[Unique]Eclipse Lunaire

Lettre officielle du Primat De Vaanne, responsable de la Commanderie des Enfants de l’Unique en Ter Aelis, au Saint Synode des Ministres du Culte de l’Unique, datée du 25ème jour du mois de Récoltes de la 178ème année de la Reconquête.

Vos Seigneuries,

J’espère que cette missive vous trouvera toutes bien portantes et aussi dévouées à l’Unique, aussi bien dans les mots que dans les actes, qu’au moment de mon départ vers Ter Aelis. Qu’elles soient assurées qu’il en est de même pour moi, ainsi que pour tous mes subordonnés.

Que Vos Seigneuries soient informés qu’en complément de cette lettre sont adjoints différents rapports exhaustifs concernant aussi bien ma Commanderie que la politique générale de Ter Aelis et les diverses opérations que nous avons été contraints de mener.

Sur ce point, précisément, qu’il me soit permis d’élever un commentaire sur la décision de m’envoyer, avec les subordonnés que vous savez, évangéliser, fût-ce à la pointe de l’épée, la populace de cette terre oublieuse de l’Unique. En effet, il semblerait que les rapports de nos espions envoyés au préalable aient été dramatiquement sous-évalués et il m’est impossible de maintenir, si je veux garder une Commanderie en état de défendre la cathédrale de Belthil, le niveau de prosélytisme et de répression auquel sont arrivées nos glorieuses troupes engagées dans les combats de Talhaab.

En vérité, les habitants de Ter Aelis sont particulièrement bénis de leurs dieux impies et les pouvoirs magiques équivalents à ceux d’un mage de combat ne sont pas rares. Par ailleurs, les plus puissantes de leurs individualités sont, selon leurs Sagas, capables en un souffle de briser les murailles et d’éteindre les soleils. Pour grossièrement enjolivées que soient ces œuvres (et indépendamment de leurs qualités littéraires indéniables), elles ne font pas moins état d’une vérité sous-jacente : notre Commanderie n’est pas en état de déclarer une guerre à outrance et se voit dans l’obligation de louvoyer jusqu’à atteindre, plus tard peut-être, une puissance suffisante pour montrer et assumer ses véritables objectifs.

Certaines de Vos Seigneuries pourront s’exclamer qu’il y a là matière suffisante à porter une accusation de trahison. Il est cependant des cas où le pur doit souffrir la présence de l’impur si cela sert ses objectifs et l’expansion de la parole de l’Unique à toute l’Humanité. J’estime donc ne pas avoir outrepassé ma sainte mission et sollicite de votre part, pour moi et tous mes hommes, une indulgence pour nos actes passés (plus d’informations dans le rapport étiqueté 49-3).

J’en viens au vif du sujet de ma lettre : vous verrez plus en détails au rapport 49-16 qu’une nommée Grendelor a mis au monde, voilà peu de mois, un enfant de sexe masculin. Que Vos Seigneuries soient rassurées, cette annonce n’est en aucun cas un faire part de naissance doublé d’une demande d’allocations ou le début d’un compte rendu exhaustif aussi bien qu’inintéressant sur la natalité aelisséenne. Cet enfant est digne d’être ici cité car il possède plusieurs traits caractéristiques : il est allanthrope, il est surpuissant, il grandit à une vitesse démoniaque (plusieurs années par mois) et, surtout, on lui cherche des précepteurs.

Je suis certain que Vos Seigneuries comprendront l’aubaine qui s’offre à nous : se voir offrir un poste de précepteur pour un enfant d’une puissance inimaginable, et donc encore malléable, me permettrait de lui inculquer sinon la foi l’Unique, du moins une neutralité bienveillante envers nous, et me permettrait de combattre la vile propagande que l’on chercherait à lui inculquer. Je signale par ailleurs ce poste m’a été proposé par le Ministre Cyn, porté disparu depuis plusieurs années et que j’ai trouvé bien portant et physiquement inchangé malgré les années. J’exhorte Vos Seigneuries à me faire connaître leur position sur ce problème dans les plus brefs délais.

Toute chose n’arrivant pas sans contreparties, les gardiens de l’Enfant, regroupés sous le nom de Confrérie du Sang (rapport 49-1, menace majeure), ont exigé pour que je puisse mener mon rôle de précepteur à bien, une aide militaire dans une guerre qui va les opposer à une autre confrérie d’impies, l’Effronterie Lunaire.

Vos Seigneuries le comprendront sans peine, je me suis engagé à les aider sous réserve de votre acceptation. C’est, à mon humble avis, une chance à ne pas rater car rayer un opposant de la carte par une action concertée est une opportunité qui ne se représentera pas. Par ailleurs, nous pouvons faire en sorte de limiter les acquis du Sang durant cette guerre.

Je me permets donc de demander respectueusement à Vos Seigneuries de dérouter, le plus rapidement possible, une force de frappe versatile et non négligeable (à dire le vrai, une armée complète), composée d’un nombre important de mages de guerre, qui devra, par-dessus tout, débarquer à l’écart de Galvorn, siège des Lunaires, et rejoindre mes propres forces à Belthil.

Je requiers, par ailleurs, en tant qu’officier général en Ter Aelis et relatif spécialiste de cette contrée, un blanc seing de commandement me donnant toute autorité sur les commandants des troupes qui seront envoyées.

Outre cette aide armée, ponctuelle si l’on peut dire, je requiers également l’adjonction à mes forces d’un contingent supplémentaire de Frères jurés, m’offrant ainsi escorte et moyens d’action beaucoup plus importants lorsque les poussières de la guerre seront retombées.

Enfin, je me permets de porter à l’attention de Vos Seigneuries l’état inquiétant des caisses de ma Commanderie, dû notamment au doublement quasi instantané de la fortune des fermiers de la région de Belthil et au remplissage (et vidage) corrélatif des cuisines de la cathédrale. Ce point est, et je suis au regret de l’annoncer tel quel, mon plus grand souci car je ne sais combien de temps mes nerfs seront encore en mesure de faire face aux agissements du Répurgateur Exodus. J’ai bien conscience que tout homme doit porter une croix, mais il est de notoriété publique que la patience n’a jamais été ma vertu cardinale et Exodus a, même en se taisant, une certaine tendance, voire une tendance certaine, à effilocher la mienne comme un mauvais travail de couture.

Au vu des évènements récents, semblant préfigurer d’autres à venir, et au vu des distances qui me séparent de Vos Seigneuries et qui m’empêchent de présenter mes rapports aussi souvent que je le souhaiterais, je sollicite de Vos Seigneuries l’accord à ma personne des pleins pouvoirs pour mener Ter Aelis dans le giron de l’Unique, cela accompagné d’une indulgence de durée et d’application indéterminée.

Dans le cas contraire, je me verrais contraint d’appliquer le Credo avec la plus extrême rigueur, ce qui conduirait à attirer sur ma Commanderie l’attention d’un trop grand nombre de personnes et conduirait, je le crains, à sa destruction inéluctable à plus ou moins long terme.

Dans l’attente de votre réponse, j’assure Vos Seigneuries que je reste,

De Vaanne

Votre fidèle Serviteur.

Pièce 17-2 de la missive du Primat De Vaanne aux ministres du culte. A transférer au siège des quatre Primor-Archivistes.

Chers Grands-Maîtres,

sachez que la mission que vous m'avez confiée visant à accompagner les Enfants en terre païenne connait moult nouveaux rebondissements. Ne prêtez pas l'oreille aux rumeurs calomnieuses qui voudraient que je passe mon temps à créer des inventions sans queue ni tête émettant des bruits agaçants : je travaille jour et nuit à des sujets extrêmement sérieux.

Tout d'abord, concernant le cas Exodus. Sachez que j'expérimente peu à peu différentes expériences sur cette étrange manifestation de gloutonnerie sacrée. C'est un personnage psychologiquement fort sympathique bien que très stressant pour l'autorité hiérarchique officielle en place.
Il m'a invité à mener des recherches prochaines sur le gingembre sanctifié. Une aubaine pour moi que de pouvoir examiner ses capacités intellectuelles et culinaires. Je l'observe également avec régularité sur le champ de bataille. Ses capacités martiales et manifestations pyromantiques innées sont impressionnantes. Les autres Enfants seront eux-aussi étudiés plus tard.

J'ai également veillé à rassembler le plus d'archives possibles et d'éléments sur les entités démoniaques ou diaboliques de Ter Aelis. Mon travail d'observation et de compilation n'en finit pas. Chacune possède un passé complexe et riche et dépend directement de l'existence de dix autres créatures impies. Les manifestations ésotériques et/ou hérétiques pullulent ici.
Le Primat a demandé à nos supérieurs, ministres du culte, l'envoi d'une flotte et d'une armée pour réprimer la menace qu'incarnent certaines confréries sur le continent de Ter Aelis. Je vous demande également d'exaucer et d'appuyer au mieux les demandes que je fais suivre, et loue votre grande et très sainte mansuétude :

- L'envoi de deux ou trois archivistes supérieurs, et d'une poignée d'apprentis pour m'assister dans mes recherches et expériences. Je dois à la fois compiler de nombreuses informations et poursuivre des tâches d'inventeur et d'ingénieur. Une équipe qualifiée plus large sera salvatrice pour le culte.
- Plusieurs laboratoires de rechange et de nombreux ingrédients (voir Liste 17-3) ainsi que des outils de forge (voir Listes 17-4 à 17-7).
- Un des très grands et vénérés "Biblius Architectus Ingénieri". Je sais que sortir une aussi vieille relique du culte, qui n'existe qu'en trois exemplaires, est très dangereux. Néanmoins, une fois à l'intérieur de la cathédrale de Belthil, elle ne risquerait plus rien. Et surtout, à force de lecture et de traduction, je pourrais y trouver les schémas de machineries et mécanismes sanctifiés capables de venir à bout de très nombreuses hérésies sur pattes qui courent les rues.
- Une quinzaine de barils de poudre noire purifiée.

C'est à peu près tout. Pour le reste, sachez que le culte aura une nouvelle source d'approvisionnement en matériel prochainement (document 18-5 confidentiel).
Nous gardons la foi en l'Unique et le savoir qu'il nous a dispensé. Ter Aelis sera un jour assujettie au culte de notre très saint et estimé protecteur.

