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 [Unique]Echange de ressources vitales [RP Concerté]

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Tear
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Tear


Masculin Nombre de messages : 2607
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MessageSujet: [Unique]Echange de ressources vitales [RP Concerté]   [Unique]Echange de ressources vitales [RP Concerté] Icon_minitimeLun 13 Déc - 23:51

Les cachots de la cathédrales, jusque là silencieux, résonnèrent d'un grincement métallique lorsque la lourde porte de fer fut poussée. A la lecture des factures de fin de mois, le Primat avait décidé qu'il était grand temps d'aller se défouler sur des prisonniers du Culte. Mais ce fut avec rage qu'il constata que même ce divertissement ô combien délectable - selon un pyromancien de renom - ne fut d'aucun recours pour apaiser sa fureur.

- Cette fois, c'en est trop !

Heureusement que les murs des cachots étaient épais - ingénieuse idée pour calfeutrer les cris des hérétiques qui auraient pu écarter à tout moment un de Ses serviteurs de Sa voie, s'il ne faisait pas suffisamment attention. Les abominations et blasphèmes qui suivaient auraient fait vaciller la foi du pyromanicien sus-cité, ce qui, vous vous en doutez, est signe de l'intensité des émotions du Primat.

-- -- -- -- -- --
- Non, non, et non ! répéta TeaR une n-ième fois.
- Aller, s'il te plait ? Tu sais bien que c'est une question de vie ou de mort ! tenta tout de même Exodus, motivé des besoins plus que vitaux.
- Non. Je ne reviendrai pas dessus. C'est entièrement de ta faute, tu te débrouilles.
- Mais...
- Non.
- Tu es sans coeur. Laisser un frère seul, déprimé, ... affamé ! Ce n'est pas une attitude digne d'un Enfant.
- J'ai dit non.

A la vue d'un Dispater masticant un os, à l'odeur de brûlé qui se dégageait de la croix de TeaR, et aux gargouillements qui s'échappaient bruyamment de l'estomac traumatisé d'Exodus, une idée illumina le visage de ce dernier. Evidemment !

- Dis toi que... Si... Tu perdais ta source quotidienne qui te permettait de vaincre à Son service... Eh bien, euh... Ca t'embêterait, non ? Il m'a privé de mes fourneaux. C'est comme s'il t'avait retiré ton combustible ! C'est inhu...
- Exodus, j'ai dit, non !
- Bon, bon... Ce n'est que parti remise.
-- -- -- -- -- --

Des gargouillements qui ne pouvaient être dissimulés, même par les cachots privés du Primat, avertir TeaR de l'arrivée de son confrère dans sa zone de recueillement, place fièrement gardée et réservée aux initiés.


- Non, Exodus !

La température de la pièce semblait avoir monté de quelques degrés.


- J'ai encore rien dit ! Tu as l'air de bien mauvais poil.
- Hm.
- J'ai une bonne nouvelle pour toi ! Une chasse à l'hérétique.

Un nouvel éclat brilla dans les yeux de Tear, malgré son envie de le dissimuler.


- Apprendre que des hérétiques parcourent encore ces terres me désole, Exodus. Tu devrais savoir que je ne... sévis pas pour mon bon plaisir, mais pour Lui.
- Oui, oui, évidemment. J'ai besoin de toi pour cette mission.
- Quand ?

Un nouveau gargouillement plus retentissant encore résonna dans la pièce.


- Le plus vite possible ? Enfin, euh. L'Unique n'attend pas.
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Exodus (...)


Masculin Nombre de messages : 1425
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Localisation : Au restaurant, pourquoi? Asseyez-vous il reste une chaise.
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MessageSujet: Re: [Unique]Echange de ressources vitales [RP Concerté]   [Unique]Echange de ressources vitales [RP Concerté] Icon_minitimeJeu 27 Jan - 23:12

Les deux Enfants regardaient la route défiler au rythme posé de leurs montures. Les pavés maladroitement placés et décalés par les années d'intempéries et de passage de caravane les faisait pour l'instant traverser une plaine légèrement vallonnée, agrémentée ça et là de collines à l'origine verdoyantes mais depuis passablement jaunies, lesquelles arboraient le plus souvent un fier olivier, se dressant tel un épis sur la tête d'un chauve. Les quelques murets qui bordaient la route avant de s'engager entre les différentes collines semblaient délimiter le terrain en parcelles aux dimensions fantasques et anarchiques.
Un vent léger se manifestait par instant, trop timide pour s'imposer, rafraichissant momentanément les voyageurs perdus sur une route sans ombrage qui subissait les assauts d'un chaud soleil de début d'après midi.


- Est-ce que tu vas enfin me dire où nous allons, demanda la voix plate mais agacée de Tear, ou bien vas-tu encore attendre une demi-journée à ne rien faire d'autre que compter les pavés?

Exodus arrêta mentalement de compter et se retourna sur sa selle pour sourire au cadet des Enfants.

- Je crois que je peux effectivement te révéler les détails, maintenant que nous sommes trop loin pour envisager un demi-tour avant la nuit.

- Pourchasser l'hérétique n'est pas une plaisanterie, répurgateur, c'est notre devoir et en aucun cas nous ne devons lui tourner le dos! D'ailleurs, je trouve choquant que tu ais attendu si longtemps avant de décider une action si tu avait connaissance de leur existence.

- Première chose à apprendre: les choses sont rarement aussi simple qu'elles ne le paressent, novice, répondit Exodus en insistant sur le dernier mot par pure mesquinerie. Le regard qui jaillit des yeux de Tear eu à cet instant la puissance d'un lance-flamme. Deuxième chose: on ne va pas se contenter d'aller nettoyer un lieu à grand renfort de sang versé, nous allons d'abord devoir nous assurer de la situation et mesurer le danger. Ensuite, on prendra les mesures.

Tear se redressa sur son cheval et affichait un air à la fois dédaigneux et contrarié.

- Il n'y a pas de questions de mesure à ce sujet, le Fides est clair: si l'hérésie est prouvée, qu'importe sa taille, elle doit être effacée. C'est la seule règle, et nous l'appliquerons. Maintenant, explique moi enfin de quoi il en retourne.

- D'accord, d'accord, répondit Exodus tout en amenant sa monture au niveau de celle de Tear. Mais d'abord, petit cours d'histoire accéléré: depuis combien de temps le culte est-il à ton avis implanté en Ter Aelis?

Tear soupira derrière son capuchon, comprenant que s'il voulait connaître le fin mot de l'histoire, il allait devoir jouer le jeu du répurgateur... Du moins pendant un temps.

- Quatre-vingt-quatorze ans depuis cette année, récita-t-il de la même voix automatique et encyclopédique que quand on lui demandait une page au hasard des Textes.

- Exacte, lui répondit Exodus pour qui la réponse était "peut-être bien un siècle, à une vache près". Le pays fut choisi comme test pour une conversion logique et posée à long terme, dans le respect des cultures et coutumes locales, partant du postulat que l'Homme tendait naturellement vers l'Unique.

- Oui, j'ai déjà entendu ça quand nous étions sur le continent, le coupa Tear avec un grand sourire. Elle fait toujours autant rire dans les réunions ministérielles.

- Comme on les comprend, reprit Exodus avec le même sourire. Bref, toujours est-il que c'est ce qui a permis de construire notre cathédrale, puis de dispenser un savoir œcuménique et contrôlé aux hommes et femmes qui en affichait le besoin, lesquelles allèrent ensuite divulguer la sagesse issue de Sa vérité dans le pays.

- Quand on regarde le résultat, on aurait tout aussi bien pu envoyer directement les armées. Un gain de temps et de moyen à mon humble avis. D'après les archives, la situation théologique de ce pays était à elle seul une insulte à Sa voix. Et un petit siècle n'a à mon avis rien arrangé.

- Tu as sans doute raison, mais le pays était encore trop loin des frontières de Son royaume pour envisager une reconquête efficace à l'époque. De plus, l'expérience ne fut pas totalement infructueuse: certains prélats formés sur le pays ont réussi à souder des communautés humaines autour de Sa parole et depuis elles vivent en respectant, autant que la situation le permet, les règles du Fides.

- Et quel est finalement le lien avec notre mission? Demanda Tear avec impatience. Les seuls problèmes que révèle ton exposé sont un nombre insuffisant de ces communautés et le fait que dispose véritablement d'un don pour ce qui est de tourner autour du pot. Et dans un cas comme dans l'autre, je ne vois hélas pas de solution immédiate.

- Apprend, Ô clone mal élevé de sa primauté, que c'est justement dans une de ces communautés que nous nous rendons, lui répondit Exodus avec agacement. La ville de Prélarge, est depuis une cinquantaine d'année sous giron du Culte de Ter Aelis, et les prélats locaux se sont efforcés depuis d'y maintenir une ligne de conduite irréprochable, autant se faire que peut. Les allanthropes de passage y sont tolérés mais la population est presque exclusivement humaine, et de plus les non-humains se voient infligés des taxes dissuasives sur leurs achats, ce qui est d'autant plus drôle, quand on sait que la ville est une des plaques tournantes de l'Ouest concernant le commerce des culture: presque quinze pour cent des céréales issues des plaines de l'Ouest passe par Prélarge avant de rejoindre les territoires du centre. Autant dire une bénédiction pour le Culte et sa caisse, et une belle avancée pour l'autonomie de Son peuple.

- La situation n'est donc finalement pas désespéré pour ce pays, dit Tear avec un brin d'étonnement. Mais je suppose que la situation ne plait pas à aux population allanthropes, aussi fomentent-elles à l'encontre de nos frères? Complot dont tu as miraculeusement eu vent, Lui seul sait comment, et tu comptes sur mon aide pour réduire à néant ces hérétiques et leurs projets?

- Pas exactement, répondit Exodus avec une grimace gênée. Ça fait cinquante ans que la la ville double ou triple les prix pour les non-humains, mais ceux-ci ont trouvé des parades, des intermédiaires humains ou plus simplement d'autre fournisseurs. En fait, le problème vient plutôt du Culte lui-même, ou plus exactement de son représentant. Jusqu'à il y a un an, la communauté était sous la coupe spirituel d'une mère-prélat, en fonction depuis plus de vingt ans, laquelle était garante du respect des Textes, ignorant le compromis ou la pitié envers les allanthropes. Tout le contraire de la loque qui servait de vicaire à Bethil et...

- Et que tu avais tout simplement laissé en place alors que ton arrivé précédait la notre de plusieurs mois, le coupa Tear avec un ton désapprobateur.

- … et avec lequel elle avait coupé tout lien en raison de ses manquements évident au Crédo, continua Exodus en haussant la voix pour couvrir le bourdonnement de conscience qu'incarnait Tear. Sous sa vigilance, la ville a ainsi continué d'œuvrer en fonction de Sa parole, restant fidèle au Crédo et aux Textes. Mais quand l'Unique a rappelé à Lui cette sainte femme, la direction du Culte de la ville a été confié à son protégé, un prélat qui l'aidait dans la gestion de sa communauté mais qui depuis procède aux cérémonies et sermons, dont le contenus a radicalement changé. Une seconde...

Exodus s'accorda une pause dramatique, le temps de prendre une gorgée de la gourde qui pendait à la selle.

- Comme je disais, le nouveau prélat a progressivement changé l'orientation des sermons, et aux dernières nouvelles il appelle à une "pacification" des échanges avec les allanthropes, voir même, Exodus cracha presque le mot, à une "ouverture".

- Le message classique des incroyants, marmonna Tear. Sous prétexte qu'on vit au même endroit, on devrait tolérer la présence des cafards. Mais les écraser sous notre botte reste la meilleure solution...

- Incinérer conviendrait mieux dans ton cas, précisa Exodus pour qui Tear pouvait parfois se résumer en une grosse boite d'allumette. Mais il va falloir retenir notre talon, le temps de se rendre compte à quel point les mensonges de cet homme se sont infiltrés dans la population. Les informations qui nous sont parvenues provenaient principalement de marchant de passage qui ont véhiculé ce changement, et le le tout est très lacunaire en plus d'être daté de plusieurs semaines, voir mois. Impossible de savoir exactement ce qui nous attend là-bas.

Tear ne répondit rien, plongé dans ses réflexions, et le répurgateur ne jugea pas utile de poursuivre la discussion. Ils continuèrent à suivre l'allure posée de leur montures pendant quelques minutes, quand soudain Tear releva la tête, rejeta sa capuche en arrière et éperonna le cheval pour le lancer au galop. Il laissa derrière lui un nuage de poussière et un Exodus souriant à pleine dent, lequel lança à son tour sa monture à toute vitesse sous le chaud soleil d'après midi.
Il venait de secouer un peu la boite d'allumette, et déjà des étincelles en sortaient.

* * *


Le soleil était maintenant réduit à un vague disque orangé à l'horizon, se cachant lentement derrière les collines en projetant une coloration irréelle sur les nuages de passage.

Les chevaux étaient revenus à un rythme bien plus posé. La soudaine accélération n'avait duré que sur une petite dizaine de kilomètre, à la suite de quoi les cavaliers avaient dû laisser aux montures le temps de boire et de récupérer. Exodus en avait profité pour faire remarquer au jeune Tear que, comme le disait Saint-Gedhin aux Purificateurs, "qui veux incinérer juste point trop tôt n'allumait sa torche", une version approuvée par les Textes d'un ancien proverbe. Et en plus ça rendait les chevaux nerveux, ce qui donnait un goût désagréable à la viande. A la suite de quoi Tear avait menacé de carboniser toute personne amenant une fourchette à moins de trois mètres des chevaux, et son collègue de lui répondre que de toute façon il aimait bien manger avec les doigts. Le répurgateur avait piétiné son chapeau dans la poussière presque une minute pour éteindre le début d'incendie.
S'en était suivit un silence boudeur jusqu'à l'instant présent.

- On va essayer de trouver un coin tranquille pour passer la nuit, finit par décrocher Exodus. Une grange vide ou quelque chose de similaire. Et au pire on peut tenter la belle étoile, le temps n'a pas l'air de vouloir changer.

- A la belle étoile? Je ne t'ai pas vu joindre de tente avec les couvertures pourtant, si?

- Je n'allais pas surcharger ces pauvres bêtes tout de même. Et puis, pour tout t'avouer, j'ai été un peu pris de cours au moment du départ: budget limité, choix rapide à faire, j'ai préféré miser sur les vivres et l'eau plutôt que sur le reste. Une auberge t'en trouve pas forcément en route, mais un sol comme matelas, ça on en trouve partout.

- Budget limité... répéta Tear avec suspicion. Tu m'expliques?

