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Egorann

Egorann


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MessageSujet: Intermède   Intermède Icon_minitimeDim 13 Mai - 22:41

Et si j'avais le... Jongler avec les gros yeux qui se courbent et qui tendent vers les cieux, toujours plus haut. Esquiver les insultes et rire des menaces en sautant d'ennemie en ennemi. Chacun proteste à qui mieux mieux et pointe du doigt en découvrant les dents jaunâtres et pleines de bile qui baignent dans leur stupidité. Tous trouvent un défaut à cancaner et tous ricanent en retroussant leurs babines pour mieux écœurer.

Et ignorer le temps en rampant à contre-courant, se débattre contre la marée, essuyer les échecs et éviter les confrontations, dessiner des arabesques du bout de la langue, jouer avec ses bras pour attraper les gens. Essayer de colorier leurs cœurs et les rendre multicolores mais échouer et finir par danser sous la pluie, paumes ouvertes et gorge fermée, de peur d'attraper la vie.

Oh, le feu s'arrête, c'est grave ? Transformer en rien et devenir soi, toujours et encore pour chercher ce qui, peut-être, donnera un sens aux choses.

S'élever dans un tourbillon de colère brute et envoyer valser, tout, l'amour familial, le ventre porteur, les gens si pressants qui quémandent toujours plus que ce qu'on donne, les objets, bras ballants dans le vent qui danse autour, tout autour, tout le temps, toujours, partout. Et si c'était facile, qu'en serait-il ? Une pendule qui choisirait d'accumuler les tics sans jamais faire tac. Une pause dans l'instant, bras en croix, tête en arrière, cheveux raides dans le vide, rien autour, rien dedans. La paix enfin, l'apaisement, une pause dans le temps, une pause qui saisirait les gens et les ferait taire un peu, ces gens, si oppressants, toujours, tout le temps.

Et s'assoir, se taire. Sourire pour qui, pour quoi ? Reporter à plus tard, renfoncer les ongles au fond de son ventre, passer à autre chose, on y pensera plus tard, on y réfléchira peut-être à un autre moment, fenêtre ouverte, chauffage à fond, sous la couette, j'ai pas le... Temps.
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Tr0n

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MessageSujet: Re: Intermède   Intermède Icon_minitimeLun 14 Mai - 19:16



J'ai un mal fou à comprendre le flou. La métaphore pourrait être habile mais elle se perd dans l'engoncement ventripotent d'une volonté trop travaillée d'exprimer sa sensation, caricature rébarbative de l'évolution du Soi. Certes, c'est une critique sensible voire une sensible critique. Cette phrase révèle bien la problématique inhérente à cet écrit. Comment dois-je le qualifier ? Brouillon de bile noire issu du fin fond de la rate stomacale ? Pour résumer les sensations globales qui transitent par ce papier, note juste que tu écris pour toi, non pour les autres et de cela naît irrémédiablement la coupure du dialogue entre l'écrivain et son lecteur.

Et c'est fortement dommage car, à mon avis, la plume a travaillé sur la forme. Une belle pêche mûre, une banane flambée par ci, une poire belle Hélène par là, la melba n'est jamais loin du nirvana pour des papilles comme les miennes. Voici donc quelques mots doux qui apaiseront la critique initiale. Je me sens d'humeur guillerette avec tout ce soleil. Décortiquons donc un pouillème.

Citation :
Et si j'avais le...

Première question pourquoi un "et", cette belle coordination que moi aussi j'aime ? Un "Si j'avais le..." était suffisant.

Citation :
Jongler avec les gros yeux qui se courbent et qui tendent vers les cieux, toujours plus haut.

Fichtre. Tendre les yeux vers les cieux c'est maladroit. On a pour habitude de contempler le soleil au zénith ou la lune à minuit dans l'obscure clarté ou masqué par un linceul diaphane mais diantre. Jongler, courber et tendre, bien que les verbes soient recherchés, démontrent tout le problème de l'ensemble : une recherche infructueuse qui donne cette impression de "flou" d'inexactitude dans la métaphore ou dans l'image. L'entame n'est pas bonne pour moi.

Citation :
Tous trouvent un défaut à cancaner et tous ricanent en retroussant leurs babines pour mieux écœurer.

Celle-là est pas mal du tout. J'aime beaucoup le retour sur investissement du son [k], cancaner, ricaner, écœurer. Dommage que l'emploi du verbe cancaner soit erroné. Un défaut n'est pas cancaner. Mais par chance, cancaner et ricaner se marient bien ensemble. Il n'en va pas de même pour le verbe écœurer. Hypothétiquement les verbes suivant pourraient être introduit pour un lien avec lui : persifler, ridiculiser, moquer, railler et même si tu veux te la jouer grande littéraire brancarder. Mais de mon point de vue pour exprimer une telle sensation le langage familier est un atout : plus marquant, moins sondable, moins littérotophile (voire erectophile).


