J'Accuse

- J'ACCUSE le sieur Dvb, perfide créature au service du démon Flood, de corrompre les jeunes esprits en détournant les moyens mis à sa disposition : une quelconque feuille de chou locale ayant pour emblème une abomination vernaculaire, ainsi qu'une entreprise présentant les dernières productions cinématographiques. Enfin, il a été reconnu qu'il avait manipulé de l'A.D.N bovin pour en faire un infâme pâté sous conserve, exposé durant une réunion aéliséenne culturelle d'Intrépides Rolistes Loufoques. En qualité d'assesseurs siègeront les honorables Chikoun et Exodus. Unrock From Oz, dit aussi « Les Deux Initiales aux mille significations », représentera le ministère public dans cette affaire – c'est le procureur quoi. Enfin, Egorann, aussi connue sous le nom de la « Sauterelle sur ressort infernale », assumera la charge de greffière.
- Youpiiiiiii !
- Hahum... Greffière... veuillez réfréner votre enthousiasme dans ce tribunal. Sieur Dvb, avez-vous un avocat ?

Le petit gobelin, à ces mots, se redressa dans le box des accusés.

- Oui m'sieur.
- Bien, qui est-ce ?
- C'ets le terrible, le puissant, l'impitoyable -le perdant à warhammer-, le respecté, le talentueux, le craint -le primate-, le seul inquisiteur, j'ai nommé De Vaanne.

Aussitôt son nom prononcé, un personnage affublé d'une armure de plates complète et d'une cravate autour du cou pointa ce qui ressemblait à une claymore vers les trois juges.

- Moi, De Vaanne, Primat de l'Unique, serviteur de l'Eternel, par ma foi, j'invoque le divin courroux contre ce trio de malfrats. QU'ON LES BRÛLE !

Il y eut une véritable agitation dans la salle. Teclis donna des coups de marteau à tout va sur la table pour rétablir l'ordre, écrasant sans y prendre garde le doigt de son infortuné collègue Exodus qui cherchait à atteindre subrepticement un reste de sandwiche abandonné là. Le son que celui-ci émit involontairement fut suffisant pour que tout le monde se taise.
Chikoun se pencha vers la défense tandis qu'à sa droite, Exodus frappait Teclis avec un morceau défraichi de jambon-beurre-cornichon.

- Maître De Vaanne, comprenez qu'une fois n'est pas coutume, vous n'êtes pas juge, mais avocat et que vous représentez donc la défense...
- Ha...
- … et de ce fait, vous êtes là pour incarner les droits de votre client, le sieur Dvb.

Le Primat se tourna un instant vers l'accusé comme si c'était la première fois qu'il le voyait. Ne prêtant pas attention à Exodus et Teclis qui avaient maintenant disparu sous la table en poussant d'affreux grognements, il continua de s'adresser à Chikoun.

- D'accord... dans ce cas, ça change tout...
- … naturellement... mais avez-vous mis au p...
- … QU'ON LE TRAINE AU BÛCHER ! tonna t-il, la pointe de son épée vers Dvb.

Il y eut un nouveau remous dans la salle. Exodus réapparu avec un morceau de jambon sur l'oreille et un coquard sur l'œil gauche, suivi de près par Teclis dont le nez saignait. Chikoun s'était pris la tête dans les mains. Quant à Dvb, il beuglait son indignation.

- Nan mais il est pas fou lui ?! couina t-il en se recroquevillant dans le box, évitant un coup bien ajusté de Zweihander.
- CAAAAAA SUFFIT !!!

Le hurlement poussé par Egorann laissa tout le monde stupéfait, immobile. Il y eut un moment de flottement puis.

- Merci ! Je n'arrivais plus à tout prendre en note... mais c'est bon, vous pouvez reprendre...
- Hahum... Bien... Maître De Vaanne, le gobelin Dvb étant votre client, vous devez le défendre, non l'inculper – au passage, vous avez un cornichon sur la spalière droite- et décider quelle ligne de conduite adopter pour le reste du procès : coupable ou non coupable ?
- Ha parce qu'en plus, vous voulez faire un procès ?
- Et bien... oui...

