Mirage

Anywhere, A Queen. F.

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Sans savoir, au secret, dans l'illusion
Je traîne du cachot noir de mes Dieux
Sans âme, sans coeur, sans voix
Respire encore l'heure au sang

Les jardins suspendus, dans la nef
Les fleurs écoulent tes larmes
Il fait beau sous ma fontaine
M'attends tu ? JE t'espère
Quand les singes frappent
Aux grilles

Aux grilles, mes rires résonnent
Des bords qui sonnent, rebondissent
des torts du Temps - il pleut
poussière dans les coins arrondis
Des grilles

Je traîne en misère mes mots
Affamés assignés à mes vers

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*
***

Au dedans des grilles, la petite bête dessine des ronds, des ronds dans l'acier et dans la poussière. Il neige des myriades de flocons de métal et des mires adressées au temps qui s'allonge dans la courbure de l'horizon. Il fait froid et bas comme un ciel endormi. Au bord, la rouille s'ennuie en petits pas précis placés à l'ombre.

Et sans savoir, au secret, dans l'illusion, je gratte, je gratte, l'opalescente ferraille. J'ai l'espoir, le coeur libre, d'en voir la nuit perler un regard.

L'écho d'une ombre lumineuse égaré au fond des tombes.

*
***

*
***

Donné ma peau, donné mes rêves
Donné mes mains, donné ma sève
Donné le temps que me revienne
Mon cri de famine.

Dansé sur des copeaux de fer, la ferraillante raillerie du temps engoncé dans mon lit. Et puis, revenu dans la lumière. Ma coupole brille et je vend encore ma chair pour des jeux de mots. L'obole est frappée. J'ai bien piétiné mes rêves avant de vous les rendre.

Je vais bien, ne t'en fais pas. J'écris un peu de poésie quand on me cède du papier, une voix, des doigts ; tout cela me rassure.

Dans la rue, les gens crient des voix enrouées
D'humeur blessée, de carreau brisé
Ils ont prié, ils ont pleuré, ils ont promis
Qu'ils reviendront, ici, qu'ils n'ont pas fini.

Dansé sur les ferrailles de ma mémoire.

Sur l'asphalte brulé, les lions tournent en rond. Il tombe des nuages noirs sur leur fourrure sèche et le grondement de la terre bourdonne à l'horizon des évènements. Impassibles, ils regardent fuir les singes en bandes désordonnées. Les grilles fracassées égrennent la route à suivre.

La chair offerte aux crocs déments des fauves, j'ai répudié mes rêves, comme une femme de mauvaise vie. J'ai saccagé mes envies d'être en souhaitant devenir le Diable. Maintenant je m'assoie où je trouve un rocher et de l'herbe. Je vais mal. Il n'y a pas de mal à ça.

Dans les avenues, les princesses ont cessé
De chanter le printemps. Entends-tu leurs cris?
C'est ma plainte, ma chair meurtrie.
Un pas silencieux sur la route éboulée.

Rire encore sur les vestiges de mes amours.

A l'envers, dérivé, au souffle de couleur
Descend lentement les ruines de lumière
Jeté a l'eau l'ordre de tes paleurs
Et l'ordre las de quelque vers

Regarde il glace sous mes yeux
Des Eternités de sel, des opales irrisées
De sable, de larme, du feu
Des vagues lentes étalées

Et mes rêves de rebord en rebord
Tressent à l'infini tes jolis décors
- A l'enver, dérive, au souffle de couleur
L'ordre est las de quelque heures