- Bha, commença le répurgateur avec un accent gêné, disons que ma solde s'est trouvé... amputé d'une partie de son intégrité, à hauteur d'environ... soixante-quinze pour-cent? Et depuis que DeVaanne a découvert mon petit coup de crayon sur les précédentes feuilles de payes, il utilise une plume personnelle qu'il porte en permanence dans sa veste, et je n'ai pas encore trouvé de réplique, à croire qu'il a cuit l'oie qui la lui a fournit sitôt après l'achat. Si tu ajoute à ça le blocage des celliers, on peut dire que j'ai fait le choix qui s'imposait.

- C'est sûr, dormir enroulé dans du jambon, ça évite les rhumes...

- Épargne moi tes sarcasmes, je te pris! De toute manière aucune tranche ne serait assez grande pour toi et ta mauvaise humeur. Alors on dors dehors, c'est dit, le débat est clos.

- On peut aussi forcer un peut, quitte à arriver en ville au beau milieu de la nuit.

- Dans ce cas, je t'en pris, pars devant, lui répondit Exodus en envoyant la main devant lui, tu arriveras sans doute sur le coup des minuit ou une heure du matin... le lendemain.

- Quoi? Lâcha un Tear au visage incrédule.

- Aurais-je omis de signaler la distance qui nous séparait de Prélarge, dit l'Enfant avec un doigt théâtralement posé sur le menton et le regard vers le ciel. Dieu, que je suis distrait! Le trajet entre Bethil et Prélarge est d'environ deux jours et demi et de cheval, donc si je compte bien, il doit nous rester...

Il marmonna dans sa barbe pour l'effet tandis que son compagnon fixait la route, la bouche en "o".

- Oui, c'est ça: un jour et demi de voyage, conclut-il avec l'un des plus grands sourire de la création. Ceci étant dit, je propose de commencer dès maintenant à cherche un petit coin à l'abri du vent, les chevaux préfèrent généralement.

Tear ne répondit rien, son esprit bien trop occupé à mesurer l'ampleur de la révélation.
Un jour et demi de trajet.
Encore un jour et demi de fesse douloureuse et de climat changeant.
Encore un jour et demi à le supporter comme seul compagnon de route.

Par l'Unique, qu'est-ce qui pourrait être pire?


* * *

- Allez, fait pas ton effarouché!

- J'ai dis non!

- Mais ça passera le temps.

- Non.

- Allez, tu vas voir je suis sur que ça va te plaire!

- Non!

- Mais allez, quoi, ce n'est jamais que chanter, tout le monde fait ça pour passer le temps.

- Pas moi. Je prie. Laisse moi tranquille maintenant et trouve à t'occuper tout seul.

Exodus se mit à bouder, pour la deuxième fois depuis la matinée. Au réveil, Tear avait refusé de partir sans que les premières prières ai été prononcés, et maintenant il refusait de démarrer un canon avec lui. La journée commençait mal.

Le paysage avait changé depuis la veille, les collines ayant peu à peu disparu au fur et à mesure que la route remontait vers le nord, pour laisser place à des parcelle agricoles s'étendant à perte de vue. Ça et là apparaissait un bosquet d'arbre à l'écorce blanche et largement feuillus, offrant une ombre agréable lorsque la route le traversait. Le soleil cognait déjà dur malgré l'heure matinal.

Tear marmonnait du fond de son capuchon, le volume réglé sur "à peine audible mais nuisible", catégorie redouté de tout les nerfs prétendument d'acier. Il incarnait le priant parfait, de celui qui arrivait à joindre les mains tout en les séparant pour tenir les rênes et qui arrivait à monter en génuflexion.
Exodus, sous son chapeau, se remit à compter les pavés. Arrivé au bout de neuf, il en eu déjà assez et décida que ce n'était pas parce que l'autre était un rabat joie qu'il allait se priver d'égayer le voyage.
Il se fit chauffer la gorge avec un "teuh-teuh" professionnel, puis commença à chanter lentement d'une voix de basse, suivant un air qu'il était le seul à entendre.

Au jour de la Grande Marche il est arrivé,
En personne l'Unique nous a commandé.
A regroupé tout les hommes et les saints,
Et l'Humanité marchait armes à la main.


Le refrain, en revanche, eu autant de puissance sonore qu'un cor de chasse joué par un tenor.

A la Grande Marche ça oui j'y était,
Éclairé par les hérétiques qui brûlaient!
On a tous remplis notre même devoirs,
Mais chacun à sa façon, vous allez le voir!

Par s'occuper des Elfes on a commencé,
Dans leur jolis cabanes on les a fait cramé.
Tous à nos torche, sauf la sainte Loriente,
Qui préférait couper leur oreilles en pointe!

On a ensuite bifurqué par les marécages,
Les hommes lézard, tous parqués dans des cages.
Tous à nos piques, sauf le saint Gastulte
Qui préférait nous beugler "Catapulte"!

On a atterrit pas loin des montagnes,
Fléchant ces sales Nains malgré leur hargne.
Tous à nos arcs, sauf le saint Lafarbe
Qui préférait leur couper la barbe!

A la Grande Marche ça oui j'y était,
Éclairé par les hérétiques qui brûlaient!
On a tous remplis notre même devoir,
Mais chacun à sa façon, vous allez le voir!


Arrivé au deuxième refrain, il était impossible pour tout être vivant à moins d'un kilomètre de s'entendre penser, voir d'entendre quoi que ce soit. Tear de son côté avait perdu le fil de sa prière dès le premier couplet et le vacarme exodien l'empêchait de le retrouver dans la pelote qu'était devenue sa concentration. Il préféra ne pas réagir, se taire et faire celui - peut crédible - qui n'avait rien entendu.

Deux minutes plus tard, ils traversèrent un bosquet où Tear pu constater la fuite effrénée des animaux sauvages, sans doute effrayés par les exploits de saint Kez-mat et des ses fameux coups de lattes.

Quinze minutes plus tard, Tear se surprit à fredonner inconsciemment sur l'adresse de sainte Hirmane, apparemment redoutable avec un platane. Il se sermonna de son manque de vigilance.

Trente minutes avait passé, et les seuls pauses consenties par Exodus étaient celle qui lui permettaient de s'humecter le gosier avant de repartir de plus belle. Tear se trouvait dans une sorte d'état second, essayant tant bien que mal de compter au-delà de trois pavés.


On a rejoint ensuite les désert brûlants,
Avons pendus les incroyants par leurs turbans.
Tous au gibet, sauf le saint Eustache,
Bien plus à l'aise avec ses haches!


Ah, oui, le Haut Prélat Eustache, songea Tear. Soixante-douze chefs hérétique à son actif, et presque le double de soldats. Ses haches avaient à elle seules contribué à convertir les trois quarts des populations du sud du Territoire. Bien que l'histoire ne fasse mention d'aucun désert, il restait un saint homme et un exemple pour Ses ouailles.

On a enchainé par les steppes glacés,
Les hérétiques du Nord avons tranchés.
Tous à nos lames,
sauf la sainte Alison,
Très imaginative avec un trombone!


Un silence se fit lorsque le son de la voix de Tear s'éteignit petit à petit. Exodus le fixa avec un sourire incrédule, tentant de deviner le rouge sur les joues que Tear s'efforçait de cacher derrière sa capuche. Puis il regarda de nouveau devant lui et renchaina immédiatement sur le couplet suivant, deux fois plus motivé maintenant que le jeune Enfant l'accompagnait, de moins en moins timidement.

On a traversé les plaines du Rohik,
Exterminant les peaux-vertes hystériques.
Tous à nos lances, sauf la sainte Miraque,
Qui s'les fit tous avec une matraque!

A la Grande Marche ça oui j'y était,
Éclairé par les hérétiques qui brûlaient!
On a tous remplis notre même devoir,
Mais chacun à sa façon, vous allez le voir!


* * *

Le reste du voyage ne fût guère intéressant, hormis les fabuleux exploit des diverses saints du Culte de l'Unique, suffisamment nombreux pour couvrir deux heures et demis de chant et cent quatre-vingt-douze couplets.

Vers midi, alors que les vallées de Kiolt (charmante localité à l'Ouest du Territoire) étaient conquise à grand renfort d'arbalètes, les premiers nuages firent leur apparition à l'horizon. De lourdes et menaçantes formes sombres qui coulaient littéralement du ciel, attendant de pouvoir engloutir un soleil trop naïf. En forçant le regard, on pouvait même apercevoir le flou caractéristique d'un rideau de pluie.
Mais nos deux héros étaient occupés à achever et les conquêtes de l'Ouest et les oreilles de leurs montures, aussi ne remarquèrent-ils rien.

Vers une heure de l'après midi, la chanson touchait enfin à son terme - la pause sandwich n'ayant en rien empêché le chant, les deux mélomanes se formalisant que peu des miettes de pains lancées sur orbite - tandis que le vent se faisait de plus en plus insistant et que le soleil palissait à vue d'œil derrière l'avant-garde nuageuse.


On a fini dans l'antre du Démon,
Massacrant le Mal et ses Légions.
Tous à la foi, sauf bien sûr l'Unique,
Qui aligna leur têtes sur des piques!


Il ne restait alors plus que Nous,
Festoyant, buvant, la bière jusqu'au cou.
Tous à nos chopes, sauf la sainte Gudulle,
Occupée à me tripoter...


Le phrase resta en suspend, Exodus s'efforçant de retenir derrière ses lèvre les mots malheureux que les yeux de Tear (lequel avait cesser de chanter au dernier couplet) menaçait de carboniser sur place si jamais ils faisaient mine de poindre. La température montait d'un demi-degré la seconde. Qu'un oiseau passe entre les deux regards à se moment donnée et il en aurait résulté une volaille trop cuite. La sueur longeait la nuque d'Exodus tandis qu'il lâcha une contre-mesure qui, il espérait, ferait office d'extincteur. Il la beugla le plus fort possible.

Occupée à me tricoter un pull!

Le visage de Tear afficha une légère contrariété, comme si un détail clochait. La température se stabilisa.

- Je n'ai pas souvenir de Sainte Gudulle dans les textes inquisitoriaux, finit-il par dire.

- Oh, c'est normale, c'est une sainte, disons, mineure, peu intéressante au regard des Inquisiteurs en quête d'inspiration. Une de celle qui faisait dans l'aide à la personne, ce genre de chose. C'est la patronne des... euh... couturières?

Tear regarda son collègue avec un air franchement étonné, avant de hausser les épaules et de retourner dans son mutisme habituel. Le répurgateur remercia intérieurement l'Unique que la culture de Tear n'englobe pas la signification détourné mais largement accepté du terme "couturière" dans sa région natale.

Il eu un léger soupir de soulagement tandis que la température chutait vers son niveau habituel. Il se jura de ne plus oublier la règle primordiale de tout bon répurgateur (après celle disant "ne dit jamais à ton supérieur ce que tu compte faire avec ce truc ni où tu l'as trouvé") : "évite de jouer trop longtemps avec des allumettes, tu finis invariablement par te brûler".


* * *

Deux heures plus tard.

La pluie tombait maintenant si fort qu'on aurait cru passer sous une très grande cascade, à condition d'oser lever la tête sans crainte de se noyer. Le chapeau du répurgateur, d'un cuir rompu aux pires conditions, remplissait autant qu'il le pouvait son rôle de paravent portable mais la pluie ruisselait même du bord jusqu'au front de son porteur, lequel devait constamment se passer la main devant les yeux pour y voir qu'il n'y voyait rien de toute façon. Le poids du couvre chef avait au minimum doublé et tout son corps lui donnait l'impression de s'être transformé en éponge hyper-absorbante, au point que l'essorer au dessus de Sûl-Nar reviendrait à provoquer une mousson artificielle.
Il tourna la tête en direction de la vague forme sombre qui semblait être Tear, ouvrit la bouche, recracha l'eau envahissante et réitéra l'opération en passant cette fois-ci à placer sa main au dessus de sa bouche.


- Il faut qu'on trouve un coin où se poser et vite, les chevaux vont mourir noyés si ça continue, et nous avant!

La forme noir se tourna vers lui et hurla à travers le barrage aqueux.

- Et où est-ce que tu veux qu'on se mette à l'abri? On ne voit pas à plus de cinq pas, c'est déjà une Grâce de l'Unique si on a pas quitté la route!

- Tu peux pas nous faire une torche ou un truc comme ça? Demanda la langue d'Exodus sans en référer au cerveau.

- Au risque de te surprendre, répondit la capuche de Tear d'un ton tranchant, ma magie est peu efficace en extérieur quand il pleut des hallebardes!

- Alors pourquoi lui il y arrive, hein? Fit Exodus en pointant du doigt un point lumineux à quelques dizaines de mètres.

Ils firent accélérer les montures réticentes pour finalement trouver une lampe à huile accrochée à un poteau de bois maladroitement planté entre les pavés du bord de la route et isolée de la pluie par un long chapeau de fonte et quelques plaques de verre. En s'avançant un peu plus et en trichant légèrement sur les limites visuelle, on pouvait distinguer la forme d'un grand abri de bois. Les deux hommes mirent pieds à terre et se hâtèrent de mener leurs montures et leur carcasse trempée sous le toit de planche.

Une sorte d'étable de fortune avait été bâtie à l'intérieur, les planches ayant plus le but de faire comprendre qu'on était plus dehors que d'isoler des éléments. Une mangeoire se dressait collée au mur du fond et plusieurs tas de foin avait été disposé en hauteur sur une petite mezzanine. Quelques pierres disposées en cercle sur un coin suffisamment éloigné de la paille indiquait qu'en cherchant bien, on trouvait surement un peu de bois sec empilé avec précaution.


- Quelle chance, exulta Exodus, pile au moment où je croyais me sentir pousser des branchies! Cette bicoque doit sans doute servir de refuge aux éleveurs et à leurs troupeaux lorsqu'ils se trouvent coincé par mauvais. Ah vraiment, coup de pot, merci Seigneur!

Tear, qui scrutait les moindres détails de l'abri tout en attachant son cheval, remarqua dans leur dos, accroché à l'une des poutres et affublé d'un énorme cadenas, un tronc de bois munis d'une fente et au dessus duquel était maladroitement gravé à même la poutre "De rien".
La générosité spontanée devait parfois être poussée, songea l'Enfant. Un peu plus loin sur la route trônerai sans aucun doute une panonceau disant "repassez quand vous voudrez".


- Bon, on plus qu'à passer le reste de la journée ici à attendre que ça ce calme, dit Exodus en remplissant la mangeoire. On restera sans doute pendant la nuit et on partira avec l'aube pour rattraper le retard.

- Ça me va, répondit Tear en plaçant quatre morceaux de bois dans l'âtre rudimentaire. Mais à une seule condition.

- Laquelle? Demanda Exodus tandis qu'il ôtait manteau, veste et bottes pour les placer près du foyer.

