[Unique]À la recherche de la vérité

Bien que passant la majeure partie de son temps exilé dans une des plus haute tour de l'aride désert de Sul-När, à fuir la fournaise suffocante de ce qui était surnommé aux détours de certaines rue l'enfer Aélisséens, certaines rumeurs avaient finies par arriver jusqu'aux oreilles de Laylay. Bien que très éloigné de la capitale Aélisséenne le maître des images avait pour habitude de recevoir beaucoup de visites. Un large panel de gens, plus au moins beaux, plus ou moins intéressants, parfois agréables et parfois antipathiques, mais venant des quatre coins du pays avait déjà foulé le sol de son atelier dans l'espoir inavoué de pouvoir venir passer commande et ainsi illustrer convenablement leurs propriétés ou parfois même leurs commerces.

Mais revenons-en à nos moutons, cette rumeur, cette fameuse rumeur, qu'elle était-elle ? Laylay avait entendu parler d'une histoire, dont les fait semblait se recouper, de la part de bon nombre de visiteur. Ces histoires étaient la plupart du temps racontées avec effroi et crainte, les gens allez jusqu'à les chuchoter de peur d'être entendus, mais certains autre en parlais comme d'une fierté, d'un espoir pour l'humanité. Tout cela semblait bien étrange et intriguais de plus en plus le peintre. Il s'agissait d'enfants, chose étrange non ? comment des enfants pourrait-il bien sauver l'humanité ? D'autre parlait même d'unique ... alors un seul et unique enfant serait donc capable d'accomplir tant de prouesses ? Plus le temps passait, plus les rumeurs devenait floues et plus les questions se bousculaient dans la tête de Laylay.

Un soir tandis qu'il observait le moment le plus beau que le désert puisse connaître, la tombée de la nuit, quelques minutes avant de pouvoir enfin s'échapper de se maudit ateliers et allez vagabonder à ses activités nocturnes, Laylay tenta de remettre en place tout les paroles qui avait été prononcées relative a l'unique enfant, pour dénouer le vrai du faux et tenter de parvenir a comprendre ne serait-ce qu'une bride de cette histoire.

- Il serait donc question d'une sorte de groupuscule bien plus que d'un enfant unique ...
Ceux-ci seraient fort comme 20 hommes et capable de réaliser des sorts encore bien plus puissants que ceux enseignés à l'école arcanique.
Non cela n'est probablement que rumeurs, les gens effrayés sont pitoyable d'exagération ...
Il paraitrait qu'il sont venus pour rétablir l'ordre et sanctionner les pécheurs.
Cela ne fait aucun doute il n'ont pas de scrupules a tuer pour établir leurs ordres.
Ne serais-je donc pas tout seul ?

Cette dernière phrase sembla résonner dans la nuit, à présent tomber, de dunes en dunes. Nul ne pu en comprendre le sens mais beaucoup l'entendirent, les mots passèrent dans les rues tels un courant d'air. Il semblerait que Laylay aussi ai commis bon nombre de crime et de péchés, mais toujours en pensant semer le bien et la justice. Le peintre jeta un dernier regard vers sa fenêtre, comme pour croquer ce paysage nocturne qu'il aimais temps puis il se dirigea vers son armoire. Il tira de celle-ci deux katar dont les dorures brillait dans la nuit, il pris également une large cape dont la capuche camouflé le moindre de ses traits, puis, dans un élan de folie il se jeta par la fenêtre comme pour fuir la chambre. Il se rattrapa a un large drap qui décorer le mur de la tour et descendit délicatement tout en arrachant le drap sur son passage. arrivé a quelques mètre du sol il sauta sur le toit des habitations précaires des pauvres miséreux du désert, brisant quelques tuiles en retombant. Comme ci de rien n'était il repris sa course de plus belle et se dirigea vers l'horizon comme a la poursuite du soleil, bientôt sa silhouette disparue dans les dunes et tout redevint calme.

- Je ne suis pas seul, je ne suis pas seul ...

Ces mots rebondissaient dans sa bouche entrainant ses pas dans une foulé démoniaque.

- Bethil ... Une ancienne cathédrale ... Voilà ma destination ... Vite le temps presse.

Quelques jours plus tard, épuisé, à bout de souffle, affamé, Laylay arriva enfin a Bethil. Ses gestes était plus lent mes son regard se jeté fixement de points en points comme celui d'un fou. Sa trajectoire était rectiligne, il semblait savoir parfaitement où se rendre, les gens sur son passage n'avait d'autres possibilités que de changer de route ou bien de trébucher au sol sur son passage. Plus rien ne semblait pouvoir le faire vaciller. Et d'un coup net il s'arrêta. Les regards était fixé sur lui, bien plus qu'un étranger, la foule le scrutait comme un fou. Nul ne pu dire si ces regards était fait de peur et de crainte ou de compassion et de pitié, mais l'homme ne semblait pas le bienvenue. Il releva la tête faisant ainsi tomber la capuche qui masquait jusqu'alors son visage et leva les yeux en direction du clocher d'une ancienne cathédrale.

Le voyage était enfin terminé, l'histoire allez maintenant pouvoir se conclure, la dernière page serait bientôt tournée, à moins qu'il faille l'arracher. Dans un dernier effort Laylay poussa la large porte de la cathédrale et tomba a genoux sur le perron. Un homme vêtu d'une cape couleur sang bordé d'or s'approcha de lui doucement. Laylay avala sa salive, elle avait un goût de sang, son périple l'avait poussé dans ses retranchements, pourquoi avait-il fournis tant d'efforts pour se rendre dans un lieu peuplé d'inconnus et de mystères ? Il tenta de se relever mes ses jambes semblai ne pas vouloir lui obéir pour le moment, l'acide lactique rongeais ses muscles mais la douleur ne parvint qu'a le faire sourire, il posa ses armes au sol, comme signalant une intention pacifique et désireux de respecter ce lieu, puis ses lèvres se muent péniblement.

- Je doit me repentir mon père...

Mais je crois bien que le destin ne m'a pas mené ici par hasard.

