Caméléon

Sagace, Sa grâce et Saperlipopette !
C’est dans l’eau des poissons que l’on fait les plus chouettes !

C’est dans l’ombre des yeux qu’on liquéfie les pierres
Qui nous écrasent et nous perdent dans des rondes sans fin.

Mélasse, Mais passe et Pantagruellons !
C’est le ciel en été qui porte les gros grêlons !

C’est sous ses paupières retournées que j’ai croisé l’hiver
Sous un ciel sans étoile qui martelait mes reins.

Jacasse, J’enlace et Tintinabulle!
C’est la terre nourricière où bouillonnent les bulles !

C’est sous son regard baissé, plongé en une nuit amère
Qu’il a laissé le froid le tordre entre ses mains.

Je n'ai strictement rien compris. Enfin on ne juge pas sur son hermétisme un texte introduit par une telle phrase: Camouflages sans queue ni tête Ceci dit, l'envie me taraude de pouvoir déclamer ces vers ivre mort devant les yeux éberlués d'un parterre d'amis. Même l'interprétation devient ardue. J'ai éventuellement l'image d'une rivière dans laquelle on jette des pierres...Après les contes africains, les chants de saltimbanques? Il y a du rythme dans ces vers, de l'esbroufe même.

Je tente désespérément une interprétation probablement fumeuse.
On note dans le poème l'apparition de toutes les saisons: l'hiver et l'été sont textuellement évoqués, le printemps est allégoriquement assimilable à ce vers : C’est la terre nourricière où bouillonnent les bulles !. Pour l'automne, c'est plus difficile, mais on pourrait s'amuser à le décrire par ce vers: C’est le ciel en été qui porte les gros grêlons !. L'automne serait en effet un reste d'été qui porte - mais ne les déverse pas encore - les grêlons de l'hiver.

Par conséquent et toutes considérations fumistes et métaphysiques prises en considération, peut-être que le "Caméléon" dont tu nous parles, ce serait la Nature, qui changerait donc de couleur de peau au gré des saisons.
La parole à l'artiste.

Tu veux donc que je te raconte ce qui se trame sous roche ?

C'est un poème à deux tons, deux voix.
Chaque voix est portée par deux vers.

L'une est ritournelle sans queue, ni tête a priori. Elle cherche juste à attirer l'attention sur elle pour que la deuxième voix, plus grave, soit assourdie.

Tu t'es laissé prendre par ce chant attirant qui ne veut que dévier les pensées profondes qui gênent à vivre.

C'est ainsi que je camoufle mes douleurs, par des chansons intérieures qui s'égrainent de jolis mots et de sons qui ricochent. Mais si tu regardes bien, tous les deux vers tu liras la voix sourde qui racle.

Je ne suis pas un fou furieux de la préface, d'autant qu'elle gâche parfois la surprise. Ni même de la postface, souvent lourde et accessoire. Mais en l'occurrence, ton nota bene a donné un goût pas possible à ton poème.


Je ne citerai donc ni Cocteau, ni Racine...mais Egorann:

j'a-do-re!

J'ai été attiré par le titre, agrippé par le texte et agréablement surpris par ma lecture!

Un poème qui glisse sur la langue comme un glaçon acidulé.

Très agréable!

Volodia (que je vois pour la première fois) n'a rien compris et n'a pas compris qu'il ne fallait rien comprendre en faisant le noble effort d'accrocher un sens à ce jolie collier de lubie, fait d'éclat de rire et d'éclat de lumière, que nous offre Cass. Moi non plus je n'ai rien compris.

J'ai oublié le monde et je me suis oublié, comme un ballon de baudruche qu'un enfant lâche, et mon esprit s'est cogné mots contre mots pour s'effacer lentement au gré du vent, s'effacer du monde, de tout sens, de tout point de référence.

Il est bon de s'oublier dans la lecture d'un texte qui ne parle ni de soi, ni de nous, ni des autres, ni de rien. Et je crois que j'en avais besoin, on peut dire que ton texte tombe à pic, comme on dit.

Citation :

Volodia (que je vois pour la première fois)

Quelque chose me dit que si c'était vrai, tu ne t'amuserais pas à le préciser...Mais j'ai sans doute tort! Haha! Quel parano je fais, non mais je te jure...

