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| Lente descente | |
| | Auteur | Message |
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Cordelia Melicerte
Nombre de messages : 2068 Age : 34 Localisation : Complètement à l'ouest, sous les épines d'un hérisson Date d'inscription : 12/10/2009
Personnages RP Pseudo: Pseudo : Pseudo :
| Sujet: Lente descente Jeu 4 Mar - 11:55 | |
| Leur haleine morose m'use et moi je n'ose Pas Battre des bras Dans ces coulées De boue gadoues glacées engluées et lentes
Leurs cris bas me creusent des côtes entre les reins Fosses fâchées de leurs tristes et longs silences
Je peine à garder ma tête au dessus des flots Engourdie par leurs lancinantes mélopées
Mes sourires brisés Contre leurs dents serrées Ils se laissent couler Debout pliés Froissés
Et moi je suis | |
| | | dale cooper
Nombre de messages : 7649 Age : 46 Date d'inscription : 08/09/2008
Personnages RP Pseudo: Pseudo : ▲ Pseudo :
| Sujet: Re: Lente descente Jeu 4 Mar - 13:33 | |
| Alors ici je sens que tu as voulu adopter un style de jeu dans ta construction.
J'ai lu une première fois, et ne comprenant pas la fin, j'ai repris chaque ligne en les lisant de la fin vers le début (et ça donne un sens assez intéressant également). Arrivé en haut, ne comprenant plus le début, je suis redescendu dans l'ordre pour encore m'imprégner du texte (bon après j'ai arrêté le va et viens, sinon j'y passais la journée ^^).
Alors questions : est-ce qu'il y a effectivement un sens caché dans la construction et est-ce que l'absence totale de ponctuation est délibérée ? | |
| | | The Fantasier
Nombre de messages : 128 Age : 33 Date d'inscription : 19/10/2008
| Sujet: Re: Lente descente Jeu 4 Mar - 13:52 | |
| J'adore le premier vers! Mais j'ai pas trop accroché sur le rythme... Et ma foi le fond, je ne le saisis pas, j'aspirerai à plus d'informations sur l'environnement et les auteurs des cris. On ressent la souffrance, et si c'est le but, c'est bien, mais il lui manque un nom à mon humble avis. | |
| | | Tr0n
Nombre de messages : 3306 Age : 44 Date d'inscription : 13/03/2008
Personnages RP Pseudo: Sucedebout Pseudo : Grocube Pseudo : Tron
| Sujet: Re: Lente descente Jeu 4 Mar - 14:40 | |
| Tiens aujourd'hui je me surprends, avant même de lire l'ensemble, à me dire, une critique dans l'instant pourrait m'amuser. En gros je vais lire à haute voix et donner mon avis en même temps. C'est le titre qui m'a donné cette idée. Alors je descends. Amusons nous et commençons !
Leur haleine morose m'use et moi je n'ose Pas Battre des bras Dans ces coulées De boue gadoues glacées engluées et lentes
Si je puis me permettre le nom de "vers", le premier est superbe : d'une part j'aime l'opposition sonore entre les voyelles [a], [o] et [u] qui lorsqu'on les prononce sont un délice pour mes cordes vocales et d'autres parts, la répétition du son [z] me laisse une impression de langueur éphémère pour reprendre les vers d'un célèbre poète (pour ne pas dire océane, d'un autre poète). C'est le premier effet : il est bon, l’accroche est donc réussi.
Mais évidemment, comme la perfection n’existe pas, mes petites oreilles, délicates et sensibles, se plissent à l’écoute des quatre lignes suivantes. D’une part j’ai du mal à lire quand c’est ainsi haché. Je me dis, ce doit être recherché ; quel effet ? Sans doute la volonté d’accélérer le rythme. Je suis triste alors, je croyais avoir un instant de la lassitude introduite par le premier vers et soudainement, trop rapidement, ça part. D’autre part, la répétition des sons [a] et [ou] est violemment à l’opposée des deux points énoncés dans le premier vers : opposition (vocalisée) des voyelles et son [z] marquant la longueur. Je suis critique car c’est un choix qui aurait pu s’avérer très bon dans le sens où le dernier vers aurait repris le principe initial. On aurait eu une séquence de type « sprint » avec un vers lent, de la rapidité, un vers lent et ainsi de suite. J’ai la sensation que c’était le but recherché.
