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 Cor Virginis

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Nylrem

Nylrem


Masculin Nombre de messages : 221
Age : 33
Date d'inscription : 23/11/2007

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MessageSujet: Cor Virginis   Cor Virginis Icon_minitimeJeu 10 Jan - 3:15

[HRP]Voici un récit déjà commencé sur le board ogame, un peu délaissé, mais que je poursuivrais ici et là-bas. Bonne lecture à toutes et à tous Heureux[/HRP]
Cor Virginis Prologbg5


Dans la clarté relative d’une nuit de pleine Lune, deux silhouettes se découpaient sur le ciel de saphir. La plus menue de deux s’arrêta et fit signe à l’autre. D’un index posé sur ses lèvres elle lui indiqua de rester silencieux puis désigna un petit monticule de brindilles et de feuilles qui leur arrivait aux hanches. L’homme acquiesça et, dans un effort pour ne pas faire bruire son imposante armure métallique, s’approcha. Il empoigna fermement l’épée longue qu’il tenait dans sa main, et dans un même geste, ils pointèrent tous les deux leurs lames vers le monticule. Un flot de flammes argentées surgit silencieusement de leurs armes et vint frapper le nid, projetant d’inquiétantes ombres autour d’eux. Le tas de branches s’enflamma rapidement dans un souffle, une gerbe de flammes grises. De son cœur s’éleva un cri inhumain, alors que le Kralk, désormais réveillé, et qui avait commis l’erreur de se sentir en sécurité, sentait les flammes le détruire. Les deux soldats, satisfaits, rangèrent leurs armes, sans prêter plus longtemps attention au brasier, et s’en éloignèrent calmement en lui tournant le dos.
Atria, troisième paladin de l’Ordo Lucis releva la visière de son heaume intégral, dévoilant un visage étonnamment pur, illuminé par un large sourire. Elle rompit enfin le silence de sa voix douce :

— Alors Monseigneur Exarque, on perd ses facultés de perception dès que la nuit tombe ? Je pensais sincèrement que tu l’avais remarqué, son nid, moi.

Elle rit joyeusement. L’homme releva à son tour la visière de son heaume.

— Pardonne-moi, Atria, j’étais ailleurs.

A nouveau, elle ne put réprimer un éclat de rire.

— Je vois, je vois. Tant que tes pensées ne concernent pas cette jeune serveuse de la taverne, ça me semble supportable.

A ces mots, l’homme s’arrêta et se retourna lentement, une expression faussement outrée peinte sur le visage. Sur celui d’Atria apparut un sourire malicieux, il l’attira à lui et répliqua sur le ton de l’évidence :

— Allons Atria, tu sais bien que je ne peux penser qu’à toi.
— Oh, exarque, vous allez me faire rougir…

A l’instant où leurs lèvres se touchèrent ils chutèrent, comme happés par le sol dans une obscurité surnaturelle et disparurent en silence. Autour d'eux, rien ne semblait avoir été affecté par ce phénomène....

*
**


Gigantesque masse de terre entourée d’eau, le continent du Terant abrite en son sein des paysages aussi divers que variés. A l’ouest se dressent les hauts sommets de la Chaîne Epineuse et c’est contre ses falaises escarpées que viennent s’écraser les eaux de la Mer de Llubal. A l’opposé, les plaines verdoyantes de Bän, favorables aux cultures, et dont le climat généreux attire chaque année plus de visiteurs, s’étendent le long de la Côte de l’Est.
Entre ces deux paysages bien différents s’étale un océan vert sombre de cimes qui cherchent toute à recevoir plus de lumière solaire.
Au cœur de la Chaîne Epineuses, le Vel prend sa source et court à travers les bois jusqu’aux mers australes où il se jette, formant les fameux deltas de Faran et Falan. Il marque une coupure nette entre les arbres. Les habitants du Terant ont choisi, sans qu’ils ne sachent désormais plus pourquoi, de séparer la forêt en quatre zones, pourtant identiques, vu du dessus en tout cas. Ainsi sont nées jadis les forêts de Primh, Segon, Thiers et Qar, qui dissimulent aujourd’hui de nombreux villages qui préfèrent rester isolés, loin des grandes villes. On ne le dira jamais assez, les Terantiens aiment leur forêt.
Au sud s’est développée, autour des grandes routes, la ville de Ravo, majestueuse capitale du Terant. Le roi Eon Le Jeune y élit domicile, et ses décisions ont des répercussions dans tout le royaume, même au centre de la plus dense des forêts. La loi du Royaume et l’Eglise Amirienne sont les seules articulations du Terant et y font office d’autorité.
Au cœur de la forêt de Segon, une multitude de villages vivants de chasse, de cueillette, de pêche et d’agriculture, sont dispersés, échappant à la stricte organisation du Royaume. Seul le plus important d’entre eux, Deneb, exerce son influence sur toute la forêt.

Cor Virginis Chap01sn8


Comme depuis la nuit des temps, l’astre du Jour se lève lentement sur la forêt, éclairant les cimes des arbres qui tapissent les montagnes d’un manteau d’émeraude. Dans le calme de l’aube, les rayons du Soleil baignent peu à peu les toits de chaume de Deneb. Le village entier dort encore, et le silence n’est interrompu que par de mélodieux chants d’oiseaux.
Un phalène décolla silencieusement et s’éleva de son vol anarchique au dessus du village. La douce lumière se propagea dans une chambre au travers de volets en bois, créant des lignes régulières. Au bout d’un moment avec l’ascension de l’astre dans le ciel, l’une des raies de lumière atteint le visage d’un adolescent et inonda ses yeux de sa clarté et de sa chaleur. Nylrem contracta ses paupières, et ouvrit doucement et difficilement ses yeux, encore embués par le sommeil. Il se redressa, et s’étira en baillant. D’un geste peu gracieux, il passa ses jambes à la gauche de son lit, et chaussa ses sandales. Puis il se leva et jeta un œil à travers la fenêtre. Le beau temps le faisait sourire.

— Le temps est parfait aujourd’hui, annonça-t-il. Un temps parfait pour une victoire parfaite.

Il éclata de rire devant cet incontrôlable élan d’ambition, puis se dirigea vers la salle de bain en sifflotant, se débarrassa de ses vêtements de nuit, et entra dans la bassine, déjà remplie d’eau chaude.
Plus loin, des ouvriers s’affairaient à dresser une scène en bois, sous les ordres que leur donne un homme vêtu d’une robe de toile sombre. Les préparatifs pour le grand Test seront bientôt terminés, et tout le village est en émoi.
D’un autre côté, il n’était pas rare de voir se presser dans le village de Deneb des mages de l’Ordo Magenter, sans même que ses habitants n’aient jamais su exactement pourquoi. Ce jour-là qui commençait comme les autres était pourtant un événement pour tous les garçons de 14 ans. Le grand Test déterminerait si ils étaient prêts à commencer leur apprentissage. Quiconque n’était pas sélectionné ce jour voyait s’envoler à jamais ses chances d’aspirer à une formation officielle de Paladin.
L’un d’entre eux, le fils du forgeron Thenos Yorel, s’entraîne déjà depuis plusieurs mois, et sa détermination est sans faille.
L’important aléa de l’épreuve du Grand Test avait fini par délaisser une préparation à long terme, au profit d’une formation héréditaire. Thenos Yorel avait rapidement enseigné à son fils l’art de la forge, car il avait manifesté un intérêt particulier pour la chose étant enfant. Personne ne pouvait le nier, Nylrem était doué, et Thenos lui avait déjà appris tout ce qu’il savait. Il était souvent sollicité pour réparer chariots, gonds de portes et autres pièces qui se détérioraient avec le temps. S’il ne réussissait pas ce tournoi, Nylrem deviendrait forgeron et contacterait la guilde à Ravo pour posséder sa propre enseigne. Mais dans l’immédiat, cette perspective ne l’enchantait guère, et il était bien trop excité par l’imminence du Grand Test pour faire des plans sur sa futur profession.
Nylrem sortit de la bassine, s’essuya rapidement et enfila sa tunique, son pantalon et quelques pièces d’armure en cuir qui étaient là plus pour leur coté esthétique que pour offrir une protection au jeune homme. Il sortit en courant de la petite chaumière où il habitait avec ses parents, et rejoint son père pour l’aider à terminer les préparatifs. Il était particulièrement excité et ne cessait de se répéter intérieurement de se calmer.
Au zénith, de nombreuses chaises avaient été positionnées face à une scène, et une dizaine de gardes en armure, portant le tabard vert et or du Royaume, avaient rejoint le village, scrutant tout et tout le monde avec méfiance. Nylrem dévora avec avidité ce qu’il avait dans son assiette ce midi-là, contre son habitude, étonnant par l’occasion ses parents.

— Hé bien, s’étonna sa mère en riant. Tu ne manques pas de motivation.

Le jeune garçon ne répondit pas à sa mère et se contenta de sourire en finissant sa part de viande. Une fois qu’il eut englouti son repas, il se leva brusquement, embrassa sa mère et sortit. Jetant un œil au cadran solaire, il se rassura, il n’était pas en retard.
Il retourna vers la scène qui avait complètement changé.
Les gardes étaient maintenant postés autour, et dessus avaient pris place trois magiciens, vêtus de leurs robes aux couleurs neutres, assis devant une table, et qui discutaient. Sur les chaises auparavant vides étaient assis des dizaines de jeunes hommes qui espéraient comme lui être sélectionnés…
Nylrem le savait, cet honneur ne serait pas acquis sans risques et sans mal. Dans sa tête, il se répétait les règles. « Lors du face à face, est déclaré perdant celui qui abandonne ou qui s’évanouit. Si l’un des concurrents meurt ou est grièvement blessé, le responsable sera disqualifié et remis à la justice du Royaume, Les combattants sont autorisés à déclarer forfait. Après un forfait, il est interdit de poursuivre le combat… seul les finalistes seront sélectionnés. » Cela laissait quelques chances à Nylrem puisque deux finales auraient lieu. D’un geste de la main, un des mages invita tout le monde à se lever. Puis il prit la parole:

— Bienvenue à tous. Chacun d’entre vous sait pourquoi vous il est ici et a ses propres raisons, aussi vous demanderais-je simplement d’être prêts pour ce Test, qui aura pour but de sélectionner parmi vous ceux qui peuvent prétendre au titre de paladin, pour servir la cause de notre patrie. Comme vous l’avez appris, seuls ceux qui parviendront au niveau de finale du tournoi seront admis. Nous afficherons bientôt le tableau des combats pour que vous vous y referiez.


Dernière édition par le Jeu 10 Jan - 18:31, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Cor Virginis   Cor Virginis Icon_minitimeJeu 10 Jan - 3:16

Il se rassit, laissant un silence lourd peser sur les spectateurs. Quelques uns de ses camarades et adversaires se levèrent, décidant de revenir plus tard, mais Nylrem resta assis. Un des mages sourit, mais les autres restaient de marbre. Tout à coup, celui qui avait pris la parole leva son bâton, d’où surgit une intense lumière blanche. Une cage transparente, sphérique dont l’aspect laissait à penser qu’il s’agissait de magie, se forma autour de la scène, empêchant ceux qui venait de partir de rejoindre le tournoi et enfermant les autres.
Plusieurs candidats restèrent stupéfaits, et tapèrent désespérément contre la paroi éthérée, mais il était trop tard. Le tableau des affrontements apparut alors devant la scène, et ceux qui n’étaient pas restés pétrifiés sur leurs chaises par l’intervention du mage s’en approchèrent, constatant que les noms de ceux qui étaient hors du périmètre magique n’y figuraient pas…
Pendant que les candidats s’attroupaient devant le panneau, le mage reprit de sa voix grave :

— Sachez que le devoir du Paladin n’est pas des moindres. Le paladin devra exceller à la fois dans l’usage des armes et dans la maîtrise de cette notion moins abordables qu’est la magie. Il devra suivre un entraînement long et éprouvant, pour apprendre à s’en servir. On a trop souvent vu de brillants apprentis répandre le Mal grâce à ce qu’on leur avait appris (le magicien leva les yeux au ciel). Ainsi, seuls les élus accéderont au titre, et ils se feront un devoir de protéger notre patrie et notre Monde où qu’ils soient, ainsi que de faire régner la Justice. Car c’est sur la voie de la Lumière que vous progresserez.