De Vaanne leva la main comme pour dire merci.

- Ha mais je n'y vois aucun inconvénient... Si vous voulez vous encombrer de formalités administratives, faites... Bon, en attendant de commencer, rendez la sentence au moins...

Les trois juges se regardèrent d'une moue désabusée, silence puis...

- Parce qu'en plus, vous allez me dire qu'on est sensé faire le procès avant de rendre le verdict et la sentence !

On devinait sous le heaume une expression passablement choquée. Derrière De Vaanne, Dvb lui tirait ostensiblement la langue.
Pour la première fois, le procureur Unrock From Oz s'éclaircit la gorge.

- Oui, vous voulez dire quelque chose ?
- Chers juges, je pense qu'il serait plus opportun de laisser une marge de manœuvre plus importante à l'avocat de la défense pour décider de la conduite de ce procès...
- C'ets pas juste !!
- Accusé, faites silence Cher Urno... Unrok... bref... U.F, faites nous grâce de votre ironie et présentez vos témoins.
- Parfait ! Sachez que j'en ai des dizaines prêts à assurer que le sieur Dvb, cette infâme crapule, est coupable... « coupable de quoi ? » me direz-vous. Et bien de moult choses !

Exodus se tourna vers Dvb et De Vaanne.

- Et la défense, pourra t-elle nous faire goûter au plaisir de quelques témoignages bien salés pour contredire ces nombreuses accusations ?
- Non... nous n'avons personne.
- Mais si ! On a plein de monde, grogna Dvb en jetant un regard noir à son avocat, c'ets couru d'avance. Je serai libre d'ici peu de temps !
- Bien, le procès va pouvoir commencer !

Teclis redonna quelques coups de marteaux à droite-à gauche. L'agitation qui venait de naitre dans la salle finit par se tarir. Il commença à lire le premier nom d'une longue liste.

- J'appelle comme premier témoin à la barre le sieur Gnomax, fraichement venu de kobaïa.

Aussitôt, une étrange créature heptapodesque entra dans le tribunal en tenant un long câble dans l'une de ses sept pattes. Beaucoup d'aéliséens la contemplèrent avec intérêt ou répulsion : son anatomie peu amène, sa carapace un peu grotesque et son air bizarre la rendaient unique. Il y eut un léger crissement lorsque De Vaanne tâtonna avec envie sa zweihander.
Toutefois, le kobaïen ne semblait prêter aucune attention aux regards qu'il suscitait. Il tirait sur le câble dont l'une des parties se situait à l'extérieur du bâtiment comme un forcené. Au bout de quelques secondes de ce petit manège, Chikoun prit la parole.

- Que diable faites-vous donc Gnomax ?

L'extraterrestre se tourna vers le juge.

- J'ai amené mon quadripode de compagnie avec moi, malheureusement, il ne passe par l'entrée. Les humains font vraiment des entrées ridiculement petites...

Monsieur le président, monsieur le Procureur, messieurs les Avocats, chers jurés, amis Terriens. Bonjour.

En préambule, je tiens à faire remarquer que Kobaïa se prononce avec une majuscule sur son « k » si gracieux, à l’inverse de celui contre lequel vous me demandez de témoigner.

Sur cette entrefaite, l’heptapode leva les membres situés sur sa droite.

D’ailleurs, voyez par vous-même, je jure sur le Grand Zeuhl que de ma bouche ne sortira qu’un flot véridique, circonstancié, pondéré et impartial.

J’ai rencontré ce bipède, objet de la vindicte fondée de l’ire populaire, alors que, tranquillement, je pianotais avec difficulté l’un de vos saugrenus claviers d’ordinateur. De prime abord, il me sembla primesautier, avenant, courtois et, parfois, amusant. De prime abord… Très vite je remarquai une dysorthographie chronique trahissant une pathologie grave que vous nommez dyslexie. Quelle ne fut pas ma surprise de constater qu’il travestissait le verbe être en sa troisième personne singulière, en une sorte de suite de signes dénués de sens.

