« Je ne t'aime pas »
Ses yeux se voilent, son sourire reste. Elle perd sa lumière a vu d'œil, mais son sourire reste, inchangé, immuable. Elle hausse les épaules, d'un mouvement qui veut tout dire et rien à la fois. Elle assure qu'elle va bien, que tout va bien, que ça ne fait rien. Elle reste encore un peu pour discuter, cette fois de tout et de rien, du premier sujet qui les a rapprochés, un des seuls qu'ils auront à présent.
Elle a trop cru, trop voulu et a trop perdu. Mais elle garde son sourire, état permanent, habitude passée à l'inconscience. Personne ne voit son regard éteint, juste son sourire. Ses yeux morts n'intéressent pas, seulement ses lèvres étirées, fictivement pleines de vie.
Elle s'excuse mais doit partir. Encore une fois, tout va bien, c'est sur. Elle tourne enfin les talons, fait quelques pas maladroits et un peu de vie revient dans ses yeux. Ils scintillent, d'une lumière humide. Elle entend son prénom et presse le pas, elle ne peut pas se retourner encore. La voix se rapproche, elle court maintenant. Elle court pour s'enfuir, pour se protéger, pour garder son sourire.
Elle disparaît à l'angle d'un bâtiment et s'effondre en silence. Son sourire toujours accroché à ses lèvres par l'énergie du désespoir. Il pleut sur ses joues, eaux salées dans lesquelles se perd son regard, par rafales et au gré des vagues.
La voix réapparaît une pointe d'inquiétude la teinte. Elle relève la tête. Cette fois, son sourire est parti, dissout. Enfin elle est tel son cœur. Enfin la voix remarque ses yeux mort. Enfin mais trop tard. Son esprit s'est brisé.
Depuis ce jour, la voix prend soin d'elle. Elle qui ne sort plus de son mutisme, de sa léthargie, elle qui ne ressent plus. Elle qui a retrouvé son sourire pourtant. Douce folie inconsciente.