La flamme jailli des doigts de l'Enfant et embrasa le fagot dans un appel d'air impressionnant. Puis il regarda le répurgateur d'un oeil pas tout à fait menaçant, mais sans pour autant être rassurant, le doigts toujours pointé.


- Pas de chanson.

* * *

Ils repartirent le lendemain, bien avant le lever du soleil. Après une nuit dans la paille, il décidèrent de commencer la journée par une dispute concernant la somme à verser dans le tronc, l'un arguant qu'il fallait indexer sur le cour du foin, l'autre sur celui de l'avoine pour les chevaux. Ils se mirent d'accord sur le cour actuel du petit bois, à savoir l'huile de coude, puis repartirent sur la route encore boueuse de la veille, non sans avoir décoché un coup de pied au panneau un peu plus loin.

Le paysage était devenue, pour autant qu'ils puisse le voir en cette fin de nuit, une sorte de parodie de marécage: l'herbe et les champs devaient se tenir sur la pointe des racines pour émerger et le moindre dénivelé de plus d'un centimètre était transformé en océan pour fourmis. La route, bien que pavée, ressemblait maintenant plus à un lac rectiligne qu'à autre chose. Une brume légère couvrait les champs, ce qui, lié à la faible luminosité, finissait de placer une atmosphère lugubre à souhait.


- HA-TCHA!

- A tes souhaits.

Exodus se moucha bruyamment dans un bout de tissu qu'il venait de sortir de sa manche.

- Merci. *Snif* Temps de merde.

Tear se contenta de penser très fort "bien fait pour toi, tu n'avais qu'à pas dormir torse nu dans une grange ouverte à tout les vents" et demanda aussitôt pardon à l'Unique pour avoir médit sur un Enfant, avant de se souvenir que l'on parlait d'Exodus, qui devait sans doute former à lui seul un condensé de dérogation.

- Dis, tu pourrais pas nous faire un petit sort de chauffage avec tes flammes, juste comme ça? Demanda le répurgateur en retirant son nez du mouchoir.

A peine eut-il finit sa question que son mouchoir fut victime de combustion spontanée. Il lâcha un cri en lançant le mouchoir loin de ses doigts, lequel atterri dans une flaque profonde pour disparaître dans un "pschhhhh" de circonstance.
Tear, lui, n'avait pas bougé d'un pouce et regardait toujours droit devant lui.


- D'accord, fit Exodus en devinant le sourire derrière la capuche, mettons que je n'ai rien dit.

* * *

- … et enfin rejoint l'Unique à la bataille de Borgia?

- Facile. Le général Jugohrn, canonisé dix ans plus tard lors du quatrième Conclave. A moi.

Le soleil du matin éclairait avec douceur plaines et champs, encore enrobés de leur fine brume. Ils avaient enfin croisé sur la route leur premier voyageur, une charrette de grain à destination du centre escorté par un cavalier, qui leur avait confirmé la direction de Prélarge. Les locaux avaient attendus que le temps se fasse plus clément pour reprendre la route. Au loin, on arrivait à distinguer la forme vague des habitations qui se dessinait dans la brume.

- Alors... Grand défenseur de Ses principes et honneur de l'Or -

- DeVaanne. Répondit Exodus d'un ton blasé.

Tear s'interrompit brusquement et foudroya l'Enfant du regard.

- Et pourquoi serait-ce DeVaanne et pas quelqu'un d'autre?

- Parce que c'était DeVaanne pour "Combattant émérite au service de Sa Gloire auréolé d'or", que c'était lui pour "Exterminateur des hérétiques détenant le plus haut record actuel" et que c'était encore lui pour "Maitre stratège et dirigeant éclairé".

Le visage d'Exodus affichait un ennui profond. L'idée des devinettes avaient semblé plaire à son collègue mais bien vite il s'était rendu compte que le challenge n'était pas au rendez-vous.

- Hum... A toi.

- Voyons... Ah oui! Cauchemar des architectes et futurs saint-patron des cimentiers.

- Vivant ou mort?

- Étrangement, encore vivant.

- Teclis!

- Tu prends la main, dit Exodus tandis qu'il enlevait son manteau de cuir pour le ranger dans un baluchon posé derrière la selle, ainsi que son chapeau.
Tear le regarda avec attention, réfléchit quelques secondes puis se bouche se tordis en un petit sourire sournois.


- J'en ai un. Symbole de tous les restaurateur au travers du monde, bienfaiteur des bouchers et agriculteurs.

- Facile, dit Exodus en se contorsionnant pour atteindre une bourriche du côté de la patte arrière gauche, Saint Vegel. Il n'y a pas une taverne sur le Territoire qui n'ai pas une petite effigie de lui derrière le comptoir.

- Faux, répondit l'Enfant, aux anges. Cherche encore.

- Euh... Homme ou femme? Demanda le répurgateur tout en ôtant sa ceinture et sa bandoulière pour les coincer derrière le pommeau de la selle.

- Homme d'après les sources.

- Vivant ou mort? Questionna-t-il tout en enfilant les manches de sa robe d'Enfant.

- Vivant (malheureusement).

- Hum...

Exodus se concentrait sur la définition tout en ajustant sa tenue. Si la robe que portait Tear était parfaitement normale, sans aucune fantaisie hormis une ouverture en manteau et deux plaques de cuirs tannées cousue au niveau des épaules, celle d'Exodus avait subit plus d'une retouches. Outre l'ouverture en manteau, les bords avaient été fendue de côté au niveau des jambes et deux fentes avaient été pratiqué au niveau du torse pour pouvoir y glisser les mains même une fois la robe fermée, chacune bordé d'or le long des coutures. Les manches étaient moins larges et le col plus haut, la capuche étant rarement mise. Il repassa sa bandoulière et raccrocha la ceinture par dessus la robe fermée tout en marmonnant dans sa barbe.

- Un autre indice, finit-il par demander.

- D'accord. Il est connu pour avoir une faim de foi et de chaire insatiable.

- Le commandant Giarl, des fronts du Nord? Certains l'accusent de dévorer les hérétiques, mais c'est plus une métaphore, non?

- Raté, cherche encore.

* * *

De près, la ville de Prélarge ressemblait à ces villes dont on veut limiter la croissance par des murs avant de se rendre compte que les gens apprenaient vite à escalader. Elle se divisait en deux enceinte, la première ceinte d'une palissade de bois épaisse, gardé par des municipaux à chacune des larges portes à battant, et qui encerclait de longues rues sinueuse, serpentant entre des maison de bois, de pierre et surtout de chaume. Quelques grandes rue, bien plus larges, étaient prévues pour laisser passer les lourd convois de céréales et de légumes et menaient à la deuxième enceinte.
Celle dernière était plus haute, faite de pierres dures et épaisses et seules deux porte y donnaient accès, chacune munie d'une herse. Des soldats aux pavois frappé du sigle de l'Unique gardaient l'entrée et inspectaient avec zèle tout voyageur désirant entrer. Les non-humains n'étaient pas acceptés dans la deuxième enceinte et devaient se contenter des bicoques de la première. Par rapport à ces dernières, les hautes maisons de pierre que l'on apercevait ressemblait à des palais. Et au milieu d'elles, dépassant les rempart de plusieurs maitre, la tour de pierre et de bois de l'église locale rappelait à chacun vers qui l'allégeance de la citée se tournait.

Les deux enfants s'approchèrent des portes.


- Fiargo le Rouge? Lui il dévore vraiment ses ennemis et ses troupes combattent le Culte au nom de leur dieux païen. Mais le siège de sa forteresse à pris fin l'hiver dernier, et je ne vois pas le rapport avec les bistros...

- Toujours pas. Cherche encore.
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MessageSujet: Re: [Unique]Echange de ressources vitales [RP Concerté]   [Unique]Echange de ressources vitales [RP Concerté] Icon_minitimeDim 30 Jan - 23:09

Cras grogna quand il vit arriver les voyageurs. De quel droit se permettaient-ils de venir le déranger ? Ce n'est pas parce qu'ils n'étaient que deux qu'il ne voyait pas leur petit manège. L'un avec son machin dans le dos qui devait certainement servir de conteneur pour on ne sait quel produit de contrebande. Et l'autre avec un artifice inconnu qui consistait à sentir le rôti à des lieux à la rondes pour cacher des odeurs plus suspectes.
Pourquoi sous-estimaient-ils tous les compétences du Grand Cras ? Ce n'est pas parce qu'il n'était pas issu d'une famille noble, ou que son arrière-arrière-arrière-grand-père était gobelin et lui avait légué des oreilles quelque peu pointues qu'on devait le prendre pour un derrière de bangora. Depuis son entrée au service de l'armée de l'Unique, il avait gravit des échelons ! Il était passé de récureur de gamelles à gardien de la ville. Et il ne comptait pas s'arrêter là !


- Cras, au lieu de te curer l'nez, vas renvoyer les deux gars, là-bas, lui fit l'homme avachi sur une caisse près de la porte d'entrée.
- Me parle pas comme ca ! Je te l'ai déjà dit !
- Tu te crois encore gardien ?
- Je ne me crois rien du tout. Je suis gardien !
- ...
- Bon, bon, j'y vais... Pas besoin de faire cette tête. Suffit de demander sympathiquement.

Il ne payait rien pour attendre celui-là. Quand il serait Prélat à la place du Prélat, il serait le premier à être brûlé pour hérésie.
Puis, s'il n'était pas content, il pouvait très bien aller rembarrer ces paysans lui-même. Quoique non ! Même s'il n'osait pas l'avouer, c'était une reconnaissance de sa grandeur. Cras était tellement supérieur qu'il était le seul à pouvoir s'occuper d'une tache si vitale.


- Dégagez paysans, fit Cras de sa voix aiguë avec un semblant d'autorité. On ne veut pas de vous ici !

Le suspect poulet-grillé - surnom donné par Cras - pausa une main sur l'épaule du suspect feu-d'cheminé, lui glissa quelques mots à l'oreille avant de faire avancer sa monture. Une fois à la hauteur du Grand Gardien, il se pencha doucement, empruntant la pose d'un professeur essayant d'expliquer quelque chose de nouveau à ses élèves :


- Ta vigilance me ravit, et je suis heureux de constater que Prélarge est sous bonne garde. Mais tu vois, après ce long voyage, mon compagnon et moi souhaiterions pouvoir executer notre mission quelque peu secrète au plus vite. Je suis sur que tu comprendras qu'il est de notre devoir d'agir au mieux, tout comme toi, tu dois t'occuper de cette entrée. D'ailleurs, je louerai tes efforts auprès du Prélat. Maintenant, il était suffisamment penché pour chuchoter ces mots aux oreilles pointues du garde : Mais si dans le cas contraire, tu nous empêches de faire ce qu'Il a ordonné, tu comprendras tout aussi bien que nous devrons agir en conséquence. Mon ami possède quelques dons qui lui permetterait de réduire en cendre ton cher poste de garde. Mais évidemment ce n'est pas ce que tu veux, je le sais bien. Alors laisse nous passer.
- C'est que...

Un souffle d'air brûlant vint lui chatouiller le visage, comme pour lui rappeler la décision à prendre.

- Allons, nous n'avons pas l'air si dangereux que ca. Que veux tu qu'on fasse à une si grande et prospère cité.
- Oui, c'est vrai. De toute facon la garde vous arrêterait.
- Je reconnais là tout ton potentiel de garde hors norme. Merci bien, jeune homme ! Le Prélat en sera ravi, et je ne doute pas qu'il vous obtiendra une promotion prochaine.

-- -- -- -- -- --
- Bien, voilà une bonne chose de faite. Maintenant, trouvons la taverne la plus proche. J'ai une faim de loup.
- Il n'y a rien qui t'a dérangé quand on a traversé les portes ? demanda TeaR à l'Enfant, tout autant qu'à lui même, sans prendre gare aux remarques d'Exodus.
- Pas plus que lorsqu'on rentre dans une ville placée sous le drapeau de l'hérésie. pourquoi ?
- Cet homme : il avait les oreilles pointues. Il avait un post relativement important.
- N'exagérons rien. C'est juste un sous-fifre qui doit être payé un pilon de poulet déjà rongé par les chiens pour la semaine.
- Là n'est pas le problème, Exodus. Les allanthropes ont des fonctions dans une cité du Culte. C'est d'une hérésie sans nom ! Sous prétexte d'ouverture, ils hébergent ces rats.

Le répurgateur compris soudain la chaleur intense qui avait fait rougir en moins de temps qu'il ne lui en faut pour avaler un rôti. Il avait su contrôler sa chaleur, mais la colère l'avait quelque peu amplifié.
Quand une boîte d'allumette s'agite toute seule, ce n'est jamais bon signe. Surtout que leur présence, ou tout du moins la raison de leur venue était encore secrète, et que pour opérer tranquilement, il faudrait agir discrètement. Discrétion, et pyromancien. Malgré l'urgence de la situation, peut-être que Exodus aurait dû mieux réfléchir à son partenaire. Teclis aurait trouvé un moyen de faire cuir ses vivres après tout. Et de les empoisonner. Pas un si bon partenaire non plus. La n'était pas la question de toute facon. Si l'Enfant s'agitait trop, il risquait d'éveiller l'attention des gardes qui avaient l'air suffisamment sur le qui-vive comme ca.


- Ils le font. Mais c'est pour ca que nous sommes là. Pour l'instant nous sommes obligés d'agir dis-crè-te-ment. S'ils nous repèrent, les allanthropes nous feront la peau, parce qu'ils savent le danger qu'on représente pour eux.
- Alors nous mourront en héros !
- Les héros sont ceux qui sont morts pour atteindre leur but. Mais aussi et surtout ceux qui ont atteint leur but. Une bière et... un jus, s'il vous plait. Et ce que vous avez en viande.

Sans que TeaR s'en aperçoive, Exodus l'avait mené à la taverne la plus proche et le guidait maintenant vers une table en retrait. Vu l'intense réflexion qui se déroulait dans l'esprit de l'Enfant, qui tentait de peser le pour et le contre, il vallait mieux être loin de tout ivrogne fougueux.


