Horreur sentimentale qui chemine le long de ses ruelles glissantes, c'est la ville de cette nuit ; celle qui sent bon le whisky. La passion traîne-savate dans la grand place, sérieux en berne et cheveux collés dans le cou, s'accroupit près d'un banc et d'un bref coup de coude en déloge le locataire pour y poser son séant mouillé. En lanterne, les boucles chevrotantes de l'avenue sont autant de broussailles mystérieuses dont les promesses d'un humus nouveau font apparaître les lueurs de son désir. Bedonnant dans sa gorge, l'alcool sirupeux s'extasie sur un mur, coule du banc, jonche les pavés, elle avance en demi teinte et prudence jusqu'au bout de l'allée. Poussée et haletante, les contours effacés de sa progression se font entendre aux fenêtres, agaçant les voisins, les pavés humides brillent dans la lumière nocturne.