et sans crainte.
Elle était prête à dévorer la monstruosité qui l’attaquait un moment plus tôt quand elle aperçut Haven en contemplation devant une arme, alors que le scorpion de cristal gisait à terre défait et réduit à Néant.

Un soulagement aurait dû faire place dans le cœur de Cassiopée, pourtant l’âme noire ne savourait point cet instant :

- Que fais-tu Cassi avec cet être qui te vole tes proies ?

-Tais-toi Issac…Haven vient de laisser un peu de lui dans ce combat ….

- Il risque fort d’y laisser un peu plus, s’il me prive des combats auxquels je me prépare !

-Tu arrives si tard qu’il avait mille fois la possibilité de se faire tuer !

Issac vint se poser si près de Haven que son haleine ardente vint lécher le corps de l’homme. Les multiples facettes de ses yeux émettaient des lueurs pourpres dont les reflets évoquaient la colère qui animait le dragon.

Cassiopée, perchée sur Issac, goûtait tant le plaisir de monter son dragon qu’elle n’envisageait même pas de descendre.

- Alors Haven ? Que fais-tu ? Montes-tu avec moi ?

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Le mercure s'était transformé en adamantium, gagnant rapidement tout le corps de Haven. Ses pupilles avaient tourné à l'argent et ses veines étaient maintenant apparentes, teintées d'un gris sombre. L'armure qui était la un instant plutôt se rétractait lentement. Toutefois, lorsque il vit le dragon surgir du lac de jade, l'instinct de Haven l'avertit de se méfier et il garda de l'armure des grèves.

Lorsque le dragon se posa juste devant lui, Haven esquissa simplement un sourire, appréciant la chaleur de ce souffle qui rendait le métal encore plus liquide. Toutefois il se méfiait. Cassiopée lui demanda:

- Alors Haven ? Que fais-tu ? Montes-tu avec moi ?

- Non merci... Je me débrouillerai tout seul pour remonter dit-il sur un ton méfiant. En disant cela, il fit un saut en arrière de plusieurs mètres, appréhendant la réaction de Cassiopée dont il sentait les flux perturbés....

Cassiopée fut choquée par la réaction d’Haven qui semblait rejeter son offre comme s’il s’agissait d’un piège. Elle sentait les ondes méfiantes et le maintien de l’armure de protection qu’il avait établi pour combattre le scorpion.

- Alors Cassi ? Que dis-tu de cet homme prêt à te combattre ? Penses-tu qu’il ait une âme savoureuse ?

- Même mon âme noire ne peut se permettre d’émettre ce genre d’insinuation.

La communication entre Cassiopée et Issac n’était qu’un filet de pensées instantanées, pourtant elle mit la dame des étoiles en colère, car elle constatait bien que Haven reculait pour mieux l’attaquer à son tour.

Ce fut Issac qui, sous la colère de Cassiopée, en profita pour laisser exprimer la sienne. Dressant son cou vers les cieux, il régurgita une lampée de phosphore qui tout en grimpant le long de son œsophage, s’embrasait, libérant un brasier que cracha la gueule béante dirigée vers l’homme en armure. Haven chavira sous le choc de l’énergie dégagée. Une fumée noire sortait des naseaux du dragon rendant plus féroce encore son air courroucé.

Cassiopée contemplait Haven se secouant sous l’impact de la flamme.

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Haven eut juste le temps de mettre ses bras devant lui pour se protéger avant que la masse de phosphore ne le frappe de plein fouet. Le choc plutôt que la chaleur déstabilisa l'homme qui partit un instant en arrière. Du métal avait recouvert ses avant-bras pour diminuer le violence de l'impact. Une fois le projectile à terre, il prit le temps de constater que le métal avait chauffé à blanc, fournissant à Haven un étrange sentiment d'énergie et de maniabilité de son pouvoir. En un instant, ses grèves prirent un peu plus d'importance et couvrirent ses jambes des pieds aux genoux. Ces protections au design étrange semblaient vibrer extrêmement rapidement, comme si elles avaient une volonté propre de se battre. Ou peut-être n'était-ce que la réponse du métal à la volonté de l'homme.