- Les héros sont aussi ceux qui remplissent de nombreuses missions à Son service, poursuivit le répurgateur. Je ne pense pas que ce qu'Il a prévu soit de nous laisser aux mains de ces hérétiques. Je pense plutôt que nous pouvons lui servir encore longtemps. Donc soyons prudent, et tentons de remédier à cet épineux problème, vite et bien.
- Nous pourrions appeler des Frères Jurés pour nous venir en aide et remplacer ce maudit imposteur. Nous pourrions prendre reprendre le controle de la garde, puisque nous sommes des Enfants, et remettre cette ville sur Sa voie.
- Et bien, pour les frères jurés... il se trouve que... De Vaanne n'est pas au courant de notre périple. Ou du moins, il ne l'était pas lors de notre départ suite à quelques soucis d'organisation. Et je ne suis pas sûr qu'il soit franchement heureux de notre démarche si nous ne sommes pas capable de nous en sortir seul.
- C'est le Primat. Il saura reconnaître l'urgence de la situation.
- Justement, c'est le Primat. Et il ne veut que les meilleurs à son service. Il serait idiot de le décevoir. Merci, fit il à la charmante serveuse qui venait de leur apporter leur repas.
- Certainement. Mais reprendre le contrôle de la garde alors ?
- Nous ne savons pas jusqu'à quel point cette cité a été contaminée. Si ils sont tous ralliés à sa cause, nous risquons de les alerter plus qu'autre chose. Non, ne nous cachons pas, parce que aucun de Ses serviteurs n'a à se cacher. Il doit être au grand jour. Mais ne nous précipitons pas, pour le servir au mieux.
- 'ui 'u as 'an 'ou'e 'ai'on, fut la seule réponse qu'eut le répurgateur, les morceaux de viandes engouffrés à la vite dans la bouche empêchant TeaR d’émettre le moindre bruit intelligible, mais lui permettant par contre, d'imiter Dispater en train de se disputer un morceau de viande avec l'autre ventre sur patte des Enfants, entraînant par la même occasion des projections de salives et autres choses peu identifiables.
- Tu vois, c'était une bonne idée la taverne hein, déclara fièrement Exodus, bombant du torse.
- Mmm. Je disais : Oui, tu as sans doute raison. Mais dès qu'on peut, on les brûle ! L'Unique ne peut pas tolérer cette insulte plus longtemps que nécessaire.

-- -- -- -- -- --

Une fois le ventre rempli, les deux Enfants décidèrent qu'il était temps de voir d'un peu plus près l'intérieur de Prélarge. Bien que la deuxième enceinte était celle dont il fallait tirer le plus de conclusion, celle dans laquelle ils étaient présentait déjà des signes inquiétants. Tout au long de la route, Exodus senti des bouffées de chaleurs, lorsqu'ils passaient devant un commerce où les allanthropes s'affichaient sans sourciller, aussi bien devant que derrière le comptoir, ou encore lorsqu'ils croisaient un groupe de personnes qui avaient l'air assez peu respectueuses face à des Enfants. Soit était-ce parce qu'ils ne connaissaient pas les Enfants et ce qui permet de les reconnaître, soit était-ce parce qu'ils se moquaient éperdument de l'Unique et de Ses représentants. Dans les deux cas, c'était passible de bûcher instantané de la part du pyromancien, mais il s'était mis d'accord avec son compagnon, et il fallait en préserver un maximum pour l'instant pour s'autoriser un bouquet final grandiose.

Les deux enfants s'approchèrent des portes.


- Un émeu ! C'est toujours affamé, et teigneux qui plus est !
- De quoi ?
- Bah pour les devinettes, évidemment.
- Ah ! Non, pas du tout. Cherche encore.
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MessageSujet: Re: [Unique]Echange de ressources vitales [RP Concerté]   [Unique]Echange de ressources vitales [RP Concerté] Icon_minitimeDim 20 Mar - 19:00

Les deux hommes atteignirent la porte sud de la seconde enceinte après un véritable parcours d'obstacle: la plus grande route de la première enceinte passait perpendiculairement à moins de dix mètres de la herse et menaçait d'écourter douloureusement l'existence de l'insouciant qui traverserait sans prendre garde. Mélangé à la boue encore fraiche et au déjections bovines des attelages, un cadavre écrasé n'aurait même pas été remarqué; tous au plus aurait-il coulé.
Ils s'arrêtèrent à moins d'un mètre de la porte, Exodus faisant signe à Tear d'enlever sa capuche tandis que l'un des hommes d'arme en poste s'approchait d'eux. Si ceux qui gardaient la simple porte à double battant de la première enceinte faisait plus penser à des chiens de cirques affublé d'épée en bois qu'à des gens d'armes efficaces, les trois hommes en côte de maille et tabard frappé du symbole du Culte semblaient ne rien avoir à envier à des soldats professionnels. Leur allure et leur équipement indiquaient à celui qui savait écouter que toute personne souhaitant passer en force subirait un sérieux redressement de la part de la justice locale, sitôt que son corps sans vie aurait touché sol.


- Messieurs, salua l'homme qui s'était approché. Pourrais-je savoir ce que deux hommes en armes viennent chercher dans notre belle ville, demanda-t-il en désignant les lames qui pendaient à la ceinture d'Exodus et à la selle de son compagnon.

- Gîte et couvert pour la nuit, officier, répondit Exodus d'un ton à la fois neutre et aimable. Nous sommes deux voyageurs fatigués par un long trajet, et un jour ou deux de repos nous feraient du bien.

- La première enceinte de la citée offre de nombreux services aux voyageur, répondit l'officier qui savait renifler les ennuis quand ils approchaient. Les auberges et pensions ont l'habitude des voyageurs et commerçant, et la nourriture tout comme les prix y sont correctes.

- Je n'en doute pas une seconde, fit le répurgateur en essayant de faire oublier la grimace sur le visage de Tear. Mais aussi louable soient les établissement, la... clientèle n'est pas du genre de compagnie que nous apprécions la plupart du temps.

- Prélarge n'habite que d'honnêtes gens, cria alors celui qui tenait une hallebarde et se tenait à droite de son supérieur, un mètre en retrait. Les habitants de la Grande sont tout aussi respectable que ceux de la Belle, et...

- La paix, Rudolphe, lui ordonna l'officier.

Le répurgateur, après avoir noté les appellations respectives des deux enceintes dans un coin de son esprit, en profita pour détailler plus en avant les trois hommes qui gardaient l'entrée: le dénommé Rudolphe s'appuyait sur sa hallebarde en fronçant des sourcil et en essayant de prendre un air redoutable malgré un jeune âge que trahissait son visage. Le deuxième était assis sur une caisse à gauche de l'officier, les dos collé au mur et occupé à fumer une sorte de cigarette d'occasion. Toutefois, l'attention qu'il portait à la scène montrait qu'il serait près à empoigner en moins d'une seconde le fléau d'arme qui reposait à ses pieds, même avec le poids de son large écu. Le gradé, enfin, un homme proche de la quarantaine, arborait un bouclier rond mais d'apparence solide, marqué du même sigle que le tabard, et un long glaive pendait à sa ceinture. Le petit panache rouge et violet sur son casque en forme de seau le désignait comme supérieur plus surement que n'importe quel galon.


- Et sans vouloir paraitre indiscret, continua l'officier, je peux savoir quelle est la destination finale de votre voyage?

Exodus croisa les bras et s'appuya sur l'encolure de sa monture, se baissant pour rapprocher son visage de celui de son interlocuteur et lui sourit.

- Et bien, je dirais que l'adresse d'un établissement digne de ce nom serait une destination appréciable, vous ne trouvez pas?

L'officier parut réfléchir quelques secondes, puis détailla plus en avant les deux cavaliers. Leur tenue, leur équipements, et pour finir leur visage: l'un aussi expressif et sympathique qu'une porte de prison et l'autre trop aimable pour être inoffensif. Il se passa doucement la langue sur les lèvres, tic qui le prenait à chaque fois qu'il était indécis ou embarrassé, puis finit par s'écarter du chemin et tendit le bras en direction de la seconde enceinte.

- Il y a le "Sceau de Pureté", à deux rue sur votre gauche, commença-t-il d'un ton où pointait une certaine prudence. Ils disposent d'une écurie et sont proches des commerces.

- Chef, vous allez pas...

- La ferme, Rudolphe! Le prix est plus élevé que dans la première enceinte, reprit-il à l'intention des deux Enfants, mais l'établissement est plus que correct et les gérants sont de bon croyants, comme presque tout le monde dans cette ville. Je pense que vous vous y plairez le temps de votre séjour, messieurs.

Exodus se redressa sur son cheval et hocha la tête en direction de l'homme, faisant lentement avancer sa monture.

- Je vous remercie de votre courtoisie, capitaine... ?

- Jarl, corrigea l'homme en les regardant partir. Jarl Emilien Madrik, second du Corps de Garde.

Exodus sourit intérieurement. Même à un continent de distance, les grades de l'armée du Culte résonnaient encore parmi les croyants et étaient utilisé par les locaux. Il se demandait quel titre pouvait bien porter le responsable en chef, si celui-ci n'était que le second.

- Ravi d'avoir fait votre connaissance Jarl Madrik. Je vous souhaite bonne journée, et encore merci, dit-il derrière son épaule en dépassant l'officier, alors que Tear se contenta d'un hochement de tête discret à son attention. Salut Rudolphe, fit-il avec un grand sourire en passant devant le jeune hallebardier.

Les deux chevaux quittèrent la rue boueuse et remplie de flaque d'eau de la première enceinte pour rejoindre les allées pavées mais tout aussi remplies de flaque de la seconde enceinte.


* * *

Les deux hommes suivirent les indications du Jarl pour finalement déboucher sur une allée tout juste assez large pour le passage d'une carriole mais dans laquelle trônait, fièrement accroché à un mur, l'enseigne fraichement lavée du "Sceau de Pureté". Ils dépassèrent la petite porte d'entrée pour atteindre celle bien plus haute des écuries, où ils accrochèrent leur montures avant de faire demi-tour pour cette fois passer par la porte réservée à la majorité des bipèdes, c'est à dire tout le monde, exception faite de tout les non-humains.

- Remet ta capuche, ordonna le répurgateur à Tear juste avant de franchir la porte et en enfilant la sienne.

- L'enlever, la remettre... Il y a une utilité ou il s'agit juste d'un abus d'autorité compulsif?

- Tu verras, lui répondit Exodus en poussant la porte. Maintenant tais-toi.

Ils pénétrèrent dans l'établissement sans provoquer aucun arrêt de conversation ou fuite subite des occupants, lesquels préféraient continuer à parler sans avoir se retourner à chaque fois qu'un client passait la porte. La salle était propre et bien éclairée par de grand lustres à bougie, et plusieurs tables rondes remplissaient l'espace, disposées en majorité le long des murs pour libérer l'accès au comptoir.
Il y avait peu de clients en ce début d'après-midi. Un musicien itinérant occupait un coin de la salle, perché sur un tabouret et tirant de son violon une mélodie douce et agréable. Les Enfants rejoignirent la comptoir derrière lequel un homme qui semblait être le patron finissait de passer un coup de chiffon sur le bois*.


- Ce serait pour une chambre, fit Exodus en s'accoudant devant le gérant. Ainsi qu'une place pour nos montures.

L'homme releva le tête d'un geste brusque, contempla ses interlocuteur moins d'une seconde et se remis à essuyer son comptoir avec des petits mouvements secs.

- On sert pas les encapuchonnés ici, dit-il avec un reniflement bruyant.

- J'avais pourtant cru comprendre que tous étaient les biens venus dans cette ville, non? Renchéri Exodus sur le ton de la conversation, sans pour autant enlever sa capuche qui continuait à lui cacher tout le haut du visage.

- Nan, répondit le gérant du tac au tac. Pas ici. Maintenant vous montrez votre visage ou vous partez de chez moi, rajouta-t-il d'un ton sec en fixant les deux hommes.

Qui le fixèrent à son tour.
L'homme faisait penser à un assemblage de ressorts tendus au maximum. Chacun de ses mouvement était vif et nerveux, comme si chaque muscle voulait rattraper le suivant, et ses yeux semblaient avoir conservé un instinct de rongeur qui les poussait à ne jamais fixer un même point plus de cinq secondes, les paupières grandes ouvertes. Il avait accompli l'exploit de développer un double-menton malgré un physique de roseau anémié, et les cernes sous ses yeux trahissaient le sommeil léger de celui qui se droguait au stress pour avancer quand d'autres préféraient renifler de la colle liquide.
Les deux Enfants finirent par ôter leur capuche, révélant au gérant deux visages qu'il examina d'un œil suspicieux avant de les classer dans la catégorie "clients acceptables, pas d'oreilles pointues en vue".


- Ça fera trois argents par nuit pour la chambre double, quatre avec les repas, et six cuivres par monture. Et je vous demanderais de signer là, dit-il en tirant de sous le comptoir un lourd registre.

- Vous ne semblez pas adopter le même ligne de conduite que le reste de la ville, dit Exodus d'un ton banal tout en sortant une dizaine de pièces d'argent qu'il déposa sur le comptoir. D'après ce que nous avons vu en arrivant, les "encapuchonnés", comme vous dites, sont bien les seuls à ne pas pouvoir entrer où ils le souhaitent.

- Pas chez moi, répondit d'un ton sec le gérant. Pas en dehors des heures autorisées et, à vous je peux bien le dire, ajouta-t-il d'un air conspirateur, je leur fais payer triple à ces pourritures. La plupart des magasins de la Belle aussi, remarquez.

- Insuffisant, cracha Tear avec mépris.

Le gérant le regarda avec surprise. Il faut dire que Tear, lorsqu'il observait une scène, écoutait une conversation ou, plus souvent, méditait sur la plus juste punition à infliger au prochain hérétique qu'il croiserait, était capable d'imiter avec perfection une statue, voir même de la battre à plate couture dans l'art de l'immobilisme muet.


- Vous avez dis "heures autorisées"? Fit remarquer le répurgateur tout en signant le registre du premier nom qui lui venait à l'esprit. Autorisées par qui?

Le gérant reporta son attention sur Exodus en reniflant encore une fois, tout en jetant de temps en temps des petits regards soupçonneux à Tear.

- Notre Prélat, le Père Aquience. Il leur autorise l'accès une demi-heure avant et après les messes. Il prône une drôle d'idée, comme quoi on devrait faire ami-ami avec ces faces d'étrons. Moi ce que je dis, c'est que ça fait cinquante ans que Prélarge obéit aux lois de l'Unique et qu'elle s'est jamais porté aussi bien, je vois pourquoi on devrait changer ça! Le premier Prélat qu'est arrivé ici il nous l'a dit: c'est nous la race bénie, et...

- L'Unique nous garde, le coupa Exodus, vous avez entièrement raison. Mais si la ville est si pieuse, pourquoi laisse-t-elle cet homme raconter ces insanités?

- Bha... C'est toujours le Prélat, répondit le gérant, un peu gêné. Il en faut un, sinon comment on saurait pour le reste? Je veux dire... On a besoin de lui.

L'homme donnait réellement l'impression d'hésiter sur ce qu'il devait penser, ce que les deux Enfants comprenaient parfaitement: sans un prélat, ou même un simple initié, personne ne pouvait faire le lien officiel entre le nouveau né et l'Unique, entre le mort et Son Royaume, et plus généralement entre Lui et les hommes. Pour une ville du Culte, s'était juste impossible.