Seuls quelques uns des candidats avaient tourné la tête pour écouter le magicien, dont Nylrem, resté à sa place pour éviter de se fondre dans la cohue devant le panneau, qui avait analysé et retenu la déclaration du mage. La plupart des volontaires reprirent leur place, et c’est ce moment que choisit Nylrem pour aller consulter le panneau.
Son premier duel l’opposait à Jün Hos, unique fils du boucher du village, orgueilleux comme dix, et frappé d’un fort complexe de supériorité.
Nylrem se sentit soudain violemment poussé contre le panneau. Il manqua de tomber, mais reprit l’équilibre alors que des rires narquois fusaient derrière lui. Il fit volte-face, le regard noir. Face à lui se tenait justement son adversaire et sa stupide bande de laquais, qui ne le quittait pas. Jün demanda de sa voix rauque :

— Hé Yorel, alors comme ça tu veux te battre contre moi ?
— Si j’avais simplement voulu me battre contre toi, répondit l’intéressé, je ne pense pas que j’aurais attendu le Test. Tu dois manquer de logique.

Sur cette réplique, le caïd resta sans réponse. Il sembla réfléchir un instant, cherchant probablement quelque chose a renvoyer, mais en vain. Il empoigna alors Nylrem par le col et lui dit :

— Ecoute-moi bien, freluquet. Le vainqueur de ce tournoi, c’est moi. Je vais te ridiculiser au premier tour, alors prépare-toi comme tu peux.

Il le laissa tomber et éclata d’un rire forcé, qui fut repris par ses acolytes. Ils partirent ensuite s’asseoir au dernier rang, attendant qu’on annonce le premier duel. Nylrem se releva, légèrement contrarié. Il aurait eu envie de répliquer directement mais il préférait attendre le combat pour cela. La vengeance est un plat qui se mange froid, disait-on. Il essuya la poussière sur ses vêtements, et s’assit au premier rang, juste devant la zone dédiée aux combats. Vaincre Jün ne serait pas difficile, et Nylrem était plutôt préoccupé par ceux qui, comme lui, restaient seuls, le regard vide… De nombreux hérauts de la Lumière venaient du petit village de Deneb.
Un des trois mages, qui n’avait pas encore pris la parole, et dont le visage était resté dissimulé sous une capuche, se leva. Nylrem le suivit du regard, impatient. Il s’avança, leva les bras et rabaissa sa capuche, laissant Nylrem stupéfait. C’était une femme, dont la jeunesse et la pureté du visage contrastait étonnamment avec le vieil homme qui avait discouru auparavant. Elle secoua la tête pour détendre ses longs cheveux bruns, et plusieurs garçons tournèrent la tête tout à coup, alors que le silence se faisait. Elle annonça d’une voix douce et mélodieuse, presque enfantine :

— Les deux premiers candidats doivent se placer dans la zone de combat, le premier duel est sur le point de commencer.

Nylrem se leva et s’exécuta, se plaçant à la gauche de la jeune femme, et il entendit à nouveau des éclats de rire en provenance du fond. Jün se leva à son tour, sourire sadique peint sur le visage et rejoignit l’arène en traînant le pas. La jeune femme disparut dans un nuage de poussière et un claquement sec puis réapparut devant la scène, entre les deux duellistes.

— Bien, reprit-elle. Je vais lancer une pièce en l’air. Lorsqu’elle touchera le sol, le combat aura commencé.

La première épreuve consistait en un affrontement de lutte, sans armes, où seules forces et techniques comptaient. La magicienne sortit effectivement une pièce argentée et leva le bras.

— Préparez-vous.

Nylrem se souvint alors, pendant moins d’un seconde qui sembla pourtant durer une éternité de ses entraînements. Les conseils qu’on lui avait donnés venaient s’emmêler dans un fouillis indescriptible. Il ferma les yeux et tenta de se concentrer, percevant la tension qui régnait déjà. Il entendit le faible tintement de la pièce qui volait en virevoltant. Lorsqu’elle retomba avec un choc mélodieux contre les planches, aucun des deux garçons n’avait bougé. Nylrem rouvrit les yeux. La jeune femme avait déjà disparut et regagné sa place sur l’estrade.
Jün se rua alors sur Nylrem qui n’eut aucun mal à l’éviter et lui assena un coup dans le dos. Le visage de Jün s’empourpra, autant de honte que de colère, et fit demi tour pour lancer un coup de poing. Nylrem l’encaissa, contre l’attente de son adversaire, et se rendit vite compte que c’était une feinte sans consistance. Il put alors riposter et expédier un magnifique coup de pied dans l’abdomen de son adversaire qui chancela et recula de quelques pas en toussant. Nylrem savait que Jün préférerait se battre jusqu’à l’épuisement plutôt que d’abandonner et que la situation était par conséquent délicate. Jün se releva, plus furieux que jamais et repartit à l’assaut. S’en suivit alors un redoutable échange de coups en tout genre, plutôt désordonnés et imprécis chez Jün, calculés et dosés chez Nylrem. A la fin de cette confrontation, Jün haletait, un genou a terre, et Nylrem se tenait fermement les côtes. Ce dernier parvint toutefois à s’exclamer :

— Abandonne, Jün !

Le concerné ne répondit pas et tenta une ultime attaque, alors que ses sbires restés au fond se tenaient la tête de désespoir. Nylrem l’évita de justesse, et parvint à lancer un coup dans la nuque de son opposant. Ce dernier s’effondra en soupirant. Nylrem sentit soudain l’onde glacée de l’adrénaline l’envahir, craignant d’être éliminé et probablement condamné ensuite par la justice. Heureusement pour lui, Jün n’était pas mort, simplement évanoui. L’arbitre se téléporta a nouveau dans l’arène et s’en approcha. Elle souriait, et Nylrem se demanda si elle connaissait déjà l’issue du combat avant même qu’il ait commencé. Elle se releva, prit l’un des bras de Nylrem et le leva. La plupart des candidats applaudirent, mais aux derniers rangs, où siégeait la clique de Jün, c’était la dépression…

La jeune magicienne claqua des doigts, et des brancardiers à la mine maussade surgirent de nulle part pour emporter Jün, toujours inconscient. Avec ce seul claquement de doigts, elle avait réussi à faire exécuter des ordres. Nylrem en conclut qu’elle était forcément puissante et influente, il le nota dans un coin de son esprit. Peut-être même plus que les deux autres mages. Elle regarda les infirmiers repartir, puis elle se tourna vers Nylrem et s’adressa directement à lui :

— Félicitations. Vous entrez dans la deuxième division. L'ensemble des duels de la première partie ne s'achèvera que dans plusieurs heures. Je vous conseille vivement de rentrer chez vous. Nous vous ferons bientôt savoir quel sera votre prochain adversaire.

Elle lui adressa un sourire franc, et se retourna vers les autres participants au tournoi. Ses paroles se perdirent au loin, Nylrem ne les entendait plus alors qu’il était juste à coté d’elle. Il repartit vers sa maison, sans regarder derrière lui, le regard figé et vide. Ce combat s’était presque déroulé trop vite, il était surpris de la facilité avec laquelle il avait triomphé. Arrivé chez lui, il monta directement dans sa chambre et s’effondra sur son lit. Rapidement, sans vraiment s’en rendre compte, il s’endormit.
La suite des combats se déroula sans incidents. Tous les laquais de Jün, démoralisés, avaient abandonné, et parmi les affrontements, seuls quelques uns avaient été plus intéressants que d’autre. L’un des candidats, nommé Tim Welhing fit preuve d’une ingéniosité remarquable en utilisant chaque faiblesse de son adversaire, et en copiant ses techniques pour le déstabiliser. Un autre, venu d’un village voisin, parvint à vaincre son adversaire sans le laisser le toucher une seule fois, en se servant de redoutables techniques de corps à corps. A l’issue de cette première session, restaient 8 candidats. Un émissaire des mages vint frapper à la porte de chacun des volontaires pour venir les chercher.
Lorsque son père le réveilla, Nylrem se leva brusquement, un peu honteux de s’être endormi. Il n’avait dormi que pendant deux heures.
Le messager vint lui demander en souriant de regagner l’arène pour son prochain combat. Nylrem réajusta son équipement et suivit l’homme jusqu'à la scène. Au milieu de l’arène se tenait un garçon de petite taille, qui dansait d’un pied sur l’autre d’impatience. Il tenait dans sa main droite une épée de bois. La jeune femme en tenait une autre. Lorsque Nylrem arriva sur les lieux, elle la lui tendit. Il s’en empara en souriant. La jeune magicienne lui indiqua une ligne tracée à la craie sur la scène et Nylrem se plaça derrière. Le combat à l’épée était probablement la seule discipline dans laquelle il ne prenait pas de risques, à la suite d’entraînements intenses avec les soldats d’élite de la Garde Royale, de passage au village. Le garçon qu’il avait en face de lui paraissait inquiet, il laissait traîner son regard un peu partout et raclait le sol de la pointe de son épée.
A nouveau, la jeune femme lança une pièce en l’air. Des qu’elle retomba, Nylrem fut surpris car son adversaire venait de jeter son épée sur lui. Nylrem para l’attaque rapidement, mais déjà, l’autre était sur lui, comme s’il avait parcouru la même trajectoire que celle de l’épée. Nylrem encaissa un coup de poing dans les côtes, alors que son ennemi récupérait son arme.
Il n’aurait jamais pu prévoir une attaque de ce type, parce qu’elle comportait de nombreux risques et qu’elle était inhabituelle. Grave erreur de sa part. Un nouvel échange, comme dans son précédent combat, s’en suivit. Nylrem parvint alors à reprendre le dessus, mais il sentait que son niveau et celui de son adversaire se valaient. Il repensa aux coups que lui avait enseigné Letho, un membre de la Garde avec qui il était devenu ami. Il démarra un enchaînement puissant, faisant reculer son adversaire sous les attaques, et il finit par le désarmer. Apparemment, il en fallait plus pour lui faire perdre sa détermination puisqu'il se jeta à mains nues sur Nylrem. En combat réel, être désarmé aurait été un sérieux désavantage, mais ici, l’adversaire de Nylrem ne semblait pas se soucier des coups d’une épée de bois. Nylrem le tenait a distance mais commençait à fatiguer. Cependant le garçon finit par se jeter dans un ultime assaut contre Nylrem et il perdit l’équilibre. Nylrem profita de cette occasion pour poser sa lame sur la gorge de son adversaire. Haletant il déclara :

— Tu as perdu.
— Effectivement, tu as eu de la chance, mais je pense que tu aurais gagné. Bon courage, vieux.