Haven se créa également de longues lames de coudes. Si la première semblait faite pour déchirer les chairs avec ses crans et ses lames inversées, la seconde, une simple lame courbe, semblait dotée d'un mécanisme étrange. Leur point commun résidait dans le tranchant qui aurait pu venir à bout de la plus résistante des roche.

Appréciant son nouvel arsenal, l'homme considéra son nouvel adversaire un instant. Puis soudain, il se mit à courir dans la direction du dragon et de s cavalière. Les grèves avaient réellement augmenté ses capacités, car son accélération fut fulgurante et le saut qui suivit exceptionnel. Haven arriva au dessus de Issac et choisit ce moment pour augmenter drastiquement sa masse. Retombant sur la tête de celui-ci, l'homme écrasa violemment la tête du dragon contre le sol, pensant ainsi affecter Cassiopée de la même manière. Il utilisa ce léger moment de latence pour remonter le long de la colonne vertébrale du lézard pour arriver face à la gardienne. Il avait la ferme intention d'en finir dès cet instant et il avança sa lame déchiquetante sans ciller.

Toutefois, Haven avait sous-estimé le lien qui unissait Cassiopée et Issac et il ne put rien faire lorsqu'elle tomba à genoux sur la crête du reptile, affectée par le choc violent infligé un instant plutôt. L'homme, étonné par cette réaction perdit l'équilibre et bascula en avant. Dans l'instant , il plaqua sa lame de gauche contre les écailles et déclencha le mécanisme. Il s'avéra que celui-ci consistait à créer un choc violent supplémentaire permettant de pénétrer les chairs récalcitrantes, ou tout simplement à se débarrasser d'un ennemi trop collant. mais le cuir dorsal d'un dragon n'est pas une chose qu'on peut percer facilement et Issac fut seulement entaillé de façon légère, tandis que Haven se retrouvait projet à une dizaine de mètres de là. Retrouvant son équilibre dans les airs, il atterrit sur ses jambes à la manière d'un chat.

- Est ce que vous aurez aussi une blessure au bas du dos? demanda-t-il sur un ton insolent, en se retournant. - C'est intéressant de constater que vous subissez les mêmes dégats l'un et l'autre ajouta-t-il, moqueur, en se préparant à recevoir l'offensive.

La nouveauté d’une union apporte parfois des surprises et Cassiopée fut stupéfaite de constater combien Issac était mécontente. Son dragon avait craché sa flamme sans qu’elle n’eut pu l’en empêcher.
Etonnée par une telle réaction, elle concentra son attention sur Haven car elle se demandait pourquoi cet individu attisait ainsi le feu de son âme noire.
L’homme sortait de son propre corps un arsenal d’armes blanches impressionnant. Son anatomie semblait receler des pouvoirs encore inconnus pour la Dame des Etoiles.
Alors qu’elle se demandait comment ils avaient pu passer du jeu à un échange aussi violent, l’homme aux métaux tranchants s’écrasa sur la tête d’Issac.
Le choc perçu par le dragon résonna dans son propre cerveau comme un coup de gong se répercutant sur les faces de sa réflexion, aussi fut-elle particulièrement sensible à l’entaille qu’Haven infligea à son dragon.
Ses yeux reflétaient sa rage quand elle virevolta vers l’homme au moment où celui-ci la regardant d’un air moqueur et sur de lui ajoutait d’un ton narquois :

- Est ce que vous aurez aussi une blessure au bas du dos? C'est intéressant de constater que vous subissez les mêmes dégâts l'un et l'autre.

Mais Cassiopée n’eut pas le temps de répondre qu’Issac gronda secouant la tête d’un air menaçant :

- Ce blanc bec m’a écorché Cassiopée, il ne recommencera pas !

