Voici quelques-uns de mes textes favoris. Peut-être en ais-je déjà dévoilé certains mais je voulais partager avec vous l'ensemble de ces écrits.
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L'homme
Qui se lève n'a point de repère ou d'orgueil.
Vide d'avis et d'envie, il vogue. Ramant au gré des ans, embrumé de ses rêves passés, il ne sait ni ne souhaite. Sans à-priori qui se délie au moindre délit il est tel une page vierge de tout verbe. Pour autant il n'est point exempt de sentiment et même ! il ne possède que la raide chute des amertumes. Quant à ce qu'il pense, ma foi, tant que sa panse se tient coi son esprit en reste démuni.
Naissance et réveil d'un être qui s'émeut de l'aube, de l'eau et des mots. Car oui il s'exprime déjà, plein de phrasés alambiquées et de paroles tarabiscotées. Une marée qui déborde de son crâne, coule à torrent d'entre ses lèvres et se déverse dans l'inconnu des autres.
J'ai mal, je souffre. Et je pue de la gueule. Une odeur d'idée rance. Un souffle de vieux plagiat d'anciens penseurs avariés. Et j'ai faim. Une faim gargan-socratesque. Un nouveau concept de paradis sur Terre ? Trop tendancieux. Une avancée dans le monde inconscient, une critique acide des mœurs de la femme ? Trop insidieux. Je fais ma fine bouche et j'en tire un plaisir exquis. Mordre à pleine dent cette sensation de valoir, de vouloir mieux que tous est comme la pointe de sel qui grésille sur la langue et colle aux babines. J'aime me manger tout cru, tout nu et ce à la vue de tous.Individu difforme, en tant que tête pensante il se pose là.
Pourquoi ce texte ? Pourquoi cette mise en avant de cette scène atypique ? Métaphore de tout un chacun ? Mise en abyme de mon être intérieur ? A ces questions je répondrai ainsi.
Non.
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Dialogue de sourds
On fait quoi maintenant ?Je te vois comme un sourire jeté du haut d'un pont, brisé nonchalamment sur un sol poreux et avide de sang. On vit, on meurt, on s'écorche de milles feux pour trouver une raison de laisser sa main dans le brasero. On a pas d'yeux, si ce n'est pour voir sa déchéance, seulement on espère, on se voile le regard d'un mirage sans nom, facétie de bonheur, simulacre d'avenir. Et on marche, alignés à la manière des boyscouts, en rangs serrés, trop serrés. J'étouffe.
Sois mon ami.T'as pas entendu c'que je viens de dire ? Je suis pas fréquentable, trop... désespéré. J'ai toute les raisons de tracer la route, de voguer au loin dans ces eaux brumeuses que tant affectionnent le temps d'une mort, seulement je reste sur le palier à attendre que la porte se referme, ou qu'une larme me jette sur le seuil. J'voudrais tout arrêter, enclencher le bouton d'urgence une fois pour toute plutôt que de rêver ma fin. J'ai pas les tripes d'assumer un cœur si lourd, si vivant. Quand j'vous observe, j'vois des cadavres ambulants, sauf que parfois ils ont le désir et la témérité de lever le menton, et de me renvoyer ce regard que je connais si bien, un regard qui me hurle tout ce que l'on puisse espérer de l'humanité. On n'est ni des êtres funestes et délirants, monstres de chairs et de sangs, ni des anges célestes dont les ailes sibyllines agitent l'air pollué de cette Terre. On n'est ni en-dessus, ni en-dessous de la réalité. Pas d'avenir certain, seulement des possibles et des peut-êtres. Rien n'est fixe et pourtant, ce serait si simple...