Le garçon à terre leva la main droite, et l’arbitre annonça la fin du combat, déclarant Nylrem vainqueur, et l’aida à se relever. Décidément, les choses semblaient tourner en sa faveur. Déjà, le soir était tombé, et tous les concurrents victorieux à la deuxième phase furent autorisés à rentrer chez eux.
Nylrem resta encore un instant, regardant les combats. Mais son regard restait fixé sur l’arbitre, toujours souriante, lançant sa pièce d’argent avant chaque début de combat, et déclarant solennellement les vainqueurs de chaque confrontation. Il y avait en elle une sérénité qui le troublait. Il finit tout de même par rentrer, satisfait par la manière dont les choses s’étaient déroulées. Une fois chez lui, il répondit sans trop y faire attention aux questions de ses parents, qui ne parvenaient pas à comprendre pourquoi il n’était pas plus enthousiaste après ses victoires… le jeune garçon se coucha directement, après avoir grignoté quelques restes du précédent repas, et s’endormit.
Le lendemain matin, Nylrem quitta son sommeil en sursaut, des suites d’un mauvais rêve. Il se frotta calmement les yeux et secoua la tête pour se réveiller définitivement, sans même espérer se rendormir. Il se leva et partit se doucher, alors que ses parents étaient toujours endormis. Dans la douche, sous le jet d’eau tiède, il pensa à ce qui l’attendait aujourd’hui. En théorie, il devrait se passer deux manches dans la journée, par rapport au nombre de participants restant. Il se frotta rapidement avec le savon, et sortit de la cabine pour s’essuyer et s’habiller. Il descendit au rez-de-chaussée.
Finalement, le jour avait fini par se lever. Nylrem sortit, et se dirigea vers le lieu du tournoi. De nouveau, tout avait changé. Les chaises avaient été reculées, et la place devant la scène avait été agrandie. A gauche de cette dernière trônaient désormais deux cibles de paille. Et à droite, des planches avaient été posées par terre près de deux présentoirs sur lesquels reposaient des arcs. Ainsi la troisième épreuve serait une épreuve d’adresse, avec le tir à l’arc.

Nylrem était inquiet. Jamais auparavant cette épreuve n’avait eu lieu, et il ne s’était donc pas entraîné au tir. Il voulut s’approcher pour regarder le panneau, mais se fit repousser sans ménagement. Il décida de se retirer dans le bois tout proche, pour méditer. Une fois dedans, il parcouru le chemin qui passait en son milieu pendant quelques minutes, avant d’être surpris par une flèche qui se ficha devant ses pieds. Il sursauta et tomba en arrière d’étonnement. Lorsqu’il se releva, un garçon qui devait avoir son age se tenait sur le chemin, vêtu d’une ample toge blanche et noire. Il tenait en main un arc long, et à sa taille pendait un carquois fermé. Il lui lança un regard froid, et prit la parole.

— Tu es vif. Et chanceux.

Nylrem se releva. A l’instant où il considéra celui qui lui faisait face, il comprit. Il devait sans aucun doute possible s’agir de son prochain adversaire, qui semblait parfaitement entraîné à l’arc. L’archer reprit, un désagréable air supérieur dans la voix.

— Sache que l’épreuve de ce matin sera la dernière que tu passeras. Je serais le prochain Paladin du village de Deneb, et j’apporterais à l’ordre un souffle nouveau. Tu peux t’entraîner, jamais tu ne dépasseras mon niveau.

Sur ces mots qu’il avait probablement voulus décisifs et cassants, il décocha une flèche vers Nylrem qui vint se ficher près de sa tête. Il profita de cette distraction pour disparaître. Nylrem se redressa, ébahi, et se dit à lui-même:

— Hé bien, c’est assez bizarre tout ce qui se passe ces derniers jours… on jurerait que tout le monde m’en veut.
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Nylrem

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MessageSujet: Re: Cor Virginis   Cor Virginis Icon_minitimeJeu 10 Jan - 3:17

Il leva alors les yeux au ciel. Le soleil était maintenant bien levé. Nylrem se releva et fit demi-tour en courant à toutes jambes, pour rejoindre le lieu du tournoi.
Une fois encore, il avait changé, et Nylrem resta étonné par la vitesse à laquelle les choses se modifiaient. Sur la scène était revenus les deux hommes et la jeune femme, et sur les chaises avaient prit place les futurs concurrents. Nylrem aperçut même son agresseur au premier rang. Un peu plus loin, deux cibles de paille trônaient. Des supports avaient été disposés pour y déposer arcs et flèches.
Il s’approcha du panneau. Cette fois, il ne passait pas en premier. Le premier duel, justement, fut remporté de justesse par un jeune homme aux cheveux longs et blonds, qui parvint a planter sa flèche dans la plus petite division de la cible, alors que son adversaire l’avait planté quelques centimètres plus loin du centre. Les autres confrontations de tir se déroulèrent toute de la même manière, la plupart des candidats ne touchaient pas la cible, et tout se jouaient sur la distance qui les séparait de la cible.

Arriva enfin le tour de Nylrem. L’archer se leva, avec toujours cette exaspérante expression de suffisance sur le visage.
Nylrem se leva à son tour et se plaça devant la cible. Il s’empara de l’arc. Cinq flèches. D’après ce qu’il avait vu des autres duels, quatre d’entre elles devaient servir d’échauffement, seule la dernière était valable.
Nylrem et le jeune archer tirèrent leurs quatre premières flèches. Aucune de celles de Nylrem n’atteint la cible, et toutes celles de son adversaire se plantèrent sèchement en son centre. Nylrem rougissait de honte et de colère. Il ne pouvait accepter de perdre sur une épreuve comme celle-ci et il ne pouvait se le permettre. Enfin, l’archer s’empara de sa dernière flèche et exécuta les mouvements traditionnels de la maison d’archerie de Khardas, une petite ville au sud de la forêt de Qar. Juste avant de tirer , il tourna la tête vers Nylrem, totalement confiant.

— Désolé pour toi. Tu as échoué.

Il ajouta à sa phrase un de ses petits sourires narquois qui ont le don d’énerver. Mais il se déconcentra et la corde de son arc lui échappa. Il poussa un cri d’effroi en voyant sa flèche voltiger au loin dans les fourrés. Il jeta son arc au sol de rage et tapa du poing sur sa cuisse. Nylrem faillit éclater de rire après cette remarquable prestation, mais préféra garder sa concentration pour éviter de faire pire. Il se tourna vers la cible et banda son arc. Il ferma les yeux un instant, sans relâcher la pression de ses doigts sur la corde. Il tira encore un peu plus la corde vers l’arrière, puis la lâcha brusquement, décochant sa flèche. Elle vint se ficher dans la cible, dans le troisième quartier. Face au tir de Nylrem la colère de l’archer grandit encore. Immanquablement, l’arbitre déclara une nouvelle fois Nylrem vainqueur de cette manche, et il ne put s’empêcher de penser que quelque chose, ou quelqu’un veillait sur lui.

Nylrem s’assit une nouvelle fois sur un des sièges, devant la scène. Gagner était presque devenu une sorte de routine. Mais cette fois, il n’eut pas à attendre son tour, alors qu’il regardait patiemment les matches se disputer sous ses yeux. Un des villageois était accouru, et exécutait de grands signes de bras, tapant du poing sur la paroi de protection. Un des deux mages qui restaient assis se leva. C’était justement le seul qui n’ait prononcé un mot depuis le début des épreuves. D’un geste désinvolte de la main, il parvint à effacer la protection magique, comme s’il avait simplement éteint la flamme d’une bougie. Au même instant, une sorte de courant d’air frais traversa l’assemblée, sans doute du à son intervention. Il rabaissa sa capuche, dévoilant un visage aux traits fins et précis, encadrés de cheveux longs d’un blond presque blanc. Il dégageait une forte impression de puissance, et le silence se fit rapidement parmi les candidats dissipés. Il descendit de la scène, suivis par ses deux confrères. Nylrem regarda passer la jeune femme, toujours un peu ailleurs lorsqu’il la regardait. Mais cette fois, elle n’arborait plus cet air jovial et ce sourire doux, son visage était sérieux, et elle semblé même inquiète. Nylrem les regarda s’éloigner et engager la conversation avec le vieux paysan. Il parvint à capter quelques bribes seulement, mais le premier mot qu’il entendit le fit se lever brusquement, renversant sa chaise.

— Eyana ! Vite !

Sans plus attendre, les mages commencèrent à se diriger vers l’ouest du village, près de la lisière de la forêt. Nylrem accourut pour les suivre. Il ne put retenir un cri face à ce qu’il vit alors. Sa propre mère, Eyana, était allongée par terre, meurtrie. Les mages s’en approchèrent. De toute évidence, elle avait été la cible de l’attaque d’une créature carnivore de la forêt. Ne sachant trop quoi faire, les mages appelaient à l’aide, bientôt suivis par plusieurs villageois

— Un soigneur ! , acclama le vieux magicien. Vite, quelqu’un !
— Mais bon sang, poursuivit le deuxième homme, n’y a-t-il personne ici qui puisse soigner ?
— Hé bé, protesta un villageois, vous z’êtes t’y pas sensés être des gens de magie, vous aut’ ?
— Nous sommes des mages de combat, seuls les sorts offensifs nous servent, avoua la jeune fille.

Le reste des paroles sombra dans l’esprit sous le choc du jeune Nylrem, en un fouillis incompréhensible. Nylrem s’approcha du corps inanimé de sa mère. Son visage n’avait pas perdu ses couleurs, elle avait simplement les yeux clos, l’air d’être endormi. Il resta un instant à la regarder, sentant les larmes lui monter aux yeux, mais se demandant au même instant où pouvait bien être son père.
Soudain, il fut pris d’une initiative que jamais il ne put expliquer. Il plaça ses mains au dessus de la profonde entaille écarlate, et il ferma les yeux. Sans doute à ce moment fut-il guidé par quelque esprit bénéfique… Provoquant l’étonnement général, une lueur bleue apparut sous ses mains. La blessure commençait à se refermer à vue d’œil ! Les mages restèrent ébahis. Nylrem contractait ses bras, ses doigts, autour de lui régnait une étrange tension, et il faisait, volontairement ou non, un effort considérable. La plupart des badauds étaient éblouis devant quelque chose qu’ils n’avaient jamais vu. Une fois la blessure totalement cicatrisée, invisible, la lumière faiblit, puis disparut. Nylrem s’effondra sur le côté, totalement à bout de forces, alors que sa mère ouvrait difficilement les yeux, avant de frotter l’endroit de sa blessure…

Lorsque le jeune garçon se réveilla, il était chaudement installé dans son lit. Assise sur une chaise, la jeune magicienne regardait par la fenêtre. Elle se retourna tout à coup, et un sourire sincère se dessina sur ses lèvres.

— Ah enfin ! Vous voilà réveillé ! J’ai à vous faire part d'une importante nouvelle.

Elle se leva et s’approcha du lit pour pouvoir lui parler sans avoir a hausser le ton.

— Votre place n’est pas parmi les participants de ce stupide concours, dont la plupart des gagnants ne parviennent pas à la fin de leur première année. Votre prestation de tout à l’heure n’a fait que confirmer mes pressentiments à votre égard. Vous allez intégrer l’Académie de la Lumière de Capella dès demain.