Votre sagesse et votre intelligence vous honorent très Grands-Maîtres Archivistes.

Maître-Archiviste Teclis.

Réponse officielle des Ministres du Culte de l’Unique au rapport du Primat De Vaanne, contenant des dispositions à effet immédiat, en date du 18ème jour du mois d’Hivernage de la 178ème année de la Reconquête.

Primat,

Permettez-moi tout d’abord, au nom des Ministres, de vous présenter nos salutations et de vous faire savoir que nous accusons réception de vos lettre, rapports et annexes diverses en dernière date du 25 de Récoltes.

Il va sans dire que la lecture de ces pièces a causé un certain émoi dans les services du Secrétariat Général, et qu’elles ont alors été présentées séance tenante au Saint Synode, interrompant de ce fait et reportant sine die une discussion des plus oiseuses sur les dîmes côtières, ce dont je vous sais gré.

Vous vous en doutez j’en suis sûr, l’émoi n’a pas été moins considérable chez les Ministres et ils ont, il faut le constater, pris acte de l’ampleur et de l’urgence de la situation à laquelle vous faites face. En conséquence, l’indulgence que vous demandez pour vos actes passés vous a été accordée, sans difficultés, à l’unanimité des membres présents.

Par ailleurs, vous n’êtes pas sans savoir que la guerre contre les souverains de Talhaab focalise l’attention des Ministres, et ce plus encore maintenant qu’un nouveau front a été ouvert à travers le delta de l’Estingh. Tous les commandants militaires d’importance, en âge de se déplacer et encore disponibles ont été envoyés sur ce front. Il en ressort que personne n’est en mesure de venir vous relever dans un proche avenir et la décision a été prise de vous reconduire dans vos fonctions. Le fait que jusqu’à présent, vos services donnent toute satisfaction aux Ministres n’a sans doute pas été étranger à leur décision, sachant que plusieurs primats généraux se sont portés volontaires.

En conséquence, et c’est dorénavant officiel, vous n’êtes plus simplement le Primat de la commanderie qui fut envoyée : Ter Aelis est votre juridiction pleine et entière, à, charge pour vous d’y faire ce que vous y jugerez bon, pour la grande gloire de l’Unique et de son Culte.

L’indulgence de durée et application indéterminée vous est donc accordée, et va jusqu’au commerce, apparemment inévitable, avec des allanthropes. Soyez rassuré, car l’Unique est dorénavant votre seul juge.

Si l’enfant dont vous parlez est vraiment si puissant, vous ne devez reculer devant rien, ni personne, pour vous assurer de ses services. Dans le cas contraire, vous devrez vous assurer avec les plus grandes célérité et efficacité afin qu’il ne puisse les offrir à quiconque de dangereux pour l’Unique.

J’en viens maintenant aux points qui ont soulevé le plus de discussions parmi les Ministres, comprenez par là que les précédents se sont accompagnés du niveau habituel de jérémiades provenant de ces paranoïaques de Jurés. Rien de très grave, donc. Arrivés au niveau des nerfs de la guerre donc, l’argent et les hommes, car vous conviendrez que l’indulgence n’est au final que de peu d’importance, les dents se sont mises à grincer.

La guerre contre Talhaab n’est pas simple, loin de là, et demande un effort aussi important que constant aux serviteurs de l’Unique, tant en hommes qu’en richesses.

Sachez par ailleurs que, bien que l’examen attentif de vos comptes (annexe 49-1 si je ne m’abuse) n’ont laissé transparaître aucune irrégularité, vous dirigez la Commanderie la plus onéreuse bien que probablement une des moins pléthoriques. Après débat, les Ministres en sont tombés d’accord avec vous : l’éloignement, autant que la présence de cette légende (encore) vivante qu’est le Répurgateur Exodus, sont en grande partie cause de ce déficit financier.

Leurs Seigneuries ont donc jugé bon d’augmenter de près d’un dixième votre budget, et ce à compter rétroactivement du début de l’année 178. L’argent est joint à cette lettre : faites-en bon usage.

Enfin, le point le plus controversé, celui qui, je suis au regret de le dire, a fait hurler de rage le Ministre en charge de la conduite de la guerre de Talhaab, jusqu’à ce qu’un compromis soit trouvé, je veux parler de votre demande de troupes.

Bien entendu, la raison qui vous pousse à les demander est fort claire, mais vous n’ignorez pas que l’armée travaille à flux tendus et que des hommes plus anciens et plus titrés que vous souffrent également d’un grave manque d’hommes.

La situation a donc paru un moment inextricable et votre requête était prête à être rejetée. Le salut, et le compromis, vinrent pourtant du Ministre en charge des affectations. Vous n’allez, je le crains, guère en goûter les termes.

Il a tout d’abord été décidé qu’une force armée de taille limitée serait mise sous votre commandement personnel, à charge cependant pour vous de la diriger en recherchant et appréciation les conseils du général et de l’état-major qui vous seront adjoints. L’armée, sachez-le, sera composée de troupes retirées du front principal après leurs trois mois en première ligne et comptera, selon nos estimations, environ 6000 hommes. Nous comptons sur le voyage pour qu’elles vous arrivent un tant soit peu reposées.

Compte tenu de l’urgence et de la difficulté à rassembler de telles pièces, l’usage d’artillerie terrestre sous forme de machines de siège vous est refusé. Il vous faudra vous contenter des… inventions du corps des Archivistes.

Enfin, et ce n’est pas la moindre couleuvre que vous devrez avaler, il a été décidé (à l’unanimité avec bravos), que le Répurgateur Exodus serait définitivement placé sous votre commandement personnel. Cette décision ne pourra sous aucun prétexte être rapportée, et l’individu susnommé ne pourra jamais être détaché en mission à plus d’une semaine à cheval de vous : l’Unique vous ait (vos nerfs, particulièrement) en Sa sainte garde !

Nous ne sommes pas arrivés à prendre une décision à propos de Cyn. Des ordres cachetés suivront. Pour le moment, gardez le à portée de vous et n’oubliez pas de le traiter avec courtoisie, mais néanmoins avec la plus grande méfiance.

Permettez-moi, pour conclure, de vous présenter tant en mon nom personnel que celui des Ministres, tous nos vœux de réussite dans la tâche difficile qui s’offre à vous ainsi que nos sincères salutations.

PS : Par ailleurs, permettez-moi, d’un ami et camarade à un autre, de vous offrir mes respects admiratifs. Votre tâche, je m’en doute car connaissant (vous vous en souvenez) Exodus, ne va pas s’alléger, loin de là.

Wolfram Von Salza

Primat
Secrétaire Général du Saint Synode

Citation :: La liste suivante est une compilation des différentes forces dont dispose le Culte de l'Unique au sein de ses armées. Il s'agit ici des troupes qui accompagnent invariablement chaque marche des armées du Culte et elles donnent une bonne estimation des forces que l'on peut s'attendre à trouver parmi les renforts envoyé en Ter Aelis par les Ministres du Cultes. Il est a noter que d'autre corps d'armes que ceux décris plus bas existent, mais leur emploi sur le champ de bataille est souvent très spécifique et ils sont donc peu présents le reste du temps.

Hiérarchie :

"Quand bien même l'Unique guide chacun de nos pas, Ses sujets auront toujours besoin d'un autre homme à suivre au cœur de la bataille, qui exaltera leur passion et dirigera leur colère."

– Seigneur Logart, Prélat des Armées lors de la Reconquête.

Les armées du Culte de l'Unique suivent un modèle hiérarchisé issu d'une longue tradition martiale, datant de bien avant la Reconquête et éprouvé plus d'une fois sur les champs de bataille. Son armée est ainsi dirigée par un général d'expérience, vétéran de nombreux conflits et assisté par nombre d'aides de camps et prélats en charge des affaires militaires. Ce général possède un contrôle total sur les forces en présence et chacun de ses ordres est scrupuleusement appliqué. Toutefois, la grande majorité des généraux sont des hommes ayant fait leur preuve au combat depuis leur plus jeune âge et il est inconcevable pour eux de ne pas se trouver au milieu des combats, ce qui les expose hélas à une mort prématurée. Pour éviter une décapitation de la chaîne de commandement en cas de perte de l'état major, chaque contingent dispose de son propre commandant qui, si en temps normal se charge d'appliquer les ordres des généraux avec le plus d'efficacité, est capable de prendre les meilleures décisions tactiques en l'absence d'ordre. Ce ne sont pas forcément les meilleurs combattants de leurs corps d'armes mais ils sont respectés et connaissent parfois mieux que les généraux eux-mêmes les capacités de leurs troupes. Cette division dans la chaîne de commandement se répète de nombreuse fois à des échelles de plus en plus petites, jusqu'aux formations et escouades qui forment les contingents. De cette manière, il est quasiment impossible de détruire dans son ensemble la tête d'une de Ses armées, n'importe quel officier étant entraîné à rallier et diriger les troupes autours de lui.
Toutefois, si le général est l'autorité suprême dans une armé du Culte en temps normal, la présence du corps des Enfants de l'Unique change la hiérarchie dans le fait que chaque Enfant peut en théorie "réquisitionner" n'importe quel officier et sa troupe sur le champ de bataille, hormis le général lui-même qui devra de toute manière rendre compte à l'Enfant le plus haut gradé. Sur le plan tactique, la prise de contrôle par un Enfant peut avoir des effets non-désirés, mais ces derniers ne prennent que très rarement le contrôle de plus d'une escouade et leurs frappes sont souvent décisives quand à la fin de la bataille.

Infanterie:

"La gloire a beau être l'apanage des grands dirigeants militaires, la vaillance véritable est celle du soldat en première ligne".

– Commandant d'Infanterie Tiehrn Carl lors de la remise des titres de gloire après la dernière campagne des Reconquêtes.

La grande majorité des troupes composant une armée du Culte de l'Unique est composée de soldats à pied, misant sur le nombre, la discipline et les compétences pour vaincre l'adversaire. Les troupes d'infanterie sont divisées en différents corps selon leurs rôles et leur équipement, allant de quelques dizaines d'individus à plusieurs milliers, le nombre allant généralement de pair avec le prestige des contingents. En voici les différents corps et divisions.