Très vite, l’imposture de l’accusé bretonnant mais fondamentalement italien s’imposa à ma compréhension incrédule. Je tombai en effet sur l’un de ses textes, avant la correction automatique et sémantique de ses écrits.

Je vous laisse juge :

Le personnage multimembré sortit un document de la besace qu’il tenait en bandoulière et se mit à lire.

« Les Spaces Narines sniffent-ils du deutérium[/color] (c’est le titre, nota le Kobaïen)

Ce matin l'astroport bruisse de son attivité serène, comme même à l'acouteumé.Les deux lunes été déjà haut dans le ciel. John Jim Bill aimait ce pestacle féérique.mais Le capitaine Jhon Jim Bill de la planète Syhgmiza III eté très ènervais ce jour là en et fait il avez du ce tourner vers son adjoins la générale Cyndy Black pour devoir annoncer à l'empereureur la défête de la bataille de la vaille
la belle cyndy black je rejoinit sur le pont d'envollement pour aller le rejoindre
elle portait se matin un uniforme très sexi et des rabannes ultravilot
*comment elle est trop jolie, se John Jim Bill dans son fort de l'intérieur*
mais l'heur n'été pa à la godriolle
et il devaient se rassembler en face de leur empreur dans le palazo impréial

la salle était grandiloquante et des tapisseries dorées orné les murs en métal.
Empereur empeur !! il ait arrivémaleur à l'est de la galaxie !!
Qui as t il générale ? Que m'apportait vous comme indications ?
Les spaces narines ont envahit la station orbital au large de la 13ème lune Empreur et nos chasseurs légers rapportent qu'un nuage de RIP se dirige vers nous
comment ?! Grondit le chef sûprème Qui a osait attaqué notre empir ?!
Nou navon aucune infaurmation sèrieuse... mais Il s'agit des spaces narines de la 8tième divission blinde monsseigneur

l'empereur delta pavonis IV se pris les deux maisn,s sur le front et souffla bruyaman en tendant le doigt vers son holoécran.L'oeil de l'empeureur fut brusquement comme saisi par un tique de nerveux.

il se remémora la bataille où les Space Narines avaient attaqué la station delta omega 3. Des larmes lui remplire son oeil.
Damnassion. Cela s'avèru plus grave que prévu !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
alor qu'il soit en un si ! On allons envoyer la flotte !!
a vos ordre mon capitaine !!Jhon Jim Bill blémissa

et la bataille furent lancèrent des centaines de millions de vaisseaux à travers la galaxie en feux. »

N’est-ce pas affligeant ? N’est-ce pas révélateur ? Je restai abasourdi devant cette révélation.

Je voudrais maintenant aborder un autre aspect de sa personnalité dérangée.

Imaginez que, régulièrement, cet individu procède à un harcèlement textuel sur ma personne. Oui. Un harcèlement textuel. Il s’insinue au milieu du flux électronique afin de me faire rejoindre un groupuscule littéraire mais néanmoins séditieux : le thé raelien. N’est-ce pas pervers ?

Sachez que sur Kobaïa, le thé est une boisson interdite car bien trop diurétique et aurait pour conséquence une possible noyade collective dans nos glorieux terriers. Vous imaginez la fourberie ? Déclencher en moi une addiction profonde à la théine afin d’éradiquer notre magnifique espèce ! Avouez qu’il n’y guère de distance avec la préméditation de génocide… voir un air de cousinage.

Je ne peux aller plus avant dans mon témoignage tant l’émotion m’étreint de ses bras déprimants.

Je reste à la disposition de votre haute institution.

Que le Grand Zeuhl vous coucourle.

- OBJECTIONNNNNNNNN !, objectiva le nabot dressé sur la balustrade qui tenait lieu de barre des accusés.

Fier de son petit effet et devant le silence de mort qui s'en suivit, le sombre gredin aux grandes oreilles, se fendit d'un sourire... jusqu'aux oreilles.