(je passe en cyan pour qu'on se repère, mais il va falloir qu'on discute de l'attribution : le gold est MA couleur )



Dans la cathédrale de Belthil, l'inquisiteur De Vaanne, primat des Enfants nouvellement arrivés, arpentait la nef d'un pas vif en compagnie du capitaine des Frères Jurés, attentif au moindre détail de présentation et surtout d'organisation. Le capitaine se sentait mal à l'aise : la vérification pointilleuse de son supérieur (il pensait plutôt "inutilement maniaque") risquait de tourner au cauchemar si elle allait jusqu'à s'intéresser aux coins sombre sur les côtés de l'entrée.
Et comme, même à Belthil, la loi de Murphy fonctionne, cela ne manqua pas.

- Parfait capitaine, plus qu'à envisager les recoins ici, et... C'est quoi encore toutes ces caisses ? demanda le primat interloqué en contemplant l'amoncellement hétéroclite qui s'offrait à lui.

- Des ouvrages apparentant à l'archiviste, monseigneur, répondit le soldat en regardant ailleurs.

- Je croyais que les souterrains avaient été remplis. Vous ne chercheriez pas à vous défiler ?

- Absolument pas ! Les souterrains ont effectivement été remplis, mais la collection de l'archiviste est trop importante.

- Un jour je vais brûler ces bouquins, murmura le primat excédé. Prévenez Teclis de leur trouver une place très vite. En attendant, entassez-les chez TeaR, les absents ont toujours tort. Mais surtout, dégagez-moi cette nef !

Comme pour ponctuer cette tirade, les portes de la nef s'ouvrirent dans un grondement sonore. Un homme jeune, aux traits vieillis par les épreuves et les privations, se tenait à l'entrée. Il tituba sur quelques pas pendant que le primat, intrigué, s'avançait vers lui avant de mettre les genoux en terre et de déposer un nombre impressionnant d'armes devant lui. l'inquisiteur haussa un sourcil : il était rare de voir quelqu'un venir ici de son plein gré, et encore moins dans un tel état.

- Je dois me repentir mon père...

Mais je crois bien que le destin ne m'a pas mené ici par hasard.

- Je crains qu'il n'y ait erreur, Aelisséen. A quoi cela servirait-il de nous avouer tes péchés, à nous qui ne te connaissons même pas ? Nous ne sommes pas des directeurs de conscience. Si tu cherches le pardon pour tes actes malveillants, c'est à tes victimes qu'il faut le demander. Si tu cherches le pardon pour ta vie hérétique, c'est à l'Unique qu'il faut s'adresser, et pas à nous. Nous, Enfants, ne faisons que porter Sa parole et d'assurer Son Dessein. Nous ne sommes pas arrogants au point de nous croire autorisés à décider pour Lui.

L'air perdu de l'étranger parlait pour lui : il n'avait rien compris, ou pas grand chose, au discours du primat.

- L'Unique ? demanda-t-il.

De Vaanne eut un sourire : l'étranger posait les bonnes questions.

- Oui l'Unique, répondit-il. Le seul dieu de l'humanité. Il a le projet d'un futur radieux pour tous les humains, mais Il ne peut le réaliser que si tous les suivent, éloignés des nombreuses tentations extérieures. Il a demandé de l'aide, et nous sommes là pour ça, nous les Enfants de l'Unique.

- Je crois que je comprends un peu mieux...

- C'est heureux. Maintenant que tu sais tout cela, rien ne t'empêche de nous parler de toi comme tu en avais l'intention. Extensivement. Nous pourrons ainsi déterminer si le destin, ou l'Unique, ont quelque chose à voir avec ça.

- Il me semble bien que ce que vous appelez l'unique et ce que j'appelle le destin sont intimement lié.
Seul vous saurez me dire si cela est en rapport avec ma venu.
Mais pour cela permettez moi de vous résumer mon histoire.

Ses jambes était redevenues dociles, il appuya alors sa main sur sa cuisse et se grimpa sur son genoux.

- J'habite en Sul-När, je suis gardien en ces lieux, mais tels une ombre je me fond dans la nuit pour me faire discret.
Bien longtemps j'ai vécu au jour, mais j'ai fini par craquer, sous le poids de la pression exercé par les clients et les habitants.
Depuis je sélectionne avec attention mes contact, mieux que ça je fait le tri si l'on peut dire.

Laylay releva sa deuxième jambe, il était à présent accroupie. il tendis ses bras vers l'avant, fit craquer sa nuque en pivotant sa tête, puis il s'empara d'un de ses katar.


- Le tri c'est avec ces lames que je le fait.
C'était une nuit magnifique, une de ces nuits où le ciel est emplie d'étoiles, et où toute les étoiles brille d'une lueur différentes.
Cette nuit là, alors que j'avais bu plus que de raison pour tenter d'oublier la tristesse de mes journées une voix s'adressa à moi.
C'est seulement maintenant que je commence a comprendre qui était cette voix.
Cette voix m'ordonna de me repentir et de reprendre la vie aux pécheurs incapables de regagner le droit chemins.

Laylay parvint finalement a se hisser sur ses deux jambes.

- Seulement, je me demandais toujours si cette voix je ne l'avais pas imaginée
et si ce que je faisait était bien ou mal, certes je n'ôtais la vie qu'a des déchets de la société, mais en quel droit.
Mais peut-être allez vous pouvoir enfin m'apporter des réponses, en entendant toutes ces rumeurs j'ai cru comprendre que je n'était pas seul et que vous tentiez de faire appliquer la justice divine.
Je me suis forgé au fil des temps a l'art de la chasse et de l'assassina, et je viens en ce jour vous proposer mes services afin de me rallier à votre humble cause, si tenté que nos buts soit les mêmes.

- ... et c'est sûrement avec joie que l'Unique t'accueillera parmi ses enfants... si le Primat te juge apte.