- Un Prélat est rarement seul, fit remarquer Tear. Ce... père n'a pas de disciple ou de successeur qui prêcherait la vrai foi?

Exodus applaudi Tear intérieurement pour la diplomatie de sa phrase. On avait à peine sentit la césure lorsqu'il avait au dernier moment changé le mot "hérétique" en "père". Toutefois, même la plus horrible des tortures n'aurait pu lui faire prononcer la majuscule qui accompagnait ordinairement le titre.

- Si, il avait un disciple prometteur. Mais il nous a quitté y'a presque neuf mois pour Le rejoindre.

- Accident? demanda Exodus d'un ton soupçonneux.

- Pneumonie, corrigea le gérant en astiquant frénétiquement une rangée de verre. Comme je dit, y'a des fois où Il devrait viser avant de lancer les châtiments.

Un écrasement discret du pied par une botte taille quarante-quatre - modèle de voyage renforcé à la pointe - fit taire le plus jeune Enfant avant qu'il ne rétorque avec sa véhémence habituelle.

- Mais personne ne réagit?

- Si, un peu au début. Mais le Corps de Garde lui obéit, ça en a refroidi plus d'un. Et puis tout le monde espère qu'il va redevenir comme avant.

- Avant quoi?

- Avant le décès de la Mère-prélat. Ça lui avait fait un choc, c'est sûr. C'est depuis ce temps qu'il est devenus... comme ça.

"Comme ça" se résumait à une suite complexe de gestes rapides de la main. Exodus resta un instant silencieux puis haussa les épaules à la manière de celui qui n'a tout simplement pas d'avis sur la question.

- Bha, ça rentrera bien dans l'ordre quand le Culte aura vent de la chose.

- Sans doute, c'est ce que je pense aussi, abonda le gérant.

- Bon, nous allons prendre notre chambre maintenant, dit le répurgateur en redressant son sac sur son épaule. Ce voyage m'a crevé, personnellement. Il se tourna vers Tear. Pas toi?

- Heu... Si. Bien sûr.

- Vous allez voir, fit le gérant en hochant frénétiquement la tête, ces lits sont les meilleurs de la ville. Presque aussi bon que le mien, haha! Ha!

Son rire était rapide et saccadé, offrant à ses deux interlocuteur une vue plongeante sur une bouche aussi impressionnante que grande ouverte et sur son double menton, agité de tremblements quasi-tectoniques. Exodus accompagna poliment le rire de l'homme, puis ce dernier se figea comme si rien de drôle n'avait été dis quelques secondes plus drôle (ce qui n'était pas totalement faux). Il leur tendit une clef en fonte.

- Troisième porte à gauche, en haut de l'escalier.

Les deux hommes le remercièrent et traversèrent la salle pour atteindre les escaliers. Une fois qu'il eurent disparu derrière le mur auquel collaient les marchent, le gérant s'autorisa à respirer normalement. Des types en robes rouge sang, armés jusqu'aux dents avec des lames et un gros... truc en bois pour l'un, un ton bien trop poli pour être honnête. Des hommes dangereux.
Il compta les pièces disposé sur le comptoir et compta un argent et huit cuivres de trop. Trop pour un pourboire ou un oubli de monnaie, pas assez pour "payer" la fidélité, juste ce qu'il fallait pour prouver qu'on faisait confiance. Puis il étudia de plus près la signature du registre et fut plutôt surpris de constater que Saint Fargus séjournait cette nuit en son hôtel. Il haussa les épaules, referma le registre, le glissa sous le comptoir à côté de son lourd gourdin plaqué de fer, fit disparaître les pièces dans la poche de son gilet vert et repartit nettoyer une table à grand coup de chiffon.
La première règle des gérants d'hôtel et auberge était "Soit toujours en train d'astiquer quelque chose quand le client arrive, ça le rassure". La seconde était "Occupes-toi uniquement de tes affaires, laisse les clients tranquilles et ton établissement sera toujours debout demain"**.


* * *

La chambre était confortable pour qui ne demandait pas un accès privé aux cabinets. Les deux lits étaient chacun d'un côté du mur, le premier arborant des draps verts et blanc légèrement passés et le second un jaune citron strié de bandes bleues. Exodus aurait donné cher pour voir le lit du gérant. Une table basse agrémenté de fleurs en pot occupait l'espace entre les deux lit, collée sous la fenêtre, et une haute armoire siégeait à côté de la porte. Une chaise était posé au pied de chaque lit.

Le répurgateur se dirigeait vers le lit vert et blanc lorsque le sac de Tear traversa l'espace de la chambre pour atterrir dessus, signifiant que quiconque voudrait contester son droit de propriété sur le lit aurait affaire à bien plus chaud que lui (Tear avait très vite compris durant le voyage que pour espérer se faire une petite place au soleil, il valait mieux faire en sorte que Exodus n'ai pas le temps d'y construire sa maison de campagne). Vaincu, l'Enfant se dirigea d'un pas trainant vers le lit jaune et se laissa choir dessus dans un long râle d'agonie, savourant le moelleux étouffant du matelas. Au moins le gérant n'avait pas mentit au sujet du confort.
Il resta immobile pendant plusieurs minutes, le nez dans l'oreiller, savourant une douce inactivité. A côté de ça, Tear avait déjà vidé son sac pour en faire sécher les affaires encore humides, placé son exemplaire de voyage du Fides sur la petite table et pris place sur l'une des chaises. Il attendait quelque chose, si possible d'utile et constructif.

- Mmmfffmfmm?

- Pardon?

Le visage d'Exodus émergea de l'oreiller.

- Je disais: Qu'est ce que tu en pense?

- Qu'est ce que j'en pense de... ?

Il posa un regard vers Exodus qui était retourné à son essai de fusion avec la literie. Réfléchissant un peu plus à la question, il tourna sa chaise en direction de la fenêtre et se mit à parler à haute voix.

- C'est... bizarre. La ville ne ressemble finalement pas à grand chose, les allanthropes y ont accès et les règles du Cultes n'y sont pas observées comme elles le devraient, et pourtant... On se croirait presque chez nous.

Le léger soupir fit sourire Exodus qui se redressa sur son lit et entreprit d'enlever ses bottes. Lui aussi éprouvait cette impression de retour au pays. Pas dans l'architecture ou dans le paysage, juste dans le sentiment que les gens s'en remettaient à l'Unique chaque jour et vivaient avec cette assurance tranquille. La foi imprégnait le moindre pierre, à tel point qu'on pouvait presque la respirer.

- Mais leur vision est erronée sur plusieurs points, continua Tear. Ils appliquent sans vraiment savoir, ils imitent sans avoir vu le modèle. Et ils ne semblent même pas connaître l'Inquisition. C'est troublant, mais ça ne semble pas mériter de punition... pour l'instant.

- Et sur notre affaire en particulier, tu as déjà une idée? Demanda Exodus en luttant pour retirer sa botte gauche, laquelle effectua un vol plané jusqu'à la cloison opposée.

- Il n'y a pas "d'idée" à avoir. Le prêtre est fou et ses propos hérétiques. Les habitants auraient dû le destituer dès le début, mais soient ils le respectent, soit ils le craignent. Le ville est à la limite de la guerre civile, et si on attend trop les allanthropes risquent d'y participer pour défendre leurs nouveaux intérêts.

- Bonne analyse, dit le répurgateur en enlevant sa robe pour la jeter sur un dossier de chaise. Mais au niveau du prêtre justement, ça ne te rappelle rien?

- Pas vraiment. Qu'est-ce que je devrais avoir remarqué?

- Tu as eu DeVaanne comme tuteur ou non? Je vais finir par croire que son enseignement ne vaut plus grand chose... Réfléchis: changement radical de comportement survenant juste après la perte d'un être cher, d'une figure quasi-maternelle. Associe à ça le contrôle exercé sur la ville contre toute attente et sa soudaine notoriété. Tu en déduit quoi?

- … Usage de pouvoir interdit pour faire revenir ceux qui sont partis. Mauvaise manipulation. Possession?

- Bingo, répondit Exodus avec une joie non-dissimulée. Pour la plupart des Inquisiteurs, savoir qu'ils affrontaient une possession était aussi réconfortant que l'idée de déguster le fameux ragout de viande des Terres du Nord: on ne pouvait jamais (et encore moins voulait) savoir ce qu'il y avait dedans mais le goût était toujours le même. A la différence que cette fois, il n'y a pas propagation d'une hérésie pure comme le reste du temps, mais d'un schisme. On a affaire à un malin.

- Dans ce cas, on attend quoi pour... Par l'Unique, on peut savoir ce que tu fais?!

Exodus venait de retirer pantalon et chemise. Son gilet à pointe et le plastron qu'il portait habituellement par dessus trônaient sur le lit, et seuls ses sous-vêtements séparaient sa condition de celle dont jouissaient les hommes dans les peintures traitant de la création selon le Culte.

- Quoi? T'es jamais rentré dans un dortoir? Tu risque de voire pire, ça tu peux me croire. D'ailleurs tu ferais bien d'en faire autant, dit-il en ramenant vers lui l'un de ses sacs de voyage.

- Et pourquoi est-ce que je ferrais ça? demanda Tear avec une voix signifiant que la crémation était au bout du chemin, qu'importe la réponse.

- Parce qu'il faut se faire beau pour la messe. Attrapes.

Tear reçu dans les mains une pile de vêtements grossièrement pliés, parmi lesquels on pouvait reconnaître pêle-mêle une paire de braie de bonne facture, une chemise de lin élimée aux bords et une veste courte. Il ne savait pas vraiment comment réagir à cet assaut vestimentaire et garda la bouche entrouverte quelques instants, le regard passant des vêtement à Exodus selon un rythme régulier.

- Les couleurs et les uniformes de l'Inquisition sont aussi utiles que le sont nos armes, commença Exodus. Le plus souvent, ils suffisent à faire passer le message. Le problème, c'est qu'ils ne marchent que si celui en face les connait. Autrement dis, nos robes ne sont ici d'aucune utilité, elle ont même tendance à nous faire repérer. Si on veut participer à la célébration de ce soir et voir ce qui s'y dit, nous devons ressembler à n'importe qui. Alors dépêche de te désaper et enfiles-moi ça.

Tear retira sa robe à contre-coeur, tandis que son collègue se bagarrait pour mettre correctement un pantalon beige de qualité mais passablement usé. Toutes les pièces de tissus correspondaient au même style remarqua Tear: un habit à l'origine élégant et bien taillé, mais qui accusait du poids des années.

- Ils ne sont pas un peu trop luxueux pour des hommes du peuple?

- Ça, fit Exodus en enfilant une chemise de toile grise qui avait connu des jours meilleurs, c'est ce que se dise les rupins quand ils veulent se grimer en paysans. Ils s'imaginent que le pauvre porte constamment le même vêtement de travail, en ville comme à la campagne. Mais c'est faux. Par exemple, ma mère gardait toujours dans un placard un bel ensemble pour les grandes célébrations. Un cadeau de mariage, quelque chose dans le genre. Elle en prenait soin et le sortait rarement, mais même s'il était vieux et reprisé par-ci par là, elle en était fier. Résultat, si tu te ramène en paysans crotté à la messe, tu passe pour tout, sauf pour un authentique gueux.

Une fois qu'il eu boutonné un beau gilet vert clair par dessus la chemise, Exodus se dirigea vers la fenêtre pour épier l'arrivée des premiers allanthropes, sans accorder un regard à Tear qui y aurait sans doute vu une atteinte à son intimité. Dommage que je n'ai pas pu faire cette mission avec Sharah'In, songea Exodus. La claque aurait été au rendez-vous mais le spectacle aurait largement compensé.

- Euh...

Quoique... Non, elle aurait sans doute réclamé une chambre à part.

Un toux discrète dans son dos le fit se retourner.


- C'est... correct?

Tear avait passé les braies blanc-cassé, la chemise de lin et ajustait maintenant le col de sa veste d'un bleu-gris avec des gestes mal-assurés. C'était l'une des seules fois que Exodus voyait le cadet des Enfant sans son habit sacerdotale, et le spectacle était surprenant.
Déjà, il paraissait plus petit. Sans son imposante croix dépassant de son dos et sans la robe à capuche, il donnait l'impression d'avoir perdu dix centimètres alors qu'il atteignait presque le mètre quatre-vingt. Ce qui intriguait le plus par la suite était son visage, fermé et en même temps un peu gêné, comme vulnérable hors des profondeurs de sa capuche. Ses yeux couleur d'ambre fixaient intensément Exodus, sa bouche restait plate et inexpressive, et sa figure fine et pâle aux cheveux bruns, ne laissait paraître qu'une légère incertitude quand à l'attitude à adopter.


- Hum... Manque juste un détail, fit Exodus en s'approchant.

Il passa la main dans les cheveux trop bien peignés de l'Enfant et ébouriffa ces derniers avec violence. Il en résulta l'un des plus beau champs d'épis de la région, pour la plus grande horreur d'un Tear tétanisé, qui n'avait pas besoin d'un miroir pour imaginer le résultat.

- Voilà! fit son collègue. C'est parfais maintenant, en plissant les yeux on ne voit presque aucune différence entre toi et le premier péquin venu. Hormis la démarche, rajouta-t-il lorsque Tear partit s'assoir à l'autre bout de la pièce, histoire d'encaisser le coup. Essaie de marcher moins dans le genre "approche et je te pète les dents", les épaules moins raides, tout ça. Et enlève ce foutu balai de ton fondement, pensa-t-il le plus discrètement possible.

Tear ne répondit rien et se contenta de se laisser tomber sur la chaise, le plus loin possible du répurgateur. A quoi jouait-il, par l'Unique?! Il se comportait comme s'il participait à quelque jeu de foire dont les autres ignoraient les règles, alternant entre un semblant de sérieux et une moquerie irrespectueuse plus vite que Teclis ne faisait exploser ses produits. Son attitude tout comme ses manières agaçaient Tear de plus en plus et la manière dont il planifiait son projet ne ressemblait en rien à ce en quoi l'Enfant avait l'habitude. Interroger et enquêter était le mode opératoire de l'Inquisition, mais au moindre doute sur la foi de la personne observée, le châtiment se devait de tomber, implacable. Ici, l'erreur des habitant étaient presque palpable - elle sautait aux yeux bon sang, des non-humains marchaient librement en ville! - , et pourtant le répurgateur s'échinait à vouloir poursuivre ses petits jeux. Si Tear avait été le responsable, il aurait dès le début mené un assaut contre le prêtre dissident et brûlé tout ceux qui se seraient interposé, l'Unique airait reconnue les siens. Au lieu de ça, il devait se préparer à entendre un fou prêcher une parodie du Culte et à endurer la souffrance qu'occasionneraient ses paroles.