Puis il se rassit et croisa les bras attendant la suite des évènements.

. . .

- Oui ? Quel est le but de cette... objection ? s'interrogea le Procureur UFO. Veuillez nous éclairer sur l'intention de votre trille insupportable : avez-vous quelque chose à déclarer pour contrecarrer ce témoignage d'un troisième type ?

- euh... j'ai eu une enfance malheureuse ! émit le gobelin, véritablement attristé par ce début de confession douloureux.

Maître De Vaanne fit tout d'abord les gros yeux devant cette saillie juridictionnelle, certes classique, mais tellement opportune.

- Je vous l'accorde Messieurs les Président et assesseurs ! Mon client a eu une enfance malheureuse et... infortunée. J'en veux pour preuve : regardez-le ! Il est né gobelin !

Waow ! La foule du public fit sentir son émotion devant un tel aveu, touchant et cruellement criant de vérité.

- C'est triste de naître gobelin, gémit la greffière. Moi aussi j'ai de grandes oreilles pointues... je sais de quoi je parle.

- Voyons c'est ridicule...

- Oui ! RI DI CULE ! Vous l'avez dit votre honneur. Mon client est ridicule. Ridicule de par sa taille. Ignoble de par sa condition naturelle. Infâme de par ses moeurs raciales et ataviques contre lesquelles il ne peut lutter. Grotesque de par son nez croch...

- Maître ! Je vous somme de ne pas terminer cette phrase si vous ne voulez pas que je vous récuse sur le champ avec perte et fracas ! tonna dvb à l'attention du géant métallique dressé à ses côtés.

L'avocat fit mine de partir, mais l'huissier audiencier lui indiqua fermement d'un index pointé sans appel, sa place dans cette mascarade.

- Ouai ! je suis un gobelin... vous vous attendiez à quoi ! Et puis c'ets quoi ce témoignage biaiseux ?! Depuis quand on fait entrer des éléphants à sept trompes dans les pas perdus ? C'est un cirque ou quoi ? Je veux bien que ça grouille de clowns et de saltimbanques dans les parages immédiats, mais ma patience a ses limites. Vous pouvez me rappelez pourquoi je suis là EXACTEMENT ? Et pour ce qui concerne ce... ce... torchon ! cet écrit dont on me colle la paternité, sachez qu'alors j'étais journaliste d'investigation et je menais une enquête dans le milieu des GFX-RPistes; c'est une micro-communauté d'illettrés notoires résidant aux portes de notre Ter, entre l'univers 41 et l'univers 43. Il fallait bien que je me fasse intégrer pour mieux me faire accepter et mener à bien mon enquête. Et puis si vous me croyez pas, vous n'avez qu'à consulter les archives des commentaires qui ont suivi sa publication !

Et au gobelin de farfouiller dans son sac de golf, pénétrant si profondément que seuls ses pieds graciles aux charmes crouteux, en dépassaient.

Au bout d'un moment, et non sans avoir fait tomber volontairement un fer 7 très bruyant sur les dalles de granit poli de la salle d'audience, le bonhomme verdâtre finit par émerger en agitant fièrement une liasse de papiers froissés sous le nez des magistrats !

- Ah ! et que dites vous de ça ? hein ? Je cite :

Citation :: "Oè sé tro bi1 tes avwenturs ! on l'ensuite ! l'ensuite !"

ou encore :

Citation :: "jpens ke tu devrait fèr gaff à ton grand-mère et à ton conjugulaison, on nait comme meme sur 1 fofo gfx et Rp"

et je vous fais grâce de cette dernière perle... oh et puis non, tiens ! Tenez :

Citation :: " Depuis que je t'est quittait je n'es que des regrais.
Depuis que je tait quitté des lamres on coulais"

Non, c'est pas ça...

L'ensemble des preuves fut apporté devant les trois juges qui, avec un air faussement concentré, les examinèrent. Au bout d'un temps...

