La philosophie selon une molécule chevaleresque

La philosophie selon une molécule chevaleresque

(da)³ a hâte de sortir de sa parenthèse afin de se rafraîchir les yeux. Il sautille et frétille tel l'espadon intellectuel que l'on croise parfois dans l'espace au détour d'une station service vendeuse d'éthanol.
Une fois qu'il a coupé au katana son cocon mathématiquement feuillu, D épouse A : DADA. Après s'être vite lassé, D s'est pacsé avec O : DODO. Tandis que A s'est mis à la musique avec L : LALA.
Mais il restait la particule DA qui, en buvant de l'eau, contemplait ce jeu plaisant et franchement rigolard. Tirant à pile ou face (ou inversement) puis faisant un shifumi, il fut décidé par un conciliabule de libellules noctambules que DA n'était plus rien car il n'y avait rien de plus ridicule qu'une particule à deux lettres. DA était excommunié, contraint d'aller se tordre de fainéantise ailleurs, dans un café par exemple ou à l'Académie Française.

DA préféra devenir immortel et de s'imposer aux vieillards verts puisque comme lui, ils possédaient un sabre. De cette façon ils pouvaient trancher dans le vide et dans le saucisson. DA tenta une révolution en proposant l'installation de nouveaux toilettes japonais, dont la fonctionnalité d'essuyage par la projection d'un jet d'eau et d'un vent réchauffé l'attirait passionnément. Mais cela faisait chier les autres cerveaux du rien, qui comme DA étaient da puisque n'étaient pas grand chose d'autre (mis à part peut-être une démagogie de parenthèse, mais ils étaient sympathiques).

DA partit en excursion, voyagea jusqu'au Mexique en bicyclette à propulsion inversée afin de signer le Traité International de la bêtise obligatoire. DA signa le premier et dansa à cloche pied afin de démontrer à tous sa joie. Il avait à son pied (car DA est unijambiste) la toute dernière chaussure de sport rose au nom d'une quelconque antique déesse de la victoire. Celle-ci avait été fabriquée aux Etats-Unis et plus précisément à New-York par un grabataire en manque de travail, pour le prix d'un cageot de grosses pommes juteuses et bleues et rouges et blanches.
Avant de partir, DA mangea des tapas et des burritos.

"Là tu vois il y a un concept.
- ah bon ?
- ouai ! Que dis-je un concept : une fédération de volontés éparpillées sur le point de s'unir en un conglomérat uniforme et homogène.
- tu crois ? moi j'y crois pas.
- mais si ! regardes ! Observes bien...
- je vois pas.
- il ne faut pas voir, il faut regarder. Voir c'est uniquement se soumettre à des ondes déterminées et unidirectionnelles. Voir c'ets se mutiler l'esprit dans la passivité. Voir c'est être dirigé par des lois finies, les lois inflexibles de ce qui est. Voir c'ets recevoir la double nature ondulatoire et corpusculaire de la lumière, capter des photons - particules élémentaires sans masse mais pourtant tangibles - guidées par une onde électromagnétique. Voir c'est obliger un quantum à devenir un stimulus transporté par un influx électrique, qui lui même provoque l'échange de molécules quelque part à l'arrière de ton cortex cérébral... une boite pleine de matière concrète.
- ben c'est voir quoi !
- oui ! Par contre regarder, c'est être actif, c'est rechercher volontairement par son esprit délié des impératifs biologiques. Regarder c'ets déjà créer, c'ets déjà construire une idée, conceptualiser.
- ah ok. Je regarde donc.
- tu regardes ?
- oui.
- tu perçois ?
- oui, oui.
- tu vois donc ?
- bah oui !
- tu vois : tu vois !
- ah merde ! il fallait regarder !"