Le Plus fort des Poèmes

Et la terre eut tremblée si elle avait pu t’entendre
Du loin de ses mirages, dans l’onde triste
Qui gouverne l’ombre de tes yeux Cendres
Et la terre eut tremblée de t’aimer triste.

Moi je naviguais au large sur des Océans
Ou les astres rayonnent en guirlande
Et fleurissent parfois, lentement
Dans les veines de ceux qui attendent :

Moi je t’espérais.
Et tu m’oubliais.
J’eus tremblé, Ma sœur, de t’entendre
Gouverner l’ombre qui s’étendait
De mes yeux glacés a tes Yeux Cendres.

Quoi ? Aucun commentaire ? Bon, je me lance, alors !

Un aspect assez récurent de tes textes - et qui au passage me plait bien - concerne le mélange verbes/noms et la création d'expressions par associations inhabituelles de mots. Ici, par exemple, nous avons : "rayonnent en guirlande" et "t’entendre Gouverner l’ombre". C'est intéressant comme procédé stylistique, ça force l'imagination à inventer ce à quoi tu veux faire référence.

Attention : "la terre eu tremblé" et non pas "tremblée".

Sinon, pour le reste... ton poème m'évoque une mer grise et poudreuse qui s'étirerait entre le narrateur et cette femme dont il s'éloigne. Je n'en dirai pas plus. Le Plus fort des Poèmes 199849

Nombre de messages : 505 Age : 51 Date d'inscription : 14/08/2009

De ma lecture je retiens surtout ces deux vers :

Moi je naviguais au large sur des Océans
Ou les astres rayonnent en guirlande

Les astres en guirlande, je trouve que c'est une image riche et très bien trouvée. Et le "Moi", appuie toute la phrase. Bien vu !

Citation :: Et la terre eût tremblé si elle avait pu t’entendre
Du loin de ses mirages, dans l’onde triste
Qui gouverne l’ombre de tes yeux Cendres
Et la terre eût tremblé de t’aimer triste.

Moi je naviguais au large sur des Océans
Ou les astres rayonnent en guirlande
Et fleurissent parfois, lentement
Dans les veines de ceux qui attendent :

Moi je t’espérais.
Et tu m’oubliais.
J’eusse tremblé, Ma sœur, de t’entendre
Gouverner l’ombre qui s’étendait
De mes yeux glacés a tes Yeux Cendres.

Ces fautes nous permettent d'appréhender une difficulté particulièrement retorse de la conjugaison française, qui est, par bien des aspects, moins logique que la conjugaison latine dont elle découle.

"Et la terre eût tremblé"

* Primo, < tremblé > est un participe passé, employé avec l'auxiliaire avoir il ne s'accorde pas.
* Deuxio, dans un verbe composé, l'auxiliaire n'est jamais au participe passé, il peut se conjuguer à l'un des temps suivants : présent, imparfait, passé simple, conditionnel, futur simple et subjonctif imparfait. On élimine donc d'emblée les < * eu tremblé > qui sont autant d'aberrations.
* Tertio, il ne faut pas confondre le passé antérieur de l'indicatif < eut tremblé > (formé avec un auxiliaire au passé simple, < eut >) et le plus-que-parfait du subjonctif (formé avec un auxiliaire au subjonctif imparfait , avec un circonflexe, et qu'on appelait parfois il y a quelques temps encore "conditionnel passé deuxième forme"). Ce n'est qu'un circonflexe de plus ou de moins tu me diras, mais ça change entièrement le sens : on passe d'un temps de l'indicatif (mode du réel) à un temps du subjonctif (mode du virtuel). Il s'agit bien ici d'une virtualité : la terre ne tremble pas, elle pourrait trembler si certaines conditions étaient remplies. Son tremblement n'est pas avéré, il est encore hypothétique.

"J'eusse tremblé"

Toujours la même confusion entre le passé antérieur de l'indicatif et le plus-que-parfait du subjonctif, mais à la première personne, manque de chance, la différence n'est plus seulement marquée par un circonflexe en plus ou en moins : < j'eus tremblé > au passé antérieur et < j'eusse tremblé > au plus-que-parfait. L'emploi du subjonctif rappelle que nous avons affaire à une proposition causale implicite qui pourrait se gloser en : "Si je t'avais entendu, j'eusse pleuré / j'aurais pleuré" (les deux variantes existent).

Quand tu as un doute sur une forme, n'hésite pas à consulter les conjugaisons en ligne ; quand tu as un doute sur l'emploi de tel ou tel temps, jette un œil à mon tuto' (Espaces littéraires - Publications - Conjugaison).

Ces vers me touchent particulierement:

J’eus tremblé, Ma sœur, de t’entendre
Gouverner l’ombre qui s’étendait
De mes yeux glacés a tes Yeux Cendres.

Sinon comme la mer me parle aussi, je trouve ton poème apaisant et tristounettement douillet =)

Je ne sais pas pourquoi mais tes poésies font écho en moi à du Lovecraft. Le lien est minime surement mais suffisant pour m'amener à la corrélation entre les deux. Pourquoi ? Le caractère glaciale d'une poésie qui met mal à l'aise par son trop plein de sinistrose. Tes vers sont maquillés comme il faut et sonnent là où d'autres auraient trébuché, le choix des mots me semble incroyablement bien fait : les yeux Cendres, et la terre eût tremblé de t'aimer triste. Les sonorités ne sont pas celles en "é", "a" ou "an" que nous connaissons si bien, non, elles s'attachent à des "t" et des "r", des "s" et des "d".

J'aime beaucoup ce court poème qui se suffit à lui même pour mériter un bout de son titre.

(Le "Ou" du sixième ver : "Où")