A peine avait-il prononcé ces mots que le dragon se dressant de sa taille gigantesque devant Haven bifurqua et lança sa terrible queue armée d’un croc massif sur l’homme qui vola à des centaines de mètres de là.

- Prépare-toi Cassiopée, je t’emmène.

Cassiopée n’eut pas le temps de se demander où il l’emportait et elle étreignit le cou de son âme double alors qu’il s’élevait vers les cieux avant de disparaître complètement aux yeux de Haven.

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La queue du dragon frappa Haven de plein fouet. Il ne s'attendait pas à une telle réaction et n'eut que le temps d'esquiver le croc. Le choc lui brisa plusieurs côtes et le projeta loin de la créature. La douleur était telle que l'homme perdit connaissance un instant. Le métal prit alors le relai, faisant pivoter le corps dans les airs pour être face au sol, puis plantant les lames de coudes dans le sol pour freiner la projection. Une fois stoppé, le corps commença à s'arcbouter étrangement, le métal traversant les os et les tissus pour réparer les dégâts causés. Puis, se relevant, le corps fit d'étranges dessins dans les airs avec les mains, à la manière d'une marionnette mal articulée. Une voix métallique sortit de la bouche de Haven

- Le métal et la chair
- Artémis

Son avant-bras disparut soudainement, laissant place à un grand arc de lames qui semblait autant fait pour tailler dans les chairs que pour tirer des flèches

- Athéna

Et un large bouclier rond gravé de runes apparut sur le bras gauche de Haven. Il était maintenant prêt pour attendre le dragon. L'âme métallique se mit en retrait, réveillant l'esprit de l'homme.

- Nous t'attendons, dragon dirent-ils simplement.

Froid, gel des sens.
L’entrée dans le Néant ralentissait la vie et terrorisait les cœurs. Le Néant pétrissait les cervelles pour en extraire la peur et laissait les corps en suspend, incapables d’inspirer, impuissants à puiser dans le rien.
Pourtant cette fois, Cassiopée sentit Issac qui enveloppait son âme, reculait l’effroi au-delà de la haine et de l’amour. Elle aurait voulu s’agripper au cou de son double mais elle ne sentait rien. Ses doigts paraissaient inexistants, elle ne percevait plus rien de son corps, son âme ne s’accrochait à rien, seule la présence d’Issac la maintenait en état et lui évitait de s’éparpiller.
Son souffle avait esquissé l’envie de rechercher de l’air mais le Néant avait opprimé ses poumons et obstrué sa trachée. Elle aurait voulu crier mais le son était inconnu en ce monde. Rien. Il n’y avait rien… Mais avant de pouvoir souffrir du manque d’oxygène, la lumière resplendit et le vent s’engouffra, gonflant sa poitrine. Elle survolait les nuages roses qui baignaient l’horizon d’une douceur gracieuse et riante.

Issac effleura doucement sa pensée :

- L’homme est fortement armé. Il faut jouer finement avec lui. Le métal lui appartient. Il te faudra être vent ou lumière. Oublie les secrets de la Terre lorsqu’il est là.

-Pour toi aussi Issac cet homme est dangereux, il t’a déjà blessé et peut recommencer.

-La blessure est légère et le métal ne pourra m’atteindre que si tu n’es pas là pour me protéger… Toi, tu connais les secrets du feu des étoiles et moi ceux de ses ombres… Agissons de concert face à cet homme.

-Mais Issac… Cet homme était charmant il y a peu de temps, pourquoi est-il devenu si violent ?

Le dragon émit un sifflement qui pouvait passer pour un rire…

-Cet homme veut te battre. Il veut jouer avec son corps et le tien par la même occasion. Un corps de chair contre une armure armée et vivante et tu voudrais l’épargner ?
Es-tu prête ?

La réponse fut à peine émise que le dragon plongeait dans la masse nuageuse.