Cherchant réconfort dans la prière, son esprit se mit à réciter automatiquement les mots qu'ils avait apprit jusqu'à les graver au fond de son âme depuis que le Primat l'avait pris sous son aile. Pendant ce temps là, son corps restait sujet à ses seul réflexes et ceux-ci firent bouger ses yeux en direction d'Exodus, lequel s'était replacé devant la fenêtre.
Regardez-le, persifla une petite voix au fond de son crâne, entre deux litanies. Si sûr de lui, si insistant sur ses consignes... Il croit peut-être qu'il fait "authentique" lui, avec son sourire constant, sa politesse feinte et son port négligé? Oui, c'était le bon mot. Il avait tout le temps cet air à moitié négligé, ce "je m'en foutisme" permanent qui permettait de le reconnaître n'importe où, et qui avait le don d'agacer la bonne moitié de ses collègues (l'autre moitié passant directement au stade dit de "l'intolérance exodienne").
Mais en même temps, commença une autre voix, encore plus discrète, il fallait reconnaître que ça marchait plutôt bien. Il entrait partout, il obtenait ce qu'il désirait sans incident la plupart du temps... Et quand on y réfléchissait, avoir un air à moitié négligé laissait une moitié de libre, dans laquelle on pouvait mettre ce que l'on voulait en fonction des circonstances. Et quiconque l'aurait regardé à cet instant précis n'aurait jamais vu qu'un homme du peuple mal rasé et en chaussettes regardant par la fenêtre.

Agacé par son monologue intérieur, Tear arracha son regard du répurgateur et récita lentement ses prières, d'une voix à peine audible.
Il demandait la force, le courage et le contrôle de ses sentiments pour pouvoir faire face, le moment venue, aux mensonges, aux détournements et aux doutes que l'ennemi essayerait de distiller en son cœur, de la voix suave et mielleuse de l'égarement. Il passa ses mains dans son col et en retira un pendentif du Culte, de la même forme que l'imposante croix qui était posé contre le mur mais à une échelle bien plus réduite et composée d'électrum. L'alliage renvoyait de bref reflets tandis qu'il portait le pendentif devant sa bouche, comme pour y capter le contenu de ses dévotions.
"Que le feu de la foi m'enveloppe, que sa douce chaleur me protège et repousse de mon âme le froid mordant du doute. Et que si celui-ci venait à me toucher et à se propager en mon corps et mon esprit, que ce même feu devienne ouragan de flamme et qu'il me sauve du la déchéance par la forme la plus pure d'expiation."
Tels étaient les mots de la Troisième Demande, l'une des supplications de bataille la plus considéré et sans doute l'une des préférés de Tear qu'il récitait lentement, en détachant chaque syllabe pour qu'elle s'imprime sans faute en lui et en tout ce qu'il possédait.


- Je crois que ça va être à nous, dit soudain Exodus en s'éloignant de la fenêtre pour se mettre à chercher ses bottes. C'est le troisième groupe d'allanthrope que je vois passer et celui-là comporte même un nain, à moins que les enfants du coin ne portent la barbe très tôt. On va sortir par derrière et rejoindre la rue principale en faisant une boucle.

Tear ne répondit pas et se contenta de se lever, avant de se diriger instinctivement vers sa lourde croix de bois. Il arrêta le mouvement à un mètre de l'objet et se réprimanda pour sa stupidité.

- Comme tu le fait si justement remarquer, dit un Exodus botté et occupé à cacher son attirail dans un coin de l'armoire, on évitera les armes trop menaçante. Si tu veux te sentir plus rassuré, prend ça, continua-t-il en lui tendant un stylet fin d'une quinzaine de centimètres. Glisse le dans ta botte ou ta manche, et ne le sort qu'en cas d'urgence.

- Je ne suis pas un assassin***, fit froidement remarquer Tear tout en fixant intensément la courte lame du regard.

- Et tu n'es pas non plus un idiot, renchérit Exodus en lui plaquant l'arme dans la main.

Il se retourna aussitôt et récupéra dans ses affaires un poignard plus large mais tout aussi court que le stylet de Tear, qu'il glissa dans l'une de ses bottes, et une paire de gants épais en cuir brun qu'il rangea dans l'une des poche de son gilet. Enfin il revint vers son jeune collègue qui venait de cacher le stylet à l'intérieur de la doublure de sa veste, de sorte que personne ne puisse le soupçonner de s'y trouver. Il lui tendit alors une cordelette au bout de laquelle pendait une petite croix du Culte en bronze, que le jeune homme pris avec étonnement.


- J'ai failli oublié ce petit détail, dit Exodus tout en passant une croix similaire autour de son coup. Passes-toi ça autour du cou, de manière bien visible, et on pourra y aller.

Tear passa la petite croix de bronze autour de se cou, la faisant contraster avec le bleu-gris de sa veste. Il se sépara de son pendentif en électrum qu'il rangea précautionneusement dans un de ses sacs, puis suivit le répurgateur quand celui-ci quitta la chambre. Ils fermèrent la porte à clef puis descendirent l'escalier l'un après l'autre, en essayant de paraître le plus normal au possible. Ils passèrent près du comptoir mais ni le gérant ni les clients ne les remarquèrent, car deux elfes venaient d'entrer pour se placer à l'une des table les proches de la sortie, et toute la salle avaient les yeux rivés sur eux.
Discrètement, Exodus fit signe à Tear de le suivre. Ils empruntèrent la porte arrière, laquelle menaient le plus souvent au "cabinet de confort" dans l'arrière-cour, et disparurent dans la lumière déclinante des ruelles.


* * *

Le plus ou moins gardien de porte nommé Cras attendais patiemment, embusqué entre deux tonneaux près de la sortie arrière. Il était venu se positionner ici dès la fin de son service – dès que le chef lui ai dit "bouge ton cul de là, on a assez vu ta sale tronche!", en réalité – et depuis il épiait, persuader qu'ils passeraient par derrière, comme tout suspect qui se respecte.

Il l'avait sentie dès le début que quelque chose n'allait pas. Les menaces voilés envers un agent en fonction, lui-même en l'occurrence, la longue discussion avec le Jarl, aux portes de la Belle, et enfin cette drôle d'odeur de barbecue qui les précédait.
Une rumeur tournait en ville, comme quoi un front de protestation prenait de plus en plus d'ampleur auprès des habitants, et que certains envisageaient dans un futur proche de s'en prendre au Père Aquience. Ce pourrait-il que les mécontents ai engagé des mercenaire? Oui, c'était forcément ça. Le Jarl Madrik n'avait jamais affiché de réelle opposition envers l'autorité du Prélat, mais Cras se félicitait de savoir juger les gens et cet officier était un arriviste de premier ordre, à l'ambition sale et mesquine, ça se voyait. Il était forcément dans le coup, sans quoi il n'aurait jamais laissé deux vagabonds rentrer dans la Belle. Quelle intelligence que la tienne, songea Cras pendant un bref instant.
Mais il n'allait pas agir tout de suite, non. Il lui fallait des informations qu'il puisse utiliser, des preuves qu'ils puissent présenter. Alors il attendait, et quand le temps serait venu, il irait dénoncer tout ces hérétiques aux Prélats, et deviendrait sans doute Jarl, un grand pas vers la place qui lui était due. Mais il se pouvait aussi que la perte d'Aquience libère une place de choix dans la hiérarchie et Cras, de par son charisme dont même le mercenaire avait fais les éloges, parviendrait sans peine à réclamer la fonction de nouveau Prélat. Un homme de choix pour une fonction aussi prestigieuse. D'ailleurs sa propre mère le disait souvent, "on devrait le mettre dans le Temple" (elle complétait le plus souvent par "Il est bon à rien d'autre, ce fils s'abrutit", mais Cras avait une mémoire des plus sélective).
Oui, il valait mieux attendre, ne pas se précipiter. Le vent semblait souffler au hasard pour l'instant, et Cras l'observait avec attention pour être le premier à diriger sa voile dans la bonne direction.
Il l'observait tellement qu'il ne fit même pas attention aux deux pécores qui sortirent en hâte par la porte arrière de l'auberge, même quand l'un deux jura en reniflant l'odeur des cabinets proches.
Ils s'éloignèrent rapidement dans les ruelles, tandis que le futur maitre du monde nommé Cras s'imaginait très bien portant un manteau d'hermine.


* * *

Les deux hommes logèrent le mur arrière des bâtiments et boutiques pendant un moment, traversant des ruelles éclairées par des reliquats de soleil. Quand ils se trouvèrent à deux maisons des murailles, ils prirent à droite en direction de la Grande rue encore humide qui se remplissait petit à petit. Les habitants rejoignaient la célébration en avance, soit pour s'assurer les meilleurs places, soit pour prendre le temps de flâner devant les vitrines en chemin.
Parmi les citoyens, on voyait des petits groupes d'allanthropes qui pour la plupart pressaient le pas et remontaient la Grande rue en regardant fixement leur pieds, dans un silence inquiet. La Belle semblait constituer pour eu une sorte de no man's land qu'ils se devaient de traverser le plus vite possible pour rejoindre la sécurité du bâtiment du Culte.
Pourtant, parmi ces groupes de non-humains, on en voyait parfois qui marchaient d'un pas décontracté, parlant haut et fort et se faisant un devoir de visiter chaque boutique sur leur passage. Ceux-là étaient suivis d'une masse de regards mauvais et à distance par un membre du Corps de garde, sans doute plus pour les protéger que les surveiller.

Plus les deux Enfants progressaient, plus les commerces laissaient place à d'imposantes maisons à plusieurs étage aux pierres blanches et grises, dont les tuiles plates vertes et bleues, encore légèrement mouillées par l'orage de la veille, reflétaient les rayons du soleil de telle manière que le sommets des bâtiments semblaient être liquide. Au bout d'une centaine de mètres, il finirent par déboucher sur une place d'une taille impressionnante, laquelle était traversé par la Grande rue et par une demi-douzaine d'autres artères de taille plus réduite.
Au centre de la place trônait un gigantesque platane à l'écorce gris-clair et dont le tronc d'au moins un mètre cinquante de circonférence se divisait en plusieurs ramifications au fur et à mesure qu'il gagnait en hauteur, cachant de ses larges feuilles vertes la façade de plusieurs bâtiments. Tout autour avait été disposés des bancs de pierre élégamment sculptés, mais les passants les ignoraient pour la plupart, occupés qu'ils étaient à se diriger vers l'édifice qui se trouvait juste derrière l'arbre majestueux.
Coincée entre deux grands bâtiments de plusieurs étages chacun, dont l'un avait l'apparence du poste de Garde principal, l'église du Culte de Prélarge s'offrait à la vue des deux Enfants. Le clocher était étonnamment petit au premier abord, puis un détail sautait rapidement aux yeux: l'édifice avait à la base été construit pour ne pas dépassé la taille d'une taille d'une chapelle, dont les fondations de pierre contrastaient par leur vieillesse apparente avec les extensions successives de pierre et de bois qu'on distinguait sur la façade. Le contour des portes, savamment sculpté d'entrelacs et de rosaces en bas-relief, et ornée d'une croix du Culte en bronze, laissait peu à peu la place à des bases de pierre complétées par de lourde planches de bois vernissées. Le clocher était apparemment le seul à ne pas avoir subit d'agrandissement, la couverture en bronze reflétant dans un incendie de lumière les derniers rayons d'un soleil maintenant à moitié avalé par l'horizon.
Arrivé au niveau des portes, les deux Enfants se permirent de savourer une vision qui leur avait manqué depuis leur arrivée sur ce continent: la foule se massait en nombre pour répondre à l'appelle de la cérémonie et l'entrée se trouvait le théâtre d'une sorte de bouchon humain organisé. Tear y voyais la preuve réconfortante d'une foi vraie, du fait que la distance importait finalement peu par rapport à la nature des humains à tendre vers l'Unique. Exodus de son côté se remémorait avec nostalgie les mêmes scènes se déroulant sur le Territoire, la foule semblable à une horde d'ivrogne en période d'happy-hour. Ils jouèrent des coudes pour passer les portes (que personne, au cours des nombreuses extensions, n'avait pensé à élargir) pour pénétrer finalement dans la nef.

L'odeur d'encens les prit tout de suite au nez. Bien que la Cathédrale de Belthil utilise le même genre d'herbe et de cendre, elle était ici plus forte, plus concentrée, elle suintait littéralement des pierres pour s'accrocher aux vêtements, aux cheveux et à la peau de ceux qui entraient. Le plafond était relativement bas, peint d'une voute étoilé et soutenu par de larges piliers rectangulaires à arceaux, reliques des premiers murs, abattus lors des travaux. Les mêmes piliers étaient recouverts de longue tapisserie murale, rouge et or pour la plupart ou retraçant une scène des Textes, et des candélabres y était fixés également. De l'autre côté des piliers, l'église s'étendait en une marrée de banc et sièges, tous tournés vers le centre du la nef, pour finalement s'arrêter à une parois de bois percée en de nombreux endroits par des vitraux aux couleurs chaudes mais bigarrées. Le bois était creusé par de nombreux motifs et entrelacs, la croix du Culte se répétant à chaque intersection. Le plafond était encore plus bas que dans la nef d'origine, composés de segments de bois laqués et croisé de manière à former des carrés en relief, au centre desquels étaient gravés des noms et runes, principalement sacrés. Le tout était soutenu par de lourdes poutres en bois noircis, renforcé à leur sommet par des arceaux épousant la sculpture du bois.
Les deux Enfants prirent place près d'une des colonnes de pierre, en bout de rangé. L'idée était autant de se placer dans un endroit discret que de pouvoir s'éclipser rapidement en cas de pépin, voir d'échauffement spontané de l'un des individus.