Tu as raison, il ne fallait pas essayer de "comprendre", ou plutôt de s'acharner à interpréter. D'où mon ton désabusé lorsque je parlais de mes analyses (cf. Je tente désespérément une interprétation probablement fumeuse). Et d'où le "J'adore" du second poste, concession montrant qu'en effet, je m'étais gouré, mais que malgré tout j'adorais le texte...mieux, je préfère encore le texte une fois bien persuadé de m'être planté!


Pour revenir sur le texte de Cassi', j'aimerai justeee savoir ( si elle est disponible) quelle période de vie, sensation ou image elle avait en tête au moment d'écrire ce poème?

Cassi, je te l'avais déjà dit, je crois, quand tu m'avais fait lire ce texte : je le trouve magnifique et... bah... plein de sens, en fait. Il est magique, ton poème.

Si je ne devais relever qu'un aspect que j'aime tout particulièrement, c'est l'apparente absence de rime pour les parties graves. Le "in" et le "ère" se fracassent l'un contre l'autre dans une dissonnance glacée. Et pourtant, la mélodie est là, sous-jacente, qui revient toutes les deux strophes : lil y a rime, en fait... juste un peu cachée. Je trouve cette construction splendide.

Crois-le ou non, je l'avais bien sûr compris et ce qui semblait être une petite attaque n'était finalement qu'une accroche à mon commentaire. A bon entendeur !

C'est la première fois que je te croise dans le forum.

*Par MP Cette discussion ne concerne plus le texte de Cassiopée à proprement parler. *


N.B: Quand je dis qu'il ne faut pas "comprendre", je ne veux surtout pas insinuer que le poème n'a pas de sens! Simplement que les interprétations dans le genre de celles que j'ai tenté sont plus qu'improbables et qu'au final, la réponse de Cassiopée est infiniment suffisante pour comprendre le texte.

Ceci dit je me demande parfois s'il faut préférer un flou artistique à une post-face salutaire. La question reste ouverte.

Voilà un texte pour le moins original, et vraiment mélodieux.

Cette petite musique d'abord, une strophe sur deux, avec ces effets d'allitérations et ces néologismes délicieux qui fondent comme des bonbons en bouche, j'aime beaucoup.

Et l'alternance avec ces passages beaucoup plus rudes, qui eux racontent une histoire, une histoire triste, qui renverra chacun à ses propres ombres, et que viennent interrompre ces petits comptines, un peu comme des formules magiques, comme pour exorciser l'amer sous-jacent.

Je déplore seulement - o, presque rien- quelques ruptures de rythme qui nuisent un tout petit peu à ma fluidité de lecture. Autant l'alternance entre les décasyllabes et les alexandrins à l'oreille des strophes 1, 3 et 5 est agréable, autant je trouve un peu dommage le nombre aléatoire de syllabes aux vers 4, 7 et 11. Personnellement, je pense que j'aurais encore plus aimé que tu essaies de garder la scansion en 12 syllabes. Mais c'est vraiment pas grand chose, parce qu'on est emporté tout de même par ces vers, et qu'on y sent une spontanéité vraiment rafraîchissante, c'est le plus important !

Merci.

Merci pour ces jolis compliments.

Je suis consciente de l'irrégularité de mes vers. Mais, j'ai beau lire et relire les cours que nous ont donnés Chikoun et Irrumo sur la poésie et le comptage des pieds, je rechigne à les compter quand j'écris.
J'avoue que cette poésie n'a été composée qu'à l'oreille et sans doute mon oreille n'est-elle pas suffisamment musicale.
Je prends note de tout ce qui a été dit cependant.

Je ne suis pas vraiment pour proposer une interprétation du poème avant même sa lecture, en prologue, ou même en son prolongement direct.

Je trouve que ceci gêne à la lecture que peut s'en faire le lecteur par lui-même. Qui sait ? Et s'il avait envie de le lire autrement et qu'il lui soit alors bien plus parlant ? Mon texte aurait peut-être perdu son sens initial, mais pour en gagner un autre. C'est aussi bien et l'enrichit encore.