Quand il émergea dans le ciel au dessus de Haven, une aura de lumière enveloppait le couple volant. Orion le chasseur avait retrouvé son rôle premier qui était de protéger la reine et agissait comme un bouclier prêt à repousser toute molécule désireuse de pénétrer vers les chairs sanguines de Cassiopée et de son âme double.

Journaliste Nombre de messages : 1000 Age : 28 Date d'inscription : 23/12/2007

Lorsque la lumière de la charge de Cassiopée perça à travers les nuages, Haven décocha une longue flèche métallique qui partit à toute vitesse contre la masse lumineuse. Hélas, la flèche fut simplement détruite. Un moment d'expectative intervint, semblant trop long.

Puis, la réaction. Faisant disparaitre ses armes, il lança de part et d'autres des gerbes de métal, semblant vouloir s'assurer des prises. Puis, Haven commença à réciter rapidement de longues invocations, comme s'il rassemblait ses forces avant de lancer un énorme assaut. Des sillons commençaient à apparaitre sous la couche de rubis, se dirigeant vers l'homme à toute vitesse, puis disparaissant sous lui. Bientôt, un cercle de métal se forma autour de Haven, grossissant à chaque sillon qui disparaissait sous lui. La scène durait depuis 30 secondes à peine quand, levant les yeux vers la gardienne, l'homme décida qu'il était temps. A la manière d'un renard qui attend pour bondir sur sa proie, tout le métal sollicité par Haven ne faisait qu'attendre l'ordre de l'homme. Cette volonté qui se faisait maintenant meurtrière se transmettait à travers tout le métal comme des vibrations.

Puis, enfin, Cassiopée ne fut plus qu'à quelques dizaines de mètres. La chaleur dégagée par son attaque ne faisait qu'attiser la volonté du métal. Il était maintenant trop tard.

- Cerbère, la bouche des enfers.

Et une gigantesque tête de chien métallique sortit du sol. Soudain, la gardienne ne fonçait plus sur l'homme; c'était l'homme qui venait la happer. Si l'attaque pouvait la protéger des assauts frontaux, elle ne pourrait rien faire contre une masse de métal l'engloutissant. Et elle n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit. La gueule du chien se referma avec violence sur la femme, puis retomba lourdement au sol, disparaissant dans les entrailles de la terre.

A nouveau, Haven se tenait au centre du cercle d'invocation. Mais il avait consommé beaucoup de ses forces. Ses côtes brisées le faisait souffrir et il sentait le métal plus réticent à se plier à sa volonté. Reprenant lentement son souffle, il fixa le sol. Il devait finir son travail. Si cette attaque n'était pas encore la tombe effective de Cassiopée, elle le serait bientôt. Les lames de coudes réapparurent soudain puis Haven sembla plonger dans le sol.

Quand soudain sortie de nulle part apparut la gueule béante au dessus de Cassiopée, rien ne put les sauver de l’engloutissement. La mâchoire se referma sur la Dame et son dragon comme la porte d’un cachot aurait claqué, les isolant du monde et de sa lumière. Cassiopée et Isaac se retrouvèrent dans un silence mortel et sombre où pas même une lueur n’était perceptible.

Issac se posa sur un espace plan. La surface en était lisse et sonnait sous les griffes de la bête qui les frotta en émettant un long crissement grinçant qui résonna dans l’espace puis libéra son écho.

- C’est du métal Cassiopée. Nous sommes coincés ici à moins que nous ne trouvions la solution pour évacuer cette bouche grimaçante.

Cassiopée, de son coté, tentait de comprendre et de se souvenir des secrets révélés par Shyon avant qu’il ne rejoigne son âme damnée, son confrère Sanz.
Elle était certaine qu’à travers les secrets ancestraux se trouvait la clé de leur délivrance. Autour d’eux l’aura procurée par les feux d’Orion émettait sans fin son rayonnement défensif. Il agissait sur leur moral et libérait ainsi les pensées positives des âmes sœurs.