- Bon, certes, l'accusé est un gobelin et nous devrions prendre en compte ce fait pour deviser de son cas. Il ne faudrait pas cuir trop vite les carottes.
- Hmmmm.... En tout cas, ces... Teclis tint du bout des deux doigts une feuille fournie par Dvb... feuilles ne peuvent être reçues comme preuves tangibles de l'innocence de l'accusé...
- Quoi ? C'est scandhmpffffffff.
- Ce que mon client voulait dire, grogna De Vaanne, la main plaqué sur la bouche de Dvb, c'est qu'on ne peut pas moins créditer les preuves fournies par un pauvre gobelin honnête que celles apportées par un xénos heptapodesque !

Il y eut une nouvelle séance de parlotte, puis...

- Nous en avons fini avec vous maître Gnomax, vous pouvez vous retirer. Quel est le prochain témoin ?

Chikoun consulta le registre.

- Cassiopée semblerait il... Nous appelons Cassiopée la dame étoilée à la barre... AIE !

L'assesseur se retourna vers la personne qui venait de lui donner un coup de marteau sur la tête.

- C'est à moi de dire ça normalement !

Une brise douce circula sur l’assistance rafraichissant les esprits surchauffés, quand Cassiopée pénétra dans le tribunal. Elle avançait lentement, son rayonnement naturel lui frayait un passage parmi la populace gobelinesque qui était venue haranguer le jury.
Avant d’atteindre la barre, elle réussit à glisser à dvb :

- J’aurais aimé venir vous défendre mon cher petit gobelin adoré mais quelle idée avez-vous eu de choisir un tel avocat ?

Elle survola du regard le jury et attendit.

L’assesseur était parti bouder dans son coin et le juge ronchonnait. Aussi la parole lui fut-elle rapidement donnée.

- J’ai choisi de venir librement témoigner de la nocivité du gobelin dvb car il faut savoir que ce petit singe vert est fort particulier. Il a bien-sûr les stigmates propres à sa race et d’autres qui sont ceux des petits nerveux dès qu’ils ont du pouvoir. Certains pourraient croire que c’est pour cela qu’on l’appelle le gobelin gling-gling, mais là n’est point la raison.
Si on l’appelle ainsi c’est parce que dans sa tête tinte toujours une clochette. C’est en effet un être double. Autour du « v » qui fait corps chez lui. Ce « v » du vilain n’est en réalité que les deux axes qui associent ses deux individualités contraires le « d » et le « b ».
Le « d » symbolise toute la damnation de l’individu, c’est son coté démoniaque qui apparaît. Ce petit diable vert, dynamique et dictateur veut jouer aux dominateurs du haut de son bureau dictatorial au journal. Mais il n’est pas seul car sur son cœur bat celui de la fée clochette symbolisée par le « b » de Barbie, toute rose et blonde qui fait sonner son carillon au sommet de tous les beffrois. C’est dans l’espoir de l’entendre qu’il fréquente tous les clochers du coin et hante tous les phares du bout du monde.
Je ne sais lequel des deux est le plus dangereux, car la belle Clochette, sous ses airs angéliques bourdonne à nos oreilles et inspire au gobelin les pires mots jusqu’à time’s up.
Avez-vous lu les textes dépravés que l'individu écrit ? Il touche à l'absolue peur sans scrupule et ce texte en est un témoignage :

https://ter-aelis.1fr1.net/t5785-one-shot-entre-chienne-et-louve

Mais dans le même élan, il libère clochette et se pâme dans dans les jeux enfantins. J'ai ici apporté une preuve irréfutable.

Cassiopée sortit de sa manche qu'elle ne possédait pas une grande affiche vantant les oeuvres de Ter Aelis :

- J’aurais aimé venir vous défendre mon cher petit gobelin adoré mais quelle idée avez-vous eu de choisir un tel avocat ?

Pfff...!

Genre il a eu le choix le gobelin ! Genre on lui a laissé toute latitude pour préparer une défense digne de ce nom dans une parodie de procès aux intentions toujours mal définies.

Pff...