- Troupes régulières Croisées: Ossature de l'armée, elles représentent plus d'un tiers des forces d'infanterie. Polyvalentes et relativement rapides à déployer, elles servent aussi bien de troupes d'assaut que de défense, entraînées à combattre en milieu naturel ou urbain avec la même aisance. En fonction des besoins, ils sont équipés soit de courte lances, d'épée et de hache ainsi que d'un bouclier rond, ou encore d'arcs courts. Dans tout les cas, ils portent un haubert de maille sur le haut du corps, surmonté d'un gilet de cuir ainsi qu'une cervelière d'acier. En plus du rouge et or œcuménique, ils affichent les couleurs et bannières propres à chaque formation, celles-ci étant fortement attachées à leur histoire. Ce ne sont pas les soldats les plus entraînés ni les mieux équipés, mais leur nombre, leur ferveur et leur flexibilité leur permet le plus souvent de prendre le dessus sur un adversaire censé être supérieur, et un bon nombre des plus grand généraux sont originaires des rangs des troupes régulières.

"L'ennemi a beau disposer de ses meilleurs hommes et de ses plus grands sorciers, je serais abandonné par l'Unique si mes 6.000 hommes ne pouvaient en venir à bout."

– Commandant Lysend, exécuté pour hérésie après la victoire.

- Archers de métier Croisés: Si les troupes régulières peuvent à l'occasion être équipées d'armes à distance, la véritable tradition d'archerie dans les armées du Culte repose entièrement sur les corps d'Archers de métier, armés d'arcs long et d'arbalètes selon les formations. Ouvrant la plupart du temps les hostilités en cas de bataille rangée, ils suivent le reste du temps les troupes régulières lors des assauts, prenant position dans les lieux capturés et criblant l'ennemi de traits. Dans le pire des cas, ils servent aussi à couvrir efficacement une retraite des troupes de corps à corps. Rapides et dangereux, ils sont toutefois fort exposés aux embuscades et aux mêlées, leurs épées courtes et leurs faibles protections de cuir ne les aidant que bien peu à encaisser un coup de bâtarde. Portant toutes le tabard noir et rouge bordé d'or, les formations d'archers de métiers portent moins attention à leur historique de régiment qu'au héros de chaque bataillon dont les symboles sont souvent repris dans les bannières.

"Nos flèches sont nos prières, nos cibles sont nos offrandes et la victoire notre récompense..."

– Extrait des prières du Corps des Archers de métier.

- Engagés fervents: Il est le plus souvent inutile de compter les troupes lors du départ d'une armée du Culte, car le nombre aura invariablement augmenté une fois le champ de bataille atteint. Lors de sa marche au travers des régions converties, les soldats du Culte de l'Unique se voient en effet rejoint par des troupes d'hommes et femmes en armes, n'ayant aucun lien avec la branche militaire mais souhaitant eux aussi rejoindre la purge des ennemis de l'Unique. Ils viennent des villes et villages de petites tailles, équipés pour la plupart d'armes improvisées ou héritées, d'outils de fermes voire même de simples bâtons. Ils n'ont pour la plupart aucune protection ni discipline militaire, sont menés par des chefs de cantons ou par d'anciens vétérans regrettant leurs faits d'armes, et doivent assurer par eux mêmes leur logement et leur entretien durant la marche. Malgré tout, les généraux les considèrent rarement comme une simple chair à canon, étant conscients du potentiel que peuvent représenter un millier d'exaltés avides de combats lâchés en plein cœur de la bataille en tant que renfort. Car si leur équipement laisse à désirer, la sauvagerie qui accompagne leur manque de discipline peut s'avérer mortelle pour toutes unités de combattants professionnels pris entre leurs griffes.

"Comment pouvais-je m'opposer à un garçon d'à peine 16 ans, armé d'une simple fourche, avec pour seul vêtement une tunique crasseuse et fatigué par des jours de marches, mais dont les yeux brillaient plus que ceux d'un Enfant? "

– Prélat de Bataille Constantin, interrogé suite à la perte de 5.000 Engagés à la Bataille des Marches.

- Repentis: Le Culte de l'Unique ne connait pas la miséricorde dans sa seule manifestation ignescente. Il sait aussi faire preuve d'une certaine mansuétude à l'égard des hérétiques reconnus mais regrettant et des païens refusant la conversion de prime abord. Ces personnes, de sexe et d'âge divers, sont conduits dans des "salles de confession", au plus profond des forges et casernes du Culte, pour y recevoir le seul pardon autorisé. On les gave de longues semaines de drogues et psychotropes puissants, les faisant inhaler en permanence les encens des offices et plongeant peu à peu leur esprit dans un état presque animal (ce dernier point étant normal, vu que chaque humain qui renie l'Unique ne vaut finalement pas plus qu'une bête). Les Repentis ainsi obtenus deviennent des êtres émaciés et mentalement proche d'un animal de compagnie, dans le meilleur des cas, mais ils sont d'une fidélité sans faille à ceux qui leur fournissent leur dose régulière. Peu avant la bataille, ils sont soumis à une réduction drastique de ces doses, juste assez pour ne pas les tuer. Ils sont ensuite lâchés sur le champ de bataille en première ligne, hurlant tels des animaux et massacrant tout ceux qui ne portent la pureté de l'Unique et plus certainement l'odeur d'encens qui couvre l'armée avant chaque bataille. Les Repentis sont équipés de longues lames d'acier fixé le long de leurs bras, leur instinct les rendant inaptes à utiliser n'importe quelle autre arme. Leurs seuls vêtements consistent en de longues bandes de tissus rouges enroulées autour de leur corps, ainsi que coudières et genouillères bardées de clous et de petites lames acérées. En effet le Culte ne cherche pas à ce que les Repentis survivent à la bataille, et la privation de drogue finit toujours par provoquer leur mort. Ils servent de chair à canon, massacrant avec rage les premières lignes adverses, survivant un court instant à des blessures qui auraient pu être fatales à n'importe quel autre corps.

"Passer sa lame dans le corps de l'hérétique est une satisfaction sans limite. Lui renvoyer les siens pour accomplir la même tache y ajoute une ironie délectable."

– Primat Jihnos, ancien dirigeant des Enfants de l'Unique.

- Prélats de Bataille: Sans former un véritable ordre dans les armées du Culte, les prélats de batailles sont présents dans chaque contingent, dispensant soins et réconfort, canalisant la foi des troupes. Bien que portant le titre de prélats, ils n'ont en rien l'influence que peuvent avoir les Prélats des Armées: il s'agit le plus souvent de vétérans des différents corps, trop vieux ou blessés pour la vie de soldat mais désirant toujours servir Sa gloire dans le feu des combats. Après une rapide cérémonie, ces hommes et femmes sont le contact spirituel des simples soldats mais aussi leur bouclier face à la magie impie qu'emploient souvent les adversaires du Culte. En effet, les prélats de bataille sont capables de diriger la foi émanant des soldats en une barrière infranchissable par toute magie, dont la puissance et la durée dépendent du degré de doute de chaque homme. Plus la troupe est confiante, plus le bouclier est efficace, les plus puissants retournant les sorts contre leurs lanceurs. Les Prélats de bataille sont peu nombreux, le plus souvent au nombre de cinq par contingent, facilement reconnaissables à leur bure usée, d'un rouge foncé bordé de gris argent et par leur absence d'armure. Toutefois, ils ne font pas des cibles faciles sur le champ de bataille: les soldats les protègent souvent plus que leurs officiers et malgré leur âge ou leurs blessures, ils restent des combattants de l'Unique, usant dans la mêlée de lourds fléaux d'arme ou de fusils courts à canons multiples.

"La foi est affaire trop importante pour être laissée aux seules mains des civils, fussent-ils prêtres."

– Devise des Prélats de Batailles.

- Francs-Tireurs du Culte: Alors que les contingents des Armées de l'Unique se comptent le plus souvent par centaines voire par milliers, la plus grande des armées n'accueillera jamais plus de deux cents francs-tireurs. Entrainés à se dissimuler et à voyager au cœur des batailles sans se faire repérer, ils sont l'une des armes les plus redoutables d'une Armée du Culte, appliquant des tactiques de tenailles et de feux croisés depuis des positions facilement défendables. Envoyés le plus souvent à la suite des premières vagues, leur rôle est d'avancer vite par petit nombre sur le champ de bataille, évitant les combats dans un premier temps pour établir des têtes de pont entre les lignes ennemies. Leur second objectif est de prendre les renforts adverses en embuscade et d'éliminer en priorité les chefs pour briser la chaîne de commandement, ensuite de quoi ils effectuent des replis rapides jusqu'à leurs prochaines positions. Les Francs-Tireurs ont toujours un plan de secours et ne sont que très rarement surpris par les forces ennemies. Équipés traditionnellement d'arbalètes légères et faciles à manier, l'arrivée de la poudre il y a de ça plusieurs années a fait évoluer leur armement, les plus fins tireurs de chaque escouade s'étant vu attribuer un fusil long équipé de lunette ainsi qu'une petite réserve de balle sanctifiées par les Prélats, mortelles pour les chefs et sorciers hérétiques quelle que soit la blessure. Bien que spécialisés dans le combat à distance, ils savent user du sabre lors des affrontements au corps à corps mais préfèrent souvent l'éviter, leur mobilité accrue étant principalement due à l'absence d'armure digne de ce nom: un léger plastron de cuir sous un cache poussière noir est leur seule protection. Sans qu'on en connaisse l'origine, leur signe distinctif est le port du foulard ainsi que d'un tricorne, aussi noir que le vêtement.

"Qu'il la fasse s'abattre, sa colère, s'il est si puissant que ses fidèles le prétendent!"

– Seigneur de guerre hérétique Shal'Mad, avant de recevoir un tir de Franc-Tireur en pleine tête.

