Les poussières brillent dans la lumière.

Etude brève et rapide. Critique osée mais non méchante, je le signale avant tout.

Citation :

Elle avançait et d’un coup le cœur déborda d’émotions.

Rempli du monde. Elle avait pleuré l’inexprimable car elle voulait montrer. Montrer qu’il existe de ces choses indiciblement magnifiques. Complexes de description.

Et bien note que de choses complexes de description, on peut construire des beautés auréolées de nacre en quelques mots. Je préfère les indicibles secrets, les mystères... Et je préfère surtout les images qui ont un sens émotionnel marquant tant par la technique que par la sémiotique. Pleurer l'inexprimable : c'est poétique. C'est poétique sans aucun sens - c'est de la poudre aux yeux du profane pour lui faire croire qu'on dispose d'une licence poétique façon Astier dans Kamelott. Non de non. Rien que le mot "complexe" casse l'ensemble de ces premiers mots. Quand l'on souhaite écrire d'une manière poétolittéraire, on fait au moins dans l'érotophilie et l'on choisit ses mots.

Possible que je sois passablement énervé, mais rien d'agressif dans mon propos, un constat de l'évidence. Nom de Zeus ! Faite donc du simple dans l'image en la parfumant à votre convenance d'un soupçon du chant printanier des coquelicots. Cherchez avec exactitude LE mot, celui qui doit se marier à votre sens, à votre perception, à la juste contrainte de l'image choisie. Par pitié, jamais ne prenez des métaphores qui n'ont aucun sens juste pour la beauté du mot, c'est, je vais le dire, horrible à lire alors qu'il y a pourtant, du contenu vocabularistique.

Je ne sais pas.

Je ne sais que conseiller si ce n'est le travail, la lecture à haute voix pour se rendre compte de certaines problématiques inhérentes à ce qui est dit. Je ne peux que dire que l'image quand on sent qu'elle est bancale : on la raie, et on cherche autrement. J'ai eu soudainement l'impression d'une personne qui avec son stylo accroche une idée ou un mot qu'elle sait un peu moyen et qui crée un nuage autour de ce point focal.

Citation :

Sourire dans l’obscurité arc-en-ciel.

C'est là que je dis que l'image doit être manipulée avec doigté. Why ? Becoz quel est le lien signifiant entre sourire / obscurité / arc-en-ciel ? Moi ça m'ennuie car je vois une belle image mais qui ne me parle pas. La Vérité (avec un grand V) c'est qu'il est nécessaire dans une image de mettre du sens sous jacent, un lien réel entre l'arc-en-ciel et le sourire. Comme tu le fais entre l'obscurité et ce dernier, le sourire doit disposer lui aussi d'un attribut enrichissant et épousant l'obscurité ou l'inverse.

La lumière du sourire de cet obscur arc-en-ciel (+ phrase qui étaye l'idée en suivant)

Je ne cherche pas de sens là, mais la métaphore si tu veux qu'elle est un impact émotionnel, il faut la creuser, ce n'est pas "juste" l'apposition de deux mots opposés. L'obscur clarté : certes c'est chouette, c'est une figure de style qu'on évoque souvent mais dans la réalité, elle a du sens car elle se trouve dans une phrase complète qui l'explique et l'enrichit. La parataxe ça se bosse, et c'est très difficile (donc je ne serais pas méchant, tout n'est qu'une question de travail).

N'oublions pas que la phrase est : "Cette obscure clarté qui tombe des étoiles". Une étoile c'est bien de la clarté dans l'obscurité : il n'y a rien de "complexe" à décrire. En somme ce que j'exprime c'est le fait que l'image doit avoir un but, un objectif - ce n'est pas le simple plaisir de la beauté du mot. La beauté pour la beauté : on appelle celà de la préciosité ou de la coquetterie... Généralement c'est même mauvais.

Citation :

Elle avait senti se soulever la puissance du cœur qui écoute, observe, parle.

Bouerf. Met le dans un autre sens, tu devrais voir que cette phrase n'est pas bonne. La puissance du coeur se soulève. Hum... Inexact. Il faudrait changer le verbe d'action, éviter le mot "puissance" lorsqu'on met des verbes sensoriels; pourquoi ? Le mariage de ces types de mot est presque une écorchure artistique pour mes ouailles. Cherche et travaille sur la suppression du mot puissance, et lisse le mot puissance pour qu'il épouse agréablement les verbes qui suivent.

Citation :

Soulever les nuages en voyage. Vers les Néantes immenses et introuvables. Dont le secret demeure.

Non définitivement le mot soulever ne me plaît pas dans une poésie qui se veut utiliser des "images". J'aime beaucoup par contre les nuages et les voyages. J'adore cette rime, elle me plaît. Dommage que ce soit la seule à l'intérieur de ce paragraphe. Des sonorités en [EUR], [ENSE] et [ABLE] c'est pourtant très facile à trouver pour approfondir le jeu d'oreille.

Tiens voilà une idée simple. Hisser est un synonyme du mot soulever. Il a une connotation marine; hey pourquoi ne pas donc jouer des sens et l'odeur des embruns marins ? Cherche peut être à partir de certains mots à trouver les idées sous jacentes, et originales qu'ils peuvent apporter pour l'ensemble. C'est ainsi que naît la véritable image, et la métaphore élaborée. Il faut un "lien", lien qui n'existe pas suffisamment dans tes mots.

Citation :

Le cœur avait débordé.

Oh tiens. Déborder irait excellemment bien avec l'idée que je t'ai soumise un peu plus haut. Etrange...

Citation :

Étoile de vie. Soleil d’humain.

J'avoue mon incompréhension, je ne suis pas contre une explication de cette phrase. Je pourrais te dire Etoile de mort, Lune de printemps, ça serait exactement la même chose. Du sens...

Pour conclure je ne dirais pas du tout que c'est mauvais. Il y a de l'idée, mais un manque assez notable de : sens dans l'image et de richesse sonore. De mon avis, il faut travailler plus en détail le mot et en priorité l'articulation dans les tentatives de métaphore. Il faut bien comprendre que les figures de style ne sont pas là pour faire joli, elles se doivent de servir l'émotion que tu souhaites aborder, l'imaginaire que tu veux développer. Si je parlais de l'océan tout à l'heure c'est car, du point de vue du lecteur, il faut que tu l'emportes et le fasse voguer au gré de l'émotion que tu lui transmets.

Bref.

Bisous !