Anémorphe

L’Echo

"Tout jeune, l’écho était une balançoire. Et de haut en bas,je dessinais des coulées de couleur et je lavais le ciel. C’était affaire de peintre cette histoire de décor, entre deux vols de balançoire. J’étais jeune encore, je croyais aux rêves. "

Il y a une pièce de théâtre à écrire

Dans ce langage enroué.

J’imagine ces deux mendiants ourlés comme desbraves

et la nuit tombée de son escabeau

Avec la croupière branlante de cette filledégrossie par le vent

Ça ferait un tabac

Dégrossie ou engrossée d'ailleurs?

grosse au final

J'imagine que ça ferait de nous des artistes

J’imagine que ça rirait du fond de la salle

D’une voix de tonnerre - ce barrissement d’orage gras Rirait des menteurs en larmes. -

Moi j’ai ri en silence, à l’embardée, j’ai ri et pleuré de leurs manières à l’envers ; quand il tourne la tête, l’autre montre son cul tout en criant dans la nuit comme un jeteur de soir :

Tu as déjà vu cette femme sans bras ?

C’était un soir au bec de gaz. Ils étaient mendiants et mendiés. Ça n’allait pas de mentir autant.

***

Digression. Pour A. En l'honneur de quelque mot comme clôture.

Neige ourlés à tes cils, dans la fraicheur du vent. Calligraphie le reflet de ton regard. Des arbres s'inclinent du bord des paupières. Ils sont blanc de ton sourire. *Mona, mona, quand tu cries, le soleil rougit, la neige tremble. Quand tu cries, c'est l'automne maquillé
*Si tu t'assieds au pied de l'arbre, tout bas, si tu t'assieds. Je t'embrasse et je m'en vais. La neige est brume aux lèvres.

C'est une pièce qui ne se jouerait que pour toi, un miroir en clin d’œil à ton amour d'ego, à ton amour pour l'art. C'est une pièce que même l'auteur ne comprendrait pas, mais il ferait comme si, car sinon, qui jouerait pour lui ? C'est une pièce qui se mettrait du rouge aux joues pour faire la belle : on ferait croire à une muse, mais il n'y aurait que jeu et ennui. Jeu, ennui, et mauvaise foi. Mais ça serait beau et les mendiants pleureraient en jouant de se sentir importants. Vivants.

Continue donc d'écrire, il y en aura toujours pour t'inventer un sens aux mots.