Funérailles de Kyara Partizan (Rôle Play en Ter Aelis)

Citation :: Habitant de Ter-Aelis.

C'est avec une grande tristesse que je vous annonce le décès de Kyara Partizan, emportée jeudi dans sa demeure de Wilwarin, par une maladie qui la rongeait depuis plusieurs semaines déjà. Elle est parti pendant son sommeil, et n'a pas souffert.
Les funérailles auront lieu dimanche en début d'après-midi, au cimetière d'Echoriath. Je vous demande à tous d'apporter le plus de réconfort possible à son époux et sa famille d'adoption.
Tout le pays porte le deuil de la fée.

Le maire de Wilwarin,
Basile d'Aero.

Peu à peu, le tumulte de la ville s'était calmé. Les brasseries, toujours bondées l'hiver, s'étaient tues. Le silence avait emplit la cité entière, jusqu'aux quelques oiseaux n'ayant pas encore migré, dont les cris avaient cessés. On n'entendait qu'une rumeur s'approcher peu à peu. Celle de pieds qui raclent le sol, de mines tristes, de figures éteintes.
Une fine neige tombait délicatement sur son visage ingénu. Bien que très pâle, elle donnait l'impression d'être plongé dans un profond sommeil, tant ses traits étaient ceux d'une femme heureuse. Kyara Partizan glissait peu à peu dans les abîmes du temps. Vêtue d'une somptueuse robe rouge semblable à celle de son mariage, ses longs cheveux étendus, son corps gisait dans un cercueil de merisier tristement ouvragé. Quatre porteurs accablés par le poids de la tristesse et de la boite d'un marron presque noir, descendaient les rues, entourés de nombreuses personnes. Parmi eux, on reconnaissait Astriel, le frère de la défunte, sous sa forme angélique. Le cortège étendu progressait silencieusement, parcouru de chuchotements respectueux, de quelques larmes, de soupirs désolé. On pouvait y apercevoir la maigre famille, les nombreux amis, et une grande masse d'inconnus également, venus aux funérailles. On distinguait quelques pas devant les porteurs, les maires de Wilwarin et d'Echoriath, en costumes sombres. Plus en arrière, se trouvait Green Partizan, très pâle lui aussi, le visage fermé, terrassé par le chagrin. Ses traits étaient infiniment durs, mais il ne pleurait pas. Sa silhouette n'était repérable dans la masse, que de par son écharpe blanche bien visible dans cette noire assemblée.
Lentement mais sûrement, la foule se dirigeait vers le cimetière, déjà couvert d'ombre en cet après-midi d'hiver où le soleil profitait de quelque sursis avant de disparaître derrière les montagnes. Le flot de personnes s'engouffra par le portail ouvert vers la tombe où attendait le fossoyeur, prêt à accomplir son office.

Sephiroth était posté sur le toit d'une bâtisse, bien en hauteur afin de ne pas être remarqué. Il ne voulait pas partager sa peine, ou quoique ce soit. La mort et lui entretenaient des liens étranges et il se refusait à accepter celle d'une amie, d'une ancienne collègue, d'une petite fée pleine de vie et d'émotions.
Il était vêtu d'une longue toge blanche qui se confondait avec le ciel tantôt neigeux, tantôt ensoleillé. Une aura blanche émanait de lui sans raison apparente. Mais ils sauraient bien vite. Les flocons n'étaient pas étrangers à sa personne, même s'il ne pouvait raisonnablement pas contrôler la météo. Il s'était juste... arrangé avec elle.

Tout le côté angélique du sephirien ressortait, peut-être n'avait-il d'ailleurs jamais été si loin dans le côté des gentils, mais n'était-ce pas une capacité de la petite fée de parvenir à faire ressortir le bon des gens ?
Il entama une petite mélodie sans vraiment se soucier qu'elle puisse être entendue. Celle-ci se confondait avec le vent. Ce chant sonnait comme un brin de réconfort mais il avait d'autres effets... Le ciel perdait des flocons, certes, mais sur le cercueil ouvert tombait quelque chose d'autres...
Des pétales de roses blanches, entourées du même aura blanchâtre venait caresser les joues de Kyara Partizan. Elles finirent par reconstituer une rose entière qui, elle, ne souffrirait pas des années. Sur la tige, finement ouvragé, était écrite une simple phrase : "puisses-tu, toi aussi, ne jamais faire partie des souvenirs".

