M'allongeant sur une feuille de chêne format A4 12mx15m, je ferme les yeux pour admirer le paysage. L'air frais me gifle les bourlets alors que des aspirophants coassent dans le ciel, dévorant les nuages en forme de souris, recrachant mollassement quelques perles d'ambre en guise de défections, ou de larmes, je ne sais plus bien.
La pluie joaillère à ses heures perdues, celle-ci en l’occurrence, se met à rire et jette la "caillasse" sur ma figure, comme pour me reprocher leur médiocrité. Dans un soupir, je jette mon larousse par dessus mon café, qui se renverse et tâche mon beau reposoir. Je passe à travers, soudain, et me retrouve dans mon hall, après avoir percuté quelques branches de mon arbre, et fais la bise au sol de marbre (je lui préfère l'ambre, cela dit).
La porte en triangle belge s'est pliée pour moi quand je lui ai raconté ma blague corse, et me voici dans le grenier principal. Déjà la chaise major d'homme viens me proposer une fleur à thé à moudre moi même, parfumée au lapin d'amnésie, j'y décèle un soupçon de folie, quel étrange arrière-goût. Je lui mords un barreau pour la congédier.
Avançant sur le damier triphasé, j'esquive pics et trappes jusqu'à mes échassiers. Maintenant je suis prêt pour la chambre à coucher. Oh et puis non, la cuisine. Que reste-t-il de la veille ? Une part de disque-monde, une gorgée de salpêtre ? Qu'à cela ne tienne, je saupoudre de pages d'arcanes, et je tiens mon déjeuner ! Saisissant mon plat encore bouillant, passons maintenant à mon salon. M'étalant sur ma pomme de douche géante (qui fait un parfait sofa, je vous assure), j'allume le feu et contemple mon chat jouer à cache cache avec Espace-temps, mon berger allemand. Allez savoir pourquoi je l'ai peint comme une vache milka... Le chat, pas Espace-Temps ! Comment voulez-vous peindre ce qui n'est pas palpable ? Vous allez bien ? J'hésitais avec Schrödinger, mais ça faisait too much. Cheshire, c'est bien, c'est l'année des "Ch" de toute façon, c'est pour ça que j'ai pris le félin. Et puis il m'amusait, au magasin, à sauter d'une réalité à l'autre. Le vendeur m'avait bien dit qu'il était instable, mais qu'est-ce qu'il est attachant ! Toujours à vous provoquer une fissure pour avoir un bol de lait.
Le berger a perdu le fil des moutons, le pauvre, le voilà qui va se cacher sous ma baignoire. Quelle heure est-il? Seigneur, déjà ? Je regarde par mes prismes et vois la lune qui a des airs de triangle ce soir. Mes yeux seraient-ils en grève ? Quand bien même, je ne négocie pas avec ces terroristes du réel. Jamais à vouloir vous montrer ce qu'il y a vraiment à voir. Organes stupides et vantards, soit disant indispensables car ils vous esquivent les panneaux, pfeuh! Ridicule, et pourquoi pas "la terre est ronde" ? Tant qu'on y est ?
Vaste farce. Depuis qu'un malkavian l'a crevé avec une punaise, et je parle d'expérience, elle n'est plus ronde du tout ! Vous pensiez vraiment qu'on tournait autour du soleil par hasard ? Soyons sérieux!
Tiens, ma porte se plie à nouveau. Je suis curieux de savoir quelle blague a-t-on bien put lui raconter, pour qu'elle claque comme ça... ça devait en être une bien bonne. L'homme qui pose sa lourde valise sur le dos serviable d'Espace-temps, et laisse son imposant appareil photo sur le rebord d'un coin de lustre, lisse sa cravate d'un noir euphorique, et me tend une main et un sourire plaisant, mis à part quelques larmes en bordure de coeur.
-Howard! Vieil ami! Asseyez-vous donc, montrez moi donc ces clichés des contrées du rêve! Le voyage s'est bien passé?
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My house. My rules. My pleasure.