brûlots de pouvoir

Je pourrais songer, mais le temps ne le permet pas, il pleut et la neige va bientôt tomber. Dans une heure je serai dans la cour. Seule au centre d’une trombe, le visage tourné vers le ciel, je le laisserai claquer mes joues et je fermerai les yeux pour ne pas être blessée.

Je pourrais dormir, mais la nuit attend encore son heure, la rue est toujours vide. Dans un moment, la lune pointera du doigt les artistes qui se bousculeront pour rameuter les étoiles. Ils chanteront leurs chères amies maudites.

Je pourrais tomber et tendre la main pour me rattraper aux branches. Je glisserais sur le pavé, la tête dans le caniveau, le front bosselé des cent coups vécus le nez dans les casseroles à récurer la crasse et manger la mélasse.

Je pourrais me taire, cacher mon vrai visage derrière des mains usées. Je pleurerais dans mes paumes le chagrin de l’abandon. Je soupirerais après le vent qui va au-delà du si loin que je ne le perçois pas.
Je pourrais venger mon amie la rose parce qu’elle a grandi trop vite et que demain, je ne pourrai plus rien.