Temps:1h
Thème: Vision de la guerre
Contexte: présentation de son peuple par un personnage narrateur
Car c'est pour cela que nous sommes nés.Depuis l'enfance plongés dans le sang, nos vies n'ont été que duels et batailles. Nous avons apprit à cracher sur la peur, à éventrer la pitié, à rire avec la mort.
Les nôtres naissent avec la même lueur dans leurs yeux que celle des lames forgées à chaud, leur soif pour le sang n'a d'égal que l'appétit de ce peuple pour la gloire.
Un peuple d'hommes, un peuple de soldats, telle est notre nation.
Le combat et la gloire qu'on en extirpe est notre fierté.
Nos femmes, solides et protectrices, gouvernent et ordonnent avec la même fermeté que les plus virils de nos soldats, nos progénitures sont nourries par le lait mêlé de sang maternel,
et nos hommes sont les muscles invincibles de notre empire.
Qui ose encore nous remettre en doute aujourd'hui ? Quel inconscient se risquerait à défier notre supériorité ?
Plus un seul !
Envers tous nous avons répondu à leurs provocations, contre tous nous avons triomphé, plus un seul n'est encore debout pour diffamer notre honneur !
Pendant que d'autres pensent et parlent à longueur de journées, les notres se préparent inlassablement au prochain combat.
DU SANG réclament-ils, et ils en auront.
Alors que l'ennemi est à nos portes, nous sommes prêts, ici, pour les accueillir.
Venez, chers amis, venez défier votre art à celui de Sparte !
Osez donc frotter vos lames contre celles d'une nation sans faille, sans crainte !
Les épées se trouvent, se percutent, se saluent. Le chant des lances trouant vos chairs est la plus douce des musiques à nos oreilles. Vos hurlements ne sont pour nous que cris d'agonies
de porcs bientôt saignés. Vous rejoindrez sous peu les champs de pals où vous attendent vos confrères, ces idiots qui par le passé ont embrassé eux aussi nos porteurs de morts.
Le nectar couleur de vin glisse sur nos boucliers, sa chaleur s'engouffre dans nos vêtements, abreuve nos gorges. Et pendant que dans vos yeux se forme l'image de la terreur,
Nous rions de la folie que vous croyez voir chez ces "barbares" que nous sommes.
Venez, chers amis, venez gouter au plaisir de ce jeu, venez voir votre fin, le spectacle vient à peine de commencer, vous n'allez pas partir avant que tout les acteurs aient
prononcé leur tirade ? Il y en a tant d'autres qui n'ont pas chanté, venez donc ! Approchez !
Qu'y a t il ? La Salle se vide ? Où sont nos spectateurs ? Les chants les auraient ils endormit ?
Ah ! Et ils osent nous défier !
Les corps tombent par delà les falaises, se faisant engloutir pour toujours dans notre océan, qui pour l'occasion s'est habillé de rouge.
Les hurlements des gisants se fondent avec le cri des vagues, et avec celui de mes hommes.
Nous chantons à la gloire de notre patrie, à la gloire de son peuple. Mais le sang a déjà refroidit, les cœurs se sont déjà calmés, nos souffles s'apaisent.
Fin de la première danse.
Deuxième acte, les nouveaux acteurs entrent en scène, mais sans y rester vraiment, quelques politesses d'échangées, et nous voilà déjà à la fin de la pièce. Les applaudissements
résonnants du métal, et la sueur coulant dans nos bottes après les chants ensanglantés de nos maîtresses tranchantes... Mais l'apogée, la jouissance ne vient qu'à présent,
Quand la victoire est notre, quand la gloire résonne sur les parois de pierre, sous la terre nappée de vermeil. Nous avons triomphé.
Et voici l'heure de rentrer dans nos maisons, de rejoindre nos femmes et enfants, magnifiés comme les dieux du succès de notre art. Rayonnants des éclats du soleil se reflétant sur nos corps
dans un mélange de cape et de sang. Notre éclat de rubis nous rendant à notre juste place, les dignes messagers d'Arès, ses grands prêtres, les trésors de la guerre, et comme les pierres d'une couronne
entourant le chef de notre maître, nous avançons. Nos blessures comme des marques de reconnaissance luisent et scintillent, enrichissant plus encore la valeur de ces soldats.
Notre peuple nous acclame, nous, les messagers de la guerre, les triomphants enfants de Sparte.
Et après que nous fécondions nos femmes pour panser les pertes faites au peuple, nos ennemis étaient de retour, à nouveau prêts à nous défier.
Toute blessure peut s'infecter si elle n'est pas guérie à temps, et mon peuple n'a pas sut trouver les soins dont il avait besoin. Les portes s'ouvrent, les traitres s'enfuient,
et alors seulement je me rends compte que la pièce prend fin. Le rideau se baisse, pourpre et magnifique, devant mes yeux, comme un ultime hommage à notre divinité, comme
un dernier sourire à l'éclat digne des plus beaux joyaux, un dernier regard emplit de braises et de sang. Les comédiens viennent me saluer une dernière fois.
Une dernière fois :
Pour Sparte ...