Regardons plus en détail la structure des sons : - Opposition [a], [o], [u] - Son [z] lent - Répétition du son [a] - Son [ou] - Consonance [b] et [g]
Arrêtons nous alors au mot glacé. Jusque là donc, les sons sont très ouverts et tout en vaguelette, ce qui signifie lorsqu’un français les prononce que ça bouche va s’ouvrir et se fermer de manière successive tout en gardant la forme d’un « O » ou d’un « E » par alternance. C’est important, car je ne sais pas si c’était l’effet recherché. Les personnes qui lisent à voix haute et font dans la chanson me comprendront : on a presque la même forme ouverte puis fermée de lèvres et de bouche (les cordes vocales ont la même sensation) quand on lit les quatre premières lignes (on alterne « O » et « E »).
Et là, bim badaboum, le son [en]… Beh la bouche et les lèvres quand elles le prononcent, n’ont pas du tout la même forme que les oppositions d’articulations « O » et « E ». Je prends cette image de la prononciation pour montrer que dans la technique, les sons ne se marient pas ensemble, mais alors pas du tout. Certes oui, le son [en] marque le temps, l’épuisement, la durée, la lenteur. Mais il est long et très différent de l’impression (autant vocale que cervicale) du son [oz] et du reste de la structure sonore. Résultat, quand je le lis, j’ai juste envi de zapper la fin car elle n’a aucun lien avec le reste de la strophe. Je conçois évidemment que c’est assez difficile à réaliser et je pense qu’il y a plusieurs axes de correction très différents selon la stylistique qu’on veut employer. Si tu tiens particulièrement au son [en], il ne doit pas apparaître comme un cheveu sur la soupe, et doit lors de la lecture, correspondre à un mouvement des lèvres en vaguelette. Tu pourrais par exemple ajouter un vers supplémentaire avec ce son pour sa reprise à la fin : tu marquerais vraiment la coupure entre la bouche ouverte et la bouche fermée à plusieurs reprises ce qui constitueraient une unité réelle dans l’ensemble de la strophe. Tu pourrais aussi atténuer les jeux de voyelle pour rendre la venue du [en] moins coupante à l’oreille. Bref, c’est à toi de voir, je n’ai pas de solutions miracles dans ce genre de situations.
Voilà l’erreur réelle de beaucoup de jeunes poètes ou écrivains (comme d’anciens d’ailleurs qui n’y prêtent plus attention - moi) : l’unité. On n’écrit pas une poésie comme on écrit un texte. Comment procèdes-tu ? Personnellement en poésie, j’écris une phrase puis une autre tout en soulignant les sons. Ensuite je transpose les mots en fonction de l’idée qu’ils expriment tout en essayant d’attraper celui qui a la sonorité adaptée à l’unité que je souhaite mettre à un texte. Bien évidemment tout n’est pas raison, l’instinct et la création prennent aussi souvent le pas, mais il est nécessaire d’y mettre un certain discernement logique, car, bien que les lettrés adorent justifier de leurs écrits par les élans intellectuels, nous savons tous que chaque mot, chaque sème et chaque primitive sonore ont un objectif dans l’aspect de la communication. Bien communiquer en évitant de quelconques interprétations est difficile. On rétorque évidemment à ces raisonnements que la perception est différente selon les Hommes. Je réponds : il y a une dissemblance entre le contre sens et la subtilité, enfin je l’espère.
Je continue.