- Hallebardiers Templiers: Si leur nom évoque facilement leur rôle sur le champ de bataille, les nombreuses évolutions qu'a connues ce corps d'armée élite depuis dix ans l'ont fortement éloigné de ce qu'il était il y a encore quelques années. Le principe de longues armes d'hast servant à prévenir les charges de cavalerie est toujours là, mais leur emploi et l'équipement additionnel de ces troupes d'élite a été profondément modifié. Le hallebardier templier d'aujourd'hui brandit une longue lance de près de deux mètres cinquante, munie de deux longs fers de lance fixés non pas pile à l'extrémité mais au-dessus et au-dessous de celle-ci et dont la forme s'approche plus des lames de vouges. L'extrémité de la lance se doit en effet d'être dégagée en raison des innovations apportées: les lances ont été creusées et renforcées sur toute leur longueur pour accueillir non pas un mais deux fûts de canon ainsi qu'un système de mise à feu à la hampe, permettant de lâcher deux salves différées de billes de plomb, chacune un peu plus grande qu'un ongle du pouce d'un adulte. En plus de cette nouvelle arme, les hallebardiers ont été équipés d'imposantes armures de plates complètes, finement ciselées, aux larges épaulières remontant sur le côté du crâne, d'un solide heaume à visière en T et d'une longue jupe rouge décorée d'or et d'argent. En dernier rajout vient un lourd pavois d'acier, évasé en son centre pour pouvoir y caler la lance une fois les hommes en position. Le résultat est une véritable forteresse humaine capable de stopper n'importe quel assaut, à pied ou monté, ouvrant le feu sur la horde d'assaillants avant de les empaler sur leurs armes, pour ensuite avancer inexorablement, pas par pas, en direction de l'ennemi en déroute. Toutefois, cette puissance a un coût important, à la fois sur leur nombre et leur capacité: en effet peu d'hommes sont à même de supporter à la fois le poids de l'armure et de la lance, surtout que celle-ci est lestée à sa base pour compenser la longueur, le poids et le recul du aux tirs; et même pour ceux qui parviennent à se mouvoir, la vitesse de manœuvre en est gravement compromise: l'avancée des hallebardiers est un spectacle superbe mais surtout lent, et rien n'est plus dangereux pour une unité que d'être attaquée dans le dos vu le temps nécessaire pour qu'elle se retourne. Mais les inconvénients semblent dérisoires devant l'efficacité de ces troupes délites: une vingtaine de hallebardiers templiers est capable de briser une charge de presque deux fois plus de cavaliers et quatre fois plus de fantassins, pour contre-attaquer ensuite en se moquant bien des flèches et carreaux, protégés derrière leurs pavois et leurs armures. De plus, ces hommes à la foi ardente ont la réputation de mourir debout plutôt que céder à l'ennemi: on raconte ainsi que trente hallebardiers résistèrent devant près de cinq cent hérétiques et tinrent leur position trois heures durant. A la fin de la bataille, tous étaient encore debout, lance pointée vers l'ennemi, mais deux seulement encore en vie.

"Ils seront l'incarnation même de notre foi : un mur d'acier dressé entre l'hérésie et notre âme, imprenable, indestructible et mortel pour quiconque serait assez fou pour le prendre d'assaut."

– Forgeron du Culte Ambrosius lors de la refonte du corps des hallebardiers.

- Frères Jurés: Les Frères Jurés n'appartiennent pas totalement aux corps d'armée traditionnels, répondant de leurs actes directement aux plus hautes autorités religieuses sans passer par les généraux. Gardes du corps des hauts dignitaires du Culte ou force d'élite des plus grandes armées, ils sont de formidable machines à tuer entrainées depuis leur plus jeune âge, maitrisant aussi bien les tactiques de guérillas que de batailles rangées. Dans ce dernier cas ils arborent de somptueuses armures de mailles lourdes, une salade à visière en acier, des hauts pavois d'acier frappés du symbole de l'Unique et sont couverts d'un long tabard rouge et or descendant jusqu'aux chevilles et faisant le tour du bas du corps, laissant les épaules et les bars dégagés, qui n'est pas sans rappeler l'habit traditionnel des Enfants de l'Unique auxquels la moitié de leurs effectifs est rattachée de manière permanente. Pour porter la mort à leurs ennemis, ils manient de longues épées à double tranchant, des haches de combat ou encore des lances, ainsi que des arbalètes lourdes, toutes ses armes étant bénies et sanctifiées avant les batailles (Il leur arrivent même de délaisser leur pavois au profit de lourdes armes à deux mains, faisant alors fuir les ennemis devants leurs frappes redoutables) . Combattants à la réputation amplement méritée, ils sont le cauchemar de tout ennemi du Culte et en particulier pour les sorciers, qu'ils abhorrent et traquent sans pitié sur le champ de bataille, leur impressionnante force mentale réduisant l'effet des sortilèges. Ils n'ont aucune faiblesse particulière à l'inverse de beaucoup de contingents et sont la meilleure arme dont peut disposer une armée du Culte. Lors des conflits auxquels ils participent, les Enfants de l'Unique s'entourent presque exclusivement des Frères Jurés pour s'assurer la victoire. Du point de vue de l'unité, les Frères ne s'interrogent jamais sur leur place, individuelle ou collective: ils sont les Frères Jurés, hérauts de l'Unique à la bataille, et cela leur suffit.

"Ils avaient un rapport de trois contre un et l'avantage du terrain, nous étions épuisés par la marche et avions avec nous seulement cinquante Frères Jurés. L'ennemi n'eut aucune chance".

– Un soldat anonyme, suite à la victoire du Culte à l'embuscade de Talarn.

- Mages Dévots: La magie est don de l'Unique à l'humanité, telles furent les affirmations de la branche du Culte dite des Dévots. Ce à quoi les Jurés répondirent qu'il s'agissait au contraire d'une création maligne asservissant l'utilisateur et que l'humanité devait la pourchasser. En fin de compte, la branche des Prieurs clôtura le débat en affirmant que de toute manière, puisque c'était là, l'Unique avait bien du y être pour quelque chose et que seule la manière de s'en servir pouvait poser problème. Avec deux voix contre une, la décision d'user de mages de bataille spécialement entrainés fut donc approuvée. Depuis, les Mages Dévots se sont faits leur place au sein des corps d'armée du Culte, principalement à coups de crémation d'hérétique. Car si leur existence semble soulever de nombreuses questions d'ordre théologique, leur efficacité fait l'unanimité: formés pour la plupart à l'école de la pyromancie (ou "animer une soirée par les flammes"), avec quelques écarts en direction de l'hydromancie ou de la géomancie, ils sont capables à eux seuls de faire fondre les effectifs adverses à une vitesse ahurissante, au sens propre comme au sens figuré. Souvent craints mais dans la majorité respectés, ils fonctionnent le plus souvent par binôme ou trinôme, escortés par une escouade de troupes régulières dont le plus haut gradé répond de leurs actes durant les combats. Toutefois, l'officier a aussi un rôle de "garde-fou", guettant le moindre signe de corruption ou de pratiques magiques condamnables chez les mages dont il a la garde. Au premier doute, il a pour ordre d'appliquer une solution définitive au problème, l'ablation du crâne par rapport au reste du corps étant la solution communément admise comme la plus efficace. Évidemment, l'officier appliquera ces ordres avec plus ou moins de zèle en fonction de ses tendances : ainsi, un mage ayant pour officier un adepte des Dévots aura sans doute une espérance de vie plus longue qu'avec un officier Juré.

"Nos ennemis tout comme nos alliés nous considèrent au mieux comme des bombes vivantes. Dans le fond, on ne peut pas vraiment leur donner tort."

– Mage Dévot Vernos, pyromancien du Culte.

- Ingénieurs Archivistes: depuis les origines du Culte de l'Unique, la charge des archivistes a toujours été d'identifier et classifier le savoir dont Il a doté l'être humain. Puis, les années passant, leur mission s'est peu à peu élargie jusqu'à leur mission actuelle à savoir engendrer par eux mêmes le savoir, gagnant par la même le titre d'Ingénieurs Archivistes. Savants versés aussi bien dans la mécanique que la physique en passant par la biologie, ces hommes et femmes fidèles à l'Unique ne cessent de créer de nouvelles manières de propager Sa gloire et plus fréquemment encore d'étouffer les voix de la sédition hérétique, de la manière la plus voyante possible (ce que l'adoption de la poudre n'a fait que renforcer). Si les plus anciens Archivistes se contentent le plus souvent de rester dans leur laboratoire, la grande majorité des Ingénieurs Archivistes n'hésite pas à prendre part aux combats même quand on ne lui demande pas. Usant de leurs créations aussi bien pour tuer que pour soigner (mais tout même le plus souvent pour tuer), ils font preuve d'une ingéniosité effrayante quand il s'agit de sortir les hommes d'une situation compromettante, généralement à grand renfort d'explosifs ou de gaz, ou toute autre invention non répertoriée au stade expérimental. Vagabondant sur le champ de bataille, allant là où ils estiment servir à quelque chose, ils ne sont pas très réceptifs aux notions de hiérarchie ou d'avancée par formation, ce qui en fait parfois des cibles faciles pour les adversaires. Car même s'ils inventent chaque jours de nouvelles manières de tuer, ils sont la plupart du temps bien incapables de se défendre par eux-mêmes en dehors de l'usage d'armes de poing légères.

"De ceux dont on se doit de craindre les fureurs, / Ce ne sont pas les canons mais bien leurs créateurs!"

– Ministre Ehlkior, Le laboratoire hilarant
Acte I, Scène III

Cavalerie:

"Les chevaux lancés à toute allure, accompagnés d'un bruit de tonnerre, puis le fracas des lances semblable à la foudre. Quel homme pourrait rester insensible à un tel spectacle?"

– Commandant de Cavalerie Dionys, préambule à son ouvrage sur l'usage de la cavalerie.

De même que les corps de l'infanterie, les régiments de cavalerie rattachés aux armées du Culte sont issus de la tradition guerrière de Ses terres, suivant un code strict et offrant un accès limité aux hommes issus de basses extractions. On distingue trois types de cavalerie dans les armées, chacun présent en grand nombre, à raison d'un minimum de 300 cavaliers de chaque type par armée en marche, et dont le rôle varie sur le champ de bataille.

