Thème Tour N°1

On aurait tort de voir dans la maxime ornant le porche étincelant de Fruii & Fils, Pompes Funèbres, un quelconque calembour morbide. Il s'agit juste d'une traduction littérale, certes malheureuse, depuis le gobelin occidental d'une classique devise artisanale. Débarqué avec ses deux enfants en terre aeliséenne en même temps que les miasmes de la peste lactique - une coïncidence malheureuse, là encore -, cet entrepreneur avisé a récupéré pour une bouchée de pain un terrain situé derrière un certain corridor rocheux d'Echoriath. Appelé Ville-Fantôme, ou Fausse-Commune, ce vestige d'une ancienne cité (il est de notoriété publique qu'Aelis se bâtit sur des ruines), était l'endroit rêvé pour construire un cimetière à la mode gobeline. En quelques mois seulement, malgré les railleries - « Fruii est vert », « Fruii n'est pas mûr » -, sortit de terre (façon de parler) un véritable éden pour macchabées.

Le fils de Fruii est en effet un surdoué dans son art funéraire, lointain héritage du creusage de terrier gobelin. Tous ignorent son vrai nom et le surnomment Tombô-Tombô, écho au chant guttural qu'il entonne inlassablement en travaillant.

Tombô tombô
Na 'i-krejk traam kâ
Vikiki deik'at amh kâ
Tombô Tombô
Dokukûn ibbit krejk
Mumatil ì schklergjjsk

(La chanson évoquerait un plat typique, une sorte de paella composée de viandes de cerf, d'écureuil et de gravier.)

Toujours est-il que Tombô-Tombô est le géniteur de plus d'une invention formidable dans le domaine funéraire : la glaise imitation marbre, soit le luxe à portée de tous, le roulement à billes pour cercueil, exclusivement réservé aux grands hommes qui présagent devoir se retourner dans leur tombe ou la plate-forme aérienne individuelle, pour les Wilwarini. Son chef-d'œuvre reste à ce jour le Mausolée-piégeur ©, soit un splendide sépulcre orné de l'énigmatique épitaphe ici reposent des imbéciles ; le visiteur curieux verra avec effroi la lourde porte de l'édifice se refermer derrière lui, pour ne s'ouvrir à nouveau qu'un mois plus tard - des heures de rire en perspective.

Pour les travaux un peu plus musclés, on s'adressera à Amorella, la fille de Fruii, officiellement en charge de repousser les nécrophages hors du domaine paternel. Ses services, nombreux et raffinés vont de l'expropriation de caveau (c'est toujours un plaisir que d'éconduire pour quelques pièces un défunt prétentieux vers la fosse commune) aux innovantes exhumation et crémation de son vivant (plus chères).

Fruii s'occupe quant à lui de l'organisation des cérémonies. Un vibrant hommage à son travail fut rendu au lendemain des obsèques de Kyara Partizan dans le journal satyrique l'Axolotl à Hélices : « La splendeur et le faste de ses funérailles effacèrent presque le pathétique de toute une vie. » L'évènement lui rapporta tant qu'il décida de confier au plus grand peintre d'Aelis la confection pour son entreprise d'une enseigne à sa mesure. Seuls lui et l'artiste connurent la vraie raison de son ire là où tous les complimentèrent pour le charme fou de cette tête de chauve-souris : il s'agissait en réalité d'un portrait du gobelin.

On aurait tort de voir dans la maxime ornant le porche rutilant de Fruii & Fils, Pompes Funèbres, un calembour morbide. Il s'agit juste d'une traduction littérale, certes malheureuse, depuis le gobelin occidental d'une classique devise artisanale. Arrivé avec ses deux enfants en terre aeliséenne en même temps que les miasmes de la peste lactique - coïncidence malheureuse, là encore -, cet entrepreneur avisé a récupéré pour une bouchée de pain un terrain situé derrière un corridor rocheux d'Echoriath. Appelé Ville-Fantôme, ou Fausse-Commune, ce vestige d'une ancienne cité (il est de notoriété publique qu'Aelis se bâtit sur des ruines), était l'endroit rêvé pour construire un cimetière à la mode gobeline. En quelques mois, malgré les railleries - « Fruii est vert », « Fruii n'est pas mûr » -, sortit de terre (façon de parler) un véritable éden pour macchabées.

Le fils de Fruii est en effet un surdoué dans son art funéraire, lointain héritage du creusage de terrier traditionnel. On ignore son vrai nom et le surnomme Tombô-Tombô, écho au chant guttural qu'il beugle inlassablement en travaillant.

Tombô tombô
Na 'i-krejk traam kâ
Vikiki deik'at amh kâ
Tombô Tombô

(La chanson évoque un plat typique, sorte de paella composée de viandes de cerf et d'écureuil.)

Tombô-Tombô est le géniteur de plus d'une invention formidable dans le domaine mortuaire : la glaise imitation marbre, le luxe à portée de tous, le roulement à billes pour cercueil, réservé aux grands hommes qui présagent devoir se retourner dans leur tombe, ou la plate-forme aérienne individuelle, pour les Wilwarini. Son chef-d'œuvre reste à ce jour le Mausolée-piégeur©, soit un splendide sépulcre orné de l'énigmatique épitaphe ici reposent des imbéciles ; le visiteur curieux verra avec effroi la lourde porte de l'édifice se refermer derrière lui, pour ne s'ouvrir à nouveau qu'un mois plus tard - des heures de rire en perspective.

Pour les travaux un peu plus musclés, on s'adressera à Amorella, la fille de Fruii, officiellement en charge de repousser les nécrophages hors du domaine paternel. Ses services, nombreux et raffinés vont de l'expropriation de caveau (c'est toujours un plaisir que d'éconduire pour quelques pièces un défunt prétentieux vers la fosse commune) aux innovantes exhumation et crémation de son vivant (plus chères).

Fruii s'occupe lui de l'organisation des cérémonies. Un vibrant hommage à son travail fut rendu au lendemain des obsèques de Kyara Partizan dans le journal satyrique l'Axolotl à Hélices : « La splendeur et le faste de ses funérailles effacèrent presque le pathétique de toute une vie. » L'évènement lui rapporta tant qu'il décida de confier au plus grand peintre d'Aelis la confection pour son entreprise d'une enseigne à sa mesure. Seuls lui et l'artiste connurent la vraie raison de son ire là où tous les complimentèrent pour le charme fou de cette tête de chauve-souris : il s'agissait en réalité d'un portrait du gobelin.