La digue - Rencontre [RP concerté]

Magel aimait contempler la mer, écouter son ressac continuel et rassurant, sentir la douce brise du large caresser son visage marqué par les intempéries et les combats et respirer l'odeur salée que le vent du large lui apportait, ces sensations simples l'aidait à se calmer, à apaiser la frénésie qui couvait en lui, cette envie de se battre, de parcourir le monde à la recherche d'une juste cause à défendre, cette impulsion sournoise qu'il gardait sans cesse sous contrôle. Assis en tailleur face à la mer, les yeux fermés, son marteau de guerre sur les genoux et un mince sourire sublimant son visage, il se sentait bien.

Cette instant de sérénité aurait pu durer des heures, au moins jusqu'à la tombée du jour, heure à laquelle il rentrait habituellement à son auberge boire un verre et profiter des distractions nocturnes d'Atalantë, mais il sentit soudain une présence s'approcher discrètement derrière lui, comme une ombre fugace...

Attendant patiemment que la présence se précise, il posa une main sur son marteau, près au combat.

Un endroit inconnu une fois de plus. L'air marin inspire parfois des réminiscences que l'on préférerait oublier. Des choses lointaines venues d'un autre monde. Et si c'était le cas. Le remous des vagues apaisait les âmes meurtries des voyageurs égarés. Du moins c'est ce que l'on disait. Et c'est pour cette raison qu'elle était ici. Dans le secret espoir de se voir privé de ses démons. De ces souvenirs pour lesquels on saurait se damner. Pour ne plus jamais se le rappeler.

Le regard émeraude perdu sous son maquillage sombre se faisait insistant. La mer était à peine visible de là où elle se trouvait. Alors d'un pas assuré, le corps sortit de l'ombre pour se rapprocher de l'étendue iodée. Le soleil reflétait des flammes d'une lueur intense retombant sur de frêles épaules nues. C'est alors que quelque chose entra dans son champ de vision. Une masse sombre assise sur une pierre de la digue.

La tigresse se mit à bondir dans sa direction en sortant son arme et pointant le canon vers l'homme qui ne demandait rien.

Damoclès, espèce d'ordure ! C'est ici que tu te cachais ?!

Le tenant en joue, la demoiselle semblait excédée comme si elle venait de subir le pire des affronts.

Au son d'un corps qui s'élance, mélange de frottement d'étoffes et de crissement de sable, il ouvrit les yeux et bondit prestement sur ses pieds faisant face à la nouvelle venue, son marteau de guerre en position défensive.

Damoclès, espèce d'ordure ! C'est ici que tu te cachais ?!

Pris au dépourvu par cette réplique dénuée de sens, Magel inspecta d'un bref coup d'œil la nouvelle venue avant de plonger son regard d'acier qui venait de se dénuer de sa teinte mélancolique pour s'embraser d'une fureur guerrière.

Damoclès? Non, je suis Magel, fils d'Aquilos. Qui es-tu pour venir me déranger ainsi avec des intentions belliqueuses? Si tu cherches la bagarre, je suis ton homme.

Se mettant en garde, Magel attendit une réaction de la jeune femme toute de noir vêtue.

Maintenant cela semblait évidant. Ce n'était pas Damoclès, mais un parfait inconnu. Doucement, l'arme se baissa vers le sol. La fureur dans ses yeux s'apaisa. Mais quelle idiote. Il n'y avait pas matière à confondre pourtant. Un sourire mélancolique se dessina sur le visage de la dite tigresse. Il fallait vraiment être profondément désespéré pour les confondre à ce point.

Pardon, vous n'êtes pas Damoclès... C'est pourtant évidant. Silence. C'est le crâne rasé et...et le contre jour.

Il avait dit son nom, celui-ci raisonna doucement dans son esprit comme le glas de la déception. De toute façon, la ressemblance était très lointaine. Ce n'était visiblement pas encore pour aujourd'hui... Peut-être courrait-elle vraiment derrière un fantôme. C'était de sa faute de toute manière. Rien que de sa faute. Les sourcils fronçaient, la jeune rouquine commençait à rebrousser chemin.

Je ne vous dérange plus Magel. Je ferais plus attention la prochaine fois.

Puis elle se détourna complétement prête à partir.

Le brusque revirement de la jeune inconnue doucha la fureur de Magel, s'il était prompt à la colère, il savait aussi la faire taire si le besoin d'en faisait sentir. Il ne sentait plus menacé par l'inconnue au regard mélancolique. La voyant s'éloigner, il abaissa son arme, la laissant retomber lentement contre la pierre sur laquelle il était juché. Posant ses mains sur son pommeau, il dit :

Attends ! Ne pars pas. Je t'ai donné mon nom, Puis-je connaître le tien?

» La Digue de St Adobe [zone publique]