- Te souviens-tu de la formule pour pondre les œufs de foënn Issac ?

Dans les yeux du dragon, des flammes cramoisies s’allumèrent. Sa tête immense s’approcha de la nymphe des étoiles, lançant des éclats sanglants.

- Les œufs de foënn ? Tu connais les œufs de foënn ?

Alors, le dragon poussa un rugissement brutal et strident qui évoquait l’appel autant que la rage.

Puis se furent des milliers de petites billes à l’éclat mat et métallique qui surgirent de nulle part. Elles envahirent peu à peu l’espace autour de l’aura d’Orion, elles tournaient sur elles même à une vitesse impressionnante même pour des yeux elfiques. A chaque contact elles éclataient et les détonations d’abord discrètes devinrent si violentes qu’elles commencèrent à heurter les parois, bombardant la carcasse et l’entamant peu à peu jusqu’à se frayer un passage. Le passage fort étroit fut emprunté par les billes qui s’y enfilèrent une à une à une vitesse folle écartant les limites de l’orifice. Le goulet se transforma en couloir et les œufs de foënn toujours plus nombreux s’accumulaient devant l’ouverture cherchant la sortie.
Cassiopée, enlaçant son âme double et tout deux protégés par le bouclier stellaire, se mêla aux boulets ancestraux pour se frayer, en leur compagnie, un chemin vers l’extérieur.

Pourtant une fois passée la paroi métallique dont était formée la mâchoire, seule la terre les accueillaient et les billes pulsaient maintenant à travers la matière meuble comme un couteau dans du beurre.

Journaliste Nombre de messages : 1000 Age : 28 Date d'inscription : 23/12/2007

Sous terre, le silence et l'obscurité règnent. Haven sent le métal autour de lui qui pulse toujours, débordant de haine et de colère. Pourtant l'homme se sent rassuré, tranquille et protégé par le berceau minéral. Les deux adversaires sont toujours vivants, il peut sentir leurs flux, mais il ne s'en soucie pas pour l'instant. Haven est épuisé. Tout ce métal, pour ça. Il respire lentement, comme un enfant qui dort. Il peut se reposer, pense-t-il.

Hélas

Le rugissement d'Issac réveille l'homme. La magie qui détruit son élément l'échauffe. Il remonte à la surface, lutte contre la volonté destructrice du métal. Des stigmates apparaissent sur son corps, le brulent. L'origine de ces pouvoirs. Haven sombre, le démon jaillit.

Il murmure quelques incantations et les veines du corps de Haven se teintent de noir. De terre rejaillit la masse de métal qui enfermait la gardienne et son dragon. Comme un long serpent noir, la substance vient s'enrouler autour du corps, recouvre le sol, se répand. Il est maintenant à l'affut. Sa proie ne va pas tarder à sortir. Soudain, le sol se dérobe. L'attaque est rapide. Des tentacules métallique jaillissent à la rencontre du dragon et de Cassiopée, stoppées par le bouclier d'Orion. Mais l'adamantium est indestructible. Le bouclier commence à se fissurer, sous la pression exercées par les tentacules. Soudain, il cède. Le démon jubile. Les tentacules repoussent la bête sous terre, l'immobilise, puis attrapent la gardienne et la tire violemment vers la surface. Cassiopée est jetée à terre, devant le diable. Il s'assied tandis que le métal immobilise la femme. Il la regarde un instant, sourit et murmure encore, esquisse un geste. Du métal s'immisce entre les doigts de la gardienne et les broient

- Simple précaution... Au cas ou vous voudriez faire une invocation. Je n'ai pas envie de vous couper la langue, pour l'instant. Voyez-vous déclare-t-il en se balançant d'avant en arrière si les dragons ont la peau dure, la chair n'est pas protégée à l'intérieur... Et j'aimerais voir jusqu'à quel point vous souffrirez ensemble. Il sourit.