- Tirailleurs Exaltés: La cavalerie légère de l'Unique répond au besoin d'apporter rapidement des renforts à n'importe quel point du champ de bataille en cas d'embuscade ou d'infériorité numérique. Privilégiant les tactiques d'attaque sur les flancs ou l'arrière et se repliant presque aussitôt après l'impact, les tirailleurs montent des chevaux légers, choisis pour leur rapidité, et portent eux mêmes un équipement minimal. Aucune protection particulière ne leur est attribuée en dehors de leurs sabres et de leurs arbalètes légères - un modèle à chargeurs multiples posé sur le dessus de l'arme et réarmement rapide, moins puissant mais beaucoup plus aisé à manipuler - et leurs vêtements sont la seule barrière entre leur chair et un coup de lame bien placé. Ils portent d'ailleurs des tenues voyantes et savamment décorées, noires et or, ainsi que de hauts couvres-chefs à plumet, symbole de leur appartenance aux Tirailleurs, toujours impeccablement brossés à n'importe quel moment de la journée. Ainsi, il serait inconscient de les user pour charger de front une position ennemie, la moindre volée de flèche pouvant décimer les deux tiers de la charge au minimum, et même dans leur usage normal, les Tirailleurs subissent toujours de lourdes pertes. C'est pour cette principale raison que les Tirailleurs Exaltés sont le seul corps de cavalerie mixte et recrutant en dehors de la bourgeoisie ou de la noblesse. Mais même avec ce taux de perte élevé, les volontaires sont légions et les cavaliers admis affichent un orgueil et une fierté des plus prononcés, attisant les rivalités entre les différents régiments. La perspective d'avancement et d'accès au poste d'officier est intéressante car souvent fulgurante, mais encore plus souvent éphémère.

"Ils chargèrent les flancs de l'hérétique à 500, luttèrent vaillamment et revinrent finalement à 200, mais chargés d'autant de gloire et d'orgueil que 1.000 hommes victorieux."

– Seigneur Dalen, Prélat des Armées, après la charge du Vème régiment de Tirailleurs Exaltés.

- Lanciers du Culte: Recrutant principalement dans la bourgeoisie et la petite noblesse, les Lanciers du Culte sont le corps de cavalerie le plus polyvalent des armées, capables de charger une position et de rester dans la bataille comme de prendre l'ennemi en chasse. Montant des chevaux rapides mais endurants et dont le poitrail est couvert d'un léger filet de mailles, équipés de lourds hauberts de mailles, d'un écu d'acier frappé du symbole du bataillon mêlé à celui du Culte, d'une cervelière et d'une longue lance au fer en croix, ils percent avec efficacité les lignes ennemies et combattent jusqu'à ce que l'infanterie les rejoigne, ou bien pourchassent les unités de tirs. Arborant par dessus leurs hauberts des tuniques rouges bordées d'argent, ils présentent à l'ennemi un front de plusieurs dizaines de cavaliers, lances baissées et prêts à empaler tout obstacle sur leur route, piétinant les autres. La grande force de ces cavaliers vient le plus souvent de leur expérience, acquise au fil des batailles: ainsi on verra souvent un Lancier porter sur le flanc de sa monture, en plus de l'équipement initial, une hache ou une épée courte, au cas où leur lance viendrait à être brisée. Les Lanciers sont menés au combat par des officiers respectés et adulés, choisis parmi les meilleurs d'entre eux, sachant où et quand frapper pour défaire une ligne avec le minimum de pertes.

"Quand je vois nos Lanciers charger les lignes ennemies, j'ai à chaque fois l'intime conviction que rien ne pourrait les arrêter, hormis un ordre direct de l'Unique. Et encore, il faudrait qu'il parle très fort."

– Général Surguaï, vainqueur de la dernière Reconquête.

- Chevaliers de l'Ordre de l'Unique: Avant la Reconquête et la révélation de Sa grandeur sur les anciens territoires, les cadets des grandes maisons nobles avaient pour habitude de rejoindre un ordre de chevalerie parmi la centaine qui composait les troupes de cavalerie lourde à travers tout le pays, en fonction des penchants politiques ou des rivalités de familles. Mais l'arrivée du Culte balaya les animosités et un nouvel Ordre fut fondé en ralliant en un seul tous les anciens Ordres de chevalerie. Les Chevaliers de l'Ordre de L'Unique sont aujourd'hui toujours composés de membres des hautes maisons nobles, fournissant eux-mêmes leur matériel et leur personnel, pour le bienfait des caisses du Culte. Cavalerie lourde par excellence, ils montent des destriers larges et puissants, peu rapides mais endurants, couverts d'un lourd filet de mailles ou d'une barde de plates, et portent eux mêmes de lourds heaumes et armures de plates en acier, ainsi qu'un solide écu arborant à la fois le blason familial et le signe de l'Unique. Ils combattent principalement à l'aide de grandes lames, de haches de combat ou même de fléaux ou de marteaux de guerre, ainsi que d'une longue lance de deux mètres mais dont ils se séparent sitôt la charge effectuée pour faciliter leurs mouvements au sein de la mêlée. Car si leur premier rôle est de charger les lignes ennemies à l'instar des Lanciers, ils sont contrairement aux autres capables de tenir une position seuls et de lutter pendant plusieurs heures à un même endroit si leurs officiers le leur ordonnent. Effrayant même les unités d'infanterie anti-cavalerie par le son de leurs cors, le lourd martèlement de leur galop ou bien la simple vision de près de 700 kilos de chair et d'acier fonçant à toute allure, les Chevaliers écrasent plus qu'ils ne brisent les lignes adverse et leurs montures sont aussi craintes que ceux qui les montent : plus petits que les coursiers, ils sont néanmoins bien plus forts, entrainés à mordre et à donner des coups de sabots. De plus, leur relative petite taille permet aux chevaliers désarçonnés de remonter plus facilement en selle malgré le poids de l'armure. Quand ils sont rassemblés pour la charge, les Chevaliers ne ressemblent à aucun corps d'armée traditionnel, concours de couleurs criardes et dépareillées, chacun affichant ses propres couleurs et sa propre armure: de par leurs origines, et malgré l'appartenance à un seul Ordre, les Chevaliers ne voient leurs compagnies que comme une immense joute où prime le palmarès individuel et chacun tente de tirer le plus de gloire à chaque affrontement, comptant d'abord le tableau de chasse avant les pertes.

"Là où le premier réflexe de l'Exalté ou du Lancier est de remercier L'Unique pour sa victoire, celui du Chevalier est d'appeler le scribe pour qu'il note ses exploits."

– Prélat de Bataille Ciomint, affecté aux Chevaliers de l'Ordre de l'Unique.

Flotte:

"Portez la parole de l'Unique sur terre comme sur mer"

– Premier enseignement des écoles de navigation du Culte.

Contrairement aux forces terrestres, les forces navales au service du Culte de l'Unique ne sont pas le fruit d'une longue tradition d'amiraux et d'explorateurs, mais plutôt d'une assimilation progressive des connaissances obtenues en même temps que les terres côtières du voisin. En effet, le pays à partir duquel le Culte se répandit ne connaissait de l'art maritime que la confection de péniches et autres barques à fond plat, flottant avec paresse sur les quelques fleuves qui le traversaient. Aussi, sitôt après la reconquête et l'annexion des nations avec vue sur la mer au royaume de Sa gloire, les Ministres des affaires maritimes nouvellement nommés se chargèrent de réclamer auprès des armateurs et charpentiers de marine récemment convertis la totalité des plans de structures navales (les différents tests de péniches de guerre ayant abouti à des conclusions décevantes). Le résultat, après un peu moins de 200 ans d'adaptation et d'évolution maritime, est une flotte de guerre aux effectifs et à la diversité impressionnante, la dernière évolution majeure datant de l'arrivée de la poudre dans le domaine de l'armée et de l'expansion maritime qui s'en suivit. Voici les trois principaux types de bâtiments usités en temps de guerre (soit la majeure partie du temps, le monde semblant rejeter de prime abord Sa parole, à notre grande surprise).

- Frégates Missionnaires: Navire le plus fréquemment utilisé par la flotte du Culte, la frégate est un bâtiment à trois mâts de moyen tonnage, rapide et facilement manœuvrable, armé de 16 à 20 canons par bord. D'une longueur de près de 40m pour 6m de large et 30m de haut en comptant les mâts, la frégate de type Missionnaire à de multiples fonctions: escorte, traque, bataille de grande envergure ou escarmouche, voire même pilonnage au sol. Munie d'une coque plaquée de cuivre, elle accueille un équipage d'un peu plus de 250 hommes d'équipage et sont généralement commandées par des capitaines d'expérience qui savent comment user de leur navire pour défaire un adversaire de taille supérieure mais moins maniable. Leur qualification de "Missionnaire" vient de l'habitude qu'a la flotte à les envoyer en tête aussi bien lors des combats que pour les expéditions, ainsi que de l'habitude des capitaines à faire bénir une partie des boulets dans l'espoir de lâcher des bordées plus efficaces. Toutefois, les frégates restent des navires fragiles en comparaison des plus gros tonnages et une seule bordée bien placée peut gravement les endommager. Les Frégates Missionnaires portent en général le nom d'un saint ou d'un martyr du Culte, permettant ainsi à la flotte de ne jamais manquer de noms pour leurs navires.

"Lâchez nous donc au milieu de leur flotte: ce sera comme de voir des renards prendre d'assaut un poulailler".

– Mandrite Phillipe Strano, capitaine du Saint Ambios, dernières paroles rapportées.