Leurs cris bas me creusent des côtes entre les reins Fosses fâchées de leurs tristes et longs silences Je peine à garder ma tête au dessus des flots Engourdie par leurs lancinantes mélopées
Je note une autre erreur que j’avais omise de stipuler dans un premier temps : la ponctuation. Les pauses lors de la lecture sont à marquer et elles ne le sont pas. A toi de voir si c’est plutôt de la virgule, du point virgule ou autre. Autant dans la première strophe j’en fais abstraction autant dans ces quatre nouveaux vers, cela devient très marquant. Pourquoi ? Parce que ça dessert complètement le sens. Beaucoup ici font exactement les mêmes erreurs. Très honnêtement, je ne comprends pas la métaphore, ni les références. Donc deux options : soit tu forces ton vocabulaire pour l’aspect rimique et rythmique du poème : ce qui induit des incompréhension par la suite, soit je suis très con et fatigué : ce qui est aussi une possibilité. Mais bilan, je ne comprends pas le sens profond. J’ai beau relire les deux premières strophes, je bloque donc j’aurais tendance à prendre la première option. Qu’est-ce qui me fait faire ce choix ? Tout simplement des expressions comme « battre des bras » qui sont des simplismes à côté de gadoues glacées engluées. J’ai évidemment une idée générale du sens mais les images ne parlent pas alors que les sons sont recherchés. C’est à l’image contraire de certains poèmes qui ont le sens métaphorique profond et le son pourri. Ici les reprises sont plutôt bonne. Le son [en] est de retour donc n’a pas été placé là par hasard dans la première strophe. Ouf.
Donc le choix est fait d’inclure ce son. Je reviens donc sur mon analyse de la première strophe et je me dis que c’est alors le positionnement qui n’est pas bon et que l’idée de rajouter du [en] dans le premier vers serait une excellente orientation et un bon choix stylistique. Les sons sont un peu moins marquants que les voyelles de la première strophe mais ils sont bien calculés. Par contre le choix des mots me chiffonne au fil de la lecture. « Fosses fâchées » c’est horriblement mal choisi pour le fond. Subjectivement à mon œil (cette fois, plutôt que mon oreille) laid. Ensuite toujours au niveau du sens, un cri bas qui creuse des côtes… Hum… Je ne vois pas de sens ni de métaphore. Je comprends où tu veux en venir dans le sens, mais ce qui est écrit n’est pas « français ». L’image est un choix que tu fais, mais son expression est très approximative : tu la justifies sans doute par l’aspect sonore. En poésie autant il n’est pas bon de se planter dans les sons, autant il n’est pas bon de se planter dans l’agencement syntaxique et sémantique des mots. Là c’est une erreur.
Tiens par exemple les fossettes se creusent, pommettes et joues oui, mais les côtes ne creusent pas. Demande toi qu’elles sont les mots à garder pour leur son, ceux qui peuvent être jetés, modifiés ou réadaptés de manière à toucher un peu plus l’aspect sémantique de la sensation que tu veux donner. On comprend bien (enfin j’espère) mais c’est très maladroit. Disons que tu te fais ronger le bide !
Mes sourires brisés Contre leurs dents serrées Ils se laissent couler Debout pliés Froissés
[ou] et [é], très bon mariage des deux sons dans cette strophe. Ca se lit presque d’un trait et c’est caressant. Mais regarde bien en détail ces deux formulations de ton texte. Mais toujours cette question qui n'a pas de réponses : qui sont "leur(s)" ? On aimerait le savoir au moins par l'image, ou par le rythme, ou par le son. Mais rien ne nous donne d'indices donc la cohérence globale n'est plus.
Mes sourires brisés Contre leurs dents serrées… Ils se laissent couler, Debout, pliés, Froissés.
Mes sourires brisés Contre leurs dents serrées, Ils se laissent couler Debout, pliés, Froissés.