Nylrem ne réagit pas. Il n’arrivait pas vraiment à comprendre ce qu’elle voulait dire, tant cela lui paraissait inaccessible. Mais après tout, et il avait l’impression de s’en souvenir, il avait fait quelque chose d’assez bizarre pour convaincre un délégué de la maison des mages que sa place était a l’école de la lumière…La jeune femme – qui, en y réfléchissant et en contemplant son doux visage d’aussi près était plus fille que femme – lui sourit. Il n’apprit que plus tard d’où venait cette impression de protection qu’il avait ressenti lors du tournoi.
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MessageSujet: Re: Cor Virginis   Cor Virginis Icon_minitimeJeu 10 Jan - 3:20

Cor Virginis Chap2yl0


Sa mère avait survécu, mais personne n'avait revu son père, parti dans les bois quelques heures plus tôt. Ainsi, dans le village qui aurait du être en liesse après la miraculeuse prestation de Nylrem, l’ambiance était plutôt maussade. S’il avait fallu lui attribuer une couleur, c’eût été gris. Un gris parfait, ni plus blanc que noir, le juste milieu, symbole d’un déchirement. Plusieurs battues sans succès avaient été organisées dans la forêt, mais elle s'avérait dense et les villageois ne pouvaient risquer de s’aventurer trop loin. C’est dans une ambiance neutre que se poursuivit le concours. Après les révélations de la magicienne, il ne savait trop comment agir. Peut-être devait-il tout de même suivre les épreuves, il n'en savait rien.
Il se leva donc aux aurores, ce matin là, avec la ferme intention de s’entraîner dur. Il ramassa chez lui quelques armes de bois, que lui avait fabriqué le vieux menuisier, et partit vers la forêt. Arrivé dans une clairière qu’il ne connaissait que trop bien, et ou la lumière du soleil, filtrée par les branches, éclairait une portion d’herbe verdoyante, il déposa son attirail, et évalua les lieux pour se constituer un véritable parcours du combattant. Alors qu’il s’approchait d’un buisson pour voir s’il ne pourrait pas en faire un obstacle, il entendit derrière lui le bruit sec d’une branche qui casse.
Etonné, il s’approcha, curieux de voir quel habitant des sous-bois aurait pu avoir la maladresse de faire du bruit. Il allait écarter quelques branchages pour agrandir son champ de vision, quand il fut forcé de reculer, tombant à la renverse. Quelqu’un venait de surgir des bois. Nylrem se releva à toute vitesse, et faillit retomber en arrière, tant la présence de celle qui venait d’apparaître était surprenante. Devant lui, avec un regard plein de malice et un sourire aux lèvres, se tenait la jeune magicienne. Nylrem resta intrigué. Il ne comprenait pas ce qu’elle faisait par ici, au beau milieu de la forêt. Heureusement pour lui, elle ne tarda pas à répondre, alors même qu’il amorçait une phrase de salutation…

— Je… ?
— Chut, il ne faut pas qu’on nous entende ! Votre mère est prévenue, vous devez me suivre.

Nylrem avait beau faire un effort, il ne parvenait pas du tout à comprendre de quoi parlait la jeune fille. Sa mère avait été prévenue ? Mais de quoi ? La magicienne le tira vers elle, avec une force étonnante, pour l’entraîner vers l’intérieur des bois.

— Hé mais attendez, je n’ai pas…
— Trêve de bavardages, jeune aspirant, vous devez me suivre, sans protestations.

Il n’y avait pas dans cette affirmation de possibilité de choisir ce qu’il ferait, c'était un ordre. Il devait la suivre, et lui faire confiance. Elle avait beau être jeune et jolie, elle devait certainement être diplômée de l’académie de magie. Le cas échéant, elle avait dupé les deux autres mages, mais cela restait une hypothèse peu convaincante. Elle le tirait toujours par la main, courant maintenant à travers les bois, comme si elle avait toujours vécu ici. Ils arrivèrent finalement sur un chemin sabloneux, dont Nylrem ignorait pourtant l’existence même. La jeune mage lâcha le bras de Nylrem, mais elle continuait de courir, suivant le trajet de la route. Nylrem se massa instinctivement le poignet, en la suivant comme il pouvait. Finalement, et au bout de quelques minutes de course effrénée, une lumière blanche a l’horizon qui contrastait fortement avec l'obscurité des bois indiqua que le chemin menait tout droit à l’orée Nord de la forêt.
Nylrem se dit alors que c’était une chose dont il devrait se souvenir, mais il se remémora en même temps les propos que lui avait tenu la jeune fille la veille. S’il en croyait ses dires, il ne reviendrait plus ici avant un bout de temps. Il était en train de quitter son village natal, sans lui dire au revoir, sans revoir sa propre mère, sans cérémonie, sans rien, et - d’après ce qu’il avait pu constater - en toute clandestinité…La, devant la forêt, sur la route même, l’attendait une calèche couverte. Ce n’était pas le grand luxe, mais ça roulait… Nylrem fut prié de grimper à l’intérieur, immédiatement suivi par la magicienne. A peine étaient ils montés que la calèche s’ébranlait les quatre chevaux partirent au trop, sous le coup de fouet du cocher. Nylrem s’installa tant bien que mal sur le plancher, en face de la jeune fille. Elle lui sourit et lui adressa de nouveau la parole. Elle semblait plus détendue, dans l’ombre de la calèche, qui secouait pourtant bien avec les aspérités de la route :

— Bien. Nous sommes en route pour Capella, où vous commencerez dès votre arrivée l'apprentissage au sein de l’Académie…Au passage, recevez mes félicitations, vous avez été déclaré vainqueur d’office de la demi-finale. Je dois vous prévenir, le voyage jusqu'à l’école dure deux semaines…

Dans la monotonie d’un trajet qui ne faisait que commencer, Nylrem avait fini par s’endormir, bientôt suivi par la jeune magicienne. Le cocher, tranquillement assis à l’avant ne s’en préoccupait guère, il était noté dans son contrat les heures à laquelle il était lui-même supposé se reposer. Après quelques heures, qui passèrent à une vitesse ahurissante dans la tête de nos deux jeunes protagonistes, la charrette s’arrêta brusquement, réveillant au passage ses occupants. Intrigué, Nylrem sortit la tête par l’ouverture, à l’arrière, pour analyser la situation. Heureusement, elle se résumait facilement. Le soleil était déjà au zénith, et ils étaient apparemment arrêtes près d’une rivière. En voyant la tête d’un de ses passagers, le cocher, assis pour l’occasion sur un rocher, dégustant goulûment un sandwich, lui fit signe. Nylrem lui répondit par un sourire et retourna à l’intérieur. Il voulut adresser la parole à la jeune fille, mais elle s’était déjà rendormie.

— Aïe, comment je fais, moi ?

Il s’en approcha doucement… Il ne désirait surtout pas déranger la jeune fille en la réveillant et n’avait aucune idée de la démarche à adopter. Il resta un bon moment à la regarder dormir calmement, contemplant chacune des lignes de son visage, cherchant en même temps un moyen de la tirer du monde des rêves. Il recula, tournant sur lui-même a la recherche d’un quelconque objet qui aurait pu servir. Il fit finalement sa découverte dans une caisse, au fond de la charrette, s’emparant d’un grelot. Il le tint fermement dans sa main, étouffant le bruit lorsqu’il s’approcha de nouveau de la fille… Puis il tendit le grelot au dessus de sa tête, non sans une certaine appréhension. Il le secoua légèrement, faisant tinter la cloche. L’effet fut immédiat. Elle ouvrit les yeux, presque en sursaut, ne comprenant pas encore où elle était ni ce qu’elle y faisait. Son regard se posa sur Nylrem qui lui sourit gentiment, avant d’annoncer :

— Heu…on va certainement manger un peu pendant qu’on est arrêtés…le temps est magnifique à l’extérieur, vous devriez venir.

Comme pour vérifier ses dires, elle se pencha sur le côté, apercevant alors le ciel d’un bleu profond derrière le jeune homme.

— Parfait. Je viens.

Nylrem lui adressa a nouveau un sourire, fit volte-face, s’empara de la caisse de provisions qu’il avait trouvée tout à l’heure à la recherche de son super grelot, et sauta à l’extérieur. Lorsqu’il atterrit dans l’herbe sans avoir pris le temps de considérer le poids de la caisse, il faillit tomber, mais se retint. Il marcha alors jusqu'au cocher, qui n’avait mangé que la moitié de son énorme morceau de pain à la viande.

— Rassurez-vous les jeunes, on ne repartira pas avant deux heures, le Soleil tape bien trop fort pour les pauvres carnes qui me servent d’attelage. Vous avez tout votre temps pour manger.

Le vieux cocher tapota affectueusement la tête de Nylrem, même si ce dernier n’appréciait pas vraiment. Et s’en retourna à son pain. Nylrem était émerveillé. Le paysage ne ressemblait en rien à sa forêt natale, triste et amère, et il était même étonné qu’après seulement trois heures de voyage, il ait autant changé. Ici, tout était verdure. Oui, vert, c’était la couleur dominante. Tout semblait être conçu dans une harmonie parfaite…De l'herbe verte sous un ciel azur, éclairée par un soleil d’or, avec seulement quelques nuages blancs…que pouvait-on espérer de mieux ?

— Alors, jeune aspirant, quel est le menu ?

Nylrem fut très surpris par l’arrivée aussi soudaine de la jeune fille, et il aurait presque cru qu’elle s’était téléportée volontairement juste a côté de lui pour le surprendre…Après tout, elle pouvait faire usage de la magie, et elle avait son âge… Il se retourna brusquement.

— Bonne question. Je crois que les vivres sont dans cette caisse là-bas.

Il désignait la caisse un peu plus loin, marchant en même temps vers elle. Il parvint devant, suivi par la magicienne, et l’ouvrit. Examinant brièvement son contenu, il annonça solennellement :

— Alors, au menu, brioches à la viande, fruits frais et euh… je pense que c’est de l’eau.
— Très bien.

Nylrem tendit une brioche à la magicienne, qui l’accepta avec un sourire. Puis le jeune garçon se leva, pensif, voulant tenter quelque chose. Après tout, il n’avait rien à perdre.

— Au fait, il y a quelque chose qui ne va pas.
— Quoi donc ?
— Vous connaissez mon prénom par le biais de la compétition, commença-t-i. Mais… Je n’ai aucune idée du votre. Et si nous devons passer plusieurs semaines à bord de cette calèche...

La jeune fille parut amusée au premier abord, puis attendrie.

— Bien, vous avez raison. Mon nom est Aona.
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MessageSujet: Re: Cor Virginis   Cor Virginis Icon_minitimeJeu 10 Jan - 3:22

Ce nom, dans la tête du jeune homme, peut-être futur paladin, résonna comme un coup de gong. Aona. Très joli, très joli. Le tout était de ne pas l’oublier, mais Nylrem ne se faisait aucun soucis là-dessus…Durant le repas, l'atmosphère parut plus détendue...Nylrem et Aona parlèrent de tout et de rien, et peu à peu, la crispation due au protocole disparut, en même temps que le protocole lui-même. Les deux jeunes gens en étaient venus à se tutoyer, discutant de la pluie et du beau temps comme deux simples enfants.

Le cocher finit par adresser un signe à Nylrem et Aona, pour les prévenir d’un départ imminent. Alors qu’il remontait sur son siège et s’emparait des rênes, ils montèrent à l’arrière, poursuivant leur conversation.

— …mais il y a quand même un truc étrange, disait Nylrem.
— Ah oui ?
— Oui, tu sais, durant tout ce tournoi…

Elle se contenta de le fixer, lui intimant de poursuivre.