Laylay et De Vaanne tournèrent respectivement leur regard vers le Grand Archiviste Teclis. Ce dernier se voulait un air aimable bien que ses sourcils froncés contredisaient cette expression.
D'un pas lent, il vint se poser à coté de son supérieur qui le toisa d'un air interrogatif.

- Oui ?

- Inquisiteur De Vaanne, qu'entends-je se murmurer ? Il parait que vous désirez brûler les écritures saintes... Mes livres !

Le guerrier eut un geste d'impatience.

- Vous encombrez inutilement l'espace réservé au recueillement et à la gloire de l'Unique avec vos milliers de feuilles moisies. La plupart ne parle qu'à peine de religion, et les trois quarts en aucun cas de notre dieu...

- Certes certes. Néanmoins, il me fallait un peu de lecture durant le voyage, comprenez-vous ? Mais au lieu de nous chamailler, dites-moi donc qui est ce... Teclis contempla l'air dépenaillé de Laylay... cet individu.

- Un repentant semble t-il.

L'archiviste remonta son monocle.

- Dites moi mon ami, vous m'avez l'air d'un redoutable guerrier. Quels sont donc vos aptitudes au combat ? Savez-vous vous battre ? Touchez-vous à la... magie ?

Après avoir parcourus cet homme du regard Laylay compris bien que celui-ci n'avait rien d'un guerrier, il avait pour seul arme un livre, qui semblait bien peser quelques kilos, mais probablement pas de quoi assommer un ogre.
N'étant pas guerrier Laylay compris son questionnement. N'importe quel individu formé à l'art du combat aurait constaté la carrure du gaillard ainsi que ses armes, des katars, armes dont la maîtrise n'était connue que d'une poignée d'assassins et de chasseurs de primes.
Ses aptitudes au combat étaient donc plus qu'évidentes du moins pour un homme entraîné à l'art de la traque et à l'affut des moindres signes cette question semblait inutile.

- Bien-sûr que je sais me battre, j'aime le combat ... lorsqu'il est juste !
J'attends que la nuit tombe, et alors vêtu d'habit couleur de la nuit je me fond dans les ombres pour mieux réapparaitre devant mes ennemis au moment où il s'y attendent le moins.
Peut importe leur nombre, peut importe leur force, combattre un aveugle n'a rien de difficile. Et aveuglé ils le sont, pas seulement par la nuit ... Leur incapacité à voir la justice et a comprendre l'Unique est inadmissible.

Laylay se laissa emporter dans son dialogue sans se rendre compte qu'il avait fortement haussé le ton. Il s'en rendit seulement compte au moment de reprendre sa respiration en entendant l'écho lui renvoyer ses paroles.

- Mais n'ayez crainte je sais aussi me battre à armes égales, le jour ne me pause pas de problèmes. Il faut bien s'adapter avec tout ces mutants, des elfes capable de voir dans la nuit, cela tient plus de la déraison et du blasphème que de la nature ! De tels monstres ne devrait pas avoir le droit d'exister, il vandalise la pureté de la nuit et m'empêche de répandre sereinement la justice.

Laylay regarda par dessus son épaule comme pour vérifier que les gens de l'autre côté de la porte de la cathédrale n'étaient pas en train de l'épier ou de l'écouter. Voyant qu'un passant regarder dans sa direction il le pointa de son arme et le fixa du regard d'un air menaçant jusqu'à ce que celui-ci disparaisse du sillage. Puis il reprit presque en chuchotant.

- La magie vous dites ? Cela ne devrait-il pas être réservé aux dieux ? La seule magie que je me plais à pratiquer et celle de l'art, des couleur qui se mélangent, des pigments qui viennent s'accorder pour créer une enluminures des plus belles. Ainsi que l'utilisation de ce que la nature nous offre, si vous saviez le nombre de poisons que l'on peut créer simplement avec quelques plantes ...

- ...si vous saviez le nombre de poisons que l'on peut créer simplement avec quelques plantes ...

- Il serait toujours en deçà de la quantité de fiel qu'un esprit malade peut propager.

Les regards convergèrent vers le coin de la nef d'où semblait provenir la voix. Allongé sur l'un des banc, les bras croisés sous la tête, Exodus semblait être apparu comme par enchantement.

- Pourrais-je savoir de quel droit tu pense pouvoir te tenir ainsi en ce lieu Saint? La nef n'est en rien une salle de repos, ni l'un de ces établissement dans lesquelles tu aimes à te complaire!

- Ça je peux te le confirmer: les banc y sont bien trop durs. Mais pour ce qui est de mon droit... Il se redressa en position assise, réajustant son chapeau pour mieux voir les gens présents dans la salle. Ne fut-il écrit "Ce lieu sera ton refuge, la chapelle de ton âme et le repos de ton esprit: là ou l'ignorant n'y verra que la pierre, tu y verra ton foyer"?

- Votre interprétation personnelle des Saints Textes me donne régulièrement à méditer, je vous l'avouerai, rétorqua le Grand Archiviste.

- Là au moins est la preuve que je les ai lu, quoi qu'en dise certains esprit médisants, répondit le répurgateur avec un sourire. Mais si nous en revenions à celui qui se tient ici-même?

Il se leva puis se dirigea en direction de l'homme dépenaillé qui se tenait à quelques mètres du Primat.

- Vous entendez donc des voix -non! Une voix - qui vous intime l'ordre de tuer. Mais chacun peut entendre sa voix: un fou n'a de cesse d'entendre la voix de sa propre folie, tout comme un homme ayant goûté au sang ne perçoit plus que l'appel de l'acier et de la chaire, issue de sa furie. Il se mit à tourner autour de cet homme qui se prétendait touché par Sa grâce. L'artiste aussi se dit visité par la douce voix de sa muse, qui n'est au final que l'écho de son imaginaire torturé. Aussi je vous le demande: qu'est-elle cette voix qui vous parle? Est-ce juste vous-même ou bien est-ce vraiment un autre?

Il s'arrêta de tourner, restant derrière l'homme qui ne fit pas mine de vouloir le regarder.

