Les yeux fauves.
J'ai griffé un enfant du bout des lèvres. A son front la marque d'un ciel disparu, dans ses yeux le cri rebelle de sa naissance. le poursuivant jusque dans les rues, je laissais tomber de mes poches crevées les larmes qu'il n'a pas eu. il est allé jusqu'aux quais, puis il s'est envolé: comme un cygne.
D'une caresse j'ai entaillé sa peau soyeuse. Et, mes crocs dans son coeur, j'ai vu l'océan de ses yeux se fondre avec les abysses de mon âme. D'un souffle alors, chargé de ses peines, j'ai bercé son beau visage endormi et il a rejoint mon néant. Comme un Dieu de jadis.
Comme un Dieu chargé de fièvre et de sueur au front. Yeux brulants, front glacé. Peau déchirée sous tes doigts joueurs. Je pensais a toi et je rêvais d'une morsure.
Mais mes reves dévoilées s'enfuient par les voiles de ta peau déchirée. Et c'est lambeaux de brume, floue et hésitante que je m'éloigne pour panser mes blessures. Mes morsures sont des revanches a ton cou accordé quand, sous le soleil fugace j'étreins nos silences.
Et ma peau déchirée buvait ta mémoire. Par tous ses pores elle était sale et saoule, ruinée du sentiment de solitude. A l'aube du crépuscule elle recoudra l'histoire a coup de mensonges.
Comme ils sont doux les mensonges que tu tisses pour moi au levant. La mémoire en filigrane de nos Je d'antan. Reste, apprends moi les histoires et les jeux. Subtiles
Je t'apprendrai ces promesses sans nom qui bordent nos nuits, au fond d'un regard le cri d'une couleur. Je te laisserai dans ces draps et m'en allant je te jurerai que je ne te quitterai jamais. Jamais.
Je ris et soupire d'aise a ce mensonge. savant mirage que tu fais scintiller devant les yeux endormis.Jamais sera-t-il demain? Ou danserons nous encore sur le fil d'un toujours…
Jamais sera-t-il demain quand je tenais ta main dans ma main et que tu danses a l'ombre du sentiment d'aimer un jour. Car toujours tu ne saurais jamais si mes yeux s'étaient perdus dans les tiens.
Mais je danse, acrobate sensuelle des amours espérés. Et a l'ombre du fragile sentiment d'aimer je me glace. Souffrir encore d'un charme rompu.
En promenant des songes d'espoirs, je me demandais encore qui tu étais, toi qui fut si proche et si mystérieuse. Secrète surement, je m'accroche aux perles de tes cils, proche mais craintive. qui d'autre que toi pourtant aurait pu mieux savoir qui j'étais.
Il est né des symboles dans ma couche. Et plus qu'un aveugle j'ai cru lire sur ta peau ta parole. J'étais fou et nos yeux n'avaient pas d'importance. Quant a savoir qui de nous deux refuse de voir l'autre dans la blancheur des draps, je ne saurais le dire.
Perdue que j'étais dans les méandres de tes yeux tristes.
Perdu que j'étais dans tes mots comme battements de coeur.
Perdus comme des enfants dans nos passions dissipées, je demeure indécise, a tes actes éprouvée. Mon coeur blême à l'idée d'être deux. Peut être.
Et passant la porte, le seuil tremble de ton regard. Ne viens, mystérieuse, que si tu sais ce que disent mes yeux. Craignant les illusions que trop souvent j'ai cru voir, je reste attentive et suspendue dans l'entre deux de nos mondes. Montrez moi encore vos yeux.
Mes yeux les voici. Pupille de feu lointain, couleur fauve et murmure d'enfant. L'automne passe, fiévreux et rêveur. Les yeux sont des contes lointains.
Mes yeux fauves n'attendaient que toi.
S & Lilith
Mai 2011.