Tu veux mourir ?Non ! Je voudrais juste que ce soit plus simple, moins fatiguant. Je suis las de faire la girouette sans pouvoir influer sur la direction du vent, alors soit je me leurre en schématisant tout un stratagème pour rendre les élans frénétiques des courants célestes immobiles, soit je descend de mon toit, et en bon fainéant que je suis, je ne peut me résoudre à faire quoi que ce soit... Et même ce que je te dis là, je voudrais que ça n'ait jamais existé, je voudrais ne l'avoir jamais pensé, car tout ce qui existe dans un esprit est soumis à son jugement impartial, épluché dans les moindres détails pour ensuite donner l'aval à l'organe buccal de mentir sur la valeur réelle de la chose. Heureusement, je peux supporter tout ce charabia de mensonges invétérés, mais seulement lorsqu'il vient de moi.
Tu délire.Voilà ! Tu vois ce que je veux dire, tant je tente de distiller mes pensées qu'elles en deviennent insipides et vides de sens. D'un côté, c'est peut-être ça qu'on appelle partager ses sentiments, les miens sont si torturés qu'on ne peux les assimiler qu'à une bouillie verbale, salissure sonore. J'aimerais que tout soit beau, tout soit joli, que tout soit mort, qu'on est enfin la paix. Car la beauté absolue n'existe que dans le Néant, ou bien... Peut-être... Je ne sais pas... Je perds la boule dirait-on.
Tel un vieillard incontinent, t'empêcher de divertir ton entourage de ta présence infecte tu ne peux.T'en as pas marre de me suivre partout ? Tu n'es qu'une Ombre, silhouette difforme d'un homme tout aussi informe. Si mes dires reflètent ma personnalité, ne suis-je donc que folie absurde ? Conscience méconnue en perdition ? Désespérance confronté à sa trouble réalité ?
Ou alors tu n'es que la consistance que tu te donne, fruit de ton imaginaire. Un homme sorti tout droit de nulle part, de ses songes obscurs, de ses rêveries amères et tendancieuses. En gros tu n'existes pas, si l'on suit ce raisonnement.Serais-je... réel ? Non, non, bien sûr que je le suis. Je pense donc je suis, c 'est bien connu.
Assurément, tu ne peux qu'exister puisque tu dialogue avec ton reflet mal défini sur la vitre crasseuse de ta chambre d'appartement. N'en as-tu pas marre de ne t'imaginer vivant qu'uniquement au travers ta personne ? Le monde t'ouvre les bras et toi tu restes là à tâter le bout de ses mains en te demandant si oui ou non ce sont tes doigts qui touchent les siens ou si ce n'est l'inverse. Va, vis et aime, c'est simple, non ? Ne cherche pas de question là où ne t'y attend qu'un tas d'autres interrogations encore insoupçonnées.Mais putain, as-tu seulement tenté de comprendre ce que je disais ? Cette vie que tu semble si particulièrement affectionner, moi elle me fait gerber, y a rien à en tirer si ce n'est une saumure verdâtre et pestilentielle. Toute cette vie me révulse, et tu crois que je voudrais y plonger corps et âme ?
T'es pitoyable. Pourquoi ne peux tu pas agir selon l'envie du moment sans fioritures d'esprit ?Parce que la seule chose dont j'ai envie, c'est de fuir ce monde ! Parce que la peur me tient par les couilles et que ma main refuse de me les arracher une fois pour toute !
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Ennui mortel
L'ennui est mortel. Rien qu'à voir tout ces gars qui pètent des plombs en massacrant toute bête de chaire et de sang autour d'eux avant de s'éteindre à la manière d'un harakiri malsain. Le problème de la société d'aujourd'hui n'est pas le fait que ce monde n'est qu'illusion est faux semblants, mais bien que nos dirigeants ne parviennent plus à entretenir notre besoin viscéral de parcourir pré après pré les uns derrière les autres. La tentation d'aller voir en dehors de l'enclos est grande, surtout lorsque des fissures s'ouvrent grand dans les palissades. On voit aujourd'hui la montée en puissance du Spleen, désespoir à outrance de la vie sur Terre. Nous avons acquis après des siècles de dur labeur la possibilité de penser par nous même, comme le nouveau-né comprend peu à peu qu'il existe une barrière infranchissable entre son esprit et celui de ses géniteurs. L'humanité grandit, reste à savoir si son ossature pourra supporter un poids si imposant. Nous avons peur que ce que nous prenions pour un jeu, pour un exemple à suivre devienne réel, que nos rêves soient à portée de volonté, que l'impossible n'ait plus rien d'inconnu. L'angoisse nous étreint lorsque un choix s'impose à nous, et c'est bien simple, nous prenons à peine conscience de toute l'étendue de responsabilité que nous avons à notre propre égard.
