Refuge

Immensité qui mène mon regard vers l’ailleurs, vers l’au-delà de ma vie éphémère et concise, vers l’au-delà de ma raison. Je la perçois par intuition. C’est un monde sans sagesse où déferlent les rêves. C’est l’écume en débordements de dentelle fluide sur un corps sans voile autre que le film de l’eau.

Je m’enivre d’un amour qui n’en finit pas de s’étaler ainsi, regorgeant des trésors enfouis sous les vapeurs d’ivresse du grand large.
Alors, sans fermer les yeux, je le vois briller sous la lune d’ocre comme un sourire de nacre, plénitude sans fondement qui effleure la nuit et touche les étoiles.
Je sens le soleil l’écraser à midi de rais droits et violents, qui, pourtant, le rendent éblouissant.
Et dans les grondements lointains, je l’entends tonner sous le vent qui rugit et soulève ses flots en lames de géants.

Quand l’ondulation fébrile frise sous la risée des serments et que l’ondoiement se meut dans l’abandon du vent, je soupire à la houle fiévreuse et prolixe.
Arrachée à la Terre, ligotée par la force qui mène au trépas, je m’égare, naufragée volontaire.

C’est un océan qui se fond dans le rien du ciel, dans l’abîme des horizons infinis, qui se noie, qui s’oublie. Si loin qu’il échappe à ma vue, si proche lorsqu’il caresse mes pieds, me sertit les jambes, pose sa langue fraiche sur mon ventre. Mais qui jamais n’ose monter plus haut, vers mes seins gonflés qui n’attendent que lui.
Et si la vue se brouille lorsque le brouillard descend, si le crachin repose sur le ciel qui déborde de l’onde, si les seuls échos qui demeurent sont ces trainées de pleurs, j’avance sous la pluie et plonge sous les flots.

Je passe en coup de vent ; je n'ai pas le temps. Mais il faudra que je dise un mot sur ce poème.

WHAOU !

C'est un très beau poème. J'adore les images données, qui apparaissent dans notre esprit :

Citation :

C’est l’écume en débordements de dentelle fluide sur un corps sans voile autre que le film de l’eau.

On sent presque ce que tu exprimes, plus qu'on l'imagine. C'est beau ! *o*

Le thème de l'océan y est récurrent, ou plutôt des grandes étendues d'eau. On trempe souvent les lèvres dans le vocable marin.
Ce poème, d'ailleurs, qui se veut un peu descriptif, renferme aussi de la sensibilité. On perçoit qu'il est le reflet d'une tempête intérieure. Quelque chose qui se veut très personnel.

"Je m'oublie ainsi" puis "Refuge de Mystère". Ces deux lignes viennent clore la lecture. Et pourtant, après s'être enfoncé dans l'océan, on ne ressent aucun sentiment d'oppression ou de claustrophobie : à l'inverse, on s'échappe vers l'infini bleu qui s'offre à nous... On pourrait presque voler dans l'océan plus qu'y nager. Tout en se dérobant aux regards.
C'est un ciel sans danger dans lequel on peut plonger, et se cacher.

Très beau (encore) Cassiopée.

Et si je commentais?
Moi ça me transporte, cette émotion, cette relation, cette perdition. Je m'y retrouve, j'y suis transportée. Quand tu prends la mer, tu reviens toute fraiche et pleine de douceurs à nous offrir.

C'est l'autre monde, l'autre soi, l'autre rêve, le repos, l'exaltation.

J'éditerai pour un commentaire.