Citation :
Esquiver les insultes et rire des menaces en sautant d'ennemie en ennemi. Chacun proteste à qui mieux mieux et pointe du doigt en découvrant les dents jaunâtres et pleines de bile qui baignent dans leur stupidité.

J'inverse volontairement l'étude des deux "phrases". Les mots que j'ai précisé plus haut rendrait plus profond le sentiment que tu souhaites noter. Les mots sont plutôt bien choisis, tu ne fais pas de répétitions, par contre, un enrichissement de vocabulaire et surtout plus pointilleux sur le sens, donnerait un fond qui supprimerait progressivement le manque de clarté. Certains mots sont faits pour sauter l'un vers l'autre, d'autres non. Sur le contenu de cette phrase plus en détail, l'image choisie et l'inversion bile et stupidité en reprenant un idiome de l'argot est utile. Autre point "sauter d'ennemie en ennemi", j'aurais mis des "s" et j'aurais évité le verbe "sauter", patibulairement simpliste et peu soucieux du sentiment. Menace, insulte et ennemi sont des termes forts : on ne saute pas tout ça. Raccourci trop rapide.

Citation :
Et ignorer le temps en rampant à contre-courant, se débattre contre la marée, essuyer les échecs et éviter les confrontations, dessiner des arabesques du bout de la langue, jouer avec ses bras pour attraper les gens.

Plutôt pas mal. C'est en terme d'expression du fond simple, mais ce sont des soupes qui fonctionnent merveilleusement bien. Par contre il faut faire un choix vocabularistique : il est très difficile d'user de mots que j'appellerais "rares" (Dieu mon maître me tuerait pour cet emploi abusif), ou plutôt issu d'un langage soutenu quand on veut marquer un sentiment bilaire profond. Peut être à méditer plus en détail.

Le mode d'expression doit dépendre de la sensation que tu veux transmettre par ton écrit. Chaque mot, chaque adjectif, chaque verbe apporte ou non le saint graal de la réussite. C'est généralement un travail de longue haleine que de trouver un sens juste au mot, que de lui apposer la perfection adjectivale. Bref, médite à la fois sur leur emploi et sur leur sens véritable, sur l'exactitude car je ressens en lisant quelqu'un qui a l'envie d'écrire bien mais qui baffouille. Un peu à la manière d'une recherche trop rapide pour arriver trop vite à une production. Le temps justement dont tu manques est la problématique inhérente à ton écrit.

Citation :
Essayer de colorier leurs cœurs et les rendre multicolores mais échouer et finir par danser sous la pluie, paumes ouvertes et gorge fermée, de peur d'attraper la vie.

J'aime bien cette image là. Attraper la vie, c'est... Comment dire... Je n'arrive pas à trouver le mot... Gracieux, doux et délicat à mes oreilles. Rien à redire sur cette phrase là. Good and tasty choice comme dirait nos amis fin gourmet sur la sauce à la menthe et la cervoise tiède.

Citation :
Oh, le feu s'arrête, c'est grave ? Transformer en rien et devenir soi, toujours et encore pour chercher ce qui, peut-être, donnera un sens aux choses.

Rien ne donne de sens au chose que le devenir de soi qu'on a malencontreusement transformé en rien. C'est le principe même de la vie, la passion, comme celle de l'écriture ne naît ni du néant ni du vide. Comme plein d'actes humains, elle est la résultante de nos choix qui provoquent le désir - rien n'est tout cuit et celui qui croit que l'amour ou bien d'autres choses qui donnent un sens à la vie lui tomberont dessus est un innocent aux mains pleines. Sur le fond, j'aurais beaucoup à dire de cette phrase mais je préfère garder mes opinions sur la questionnette et pousser la chansonnette de la critique. Le "Oh" suivi d'une interrogation peut être habilement masquée pour éviter l'idée simplette pour apposer un cynisme plus marquant.

Citation :
S'élever dans un tourbillon de colère brute et envoyer valser, tout, l'amour familial, le ventre porteur, les gens si pressants qui quémandent toujours plus que ce qu'on donne, les objets, bras ballants dans le vent qui danse autour, tout autour, tout le temps, toujours, partout.

Le ventre maternel ça ne serait pas mieux que le ventre porteur ? Quoi que si tu veux vraiment balancer la notion de mère au profit de celle de génitrice, vas y jusqu'au bout. C'est ce que je reprocherais d'ailleurs à l'ensemble du texte, mises bouts à bouts ces petites erreurs intensifient le flou artistique et surtout le manque de verve du fond. Si tu veux hurler une certaine colère, crie là, vocifère. Mets y du "toi", ou attend que ça vienne. Écris sous la colère, la vraie, frappe toi, bois un coup (quoi que non tu n'as pas l'âge et on me traiterait de pervers décadent). Crache la rage de ce que tu souhaites dire, puisque c'est le fond réel du texte. Accroche ton auditoire, frappe le des mots comme s'ils étaient réalité, frappe le comme s'il était à ta place. Fais le ressentir non par le travail du vocabulaire mais par une logorrhée violente la perfidie de ceux que tu n'aimes pas. Si tu veux être subtile, alors use d'une autre méthode, masque les mots, transforme les, gesticule de l'image, de la comparaison, de l'anaphore par exemple : calcule les liens et les transitions comme une petite pianiste choisie ses notes.

