Peinture sur pensée [Monologue][Fermé]

Doucement, les vagues venaient se briser contre les rochers. Leur bruit fracassant ne faisait que rajouter de la magie à cette palette enivrante. L’azur du ciel différent de celui de la mer, s’accordaient parfaitement avec le granite clair de la falaise. L’herbe verdoyante poussait abondamment sur le sommet, créant un moelleux tapis, attirant beaucoup de touriste et d’atalante en quête de recueillement et d’inspiration. La brise portait avec elle l’air iodé de l’île et de la roche humide. Une sorte d’aura entourait ce lieu. Peut-être fût-il en d’autre temps un site sacré des peuples marins, ou alors simplement investit de cette magie que l’on nomme « Nature ».

Parfois il suffit d'un rien pour nous pousser à aller sous un arbre. Un souvenir, un rêve, une simple impression de déjà-vu. Le murmure du vent l'avait certainement appelé en cet endroit. Un de ces pèlerins se trouvait debout, à profité de la caresse du mistral. Ses cheveux de jais flottaient autour d'elle comme une couronne d'ébène, sa peau luisait presque sous les quelques rayons qui filtrait encore à cette heure-ci. D'une grande bouffée, elle avala la brise marine pour s'en imprégner et finalement fixa l'horizon. Peut-être qu'un jour elle viendrait poser son chevalet ici pour peindre la lointaine houle. Mais pour le moment, il fallait que son esprit se vide.

Tant de chose s'était passé pendant ces deux dernières années qu'elle en eut presque le tournis. Le monde lui semblait plus vaste que jamais. Ses voyages de ces derniers siècles aurait du forger sa vision de l'univers. Mais elle avait l'impression d'avoir ouvert les yeux pour la première fois de sa vie. Une étrange mélancolie se déposait sur l'atmosphère, comme autant de note sur une partition. Il serait difficile de faire table rase du passé, mais finalement c'était le mieux à faire. Une chose qu'elle aurait du même tenter des années avant. Mais est-ce que le destin l'aurait laissé faire ?

Le destin. Peut-être existait-il. Si l'on réfléchissait attentivement à ce qui avait pu lui arriver jusque là, on pouvait difficilement le nier. Mais est-ce qu'il faudrait pour autant arrêter de se battre pour son libre arbitre ? Non bien sûr, jamais elle ne se laisserait porter par la facilité ou par la volonté d'un autre. S'il fallait ressortir les armes pour cette cause alors elle n'hésiterait pas, et cela malgré sa lassitude des combats et de la violence.

Comme le vent qui changea de sens, ses pensées s'envolèrent dans une autre direction. Qu'allait-elle faire de sa vie ici ? Herboriste ? Ter Aelis n'en manquait pas. Ingénieur en biotechnologie ? Elle avait déjà donné. Personne ici n'en aurait besoin. Son soupire se fondit dans l'air. Peut-être allait-elle essayé de se remettre à peindre, ou bien à écrire. La jeune femme réfléchirait à un métier plus tard.

Quant à sa maison, le choix était rapidement fait. Indirectement, elle avait déjà vécu à Sul-när et Wilwarin. Belthil était trop procédurière et sérieuse. Echoriath trop froide et sombre. Galvorn trop animé et mal famé, si elle avait le malheur d'aller là-bas, son frère lui tomberait sur le poils. Bon sang, il la traiterait certainement toujours comme une enfant. Mais comment lui en vouloir ? Pendant un court instant elle en oublia presque sa pensée première. Silissia aimait bien Atalantë. C'était à la fois calme et vivant, l'air y était frais et avait le parfum de son enfance. Elle se contenta de sourire en réponse à ce sentiment.