Dernier geste du tutélaire dans l'espoir qu'un jour elle revienne. La rose serait un moyen, si elle savait la saisir de là où elle était. Mais ça... il en doutait très fort. Alors quelque chose de rare se produisit en lui. Il sentit son coeur battre plus fort, produire une boule dans son estomac qui remonta jusque dans sa gorge. Une fois l'ascension terminée, cette boule d'amitié pure sortit en multiple joyaux de son regard doux posé sur le cortège.

* Le coeur ne pleure jamais seul, c'est pour cela que nous avons tous des yeux *

Sephiroth secoua la tête aux propos du loup.

* On ne devrait pas être obligé de voir ça... *

* Le cycle de la vie doit continuer, elle reviendra. Une fleur, un animal, ou une autre fée, peu importe. Mais dans la nature, rien ne se perd jamais.*

* Tu ne peux pas comprendre, ça te dépasse. *

* Peut-être. Pleure, tu verras que tu apprendras à vivre avec, aussi triste que ce soit.*

Il se coupa du loup.Il ne pouvait pas entendre cela. Mais bizarrement, il se sentit seul et sa solitude lui pesa. Peut-être que finalement, il aurait du descendre parmi ces gens qui entouraient le cercueil... Songeur,il tourna son regard vers le ciel et il murmura :

- Adieu...

Hedoniste avait rarement eu l'occasion de voir tel rassemblement dans les plaines de Ter Aelis et il fut triste que ce soit pour un tel évènement. Il marchait à quelques longueurs derrière la famille et les proches de la défunte, leur laissant ce qu'il fallait d'intimité.

Il ne connaissait pas spécialement la défunte. Il s'était juste inscrit à un projet qu'elle souhaitait mener quelques mois plus tôt. Projet qu'elle avait dû abandonner afin de prendre du temps pour elle, pour se soigner. Ou dire adieu à ses proches, peut-être. Toujours est-il qu'il ne la connaissait pas vraiment et qu'il était ici plus par soutien qu'en souvenir de Kyara.

Le jeune elfe ne pouvait voir que le dos du mari mais celui-ci avait l'air plus courbé que d'habitude.

L'assemblée toute entière communiait dans la douleur avec la famille. Hormis, peut-être, les badauds, présents ici sans savoir qui on enterrait.
Hedoniste scrutait la foule et il voyait partout le même masque de douleur et de tristesse. Et il regretta de ne pouvoir se joindre à eux, ne connaissant que trop ce sentiment, ayant trop pleuré la disparition de ses proches, un par un, de plus en plus jeunes.
Aujourd'hui, il ne pouvait plus ressentir de tristesse pour d'autres car une plus grande le tenait depuis un an et demi.

Quoi qu'il en soit, il ferait tout pour respecter la mémoire de Kyara, accompagnant le cortège jusqu'à la fin.

La jeune femme était pâle et amincie. Ses yeux turquoise bordés de rouge paraissaient enfoncés dans son visage fermé. Silencieuse, Grendelor marchait doucement, le regard perdu dans le vague. C'est à peine si elle voyait la foule qui entourait le cercueil. Les flocons se déposaient sur sa chevelure défaite. Elle portait une longue robe noire, sans ornement et une aura froide se dégageait de la guérisseuse. Elle paraissait, ailleurs, perdue, dans un autre monde. Peut être un où ces différents malheurs n'auraient pas eu lieu. Un où la fée serait toujours là, rieuse. Un où les dragons ne dévoraient pas les enfants.

Pour une fois, elle ne semblait pas en état d'apporter du réconfort mais semblait en avoir besoin. La foule la portait le long du chemin, s'en qu'elle s'en rende compte.

Juliette avait hésité longtemps avant de venir. Non pas qu'elle n'ait pas envie de dire adieu à son amie, mais elle n'était pas très douée pour exprimer ses sentiments. Malgré tout, elle se devait d'être là. Kyara avait été son élève, sa demoiselle d'honneur et, par dessus tout, son amie. Sa maladie qui traînait depuis quelque mois l'avait anéantie, puis elle s'était préparé au pire. Et voilà que le pire était arrivé, épinglé à Echoriath. Oui, Juliette se devait d'être là, pour la famille de sa fée. Pour lui dire au revoir.

Pour l'occasion, elle avait décidé de se faire belle en hommage à son élève toujours sur son trente et un. Alors elle avait teint une de ses toges en noir, et attaché ses cheveux avec une broche en forme d'étoile que Kyara lui avait offert. Elle s'était même maquillée. Discrètement certes, mais le geste avait son importance.