- Navires Mortiers ou Priants: D'un tonnage légèrement inférieur à celui d'une frégate, les Navires Mortiers, aussi appelés Priants, sont des navires à deux mâts exclusivement conçus pour bombarder des cibles terrestres. D'une longueur inférieure à trente mètres mais large de presque neuf mètres, leur coque est presque entièrement construite autour de deux grands canons-bombardes placés à l'avant, à la portée et à la puissance impressionnante, mais au recul terrible qui oblige le navire à jeter l'ancre pour l'utiliser. Le poids des canons, lié à celui des munitions et des impressionnants stocks de poudre obligent à limiter le reste de l'armement: les flancs sont donc garnis de quatre à cinq balistes montées sur pivots, moins efficaces pour percer les coques modernes mais toujours dévastatrice contre l'équipage, surtout quand celui-ci est en rangs serrés. Avec environ 90 hommes d'équipage à bord, les Navires Mortiers peuvent sembler des cibles facile mais il faut croire que vivre sur une poudrière flottante exacerbe l'instinct de survie: les équipages des Priants font souvent preuve d'une ingéniosité et d'une rage insoupçonnées en cas d'abordage, résistant jusqu'à l'intervention des frégates qui leur servent d'escorte. Jugés par les équipages de ces dernières comme des navires de seconde main, au mieux comme de l'artillerie flottante, les Navires Mortiers ne sont pas les plus aimés de la flotte, mais leur efficacité lorsqu'il s'agit de réduire un port en cendres les met à l'abri du rappel à quai définitif, au grand soulagement des capitaines qui verraient leur carrière définitivement interrompue. Le nom des Priants est choisi parmi les lieux de cultes principaux qui couvrent Son royaume, provoquant un certains mépris des autres bâtiments mieux lotis.

"Le plus dur lorsque l'on maitrise un navire capable de faire des cratères de dix mètres, c'est d'en laisser un peu pour les troupes à terre."

– Mandrite Vilean Fargus, capitaine du Mont-Sacré, lors du pillage du Port de Salis.

- Juggernaut: N'importe quel observateur vous le dira, même s'il n'a jamais vu de bateau de sa vie, un Juggernaut est grand. Très grand. Trois mâts, 70m de long pour un peu plus de 15m de large et 70m de haut en comptant les gréements (la coque à elle seule mesure près de 10m), fabriqué selon un principe de double coques et plaqué de cuivre sur presque toute sa surface, ce bâtiment occupe à lui seul autant de place que trois frégates bords à bords. Mais dans la marine comme ailleurs, la taille ne fait pas tout: non content d'être aussi solide qu'imposant, le Juggernaut contient dans ses flancs une des plus belles inventions que le Culte ait jamais créée pour éliminer l'hérétique: le feu éternel. Derrière ce nom pompeux mais évocateur se cache un procédé jalousement gardé, mélange liquide de salpêtre et d'huile de naphte ainsi que d'autres éléments minéraux qui, une fois enflammés, brûlent sans discontinuer pendant plusieurs heures et ce même sur l'eau. La légende veut que ce soit un envoyé de L'Unique qui révéla la création à un ingénieur particulièrement pieux il y a de cela cent cinquante ans, et depuis le secret n'a jamais été révélé en dehors de quelques maîtres et ouvriers particulièrement dévots. Le Juggernaut dispose ainsi de quatre catapultes pouvant pivoter d'un bord à l'autre, chacune lançant à grande distance des urnes allumées remplies de ce mélange, mettant le feu aussi bien aux navires qu'aux bâtiments terrestres. A cause de la présence des mâts, les catapultes ne peuvent tirer que par les flancs, aussi un complexe système de pompe et de lances à feu a été installé à l'avant du navire, déversant le feu éternel sur tout ce qui pourrait se trouver entre le Juggernaut et son objectif, son revêtement en cuivre le protégeant efficacement des grandes flambées à la surface de l'eau. En raison du caractère hautement explosif, aucune trace de poudre n'est tolérée à l'intérieur du navire, aussi les flancs et sabords révèlent-ils un grand nombre de balistes lourdes, à la pointe parfois enflammée ou remplacée par de petites fioles de feu éternel. Les hunes sont quand à elles agrandies pour accueillir des emplacements de balistes légères à deux arcs, utilisées pour éloigner les potentielles présences aériennes ou plus certainement pour pilonner les ponts adverses depuis leur hauteur. Le commandement d'un Juggernaut est confié uniquement aux capitaines et amiraux de prestige, tout comme les 750 hommes qui en composent l'équipage sont triés sur le volet. Portant les noms des plus grands généraux et amiraux de l'histoire du Culte (à l'exception du premier d'entre eux, baptisé Le Primat), les Juggernauts sont les plus beaux navires de guerre qu'il soit possible de contempler sur les mers de l'Unique, lents mais terriblement dangereux, un seul d'entre eux étant capable de réduire une flottille entière à néant.

"Peu importe sa vitesse, un raz-de marée reste un raz de marée, et tout ce qui se dresse devant lui sera balayé. La seule différence entre un raz-de-marée et mon navire, c'est que mon navire produit des vagues de feu."

– Saint Archimandrite Kos Jhutenheim, commandant du Lysender, Amiral en chef des Flottes du Culte.

Il était tard ce soir là dans Belthil : la nuit qui était tombée faisait comme une cape à la ville qui s’endormait, trouée par seulement quelques lumières aux fenêtres et par les lampes du Guet. Plus agressive, cependant, une pièce dans la cathédrale était brillamment éclairée : située sous un des clochers, il s’agissait de la salle de réunion des Enfants de l’Unique, lesquels avaient été tous tirés de leurs tâches présentes et convoqués ici par leur Primat.
Celui-ci n’avait pas donné signe de vie au repas du soir : le Frère qui s’était chargé d’aller le quérir était revenu la queue entre les jambes et avait signalé que la pile de dossiers sur le bureau du Primat avait, en une journée, triplé de volume. Les rumeurs allaient donc bon train et allaient de la plus raisonnable à la plus folle (Tear qui pensait à une incarnation de l’Unique dans la Capitale).
Lorsque De Vaanne arriva enfin, tout le monde retint son souffle : celui-ci paraissait tendu, plus encore qu’à l’habitude. Sa main droite tenait une lettre marquée du sceau du Conseil des Ministres, la plus haute autorité du Culte de l’Unique. Des ordres, à n’en pas douter, mais de quelle teneur ?

- Merci d’être venus, et désolé de vous avoir dérangés dans vos digestion, dissection, libation et adoration, dit-il en regardant successivement Exodus, Teclis, Tear et Laylay. J’aurais aimé que nous soyons un de plus à cette table, mais ce n’est pas encore possible…

Il regarda un instant la lettre et reprit son souffle. Tous le regardaient avec la marque d’un intérêt profond (à peine feint de la part du répurgateur).

- J’ai envoyé un rapport aux Ministres, et ceci est leur réponse, dit-il en agitant le papier. Pour faire simple, j’ai hérité des pleins pouvoirs administratifs et militaires sur cette terre païenne.

Exodus siffla d’admiration.

- Et le prix à payer ? demanda-t-il.

- Tu m’es personnellement attaché ad vitam aeternam.

- Ca devrait être interdit un humour aussi vicelard, grimaça-t-il devant les sourires du reste de l’assistance.

- Je suis d’accord. Mais ce n’est pas tout : pour les actes que j’aurai à prendre en tant que Primat ici, aucun reproche ne pourra m’être fait. Même par les Ministres. Ce qui m’amène au point le plus important, ajouta-t-il dans un silence médusé. Vous n’ignorez pas que je vais souvent, ces temps-ci, sur ce sommet glacial et battu par les vents qu’est Alkhazzar.

- Tu cherches à faire sauter le palais du Sang ?

- Pense subtil, ça te changera.

- Tu cherches à le faire sauter subtilement ?

- La préparation d’un assassinat ? offrit Laylay.

- Faux tous les deux : je vais dans le palais du Sang en tant que précepteur. Tu sais, Exodus, l’enfant de Grendelor. Il vieillit de quelques années en quelques mois, est supérieurement intelligent, et promet de tous nous balayer une fois atteinte sa pleine puissance. C’est pourquoi j’ai sauté sur l’occasion quand mon ancien précepteur, et ancien Ministre, sorti apparemment d’entre les morts, m’a proposé de l’aider à l’éduquer. Dans notre intérêt et selon notre vision des choses bien sûr.

- Sorti d’entre les morts ? releva Teclis. Tu sais comment il s’y est pris, Primat ?

- Absolument pas. D’ailleurs, s’il nous tombe entre les mains, il faudra le cuisiner, et possiblement intenter un procès en hérésie. Mais là n’est pas la question : le Sang n’est pas fou, et j’ai du payer pour avoir accès au gamin.

- Payer quoi ? Ça sent le soufre, cette affaire.

- Ils vont s’embarquer dans une guerre contre les Lunaires, et ont exigé notre aide militaire, que je vais leur offrir. Les Ministres nous envoient 6000 hommes, asséna De Vaanne en agitant la feuille.

- Aider le Sang ?

- Ceux qui détiennent Sharah’In ?

Tear s’était levé à cette annonce, rouge de colère, et s’avançait vers De Vaanne, lui aussi debout au bout de la table.

- Mais enfin Primat ! Nous ne pouvons pas nous commettre avec des hérétiques et des allanthropes ! Ce n’est pas dans les plans de l’Unique. Je ne peux pas y croire ! Ce serait… ce serait… de la trahison envers Lui !

Seul un bruit succéda à cette sortie : personne n’eut le temps de voir De Vaanne se jeter sur Tear et lui asséner une claque monumentale. Il respirait lourdement, les yeux luisants de rage. Le jeune pyromancien, choqué, se tenait la joue à deux mains.

- Tu es peut-être allé un peu loin, lui murmura Exodus. Même moi je n’aurais pas osé.

- Tear, gronda le Primat, il est des choses que je suis prêt à te passer. Tu auras toujours plus d’indulgence de ma part que n’en auraient ces deux ahuris (il désignait Teclis et Exodus), mais en m’accusant de traîtrise, tu dépasses les bornes. Largement. Pour le Culte, officiellement, tu n’es rien d’autre que mon apprenti. Si tu perds mon support, tu perds tout : encore une parole de ce genre et je te renvoie dans le caniveau. C’est clair ?

Sans un mot, son interlocuteur acquiesça.

- Bref, reprit De Vaanne en cherchant visiblement à se calmer, je comprends vos cas de conscience, j’ai les mêmes. Mais la contrepartie est trop intéressante. Par ailleurs, cette guerre nous donnera l’occasion d’écraser l’Effronterie Lunaire, ce qui nous fera toujours une organisation hostile en moins sur la liste. Enfin, je compte sur vous pour trouver ce que cherche le Sang dans cette confrontation, quelles sont ses forces et ses faiblesses, comment en tirer parti et, in fine, comment les trahir pour que ça tourne particulièrement à notre profit sans que cela se voie. J’ai encore besoin d’un accès à Sargas. Des questions ?