Sous terre, le métal a complètement submergé et immobilisé Issac. Des gerbes s'insinuent par les narines, arrivent dans la gueule du dragon. Figées, elles semblent attendre un ordre.

A la surface, le démon explique

- Nous allons directement lui transpercer le crâne. Ce sera beaucoup plus drôle. Oh et pas la peine de tenter quoi que ce soit; l'adamantium est un métal indestructible ajoute-t-il en souriant.

- Ça faisait longtemps, "Dame des eaux" dit-il, narquois.

Dans l’esprit de Cassiopée Orion hurle comme mille tambours en actions tout en sifflant un long cri strident qui lui arrache toute pensée. Il faut quelques secondes au bouclier pour se disloquer et partir en vrille vers les cieux en tentant de se remettre en boule.
Cassiopée est alors comme happée par les longs bras informes qui l’enserrent, la manipulant comme une poupée de chiffon avant de la jeter au sol devant le diable.

Sous le choc, Cassiopée n’est pas en état de réagir. C’est donc sans défense qu’elle sent les tentacules glacées s’insérer entre ses doigts.
Un long cri de souffrance sort de ses entrailles quand elle sent ses os broyés entrer dans ses chairs. La douleur est si violente que ses mains lui paraissent étrangères comme si elles étaient devenues des monstres qui la dévorent vivante.

Au même moment, l’appel d’Issac lui transperce la cervelle !

-Fuis !! Fuis !! Crie-t-elle au fond de son âme.

Mais Issac ne veut pas. Il refuse de la laisser mourir ici seule et elle sent le métal se propager dans la tête du dragon comme s’il occupait la sienne propre. Son souffle devient court et dans un effort mental violent elle hurle à son âme double :

-Fuis !! Tu viendras le tuer après !!

L’instant n’a pas de durée pour les dragons lorsqu'ils passent dans le néant, et Cassiopée se retrouve soudain seule, plus seule mentalement qu’elle ne l’a jamais été. Mais l’air revient à ses poumons pour entendre les derniers mots du démon qui lui fait face.

Journaliste Nombre de messages : 1000 Age : 28 Date d'inscription : 23/12/2007

Le démon est déstabilisé un instant, puis stupéfait. Le dragon s'est volatilisée. Sa proie. SA proie ! Il ferme les yeux un instant, trépigne, serre les poings et tremble de rage. Cassiopée lévite maintenant légèrement au dessus du sol, soulevée par un cadre en métal noir. Il rouvre les yeux, la considère un long moment puis s'approche en vociférant.

- Non ! Non !! NON !!! Il empoigne la gardienne au cou, la secoue.

- Ramène-le ! Ramène mon jouet ! hurle-t-il.

Le démon frappe Cassiopée au visage plusieurs fois, lui démet la mâchoire. Il réclame encore, casse les genoux de la femme, respire profondément. Eïsmal considère la gardienne encore un instant. Elle est prise de soubresauts, des stimulis du cerveau qui ne trouvent plus vraiment de réponses. Sa langue pend avec sa mâchoire, inondées de salive et de sang. Lui, il sourit. Il dessine une forme du doigt et une faux apparait, gigantesque, noire comme le métal du cadre.

-Le gamin a gagné un sacré pouvoir, en mourant. C'est bien dommage qu'il ait réussit à me refouler aussi loin... déclare-t-il en appréciant la facture de la faux.

Le démon considère encore Cassiopée, puis soupire. Il ne trouvera aucun amusement à abimer encore plus ce corps, et l'autre jouet, le dragon, a disparu. La faux et le cadre disparaissent au son d'un claquement de doigts et Eïsmal se retourne.

- Il va falloir prendre grand soin du petit jusqu'à la prochaine fois, dame des eaux. Je crois bien que je l'ai un peu trop poussé dans les limites de son pouvoir.