Et la voilà désormais qui marchait, quelques pas derrière le cortège, la tête basse, les larmes coulant silencieusement sur son visage pâle.

*Kyara … Tu me manqueras ma belle.*

Elle soupira.

Astriel tout de blanc vêtu marchait à la même cadence mortuaire que les autres, avançant de manière ineroable vers une vérité encore impossible à comprendre. Autour et derrières eux, de nombreuses silhouettes vagues suivait leur marche funèbre. Il avait tenu à porter sa petite soeur d'âme et de coeur jusqu'à son lieu de repos. Il s'était lui même demander la raison de cette décision. Et lui-même ne trouvait guère de salut dans ses idées de réponses. Etait-ce important ? Peut être pour la porter une dernière fois, la porter sur ses épaules avant de la laisser sombrer dans un repos paisible. De se poser la question en cet instant ? Ou sans doute était-ce pour dévier son regard et ses pensées de l'implacable véracité des faits.

Tant de questions et tant d'images défilaient au fil des pas, s'intriquant les uns les autres pour ne devenir qu'un tourbillon de pensées frappées par la faux. Toutes ces images, ces sons, ces souvenirs ne devenaient qu'une boule étouffante lui glaçant l'estomac.

La nouvelle avait frappée dans toute la région et avait vite été répendu. Elle avait d'ailleurs sonnée à sa porte et l'avait laissée sur le seuil de sa porte, inutile. Lui qui se targuait d'être médecin n'avait jamais réussit à trouver un remède au mal qui l'avait emportée. Sa promesse fut brisée tel un verre s'éclatant sur la pierre. Il mordit simplement dans la poussière. L'incompréhension avait parcouru un long moment son âme et son visage même après le premier voup porté pour laisser place à une colère larmoyante. Envers le monde, le destin, lui même. Et lorsqu'il avait retrouvé un semblant de calme il était aller la voir accompgnée de Green Partizan.

Il porta son regard gris-ciel éteins vers Green puis Grendelor, leur offrant un sourire de tristesse et de compassion partagée.

Des fragments de cette bile de tristesse perlèrent sur ses joues dans le silence de leur avancée.

Des pétales de rose blanches tombèrent du ciel parmit les fins flocons de neige sous un chant lointain et ormèrent une rose blanche dans le creux de ses mains. Lorsqu'il l'avait vu dans son cercueil, endormit dans ce sommeil éternel dans lequel elle semblait sourire, il n'avait rien su lui dire. Elle aurait tout simlement comprit ses pensées, les mots n'étaient que brise éphémère en ces instants.

Et quand bien même était habitué à voir cette question hanter les proches d'une personne partie, il ne pu s'empêcher de subir la même souffrance. Cette révolte impuissante qui ne trouvera nul salut.

Pourquoi ?

Code:: HRP : apparté du rp Continium

Les deux êtres réapparurent quelques instant plus tard, derrière deux grands arbres qui bordaient la plaine où il s'était battu contre des goules il y a de ca quelques temps. Il décrocha son épée et la fit disparaître. Ancien pouvoir qu'il avait récupéré: la possibilité de faire apparaitre ou disparaitre toutes armes qu'il possédait et qui était ornée d'un pierre d'Osphalte. Il mit la capuche de son long manteau noir sur sa tête et commença à se diriger vers le cortège suivit par l'elfe. Il arrivait de l'opposer des Aelisséens. Le cortège portant le corps de sa sœur lui arrivait en pleine face.

Il s'arrêta. Pris une grande respiration et continua sa route vers la tombe ouverte. Son poing droit se serra de nouveau. Quelle stupidité... Il était reparti à la recherche de ses pouvoirs pour pouvoir la protéger. La protéger de quoi? Il avait échoué. Elle est partie et il n'a pas pu être là pour la soutenir. Peu être aurait-il pu faire quelques choses?

Ses yeux assombris par les événement passés, se remplir d'un orage d'éclairs argentés. Il retenait de toute ses forces ses larmes. Elle, qui l'avait si souvent soutenu, l'avait si souvent poussé à avancer... Il n'avait même pas pu lui dire merci de vive voix...

Il rejoint sa famille dans la masse, posant son regard une dernière fois sur Elle.

