Ça commence par un regard un peu haut. Un sourire légèrement supérieur. De ces petits airs de rien qui vous font doucement sentir que vous êtes moins que ce qui vous tient face. Ce n'est pas grand chose, mais ça titille un peu.
Puis vient une remarque subtilement glissée, une critique à demi voilée, et très vite nous arrivons à l'inévitable fourche, qui vous plantera une dague par l'avant, ou de l'arrière.
Vous. Êtes. Inférieur.
Trois mots simples, voire stupides, mais diablement efficaces tant sur le moral que sur l'égo de la personne visée. Cette remarque vient de mettre en branle une faramineuse machinerie mentale, faite de rouages et de mécanismes allant du plus perçu au plus refoulé. Et voilà que l'on crache sur vous. Pas seulement votre image, là, à l'instant présent. Non, bien sûr. Mais sur tout ce que vous êtes. Cette remarque honteusement condescendante est là pour remettre en question votre expérience, votre caractère, vos talents, vos rêves, vos victoires. En bref, tout ce que vous avez fait, disons le franchement: c'est de la merde.
Mais qui sont ces gens qui jugent de si haut piédestal ? Loin, dans des nuages d'orgueil et d'illusions. Persuadés d'être mieux que les autres parce qu'ils ne voient qu'un arbre devant la forêt ? Bûcherons aveugles qui s'estiment grands alors qu'ils n'attaquent que des arbrisseaux. Faites donc! Narrez moi vos exploits, vos moments de gloire éphémère, vos réussites. Êtes-vous aussi vantards pour vous prétendre mieux que les autres sans apprendre à les connaître ? Pensez-vous réellement que d'autres n'en ont pas fait autant? Mieux encore, peut-être?
Soyons bien clairs, car quitte à être l'auteur de ce torchon bavant la rancœur, autant que je parle de ma petite personne: avec toute l'affection que j'ai pour vous, cordialement, je vous emmerde. Ce n'est pas par simple caprice, ou parce qu'une seule remarque met en échec tout mon univers, mais par un cumul de remarques, gestes, ou regards qui en viennent à me pomper toute forme de tolérance. De ces abrutis aux grands airs qui me prennent de haut pour le seul crime d'être un peu moins renfermé que la moyenne. Je cherche encore le mal à vouloir aider ses proches, être là pour eux et de ne pas vouloir s'enfermer derrière des barrières et des masques infranchissables quand on parle avec quelqu'un. Vous sentez vous plus profonds ainsi ?
Colère du trahi qui blessé par l'ami, se voit rabaissé au niveau d'un simplet. Vos nuages sont-ils si opaques, que vous n'auriez pensé voir des problèmes cachés tout au fond d'une âme par seul soucis de prendre soin des siens? Pensiez-vous vraiment qu'un sourire rassurant ne savait faire abstraction de larmes sincères?
J'ai brisé ma raison et mes croyances sur des rivages de rêves et de cauchemars, voyagé pour apprendre, et confronté tout mon être contre un monde qui ne fait de cadeaux qu'à de rares élus. Alors, quoi? Suis-je simple d'esprit? Empoté? Lent? "Gentil"? Est-ce là récompense pour les efforts et le chemin parcourut? Encore une fois, à ceux qui le pense: je vous emmerde. S'il faut mordre et montrer des crocs pour rétablir quelques vérités, soit! Parce que dites vous bien une chose, quand bien même je ne suis pas le pire, je suis passé par des chemins que bien d'autres ne croiseront jamais. Et si vous ne voyez rien de plus devant vous qu'un saltimbanque pas bien dur à comprendre, ce n'est pas par absence de profondes racines, c'est que je sais les cacher mieux que vous.
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