Et dire qu'il y a encore quelques heures, le rédige-rien en chef était tranquillement attablé devant un copieux petit déj', bonnet de nuit sur les oreilles, journal entre les doigts de pieds, à siroter son cappucino imbibé de biscottes (ou inversement).

Une matinée mâtinée d'heureux présages gâchée par l'arrivée impromptue et tonitruante de miliciens armés et maquillés des très officielles fanfreluches d'usage chez la gente judiciaire.

Une honte ma pauvre dame ! On l'avait traîné manu militari hors des somptueuses combles qu'il occupait depuis des années dans la flèche Unique de la Cathédrale. Et ces malotrus de la maréchaussée avaient pris un malin plaisir à traiter ses tartines comme ses amies et compagnes chiroptères, c'est à dire avec force dédain et coups de pieds au cul !

Mais ça n'allait pas se passer comme ça !

Juste avant de passer les escaliers, tout ficelé et traumatisé qu'il était, Notfallspür dégagea une menotte douloureuse des fers qui l'enserraient, et la tendit vers son sac de golf, qu'il attrapa au passage.

Ah vraiment ! qu'on lui laisse un peu de répartie filtrer à travers son bâillon et il en irait tout autrement !

Ah mais ça ne se passerait pas comme celà, en fait ça irait bien pire...

Lorsqu'on lui présenta son avocat commis d'office, le gobelin sut que la journée serait très longue.

- J’aurais aimé venir vous défendre mon cher petit gobelin adoré mais quelle idée avez-vous eu de choisir un tel avocat ?

On se le demande !

Après plus d'un mois d'un suspense intenable, la foule figée et haletante se trouvait au paroxysme de la tension nerveuse.

Ce fut à ce moment précis que l'accusé eut cette salutaire saute d'humeur et déclara avec un aplomb formel :

J'm'ennuie ! J'me casse !

Ajoutant le geste à la parole, la gargouille vivante s'engouffra au fond de son sac de golf, d'où provinrent une série de bruits métalliques et inquiétants, qui firent progressivement place au silence le plus profond et le plus glaçant qu'une salle d'audience gelée ait jamais connue.

L'avocat enarmuré chargé de la défense du gobelin réprima un mouvement d'humeur. Marmonnant des jurons bien sentis qu'Egorann notait scrupuleusement (au nom de la postérité et de l'édification des générations futures), il empoigna vigoureusement le sac de golf et le secoua avec force. Des hurlements étouffés lui répondirent. Il plongea alors une main gantée de métal dedans, et commença à repêcher divers ustensiles dont on se demandait ce qu'ils faisaient là.
Après avoir récupéré et rejeté un club de golf (logique), une poêle en fonte, un fusil à hippogriffe, une armure adaptée pour gobelins (ou enfants de 6 ans, au choix, mais l'esthétique plus qu'absente faisait nécessairement penser au premier), une boîte de munitions non adaptable au fusil précédemment cité, De Vaanne sortit enfin du sac un composé organisé, une jambe gobeline qui s'avéra après examen appartenir à l'accusé et lui être encore attaché. Celui-ci, vexé comme un pou, s'assit les bras croisés sur sa chaise, prêt à bouder pendant tout le reste de son procès.
Faisant fi du tas de déchets posé devant lui, l'avocat regarda sa montre, puis les juges, puis encore sa montre.

- Dites messieurs, je ne suis pas payé à l'heure, et d'ailleurs je ne crois pas être payé du tout. Alors si vous voulez absolument faire mumuse avec votre procès, est-ce que vous pourriez au moins le faire rapidement ? C'est que j'ai d'autres obligations impliquant des bûchers à 18h30, moi...

L'honorable collègue se racla la gorge, mal à l'aise, au milieu du désormais habituel brouhaha du public ("Un bûcher ? Vous croyez que c'est entrée libre ?" "C'est honteux cette histoire de bûcher, si vous aviez vu la belle plante elfique qui en a eu les honneurs la semaine dernière" "Je n'ai rien contre les allanthropes, mais je dis : chacun chez soi" "Justement, c'est aussi chez eux"...). Teclis, en tant que président, fit une nouvelle démonstration de son autorité et de sa virtuosité au marteau.