* Une légende des Gardiens d'Osphalte dit qu'on ne meurt réellement jamais. Les sentiments, les liens, subsistent. Il n'y a qu'une certaine distance qui s'installe. Une longueur de l'intouchable. Aujourd'hui tu pars, tu n'en reviendras malheureusement pas. Mais pour moi, tu restes toujours là... Comme tu l'as toujours été...

Je t'aime grande sœur. Et ce à jamais. *

Pourquoi était il là, posé près d’un arbre observant le défilé funeste. Il ne connaissait que peu Kyara, il l’avait côtoyé du temps qu’il courtisait Schaft, du temps qu’il était Home. Le mort, sentait à sa grande stupeur chaque âme, du cimetière, chaque complainte, litanie imperceptible pour un vivant.
Peut être était il là, pour enterrer son passé avec elle. Pour dire au revoir a cette femme qui représentait ce qu’il avait connue de mieux dans sa vie.
C’est là, qu’il devrait être, dans ce cimetière, reposant a jamais. Un instant il envia presque le sort de cette jeune elfe, libérer du fardeau de survivre. Ce sentiment disparu quand il vue la peine de son compagnon, courbé sur lui-même l’homme autrefois si fringuant ne semblait n’être qu’une ombre.
Se remémorant son expérience et son errance dans les limbes, perdue entre deux mondes, Daath posa la main à terre. A la manière d’une prière il lâcha quelques mots, un tremblement dans le bras et par ce court instant, paya le passage de la demoiselle vers l’autre monde.
Il se releva, une larme de sang noir coulant doucement sur les crevasses de son visage macabre.

Adieu Kyara Partizan.

Le vent frappa sa masse, faisant flotter sa cape noire et ses lambeaux sur l’horizon. Pas de haine aujourd’hui juste du mépris pour la vie et ce qu’elle peut vous apporter, Daath disparu se retournant vers sa solitude.

Bientôt, le cimetière fut empli de toute la masse des personnes venus à l'enterrement. Les gens s'écartèrent pour laisser les porteurs avancer jusqu'à la tombe, devant laquelle ils s'immobilisèrent. Comme demandé par la famille, il n'y avait aucune cérémonie religieuse. Pas un prêtre pour marmonner quelque litanie sans le moindre sens. Tous restèrent simplement silencieux, en cercle autour de la sépulture. Les hommes avaient retirés chapeaux et autres couvre-chefs qu'ils tenaient respectueusement entre leurs mains, gantées pour la majorité d'entre-elles. Même le fossoyeur était tristement appuyé sur sa pelle, sans dire un mot. Tous demeurèrent muets un long moment, pour se recueillir.
Puis, brisant l'immobilité générale, un homme s'avança pour venir se placer derrière la future tombe, et sortit un tin whistle de son étui, abrité dans sa veste. Délicatement, il porta l'instrument à ses lèvres, et se mit à jouer un air triste. C'était la mélodie du deuil, qu'affectionnait particulièrement Green. Elle avait l'art d'apaiser les esprits, de réconforter, de consoler. Bien qu'étant de faible résonnance, la flûte semblait diffuser sa tendre mélopée à travers tout le cimetière, peut-être même dans toute la montagne, comme portée par une sorte d'aura surnaturelle. Peu à peu, les visages se détendaient, les yeux laissaient les larmes s'écouler sans retenue. La douleur semblait adoucie par la musique. De nombreuses personnes s'étreignaient tandis que le joueur de whistle demeurait imperturbable, continuant de répandre ses notes chaleureuses.

Cassiopée l’aurait reconnu entre mille. Le tin whistle lui avait apporté la nouvelle aussi sûrement que le vent la menait sur son sillage. Elle avait remonté le chant de la flûte, suivant à contre-courant l’air funèbre, ne comprenant pas vraiment comment Kyara s’était éteinte. Leur dernière rencontre remontait aux réminiscences où l'ange y avait beaucoup souffert. Pourtant Grendelor et Tarànis s’étaient surpassées pour protéger son corps brisé. Mais elles n’avaient pu réparer les débris de l’âme.
Envoûtée par la mélodie du deuil, elle émergea dans la musique et se mit à entonner le chant des adieux qui se mêla aux notes mortuaires.
Sa voix, basse et sonore, laissait des traces lugubres dans le vent, le marquant des souvenirs d’un ange qui cachait la mort.