L'église était presque entièrement remplie, les fidèles s'éloignant progressivement du centre à mesure que les places était prises. Exodus remarqua avec étonnement que la plupart des allanthropes s'étaient placés aux premiers rangs, mais ne fut en revanche guère étonné de voir qu'une rangé occupée ne serait-ce que par l'un d'eux repoussait comme par enchantement la majorité des autres fidèles humains. Prenant le temps de détailler la nef, il remarqua alors la chaire qui avait été placé non pas près d'un mur mais au centre même de l'allée, entre les quatre principaux blocs de bancs. Ceux-ci étaient d'ailleurs tous orienté dans sa direction au lieu d'être dirigé vers l'autel, comme de coutume. La disposition n'était pas mauvaise, elle permettait à celui qui s'y tenait d'arranger tour à tour chacun des côtés, et portait la voix de manière égale. La chaire était faite de bois soigneusement travaillé, aux reflets rouges, surélevée par un socle fait de la même matière, et n'avait en revanche pas de toit. L'accès se faisait par une courte série de marche, qui menait le Prélat à environ deux mètres du sol.
Il ne devait plus rester que cinq minutes avant le début de la célébration. Une note de clavecin se fit entendre, étonnamment sonore dans le brouhaha étouffé de la nef, puis suivirent d'autres qui formèrent un arrangement intéressant du classique cantique d'ouverture, habituellement joué à l'orgue (ou à la guitare en ce qui concernait certaine cérémonies ayant lieu à la Cathédrale, DeVaanne étant étonnamment ouvert aux rares suggestions de Sharah'In).
Tear donna un coup de coude discret à Exodus et lui désigna le bas de la chaire d'un léger mouvement de menton. Le répurgateur remarqua alors les hommes en armes qui se plaçaient debout autour du socle, face aux rangés de banc. Il y avait en tout huit hommes du Corps de Garde, en tenue complète hormis le casque, tenant leur bouclier et affichant clairement les épées et masses qu'ils portaient à la ceinture. En regardant de plus près, il ne reconnue ni le Jarl Madrick, ni l'un des hommes de la porte, mais celui qui se trouvait le plus près de l'escalier affichait clairement un air de supériorité, de par son costume plus travaillé et surtout par l'horripilante moustache fine qu'il portait, signe évident de par le monde des petits tyrans égoïstes.

L'air se fit soudain un peu plus chaud autour d'Exodus. Il regarda son collègue et le vit en train de fixer un point de la chaire, la mâchoire crispée. Fixant à son tour le même point, Exodus se retint de jurer à haute voix et implora la pitié de l'Unique sur le contrôle des nerfs de Tear.
Sur l'une des faces de la chaire avait été incrusté un motif en cuivre, représentant la croix du Culte mais complété d'une sorte d'auréole ondulée. De fins filament de cuivres semblaient joindre les axes principaux de la croix à cette auréole, de sorte qu'on pouvait y voir une sorte d'arbre stylisé, avec la croix comme tronc et l'auréole comme feuillage. Plusieurs lettre avait été insérés sous la pièce de cuivre, brillant de milles feu à la lueur des candélabres: Ashvenim.


- Les fous... murmura Exodus.

Ils avaient donné un nom à l'Unique. Or un nom était fait pour différencier un être d'un autre, ce qui était dans ce cas une hérésie: l'Unique ne se définissait que par se nature, un nom signifierait qu'il n'était plus le seul et qu'il devait se démarquer d'autres, égaux à sa grandeur. Une folie. Une hérésie. Une provocation envers tout Enfant qui se respectait et surtout le même effet sur Tear qu'une étincelle sur un tas de paille sèche.

Exodus n'eut pas le temps de s'inquiéter de la réaction de son comparse. Le silence s'était fait, et le Père Aquience venait de faire son apparition.
________________________________________________________________________________________
* On remarquera que jusqu'ici, l'établissement décrit effectue un odieux pied de nez aux modèles de narration classiques, lesquels voudraient qu'une auberge nommé "Sceau de Pureté" se résume en un boui-boui infâme dans lequel on aurait perdu le souvenir même de pureté, sans doute parce qu'on avait égaré les seaux, balais et brosses à récurer quelques siècles plus tôt.
** Pour information, la troisième règle était: "Tu nieras tout en bloc si jamais le guet te questionne, et offrira un verre aux sympathique gardiens de la paix (en n'oubliant pas de le noter sur leur ardoise)."
*** Tout est relatif, mais aux yeux des Enfants, brûler des centaines de personnes non-croyantes n'était en aucun cas un meurtre, tout juste un petit nettoyage. Tear méritait donc, et ce à juste titre, la place d'agent de surface de l'année.
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MessageSujet: Re: [Unique]Echange de ressources vitales [RP Concerté]   [Unique]Echange de ressources vitales [RP Concerté] Icon_minitimeMar 21 Fév - 21:27

L'homme avait une prestance indéniable. Dans sa longue robe blanche sertie de filets dorés, il iradiait et le silence qui s'était formé n'était plus une énigme. Même en le voyant rejoindre la chaire depuis des années, son assurance et son charisme touchait tout autant ses fidèles. Cela expliquait en partie la déroute de la ville. Un homme a qui l'Unique avait donné tant de chose ne pouvait que suivre Sa voie et Le servir.
Passant devant les premiers rangs où siégeaient les allanthropes, il alla même jusqu'à serrer la main de l'un d'entre eux. Il n'y eu pas le moindre murmure de protestation, ce qui échauffa d'autant plus le pyromancien.
Lentement, il monta les marches pour monter au sommet de la chaire. Chaque pas qui le rapprochait du sommet sonnait comme le glas de sa mise à mort dans l'esprit de Tear. Le répurgateur lui avait demandé de rester calme et imploré qu'il ne s'emporte pas trop. Mais le pyromancien restait un Enfant : son devoir était de réprimer toute hérésie car celle-ci opprimait ceux qui n'avaient pas encore été touchés par Sa Grâce. Au moindre mot de trop, il serait à ses derniers battements de coeur.


- Mes chers frères ! Mes très chers frères ! C'est un plaisir de voir que vous venez tous les jours plus nombreux. Humains, mais aussi elfes, nains, ou toute autre race, soyez bénis parce que vous êtes les avant-gardistes. Ceux qui en premiers auront reconnu Sa Volonté. Ceux qui sont destinés à répandre Sa Lumière. Ceux qui devront subir toutes les injustices d'un monde qui n'est pas encore tout à fait prêt, mais qui seront fièrement récompensés quand vous Le rejoindrez.
Que l'Unique guide vos pas.


- Que l'Unique guide vos pas, reprit toute la salle.

Exodus se demandait comment l'Enfant avait réussi à ne pas bondir jusque-là. En quelques mots, il avait signé son arrêt de mort, déblatérant hérésie sur hérésie. Cette dernière phrase, il y a quelque temps l'aurait fait flamber littéralement, mais il avait réussi a garder son calme. Pendant combien de temps ?

- Nous allons aujourd'hui étudier un des extraits des premiers témoignages relatifs à l'Unique, sur le Continent.

Un homme, bien humain cette fois, s'avança vers l'autel. Lorsqu'il dû passer devant les bancs des allanthropes, il réprima un sentiment de dégout qui passa cependant inaperçu pour la majorité et s'avança, les épaules droites, la tête haute et fière. Dans ses vêtement en soie fine d'un bleu profond, réhaussé de touches argentées, sans doute brodés par tailleur le plus cher de la région, il éclipserait n'importe quel de ses semblables par sa classe et son assurance. Cependant, après s'être incliné devant l'autel puis devant le père Aquience, rien ne pouvait lui permettre d'égaler le père. D'origine noble à n'en pas douter, cela devait être très contrariant pour lui qui devait être habitué à être salué plutôt qu'à saluer.
Placé devant la chaire, dominé par les gardes et le père, mais dominant la foule, il entama d'une voix grave, puissante et imposant le silence :


- Lecture de la vision d'un des premiers disciples de Xupimada.
Arthys était un homme humble, qui n'avait vécu depuis son enfance que par la terre et qui ne vivrait que par la terre. Il pensait n'avoir jamais connu le bonheur. Il pensait n'y avoir jamais le droit. Le bonheur, ce n'est qu'une fadaise qu'avait inventé les compteurs pour agrémenter les soirées d'hiver. Ou était-ce pour les grands de ce monde. Un simple paysan n'avait rien à offrir, donc rien à recevoir.
Cependant, un soir d'hiver, alors que ses deux fils, sa fille et sa femme dormaient, celui-ci ressenti le besoin de sortir, prendre un bol d'air frais. C'est alors seulement, qu'il se rendit compte que le temps s'était arrêté. Pas un seul souffle de vent. Pas un seul bruit. Pas un seul mouvement. Depuis combien de temps ? Il n'en savait rien. Mais il était sûr d'une chose : quelque chose ne tournait pas rond. Il s'exclama :

- Faut toujours qu'ça tombe sur moi, ce genre de conneries.
- Homme, ton destin à partir d'aujourd'hui va être changé, fit une voix résonnante dans l'air.
- Que'qu'j'ai fait comme connerie encore ? C'est pas moi, j'te jure ! s'indigna Arthys.
- Tu as été béni d'entre les hommes, tout comme l'a été l'annonciatrice Xupimada. Quatre autres ont été touchés cette nuit. Cinq qui, touchés par la Grâce de l'Unique, entameront l'Illumination du monde, en le sortant de ses Ténèbres. Rejoins la Prêtresse. Elle te dira quoi faire.
- Mais j'peux pas laisser ma terre comme ça ! Y a les semences qui vont bientôt commencer ! Si j'fais pas ça, ils vont m'bousiller la maison et saler les terres.
- En suivant ta voie, tu comprendras.
Une douce brise vint caresser les trois cheveux qui lui restaient sur le haut du crâne.


Le noble se retourna alors, s'inclina à nouveau devant le père Aquience, puis retourna s'installer à sa place. Le prélat laissa s'écouler quelques instants afin que le texte pénètre bien l'esprit des fidèles. Tear, qui connaissait par coeur, évidemment, chacun des textes des premiers pas du Culte - De Vaanne lui ayant offert pour son présumé huitième anniversaire - ainsi que toutes les interprétations possibles et imaginables, en profita pour observer l'homme qui venait de faire la lecture. Personne ne l'avait sans doute remarqué, mais son salut envers l'autel de l'Unique et la chaire était radicalement différents aux yeux de l'Enfant. Bien évidemment, il était nécessaire de montrer que nul ne peut être considéré comme l'Unique, mais la raideur du mouvement lors de la révérence destinée au prêtre ainsi que le détournement quelque peu rapide après s'être relevé montraient le mépris que devait éprouver l'homme envers le père.
Sans doute serait-ce un allier si les divergences étaient suffisamment profonde. Mais le pyromancien ne put y penser plus longtemps, le prélat s'étant levé pour entamer son interprétation du texte.


- Merci, sieur de Barissys.

Ce texte, chers frères, vous avez sans doute pu l'entendre plusieurs fois lors de n'importe quelle rencontre théologique. En effet, il n'est pas rare d'en user pour montrer au monde notre devoir commun de faire attention aux signes - une envie, un besoin d'aller dehors ; un événement surnaturel ; ... - qui sont le signe de Sa présence. Il est aussi présenté comme un besoin de tolérance envers les plus démunis, ceux à qui la vie n'a rien donné, car ce sont eux qui pourront un jour nous sauver. Le devoir de famille qui dans n'importe quel circonstance ne doit pas être oublié. La confiance en l'Unique. Les interprétations sont infinies.
Cependant, ce matin, une nouvelle s'est insinuée dans mon esprit.


* Prétentieux... fit une petite voix dans l'esprit de Tear.

- En effet, souvent, tout est référé à l'humain. Mais cet homme, qui pourrait être assimilé à à un nain par son travail de la terre ou à un elfe par son ressenti des éléments de la nature. Oui ! A travers cet homme, l'Unique ne s'est pas uniquement adressé aux humains ! Oui ! A travers cet homme, l'Unique nous montre la voie ! Oui ! A travers cet homme, l'Unique nous renseigne sur le besoin de transmettre la Lumière aux autres races !
Nous devons refouler cette égoïsme qui nous fait nous renfermer sur notre pauvre race humaine. Seuls nous ne sommes rien. Alors qu'ensemble, nous pourrions étendre la Parole de l'Unique à travers tous les continents ! Mieux que jamais, nous pourrions le servir. Mieux que jamais, nous mériterions notre statut de fidèles. Mieux que jamais, nous serions dans le droit chemin.


L'ensemble de la salle était maintenant en transe. Mêlant les hourras des allanthropes avec ceux des humains, une bien écœurante musique aux oreilles de Tear qui lui aussi ne tenait plus en place, mais pour des raisons quelques peu différentes. Exodus remerciait l'Unique de lui avoir soufflé de priver le pyromancien de sa croix à chaque fois que la main de celui-ci se baladait dans son dos.
A présent, l'église était emportée dans sa folie et les deux textes qui suivirent ne firent que raviver la flamme de folie que Tear décelait dans chacune des pupilles des fidèles. La tension était devenue telle que l'Enfant était passé dans un état second afin de ne pas subir le conflit intérieur qui ravageait sa conscience.
Il n'en sorti que lorsqu'Exodus lui indiqua qu'ils étaient arrivés à ne pas flancher jusqu'au discours de fin, et l'encourageait à tenir jusqu'à la fin de celui-ci.


- ...Voyez-vous, l'autre jour, j'ai eu un échange fort intéressant avec l'un de nos frère. Il désigna un frêle gobelin au premier rang. Celui-ci, portant fièrement la Foi en lui, pense que nous devrions élargir le spectre de Sa Lumière. En effet, tous, ici, nous sommes convaincu que Sa seule Volonté est que le monde retrouve le bon chemin, et c'est ce que chaque minutes de notre vie nous essayons de faire, louant Sa Grandeur, admirant Sa Bienveillance, implorant Son Conseil dans chacun de nos actes. Mais nous ne sommes pas égoïstes ! Non. Touchés par Sa Lumière, nous devons maintenant nous enquérir d'être les flambeaux qui éclaireront notre monde ! Chacun doit avoir le droit de connaître la félicité d'être dans Sa Voie. Pour cela, ce n'est pas en prêchant la Foi ici que les peuples résidants près de Galvorn qui seront Touchés. Je pense donc que l'idée de mon cher ami est bonne, très bonne, et que sans nul doute elle vous intéressera.

Tear se demandait s'il fallait voir là un crime de plus à ajouter au nom Aquience : le Culte n'est pas capable de répandre Sa Parole. Mais il estima sans doute que cette information serait jugée plus tard et qu'il ne fallait pas perdre une miette de discours pour que le jugement soit total et à hauteur de l'hérésie.

- Nous allons former Le Comité de la Sainte Parole. Celui-ci sera financé par le Culte et sera chargé a temps plein d'aller porter les flambeaux de Sa Lumières dans les terres et mers les plus reculées afin que personne ne soit laissé en des chemins obscures. Tout membre présent dans cette unité devra avoir une Foi inébranlable et savoir se montrer conciliant avec ceux qui auront du mal à reconnaître Sa Grandeur.

Cette dernière nouvelle sidéra l'Enfant. Comment prétendre que le Culte allait financer pareilles fadaises. Si les gens n'avaient parfois pas besoin d'être bousculés pour sortir de leur aveuglement, une immense majorité avait besoin de la lumière d'un bûcher pour les délivrer du joug des coutumes.