Citation :
Et si c'était facile, qu'en serait-il ? Une pendule qui choisirait d'accumuler les tics sans jamais faire tac.

C'est joliment présenté. Tu tiens une image - étend là à d'autres métaphores pour rendre l'ensemble plus "volumineux", surtout plus profond. Comme un ogre qui boufferait toute la journée sans jamais chier (bon ok - j'y vais un peu fort, mais c'est le fond que j'imagine).

Citation :
Une pause dans l'instant, bras en croix, tête en arrière, cheveux raides dans le vide, rien autour, rien dedans. La paix enfin, l'apaisement, une pause dans le temps, une pause qui saisirait les gens et les ferait taire un peu, ces gens, si oppressants, toujours, tout le temps.

Allitération et consonance très agréable avec le jeu sur le son [an]. Le temps se suspend par exemple - réfléchis à cette image qui pourrait t'être utile pour faire un "arrêt sur image". Loghorrise le verbiage de l'oppresseur, évite les mots comme "gens" surtout répétés deux fois. Cible. Paix et apaisement, ajoute du calme et de la sérénité pour étoffer l'ensemble. Développe plus.

J'ai du mal à comprendre l'utilité de la description de posture sommes toutes étranges. Rends les plus primitives ou plus lascives, donne dans l'adjectif pour ces cas précis, ou tranche dans le vif pour appuyer juste sur une chorégraphie spécifique. Met plus de lien entre l'aspect du corps et l'aspect de la métaphore pour rendre de la cohérence au dialogue.

Citation :
Et s'assoir, se taire. Sourire pour qui, pour quoi ? Reporter à plus tard, renfoncer les ongles au fond de son ventre, passer à autre chose, on y pensera plus tard, on y réfléchira peut-être à un autre moment, fenêtre ouverte, chauffage à fond, sous la couette, j'ai pas le... Temps.

Je ne ferais pas l'affront d'une mesquinerie en disant que si tu devrais prendre le temps d'écrire. J'ai dit que j'étais gentil ce soir. Mais un peu d'ironie ne fait jamais de mal.

De cette conclusion naîtra la mienne. La forme pittoresque du discours devrait être retravaillée pour faire naître une chorégraphie métaphorique entre le corps et la pensée - c'est une bonne idée qui me semble sous-jacente à ce texte. Il est à noter un bon vocabulaire, malhabilement utilisé certes, et l'on ressent une espèce de sombre clarté qui rend l'ensemble moyennement compréhensible, qui rompt plusieurs fois la relation lecteur/écriveur. C'est dommage car le potentiel est là. Le fond ne rattrape malheureusement pas l'ensemble et me fait mettre un bémol complémentaire. Lorsqu'on souhaite faire preuve de ces sentiments maussades, gris et terne, ou même lorsqu'ils sont amoureux, suaves et lubriques voire dépressifs et suicidaires, il faut mettre le paquet sur l'ensemble des techniques qui permettent de le faire : logorrhée, langage familier, brutalité de la menace, volonté et haine mise en avant ou l'inverse subtilité, justesse, exactitude, phrases longues puis courtes pour l'accélération, choix des sons en début et fin de phrases... Par exemple si je devais parler d'une mère comme d'une génitrice j'aurais plutôt tendance à penser l'enfance non désirée, la psychologie de la mère qui refuse son enfant - et je mettrais une phrase violente et frappante là dessus. Cherche beaucoup plus à mettre en œuvre un "discours" avec l'autre quand tu écris et non un discours avec toi même. Trop font cette erreur et cela gâche souvent de possibles talents. Ce n'est pas le mot qui importe c'est la façon dont on l'utilise pour parler.

Je pourrais te citer le mot sardanapalesque, mais à quoi bon ? Autant utiliser lubrique ou pervers voire faire une allusion à la perfidie des Hommes de Gomorrhe. Bref, tout n'est qu'une question de lien entre toi et ton lecteur, toi et la sensation et la technique de production littéraire.

Sans rancune jeune élève.

Bisous Clin d\'Oeil

Tr0n
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Ruby

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MessageSujet: Re: Intermède   Intermède Icon_minitimeDim 23 Sep - 4:35

finalement ton début et conclusion je suis pas convaincue je trouve limite que ça nuit au poème, et si c'est pile la logique alors tu nous perds avant dans ton texte si c'est l'idée qu'on doit retenir.
J'ai cru comprendre que t'aimes bien le mot bile mais là je le trouve pas forcément bien utilisé.
Certaines images sont bien trouvées, même si peut être déjà entendu comme le ventre porteur, mais d'autres s'essouflent ce qui est plus gênant, néanmoins je trouve que tu t'es amélioré depuis le début que je te lis dans une aisance rédactionnelle, maintenant limite faudrait épurer
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MessageSujet: Re: Intermède   Intermède Icon_minitime

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