[Premier exercice] Prose vs Poésie

Oyez oyez, braves gens de Ter Aelis !

La Belle Académie lance son premier exercice commun. Tous ceux qui le souhaitent sont invités à y participer !

La consigne est la suivante :

Vous avez deux textes : une prose et un poème. Vous devez choisir l'un des deux et le réécrire.

Le poème est le suivant. La réécriture devra le transformer en texte en prose, c'est-à-dire en faire un récit tout ce qu'il y a de plus classique, sans particulièrement faire attention à la versification ou aux sonorités.

Green Partizan a écrit:: Un pot de plomb dit à un pot de pierre
Comment veux-tu me plaire ? tu ne tiens pas d'aplomb !
Le pot de pierre réplique : et toi le pot de plomb !
Potelé pas à pas, tu ne tiens pas à plat !
Il te faut une pierre pour caler ton pied !
Tu n'as pas de pot, d'avoir la peau si dure
Pour un pot-au-feu, on posera ton popotin,
Au dessus du feu, pour un bon potage !
Peuh ! dit son prochain, pèse un peu tes paroles,
Il n'y a pas plus pompeux, que de tels propos.
Mets toi du plomb dans la poire, si tu prétends pouvoir
Me jeter des pierres, alors fait ta prière.
Car pour bosseler ma belle peau de plomb,
Il te faudra penser à posséder un tromblon !

Le texte en prose est le suivant. Il s'agit là de le réécrire afin d'en faire un poème. L'attention devra en particulier se porter sur le rythme et les agencements des sons.

Cotin L. Nerae a écrit:: L'aube pointe.
La place est baignée de la lumière aux doigts de rose, mais toujours noire. De monde.
Un peuple hétéroclite, qui braille et boucante à qui mieux mieux. Les uns sont venus du bout du monde, les autres du coin de la rue.
Certains ont festoyé depuis le crépuscule, d'autres apparaissent avec le soleil, d'autres encore n'ont eu d'autre choix que de suivre la multitude croissante.
L'astre du jour entame lentement son ascension. Certains sont restés bloqués dans les artères voisines, d'autres se sont approprié les bâtiments pour jouir d'un meilleur angle de vue.
Ici, un grand magasin aux vitres méthodiquement détruites sert de perchoir à une petite centaine d'observateurs.
Là, toits et balcons d'un grand hôtel offrent une vue imprenable dont profitent bon nombre de curieux.
Et sans cesse, des gens de toutes origines se pressent, semblant arriver par légions, formant déjà une masse incommensurable, mille fois plus imposante que les plus terribles des armées.

De jeunes volontaires arpentent hardiment les environs, portant de larges corbeilles.
A leur vue, chacun dépose quelques billets. En couleur et quantité variées, mais chacun y va de sa contribution. Lorsque leur réceptacle est plein, ces courageux questeurs se ruent vers le centre de la place, et déversent le précieux contenu dans une gigantesque coffre de bois reposant sur une large estrade.
Se relayant, ils œuvrent ainsi tout au long de la matinée. Midi approche, et la tension monte, lentement mais sûrement.

Le soleil arrive au zénith.
Comme mus par quelque instinct grégaire, tous se tournent vers le coffre. Les plus folles rumeurs courent quant à son contenu. Les uns parlent de milliards, les autres de nombres de plus en plus démentiels.
L'on asperge alors le coffre d'un sombre liquide.
Certains dans l'assistance écarquillent les yeux, quelques autres jubilent, la majorité ne peut ou ne veut comprendre.
Quelqu'un lance un flambeau improvisé. Il est imité par d'autres.

Le feu prend rapidement, et s'élève jusqu'aux cieux.
Dans la foule, qui semble plus nombreuse que jamais, tous observent, sans mot dire. Le brouhaha généralisé fit place à un silence de mort, qui n'est plus brisé que par un écœurant bruit de combustion.

Une nouvelle ère peut commencer.

Merci à Green Partizan et Cotin L. Nerae pour le prêt de leurs textes.

Vos travaux devront être postés à la suite de ce message, ou remis à l'un des deux Mentors de l'Académie (Dvb ou moi-même) et ce avant la fin du mois de Juin.

Aelisséens, bon courage ! Heureux Orange

Bion... j'me lance, alors... Pas grand monde pour un exercice commun...

Citation :: Il était, en des temps fort anciens, et lorsqu'encore il pouvait en exister de prospère, un potier, dont le talent était si grand que sa renommée s'étendait bien au delà de sa natale région. Il était si doué que véritablement l'argile, mais également toute matière car il était excellent artisan, prenait vie entre ses mains habiles.
Mais, comme chacun le sait, pareille bénédiction s'accompagne d'un fardeau.
Les grands chefs sont solitaires, les poètes maudits, et les sages aveugles.
Notre potier, lui, était accablé d'une bien particulière hantise : le désir immodéré de créer un pot parfait, qui serait l'aboutissement de tous ses efforts, son chef-d'œuvre, en quelque sorte, qui en ferait à jamais le patron de tous ceux de sa profession.

