Je prédis une guerre longue, dont nous serons victorieux...La ville a été bombardée toute la nuit durant par des dizaines de chasseurs...Des kilomètres dévastés par les combats acharnés...maintenant au japon où la situation est devenue quasiment hors de contrôle..."Aidez-nous" dit la jeune femme, "je vous en supplie,aidez nous"... Grâce aux nouvelles technologies, la "réalité augmentée" peut désormais être visible par des lentilles informatisées...dans le var, où une femme et ses deux enfants se sont fait sauvagement...Mmmmmmh, yes! Oh, fuck yes ! ... de corruption, le chef de l'état a répondu que...violée, un bras et une jambe ont été retrouvé dans le lac, à 5 Km du lieu du meurtre, le reste du corps,n'a malheureusement...nucléaire ? C'est la question que se pose désormais la communauté internationale, et... catastrophes. Affligée par les séismes, les cataclysmes, les raz-de-marée, et maintenant la crise... sans précédent, la question se pose alors:
Qu'adviendra-t-il de nous dans quelques années ?
Il m'arrive souvent de me le demander... Une fois le soir tombé, je rentre du travail, jette ma sacoche, ferme les volets, sors un verre et me pose devant la télé. Je fais réchauffer un plat en deux minutes, car de toute façon je n'ai que moi avec qui le partager, et j'attrape la télécommande.
Le bouton rouge est usé par le temps, le plastique est gras après tant de plateaux-télés, mais l'écran plat, lui, est toujours le même: Grand, lointain, imposant sa présence, et dégageant comme toujours sa lumière glacée.
Je soupire, bien calé dans mon fauteuil, et me prépare à recevoir ma dose d'infos quotidiennes.
Une bouchée de surgelé et mon pouce retrouve assez de forces pour appuyer sur le gros bout de caoutchouc rougeâtre. L'écran se fend d'un éclair blanc, et une image trop claire pour mes yeux fatigués m'agresse les prunelles. Je baisse machinalement la luminosité de la télé, et plisse le regard pour me connecter au monde extérieur.
Une présentatrice en tailleur, assez mignonne soit dit en passant, présente le journal. Je m'abandonne au dossier du fauteuil et tend machinalement l'oreille. J'entends des nouvelles du pays et du monde entier m'arriver au cerveau. C'est loin d'être du surgelé, mais pourtant le goût reste le même. Mon repas du soir empeste l'odeur de la mort, et je le jette devant moi, dégoûté.
La demoiselle reste imperturbable et enchaîne les reportages, les vidéos, les témoignage... J'avale une bouchée de plus tout en récupérant ma télécommande. Ça n'aura jamais de fin. Changeant de chaîne, je tombe sur une émission culturelle où s'ébattent une adolescente à peine mature et deux gentlemen dans les bois... sûrement chasse et pêche, je passe à la chaîne suivante.
Une brune à forte poitrine rigole d'une vanne d'un présentateur à l'humour douteux, j'attrape du pain et en mâche une bouchée sans réfléchir. Visiblement le public trouve ça amusant... où c'est peut être moi qui ne sait pas rire ? Le pain a pourrit visiblement. Manquant de m'étouffer avec, j'avale à contre coeur une gorgée d'eau pour faire passer la pilule.
Nouvelle chaîne, nouveau JT, mes yeux clignent et je tombe sur un reportage sur la prostitution, ils clignent encore et je m'assoupis.
Mes cauchemars reviennent, ces cauchemars. Ce condensé de peurs, d'angoisses, de sueurs et de larmes; Ça commence toujours comme ça, je suis assis devant la télé, et un dépressif donne l'actualité, le son augmente, le rythme aussi, et j'ai comme l'impression qu'il semble plus pressé de donner les nouvelles. J'entends mon prénom aux infos, puis tout s'accélère. Les programmes s'enchaînent. Les infos sont toujours plus violentes. Plus glauques. Plus gores.
Les images se suivent et me montrent toujours plus de sang, plus de haine. Je sens mon ventre qui se retourne. J'ai envie de vomir. Ce sale type semble prendre de plus en plus de plaisir à débiter ses horreurs. Il tape du point sur la table. Me crie dessus. Me demande si j'ai bien vu l'accident, si j'ai bien vu l'explosion.
Je panique, c'est toujours comme ça. Puis j'attrape la télécommande et appuie sur ce putain de bouton. Elle ne s'arrête pas, et au contraire le volume augmente encore. La chambre devient encore plus noire, la lumière de la télé me brûle les yeux et pourtant je n'y vois rien. Je vois juste ce regard pervers qui me sert son plat du jour. J'ai envie de vomir, je vois des cadavres de plus en plus déchiquetés. Laissez moi sortir !
Mon rêve ne veux pas s'arrêter, il me garde jusqu'à ce que je sache tout des nouvelles du monde.Je DOIS voir. Je tente de zapper les chaînes, prit d'une terreur folle, mais elles sont toutes pareilles, et j'entends "sa" voix me dire que je ne peux pas partir. Elle veut la mort, c'est ça ! "ça" veut me rendre dingue!
Je me venge sur la télécommande en la fracassant sur le sol. Foutez moi la paix ! Arrêtez !
Impitoyable, les images s'enracinent dans mon esprit et se grave dans ma conscience, gravant en lettres de sang les mots "tu vis dans ce monde".
Alors je hurle, mais personne ne m'entends, il n'y a plus personne. Seul dans cette chambre obscure. Je n'en sortirais plus, je suis prisonnier de cet endroit. Condamné.
Mon estomac s'avoue vaincu et rend un repas franchement odieux. Plié en deux sur le sol, les mains en appui trempées de vomi, le souffle rauque, je lève ma tête en l'air , et hurle à plein poumon.
Abattu, le sens mes forces me quitter, et mes yeux clignent à nouveau.
La lumière est revenue, le son est normal à présent; Mon plat réchauffé est toujours sur mes genoux, et la télécommande est posée bien tranquillement sur le bras du fauteuil.
Je suis en sueur, des frissons glacés me parcourent le corps, et ma respiration fonctionne en saccades. Mes yeux affolés cherchent à me situer, à comprendre où je suis, et mes mains poisseuses sont enfoncées dans ma chair, comme pour me rassurer que le rêve a prit fin.
Mais il n'est pas finit, j'ai même toujours été plus ou moins dedans... Des gouttes coulent de mon front. Ça ne peut pas être vrai... Je suis dans un rêve en abime, c'est ça ! Un rêve dans un rêve... hahaha ! Quand on y pense, c'est logique, je fais encore un cauchemar ! Oui ! Et pour sortir...
Dans une détonation tonitruante, le repas tombe au sol, étalant un hachis parmentier sur le sol, répandant sa sauce bolognaise sur le sol, tandis que la télévision, imperturbable, continue de diffuser un journal, on y voit un homme vieux, armé, entourés d'autres gens, qui regarde la caméra et fait un discours doublé en français :
Je prédis une guerre longue, dont nous serons victorieux !