La musique et le chant transperçaient son âme. Elle pleurait abondamment, sur ces enfants brisés par leur Destin.
D'un pas, elle fut aux côtés de sa soeur, l'entourant de ses bras, embrassant sa joue douce comme l'écume. D'un autre, elle fut près de son compagnon de toujours, l'ange le plus improbable qui avait croisé sa route. Encore un et elle étreignait ce beau-frère qu'elle avait failli perdre et qui aujourd'hui semblait avoir trouvé une nouvelle force. Un dernier et l'aviateur fut dans ses bras. Grendelor déposa ses larmes au creux de son épaule.
De chacun elle emportait la peine, l'ajoutant à la sienne. De chacun elle goûtait la peine car elle était sienne.

Edea avait suivi le Gardien d'Osphalte sans lui posait plus de questions. Mais quand ils apparurent dans le nouveau lieu, l'ambiance était tout autre. L'elfe, emmitouflée dans sa cape, s'avança à la suite de son compagnon, observant le cortège funéraire qui arrivait vers eux. Elle pouvait lire la plupart des pensées des invitées. Sombres, tristes, meurtries, déchirées.

L'Elhyarine ne connaissait pour le moins personnes, même si deux ou trois visage ne lui semblait pas inconnu. Peut être les avait-elle croisé sur Atalantë. Mais l'heure n'était pas à la réflexion. Elle vint près d'Aspharoth, lui prenant délicatement la main. Elle enlaça leurs doigts et les serra doucement, montrant ainsi par sa présence qu'elle serait là pour le soutenir, quoi qu'il arrive.

De son autre main, Edea fit apparaître une rose luminescente. Puis, avec douceur, elle souffla sur les pétales qui se détachèrent un à un, se transformant d'élégants papillons qui, de leurs battements d'ailes, laissaient derrière eux de fines particules d'or. L'un d'eux vint de poser sur le corps inerte de la jeune femme.

** Puisses-tu reposer en paix. **

Marchant à l'arrière, le chevalier était vêtu d'un drapé noir, avançant avec la même peine que tous ici présents. Le ciel était pluvieux, c'était mieux ainsi, nul ne verrai les pleurs et la tristesse du chevalier. L'obscurité et l'humidité était un masque collectif qui cacherait sans mal les émotions de tous, et pourtant révélateur, éclairant toute la peine et la douleur des êtres et âmes.

Plusieurs fois elle avait perdue la vie, elle revenait après sous différentes formes et d'autres, perdant sporadiquement sa personnalité, cependant cette fois, une part d'elle avait disparu.
Mais cette fois, reviendrait-elle ? Peut être pas, ou du moins, pas dans un cycle de vie dans ce monde actuel. Elle était partie dans un autre monde, celui où beaucoup iraient à la fin de leurs êtres corporels.

*Le ciel pleure sa mort et la terre s'abreuve et se nourrit d'elle, c'est cruel de perdre sa sœur, comme c'est cruel de perdre un être cher, de la mener sous terre, seule dans ces lieux froids, obscurs et ternes.*

La musique, froide et intense se propageait, libérant quelques frissons et vidant encore les glandes lacrymales déjà bien boursoufflées du Lion d'or.

Chacun se tenait, se prenait dans les bras, pour éviter que eux aussi de se perdre, ce qui serait encore plus insoutenable probablement, mais sans doute était ce le moyen de sentir un peu de chaleur dans la douleur. Nichiren comprenait ça, c'était autant dur pour eux que pour lui après tout, la douleur avait besoin de compassion pour guérir. Chacun pour se soutenir, une balance de soutien mutuel pour pouvoir résister à la peine.

Dans un murmure presque impalpable face au fracas de la neige tombante, brute et lourde, le chevalier dans l'ombre s'exprimait : "Repose en paix petite sœur, qui sait on se retrouvera dans un autre monde, une autre vie sans doute, mais on se retrouvera un jour, je te promet."

Les instants de réconforts dans les bras de Grendy et la sensation de la main de sa cher et tendre furent bref. Alors que le tin whistle délivrait toujours sa mélodie, la haine et la colère qui montait en Aspha alimentaient le Roi Démon. Enfin, pas directement. Il ne pouvait pas le sentir la comme ca, mais le Roi se délectait de cette sensation. D'un certain point de vu, il prenait un soupçon d'emprise sur lui.

Des envies, des souvenirs du passé, des restrictions. Le côté vengeresse de Steleroth se réveillait aussi au plus profond de lui.

Après un dernier au revoir à sa sœur, il s'enfonça dans la foule pour sortir du cimetière et les téléporter vers les montagnes.

