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 Le Triptyque de Diane.

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Paris A.D.

Paris A.D.


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MessageSujet: Le Triptyque de Diane.   Le Triptyque de Diane. Icon_minitimeMer 26 Oct - 16:10

Les Dianiides.


Autrement dit, les secrets quand la lune tue des rois. Les rois impuissants d'être tués par elle, cruelle beauté à la froide auréole, quand elle complote avec nous, voile sa laiteuse pâleur pour nous permettre les ombres de nos folies. Les rois implorant d'encore mourir pour elles, sous la molle hypnotique des miracles sensuels. Loin de ma raison, hors de vous, hors de moi, mais en nous. C'est de la poésie de contre-bande. Où sont ces statues blanches qui depuis le néant ne parlent que de vous ? Tout ce que je ne dis pas, ce que je dois pas dire. Tout ce que je lis pas, ce que je ne dois pas lire. À mon palais solitaire où ne s'inclinent devant moi que rumeurs éteintes et fantômes de vos mains, de vos pieds, votre cou, et puis blêmes et orgueilleux, vos seins triomphants. Mais si doux, si doux...

Tandis que j'allais d'une gare à l'autre, par le pont Charles de Gaulle, il faisait froid et le fleuve hâlait une brume mélancolique et mortelle qui se dissolvait dans les hauteurs bleues du matin. Oui, c'est cela, la Seine se déversait, sans un murmure, que l'écho de ses bruits d'eau, dans le ciel, en amont la nuit et l'aval de mes sept heures de train à ne penser qu'à vous. Vous, Muse.

Je n'ai pas le droit de dire ça. Et puis je l'écris quand même, qu'importe ? Je n'ai jamais aimé les fruits solaires et prétendus. Je leur préfère le lunaire et défendu.

Fuyons, hors de tout, hors de vous, hors de moi.

À vous, reine des nouveaux Sabbats.

-


Dianathanie.

Voile levant sur l'Est les aurores que j'ai perdues.

Je naviguais, jadis, j'avais mes yeux, et leurs couleurs d'émeraude et de miel. J'avais dix-huit ans, et le sang de mes ancêtres battait dans ma poitrine. Dans mes bras. J'avais chaud de la vie. J'avais faim de la vie. Le soleil et les oiseaux marins étaient des spectacles que j'aimais. Le bon vin des coteaux, aussi. Quelle importance, petite fille ? Je suis damné maintenant. Mes yeux clos par les Dieux. Oui, j'aimais une femme. L'archireine des nuits de tout homme, elle a brandi au-dessus de ma tête le bouclier d'or et de mes rêves. Un de ces morceaux de métal, moi je ne combattais pas. Et puisque écu, il me fallait un glaive pour taper dessus, vois-tu, le faire raisonner. Un immense gong à notre amour, le célébrer sur les montagnes. J'aimais beaucoup me lever corps et âme, rincer mon visage dans le soleil levant sur l'horizon des mers, puis j'en profitais pour le baigner des ailes du vent, et de ma voile. En rentrant, je préparais son petit-déjeuner, elle dormait, sa chevelure blonde ensoleillant la chambre. Que te dire de plus... Je l'ai déjà chanté, dans un des Fragments de Mathilde... J'ai tué mon amour, Ou bien a-t-elle fui avant, je ne sais pas bien.

Vois-le, le vent sur l'Est, les eaux rares que j'ai perdues.

Je n'ai plus jamais navigué, j'ai brûlé ma barque, je me suis crevé les yeux avec une braise du bûcher, et puis je suis parti sur les routes. J'ai fait bien des choses. Fondé une nation, je l'ai perdue à cause de ma tyrannie, je me suis vendu, mercenaire politique, puis militaire, je suis passé par une période de chemins où, marchant l'épée sur l'épaule, j'en vendais l'usage. J'ai tué, oui. Cela t'excite ? Au début, moi aussi. Le sentiment de puissance, être Dieu, tout simplement. Le monde dansait dans l'orbe fermé par mes mains. Je me suis enivré de ce nouveau pouvoir. Il valait presque celui de se sentir voler sur l'eau accroché à la voile, il valait presque celui de la regarder dormir. Je n'ai plus jamais vu la douceur sucrée de la lumière, ni l'amertume des crépuscules. Je ne puis plus qu'en aspirer profondément les parfums. J'ai tout dominé, même possédé des femmes dont on vantait par tous les crieurs la beauté, et l'érotisme. Je ne garde en mémoire que son visage et qui me revient quand on me dit que la femme qui me désire est blonde et très belle. Refusant de partager, unir ou diviser les Empires les plus nobles, je me suis exilé, seul marchant. Et la poésie vînt combler les aigres heures de la solitude vraie. Celle où sont les gens monstrueux. Anonyme et discret, indocile et libre, mais triste et me prosternant sitôt qu'un autel. J'ai vingt-trois ans maintenant, et le deuil du Ciel et de la Terre dans la poitrine fait une chapelle inextinguible ou personne ne peut plus poser un limpide regard.