Regarde bien le positionnement de la ponctuation. Ces deux formulations sont complètement différentes dans le sens et dans l’interprétation des images à transmettre. Par exemple dans le premier, on va prendre juste l’expression « Ils se laissent couler, debout, pliés, froissés » et « Ils se laissent couler debout, pliés, froissés ». Et bien ça n’a pas du tout le même sens, j’espère que tu vois où je veux en venir.
Et moi je suis
La je me suis dit, bigre, y a forcément un truc que t'as raté quelque part. J'ai relu à l'envers, j'ai essayé de mixer les phrases pour voir si c'était bien du domaine de l'erreur ou si j'étais aveugle. Rien nada. Il est donc possible que ma conclusion ne soit évidemment pas la bonne, mais si ta structure est classique (et que tu n'y caches pas autre chose), et bien la critique sera valable, sinon, j'attends des explications, évidemment ! Et non je ne fais pas dans le jeu en poésie non mais, je vais pas me mettre à réfléchir non plus !
En conclusion tu es, comme tout le monde d’ailleurs, comme eux. La principale critique que j’aurais à noter n’est pas sur le son (pour une fois), je trouve que c’est rondement bien étudié et d’une bonne qualité, mais plutôt sur le fond (chose que j’exprime rarement). La ponctuation est ultra manquante et change complètement les optiques de compréhension et les images. Si tu pouvais corriger, cela me permettrait sans doute de critiquer un peu plus en détail la vraie cadence que tu souhaites mettre dans ces quelques vers car honnêtement, c’est assez gênant de ne pas comprendre ce que tu veux dire : d’avoir plusieurs choix dans l’interprétation des images. Changer la ponctuation permettra de faire coller la rime et le rythme. A l’heure actuelle je ne suis pas capable de faire une critique « juste » de la mesure harmonieuse du texte, de ce simple fait. Si je puis me permettre une analogie, c’est un peu comme si dans une partition de musique tu avais des sons excellemment bien choisis mais aucune variation de tempo (et que tu jouais tout le temps sur le même temps). Ca manque cruellement et ça nuit à la cohérence. | |
| | | Cordelia Melicerte
Nombre de messages : 2068 Age : 34 Localisation : Complètement à l'ouest, sous les épines d'un hérisson Date d'inscription : 12/10/2009
Personnages RP Pseudo: Pseudo : Pseudo :
| Sujet: Re: Lente descente Jeu 4 Mar - 15:51 | |
| Merci à vous trois pour ces commentaires fort intéressants. Mais je crains de devoir vous décevoir : je n'ai pas particulièrement travaillé ce poème, il n'y a pas de double sens de lecture possible (enfin, sauf si ça vous amuse, hein Dvb !). Je suis impressionnée par le travail que tu as fait sur mon texte, Tr0n et je crois que tu as presque plus passé de temps dessus que moi =p ! Alors, que veux-dire pour moi ce texte ? Il faut savoir d'abord que je l'avais écrit un peu sous un coup de gueule, d'où le côté assez spontané et au final hautement imparfait. J'avais d'ailleurs hésité à le poster et puis... ma production littéraire étant assez creuse en ce moment, j'ai craqué et j'ai posté. Mais je ne pense sérieusement pas le retravailler : je n'aime pas le faire pour des textes que j'ai juste sortis de mes tripes quand j'en avais besoin. Quant à son sujet, il parle simplement de l'impression que j'avais d'être entourée de personnes désoeuvrées, qui se laissent couler au fond du fond sans essayer de résister à l'inertie de la déprime. Voilà. C'est tout. Merci pour votre lecture attentive, surtout en regard du peu d'importance que j'attache à ses finitions. | |
| | | Tr0n
Nombre de messages : 3306 Age : 44 Date d'inscription : 13/03/2008
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| Sujet: Re: Lente descente Jeu 4 Mar - 16:10 | |
| Et bien l'imperfection est sur le fond, la forme est pour moi, très correcte. | |
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| Sujet: Re: Lente descente | |
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| | | | Lente descente | |
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