- Hum, oui, bon, en effet... Voyons voyons, il nous reste quelqu'un ? Argh, tout ça ? Voyons... Dame Grendelor est appelée à la barre ?

La porte s'ouvrit sur la Dame. Elle avait fait honneur à son surnom, se parant d'une robe d'un turquoise pâle. Seul son visage apportait quelques couleurs à l'ensemble bleu. Elle s'avança lentement vers la barre et s'installa à son aise. Négligemment, Grendelor invoqua une flammèche avec laquelle elle commença à jouer, la faisant rouler sur sa main, la faisant disparaitre puis réapparaitre. Le tout uniquement pour énerver le Primat. En vérité, la jeune femme n'était venue que pour voir la déconfiture de celui qui était devenu son ennemi depuis le fameux jour où il avait sonné chez elle pour la sommer de lui dire où se cachait son beau-frère Aspharoth. Et le fait qu'elle ait du lui confier en partie l'éducation de son fils n'avait pas allégé la balance. Si pour cela il lui fallait dire ce qu'elle savait du dénommé Gobelin du Clocher, elle n'y voyait pas d'inconvénient. Elle prit donc la parole d'une voix sérieuse.

J'accuse le sieur dvb d'être un Vilain !

Murmures dans la salle. Horrifiés. Tout le monde a entendu parler de cette secte, les Vilains, dont on ne sait rien si ce n'est les pires choses et que tous espèrent être un mythe. Une telle accusation fait un tollé. Les gens commencent à s'affoler, les enfants pleurent quand leurs parents essaient de les cacher à la vue du petit être vert qui pourrait les dévorer. Les hommes font sortir leurs femmes avant que le gobelin ne cherche à les éventrer. Le président Teclis essaie de rétablir le calme tant bien que mal, lui-même incertain de la conduite à tenir devant pareille horreur. Grendelor reprend la parole, ce qui a pour effet immédiat de faire cesser tout bruit, chacun voulant connaitre la suite de ces terribles révélations.

Oui, celui-ci, non content de faire des trous de golf un peu partout dans notre beau pays à grands coups de balles explosives mais en plus il refuse de se faire lécher la joue !

La salle est abasourdie. Qui? Mais qui dans ce pays, refuserait un tel honneur?! C'était tout bonnement impensable. Et était, sans conteste, la marque de sa Vilénie.

Assis sur son banc, l'air renfrogné et jetant des regards menaçants à toute l'assistance, le crapuleux accusé venait de décider qu'il resterait à jamais enfermé dans un mutisme dédaigneux.

Il tint sa promesse trois bonnes minutes jusqu'à ce que la fourbe Grendelor l'accusa derechef.

J'accuse le sieur dvb d'être un Vilain !

Forcément ! C'est de notoriété publique désormais que le nabot faisait partie de ce regroupement de bienfaiteurs de l'inhumanité. Il n'y avait là pas de quoi faire des "ohh" et des "ahh" ou des "houuu". Le gobelin se retourna vivement vers l'auditoire pour pester et siffler à l'encontre de son ineptie.

Oui, celui-ci, non content de faire des trous de golf un peu partout dans notre beau pays à grands coups de balles explosives mais en plus il refuse de se faire lécher la joue !

DE QUOI ?!?!

C'en était trop ! Que cette pantomime ingrate dure déjà depuis plusieurs heures était certes un contretemps fâcheux, mais néanmoins plaisant de par l'absurdité des propos tenus, mais de là à se voir ainsi outrageusement vilipendé par une sotte de femelle à grands pieds, c'était tout autre chose !

Le gobelin se dressa d'un bond, l'écume aux crocs et un doigt vindicatif rageusement dressé vers la belle Grendelor.

