Ton imaginaire, que je qualifie volontiers de dense, trouve sa voix dans la plus agréable écriture ; c'est un imaginaire très personnel, mais aussi très puissant : ici, le ciel et la terre se conpénètrent afin de donner naissance à un horizon. Dans le monde de la plume et de la création, on imagine sans mal un géant qui aplatirait, entre ces mains, la terre et le ciel pour les joindre ("le ciel s'enracine" et "la lune se frotte au vitre"). Dans cette semi-fermeture, le vivant achève cette fusion en dégustant le ciel, il le digère : ici la crise et le plaisir de l'existence se résument à une digestion, à une humeur stomacale. La dernière strophe est particulièrement belle : il débute par un inaccompli ("ils mangent") pour logiquement clore par un accompli ("ils ont mangé") : digestion faite, l'infini est contenu.