Fragments d'Etude sur le Néant

Ces documents, souvent très anciens et difficilement accessibles, regroupent ce qui reste d'études scientifiques et théologiques par divers chercheurs ayant appartenu ou non aux Empires des Mondes oubliés et par extension, a tous ceux qui se sont intéressés de près ou de loin au phénomène appelé Néant. Elles ne se targuent pas d'être complète ou d'apporter une réponse aux questions nombreuses qui ont été soulevés par les siècles mais représente quelque part l'héritage de la Confrérie et de ses membres, une parcelle de reflexion dans un monde d'inconnu, une orientation sur laquelle se sont appuyés les Princes du Sang pour gouverner et régenter l'Ordre.

L'étude sera peu a peu étoffée par les nouvelles découvertes et ou interprétations du Mondes Moderne.

**

Extrait du Traité II : Des Agents du réel au Dieu

[...]

Entendre le chant du Néant dans l’âme comme on se laisse entendre nos rêves. De nos origines le temps n’est qu’une inclinaison probable, un phénomène muable et indistinct. Souviens toi de ces premiers pas dans le Néant : il n’y avait rien sinon l’immobilité véloce. C’est elle qui te conduit au fond des trames pour te voir réapparaître dans le creux du réel.

Tout être sent en lui ce besoin de Mouvement, cette volonté harmonique de se définir au travers d’une causalité tissée de probabilités. Nous sommes chacun le nœud d’une controverse existentielle. Et par notre nœud nous exprimons, voire nous réalisons cette fonction d’agent du réel. L’Agent du réel réalise les probabilités majeures d’une harmonie, elle-même dans le courant du Mouvement. Et de cette réalisation se forme le Monde vivant.

Ou sont les Dieux alors ? D’aucuns diraient qu’ils sont a l’origine sans chercher a définir ce qu’est cette origine et comment sont-ils lié à l’humain, a ces agents du réel que nous sommes chacun et qui dessinons l’Histoire de l’homme. Plus véritablement et si l’on s’appuie sur les Travaux du CRSS* avant l’effondrement de leur Empire il y a quelque millénaires avant notre propre ère, l’on peut retenir deux choses : un Dieu est une entité supérieure dans la fonction et semble-t-il de créer ces agents du réel. En somme il est notre géniteur, il élabore le lien entre le réel et l’harmonie, entre l’hypothèse et la réalisation de cette hypothèse. S’il en est le Passeur, il en est aussi l’indicateur. Chaque Dieu élabore sa propre civilisation selon ses codes La seconde est que ce Dieu est issu, si tant est qu’un Dieu peut bénéficier d’une origine, du réel lui-même, que dans un temps particulier il transcende ce réel pour s’en extraire et le déformer pour mieux le recréer. La question du CRSS était alors : de quelle manière un agent du réel peu-il se transformer en Passeur, ou pour dire clairement en Dieu ? Leur réponse : lors d’un changement de phase du Cycle.

Immédiatement on ne comprend pas la réponse si l’on ignore ce qu’est pour eux un Cycle. Dans le Mouvement qui est origine du Monde, la seule valeur du Temps est qu’il entraîne des cycles visibles, d’autres nommeraient cela des phases du Réel Universel – le réel universel étant la réalité déduite de l’ensemble des réalités comprises dans un Univers, le nôtre. Le Temps est cette harmonie majeure qui définit l’Histoire en tant que courant diachronique dont, à l’échelle de l’univers, les transitions des cycles sont les faits qui permettent de les distinguer les uns aux autres. Dans un seul cycle, nous remarquons la présence au biais de preuves écrites ou de mémoire de vivant de Dieux particuliers, ayant été à l’origine de civilisations particulières. Ce cycle se traduit par une progression de ladite civilisation puis d’un déclin significatif entraînant l’extinction partielle ou complète de cette civilisation. De ce que nous en savons les transitions se révèlent être très souvent des guerres majeures, ou la destruction d’une ou plusieurs civilisations par une ou plusieurs autres civilisations. Il est très rare qu’une civilisation s’éteigne par elle-même sans le concours de forces extérieures. Qu’est ce qu’un changement de phase concrètement alors ? C’est très souvent le résultat d’un conflit d’idéologie et si l’on revient à notre sujet et pour parler de manière plus générale un conflit d’harmonies, de passeurs, et d’agents du réel.

[...]

***

Extrait du Traité II: Des Harmonies aux Agents

Et l’instant creuse dans l’éternité un couloir long comme une seconde.

Une harmonie élabore dans son mouvement un tissu de probabilités que nos confrères ont appelé un jour le Vecteur prophétique. C’est ce même vecteur qui contient l’ensemble des probabilités d’une harmonie, classée sous deux catégories : les majeures et les mineures. Les probabilités majeures supposent un système de réalité progressif que l’on nomme Vision Prophétique. A partir de ce système, la réalité, c'est-à-dire le plan physique de notre univers, interprète le système afin de créer la Réalité. Le Réel réalise donc les probabilités exprimées par l’harmonie directrice en tant qu’elles proposent une vision ordonnée de la réalité qui lui est liée. Ce qui nous permet alors de dire que le Vecteur Prophétique ne crée pas, il ne fait que supposer un système, et que c’est la réalité elle-même par les biais des Agents du Réel qui fondent notre Univers tel que nous le percevons.
Que sont ces Agents du réel ? Ils sont la conscience collective de la Réalité. Ils apportent dans la réalité une signification du plan physique, voire même le modifient. Avoir conscience du réel c’est l’inscrire dans un contexte historique et temporel. Certains théoriciens disaient que la conscience collective, le Vivant tel qu’on l’appelle parfois aussi, élabore au sein même du réel une harmonie, un vecteur prophétique qu’on appelle l’Histoire, et que c’est cette création qui vient toucher aux Vecteurs Prophétiques cosmiques * et faire de la Conscience Collective l’incarnation d’une intrusion dans ces vecteurs sous la forme du choix. Ce choix serait en mesure d’affecter les probabilités et par ce biais d’intervenir brusquement dans les harmonies elles même, à la façon des Passeurs.

Bout d'pensée

Avoir conscience d’un univers et le créer en même temps.
La réalité se forme au-dedans de l’agent, mu par les harmonies ; l’homme conçoit cette réalité simultanément au processus de création.
Dans un rêve, nous créons et vivons dans un même temps.
Au sein du paradigme établi tantôt agit une procédure semblable : notre réalité n’est pas une constante affichée , ce n’est pas un écran, un portrait ; elle éprouve le sens du mot réel dans le même temps qu’elle l’écrit.
Ce que je perçois du réel est en formation.
Et si, humain, je peux parfois distinguer dans ce modèle un monde bipolaire simultané c’est qu’il n’y a pas que cela.

» Fragments " femme mortelle"