Seul le silence lui répondit.

- Parfait. Ceux qui ont des scrupules de conscience iront s’adresser à l’Unique pour les faire taire. Même avec cette alliance contre-nature expressément approuvée par les Ministres, je travaille pour Sa Gloire, et ceux qui ne le pensent pas peuvent toujours prendre le premier navire en partance pour le grand continent.

La joue encore rouge, Tear avait reprit contenance comme il pouvait. Malgré le revers monumental qu'il venait de prendre, la situation ne lui permettait pas de s'apitoyer sur son sort. L’acquiescement, bien que factice, lui permettait de respirer pendant qu'il tentait d'analyser les conséquences que cela aurait. Partir du Culte ne le ferait pas sortir de Son chemin, de Sa lumière. Les Ministres, même s'ils étaient a la tête de l'organisation, ne pouvait pas juger de sa foi morale. Jamais ils ne pourraient décréter qu'il avait renoncer à Le suivre. Jamais.

De Vaanne proposait de s'allier au Sang... au Sang. S'allier au mal, quel qu’il soit était la chose la plus dangereuse. Ils veulent l'harmonie ? Non, ils ne veulent qu'un éloignement certain de l'Unique. Qu'ils brûlent pour l'Eternité.
Mais le Primat avait souligné un point. Un point tout aussi monstrueux et mauvais. L'Effronterie Lunaire.
Sans aucun doute les Enfants, accompagnés par Sa force pourraient éventrer ce cocon maléfique. Sans aucun doute. Mais en ces terres, le mal avait pu prospérer sereinement bien trop longtemps. Le combattre était une tache longue et difficile. Abattre le tronc ? C'était une tâche impossible sans qu'il soit affaiblit au racines. Le Sang, l'Effronterie Lunaire en étaient les plus bas représentants. Les plus enracinés dans ce monde.

Oui. Il fallait abattre ces dangereux spécimens. Mais à quel prix ? Notre foi serait elle suffisante pour supporter la corruption permanente que nous infligeait le mal ? Celle des autres le serait-elle ? Rien ne pouvait le prouver.
Prendre le risque ?

Prendre le risque...
Chaque jour, je suis obligé de le faire, en maniant le feu, flirtant ainsi avec les pratiques malsaines. Proche du gouffre. Seule ma foi me permet de resister. Seule la foi permettra de vaincre. A quel point l'armée envoyée par les Ministres sera elle capable d'endurer cela ? Considèrent-t-ils Ter Aelis comme une région indispensable a leurs manigances politiques ? Et donc envoient-il une armée forte ? Ou est-ce pour faire bonne figure ? Des récits épiques pour dorer leur blason, laissant mourir dans l'ignorance les hommes et les femmes d'ici.

Dans tous les cas, on ne peut laisser le mal murir plus qu'il ne l'est déjà.
Au delà de ca, il s'agissait d'une idée de De Vaanne. Malgré la réaction de tout à l'heure, il n'est pas prompt à prendre ce genre de décisions à la légère.

Moi, Tear, suivrai le Primat.

La réunion avait brusquement pris fin sous le coup de colère froide du Primat. C'était l'un des évènements les plus importants de l'histoire du culte dans Ter Aelis, et seulement une poignée de minutes l'avait réglé : s'allier avec des ennemis de l'Unique pour pourfendre des ennemis de l'Unique. Après tout, la logique se tenait pensa Teclis.

Le Maître Archiviste regagna son laboratoire, il aurait de nombreuses inventions à préparer en vue de la bataille à venir. Tout d'abord celles qui auraient pour but d'anéantir les lunaires, ensuite, d'autres permettant de recueillir de précieuses informations sur le Sang. Instinctivement, il tapota le calepin rangé dans une poche intérieure de sa robe.
Une dizaine de minutes plus tard, le savant avait rejoint son deuxième laboratoire, celui dans lequel il rangeait les armes et prototypes usant de poudre noire. La salle se situait dans l'un des bâtiments les plus éloignés de la cathédrale, par ordre exprès de De Vaanne.

Teclis se demanda si un conflit intérieur agitait l'inquisiteur en ce moment. Même s'il paraissait froid et pragmatique et que sa décision avait été prise sans vaciller, le fait de s'allier avec des allanthropes avait du être terriblement difficile pour un fervent messager de l'Unique. Elle l'aurait été pour tout le monde en vérité, exceptés quelques énarques du Culte gavés par le vin et l'or, occupant de hauts postes mais délibérément mis à l'écart. Seul leur argent leur assurait de ne pas finir brûlés comme de pitoyables porcs sur une broche.

Si l'on pouvait supporter la présence indélicate de ces... "personnes", leur intégrité devrait rester intacte en s'alliant très provisoirement au Sang... Il faudrait donc approuver la décision des ministres -Teclis se rappela que la réponse de l'Ordre des Archivistes devait très probablement avoir été joint à celle des Ministres concernant sa demande de soutien supplémentaire- et surtout, celle du Primat.

Laylay était silencieux, les réactions et les dire du primat l'avait plongé dans un doute des plus profond. Comment pouvait-il penser que s'allier à des hérétiques était servir l'Unique. La rage grondait en lui, cependant respectueux des hommes aux services de l'Unique et d'autant plus de ceux ayant de tels distinctions il garda sa rage enfouie en lui. Cependant sans un mot il tourna les talons et s'éloigna de la réunion pour regagner ses quartier. À peine eu t'il fait quelques pas que le Primat interrompus :

- Et puis-je savoir ou tu compte te rendre ?

Laylay ne daignant pas répondre et continuant d'avancer on pu voir une flamme grandir dans les yeux du Primat, il ne pouvait pas accepter qu'un enfant outrepasse son autorité. Exodus interrompu le Primat tentant de faire retomber l'atmosphère :

- Il semble qu'il n'avait pas fini son repas !

Malheureusement pour les enfants cette interruption n'avait fait qu'augmenter encore plus la colère et la tension du primat qui rouge de rage ajouta ces quelques mots sans même savoir si il n'allait pas les regretter par la suite :

- Rejoins nous ou quitte nous à jamais !

Laylay fit voler sa cape dans un geste ample du bras et tira de celle-ci un livre recouvert de dorures, il brandit cette ouvrage vers le ciel et tourant légèrement la tête en direction du primat, dans un calme presque insultant il lui souffla ces derniers mots avant de disparaitre :

- Seul l'Unique saura guider mes pas, soit, seul l'Unique sais quelle sera ma décision.

Après le discours de DeVaanne et le départ des autres Enfants, Exodus était resté assis un moment, à regarder DeVaanne annoter la lettre et sortir plusieurs autres documents.

- Si tu n'as rien à ajouter d'important hormis le menu de demain, tu peux me laisser, lui dit son supérieur après quelques instants. J'ai encore beaucoup de travail avant la fin de la nuit.

- Je ne te connaitrais pas, je dirais que tu t'en veux presque d'avoir claqué ton disciple de la sorte. Mais je dois sans doute me tromper, renchérit Exodus sur un ton moqueur, le grand Primat n'a d'affection que pour l'Unique et Sa grandeur, et il traite tout un chacun avec le même dédain, la même équité colérique.

- Tu te trompes souvent, c'est un fait reconnu, lui répondit le Primat, occupé à noircir à l'encre un parchemin vierge. Maintenant laisse moi.

Exodus se leva sans empressement et se dirigea vers la porte avant de s'arrêter la main sur la poignée.

- En tous cas c'est très politique de ta part. Nous sommes "alliés" au Sang. Ça sonne beaucoup mieux que "nous sommes leurs outils", je dois l'avouer. Il faudra juste faire attention à ce qu'ils ne nous confondent pas avec les troupes des Lunaires au cours de la bataille. Mais bon, on pourra toujours faire jouer ça en notre faveur, en ce qui concerne la libération de notre Soeur.

Sans attendre de réponse, il quitta la pièce et referma derrière lui. Le Primat s'autorisa un soupir lorsque la porte s'ouvrit de nouveau pour laisser passer le visage du Répurgateur.

- Au fait, juste une chose: si jamais tu tombes en disgrâce auprès de nos Ministres dans les temps qui viennent pour "usage d"hérétique, désobéissance et radicalisme", n'hésite pas à postuler chez notre ordre. Avec un tel étalage de compétence, tu seras accueillis à bras ouvert.

Il referma la porte juste assez rapidement pour éviter que l'encrier ne vienne s'écraser sur son sourire.

Un groupe de cavaliers galopait à bride abattue sur la route qui menait de Galvorn à Belthil, serpentant à travers les riches plaines agricoles et enjambant les nombreux cours d’eau et canaux d’irrigation. Une telle chevauchée n’était pas en soi incongrue, de nombreux coursiers faisaient journellement la liaison en groupe pour être sûrs d’avoir une compagnie causante et un peu plus fine que le paysan local aux arrêts. Ce qui était étonnant, cependant, c’était le fait que le groupe en question était armé jusqu’aux dents et composé de lanciers du Culte et des hauts gradés de la force expéditionnaire envoyée par les Ministres en Ter Aelis. Cette débauche d’armement et d’ornement aurait pu impressionner le paysan cité plus haut si d’aventure il s’était risqué à lever le dos de sa tâche en cours, mais de toute façon le groupe avançait si vite qu’il n’aurait pas eu le temps de voir grand-chose.
Prudemment entouré par deux rangs de lancier, petit nombre de gradés faisait un tableau pour le moins assez hétéroclite : l’Ethnarque Dragowyn, en vêtements de voyage confortables (et cependant tout à fait sortables pour un petite occasion), son prélat particulier Torgalov, ses robes du Culte flottant au vent, et aussi à l’aise sur un cheval qu’en train de faire la messe, son alter ego complet, l’archimandrite Von Lenhart, commandant du corps maritime, qui n’avait de toute évidence pas chevauché depuis trois siècles au bas mot, et enfin le frère Rudiger, des Chevaliers de l’Ordre de l’Unique, dont la seule concession à la rapidité de la course était le changement de cheval, ayant abandonné son destrier caparaçonné pour un coursier rapide.
Au détour d’une colline, le groupe s’enfonça sans préavis dans les faubourgs de Belthil et dut limiter sa course à un petit trot.

