Legion Chromatique et rôliste
Nombre de messages : 923 Age : 45 Localisation : Vers Bordeaux, ou dans les Ombres Date d'inscription : 28/08/2009
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| Sujet: Dans les ténèbres : Marianne Mer 5 Jan - 14:57 | |
| Trésor, trésor, pourquoi donc cette grande curiosité à mon égard au point de tout savoir ? Serait-ce donc de la sagesse que de connaître votre interlocutrice avant de vous lancer dans une quelconque jouissance extatique ? Ne préférez-vous pas vous adonner aux pulsions secouant votre poitrail comme un animal guidé par son seul instinct ? Eh bien soit, allongez-vous et je vous conterai mon histoire dans ses grandes lignes. Et j'insiste sur le fait que certains détails resteront dans les abîmes de l'oubli, nul besoin d'en éveiller les souvenirs. Etes-vous confortablement installé, Darling ? Voilà, placez-vous donc sur le ventre, que je puisse vous administrer quelques massages afin de vous relaxer pendant mon récit.
"Douce France, cher pays de mon enfance", chantait donc monsieur Charles Trenet devant les Allemands en 1943 pendant la Seconde Guerre Mondiale, alors que les spectateurs venus l'écouter reprenaient en chœur son refrain malgré la présence de leurs ennemis. Cependant, ma vie commença quelques 22 ans plus tôt. Où ? Je ne saurais le dire, petit nourrisson que j'étais, confiée à l'orphelinat St Joseph de Maltieu, en beau pays périgourdin. J'y avais grandi sans histoire malgré la sévérité dont faisaient preuve la mère supérieure et ses subordonnées, mais avec le recul j'y voyais plutôt une bonne éducation afin de prendre la vie comme elle vient et la supporter de front. Il était enseigné entre autres choses que les femmes que nous sommes devaient respecter les hommes, et en particulier leur mari. L'obéissance et la soumission, deux mots dont le sens m'étonneront toujours alors que primaient encore à cette époque les valeurs fondamentales telles que liberté, égalité, fraternité. En vérité, je demeurais une bien mauvaise fille pour les sœurs, celles-ci s'évertuant à m'inculquer les bonnes manières qu'une future épouse se devait d'acquérir pour bien paraître à l'homme auquel elle sera toute dévouée. Marianne a toujours été mon prénom, et ce dès le premier jour, mais aucun nom de famille ne m'avait été attribué jusqu'à ce jour de juin 1936.
Le Front Populaire s'était alors installé au pouvoir sous la direction du Président du Conseil Léon Blum fraîchement nommé. Du haut de mes 15 ans, ces pages de l'Histoire de France qui se tournaient devant mes yeux ne m'affectaient guère, véritable feu follet que j'étais à échapper à la surveillance des bonnes sœurs pour glaner toujours un peu plus de liberté de mouvement avant d'être comme toujours arrêté dans mon élan par la mère supérieure dont la vigilance était telle que personne ne pouvait échapper à sa surveillance. Je pouvais encore en ressentir les coups de règles sur les doigts ou encore les claquement d'une raquette de bois sur mon postérieur à en devenir pourpré. Mais je faisais fi de ces traitements, car mon esprit restait indomptable, rêvant d'évasion, de liberté et d'air frais. Chaque escapade nocturne aux dépends des femmes d'église me rapprochaient de mes souhaits, je pouvais en sentir le flux caresser mes joues rosées. Ce soir-là, l'orphelinat laissait entrer un invité de marque, un homme qui allait changer ma condition de vie et m'apporter ce dont je souhaitais depuis si longtemps. Pierre-Edmond de Baltard, s'appelait-il, vicomte de par son titre, bien que les nobles ne soient plus ce qu'ils étaient du temps de la Renaissance. Cet homme inconnu venait pour moi, et m'avait adopté, sans que je comprenne ses motivations. Par quel biais avait-il entendu parler de moi ? Et plus encore, pourquoi s'était-il intéressé à ma personne ? L'histoire ne m'en apprendra pas davantage, l'homme que j'appellerai désormais Père n'avait jamais émis le souhait de me le dévoiler.
Seul et sans enfants légitimes, il s'occupait très bien de moi et m'entretenait. Et pour la première fois depuis que j'avais quitté l'orphelinat, je goûtais à une vie sans entraves autres que le respect envers ce père adoptif que j'avais appris à aimer. Que dire de plus, Darling, mis à part que cette période de ma vie m'apportait tout le bonheur souhaité. Au fil du temps, je découvrais moults plaisirs, et notamment celui de la chair. Mon caractère se forgeait alors à cet instant-là au gré de mes rencontres, plus ou moins plaisantes, je devenais femme. Et malgré mon goût de plus en plus grand pour le libertinage, jamais Père n'avait été déçu, car toujours dans mon cœur il avait une place. Voyez, trésor, comme les apparences froides ou fortes peuvent cacher un semblant de sentiments plus doux, comme autant de caresses et de massages qui vous sont offerts par mes soins.