Je vais aller mourir, maintenant.

-

Les Diananales.


Oh, mais, qu'est-ce qu'un être sinon ses mots ? Le reste n'est qu'un éphémère creux. Un vagin sans matrice. Le plus doué des mensonges, une empreinte d'argile dans l'air, un trou dans la matière azotée des nuées, le corps. Poisseux portefaix de chairs molles et jaunes, grises à la fin. Putrides sarcophages de nos vies, de nos plaies et nos fécondités. Mon sexe, maintenant si noble, si pur, puissant et violacé, brûlant et baguette luciférienne, mon pénis pourrira. Dévoré par des larves blanches.

En fait, nous ne sommes qu'un voile, voile blanc de lumière, qui fait un instant oublier le néant à l'intérieur de nous et le recouvre des virginités balafrées, et l'histoire de cette perte, la perte de l'innocence et des naïfs paradis Miltonniens de l'enfance, ce sont les récits de nos vies. Nous ne sommes que la toge d'un fragment de néant qui bien tôt retombera en déchirant le pan. Ce triangle lumineux, baumophore du sexe de la femme et du triangle de sa toison, il sera notre suaire. Recouvrons-le des encres de nos lymphes, et que l'on se souvienne de nos colères comme on sait aujourd'hui celles d'Ulysse !

Il ne reste rien, même avec nos contrats sur l'illusion. Nous perfectionnons, terrifiés par le victorieux Général Néant, des machines qui stockent nos existences, d'une manière ou d'une autre. Nous avançons sur la ligne des guerres Napoléoniennes et tous nous tenons une jumelle myope. Nous nous mentons, et nous voyons le seul petit endroit de la bataille où nous triomphons. Partout autour, la débandade. Des douze têtes de haches, nous n'en perçons que trois et nous félicitons ceux qui nous expliquent que c'est déjà fantastique. Ces photographies, ces maquillages, ces mises en plis, et puis tout ça que je suis le premier à dévorer, amoureux fou de la beauté, du désir et des idées ; amoureux fou de l'inessentiel. Je ne veux donner aucune leçon d'humilité, n'en ayant pas. Je ne bannis pas la vanité, en étant plein. Mais au moins, je n'accepte le mensonge de personne et je brûle de solitude dans l'asphalte de mes sincérités. Ceux qui m'accusent d'être ceci ou cela le font par leur propre refus d'assomption pour eux-même. Dites-moi encore que je ne suis qu'un pervers pornographique, que je souris tristement à voir l'aube des sexes trempés.

Mais nous ne sommes rien. Rien que ce que nous laissons derrière nous. J'ai fait le choix de la beauté, de l'intransigeance poétique, de la droiture, de ce qu'ils appellent mollement le plaisir, le libertinage. N'exister que dans le désir d'autrui. N'être que dans la tension esthétique et kinesthésique de la femme qui se lèche les lèvres en regardant mon pénis luisant de faim. Mon gland doux et suave salivant de sa langue à elle, qui me regarde dans les yeux avec une violence érotique. Mes poussières du quotidien ne m'importent pas et j'offre mon corps au néant. J'ai fait le choix de la grandeur posthume. Peu m'importent les crachats de ces maisons là qui me méprisent. Je les fuis, loin des soleils qu'ils avaient jadis élevés en mon nom. Loin des ténèbres qu'ils ont abattues sur les matins pour mieux épater le faible et le fragile. Les noms ne sont plus rien, seuls nos vers demain seront lus. Les vains et les perdus dans l'Enfer de leurs besoins d'être des noms. Seuls m'importent les crachats de mon sexe dans les bouches ouvertes, dans les vagins ouverts, dans les anus ouverts et les mains en coupe des vierges priantes.


Je suis aveugle. L'essentielle beauté m'est toujours visible. Nous ne sommes que les mots que nous avons dit, et que nous avons écrits. Choisissons nos mots, et destituons les Cieux. Car un nouveau Poète se lève du fond de son tombeau, ressuscite les mots pour mieux les crucifier dans la chair de son corps, dirigé vers les femmes pour leur apprendre à jouir. Puis à me haïr.


Et s'affaisser encore pour mieux transpercer ton corps quand la voile se redresse.
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