- Je vois la cathédrale, annonça soudain Rudiger qui avait d’autorité pris la tête de la colonne.

- C’est heureux, grommela Torgalov. La missive du Primat était pour le moins lacunaire : que voulait-il donc entendre par « suivez les explosions » ?

- J’ai connu De Vaanne quelque temps, alors qu’il servait sous mes ordres, une étape obligée pour les primats, répondit Dragowyn. Je ne pense pas qu’il faille prendre ça au pied de la lettre.

Il semblait vouloir ajouter quelque chose quand le bruit et le souffle d’une explosion parvint à leurs oreilles. Une fumée noire se mit à s’élever des alentours de la cathédrale. Un instant interloqué, le groupe s’élança, dispersant passants et riverains dans sa hâte. Le temps qu’ils arrivent, cependant, la fumée avait disparu. Aux grilles, quelques Frères jurés, paraissant assez nerveux, montaient toujours la garde.

- Que se passe-t-il ? La cathédrale est attaquée ?

- Non, Ethnarque, répondit l’un d’eux. Il s’agit d’une des expériences de l’archiviste. C’est… relativement normal.

- Pas au pied de la lettre, hein ? dit Von Lenhart d’une voix melliflue.

- Tout le monde peut se tromper ! répondit hargneusement Dragowyn en faisant avancer son cheval dans la cour.

Celui-ci se cabra soudainement et l’ethnarque, désarçonné, n’eut que le temps d’apercevoir un loup sortir de la nef comme s’il avait le diable aux trousses, les oreilles plaquées de terreur. Le mouvement fut rapidement suivi du son, un « TECLIS !» retentissant provenant de l’intérieur de la cathédrale.

- Disons pas totalement au pied de la lettre, dit Dragowyn dans un sourire et s’attirant pour toute réponse un grognement de son alter ego maritime.

Peu de temps après, la cause du hurlement se montra, elle aussi en pleine course, poursuivie par De Vaanne, l’air particulièrement mauvais, tenant son heaume dans les mains. Il pila et, dans un mouvement souple, jeta précisément ledit heaume dans les pieds de sa cible. Celle-ci, déséquilibrée, trébucha, chercha à se rétablir sans y arriver et au final s’écrasa au sol à grands renfort de roulés-boulés. Le primat, sans trop se presser, avança jusqu’à Teclis et lui planta son pied dans le creux de dos avant de, posément, commencer à l’agonir d’injures.

- Il a amélioré sa technique de lancer, en tout cas.

- Intéressant pour rattraper un fuyard, mais tout de même très cher en casques cabossés.

- Si le casque est aussi dur que sa tête, il n’y a pas de risques à avoir. Allons-y, je crois qu’il est temps de sauver la vie de cet archiviste.

- Cette fois archiviste, vous avez largement enfoncé mes réserves de patience ! Rappelez-moi combien de plafonds vous venez de crever ?

- Trois, Primat…

- Et y a-t-il une seule expérience qui n’ait pas impliqué à un moment ou à un autre une explosion majeure dans les fondations déjà très fragilisées de cette cathédrale ?

- Oui Primat…

- Laquelle ?

Un vague murmure sortit de la bouche de Teclis. De Vaanne se préparait à lui faire cracher le morceau quand Rudiger, mieux placé pour entendre, intervint.

- Je crois qu’il a dit « glace à la fraise ». Mais j’ai du mal comprendre, ajouta-t-il un instant après, troublé.

Le visage du Primat, déjà d’un beau rouge homard, prit une teinte violacée et des veines se mirent à battre à sa tempe. Teclis laissa échapper un petit couinement de terreur et essaya de s’éloigner d’un destin a priori très douloureux quand Dragowyn se racla bruyamment la gorge. De Vaanne s’arrêta net et, se redressant, inspira largement. Il se retourna ensuite, en apparence calmé. L’archiviste, sagement, en profita pour prendre ses jambes à son cou.

- Ethnarque, c’est un plaisir de vous revoir. Messieurs.

- Primat, la réciproque est vraie, mais peut-être est-ce un mauvais moment ? D’ailleurs, où est le bûcher de bienvenue ? demanda Dragowyn avec un petit sourire.

- Malheureusement, nous travaillons à flux tendus concernant les hérétiques. Mon jeune apprenti à trop tendance à jouer au boutefeu et ne comprend que de façon très lacunaire le concept de « plus tard ». Cependant, je peux vous proposer quelques rafraichissements, nous ferons les présentations complètes autour d’un verre et vous me direz ce que vous avez amené dans vos bagages.

- Serait-ce trop espérer que vous demander un verre d’alcool de Rhéan ? demanda Von Lenhart les yeux brillants.

- Archimandrite, vous êtes un connaisseur.

- Une fois habitué, on découvre à cette boisson des qualités insoupçonnées, que voulez-vous, dit l’archimandrite en souriant devant les mines dégoûtées de ses collègues.

Armée de l’Unique

Forces terrestres

Quartier général

- Ethnarque Dragowyn
- Prélat Torgalov
Accompagnés d’une dizaine d’analystes, conseillers et commissaires aux vivres en tous genres, ainsi que qu’une cinquantaine de tirailleurs exaltés faisant office d’estafettes

Troupes d’infanterie

- Troupes régulières Croisées : 2000 fantassins

Jarl Carenvan

- Archers de métiers Croisés : 800 archers

Jarl Irensvor

- Engagés Fervents : 300 fantassins

Jarl Leifer (promotion de terrain)

- Repentis : 200 berserks
(sans compter les prélats contrôleurs, non combattants)

Prélat-Jarl Reichert

- Prélats de Bataille : 200 prélats
(placés un par unité de 10 fantassins réguliers)

Prélat de bataille Savinius

- Francs-tireurs du Culte : 500 tirailleurs

Jarl Jorderyn

- Hallebardiers Templiers : 600 fantassins

Jarl Stylianos

- Frères Jurés : 300 fantassins
(60 placés en gardes du corps du Quartier Général)

Frère Jarl Medelciulli

- Mages Dévots : 150 mages
(ventilés dans toute l’armée)

Jarl Merzov (officier de liaison)

- Ingénieurs Archivistes : 200 hommes
(plus un nombre non négligeable d’inventions explosives)

Grand Archiviste Van Geret

Cavalerie

- Tirailleurs Exaltés : 500 cavaliers

Jarl Isnofet

- Lanciers du Culte : 300 cavaliers

Jarl Tincommius

- Chevaliers de l’Ordre de l’Unique : 200 cavaliers
(30 en gardes du corps du Primat)

Frère-Jarl Rudiger

Marine

Juggernauts : 5

- Xupimada (navire amiral) : Mandrite Réaumur

Pavillon : Archimandrite Von Lenhart

- Lyganos : Mandrite Rothini

- Veren’Dani : Mandrite Borastrata

- Dellurion : Mandrite C’zevak

- Basarguiniy : Mandrite Hjormal

Frégates Missionnaires : 10

- Saint Scythus : Mandrite Cuchulaìnn

- Saint Carthen : Mandrite de Ruyter

- Saint Antoine : Mandrite Al’Maldik

- Saint Séveraux : Mandrite Veuzèle

- Saint Vivian : Mandrite Alferio

- Saint Iskaty : Mandrite Thormara

- Saint Vorrion : Mandrite Jorovic

- Saint Orazio : Mandrite Zaljuken

- Saint Vegel : Mandrite Berkal

- Saint Waynydd : Mandrite Tambavil

Navires Priants : 3

- Lac Kelma’ar : Mandrite Stanhope

- Basilique de la Révélation : Mandrite Keller

- Dôme de Rhéan : Mandrite Del Dialis

Total : 6300 hommes

La porte de la pièce dans laquelle l'Archimandrite, l'Ethnarque et le Primat était en train de partager quelques verres d’alcool de Rhéan s'ouvrit brusquement. Tout trois se tournèrent vers celle-ci prêt à dégainer leur armes lorsqu'ils virent un homme pénétrer dans la pièce. Le primat s'empressa de s'intercaler entre les deux soldats et l'homme qui venait de rentrer tout en leur faisant signe de ranger leur armes.

- Allons messieurs du calme, c'est un Enfant, le dernier à nous avoir rejoins, il se nomme Laylay peut être en avez-vous entendu parler ?

- Et depuis quand un Enfant entre-il sans prévenir dans les appartements de son Primat, qui plus est en calquant la porte de cette manière !

Laylay s'approcha de la table sur laquelle était posée la bouteille de Rhéan, et attrap cette dernière.

- Cet enfant me semble bien audacieux et sans gêne Primat DeVaane ...

Laylay tendit son bras, main ouverte en direction de Von Lenhart comme pour lui couper la parole, puis après avoir inspecter le niveau de la bouteille il la reposa et ouvrit son carnet sur la table, il fit signe au Primat d'approcher et pointa le doigt sur une ligne. Le Primat pu y lire le nom de Sanz dessiné dans une typographie très ancienne pratiqué d'antan par les moines de l'Unique.

- Que veux-tu me dire Laylay, parle ! Ma patience a des limites, surtout en période d'expériences de Teclis, et tu en as déjà abusé il y'a quelques jours, aussi je réitère ma demande, parle ou part !

Laylay sortit une plume de sa poche et mordit son index gauche, le Primat pu voir quelques gouttes de sang s'échapper de celui-ci. Après avoir trempé la plume dans une goutte de sang Laylay raya le nom de Sanz qui apparaissait sur son ouvrage et le referma sans même lui laisser le temps de sécher. Un sourire sembla se dessiner sur le visage du Primat, à moins que ce fusse un rictus.

- Tu as ta réponse, l'Unique semble avoir confiance en ton plan, de ce fait je te suivrai, mais si ce nom ou un autre viens a réapparaitre alors je me verrais dans l'obligation d'exécuter ma tâche.

Et Laylay repartit comme il était arrivé sans même laisser le temps a ses interlocuteurs de réagir. Le Primat semblait satisfait mais les deux autres hommes semblaient stupéfait par son comportement autant que par sa foi.

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