Embrasse moi !

-Embrasse moi, embrasse moi, embrasse moi, vas-y embrasse moi !

Elle ne savait dire que ça, ses lèvres pleines s'ouvraient et se fermaient au rythme lancinant de cette phrase sans forme qu'elle me balançait au visage toutes les minutes. Assis sur le tourniquet, j'avais le mal de mer, le malaise du cœur qui tourne, celui qui donne envie de se lever, de marcher faire un tour. Des cheveux pleins la face, elle articulait encore pourtant, ça en devenait presque de la détresse, mais elle ne s'arrêtait pas. Son besoin était si pressant qu'elle agrippait les pans de mon blouson, partagée entre le désir de me l'arracher et celui de me tirer à elle. Tout ce que je voyais c'était son visage couvert et du flou tout autour, plein de flou qui m’oppressait, et ce visage unique et avide qui aspirait le mien sans cesse. Ce que je voulais c'était de l'air, du calme, que ça cesse de tourner, que les choses s'immobilisent l'espace d'un instant, d'un silence salvateur.

-Je t'aime ! Ai-je crié. C'était autant pour couvrir mon écœurement que pour implorer ma libération, quelle me laisse m'en aller.

Elle a écrasé sa bouche sur la mienne, encore et encore, pendant que le monde s'acharnait à rompre mon équilibre mental, pendant que mon oreille interne se croyait dans une déferlante depuis des heures. L'air de mes poumons se raréfia, faisant de mon crâne un enfer, j'étais en apnée dans le tourbillon de l'amour et voué à mourir lentement et douloureusement. C'en était trop, mon corps en entier appelait à l'aide et m'hurla de fuir. Ce que je fis.

-Pourquoi me dire que tu m'aimes alors ? Me demanda-t-elle au loin. Je t'aime moi !

En réalité, j'aurais dû périr étouffé ce jour là, j'aurais dû me casser une jambe, j'aurais dû m'assoupir, j'aurais dû rester assis. Parce que cette ronde était la chose la plus mouvementée que j'aie goûté, cette étreinte était la plus intime que j'aie eu, cet amour... Mais je l'aimais putain ! Qu'est ce que j'ai foutu !

-Embrasse moi, embrasse moi, embrasse moi, vas-y embrasse moi !

Citation :: -Embrasse moi, embrasse moi, embrasse moi, vas-y embrasse moi !

Une phrase sans forme ? Je dirais plutôt une phrase-manège. Une phrase en ronde, qui se mord la queue.

D’ailleurs vous êtes tous les deux assis sur un tourniquet et je crois que cette ronde sans fin a une importance capitale dans ton texte que j’ai du mal à qualifier de poème. Mais, pourquoi pas, je ne suis pas sectaire.

L’image qui se détache de ton poème est très étrange. J’y vois un manège qui tourne à toute vitesse, secoué comme un vaisseau dans la tempête. Et sur ce manège, toi-même et cette femme sans visage. Autour de vous rien sinon la tourmente, la brume.

J’adore ce baiser qui est presque un viol mais qui te fait perdre tous tes repères, ta respiration, au point que tu en appelles à l’aide et que tu fuis.

Quelle triste fin quand même….

Toi, qui reste seul sur le manège qui tourne, qui tourne sans fin sur cette même litanie incessante.

J’ai aimé ce plongeon passionnel.

Un peu comme Cassie, je n'aurais pas considéré ce texte comme étant un poème ... Mais tu es le mieux placé pour en décider le statut !

Cet ordre réclamant un baiser m'évoque plus une pensée, une obsession qui envahirait la tête de cette fameuse fille. Quelque chose qui normalement ne se réclame pas. Et pourtant elle semble le crier ouvertement. Comme une libération de son esprit, mais du coup un tourment pour le tien.

Je trouve que ton poème exprime beaucoup de questionnements. Je ressens les doutes que l'on peut avoir face aux sentiments. Qui aime vraiment qui ? Pourquoi ? Est-ce que tu as besoin de rester ou est-ce que tu as besoin de partir ? Quelle est la portée d'un "je t'aime". Est-ce juste une phrase d'usage, ou un réel attachement ?

Toi même tu sais.

Cette jolie spirale qui semble sans fin est tristement écrite.

j'ai eu l'impression que tu décrivais ton personnage perdu dans un labirinthe et que cette fille qui le poursuivais sans cesse était le reflet de ces propres sentiments qu'il tentait de fuir.
Comme s'il était manipuler par eux, cela lui ferais perdre toute foi en l'amour, car personne n'aime qu'on le force à aimé, comme ce personnage. Sans voix

(Il est tard, je ne sais pas si j'arrive à me faire comprendre ^^")