Vingt-deux ans, et la guerre faisait rage. Une France coupée en deux, un pays meurtri, déchiré. Je ne vous cache pas, Darling, que ce pan de ma vie m'est douloureux, aussi y vais-je de seulement quelques mots. Père allait mourir aux mains des Allemands, de part une religion honnie par l'envahisseur. Il me cacha, me demanda de fuir aussi loin que mes jambes pouvaient supporter, et surtout garder sur moi un document écrit de sa main, estampillé du sceau de la famille Baltard. Ne jamais le perdre, et le présenter devant un notaire une fois la France en paix, m'avait-il dit avant de disparaître à jamais. J'ai toujours ce regret profond ne n'avoir pu lui dire une dernière fois à quel point il tenait une place dans mon cœur. Je me réfugiai alors dans cette salle de spectacle où performait un jeune chanteur de trente ans à la gloire naissante, entonnant alors une chanson qui me captivait de par son calme et son message d'espoir qu'elle offrait. "Douce France, cher pays de mon enfance", ce refrain me trottait dans ma tête, reprise alors par le public à mon grand étonnement au vu de la présence d'Allemands dans l'assistance. Heureusement pour moi, ils ne m'avaient pas découverte. Tout ce que je peux ajouter sur cette partie de ma vie, trésor, c'est un autre espoir de liberté au fond de mon cœur, pour Père, et pour la France. Jusqu'au jour où les forces Américaines défilèrent aux Champs Elysées le 29 août 1944, signant la délivrance du pays cher à mon cœur, jamais cet espoir ne s'était envolé, de chaudes larmes s'autorisaient même à couler le long de mon visage, un pur bonheur, une vraie liberté m'attendait alors.
Savez-vous ce que contenait ce document que Père m'avait légué avant sa disparition, Darling ? Il s'agissait ni plus ni moins qu'un testament, me désignant noir sur blanc comme étant sa seule héritière, et donc bienfaitrice de tous les biens qui lui restaient, de même que son titre. Depuis ce jour, un nom m'était officiellement donné, Vicomtesse Marianne de Baltard. Etant au départ une orpheline, voir soudainement toutes ces ressources à portée de main, et un titre de noblesse de surcroît, m'effrayaient au point d'avoir longuement hésité à accepter ce dernier cadeau de Père. Mais refuser serait une atteinte au respect profond que j'avais pour cet homme qui m'avait recueilli, élevé et aimé comme sa propre fille. Vicomtesse Marianne de Baltard, un nom à particule qui finalement me sied et que j'acceptais, sonnant telle une douceur gâtant mes papilles. Me voici dès lors maîtresse entre autres d'un petit manoir en campagne, loin des affres de la ville, un endroit tranquille et reposant, suffisamment étendu pour accueillir des invités en grand nombre sans risque de déranger autrui, n'ayant aucune habitation voisine à des lieues à la ronde. Il me fallait cependant apprendre l'étiquette afin de porter comme il se doit ce titre, ce que je fis avec toute l'assiduité d'une femme modèle et sérieuse. En effet, trésor, je ne plaisante pas avec l'honneur et le respect des paroles de promesses. Et comme je vous lai dit auparavant, Père restera gravé dans mon cœur comme un homme aimant, homme dont je ne peux trahir la confiance qu'il m'a donné même dans la tombe, même aujourd'hui.