— Hé bien, hésita-t-il, j’ai eu l’impression que quelqu’un veillait sur moi. Ma bonne étoile, sans doute…

Aona rougit à cette déclaration, et Nylrem comprit immédiatement qu’elle n’était pas pour rien dans sa réussite. Elle s’assit sur un des tonneaux, pendant que la charrette s’ébranlait de nouveau, et Nylrem prit place contre la bâche, près d’elle. Elle lui avoua tout. C’était elle qui avait fait en sorte que son deuxième adversaire trébuche. Elle encore qui s’était arrangée pour que l’archer, au moment ou il allait tirer, perde sa flèche, sans que personne ne s’en aperçoive…

— Mais, s'étonna Nylrem… pourquoi ? Pourquoi ces interventions ?
— Ho, je ne sais pas, une envie, un caprice peut-être. Après tout, je n'ai pas encore le calme et la sagesse de mes confrères.

Elle se releva brusquement, et se mit à marcher dans la charrette qui secouait, usant d’un étonnant sens de l’équilibre pour ne pas tomber, visiblement troublée.

— Je crois que j’ai rapidement décelé un potentiel en toi, Nylrem Yorel, et cette compétition m’ennuyait avant même d'avoir commencé. De plus, elle risquait de t’empêcher a jamais d’exploiter ces dons…

Le regard triste et rempli d’inquiétude qu’elle adressa au jeune homme le mit mal à l’aise. Mais son expression changea littéralement, et un grand sourire s’y dessina. Elle éclata de rire.

— En attendant, nous voila partis pour un long voyage, je crois.

Effectivement, ils étaient partis pour un voyage très long qui venait à peine de commencer, à la fin de ce premier jour. Le lendemain, à une heure aussi précise que la veille, le vieux cocher s’arrêta et ils purent déguster de nouvelles brioches, aussi tristement fades que la veille. Aona et Nylrem passaient la plupart du temps à discuter, devenant de plus en plus proches sans même s’en rendre compte, sous le regard amusé du cocher. Le soir tombé, ils s’arrêtèrent dans une auberge pour se laver, et ils décidèrent d’y passer la nuit. Le vieil homme s’était rapidement endormi, et Nylrem était assis sur son lit. L’auberge étant vide, ils avaient eu chacun leur chambre. Ce qui arrangeait tout le monde. Aona était partie se laver.
Pendant que les seuls bruissements de l’eau parvenaient aux oreilles du jeune garçon, il dessinait. Il ne savait d’ailleurs pas vraiment ce qu’il dessinait, là, assis en tailleur sur son matelas, mais cela n’avait pas d’importance. Elle passa dans le couloir sans faire de bruit, rejoignant sa chambre, les cheveux encore mouillés, vêtue uniquement d’une serviette blanche. Nylrem resta un long moment à regarder le couloir vide, ou elle venait de passer. Puis il s’étendit sur le dos, le regard fixant le plafond, un sourire figé aux lèvres.

Il allait s’endormir, après s’être débarrassé de ses vêtements lorsque quelqu’un frappa à la porte. Nylrem se releva et ouvrit. Aona, qui se trouvait derrière, parut presque surprise… Elle prit la parole, visiblement troublée:

— Je…je voulais juste te dire bonsoir. Bien. Bonsoir Nylrem.

Elle rougit et partit en courant rejoindre sa chambre. Nylrem entendit la porte se fermer. Il avait la désagréable sensation que quelque chose n’allait pas… Il sauta sur son lit, et repensa a tous ces évènements qui venaient de chambouler sa vie à une vitesse étonnante. Trois jours de voyage s’étaient écoulés, et déjà il lui semblait qu’il ne reverrait plus son village. Il repensa à sa mère, à sa guérison, et ferma les yeux. Demain, une autre journée de voyage s’annonçait. Heureusement tout de même, qu’il avait avec lui une présence rassurante, amicale… Il n’aurait jamais supporté de devoir voyager seul jusqu'à Capella…

*
**


Le feu. Rouge, Orange, il fait chaud, partout. Qu'est ce qui se passe? Les gens crient, hurlent au désespoir, les maisons sont en feu. Du sang, beaucoup de sang a coulé. Il fait nuit, mais la lumière des flammes éclaire énormément. Les habitants s'enfuient, prenant leurs jambes à leur cou. Mais qu'est ce qui se passe enfin ?! Rien, Tout… C'est tellement confus... Dans l'agitation totale, la panique, une maison brûle. Une grosse bâtisse en bois, enveloppée dans d’immenses flammes. D'ailleurs toutes les maisons sont en bois. C'est tellement stupide! Un corps gît, inanimé, devant la maison, entouré par les flammes. Le visage figé avec une expression de surprise, une tache écarlate au coté... c'est…

— Non!

Nylrem se réveilla en sursaut, baignant dans sa sueur, haletant. Rien ne pouvait caractériser sa peur. Il se retint de hurler. Il regarda autour de lui, clignant des yeux... Qu'était-ce?? Cela semblait si réel... Il a l'impression d'être à moitié dans un autre monde. Une partie de son esprit lui assure que c'est un cauchemar. L'autre portant...doute. Il se recoucha, enfonçant la tête dans son oreiller, mais il était pensif, et quelqu'un lui secouait l'épaule.

— Allez, réveille-toi! clama Aona. Le vieux cocher va partir sans nous!

Mais il était bien, dans son lit....Il se releva d'un seul coup, brutalement ramené à la réalité, manquant au passage de percuter celle qui le réveillait. Aona était à côté de lui, agitée, pressée... Le temps qu'il réalise un peu ce qu'il se passe, elle était déjà sortie. La seule chose qu'il aperçut, furent ses longs cheveux bruns qui passaient la porte. A la façon dont elle lui avait parlé (il aurait plutôt dit "crié", mais au sortir du sommeil, ce ne devait être qu'une impression), il avait intérêt à se dépêcher. Il passa les jambes sur le côté du lit, se frotta le visage en soupirant. Rapidement, il ramassa ses affaires, et enfila ses vêtements. Il passa ses mains dans ses cheveux pour les rabattre en arrière, et sortit.

La calèche était déjà prête, attendant devant l’allée qui conduisait à l’auberge. Nylrem aperçut Aona qui montait à l’arrière. Il accourut pour la rejoindre. Le cocher lança son « Yaaah » habituel, qui lançait les cheveux au trot. Nylrem s’assit sur un sac, il leva les yeux vers la jeune fille. Mais Aona semblait fuir son regard. Elle fixait les planches.

— Ça va ? demanda-t-il.
— Euh… oui, oui…ça va.

Son attitude prouvait pourtant le contraire. Ses joues s’étaient empourprées à la question pourtant innocente de Nylrem. Cela le fit sourire, elle semblait troublée. Elle détacha le regard du sol, et leva ses yeux verts vers Nylrem et lui adressa un petit sourire. Décidément, il aurait toujours du mal à comprendre certaines choses… les filles, notamment. Pendant les quelques heures avant la pause déjeuner, le voyage se déroula en silence. Aona s’était endormie. Nylrem restait à la regarder, le menton appuyé sur le coude, lui-même appuyé sur le genou, dans une position stable et confortable. Elle ouvrit finalement les yeux.

— Je n’ai rien raté ? demanda-t-elle en baillant.
— Heu non, mis à part peut-être quelques paysages, mais à ce moment là, je les ai ratés aussi.

Elle souriait, en s’étirant. Soudain, la calèche stoppa. Nylrem et Aona restaient interdits. Le chariot était immobile. Lorsque le vieux cocher surgit d’un côté, ils sursautèrent.

— On mange, lacha-t-il.
— Déjà? S’étonna Nylrem.
— Oui. On va passer par le col de Karad Kadrum, et nous ne pourrons pas nous y arrêter pour manger.
— La traversée est-elle longue ? Questionna Aona
— Oui. Et il n’y a rien d’autre a voir que des cailloux.

Elle sauta hors de la carriole. Nylrem fit de même, et le groupe se dirigea sous un arbre, à l’ombre, pour déguster une succulente…brioche à la viande, dont la caisse de vivres semblait être remplie. Comme à l'accoutumée, le cocher s’éloigna pour manger, le regard perdu… Les deux adolescents mangeaient en silence, un silence qui devenait de plus en plus pesant. Nylrem posa soudain son sandwich à côté de lui, et il prit la parole en s’approchant d’Aona.

— Bon je voudrais pas paraître brutal, mais il se passe quoi là ?? D’habitude on parle plus que ça !
— Je sais, répondit-elle, gênée. Mais en fait je…. Enfin voilà.
— Heu…j’avoue que ce n’est pas très clair.
— Tant pis, on parle d’autre chose ? Que penses-tu faire une fois que tu auras obtenu ton titre ?

Nylrem leva les yeux au ciel, réfléchissant sur son avenir.

— Je ne sais pas. Je pense que je ferais comme tous les paladins du Terant, et que je resterais au service du roi pour protéger Ravo et le continent.
— Bon.

Malgré cet embryon de discussion, l’ambiance était toujours aussi lourde. Aona avait reporté son attention sur son repas. Un peu déçu, Nylrem fit de même.

Le reste du voyage se déroula dans une ambiance plus détendue. C’était comme si l’intervention nocturne de la veille n’avait été qu’un rêve, un mirage, et qu’elle était oubliée. Aona était redevenue sociable. Nylrem aurait pensé que les magiciens de l’Ecole connaissaient le continent par cœur, pourtant elle s’émerveillait devant la variété des paysages, montrant des animaux sauvages à Nylrem avec une expression enfantine. Cette nuit, ils la passeraient près d’une ville, à la périphérie. Le rêve de Nylrem lui trottait toujours dans l’esprit. Il était inquiet. Et si c’était vrai ? Et s’il avait eu… une vision ? Il décida de se tourner vers la seule personne capable de lui répondre.

— Aona, il faut que je te parle.
— Qu’est ce qu’il y a ?

Il s’assit à coté d’elle

— Cette nuit j’ai fait un rêve...déroutant.
— Allons, allons, rit-elle, tu as cru que le Grand Méchant Skald viendrait t’emporter ?
— Je suis parfaitement sérieux.

Il lui raconta toute la scène, avec tous les détails dont il souvenait. Elle resta un long moment sans rie dire. Puis demanda.

— Alors, conclut-elle. j’ai une question qui nous permettra peut-être de savoir. Avais-tu l’impression de faire partie du rêve, ou que tu étais juste un spectateur ?
— Plutôt spectateur, ou plutôt non. J’avais même l’impression que ce n’était pas moi le spectateur, comme si quelqu’un me montrait ce qu’il voyait.
— C’est étonnant que tu aies eu une vision… (elle fit une pause) Surtout une vision aussi lugubre. C’est un don, héréditaire en général, chez les personnes proches des arcanes de la magie…
— C’est justement ça qui m’inquiète, personne dans ma famille n’est magicien…
— Ne t’en fais pas va, tu as du faire un mauvais rêve particulièrement réaliste, ça arrive parfois.
— Mouais, je ne suis pas convaincu…

Elle déposa un baiser sur son front, et elle s’éloigna. Nylrem resta figé un instant, sentant le sang lui monter au visage, oubliant même sa sinistre vision… Il se calma, et retourna dans la charrette, pour dormir. « Ça arrive parfois » avait dit Aona. Mais au fond de lui, il restait persuadé que ce « rêve » était loin d’être innocent.

Une semaine déjà s'était écoulée depuis qu'ils s'étaient enfuis du village. Le temps était passé très vite, et ils avaient parcouru plus de la moitié du chemin. Le voyage se déroulait tranquillement, paisiblement, sans aucun problème... A part l'intervention de ce funeste cauchemar, tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, et les jours se succédaient, identiques. Il leur arrivait parfois de faire une halte dans un endroit particulièrement beau ou ils pouvaient profiter de la fraîcheur d'un ruisseau par exemple... Un soir, alors que le cocher avait regagné la charrette pour dormir, Nylrem et Aona restèrent près du feu, à discuter de tout et de rien. Ils étaient devenus très complices au fil des jours, et la barrière infranchissable qui séparait les deux mondes auxquels ils appartenaient s'était amincie.