- Et si c'est un autre... Qui? Est-ce là une voix connue ou étrangère? Est-elle douce et affectueuse comme celle de l'amante ou ferme et inflexible, comme celle d'un père? Sonne-t-elle empreint de violence et de cruauté, ou bien de force et de détermination? Appelle-t-elle à être impitoyable, ou prêche-t-elle tolérance et pardon? S'aide-t-elle elle-même par ton biais, ou alors te sert-elle toi? Exodus se rapprocha de la nuque de l'homme, parlant d'une voix presque inaudible. Mais surtout où est-elle, où l'entend-tu? Dans ta tête? Ton Coeur? Ou bien ton Âme? Se love-t-elle en tes entrailles une fois que tu lui a obéit, ou bien te fuit-elle jusqu'à sa prochaine intervention?A moins que tu ne sois juste sourd à son appel le reste du temps...

Puis, rapidement, il vint se placer devant lui, se remettant à parler à voix haute.

- Il se peut très bien qu'elle te contrôle, qu'elle te manipule! Peut-être sont-ce là les derniers sursauts de lucidité et d'humanité qui sont en toi qui essayent de t'y soustraire, de te donner la chance de mourir en tant qu'homme et non en tant que pantin. Aussi, répond-moi...

Il tira lentement sa rapière hors de son fourreau, sans pour autant que l'homme, ou même les autre Enfants, n'esquissent un geste. Il la plaça sur la gorge de son interlocuteur de telle manière qu'une simple pression suffirait à lui ouvrir le cou.

- Si cette voix te disait que, pour servir l'Unique, tu devais voir cette lame te transpercer la gorge, que lui répondrais-tu?

- Si il en est ainsi, si c'est cette même voix qui te dit d'agir de cette manière, alors n'ai crainte, je ne sourcillerais pas, traverse ma gorge, transperce mes entrailles, si elle désir me laver de mes péchés alors c'est que je le mérite et je prendrais cela comme un honneur ...
Seulement ! Seulement si cette voix n'a rien a voir avec cette rapière qui m'appuie sur la glotte, alors je vous déconseille d'esquiver le moindre geste à mon encontre. Je ne suis pas homme à se laisser tuer.

Laylay contracta sa main qui tenais l'un des Katars. Il était à l'affut du moindre mouvement, mais semblait étrangement calme. Rien ne semblait pouvoir le faire sourciller.

- Ainsi vous désirez que je vous parle de cette voix ? Ne l'entendez vous pas ? Cette voix est chaude et rassurante, mais néanmoins sûr, directe et inflexible tel celle d'un père. Elle prône la justice et la rédemption, mais jamais ne doute de ce qu'elle ordonne.
Jamais elle n'a voulu me manipuler comme un vulgaire pantin, j'ai choisis de lui obéir.
La première fois en effet je ne l'ai entendu que dans ma tête, puis j'ai appris à vivre avec elle, à l'écouter, à la percevoir.
Au début elle était peu présent puis rapidement je la sentait en moi de plus en plus régulièrement jusqu'à ce qu'elle se forge au fond de mon être, de mon âme pour m'ouvrir les yeux et guider mes pas.

Laylay glissa son katar entre la lame de la rapière et son torse profitant que celle-ci commençait à s'éloigner de sa gorge.

- Cependant je trouve que ce sont de bien drôle de manières que de pointer son arme sur un homme venu pour vous aider dans votre tâche.
Avez vous donc si peu confiance en moi ? L'unique ne vous loue t'il pas ma bonté et ma ferveur ?
Si vous souhaitez me mettre à l'épreuve allez-y, je saurait vous prouver ma valeur !

- En vérité, intervint de primat, autant nous voulons être rejoints par de nouveaux fidèles de l'Unique, autant nous devons nous montrer méfiants de ceux qui cherchent à devenir des Enfants. Le démon peut prendre de nombreuses formes, et quiconque ne correspond pas à nos critères doit être considéré comme un espion. Exodus ne faisait donc que parer à toute éventualité... malencontreuse. Ne lui reprochons pas de bien faire son travail, pour une fois.

Le geste obscène du répurgateur fut accompagnée d'une grimace assez spectaculaire. Teclis, toujours intéressé par la moindre nouveauté, se mit immédiatement à la noter dans un petit carnet.

- Une étude sur les comportements sociaux, se justifia-t-il.

- On se recentre, oui ? pesta De Vaanne. Je pense qu'Exodus apprécie tes réponses, Aelisséen, ajouta-t-il en direction de Laylay, sans quoi tu serais déjà mort malgré toute ta vitesse. Elles sont pleines de courage et de foi. Il apparait aussi que l'Unique te parle directement, et en cela tu es béni. Ce n'est pas le cas de tous, car Il apparait différemment à tout un chacun. Je ne L'ai jamais vu ni entendu, mais je sais qu'il est à mes côtés et qu'il me montre toujours la voie à suivre.

Laylay parut intrigué par cette tirade. Écartant complètement la rapière d'Exodus, il se leva et fit face au primat.

- Est-ce vrai ? Vous n'entendez pas ? Vous n'avez pas le bonheur d'écouter Sa voix ?

- je l'ai déjà dit. nous sommes récompensés d'une autre manière. Tu apprendras, comme nous, à ne pas remettre en cause Ses choix. Cependant, une autre chose me préoccupe chez toi, ajouta De Vaanne en faisant les cent pas devant Laylay.

- je croyais que mes réponses reflétaient l'esprit d'un fidèle serviteur de l'Unique ? demanda celui-ci.

- C'est tout à fait exact. Tu en as l'état d'esprit, et tu gagnerais beaucoup à en devenir membre. Cepndant, tu dois aussi t'interroger sur ce que toi, tu peux nous apporter. Vois-tu, les Enfants sont le bras armé du Culte de l'Unique. nous risquons la damnation pour que le Grand Dessein s'accomplisse. Nous nous devons donc d'agir au grand jour, pour instiller l'effroi dans le cœur des hérétiques et les pousser au repentir et, pour les moins atteints d'entre eux, à la conversion. Si nous comprenons les intérêts d'un assassinat politique, nous refusons d'en faire notre mode de fonctionnement. Nous acceptons l'acte ; nous n'apprécions pas le concept.
Or toi, tu sembles n'être que cela, un assassin. Talentueux par ailleurs, mais cela ne change rien. Peux-tu survivre en agissant en pleine lumière comme nous le faisons ? Es-tu prêt à montrer à tous, lors d'un combat, la grandeur de la foi, car c'est par l'exemple que nous gagnons les populations ?

