Mimi Cracra

Je ne me douche qu'un jour sur trois, quand le besoin s'en fait sentir. Je renifle d'ailleurs régulièrement mes aisselles : j'aime leur odeur et j'aime essayer de comprendre pourquoi parfois je pue, et pourquoi parfois je sens le miel. J'aime l'odeur capiteuse de mes règles en début de cycle, elle me rappelle les lys. J'aime aller aux toilettes juste après quelqu'un et être assaillie par les effluves si intimes qu'on y a laissé. J'aime inspecter la forme et la texture de mes crottes et je rêve d'un jour pouvoir les disséquer. Je frémis de plaisir dès qu'un bras nonchalamment levé libère le musc d'un homme. J'aime bien observer mes poils de dessous de bras, surtout depuis que je me suis rendue compte que certains d'entre eux étaient recouverts d'une sorte de moisissure jaunâtre. Un jour, j'ai vu une pièce de théâtre où le personnage disait ne pas se laver les dents pendant plusieurs jours pour avoir ensuite le plaisir de gratter la couche de tartre. Et de la manger ensuite comme de la crème. Ça m'a fait envie. J'aime me rouler dans la boue et m'en tartiner le corps. J'aime marcher dans la vase, l'écraser entre les orteils et sentir son odeur de décomposition. J'aimerais avoir le courage de manger un ver-de-terre, comme mon frère il y a quelques temps. J'aime me curer le nez et m'essuyer ensuite le doigt sur le bord de mon lit. Je suis toujours satisfaite quand je récupère du caca d’œil au coin de mes paupières. J'aime racler la crasse sous mes ongles comme j'aime nettoyer le filtre du sèche-linge. Je salive à l'idée d'un bon gros bouton plein de pus à percer. D'ailleurs, si vous savez le plaisir que j'ai pris à vider certains panaris et ongles incarnés infectés, faisant hurler de douleur les pauvres enfants que je soignais, vous me traiteriez de sadique. Ce ne sont pas leur cris qui me plaisent, pourtant. Non, c'est le jus blanc et puant suintant de leurs plaies qui m'attire. Plus il en sort, plus je jubile. Je suis sale, et j'aime ça.