Ecrire un texte sur le thème "les 7 péchés capitaux".
Dans le petit café, en face du lycée « Les Rochers », une table est réservée. Depuis maintenant deux ans, c’est là que se réunissent les « Demoiselles ». Enfin, c’est le surnom que leur donne Fred, le barman. Il aime les voir venir. Elles sont le rayon de soleil qui éclaire sa journée.
Tous les jours, dès la sortie des cours, elles arrivent ensemble, s’installent et papotent pendant une heure au moins. Leur départ lui évoque une envolée d’oiseaux du paradis, tout en couleur et liberté. Lui a trouvé les vacances fort longues. Elles ne sont pas passées plus de deux ou trois fois.
Aujourd’hui, il espère les revoir, les cours reprennent. Un petit sourire nait sur ses lèvres. Voici les trois premières qui s’approchent. Les deux autres ne devraient plus tarder. Et effectivement, en voilà une qui arrive précipitamment, la dernière, elle arrive tout tranquillement.
« Salut les filles. Alors, cette rentrée, comment ça c’est passé ? » demande Jane en se jetant sur la banquette. « Je vois que je suis la dernière. Notre petit groupe s’est reformé sans problème. Les vacances n’ont pas changé nos habitudes. »
De leurs sacs sortent paquets de bonbons et gâteaux. Car même si elles aiment le sport et mènent une vie saine, aucune ne résiste à l’appel de la gourmandise. Les friandises font partie de leur vie et nul ne pourrait les empêcher d’en profiter car c’est leur péché mignon. Et le fait de grignoter ne les empêche nullement de bavarder.
« Oui, mais cette année, nous ne sommes pas toutes dans la même classe. Dommage ! » dit d’une voix attristée Candy accoudée à la table.
« Bah! Ça nous fera plus d’histoires à se raconter. » répond Solène toujours à voir le bon coté de la vie.
« Bon, alors par quoi on commence, les profs ou les mecs ? » demande Babou.
« Les mecs, bien sûr ! »Répond le chœur des jeunes filles dans un éclat de rire.
Fred s’approche et demande :
« Ce sera quoi pour ces demoiselles ? »
« Comme d’habitude ! » disent-elles d’une même voix.
Jane entame la conversation :
« J’ai Sylvain, dans ma classe cette année, encore ! Et il n’a pas changé. Toujours à la traîne, il a même fait très fort, des chaussettes dépareillées, je lui demande pourquoi. Il m’a dit la flemme de chercher. C’est vraiment un « deux de tension », celui-là. On aurait pu penser que les vacances l’amélioreraient un peu mais non rien à faire. Moins il en fait, moins il a envie d’en faire. »
« C’est vrai qu’il est réellement impressionnant. Et pourtant, s’il faisait un tant soit peu attention à lui, il serait trop craquant. » répond Candy le regard rêveur.
« Le plus mignon, c’est quand même David et en plus c’est le premier de la classe. J’adore son accent du midi. Il est encore plus prononcé lorsqu’il revient de vacances. C’est une publicité vivante pour le sud, ce mec ! » Babou vient de laisser parler son cœur et le rose envahit ses joues.
Ses amies éclatent de rire. « Toujours aussi accrochée notre Babou. »
Fred revient avec la commande, pose les verres sur la table et écoute encore un peu.
« Moi, c’est Ratinou que j’ai dans ma classe. Dire que ses parents lui donne tout l’argent qu’il veut, et lui il le place. Sa dernière trouvaille : il ne mange plus à la cantine, il emmène une pomme et un yaourt de chez lui et garde l’agent de la cantine. Plus radin que lui tu meures. Une avarice pareille ce n’est pas possible.»
« J’adore le nouveau … » Fred s’éloigne et la conversation se perd dans le brouhaha ambiant.
Mais peu de temps après, la curiosité est la plus forte et il revient nettoyer les tables juste à coté du petit groupe.
A ce moment là, s’approche un jeune homme, le play-boy de service, il regarde les filles d’un air concupiscent. Ses mains s’attardent déjà sur les épaules de Jane, il s’apprête à s’installer comme en terrain conquis. Prêt à séduire les cinq à la fois pourrait-on croire. Son regard les déshabille sans façon.
C’est trop pour Mado. Elle se lève, le toise et lui dit :
« Non mais oh! On ne t’a pas invité. Nous sommes tranquilles entre nous. Reprend tes sourires enjôleurs et va-t-en. Tu n’as rien à faire ici. » Le silence s’est brusquement établi dans la salle. Ses paroles claquent comme un coup de fouet. La colère est montée en elle avec force. Le rouge afflue à ses joues. Ses yeux lancent des éclairs. Le jeune homme se retire sans rien ajouter. Il se dirige vers le comptoir où une fille attend, seule. Plus pour très longtemps.
Mado se rassoie car si la fureur s’empare vite d’elle, elle se calme aussi très rapidement.
La discussion reprend doucement.
« Bon alors, qui avez-vous comme prof principal ? Moi, c’est ma prof de physique-chimie, logique vu ma section. Je l’apprécie beaucoup, elle explique très bien. » dit Jane, un léger sourire aux lèvres. Et chacune d’exprimer son opinion sur son professeur principal.
Quelques bonbons plus tard, un homme entre dans le café. Fred le surveille car il s’approche de ses demoiselles. Ils semblent avoir le même âge tous les deux. Mais celui qui vient d’arriver a un port de tête altier. Tout en lui déclare la réussite, son sourire carnassier et son regard dominateur. Son assurance est impressionnante.
Solène se lève et se jette à son cou « Papa ». Son sourire se fait plus doux. La fierté éclate sur le visage du père. Fierté d’avoir réussi sa vie familiale.
Et Fred sent monter en lui une envie de posséder une famille. Il voudrait que cette fille rayonnante soit SA fille. Lui qui a toujours refusé le moindre attachement. Il envie le sourire qui éclaire le visage de cet homme. Soudain, lui aussi désire pouvoir embrasser ses enfants, s’occuper d’eux et les chérir. Peut-être n’est-il pas trop tard !
Perdu dans sa rêverie, il ne voit pas Solène quitter ses amies. Et pourtant, le départ de Solène est le signal. Les oiseaux s’envolent. Le petit café se rendort jusqu’à demain..