Le primat finit sa déambulation en s'arrêtant juste devant Laylay. Lentement, il tira de son dos la zweihänder qui l'accompagnait en toutes circonstances.

- Montre nous que même si tes qualités sont le vitesse et la discrétion, tu peux tenir le choc contre un épéiste dangereux alors que tu es découvert, et fatigué de surcroît. Montre nous que tu ne te reposes pas uniquement sur une frappe rapide au milieu de la nuit. Fais donc quelques passes d'armes avec moi, que je détermine si oui ou non, tu peux avoir, selon moi, une place parmi nous.

- Fais donc quelques passes d'armes avec moi, que je détermine si oui ou non, tu peux avoir, selon moi, une place parmi nous.

À ces quelques mots le sang de Laylay ne fit qu'un tour. Le combat ce le connaissait, ce n'était pas un lâche il n'avait jamais fuis un combat, il ne préférait pas combattre de nuit par crainte ou par lâcheté, seulement par facilité et parce que dans sa douce ville de Sûl-Nar la journée l'air est brûlant et irrespirable.

- Je n'ai rien d'un vulgaire assassin, je ne tue pas par plaisir, je le fait par nécessité, tout ceux à qui j'ôte la vie devrez m'en être reconnaissant, c'est un service que je leur rend, je leur offre une nouvelle vie, je les purge du mal enfermé en eux.

Laylay effectua une flexion, entrainant un craquement crispant de ses genoux, puis il recula de quelques pas, s'accroupit, et se saisit de son deuxième katar. Une fois ses deux armes empoignées fermement il se releva et jeta un regard vers le primat puis repris.

- Je n'ai aucune raison de vous tuer, mais je n'ai cependant pas l'habitude de retenir mes coups, un accident est si vite arrivé, il serait de bonne augure de bien faire attention à vous il me semble...

Laylay bondit vers l'avant et si mis en courir en direction du primat, il ne savait que trop bien que ce dernier grâce à sa longue épée avait un avantage d'allonge bien supérieur, et il n'était donc pas à son avantage de jouer l'offensive, cependant il ne devait ni ne pouvait fuir le combat et il y'avait bien d'autre solution pour battre un tel combattant.

- Mon courage n'a d'égale que ma ferveur !

Laylay attaqua le primat. Ce dernier contra l'offensive dans un grand feu d'artifice d'étincelles provoqué par les deux métaux en frictions. Laylay mettait toute sa force et son corps pour tenir le choc et ne pas céder sous le poids de l'épée et la force du primat. Il avait montré que le combat ne lui faisait pas peur, maintenant il devait prouver que sa force était à la hauteur de son ambition. Il croisa ses deux armes le long de la lame pour la bloquer. Laylay repoussa le primat de toute ses forces et bondit en arrière de plusieurs mètres. Il se plaça en position de garde et sortit trois couteaux de lancés de sa besace.

- Satisfait de ce que tu voit ou tu veux prendre le risque de continuer à jouer ? Je ne suis pas venu ici dans le but de blesser un enfant de l'Unique, je le ferais seulement si je n'ai d'autres choix. Apporte moi plutôt un scélérat qui sait se battre et alors tu constateras toute l'étendu des mes capacités, lorsque je n'ai aucune retenu à adopter et que l'Unique guide mes gestes.

Laylay se mis à sourire, la seul pensée de pouvoir combattre un ennemis du bien semblait pouvoir le rendre heureux.

- Non ! En fait ... apportez en moins plutôt 10 ou 20, ce serait bien trop inéquitable sinon.

Les bruits de combat résonnaient à ses oreilles comme le début d'une douce mélodie. Appuyée contre une colonne, Sharah'In observait, attentive. Sa guitare semblait pulser d'une énergie nouvelle, habitée de la vie propre de faire résonner sa voix...

- Non ! En fait ... apportez en moins plutôt 10 ou 20, ce serait bien trop inéquitable sinon.

Ah ? Il voulait de l'ennemi ? Quelque chose à se mettre sous la dent ? Un sourire s'épanouit sur les lèvres de Sharah'In. Sortant de l'ombre, elle s'approcha, grattant quelques accords pour l'instant discret.

- N'est-ce pas un peu présomptueux ?

Tout s'enchaina alors rapidement. Les accords glissèrent dans l'air avec fluidité, attirant le regard du nouveau venu. Il semblait intrigué. Bien. Sharah'In sourit de plus belle, faisant enfler la mélodie qui naissait sous ses doigts. Le décor se transforma peu à peu. Ce fut d'abord une inflexion délicate, une zone à ses pieds qui devenait flou, une colonne qui semblait se tordre sous l'impact des notes... Délicate d'abord, la musique se fit un peu plus énergique.

- Ce n'est pas le tout d'être fort et puissant. L'esprit aussi doit être à la hauteur. L'esprit, pas la volonté. Nos ennemis revêtent plusieurs formes, plus diverses les unes que les autres. Que feras-tu face à ça ?

D'un accord d'une rapidité impressionnante, elle fit naître une colonne de fumée sombre, emplissant l'espace autour de lui. Les notes suivantes le modelèrent, affinant un visage, ou plutôt une gueule, faisant émerger de l'obscurité une créature comme on n'en voit que dans ses pires cauchemars. Deux fois plus hauts que l'homme, la gueule béante de plusieurs rangées de dents acérées, la créature le toisait, d'un regard moqueur.

- Vas-y doucement quand même... glissa une voix sur sa droite avec nonchalance.

