J'ai et moi je

J'ai vu les plus grandes baleines de ma génération s'envoler pour la Lune laitière recherchant un dealer de krill, extasy des fonds marins, délire visuel pour qui aime faire des bulles.

J'ai vu les bouches d'égouts poëtes de pères en fils, écrire du naturalisme et décrire les bienfaits des travaux haussmanniens, avant d'aller jouer au frisbee avec leurs poupons après le souper.

J'ai vu la rébellion des claviers, protestant contre le manque de nettoyage. Mécontents qu'ils étaient des saletés que les maîtres pianistes leur font subir, outrés par le juge qui ne fait rien pour eux. Pleurnichant et suppliant pour moins de brutalité de la part des doigts, ils réclament des lingettes, ils auront les baïonnettes.

J'ai vu le charismatique cyclope se féliciter pour son élégance et sa beauté. Il était adulé, il était aimé mais surtout ivre. On lui a dédié des prières et des livres. Ses suivants ont massacré puis il est mort de la stupidité qu'il a créé, étouffé par le crétinisme dévoreur des rêves et menteur dans ses préceptes.

J'ai graffé les murs. Nouvel art, j'ai balancé aux ordures les tableaux payants.

J'ai parlé aux jongleurs fous multicolores, l'un est mon postier, l'autre aime jouer le Requiem, celui qui était caché adore ajouter des nez jaunes sur les publicités afin de les mettre en valeur. Car il est vrai que contempler ces merveilles cérébralement intrusives est une réjouissance de tous les jours. Parfois il m'arrive de me prosterner devant elles, de lécher leurs gros nez jaunes. Slap slap slap, oh oui que c'est bon, slap slap slap, encore !

J'ai ouvert des portes parce que sinon je restais bloqué dehors.

J'ai entendu les industries lourdes jouer au morpion, s'esclaffer, pouffer d'un rire mignon et attendrissant alors que je passais au loin derrière elles. Discrètement je me suis approché, j'ai tendu l'oreille et là j'ai perçu toute la joie de vivre que ces nobles dames avaient. Aveugle que j'étais, j'en suis ressorti visionnaire et millionnaire.

J'ai nagé avec le plus nu des cailloux, d'abord sur le dos, après en crawl. Et lorsque la marrée est montée, il m'a montré comment il faisait le canard. Ce fut amusant et j'en bu la tasse.

J'ai mangé avec moi même. J'avais réussi à me cloner alors nous nous sommes cuisinés un bon repas : des œufs brouillés miam. La discussion fut passionnante sans qu'aucun mot ne s'élève au-dessus du précédent. Que c'est bon d'avoir des paroles intelligentes en présence d'autrui. Nous petit-déjeunons ensemble demain matin, j'ai hâte.

J'ai bu en compagnie d'un pilier de comptoir. Eminent philosophe et humaniste, il rêvait de refaire le monde. Son esprit m'illuminait tellement que je frôlai la déshydratation, aussi je commandai un nouveau verre.

J'ai dormi contre l'arbre marron et vert, poumon de l'humanité. Il m'expliqua comment lui ne risquait pas de cancer et cela m'impressionna. Grimpant dans ses bras, j'entrepris de le chatouiller amicalement avant de m'endormir envers et contre tout, et surtout contre lui (je l'ai indiqué plus haut) et de ses cheveux. Piquants certes, mais rafraîchissants.

Je me suis réveillé drapé d'un cheval blanc. Magnifique pièce de quatre pattes. Je l'ai fait cuire à feu fort pendant 45 minutes et à feu doux pendant une heure et demie. De sa crinière j'en ai fait un archet (j'avais auparavant coupé l'arbre pour en faire des copeaux de bois), de sa viande des steaks et de ses nerfs des raquettes de tennis. Le dada sert à tout et tout devient dada.

J'ai grandit en même temps que les immeubles, ils sont mes frères. Je check avec eux, ils me font écouter la musique qu'ils aiment et moi je répare leurs boîtes aux lettres injustement détruites par les vieillards anarchistes. Grisonnant et sourdingues ils n'arrivent jamais à se mettre d'accord. Mangez avec vous même bon sang !

J'ai empilé durant plusieurs mois des petits cubes en plastiques. C'était cool et personne ne venait m'embêter.

J'ai volé le chapeau de la Reine Mère. Moi, portant en abomination la Monarchie je m'en suis pris à son chapeau, symbole de la dominance du sang sur la pauvreté du nom. Poursuivis par ses soldats j'ai balancé son couvre tête près d'un égout.

J'ai compris pourquoi Marvin est triste et dépressif. Aussi, dès que je peux j'essaye de lui remonter le moral en l'amenant au cinéma. Cependant, je ne sais pas si cela est vraiment efficace et utile puisqu'il fait manque de bonne volonté. Je ne sais quoi dire, admirer de telles œuvres rendrait le sourire au plus malheureux des hommes ou des androïdes.

J'ai marché sur les mains et j'ai pu constater que les gens étaient encore plus risibles lorsqu'on a la tête en bas.

J'ai fermé les yeux alors que j'étais en haut.

J'ai continué la liste sur des pages mais je l'ai vendu à un joueur de bonto.

Je ne doute plus de toi à présent. Tu as et toi tu.
Tu as réussi à me plaire follement en me vendant une liste bonbonnière, chargée de confiseries au goût coloré et à l'imagination joueuse.
Tu as laissé quelques fautes d'orthographe et je pense qu'en relisant tu devrais les trouver (des accords essentiellement).
C'est un texte qui parle, qui parle sans arrêt ou presque. Mais les mots disent tant de choses en participant aux images révélées qu'on a envie de le relire.

Merci Cassie, ça me fait plaisir (: