Ecrit par Dieu lors de son séjour prison

Dans une heure
Les jours tomberont comme des mouches.
N'oublie pas ton parapluie
Et ne rentre pas trop tard.

Dans le flot de temps jeté
j'hibernais nuit et jour
Des amours comparés
Des amours lourds.
*Tu t'éclatais en lumière, et je riais à l’ envers.

Des singes ont creusé ma terre
Violés les statues, volés les nues
Ces singes des jardins avilis
Où l'on vola ma vie.

Je frappe une porte
Qui ne s'ouvre pas
Et l'eau morte
Et l'eau sale
Dans la rainure
Je frappe un mur
Qui ne tombe pas
Et l'air dort
Malade.


Terni la porte
Jeté l'eau forte
Jeté le vent
Et le sang

Coule à peine

Remis la clef
Fermé l'allée
Jeté le sang
Et le vent

Siffle à peine

***



Je tombe, je tombe
Il fait froid, dans ma tombe.
Il fait froid, en Prison.
Prions.

***


***


***


Je riais quand tu as claqué la porte.

Généralement je commente pas, mais là j'accroche. C'est agréable à lire, enfin je trouve. Je vais pas faire un long commentaire, d'abord parce que ça ne sert pas à grand chose quand le texte est bon et qu'ensuite je suis épuisée, mais je tenais à le dire, j'aime.

J'aime.
Encore un bel instant lunaire où "dieu" est chaque homme.
Tes singes me rongent le sang.

Une construction qui annonce petit à petit le renoncement à vivre. Les mots aussi se fatiguent.

Des passages qui me plaisent tout particulièrement :

Dieu a écrit:

Des singes ont creusé ma terre
Violés les statues, volés les nues
Ces singes des jardins avilis
Où l'on vola ma vie.

Pour ces singes que je croise chaque jour et que je voudrais réussir à aimer.

Dieu a écrit:

Terni la porte
Jeté l'eau forte
Jeté le vent
Et le sang

Coule à peine

Remis la clef
Fermé l'allée
Jeté le sang
Et le vent

Siffle à peine

Le sang inscrit en sillons sur le seuil de sa vie. L'eau forte pour graver ses souvenirs sur le pas de la porte qui se ferme. J'aime ici les sonorités, le rythme, les images. Tout, en somme.

Quant au reste, même si j'ai bien accroché globalement, certains vers me paraissent bancals :

Dieu a écrit:

Dans une heure
Les jours tomberont comme des mouches.
N'oublie pas ton parapluie
Et ne rentre pas trop tard.

Par rapport aux deux premiers vers, ces deux suivants se répondent mal : le dernier est trop court, à mon avis. Il devrait être rallongé pour mieux faire écho au deuxième vers de la strophe.

Dieu a écrit:

Je frappe une porte
Qui ne s'ouvre pas
Et l'eau morte
Et l'eau sale
Dans la rainure

Ici, il me faudrait une suite, un mot, un verbe, je ne sais pas, mais un truc qui éviterait à cette rainure de tomber à plat à la fin.

Dieu a écrit:

Je riais quand tu as claqué la porte.

Enfin, j'aurais bien vu un retour à la ligne après "je riais".


Mais ne te méprends pas : ce poème est digne de toi. Il s'inscrit avec élégance dans le reste de ton œuvre et, en plus, il me plaît.