Le corps de Haven perd soudain toute couleur métallique et il s'effondre, épuisé mais bien présent, dans son corps.

Les coups pleuvaient. Et Cassiopée n’était plus qu’une plaie souffrante entre les mains de Haven. Chaque nouvelle cruauté sauvage engendrait un craquement de ses os et son corps meurtri n’était plus que douleur inhumaine. Elle aurait voulu crier mais aucun son ne pouvait passer ses lèvres. La férocité de l’individu qui la violentait sans répit était telle qu’elle ne pouvait réagir.

Quand la brute s’arrêta, le supplice devint calvaire. Son sang pulsait contre les os déchirant ses chairs et le mal atteint un paroxysme qui l’empêchait de réfléchir.
Seule son ouïe percevait encore le bourdonnement d’une voix venue d’outre tombe.

Il voulait le dragon !

Cassiopée sentit alors sa peau brûler à l’emplacement du dragon sombre qui se gravait sur son torse quand Issac acceptait de lier entièrement son âme à la sienne. Son corps disloqué n’était plus qu’un amas sanguinolent et tuméfié. Son cerveau n’était plus en état de lutter et Issac n’eut aucun mal à imposer sa raison et entendre clairement les derniers mots du démon :

- Il va falloir prendre grand soin du petit jusqu'à la prochaine fois, dame des eaux. Je crois bien que je l'ai un peu trop poussé dans les limites de son pouvoir.

Et le corps de Cassiopée perçut la chute ralentie de celui de Haven qui s’écroula comme une chiffe molle.

Cassiopée aurait donné cher pour que sa sœur Grendelor soit ici présente. Leur lien et l’anneau qu’elle lui avait offert le jour de leur union spirituelle ne l’avait pas appelée. Mais rien ne marchait comme il était prévu, et Grendelor ne serait pas là pour l’aider. Son frère de Sang était si loin qu’il ne pourrait l’entendre. Seule, elle devait réussir à atténuer son mal.

Elle puisa dans la haine d’Issac les ressources nécessaires pour amener ses mains qui lui semblaient être des moignons, tant elle ne sentait plus ses doigts brisés, vers son visage. Plaquant ses paumes de chaque coté de sa mâchoire elle remit brutalement son visage en place tout en hurlant de douleur.
Ses genoux brisés, l’empêchaient de se relever et elle se traina vers Haven.
Quand elle entra en contact avec la chair du corps étendu, son esprit se risqua en tâtonnant vers l’homme. Il semblait vide, presque totalement vide. Elle posa sa main déchirée sur le visage inerte et sentit le souffle léger de sa respiration.

C’est alors qu’en elle-même Issac aspira à le tuer.

Issac grondait d’une colère rageuse, il criait la douleur de la Dame des eaux, il protestait contre la violence qui s’était répandue sur elle comme un raz de marée, mais Cassiopée refusait de le laisser poindre.
Elle fixait Haven tout en cherchant dans son cerveau les dernières traces de leur combat, mais rien de persistait, c’était comme si l’âme qui les avait meurtri s’était retirée définitivement. Seule persistait une âme enfant, une âme nouveau-né, aux odeurs de lait, qui s’éveillait à peine. Et Cassiopée ne pouvait admettre que le corps qui l’avait martyrisée ne recèle qu’une essence enfantine et vierge.
Elle était épuisée par la souffrance qui envahissait ses membres et elle s’allongea près de lui pour conserver sa chaleur, la tête effleurant celle de l’homme aux métaux. Un moment, elle fut tenter de profiter de cet instant pour pénétrer plus avant dans la biologie particulière de l’homme, mais son état de délabrement était tel qu’elle ne pourrait agir avant d’avoir réussi à retrouver son énergie vitale qui lui permettrait de réguler son flux sanguin.
Elle laissa donc son visage se poser près de celui de Haven, mélangeant leurs souffles dans lesquels celui du dragon proclamait sa haine et s’endormit sur son épaule.