—...mais le faon a fini par me voir, et il s'est mit a bondir un peu partout comme un hystérique, sans que j'aie fait quoi que ce soit...
— Hi hi hi! Et que lui est-il arrivé?
— Oh, expliqua-t-il, il a fini par aller chercher des renforts, et j'ai été chassé sans ménagement par un cerf qui devait être de la famille. Il semblait réellement furieux !

Nylrem passa la main dans ses cheveux blonds, gêné. Les récits d'anecdotes qu'il faisait arrivaient toujours à faire rire la jeune magicienne. Mais après celui-ci, ils restèrent un moment à se fixer, comme s'ils tentaient de s'hypnotiser mutuellement. Nylrem se sentait transpercé par le regard de jade d’Aona. Elle rompit le silence qui s'installait en plongeant la main dans une poche de sa robe blanche. Elle en sortit un petit boîtier cylindrique, noir, qu'elle tendit à Nylrem en souriant. Il le considéra attentivement, sans trop savoir ce que c'était. Justement, il lâcha un "c'est quoi?" des plus interrogatifs auquel Aona répondit par un sourire. Elle plaça le pot sans la main de Nylrem. Il frissonna. La peau de la jeune fille était douce et fraîche, et son contact était agréable.

— C'est un onguent à base de plantes. Tu risques d'en avoir plus besoin que moi, un jour ou l'autre...

Nylrem contempla sa main, incrédule, et rendit son sourire à Aona:

— Euh merci. C'est gentil.

Le visage de la jeune magicienne s'empourpra, et elle détourna le regard. Nylrem rangea alors son nouvel onguent tout neuf dans une pochette a accessoires, accrochée à sa ceinture. Lorsqu'il se retourna, il fut surpris par Aona, dont le visage se trouvait tout près du sien, et il faillit tomber en arrière. A son tour, il sentit le sang lui monter au visage... Ils se rapprochaient dangereusement... Nylrem sentit ses yeux se clore, et les lèvres de la jeune fille se posèrent sur sa joue droite. Il rouvrit les yeux, Aona lui tira la langue et sourit.

— Bonne nuit Nylrem, dors bien. N’oublie pas d'éteindre le feu aussi.
— Bo...bonne nuit.

Il la regardait s'éloigner, fixant ses longs cheveux bruns qui balançaient au rythme de ses pas, mais c'était différent des autres jours. Il ne la considérait plus tant comme une simple magicienne de l'Académie que comme une jeune fille, et très jolie, de surcroît. Finalement, elle était loin de le laisser indifférent.

Au petit matin lorsque le vieux cocher le secoua amicalement pour le réveiller, Nylrem eu du mal à sortir du royaume des songes. Même s'il avait parfaitement dormi, il se sentait passablement lourd. Sans dire mot, le cocher, toujours aimable, lui tendit une exceptionnelle gamelle de soupe fumante que Nylrem avala goulûment, tiraillé par la faim. Il cherchait instinctivement Aona en buvant son breuvage, comme si sa présence était nécessaire pour qu'il se réveille correctement et qu'il se sente bien. Malheureusement, la belle devait encore être en train de dormir. Il posa doucement le bol dans l'obscur intérieur de la calèche. Sans se préoccuper d'Aona, le vieil homme s'assit laborieusement sur son siège rembourré et empoigna son fouet. Dans un claquement sec, accentué d'un "yaah" des plus efficaces, il fit démarrer l'attelage. Le véhicule s'ébranla, faisant rouler le bol sur les planches et manquant de faire tomber Nylrem qui préféra aller s'asseoir à l'arrière, les jambes pendant au dessus de la route.
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MessageSujet: Re: Cor Virginis   Cor Virginis Icon_minitimeJeu 10 Jan - 3:23

Il fixait le sable qui passait sous ses pieds. De temps en temps, une secousse l'obligeait à s'accrocher à ce qu'il pouvait, mais il n'en souciait pas vraiment, il avait décidément l'esprit ailleurs. Il posa ses coudes sur ses genoux, légèrement cambré, et resta dans cette position pour admirer le lever du Soleil, juste devant lui. Il sentit quelque chose sur son épaule, mais ne fit d'abord pas attention, jusqu'à ce que de délicieux effluves lui parviennent au nez. Il tourna la tête vers la droite. A côté de lui, Aona était venue s'appuyer contre lui, recroquevillée sur elle-même pour lutter contre la fraîcheur matinale. Ils ne s’échangèrent aucun mot. Quand Nylrem tenta de dire quelque chose, il ne trouva rien à annoncer, mais surtout les yeux de la jeune fille qui fixaient ce magnifique lever de Soleil l'incitèrent vivement à faire de même. Il restèrent là, l'un contre l'autre, jusqu'à ce que l'astre de lumière soit haut placé dans le ciel, bercés par le claquement régulier des sabots. A ce moment, Nylrem voulu de nouveau dire quelque chose. Mais Aona déposa simplement un baiser sur sa joue gauche et repartit à l'avant de la calèche. Au dessus du bruit des sabots, Nylrem entendit distinctement la jeune fille demander au conducteur si la prochaine escale était encore loin.

Les levers de Soleil durant plusieurs heures, celui-ci semblait avoir fait passer le temps particulièrement vite. Nylrem trouvait toujours étrange le fait qu'Aona ne dise rien, mais il pensa que ça passerait. Le paysage autour d'eux avait de nouveau changé. Les prairies vierges du continent s'étaient entourées de clôtures et peuplée de divers bestiaux qui broutaient paisiblement. Les pâtures sont rarement isolées. Nylrem rejoignit ses deux camarades de voyage à l'avant. Il s'assit pour contempler ce qui s'offrait à lui. Ils étaient au sommet d'une colline, ce qui leur permettait de voir loin. Droit devant, la mer qui s'étendait jusqu'à l'horizon brillait de mille feux, frappé de plein fouet par la lumière du Soleil. Et un peu plus au Sud, une petite ville tout à fait charmante semblait accrochée aux rives.

— Les enfants, annonça fièrement le vieux cocher, voici mon terminus : Sedaljé, le Port des Voyageurs. C'est justement au port que nous nous rendrons pour la dernière partie de votre voyage jusqu'à Capella.
— Nous allons prendre le bateau?
— Oui, Nylrem, répondit Aona. Capella est une île, loin de la côte.

Aona adressa un sourire franc et confiant à Nylrem, puis retourna à la contemplation de la ville. Lorsqu'ils entrèrent, personne ne faisait particulièrement attention à eux, et pour cause, il y avait des calèches similaires partout. Cette ville était très animée. La musique entraînante des troubadours parvenait jusqu'à leurs oreilles, les vendeurs à la criée annonçaient bravement leurs meilleurs prix, les saltimbanques exécutaient leurs périlleux numéros... Nylrem aurait volontiers fait escale plus longtemps ici. Mais cela ne semblait pas au programme de la matinée. Le cocher avança son véhicule jusqu'aux quais, passant sur les routes aux dalles lisses, qui semblaient prévues pour ce type de calèche. Il se gara proprement, adressant à son attelage (dont il avait changé trois fois au cours du trajet) un "holà" d'arrêt. Aona descendit la première, et tendit sa main au cocher pour le remercier avec une lourde bourse de pièces. Nylrem la suivit et adressa à son tour un signe de la main à leur aimable servant. Il la suivait, car il était quand même perdu dans cette ville, et n'avait aucune idée de quelle coque de noix, parmi les différents navires qui peuplaient le port, les mèneraient à leur destination. Déjà, l'ambiance marine se faisait pesante. Grincements de bois, hurlements des mouettes et remous des vagues se mêlaient dans un brouhaha indescriptible.

Elle le guida à travers pontons et amarres, jusqu'à un petit bateau, néamoins impressionant, dont la voile, qui montait haut dans le ciel, semblait être faite de soie. L'architecture de bois était très travaillée et la forme du bateau était effilée. Il correspondait parfaitement à l'aspect de celui qui vint les accueillir, une personne apparemment d'une quarantaine d'année, dont les traits fins du visage inspiraient le respect. En lettres d'or brillait le nom "Mashrendil" sur la poupe du bateau, et à la proue était sculpté une licorne. L'homme leur adressa la parole de sa voix douce et agréable:

— Bienvenue voyageurs. Je me nomme Kan'Thetris, et je suis le capitaine de ce navire, qui vous conduira sur l'île de Capella. Installez-vous, je vous en prie.

Ils montèrent à bord, et Aona s'approcha de Nylrem. Elle s'agrippa à son bras pour lui chuchoter dans l'oreille

— Kan'Thetris fait partie de la race des Longues-Vies. Ne t'en fais pas, il est très gentil.

Elle lui adressa encore un de ses doux sourires à renversants et partit prendre possession de sa cabine.

Nylrem décida de faire de même. Lorsqu’il entra, il crut d’abord s’être trompé de cabine, mais le matelot elfe qui le suivait lui indiqua que c’était bel et bien sa chambre pour le voyage. C’était bien simple, tout dans cette petite pièce reflétait la beauté et le raffinement de la culture elfique. Des draps de satin, harmonieusement déposés sur le lit, renvoyaient doucement la lumière d’une lampe, pendue au plafond. Dans un coin, une petite table en bois ciselé pouvait lui servir d’écritoire. Il posa prudemment ses affaires près du lit, n’osant trop s’asseoir sur le matelas. Finalement, il s’y allongea. Le lit était d’un confort extrême qui lui fit oublier tout ce qui l’entourait. Il fixait le plafond dont les fresques et les dorures relataient l’histoire d’un héros qu’il ne connaissait pas, chaque scène étant représentée avec une foule de détails. Lorsqu’il entendit frapper, il répondit à la fois joyeusement et calmement, invitant la personne concernée à entrer. Cette dernière ne dit mot, mais vint directement s’asseoir près du jeune homme, sur le lit. Et si Nylrem n’avait pas encore aperçu son invité, il se doutait de son identité. Aona s’allongea doucement à son tour. Elle laissa planer un silence pesant puis le rompit de sa voix douce.

— C’est joli, non ? Je ne pensais sincèrement pas que l’Académie jugerait bon de nous faire voyager à bord d’une telle merveille…
— Je ne m’y attendais pas vraiment non plus, avoua Nylrem. Ce vaisseau est magnifique.
— D’autant plus que nous aurons largement le temps d’en profiter, le capitaine m’a parlé de plusieurs jours de voyage avant d’atteindre Capella
— Oui. Plusieurs jours pour profiter.

Nylrem se retourna vers la jeune fille, mais celle-ci écarquilla les yeux, fixant elle aussi le plafond, comme si elle venait de reprendre conscience. Elle se redressa brutalement, sous le regard intrigué de Nylrem, puis sortit de la chambre sans rien dire. Le jeune homme restait interdit, dans l’incompréhension, mais il ne s’inquiéta pas plus longtemps du comportement d’Aona, et se recoucha. Ces dernières nuits, Nylrem avait refait son horrible cauchemar qui le forçait parfois à se réveiller au milieu de la nuit. Mais ici, confortablement installé sur le lit, c’était différent. L’air sentait le bois et l’encens, c’était plutôt agréable. Il s’endormit, un sourire aux lèvres, et n’aurait jamais pu dire de quoi il avait rêvé pendant ce moment d’assoupissement. Ce fut un des membres de l’équipage qui vint le tirer de son sommeil. L’elfe affichait un sourire radieux, alors que le garçon se relevait. Il s’inclina, puis annonça solennellement une phrase incompréhensible, mais aux sonorités douces et harmonieuses.
Devant le regard complètement perdu de son interlocuteur, il éclata de rire et reprit, plus clairement:

— Pardonnez-moi, je n’ai pas l’habitude d’utiliser la langue commune. Vous êtes convié au repas.
— Merci beaucoup, répondit Nylrem, j’arrive immédiatement.