- Assis-toi, susurra Exodus, quasi ventriloque. T'as tenu jusque là, ne joue pas avec le feu.

Délivrant sa manche d'un coup sec, Tear lui lâcha, une lueur brillante dans les yeux, et un sourire un peu trop égayé éclairant son visage :

- Fais-moi confiance.

La situation ne permettait pas une discussion plus longue entre les deux Enfants, obligeant le répurgateur à céder.
Aquience, à peine surpris par la manifestation de ce jeune homme le regarda avec bienveillance, comme De Vaanne aurait pu le faire lorsqu'il pensait que le pyromancien ne le regardait pas. Déconcerté par cette ressemblance frappante, Tear prit cependant cela comme une invitation à prendre la parole, ne prenant gare à tous les regards qui étaient maintenant braqués sur lui :


- Je suis navré d'interrompre votre prêche, mon père, mais votre proposition m'a tellement enthousiasmé que je n'ai pu m'empêcher de penser qu'il fallait que je me présente dans la minute pour en faire parti.

Exodus avait déjà les yeux qui sortaient de leurs orbites lorsque Tear finit :

- Mon ami ici présent se fera par la même occasion une joie de vous suivre dans cette clairvoyante vision de la Foi.

Maintenant que la foule s'était tournée vers le répurgateur, celui-ci tenta difficilement de cacher son étonnement et esquissa un sourire au père en même temps que Tear tentait de le lever à son tour, en le prenant par le bras.
Aquience le toisa à son tour, mais ne vit qu'un sourire aimable et enthousiaste se dessiner sur le visage de l'Enfant. Apprendre à masquer tout signe qui pourrait le mener à trahir son dernier délit dans les cellier lorsqu'il comparaissait devant De Vaanne avait au moins eu le mérite de fournir une parfaite maîtrise de son image extérieur au répurgateur.


- Et bien, messieurs, je suis absolument ravi d'un tel engouement. Cela dit, je pense que nous serons bien plus à l'aise pour en discuter une fois la messe terminée. Je vous invite donc à m'attendre à la fin de celle-ci, mes frères.

Inclinant tout deux la tête, les Enfants se rassirent, adressant de bons sourires aux hommes qui continuaient de les scruter, comme s'ils espéraient voir au travers.
La messe ne fut alors plus longue, répétant en coeur les quelques prières qui faisaient office de procédure de fin.
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MessageSujet: Re: [Unique]Echange de ressources vitales [RP Concerté]   [Unique]Echange de ressources vitales [RP Concerté] Icon_minitimeLun 24 Juin - 0:33

La célébration s'acheva sur un envoi original au clavecin, luth et viole, lequel parut s'éterniser tant les fidèles mettaient de temps à sortir du bâtiment. Les deux Enfants restèrent quand à eux assis à leur place dans un premier temps, l'un plongé dans ses prières et l'autre observant autour de lui après un bref salut à l'Unique. La foule se déversait entre les bancs en direction de la porte, à l'exception notable d'une demi-douzaine d'individus qui semblait attendre quelque chose. Le père Aquience était quand à lui descendu de sa chaire et se trouvait en grande discussion avec l'officier qui avait surveillé la messe. En regardant rapidement dernière lui, Exodus aperçu le sieur de Barissys et ses gens quitter l'endroit d'un air digne, en évitant autant que possible la proximité des non-humains présents, mais non sans déposer à la sortie une offrande des plus généreuses dans la boite prévue à cet effet.

Une fois les lieux vidés de la populace, ils n'étaient plus qu'une vingtaine : le père, les Enfants, les huit hommes de garde, six gens du peuple et trois joueurs d'instruments qui se levèrent pour rejoindre le prêtre. La cérémonie avait durée bien plus d'une heure et le soleil avait cessé depuis longtemps de filtrer par les vitraux, laissant à des bout de chandelles presque entièrement consumés le devoir d'éclairer la chapelle. Une odeur de sueur s'était mêlée à celle déclinante de l'encens pour former un arôme capiteux et pesant. Tear termina sa prière et se dirigea à son tour vers Aquience d'un air dévot, suivit par Exodus qui se demandait toujours s'il lui fallait remercier l'Unique pour avoir enfin inculquer la patience dans la tête brulée du pyromancien ou bien si le jeune homme n'avait pas simplement allumé une mèche longue. Les habitants restant les imitèrent et tout ce beau monde se trouva finalement à entourer l'homme de foi.


- Mes enfants, dit-il sans se douter de l'ironie, c'est une joie de voir que vous avez été si nombreux déjà à répondre à mon appel. Et je vous remercie tout particulièrement jeune homme, ajouta-t-il à l'adresse de Tear. Même si votre intervention fut un brin... impulsive, oserais-je dire, je pense qu'elle a contribué grandement à la transmission de la parole. Soyez les bienvenus, vous et votre ami.

- Merci Prélat, répondirent ensemble les deux hommes.

Le père Aquience salua ensuite un par un chacun des volontaires, ce qui donnait l'occasion d'observer le groupe plus en avant. Il y avait là un couple d'humain, un elfe au visage craintif et deux autres personne du bas-peuple. La dernière restante était en revanche plus richement vêtue : une femme de marchand sans doute, clinquant de tous ses bracelets à chaque mouvement et en permanence toute sourire à l'attention du prêtre. Lorsque ce fût à son tour de recevoir le salut d'Aquience, elle se fendit en révérence et saluts, à la plus grande gène de ce dernier qui l'incita gentiment à se redresser.

Exodus admirait la manière qu'avait la dame de s'adresser à l'homme de foi, un fin mélange d'admiration aveugle, d'autosatisfaction et d'un soupçon de luxure. Ce genre de femme était plus fréquente qu'on le croyait sur le Continent, et plus d'un jeune prélat pouvait témoigner des attentions particulières dont elles pouvaient les gratifier. Il sentit alors un regard insistant et tourna la tête en direction des musiciens qui s'étaient placé un peu en retrait. Un nain chauve au visage serti d'anneaux de métal, accompagné de deux humains. C'était l'un d'eux qui les fixait, lui et Tear. Il s'agissait d'un homme d'une vingtaine d'année, tout en longueur, au faciès avenant à défaut d'être séduisant. La moitié de ses cheveux étaient rasée alors que l'autre avait été tressés en de longues mèches brunes qui lui couvraient les épaules. Ces yeux enfin, tout les deux d'un vert pâle, scrutaient les deux Enfants d'un regard méfiant. Exodus lui lança en retour un sourire timide, ce qui sembla refrogner encore plus le visage de l'homme, pour peu que cela soit possible. Toutefois, il cessa immédiatement de le scruter lorsque le prélat les invita à le suivre dans l'aile gauche du bâtiment. Il s'agissait des quartiers du prélat, séparés du reste de l'édifice par une lourde porte de chêne clouté, une relique architecturale hérités des premiers bâtisseurs du Culte pour qui les chapelles se devaient d'être aussi bien un lieu de culte que de résistance. Ils arrivèrent dans une petite pièce au plafond là encore en forme de voute, peint selon des couleurs scintillantes, contrastant d'autant plus avec les murs nus. Une table et trois chaises se dressaient au milieu de la pièce, non loin d'un lit aussi simple que possible et surmonté du sceaux d'Ashvenim, version dévoyé du symbole de l'Unique. Les invités s'installèrent autour de la table sur invitation du prêtre, les chaises revenant apparemment de droit à la riche femme et à l'officier de la Garde. Préférant rester debout, Aquience jeta un regard satisfait sur ses invités.

- Mes chers frères et soeurs, sachez encore une fois que je suis plus qu'heureux de voir à quel point vous avez été nombreux à répondre à mon premier appel. C'est grâce à vous que vivra Le Comité de la Sainte Parole! Tous, vous avez comme moi entendus Sa voix, révélation d'une évidence trop longtemps étouffée. Elle vous a guidé jusque ici et a prouvé à tous votre générosité, votre courage et votre piété, dit-il en regardant tour à tour la haute dame, l'homme d'arme et les deux Enfants. Vous serez les premiers porteurs de parole, ceux qui entendent et surtout comprennent où se trouve la vérité, ce qu'Il nous enseigne depuis le premier jour où Il s'est révélé à nous, mais que nous autres, pauvres mortels, n'avons pu qu'effleurer. Vous irez partout où règne l'ignorance ou la mésentente, et vous y prêcherez Ashvenim, le vrai Visage de celui que les humains ont reconnue, et que dont les autres races louent sans s'en rendre compte.

L'homme parlait, sans prendre le temps de se reposer, sans s'adresser à ses seuls invités mais à tout ceux qui auraient l'occasion de saisir ses propos. Il était dans une sorte de transe, les yeux presque révulsé à mesure qu'il s'enfonçait dans son rêve. Et les gens le suivait, plongeant dans cette vision comme s'il s'agissait de la leur.

Tear les observait et partout où portait son regard, il en était révulsé. Les pauvres d'esprit buvaient ce flot d'ineptie comme s'il s'agissait de nectar. Il affichait tous l'air incrédule de ceux qui n'osent y croire, appréhendant à chaque instant un peu plus de la beauté se ce qui était décrit alors. Un seul ne partageait pas cette état de transe: le jeune homme aux cheveux tressés, queTear observait maintenant avec une sorte d'appréhension car si la dévotion ne semblait prendre forme sur son visage comme sur celui des autre fidèle, une lueur bien plus inquiétante luisait au fond de ses yeux. Une étincelle que l'Enfant reconnaissait et admirait chaque fois qu'il contemplait son image dans un miroir: le feu du fanatisme. Le jeune homme ne s'abreuvait pas juste des paroles d'Aquience, il les vivait entièrement. Que l'Unique soit sur nous, cet homme soi-disant saint arrivait donc à atteindre ce résultat chez les plus simples d'esprit?

- Hélas, finit par dire Aquience en retrouvant un ton moins exalté, nous ne somme que simples mortels, et si cette condition nous interdit la compréhension innée des plans du Divin, elle nous contraint également à prendre en compte les restrictions de notre espèce. Un plan pour répandre la Parole se doit d'être préparé, et nous devons dès aujourd'hui poser les bases de la logistiques inhérente à ce projet. Scienci, dit-il en s'adressant au jeune fanatique, veux-tu bien nous apporter la carte je te prie?

Le dénommé Scienci hocha la tête, recula en direction d'une armoire qu'il ouvrit pour en tirer un rouleau de papier. Il revint ensuite vers la table et y déroula ce qui était une carte précise de la région, avec Prélarge au centre, surmonté d'un symbole d'Ashvenim récemment dessiné.

- Merci mon enfant. Comme vous le voyez ici, sur ne serait-ce qu'un rayon de vingt kilomètres il se trouve une demi-douzaine de localité qui ne connaissent pas Sa parole. Elle seront nos premières cibles et chacun d'entre vous aura comme mission d'y répandre le message de l'Unique, Ashvenim, le seul Dieu. Vous fonctionnerez par paire et, une fois Sa parole ancrée dans les communautés, formerez de nouveaux prêcheurs qui joindront alors les villes plus éloignées, répétant alors le schéma. La logistique et les vivres nous seront assurés par Dame Jiolund et son époux, le Sieur Félicé, dit-il en présentant la dame richement vêtue à ses invités, tout deux de fervents croyants qui se sont empressé de mettre leur moyens à disposition de notre Sainte mission. Remercions les encore une fois, car sans eux nous nous trouverions bien démunis.

La Dame Jiolund se mit à rougir et afficha un air satisfait tandis que les gens présents suivait le Père Aquience dans un léger applaudissement. Exodus soupçonnait que le titre de "Sieur" attribué à son mari la rendait plus fière que les louanges sur sa générosité.

- Pour ce qui est de la sécurité de nos porteurs, reprit le prélat, tout est également prévue. Le Mandrite Piolonus prépare d'ors et déjà ses homme aux missions d'escorte et de protection lors des discours depuis plusieurs semaines, et il nous assure qu'ils seront près d'ici deux jours.

Le militaire s'inclina humblement en rappelant qu'il ne faisait que son devoir et ne méritait pas tant d'éloge. De son côté, Exodus se contrôlait du mieux possible pour ne pas rire du titre de l'officier. Le grade d'un officier de la marine du Culte était plus que ridicule pour un responsable de garnison posté à terre. Et surtout les vrais Mandrites étaient bien mieux habillés. Mais bon, il fallait bien pardonner l'ignorance des ces campagnards: on ne voyait que rarement passer de frégate dans l'ouest du pays.

- Cette diffusion de Ses mots se doit d'être préparé, je le répète. Vous devez être aussi confiant en vous même qu'en Sa parole, et c'est pourquoi nous nous retrouverons ici même après chaque messe du soir, et ce pendant une semaine. Nous y apprendrons à mieux nous connaitre, à former les binômes les plus efficaces et enfin à confier à Ashvenim nos doutes, nos peurs et à prier pour que Sa présence nous soit accordé pour la durée de notre futur périple.

Le père Aquience regarda la petite troupe d'un œil chaleureux, comme un professeur devant une classe exemplaire.

- L'un de vous aurait-il une question? Si non, je vous propose de - Oui, mon fils?

- Je m'demandais juste, mon père, dit Exodus en imitant à merveille celui qui réfléchissait trop intensément pour son propre bien, pourquoi n'allons-nous pas au sud? J'veux dire, les villes que vous avez montré, elles sont tout de vacheme - pardon, beaucoup plus loin, mon père.

Le prélat répondit avec un sourire compatissant, donnant sa leçon à celui qui visiblement avait manqué quelques sermons.

- C'est vrai, mon enfant, elles sont plus accessible. Mais c'est aussi ce que nous apprend Ashvenim: ne pas prendre le chemin le plus facile sous le seul prétexte qu'il est plus confortable. Éprouver notre foi en chaque instant et alors, dans la peine du travail accompli, trouver Son geste dans chacun de nos pas, chacune de nos actions. La récompense n'en est que plus grande. Et si cela pouvait te rassurer, sache que si plus de volontaire avaient répondu dès ce soir à Son appel, alors oui, ces villes auraient connu la parole en même temps que les autres.

Bien sûr, songea Exodus tout en s'inclinant et en s'excusant de sa maladresse. Après le moindre lieu-dit, le moindre bourg que le nord occupe n'ai été convertit à ton inepsie et que tu dispose d'une base solide. Tu ne veux pas descendre au sud pour le moment: tu ne peux pas prendre le risque que la nouvelle parvienne trop rapidement à Belthil et aux oreilles du Culte.

- Bien, mes chers frères et soeurs, si personne d'autre n'a de question, je vous suggère de rester encore un peu et à faire plus ample connaissance. Je dois malheureusement vous laisser mais Scienci prendra note si besoin de toute remarque et me les fera parvenir. Que Ashvenim vous guide.
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