Mais de quoi tu te mêles toi, hé superbe créature dégoûtante ! Évidemment que je suis un Vilain ! J'en suis fier même ! Nous les Vilains vivons dans votre ombre à tous depuis des lustres. Nous sommes la lymphe de ce Ter : nous circulons ainsi parmi vous, entre vos entrailles de chantres et de diacres, invisibles dans le flot de vos sangs bleus, mais partout où nous passons, où nous nous arrêtons, un instant, une seconde, nous laissons derrière nous la marque de votre fierté ! Dans la nuit nous arpentons ce monde et nous vous offrons les richesses les plus nobles d'Aelis ; Nous les Vilains, sommes les seuls porteurs d'Arts dans ce monde de dégénérés fats et prétentieux !

Vous ne nous voyez pas parce que vous refusez de nous regarder. Parce que nous sommes la laideur qui vous rend beaux, nous sommes l'obscurité dans laquelle vous brillez.

Le petit être passionné reprit son souffle un instant. Il ne supportait pas l'injustice, ça le rendait fou. Qu'on l'accuse de tous les mots, soit ! Mais qu'on ne l'accuse pas de la Vérité !

Non je ne supporte pas qu'on me lèche la figure car je ne suis ni une friandise, ni un jouet ! Je suis un gobelin, un être sec fait de pierre, est-il besoin de le rappeler ? Si je ne crains pas l'humidité ou les miasmes des races de chair, je n'en demeure pas moins une créature vivante à part entière ! J'ai mon honneur, tout comme vous avez votre bêtise, j'ai ma dignité, tout comme vous avez votre ignorance. Ceux-là choses qui me tiennent à coeur et me maintiennent en vie... tout comme vous, vous vivez dans les limbes de la raison et de la connaissance. A chacun sa place en somme.

Et ma place n'est certes pas dans les bras des grands êtres comme vous, ententaculé dans les bras immondes des humaines, enlacés dans les pseudopodes de jeunes filles nubiles et obnubilées, entartarré dans les abîmes des gorges de ces dames à la peau douce et parfumée, qui me serrent de tout leur amour univoque ! Toutes ces charmantes et désespérantes femmes veulent ma mort par étouffement ! Je ne compte plus les tentatives tenaces, tout en tentacules, de ses tyranniques et titanesques dryades, tant et si bien qu'en tant que détracteur des grands tarses, je tente de me maintenir intact au sortir de ces attentats intentés sans tact !

J'en appelle à vous, membres de ce haut tribunal : délivrez-moi ! Je vous en supplie secourrez-moi de ces infernales créatures lubriques qui ne veulent que mon bien ! Je ne supporte plus leurs câlins et cajôlages ! Je croule sous leurs langues, leurs caresses, leurs poitrails et leurs délicates attentions ! Elles ne m'entendent pas lorsque je leur dis d'aller mourir un peu plus loin et de me laisser vivre en paix loin d'elles. Je ne comprends pas ! Je suis laid, moqueur et mutin ! Je n'ai aucun charme, pas même dans les arcanes de la beauté intérieure. Je suis Vilain ! Vilain, vilain, vil et nain et vilain !

Sa tirade n'eut cependant pas l'effet escompté. Il s'attira en fait la compassion des jeunes plantes vertes et des mégères dépravées assises alentour qui lui trouvait un certain charme, touchées par le désespoir de voir ce petit être à l'air si triste. Elles voulaient le consoler et lui montrer leur soutient dans cette épreuve.

En voyant les regards mouillés et mâtins des jouvencelles et des vieux pots, des biches et des biques, le gobelin se mit à désespérer pour de bon. Personne ne le comprendrait jamis, ni ne voudrait lui prêter réelle attention. Il était foutu.

Aussi il se laissa choir sur son bans, la tête tombante et annona d'une voix docte et monocorde.

Je prie mon avocat de bien vouloir présenter aux magistrats du siège une demande reconventionnelle à l'encontre de Dame Cassiopée. Je l'accuse en effet de tentatives de gobelinicide répétées à mon encontre par léchage, dessiccation et dessalage de mes fluides corporels.