Il croisa Aona dans un couloir, et voulu lui adresser quelques mots, mais elle s’enfuit, pressant le pas, rouge comme une Trontelle écarlate. Il passa outre ce détail et rejoignit le pont. En sortant, il fut frappé par l’absence totale de civilisation, et plus précisément, de toute vie apparente autour d’eux. Plus de port, plus de ville, plus de terre, uniquement de l’eau sombre à perte de vue. Bien qu’il filât à toute allure sur les flots, le Mashrendil ne souffrait ni du tangage, ni du roulis, incroyablement stable. Au milieu du pont était dressée une longue table où se tenait assis tout l’équipage, excepté le timonier qui grignotait discrètement près de sa barre, pour déjeuner. Le capitaine, un elfe à la carrure étonnament forte, leur adressa de grands signes de main, à Aona et lui.

— Venez ! Venez, je vous en prie, voyageurs !

Sur la table de bois massif s’alignaient des mets tous plus raffinés et rares les uns que les autres, et Nylrem n’osait pas vraiment y toucher. Aona n’était en aucun cas déroutée par la richesse de la nourriture, et Nylrem se résolut tout de même à manger lorsqu’il entendit son estomac crier famine. Un peu sceptique, il porta un petit morceau de viande à sa bouche et écarquilla les yeux d’étonnement. Cette bouchée dégageait une avalanche de saveurs, de délicieux arômes apaisants et il dégusta avec gourmandise ce premier repas consistant depuis leur départ.
La pause déjeuner s’était vite terminée pour les membres de l’équipage qui regagnèrent leurs postes respectifs, pendant que le capitaine et ses invités découvraient leur dessert. Après ce savoureux repas qui, loin d’endormir tout le monde par sa densité s’était avéré revigorant, le voyage vers Capella reprit son cours alors que le jour tombait déjà. Aona avait regagné sa cabine un peu plus tôt et Nylrem avait plongé son regard curieux dans les différents livres de la bibliothèque embarquée à bord. Il avait notamment trouvé un ouvrage intitulé « Méthodologie de l’apprentissage de la langue des Elfes, par Vulnion Nuenvil », qu’il trouvait particulièrement intéressant. Il fourmillait d’annotations laissées par le précédent lecteur, sur la manière de prononcer, et les coutumes des Elfes. L’Elden se révéla être un langage fort complexe. A la nuit tombée, le jeune marin qui les avait conviés au repas de la mi-journée apparut sur le pas de la porte. Les traits de son visage étaient fins, il semblait être à peine plus vieux que Nylrem, mais ce dernier sentait en lui une force indescriptible. Lorsqu’il entra, il s’inclina poliment et vint s’asseoir sur une chaise. Il annonça d’une voix claire mais en parlant aussi doucement que franchement :

— Il semblerait que Mademoiselle se soit entichée de vous, voyageur

Nylrem ne réagit pas immédiatement mais lorsque le sens de cette phrase lui parvint, il referma brusquement le manuel. Pourquoi venait-il lui annoncer cela aussi brutalement ? Il se retourna vers l’elfe, une lueur de curiosité dans les yeux.

— Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
— Faites-moi confiance, voyageur, continua l'elfe, nous sommes plutôt doués dans ces choses là, et, contrairement à ce que vous pourriez penser, je ne manque pas d’expérience.

Nylrem détourna le regard, et fixa le ciel noir au travers d’un hublot. Il soupira.

— Oui, peut-être…

L’elfe n’ajouta mot, et se contenta de sourire.

Après quelques heures de lecture qui avaient appris beaucoup sur la structure de l’Elden à Nylrem, ce dernier jeta un regard vers l’horloge à cristal accrochée au mur. Elle lui indiquait clairement qu’il était déjà tard, et il lâcha enfin son livre des yeux, fort de nouvelles connaissances. Il laissa s’échapper un long bâillement. L’heure était venue de se coucher. Il sortit de la bibliothèque et éteignit la lumière. Au hasard des couloirs, lorsqu’il passa devant la chambre d’Aona, il lança un « Bonne nuit » à travers la porte auquel la jeune fille répondit fortement, presque immédiatement, comme si elle avait sursauté, puis il entra dans sa chambre, retira ses quelques vêtements, ne gardant sur lui que son pantalon de toile blanc, et se glissa entre les draps. Dans un geste contrôlé, il baissa l’intensité de la lumière, laissant baigner la cabine dans une douce lueur dorée, et ferma les yeux.
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MessageSujet: Re: Cor Virginis   Cor Virginis Icon_minitimeJeu 10 Jan - 3:25

Cor Virginis Chap03te8




Au petit matin, le matelot qui vint le réveiller avait perdu son habituelle quiétude. Il paraissait même affolé, les yeux exorbités, alors qu’il le secouait sans ménagement.

— Réveillez-vous ! Réveillez-vous !

Nylrem émergea difficilement, puis il se redressa, son esprit envahi par l’image d’un visage se rapprochant dangereusement du sien. Il se retourna vers l’elfe, et ouvrit plus grand ses propres yeux, conscient qu’il se passait quelque chose. Ce ne fut pas tant l’agitation du matelot que le long sabre effilé qu’il tenait dans la main droite qui inquiéta Nylrem.

— Qu’est-ce que…
— Dépêchez-vous ! Ne posez pas de question

Nylrem enfila précipitamment une tunique de lin et son gilet en cuir. Ils sortirent de la chambre et rejoignirent Aona qui avait revêtit sa longue robe de magie azur. Ils échangèrent brièvement un regard rempli d’inquiétude et de complicité à la fois et grimpèrent sur le pont principal. On offrit un sabre à Nylrem, ce qui ne le rassura pas le moins du monde. Après un long moment d’interrogations silencieuses, et une fois que l’ensemble des passagers était rassemblé, le capitaine concéda à révéler la situation.

— Des pirates !, scanda-t-il, totalement affolé Ils doivent chercher à récupérer notre cargaison de vivres !
— Oh non… se lamenta Aona, avons-nous les moyens de nous défendre ?
— Non, répondit sèchement Kan'Thetris. Mon équipage n'est pas formé au combat. Quartier-maître ! Armez le reste des marins, nous allons devoir nous battre !

A l’arrière du navire, un vaisseau battant pavillon noir s’approchait à grande vitesse. Chacun des membres de son équipage portait des armes qui étincelaient au Soleil. Ses voiles furent rabattues, et il perdit de la vitesse. Lorsqu’il fut à portée, une vingtaine de soldats jetèrent leurs grappins sur le navire elfe et l’envahirent en quelques secondes. Ni Nylrem, ni Aona n’avaient l’intention de se laisser faire par ces brutes épaisses. Alors que l’équipage se défendait comme il pouvait sous les coups meurtriers des pirates, Aona commença, en fermant les yeux, l’incantation d’un sort offensif, entourant son corps d’un halo de lumière orangée. Elle rouvrit les yeux et tendit le bras vers l’un des assaillants, paume vers l’avant.

Immédiatement, une boule d’intense lumière verte s’en échappa et vint mortellement frapper le pirate, qui s’effondra. Elle commença immédiatement l’incantation d’une nouvelle sphère d’énergie qu’elle projeta sur un homme à la démarche chaloupée, portant une hache dans chaque main. A son tour, il s’écroula. Nylrem, de son coté, s’était jeté sur un des renégats et lui assenait de furieux coups de sabre. Mais il manquait de force, et, aidé par un de ses camarades, le pirate reprit l’avantage. Un autre des malandrins passa par-dessus bord, touché au flanc par un projectile magique. Ailleurs, certains marins elfes voyaient leurs corps transpercés d’une épée, d’autre avaient préféré fuir par les eaux, se promettant une mort tout aussi atroce. Malgré leur vaillance, Nylrem et Aona furent dépassés et capturés. Le chef des pirates jubilait devant l’alignement des survivants devant lui. Il s’adressa à ses captifs.

— Oh, tiens, constata-t-il, faussement attristé, certains d’entre eux sont morts, comme c’est regrettable… Inutile de vous rebeller, charmants petits elfes… Nous ferons main basse sur votre chargement d’une façon où d’un autre...

Il ricana doucement, mais son visage fut tordu par un affreux rictus de douleur, ses mains se crispèrent. Il s’écroula de tout son long. Derrière lui, un homme aux longs cheveux d’une surprenante couleur violette, portant une robe écarlate très ouvragée tendait le bras devant lui, la paume en avant, doigts écartés. Dans le dos du gros pirate apparaissait la marque fumante d’une brûlure. Aux cotés du mage surgirent du néant deux autres personnes vêtues de la même manière. Nylrem reconnut l’un des membres du jury qui avait décidé de son adhésion au sein de l’ordre des paladins, celui qui n’avait pas prononcé plus d’une dizaine de mots pendant toute l’épreuve. Les deux magiciens lancèrent un sort d’entrave qui enferma la totalité des pirates à l’intérieur de cages magiques rougeoyantes. Le premier mage s’approcha d’Aona et s’agenouilla, au grand étonnement de Nylrem.

— Salutations, dame Lethris. Est-ce là votre gardien près de vous ?
— Non, Acamar, répondit-elle. Ce jeune homme est un aspirant paladin que je conduis à l’Académie de Capella.
— Parfait. Il semble dans ce cas qu’il y’ait un changement de programme. Nous allons vous conduire nous même au port de Capella, pour éviter de courir à nouveau des risques comme celui-ci, ou comme l’étrange tempête magnétique qui sévit un peu plus loin à l’Ouest, continua l’homme aux cheveux violets. Maître Seginus?
— J’y vais, Acamar.

D’un geste de la main, Seginus disparût avec les pirates capturés dans un craquement sec.

L’Archimagus Acamar se tourna vers le capitaine du navire et lui lança une bourse d’or.

Je suis désolé, reprit-il pour ce qui est arrivé à vos hommes, mais nous ne pouvions pas être présents plus tôt. C’est l’unique dédommagement que nous pouvons vous fournir.

Puis il porta à nouveau son regard vers la jeune fille.

— Aona, nous aurons besoin de votre aide.
— Entendu.

Les trois magiciens se placèrent en triangle au centre du bateau et commencèrent une longue incantation, faisant monter à travers les planches du bateau un bourdonnement sourd. Avant que Nylrem entende la fin de l’incantation, il fut aveuglé par un éclair de lumière blanche, et eut la vague impression de s’assoupir, curieusement tiré vers le bas. Lorsqu’il sortit de sa torpeur, le bateau flottait au dessus d’eaux claires, sous un ciel d’été. Ils étaient arrivés, enfin, au port de Capella.


Dernière édition par le Jeu 10 Jan - 3:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Cor Virginis   Cor Virginis Icon_minitimeJeu 10 Jan - 3:32

A quelques mètres seulement de la côte, de larges prairies s’étendaient autour d’un parc clos par d’épais murs de pierre. Derrière une grille de fer forgé s’étirait un chemin de graviers fins qui rejoignait un ensemble de beaux bâtiments aux toits d’ardoises. De nombreux étudiants étaient groupés dans le parc, obéissant aux ordres d’adultes tous vêtus des tabards verts et or de l’Académie. Nylrem descendit du bateau alors que l’équipage déchargeait la cargaison, émerveillé par cet endroit, sous le regard amusé d’Aona. Un homme de petite taille, mais à l’embonpoint prononcé, enveloppé dans une robe verte et or s’approcha de Nylrem et lui fit signe de venir. Lorsqu’il fut assez près, il le dévisagea derrière ses petites lunettes rondes, comme pour le jauger.