Sans même un regard, elle reconnu Exodus, le chapeau baissé sur ses yeux, bien calé dans l'un des bancs de l'église. Au sourire à demi caché par son couvre chef, il semblait apprécier le spectacle.

Laylay ne semblait pas avoir remarqué l'échange, le regard fixé sur la créature. D'un accord, Sharah'In modela une nouvelle fois le faciès de sa création, sondant dans l'esprit grand ouvert de son "adversaire" de fortune. Une personne qu'il connaissait, qu'il aimait. Voilà ce qu'elle cherchait. A jouer sur son mental, à voir s'il tiendrait le coup. Même face au pire des coups bas qui pouvait exister. Et qui semblait réussir, au vue de la pâleur que prenait son visage.

D'un ultime note, Sharah'In lança le monstre polymorphe sur Laylay. A la dernière seconde, la créature explosa dans un nuage de fumée. Seul restait la jeune femme, la guitare à la main et un sourire aux lèvres.

- Alors ? Tu t'en sens capable ?

Contrairement à l'assassin, le primat restait de marbre face à cette étrange musique. Non seulement il en avait déjà vu les effets potentiellement dévastateurs, mais il était loin d'être convaincu de l'adéquation de ce son avant-gardiste ave la sainteté du lieu dans lequel tous se tenaient. Voyant désormais que son adversaire ne faisait plus aucun cas de lui mais quil était absorbé par les illusions de Sharah'In, il poussa un soupir d'exaspération et rangea son arme au fourreau. Il alla s'asseoir lourdement à côté d'Exodus et croisa les bras derrière la tête.

- Elle t'a soufflé ton jouet de fort belle manière je dirais...

- Etre un mystique fanatique n'exclut pas d'avoir des bases de stratégie et de tactique : il était à bout de forces, sa vitesse réduite à une fraction de ce qu'elle pourrait être, son allonge est inexistante, et il joue le gros bras. Ha ! grogna-t-il. Je lui aurais juste donné une petite leçon, histoire de lui montrer qu'on ne charge jamais un primat.

- Si je m'écoutais, je dirais qu'il ne faut jamais avoir affaire à un primat, mais on ne m'écoute jamais de toute façon...

- Je crains que nous n'ayons pas toujours le choix en cette matière, intervint Teclis. Vous avez la voix qui porte, répurgateur !

- La peste soit des intellectuels à l'ouïe fine ! Toujours à vous plaindre : ayez quelques activités récréatives, vous auriez moins de sujets de complainte.

Le primat écoutait d'une oreille distraite la querelle à côté de lui en se massant pensivement l'arête du nez. La réaction de l'assassin à ce que pourrait lui envoyer Sharah'In l'intéressait, et les vantardises qu'il pourrait sortir aussi, mais il pouvait difficilement entendre.

- Messieurs, s'il vous plait !

Ramenés à l'ordre par la voix de De Vaanne, les deux protagonistes cessèrent leurs chamailleries et reportèrent leur attention sur la confrontation en face d'eux. Malheureusement, le Primat n'en avait pas fini avec eux.

- Je sais qu'à l'intérieur des Enfants, la hiérarchie est floue et souple, et que vous en profitez. Je le comprends, mais serait-ce trop vous demander que de ne pas donner de mauvais exemples en public ? Regardez Sharah'In : elle en vient à m'interrompre en plein milieu d'un combat, sans un mot d'excuse ou d'explication. Je me demande de qui cette idée a pu lui venir...

Exodus se mit à tousser nerveusement.

- Et encore, ce n'est pas la plus influençable. Si jamais TeaR se met à vous imiter, je mets la clé sous la porte après vous avoir cloués dessus !

- Tout de suite les grands mots, ricana Exodus.

- Parce qu'à mon grand regret, et malheureusement pour l'humour, vous êtes de grands maux...

Une missive du primat avait ramené TeaR dans les terres aelissiennes où les paroles de l'Unique devait encore être imposées.
* Les hérétiques... ils souillent tout ce que l'Unique nous a offert. Notre seul devoir est de l'honorer, et l'humanité semble prendre plaisir à le bafouer. *
La cathédrale était enfin en vue, il pourrait voir ce en quoi le primat avait besoin de Son plus fidèle serviteur. Il devait cependant passer par son bureau afin de remettre son attirail qui Lui rendait hommage.

__________

Un hurlement retentit, sauvage, sanguinaire. De l'autre côté de la cathédrale, où les Enfants étaient réunis, l'archiviste pris note de ce qui semblait être une menace sur sa vie, au nom de l'Unique.
- TEEEEEECLIIIIIISS !

Bientôt, TeaR déboula dans le lieu ou se trouvait les enfants, un serviteur lui ayant indiqué la présence de l'archiviste, sa croix dégainée afin de régler son compte a cet archiviste qui finalement n'était présent dans Sa demeure uniquement pour semer le trouble et tromper ses plus fervents fidèles. Cependant, son mouvement fut arrêté net lorsqu'il découvrit des traces de poussières remontant de l'entrée jusqu'à un inconnu.
N'y avait il donc personne qui comprenait les besoins de l'Unique ? Souiller Son foyer non seulement physiquement, mais aussi avec un esprit incapable de penser a Ses besoins. Pitoyable.
La fureur qui coulait dans les veines de l'homme à la croix se détourna du chétif aux livres, considérant ses pêchés comme moindre par rapport à celui venant d'une contrée ô combien poussiéreuse.

Alors qu'il semblait prêt à charger, il s'arrêta de nouveau. Deux individus semblaient attendre, regardant l'immonde hérétique, sans pour autant esquisser un moindre geste pour punir ce malotru. Le pire fut quand il reconnut l'homme qui l'avait recueilli et guidé vers la voix de l'Unique, mais aussi, un autre Enfant. Sa fureur se transforma en confusion. Comment choisir entre punir l'hérétique, et ceux qui n'avait rien fait avant lui.
Après un grognement guttural, il commença à s'agiter nerveusement :
- Au nom de l'Unique, pourquoi n'avez vous pas encore érigé un bûcher ! Cette larve n'est elle donc pas suffisamment insultante envers Sa grandeur pour que en plus vous tombiez dans la débauche ! En tant que primat, vous devriez déjà être responsable de la conversion de la totalité de ces terres. Bande d'incapable !