Certains se réfugient dans le total désespoir, un genre de nihilisme défaitiste. Je vais mal, tout va mal, et ce pour toujours.
D'autres préfère suivre l'ancienne coutume de suivre aveuglément un chef, ou un idéal créé de toute pièce par un autrui dont le seul but sera de faire un profit quelconque tout en sachant que lui-même suit aussi un idéal vindicatif bien pauvre en originalité, créé par son prédécesseur, qui lui-même suit les pas de ses ancêtres... Etc, etc... Capitalisme.
Quelques uns se réfugient dans l'alcool, les psychotropes, et autres drogues. Partir dans le monde de l'éléphant rose empêche toute pensée constructive, il n'y donc rien à détruire, rien à perdre, un point zéro où rien ne se passe mais où les responsabilités n'ont pas prise.
Enfin, rares sont ceux qui se plongent dans leurs pensées les plus noires, tout en gardant à l'esprit que ce monde ne se limite pas au biens matériels, ni aux ressources spirituelles. Il faut de tout pour faire un monde, mais tout ou rien, quelle est la différence après tout ?
J'en reviens donc au même point, le monde se nourrit de lui-même, il créé ses découvertes afin de se substituer à l'ennui, et par extension à toute tentative de penser par soi-même.
Que faire afin d'éviter de pourrir sur place ? Je n'en sais rien.
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Et pour terminer sur un texte moins pesant et plus jovial que les précédents..Propagande Doliprane
Blanc. Une couleur d'une simplicité originelle. Matrice de ses pairs et composante essentielle du monde onirique. Elle porte par convention la symbolique du sacré, du bien et du sublime.
Mais comme une pièce a deux faces, le Blanc peut être tout autre chose. Le Tout. Qu'est-ce que le Tout ? L'intégralité des éléments passés, présents et futurs ? Les multiples possibilités de mondes parallèles ? Ou un unique et parfait plan d'existence ? Le Tout est la Perfection incarnée. Car il est, littéralement, tout ce qui existe.
Mais quel critère font qu'une chose n'existe pas ? Avez-vous déjà rencontré au coin d'une rue un chien inexistant ? Une solution serait de dire « Ce qui n'existe pas est ce qui ne peut être perçu par nos sens » mais dans cette optique les forces de gravitation ou magnétiques n'existeraient pas. Deuxième essai « Ce qui n'existe pas est ce qui est imaginé. ». Dans ce cas un bon nombre d'hommes et de femmes sur Terre se trouveraient bien embêtés. Je pense tout particulièrement aux religieux. Troisième essai « Ce qui n'existe pas est ce qui n'a pas été pensé, observé ou imaginé jusqu'à maintenant. ». Intéressante théorie puisque cela revient à dire que nous existons parce que nous nous observons, parce que nous avons conscience que nous existons. Nous existons... parce que nous existons ? Tautologie nous voici.
Mais revenons à notre Tout. Nous considérerons pour la suite que nos idées, nos pensées existent.
Alors, si le Tout contient aussi ce que nous avons imaginé, il est aussi Rien, car le Rien est une conception de l'esprit. Et une fois encore, qu'est-ce que le Rien ? L'absence du moindre élément pouvant avoir une quelconque conscience de lui-même ? Le vide intersidéral ?
Ainsi, le Tout est Rien et le Rien est Tout. On peut aisément comparer le Rien avec le rival du Blanc. On en vient donc à dire que le Blanc est Noir. Puisque le Tout est Blanc, le Rien est Noir et le Tout est Rien. Vous avez dis absurde ? Ça l'est effectivement. Mais ce texte n'a pas pour but d'expliquer quoi que ce soit. Simplement de vous donner mal à la tête.
Koran.
Sponsorisé par Dolipran.