— Première année, hein ? bon, vous devriez rejoindre rapidement le groupe là-bas.

Il lui montra un attroupement d’étudiants qui trépignaient pendant le discours ennuyeux d’un vieil homme aux cheveux blancs. Avant de regagner son groupe, Nylrem se retourna vers Aona, une pointe de tristesse dans les yeux. Elle s’approcha de lui et déposa un baiser sur sa joue gauche, s’efforçant de sourire.

— Dame Lethris ! Dame Lethris! Une missive à votre intention!

Un homme courait à travers le parc vers Aona, une lettre à la main. Il la tendit à la jeune fille, essoufflé, et profita de la lecture pour récupérer. Elle la déroula et la lut rapidement, un rictus d’inquiétude se dessinant sur son visage. Elle ne dit rien, mais une fois la lettre lue, elle la froissa, et adressa à Nylrem un regard un peu angoissé. Elle jeta le papier dans les airs, il prit feu presque instantanément.

— Nylrem, dit-elle, je suis convoquée à Sulafat pour une mission très importante. Je ne peux pas rester plus longtemps ici. Au revoir, j’espère qu’on se reverra.

Elle recula, lui envoya un baiser de la main et disparut dans un torrent de lumière bleue. Nylrem tendit un moment la main vers le vide, tristement, puis se résigna à rejoindre son groupe. Il n’eut que la fin du discours du vieil homme à écouter.

— ...il est naturellement interdit de quitter les chambres une fois le couvre-feu instauré. Je pense que ce sera tout, aspirants, veuillez noter vos noms sur ce registre et regagner les chambres qui vous sont assignées.

Chacun des aspirants s’inscrit et partit en direction d’une grosse bâtisse. Lorsque ce fut le tour de Nylrem, il inscrivit son nom dans une case vide intitulée : « Chambre 112 ». Il partit, avec en tête les noms de ses nouveaux compagnons pour un moment « Yon Stockhart et Chort Velchor ». Il espérait de tout cœur qu’ils seraient sympathiques, sans ça, le cycle d’apprentissage risquait d’être pénible. Il passa son sac à l’épaule et se dirigea vers l’entrée. Quelque chose l’intriguait... depuis son arrivée, il ne se rappelait pas avoir vu une seule fille. Constatant l’étendue de l’Académie, il se douta qu’elles devaient être logées dans un autre compartiment, mais se demanda si l’académie ne leur était pas interdite. Il s’occuperait de ça plus tard, il devait trouver sa chambre.
Il monta calmement les marches de l’escalier au pied duquel était indiqué sobrement « 112-115 », une certaine appréhension avec lui... Il tourna la poignée, qui grinça comme s’il venait de la réveiller, et poussa la porte. Dans la pièce, deux jeunes garçons qui se lançaient une balle de cuir se retournèrent. Le premier avait les cheveux blonds, attachés en un court catogan qui pendait sur sa nuque. Il souriait et était particulièrement beau, peut-être en raison du regard pénétrant que lui donnaient ses yeux d’un gris presque blancs. Le second avait les cheveux courts et bruns, en bataille, et il portait un regard un peu endormi sur Nylrem de ses grands yeux bleus. Sur son épaule était posée une souris au pelage blanc et aux yeux verts.
Le premier, visiblement plus enclin au contact, se leva et vint serrer franchement la main de Nylrem.

— Salut ! lança-t-il. Tu dois être Nylrem, non ? C’est ce que nous a dit le majordome
— Euh…. Oui, c’est moi
— Cool. Ben moi c’est Yon, Yoyo pour les intimes, et le type qui se cache là-bas c’est Chorty avec Milo sur l’épaule.

Chort lui adressa un petit signe de la main mais son sourire franc et serein rassura Nylrem, qui posa ses affaires sur le seul lit libre. La chambre était petite, mais d’une taille suffisante pour trois étudiants, et faisait le coin du bâtiment, ce qui permettait d’avoir une vue sur le portail d’entrée et sur la cour. Trois lits étaient disposés contre les murs disponibles, et au milieu de la pièce, seule pièce de décoration, un tapis usé par le temps recouvrait les dalles de pierre. C’était plutôt agréable, et la position de la chambre lui permettait d’être bien éclairée, même à l’arrivée de la nuit. Nylrem poussa un soupir et s’assit sur son lit.

— Toi aussi ta famille te manque ? demanda Yon.

Nylrem réfléchit longuement à cette question. Non, ses parents ne lui manquaient pas vraiment. Il était parti très vite, sans vraiment leur faire d’adieux… La personne qui lui manquait, en l’occurrence serait plutôt

— Aona…
— Qu’est-ce que tu dis ? demanda Chort.
— Non, rien. C’est sympa ici on dirait.
— Un peu que c’est sympa ! clama Yon sans dissimuler son enthousiasme. Allez, comme tu es nouveau, Il faut qu’on te fasse visiter l’endroit !

Yon lui donna une grande claque amicale dans le dos et le tira par la main pour le forcer à se lever.

— Allez Chorty ! Amène-toi !

Ils sortirent de la chambre et descendirent les escaliers à toute vitesse, manquant de renverser un serviteur qui ne manqua pas de les réprimander. Yon et Chort emmenèrent Nylrem devant plusieurs bâtiments plus ou moins semblables, en lui expliquant un peu le plan qu’il commença à connaître. Ils s’arrêtèrent un moment au milieu de l’immense cour, et Chort tourna la tête de Nylrem pour lui faire regarder dans une direction précise. En face, un bâtiment très semblable à leur propre dortoir s’élevait. Seulement, aux oreilles des trois garçons parvenaient des éclats de rires et des cris.

— Ça, commença Chort, c’est le manoir aux milles mystères. Le dortoir des filles, qu’évidemment on n’a pas le droit de rejoindre après le couvre-feu… Mais à quoi serviraient les règles si on ne pouvait pas les enfreindre ?

Il adressa un clin d’œil à Nylrem qui plissait les yeux pour essayer de mieux voir cette foule de filles qui discutaient au pied de leur dortoir. Il finit par détourner le regard.

— En plus, poursuivit Yon, tu me croiras ou non, les filles de l’académie sont toutes au moins aussi belles les unes que les autres. Mais bon, ce sont des filles, et donc pas pour autant faciles à approcher, surtout quand elles se déplacent en petite meute, c'est-à-dire tout le temps.


Il éclata d’un rire sonore, parlant des filles comme de créatures mystérieuses, puis chort prit de nouveau la parole :

— Yoyo raconte pas mal d’idioties mais ne t’en fais pas, il a un bon fond.

Nylrem était vraiment rassuré par autant de bonne humeur, l’ambiance pour l’instant était chaleureuse et le cadre accueillant. Ses inquiétudes au sujet de l’Académie s’étaient dissipées. La nuit tombait lorsqu’ils regagnèrent leur dortoir et un serviteur agitait frénétiquement une clochette. Ils s’arrêtèrent dans la salle commune pour faire les présentations. Les étudiants en première année étaient les plus nombreux, et la proportion diminuait au fil de l’expérience. Certains élèves imposaient par leur carrure et leur prestance, assis près du feu, à l’écart.
Parmi les membres de l’académie, comme dans toute communauté, quelques personnes comme Yon et Chort étaient ouvertes et très sympathiques, d’autres restaient neutres, effacées, mais certains des académiciens avaient la fâcheuse manie de se croire supérieurs aux autres, et de se comporter en tyran. Il se rappela le fils du boucher de Deneb… Dans l’ensemble des aspirants, très peu étaient ceux qui s’étaient liés d’amitié avec eux, et Nylrem n’avait pas vraiment l’intention de s’y essayer. Les trois camarades montèrent dans leur chambre et s'endormirent rapidement, une longue journée les attendait demain…


*
**



Ils s’éveillèrent au son de la cloche, qui paraissait particulièrement bruyante dans le silence de l’aube. Nylrem et ses compagnons s’habillèrent machinalement. Le jeune homme passa une tunique beige et son habituelle veste de cuir laqué, ainsi qu’un pantalon de lin épais. Ils descendirent les marches parmi les premiers, constatant en passant devant leur chambre que la plupart des aspirants dormaient toujours. Un doux vent d’été soufflait dans la cour qu’ils traversèrent rapidement, se dirigeant vers le réfectoire. L’imposant bâtiment faisait au moins le double de la taille d’un dortoir, et Nylrem en déduisit que la séparation entre filles et garçons ne devait pas avoir lieu ici. Un vague sourire se dessina sur son visage lorsqu’ils entrèrent dans la chaleur de la grande salle. Peu d’étudiants étaient debout dans l’immense salle au plafond voûté, où étaient alignées de longues tables de bois sombre. Nylrem entendit un groupe de jeunes filles de leur âge pouffer de rire lorsqu’ils passèrent devant pour rejoindre le buffet. Il se retourna rapidement et eût à peine le temps de voir leurs sourires avant qu’elles ne se retournent, gloussant de plus belle. Chort soupira :

— Ah… les filles…

Cette remarque blasée fit rire Nylrem et Yon. Ils se servirent au buffet et partirent s’asseoir au bout d’une table, la plus proche de la porte. Les rares filles présentes s’étaient regroupées à l’autre bout de la pièce, bien décidées à prolonger elles-mêmes la démarcation. Ils commencèrent à manger en silence pendant qu’arrivait peu à peu le reste des étudiants. Yon sortit un papier d’une poche de son pantalon et le déroula, entamant un court monologue à voix basse.

— Bon, alors… on commence par la salle d’arme pour la matinée. Je suppose que le maître d’armes va nous débiter un long discours sur la vie du paladin… Enfin bon, on verra. Il nous reste un petit moment avant le lever du jour. On doit s’y rendre entre le premier et le deuxième quart est.
D'accord.

Chort et Nylrem répondirent d’un signe de tête. Ils rangèrent soigneusement leurs affaires du coté des cuisines, mais lorsqu’ils passèrent devant le même groupe de filles qu’un peu plus tôt, ils furent de nouveau accueillis par des gloussements. Yon s’arrêta net, et s’approcha vivement de leur table, souriant et fronçant les sourcils en même temps. Il posa les mains sur leur table, faisant vibrer les verres dans un tintement, et demanda :

— Dites-moi, qu’est ce qu’il se passe en fait ?

Les trois filles, surprises, virèrent au rouge et baissèrent les yeux. Yon poursuivit avec un discours sur l’intimité qu’il offrit généreusement à celle du milieu, peut-être la dirigeante du groupe, à en juger par son air supérieur. Mais Nylrem ne l’écoutait pas. A coté d’elle, une jeune fille aux cheveux mi-longs aux reflets d’or le fixait de ses grands yeux bleus. Elle avait posé son coude sur la table, et son menton sur sa main... Elle sursauta lorsque Nylrem tourna brutalement son regard vers elle. Il sourit et détourna de nouveau les yeux. Le petit discours fini, ils décidèrent de gagner la salle d’armes.

— C’est vrai quand même ! Pas moyen de se déplacer tranquille…

Chort et Nylrem se regardèrent dans les yeux un moment en souriant, puis éclatèrent d’un rire franc.
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Cor Virginis
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