Bien souvent, l'on venait à son atelier, que l'on soit désireux d'apprendre son art ou de lui confier quelque nouveau travail, ou encore tout simplement curieux.
Si en général le maître d'œuvre vous accordait un regard, voire quelques paroles, jamais il ne cessait de s'activer, peinant sans relâche à l'accomplissement de son rêve.
Et il travaillait, ses mains modelant toutes les matières, de la plus humble à la plus noble, créant mille merveilles, de sophistication comme de simplicité, défiant parfois même la Nature et ses lois, repoussant toujours plus loin les limites de la beauté et de l'élégance.
Mais, impitoyablement, il éliminait ou vendait à vil prix toutes celles de ses filles qui ne lui plaisaient guère, ou tout simplement qui étaient trop éloignées de la perfection qu'il recherchait.
Vieillissant, et n'ayant malgré les années jamais réalisé son grand dessein, il se montrait de plus en plus cruel, et sa promptitude à sommairement exécuter le fruit de son travail devenait de plus en plus inhumaine, à tel point que nombreux furent ceux qui s'en inquiétèrent.

Lorsqu'un matin de printemps, on découvrit que le vieillard avait rendu l'âme, son corps sans vie semblait reposer depuis une éternité devant une table sommaire, autel sur lequel il avait sacrifié toute sa vie.
Sur celle-ci trônaient, comme s'ils narguaient leur créateur, deux pots, d'une superbe qu'auraient enviée les plus grands empereurs.
L'un était en pierre, de ces roches éternelles aussi anciennes que les cieux.
L'autre, en plomb, lourd et redoutable.
Nul au monde n'eut le courage de faire ce à quoi le potier agonisant avait échoué : départager les deux œuvres.
Les partisans du Pot de Pierre et ceux du Pot de Plomb s'affrontèrent dans d'endiablées joutes verbales, si bien qu'un vert poète composa à leur propos quelques vers, restés aujourd'hui célèbres, contant leur légendaire opposition...

Vous avez encore jusqu'à fin juillet. Passé ce délais, on changera d'exercice, vu que celui-ci a pas l'air de vous motiver.

Et c'est ainsi que par mille diableries il me sera arriver de rendre un devoir à l'heure, un poème, c'est peut-être pour ça.

Citation :: L’aube pointe.
Bouscule.
Sur les boueux l’on ne presse plus de désirs mais on pressure leur avoir
Sans être
Ils sont tous venus voir
L’événement de leur vie encore une fois dehors
De leur vie
Ils ont laissé leur connexion, leur écran et leurs contacts pour sortir
Et se rencontrent
Malaxe dangereuse de la pourriture entassée
En plein cœur de la masse la chaleur monte
Les cristaux segmentés des cœurs fondent
Mais qu’importe qu’un inconnu nous accoude si l’on accepte la fin de l’idée noire
De l’idée contrôleuse
De l’idée morale :
Qu’importe un inconnu si l’on ne connaît pas
Soi.

Les doigts les narines, tout se presse de lui-même sur les vitres, les cages les entonnoirs à vie
Il ne reste rien des questions fatidiques qui ordonnent nos vies
Il est l’heure du miam et du 20 heures, de la pipe ou du message qu’on soit, ou non,
Chanceux
Tout cela sans faim, ou par extraordinaire, hasard louable prêté pour une soirée.

Tous s’observent et s’étonnent. Il est parmi eux, le voisin du dessous qui bat sa femme, le postier
qui se venge des chiens, l’homme imperméable, oreillette au café.
Ils sont tous quelque chose et ne comprennent quoi.
Il n’y a plus de banderole pour résumer cela
Plus de classe désormais, le tout a infusé.
Il ne reste qu’eux, masse, à eux de décider.

Comment sont-ils venus là ? C’est-on lassé ?
Y sont-ils allés ?
Que savoir si ce n’est la lente processions de l’avoir qui se perd et s’entasse
Bientôt le totem prend sa forme sa forme véritable.
L’on crucifie l’avoir, on l’excise.
On se le décolle de la peau
L’arrache de nos ongles moites de nos sueurs
Froides, si froides.
Le tout s’hérisse d’un vent de conscience
Mais l’on s’active alors, l’on s’active.
On ne fait que poursuivre, on approche un flambeau.
Lequel y mettra feu ?
Sûrement pas un héros
Puisque le héros repassera plus tard, depuis déjà longtemps.

Feu feu feu
Dans les veines et sur les chairs
Dans chacune de nos membranes cellulaires
Feu
Certains craignent déjà et digicodent leur cœur.
Flamme contre glace.
Une nouvelle ère ne commencent pas.
Tout cela sans fin, ou par extraordinaire, hasard louable prêté pour une soirée.

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