Des mumures lui parcouraient l'esprit, tel un flot inépuisable de pensées liées à l'évènement. il les entendait, les comprenait, compatissait, le subissait. Mais tout ceci devenait de plus en plus insupportable, elles ne lui martelaient que trop bien la situation déjà d'une évidence indéniable. Mais comme borné il s'obstinait malgré lui à se dire que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve, une illusion cruelle ou autre chose, mais pas la réalité. L'ange s'accrochait à ce fil d'espoir sur le point de rompre et dont la destinée était toute aussi évidente que ce qu'il vivait était bien réel. Son esprit malgré tout ne s'y accomodait pas, ne voulant pas de cette optique, et s'y opposait de manière sourde. Il n'avait qu'une envie, de crier, d'hurler sa tristesse, mais se retint par respect pour Green, par respect pour les membres de leur familles, pour tous les êtres présents, et surtout pour elle.

Ils déposèrent le cercueil sur les deux rondins boisées placées en travers de la tombe. Le poids qu'il avait sur les épaules ne le quitta pas, il alla simplement migrer au niveau de son coeur et de son estomac y disséminant un mal silencieux et pourtant à fleur de peau. Son épaule aussi était douloureuse après le trajet effectué, mais d'elle, il n'y preta pas la moindre attention.

Il rejoignit Grendelor, Aspharoth et Edea. il enlassa ces deux derniers avant qu'ils ne partent pour un dernier au revoir envers la petite fée. L'ange porta son regard vers Green lui aussi bercé par la mélodie, leur mélodie d'adieux. Il se tourna vers Grendelor et dans un larmoyement incontrolable l'enlassa cherchant mutuellement du réconfort.

Il entendit égalemnt les murmurent du chevalier d'or, son frère. Il sourit malgré tout, souhaitant croire ces paroles. il espérait réellement que les choses pouvaient être ainsi. Mais quelque part au fond de lui, il ne pouvait qu'en douter. Il l'avait déjà vécu, il l'avait déjà vu morte, mais cette fois ci était différente...

* Dors paisiblement petite soeur. Dors et poursuit ta route par delà notre monde. Et par pitié, j'espère que nous nous reverrons, de tout mon coeur. C'est une prommesse. A bientôt. *

Ces pensées s'envolèrent dans les airs rejoignant les autres, cette mer d'émotions.
Ces pensées il s'y accrochait comme il pouvait.
Ces pensées il en doutait malgré lui.

Et comme pour se rassurer il demanda à Grendelor et à Nichiren.

- Vous...vous pensez qu'un jour, nous la reverrons ?...

- Vous...vous pensez qu'un jour, nous la reverrons ?...

Le chevalier ne savait pas vraiment quoi répondre, la tristesse et les larmes lui avaient gonflé la gorge. Lorsqu'il pu parler moins chargé par la peine, il répondit :

"Bien avant que je ne sois au monde, elle était princesse de chair et de sang, puis ange vengeur pour devenir l'essence de fée. Peut être avec le temps elle sera un autre être, une nouvelle incarnation, sa volonté est assez forte pour que sa personnalité soit conservée. Mais ça pourrait prendre du temps, j'espère être encore vivant à ce moment précis. Ou bien dans d'autres mondes elle existe, je ne sais pas, je ne sais vraiment pas."

Le Lion s'arrêta de parler, il ne pouvait plus rien dire, le silence et la tristesse étaient présents encore dans son cœur, il doutait que durant sa vie humaine il puisse la retrouver, encore moins lors de ses voyages dans le multivers. Alors en se tournant vers la tombe, il entonna une prière silencieuse et solitaire pour sa sœur.

Finalement, après un long moment, le joueur de whistle cessa. Il rangea sa flûte, et disparu dans la foule rassemblée autour de la tombe. C'était le moment : après quelques regards échangés, les porteurs se munirent de cordages, et se préparèrent à descendre le cercueil dans le puit. Green émergea de la foule, ses pas faisant craquer la neige d'une épaisseur déjà honorable. Prenant appui sur les planches, il se pencha sur la dépouille de sa bien-aimée, et lui caressa le visage. Ne pouvait-elle se réveiller ? Il l'embrassa tristement, puis se redressa, et recula jusqu'à se trouver à quelques pas, bien distinct devant la masse noire des personnes.
"Allez-y", murmura-t-il. Aussitôt les quatre hommes refermèrent précautionneusement le cercueil, retirèrent les planches qui le soutenaient. La boite brune sombra lentement dans ce qui serait son lieux de repos, sans doute éternel. On aurait pu penser que Green s'était totalement figé sur le sol, d'autant que ses pieds étaient peu à peu recouverts par la neige. Son regard demeurait imperturbablement fixé sur la tombe. Toute chaleur semblait avoir quitté son corps, son teint était quasi-métalique. Même sa respiration était imperceptible, on ne pouvait clairement voir sa poitrine se lever et retomber. Il s'était statufié...

