J'ai fait un rêve l'autre nuit

J’ai fait un rêve l’autre nuit.

C’est un rêve pâle et sombre, un plaisir qui se nourrit d’ennui où les chats se coursent comme des loups et où la jungle se ferme sur le palais des gueux.

Couchés dans les creux de l’asphalte tranché en grosses rondelles, les oiseaux se prélassent sous les nez des charmeurs et nous sommes tous deux, héros d’un opéra qui ne vaut pas quatre sous, debout le nez au vent et le giron à l’air.

Dans ton verre, je vois le sommet, l’immonde solitude qui supplante le monde, alors que dans ma rue on ne sait que se battre.
Et je marche longtemps, sifflant ce vieux refrain qui ressasse la mère, celle qui se perd et s’égare dans l’élancement des bras.
Quand les feulements se taisent et que sous la roue d’hier se dresse la fortune d’un jardin sans sourire, nous rions et tissons nos doux rêves en vieilles mélopées.
Adieu le troubadour qui part dans le lointain. N’oublie pas de chanter la rengaine de ceux qui ne veulent pas se perdre. Ils rêvent au dédale pour ne jamais sortir du labyrinthe de pan.

Serviteur pernicieux qui tangue en mon sein, ce cœur a du blesser son vivant partenaire.

Pars, pour qu’à jamais s’enfoncent les galets du pardon.
Joue, pour que jamais je n’oublie ton véritable nom.

J’ai fait un rêve l’autre nuit.

Je me lève comme on lève un lapin. Je me sauve et je cours comme un loup. Alors, les chats s’enfuient vers l’heureux couvert où se cachent les ombres.

Tout au loin, dans les remous, les vautours restent en jeu.
Ils veillent et arrêtent le coup qui pourrait briser le verre qui est là.

Il fait chaud, buvons, toi et moi.

Puis, quand nous aurons trinqué, retournons dans ce rêve, celui de l’autre nuit.

Ce jet me fait penser à La nuit Rhénane d'Apollinaire. Tes mots sont lugubres mais emplis d'une finesse, d'une poésie du vocabulaire qui me laisse indécis, entre marasme et émerveillement. Cette phrase illustre bien ce que je ressens, confondant à la fois l'image poétique d'un oiseau faisant son nid, à la froideur grisâtre, implacable et stupide de l'asphalte.

Citation :

Couchés dans les creux de l’asphalte tranché en grosses rondelles,
les oiseaux se prélassent sous les nez des charmeurs et nous sommes
tous deux, héros d’un opéra qui ne vaut pas quatre sous, debout le nez
au vent et le giron à l’air.

Attention cependant à une petite faute d'orthographe

Citation :

Serviteur pernicieux qui tangue en mon sein, ce cœur a du blesser son vivant partenaire.

Je ne saurais pour l'instant saisir le fond, alors j'embrasse tes lignes comme une pure poésie en prose. C'est étrange, ce texte me perturbe. J'ai l'impression qu'il manque une fin, une structure, sans pourtant avoir l'arrière-goût de quelque chose d'inachevé.

Un bel écrit donc, peut-être trop abscons à mon goût, mais étonnamment planant et poétique.

J'ai conçu ce texte en imageant chacune de mes pensées. Ce texte n'est pas un simple agglomérat de cheminements de l'esprit totalement abscons. Je donne un sens à chacune de ces images.
J'ai voulu transcrire des passages de vécu à la manière des rêves qui grossissent, déforment mais parlent de nous-mêmes.
Ton commentaire est agréable à lire Plumo. C'est vrai que je ne suis pas simple...

(Il faut que tu m'expliques la faute.... Je ne la vois pas...)

Un petit commentaire je reviendrais plus tard surement.
Moi j'ai bien aimé, j'aime ce texte qui " a l'air" de n'avoir ni queue, ni tête mais qui en fait a tout son système de pensée et sens, où les images reviennent, se répondent et s'entrechoquent.
Comme je te l'ai dit auparavant je ne sais pas pourquoi ça me fait penser au Petit Prince, je ne sais pas si c'est parce que tu as beaucoup d'animaux dans le texte! ^^
mais ça fait un peu pérégrination, initiation au voyage, à la découverte en même temps on est dans deux mondes à la fois qui se croisent et se parlent à demi mot. Dialogue avec l'autre et son univers, celui qu'on touche, qu'on caresse seulement.
Je me trompe peut être dans l'interprétation et il faut que je le relise.
C'est tout pour le moment.

Mais si, ils se brisent Sanz.

Apollinaire a écrit:

Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire

Huhu.

J'ai relu ton texte et y ai trouvé une véritable poésie, du lyrisme, mais je n'arrive toujours pas à percer le fond.


Quand à la faute d'orthographe, il me semble que tu aurais du écrire "blessé"...mais je me trompe peut-être. Avis aux professionnels du Samu lexical.