En un instant, il chargea et se retrouva devant ce qui repoussait TeaR le plus au monde : un étranger à la grâce de l'Unique. Une lueur de démence semblait luire dans ses yeux.
- Brûlé ou écorché vif ?

Laylay tendit le bras qui tenait toujours les trois couteaux de lancer et il les jeta en direction du dernier arrivant.
Les trois couteaux allèrent se planter de manière rectiligne dans la croix de l'homme, ce qui sembla le faire douter un instant en le faisant ralentir dans sa charge.

- Alors c'est comme ca que vous considérez la justice de l'Unique ?

Cette fois l'homme s'arrêta totalement comme stupéfait de ce que venait de dire Laylay.

- Plutôt que de me tester, vous essayez de me tuer 'effrayer avec des magie plus que douteuse.

Dit-il en lançant un regard vers la femme qui avait toujours sa guitare à la main.

- Vous pensiez m'avoir fait peur ? Je peux vous confirmer que c'est un échec, vous viendriez passer ne serait-ce qu'une journée dans le désert dans lequel je vit, vous verriez que les monstres y sont bien supérieur en taille et en nombre de dents.

Puis il se retourna vers l'homme qui l'avait chargé.

- Et vous, vous me chargez dans le but à priori de me tuer, sans même savoir pourquoi je suis là, ni essayer de savoir qui je suis. Une chose est sûr à présent, à vous l'Unique ne fait pas confidence de ses désirs. Ou bien vous êtes trop énervé pour essayer de l'écouter. Si vous aviez traversé le pays vos bottes aussi serait crotteuses.

Surenchérit Lay en voyant cette homme fixé les marques de pas derrière lui.

- Maintenant si vous désirez toujours me charger, et tenter de m'effrayer avec vos monstres démoniaques, libre à vous, comme je l'ai déjà dit je n'ai pas peur de laisser ma vie pour l'Unique. Mais alors préparez vous à apprendre à vos dépends ce qu'est la justice divine aux vues de vos péchés !

Teclis jeta un rapide coup d'œil à ses comparses, en entendant les paroles de l'assassin. Puis, machinalement, il eut un mouvement d'épaules lorsqu'il croisa le regard de De Vaanne.

- Boah, après tout, nous sommes tous des blasphémateurs en quête de rédemption.

Exodus sembla passionné soudainement par l'examen de sa main droite, Sharah'In resta silencieuse le visage sévère et inexpressif.

- Ou alors...

- Ou alors quoi ? grogna De Vaanne.

- Ou alors, je pourrais tester ma nouvelle machine à mesurer les ondes ésotériques émises par le cerveau en branchant Laylay dessus, je suis sûr qu'on obtie...

- NON !

Cinq voix avaient retenti très clairement dans la grande nef. L'air enjoué et enfantin du Grand Archiviste fondit comme une bougie dans un incendie. Son teint devint macabre et renfrogné.

- Bon, bon... Si on ne peut même plus émettre quelques propositions constructives...

- On n'a pas besoin que tu lui grilles les neurones pour voir si oui ou non, il serait utile à l'ordre.

- Ce serait certes ennuyeux...

- En parlant de ça ! HERETIQUE ! DEGAGE TES EXPERIENCES DE MES APPARTEMENTS ! hurla TeaR en agitant sa croix.

Sur ces mots, Le Grand Archiviste s'éclipsa discrètement vers ses ateliers, au plus profond des sous-sols.

- Est-ce qu’il y aurait moyen de se recentrer sur le sujet, s’il vous plait ? hurla De Vaanne. Vous êtes donc incapables de rester sérieux cinq minutes ? Je vous ferai remarquer que nous avons toujours un invité sur le grill et qu’il est au bord de l’effondrement physique, comme une loque mal essorée !

- Je ne vous permets pas ! répliqua Laylay, rouge de colère. Ce n’est pas à vous qu’il arriverait de faire des centaines de kilomètres sans se reposer ni se laver pour obéir à un Appel !

- Pas la peine de m’attaquer sur ce point, homme dont on ne connaît même pas le nom. Je n’ai pas eu besoin de parcourir la moitié du continent car je n’ai jamais entendu d’Appel, comme vous dites. J’ai toujours été, du plus loin que je remonte, bercé dans la bienheureuse étreinte de l’Unique.

Le primat s’approchait du peintre tout en parlant, toujours l’épée à la main. Celui-ci eut un mouvement de recul mais De Vaanne n’y fit même pas attention et commença à tourner autour de Laylay en le regardant.

- Ainsi, de nous tous, je dois être le plus proche du statut de bienheureux. Certains auraient pu me concurrencer mais ils ont préféré, bien que restant parmi les Enfants, sombrer peu à peu vers l’apostasie.

Le ton ouvertement persifleur du primat poussa Exodus à se rabattre le chapeau sur les yeux, échappant ainsi au regard outré de TeaR, regard qui laissait augurer d’une explication mémorable.

- Tu me le paieras, primat, grinça-t-il.

- Nous trouverons bien une satisfaction équitable, répondit celui-ci. Je dois bien avoir un lapin en gelée qui attend dans mes réserves, pour peu que Teclis ne s’en soit pas servi pour tester son mesureur d’ondes bizarroïdes. Un pauvre plat sans défense est une proie à sa portée. Où est-il passé d’ailleurs ?

- Qui ça ? Teclis ou le lapin ?

- Le laclis, évidemment, abruti ! TeaR, va le chercher.

- C’est que… je n’aimerais pas le déranger, il y a une chance infime qu’il soit en train de débarrasser le bazar qui m’encombre.

- Tellement infime que tu vas aller le chercher avant que je m’énerve sérieusement, dit le primat qui sentait le piment lui monter au nez. Et sans ta croix, ajouta-t-il en voyant son renfrogné subordonné empoigner son arme. Teclis est peut-être un archiviste complètement dingue, mais il est utile… parfois.