Entourée d'Astriel et de Nichiren, Grendelor regarda le cercueil descendre avec mélancolie. Serrant brièvement leurs mains en un geste de réconfort, la guérisseuse s'avança, une rose blanche à la main. Elle s'arrêta au bord du trou, un peu au devant de Green. Son regard perdu sur les montagnes enneigées qui les entouraient, elle semblait chercher l'inspiration. Ou peut être attendait-elle un signe. Elle resta là quelques minutes. Personne ne bougeait, pas un bruit ne parcourait l'air immobile. Avec lenteur, la jeune femme plia les genoux, s'accroupissant, en équilibre sur la terre gelée. D'un geste délicat, la rose tomba pour se poser en douceur sur le bois.

Pour toi, petite fée. Pour tes souvenirs qui sont les nôtres maintenant.

Elle se releva avec difficulté, les récents évènements l'avaient affaiblie, et se tourna vers Green, qu'elle entoura de ses bras. Sa tête s'appuya contre la sienne, joue contre joue, et Gren' murmura doucement.

Ne reste pas dans les étendues glacées, il y a encore de la chaleur dans ce monde.

Ses lèvres se posèrent sur le front froid de l'aviateur et elle rejoignit la foule.

C'était comme si tout sentiment l'avait déserté et que seul que le vide subsistait. Un grand vide, une part de l'elfe que la douce Kyara avait emporté avec elle. Un trou qui ne se refermerait jamais. On ne se remet pas de la perte de quelqu'un, la douleur ne disparait pas : on apprend à vivre avec.
Idrial fixait le cercueil qui descendait lentement dans sa tombe. Ses yeux exprimaient une infinie tristesse que seul le temps aiderait à tolérer. Mais à ce moment précis, sa souffrance était insupportable. Elle détourna le regard en essayant de réprimer les larmes qui montaient. Son regard se posa alors sur la fleur de Lys qu'elle tenait dans ses mains, symbole de douceur et de pureté. Ses pleurs tracèrent des sillons sur ses joues glacées par le froid. Elle s'avança jusqu'à la tombe et laissa choir la fleur sur le cercueil en bois. Elle recula alors un peu pour laisser de l'espace à Green qui ne semblait plus vouloir bouger et alla se recueillir un peu plus loin, en silence, les yeux perdus dans le lointain. Elle avait besoin de temps.

Tout fut vite terminé, comme si le temps avait égard de la peine des gens. Bientôt, il ne resta plus devant la tombe que Green, des proches de la défunte, des amis, ou simplement des personnes compatissantes. La rumeur des pas traînants s'était éteinte à l'entrée du cimetière. Les tavernes avaient dû s'emplir depuis lors, comme à chaque enterrement, étouffant les conversation discrètes. La neige tombait désormais à gros flocons, mais délicatement. Le vent s'était arrêté et ne portait plus les bruits de la montagne, comme si l'endroit s'était enfermé dans une aura d'un silence mortel.
Green était toujours face à la sépulture, comme enraciné. Respirant à plein poumons, il aurait voulu dire quelque chose de réconfortant, pour lui-même. Son esprit était en pleine contradiction entre ses convictions sur la mort et la peine qui l'assaillait. Il se répétait inlassablement que chacun est amené à mourir, et que la mort de Kyara mettait fin à toutes les souffrances qu'elle avait enduré, à propos de son passé mystérieux, de sa sensibilité émotionnelle, et de la maladie qui l'avait emportée à la fin de sa vie. Il disait toujours que la mort est une libération, et qu'il faut savoir apprécier ses bons côtés autant que la vie. Mais aujourd'hui, face à la mort de celle qu'il avait aimé le plus, ses conceptions étaient complètement ébranlées.
Finalement, il capitula. Avec la paume de sa main, qui était restée sèche et tiède tant il serrait les poings, il frotta ses yeux humides.