Telle est donc ma vie, libérée et ponctuée de plaisirs partagés avec délectation, vie de fêtes et de beauté sensuelle et artistique, et je continue de la mener ainsi après ma mort… Oh, trésor, êtes-vous à ce point curieux de me demander cela ? Vous êtes-vous donc entiché de moi pour connaître tous les détails ? Votre peau est suave, vos épaules et votre dos agréables à masser. Soit, je continue alors mon récit. Cependant, je vous le dis, rien de bien transcendant et intéressant qui vaille la peine de s'attarder. Ce fut un soir de mai 1956, une belle nuit pour organiser un bal costumé avec moultes paillettes et artifices colorés. Mise en bouche somptueuse, dîner succulent, tout cela sous le signe du libertinage, vous vous en doutez. Tout en raffinement cependant, la subtilité et le coquin se mariaient à merveille, les invités me félicitaient pour cette party réussie. L'un d'eux m'accosta alors, le visage partiellement dissimulé sous un magnifique masque de céramique de grande valeur, superbement décoré sublimant par la même deux yeux d'un vert pétillant et clair et des lèvres que l'on aurait aimé goûter. Un verbe alléchant et poli, l'homme avait une grande allure, un charme difficilement résistible. Carpe Diem, rappelez-vous, Darling. Profitez des occasions qui vous sont offertes pour les prendre. Ce que je fis en acceptant son invitation à faire plus ample connaissance, aussi lui pris-je la main et l'emmenai-je jusque dans ma chambre, sur mon lit, et s'offrir l'un à l'autre en un échange passionnel et charnel dont j'en ressens encore aujourd'hui l'hypnotique volupté emplir mon corps en y repensant. L'expérience était tellement belle que jamais je ne m'étais interrogée sur la froideur de sa peau. Pour tout dire, même l'absence de son pouls ne m'avait tiqué. Ce n'est qu'après nos ébats, à corps reposé, savourant ses ultimes caresses, qu'il m'avoua tout. Surprise, je l'étais assurément, mais la réflexion aidant, je pouvais discerner un caractère moins prédateur que je l'aurais imaginé concernant le folklore vampirique. Bien au contraire, au lieu de n'être qu'une proie parmi tant d'autres, il me fit une proposition bouleversante, il faut bien le dire : le don de l'immortalité. Comprenez donc mon point de vue, l'absence de vieillesse, une longue, très longue vie, du temps infini pour de nouvelles découvertes de toutes sortes. Je ne saurais cependant dire si Père aurait accepté le choix que j'avais fait, mais en mon fort intérieur je croyais toujours en lui, et lui en moi, je pense sincèrement qu'il aurait tout de même accepté ma décision. Après tout, je n'avais plus d'attaches réelles en ce bas monde, donc personne à qui je manquerai. Carpe Diem, trésor, encore et toujours. Je mourais donc cette nuit-là, vidée de mon sang, l'échangeant contre un peu du sien. Et je me réveillais vampire. Tout cela à l'insu de tous. Personne ne s'était rendu compte de mon changement, derrière mon masque de bal. La fête continuait et se finissait tout à fait normalement.
Mais une nouvelle vie m'attendait, pas totalement différente, mais sous un jour nouveau, si j'ose dire. Je dus apprendre la chasse, et les mœurs des vampires, et ainsi adapter mon mode de vie à ces nouvelles contraintes. Mais au final, cette nouvelle existence me plaisait, je ne regrette rien. Mieux encore, j'y découvrais une autre faculté, bien vite maîtrisée, celle-là même dont j'ai fait la démonstration sous vos yeux. Le reste de mon existence jusqu'à aujourd'hui n'est guère intéressant, tout au plus une succession de voyages, de fêtes, de rencontres, et de nouvelles expériences. Je suis désormais partagé entre la Douce France et ce royaume où l'on peut tout se permettre sans cachotteries, royaume découvert il y a peu lors d'une relation d 'un soir avec un gentleman caïnite, très gratifiante par ailleurs, dans tous les termes. J'attends beaucoup de ce pays caché.
Mais Carpe Diem, trésor, vivons le moment présent. Retournez-vous à présent, Darling, et plongeons-nous dans les méandres du péché de la chair sans contraintes ni tabous. Offrons-nous une nuit que vous n'oublierez jamais. | |
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Green Partizan Littéraire et rôliste
Nombre de messages : 3951 Localisation : Ici, c'est Saint-Denis. Date d'inscription : 25/11/2007
Personnages RP Pseudo: Pseudo : Pseudo :
| Sujet: Re: Dans les ténèbres : Marianne Lun 31 Jan - 1:26 | |
| - Citation :
- celles-ci s'évertuant à m'inculquer les bonnes manières qu'une future épouse se devait d'acquérir pour bien paraître à l'homme auquel elle sera toute dévouée.
Pouah pouah pouah, concordance de temps ! - Citation :
- dont la vigilance était telle que personne ne pouvait échapper à sa surveillance.
Vigilance, surveillance, un peu redondant comme phrase. - Citation :
- Mais refuser serait une atteinte au respect profond que j'avais pour cet homme qui m'avait recueillie, élevée et aimée comme sa propre fille.
Inattention sans doute.
C'est pas mal du tout, mais je trouve que l'on reste sur sa faim, les derniers paragraphes sont un peu expédiés, et on en apprend finalement assez peu sur le personnage (ou du moins on en garde une silhouette trop générale). Les retours au lecteur sont une bonne idée, mais pas assez variés, et ils en deviennent ainsi dérangeants ; essaie peut-être de changer les mots affectueux. La chute est plutôt pas mal, j'ai bien aimé ^^. | |
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