La guitare de Sharah’In fit entendre une mélodie moqueuse pendant tout le temps que dura l’absence de TeaR. Le primat faisait les cent pas en maugréant dans sa barbe : Laylay ne pouvait s’empêcher de le regarde en se demandant ce qui l’attendait ensuite. Puis l’on vit enfin émerger Teclis des profndeurs de la cathédrale, poussé énergiquement par le jeune Enfant.

- Pas trop tôt, fit remarquer De Vaanne d’un ton rien moins qu’amène.

- Il avait eu le temps de descendre au dernier sous-sol et de s’enfermer avec un sujet d’expérience, répliqua l’autre, essoufflé.

- Ce sont donc ça, les taches sombres sur la robe rouge. Bien… maintenant que nous sommes au complet et que vous avez pu juger des qualités du postulant ici présent, il vous sera demandé de donner votre avis : a-t-il les qualités et compétences nécessaires pour entrer dans notre Confrérie ? Au-delà de cela, mérite-t-il un tel honneur ? Exodus ?

- J’y consens, dit celui-ci en agitant la main. L’ampleur du travail mérite que l’on recrute.

- J’y consens également, ajouta Sharah’In. Sa résistance à mes illusions prouve son aptitude.

Les regards convergèrent vers l’archiviste, qui arborait un air éminemment renfrogné. Le refus qu’on lui avait opposé à l’utilisation de son engin de malheur semblait lui peser sur l’estomac et seul un grognement indistinct sortit de sa bouche.

- Et en clair ?

- D’accord, d’accord ! Acceptons-le, je trouverai bien autre chose à lui faire essayer !

- Tu les essayeras sur un hérétique d’abord.

- Même pas un Frère juré ? demanda Teclis d’un ton plein d’espoir.

- NON !

- Vous bridez ma créativité. Je peux me barrer maintenant ? J’ai une expérience à terminer.

- NON PLUS ! TeaR, ta voix ?

- Je n’ai guère confiance en cet individu… Ses hauts cris mystiques me paraissent peu vraisemblables.

- C’est l’hôpital qui se fout de la charité, ça… Oui ou non ?

- J’y consens, primat, admit enfin TeaR après un long silence.

- Ne reste donc que moi et mon veto, dit De Vaanne d’un ton pensif. Car en vérité, avons-nous besoin d’un second mystique, là où TeaR joue si bien ce rôle ? Avons-nous besoin d’un assassin, alors que la pleine lumière nous sied ? Avons-nous besoin d’un membre dont l’intolérance risque de s’étendre à ses frères croyants dont la ferveur est moindre ? Nous espérons, à la vérité, que tu sauras faire la part des choses, car nous ne tolérerons pas la moindre critique sur nos agissements. De plus, tes capacités physiques ne semblent pas tendre que vers la dissimulation. Je ne mettrai pas mon veto car je pense que ce que tu peux apporter surpassera les problèmes que tu ne pourras que causer au départ : bienvenu, Enfant de l’Unique !

- bienvenu, Enfant de l’Unique !

Sur cette dernière parole Laylay tomba à genoux. Tous ces efforts l'avait épuisé, plus aucun de ces muscles ne répondait présent. Les enfants de l'Unique semblèrent mieux que jamais comprendre en cet instant les efforts surhumain que ce dernier avait fournis. Peut-être commençaient-ils même à imaginer l'enfer qu'il avait traversé pour atterrir ici. Laylay baissa la tête devant le primat en signe de reconnaissance, il avait compris quelle hiérarchie s'imposait à lui et au combien il devait être reconnaissant au primat de bien vouloir l'accepter en ses rangs. Après quelques minutes les premiers mots sortirent de sa bouche :

- Au fait ... Veuillez excuser mon manque de civisme, il semblerait que ce voyage m'ai rendu peu sociable ... Je me nomme Laylay, et je suis enchanté de vous rencontrer enfin ...

Laylay redressa la tête et contempla tour à tour les 5 Enfants de l'Unique se tenant devant lui. Un sourire sembla se dessiner sur ses lèvres encore gercée par le voyage et les chaleurs arides du désert, une nouvelle page de sa destiné allez s'écrire avec l'encre de l'Unique.

TeaR était parti dès qu'il avait entendu le nom de l'assassin. Il ne se résoudrait pas de si tôt à le considérer comme frère. Il n'avait donné son consentement que parce que refuser aurait donné lieu a de nouvelles paroles vaines. Dans tous les cas, le primat allait faire en sorte qu'il soit accepté.

*Comment prétendre qu'on entend Sa voix alors que je n'ai pas reçu ce don béni, moi, Son plus grand fidèle.
Jamais il n'aurait du être la, jamais il ne sera à même de servir a bien l'Unique.
Les assassins... Comment peut on leur accorder ne serait-ce qu'une once de confiance ?*

Le fanatique entra de nouveau dans la nef, une robe rouge, accrochée à sa croix.
- Lève-toi.

Malgré le fait qu'il soit exténué, la voix de l'Unique résonna dans l'esprit de Laylay, l'encourageant à se lever. Il ne pouvait refuser un ordre direct de Là-haut.

- Très bien. Maintenant que tu es des nôtres par le vote - car oui, un Enfant doit avoir fait plus que convaincre de simples mortels pour pouvoir être considéré comme tel - il te revient de droit, ce qui montrera aux yeux du monde entier que tu es dorénavant considéré comme Sa progéniture.

Un éclair rouge vola vers le nouveau né qui s'en empara et enfila la robe couleur sang. Ce moment immortalisa sa venue. Les yeux des Enfants virent un léger aura entouré Laylay mais seul TeaR refusa d'y croire.

Pour lui, il pouvait s'annoncer comme un bloc de granit, qu'un travail permettrait de transformer en pilier porteur. Ou au contraire, était il pourri de l'intérieur ?

*Si jamais il Le trahit, je jure devant Lui qu'il ne pourra plus jamais trahir qui que ce soit.*