mosaique

Tout pareil que Tr0n. Sauf que moi c'est pas Bagdad, c'est Benghazi.


PS : pour les jeux, le sujet n'a rien à faire dans une sous-sous section, elles sont censées disparaître ces sous-sous sections. On verra ça avec le nouveau tutélaire pendant les vacances.

"Mais... Comment je vais annoncer ça à mes actionnaires?"

Cassiopée, Chikoun, Cocoon, dvb, Vasariah





L’homme tourne dans son bureau. Celui-ci est immergé dans le noir de la nuit, enveloppé dans sa lourdeur, sans aucune lumière pour le secourir. Mais ses pas savent d’eux même où se poser.

L’homme se déplace avec la souplesse d’un félin. Le bureau est sa cage, et sans cesse il la parcourt, contourne les meubles, enjambe les dossiers éparpillés à même le sol. Puis recommence sa ronde incessante.

L’homme est fatigué. Ses traits sont tirés et ses yeux papillonnent vers une solution qui n’existe pas. Une mince couche de sueur vient caresser son corps tandis que ses pieds recommencent leurs danses.

L’homme s’arrête.

L’homme a peur. En haut de la plus haute tour du plus beau quartier, il se noie dans la contemplation de sa ville. C’est un homme de pouvoir, le directeur d’une grande compagnie.

Mais ce soir l’Homme est impuissant.

Et les yeux noyés dans la beauté nocturne de la ville, l’Homme, ce félin blessé, comprend qu’il n’a plus le choix. Et c’est résigné qu’il se demande : Comment je vais annoncer ça à mes actionnaires ?



*

Et merde... Fallait bien que ça arrive. Les gars du magasin m'avaient bien dit, ils commençaient à être à sec à l'entrepôt, mais c'était sans compter sur l'optimisme débile des gars de la RH. Résultat ? Je me retrouve avec 4 grèves simultanées sur les bras , un accouchement protestataire, un micro groupe représentatif des 99% qui manifestent sur une reprise techno-rap du lac des cygnes, et un ENORME étron sur mon vieil écran cathodique. MERDE !

On a eut beau faire des réunion, des référendums, des injections de capital, les gars ont pas été foutus de réapprovisionner les stocks. Toute l'équipe fout le camp, et chacun pète gentiment son fusible, seul ou en groupe. Depuis hier matin j'ai déjà eut cent vingt cinq appels de clients furieux d'avoir trouvé des peluches spirous et des t-shirts de contrebande à la place de leurs picasso ou de leur monet. VINGT ANS ! Vingt putain d'années de réputation ruinées à cause d'UNE connerie.

Ils avaient juste à passer une commande. Même trois boites auraient suffit à maintenir l'équilibre : on aurait rationné ! Ben nan, trop occupés à jouer à angry birds, ou à farmer sur minecroft. Bande de branleurs.

Maintenant qu'ils n'ont pas eut leur dose de nesquick, le chiffre d'affaires est foutu pour le mois entier. Mais comment je vais annoncer ça à mes actionnaires... ?

*

Je regarde le monde au travers du prisme formé par les reflets dorés de mon verre, noircissant mes humeurs en blanchissant ma peau à coup de nausées. Il est à peine sept heure du matin, j’ai passé la nuit à travailler, à ignorer ma situation. J’avais besoin de ça pour oublier, pour remettre mes idées en place. Un jus d’orange me ferait du bien, ça va me permettre d’entamer une nouvelle journée peut-être meilleure que la précédente. Mais vu comme mon ventre se retourne, je ne ferai pas long feu. J’ai trop travaillé, j’ai trop peu déjeuné. Mon ventre se gonfle lentement, jour après jour, et je ne sais pas comment leur annoncer, à ces connards décérébrés qui n’y verront qu’une absence injustifiable ; dirigés par une femme enceinte ? Et puis quoi encore.

*

Non ! Vous pouvez pas me dire ça comme ça ! C’est… c’est du… du grand n’importe quoi ! Vous savez combien j’ai investi dans ce programme ? Toutes mes économies. Une vie de bouts de chandelle mit bout à bout. On a déjà prévu la campagne de publicité, on a déjà déposé les statuts de la boite… on a même notre numéro SIREN ! Franchement vous déconnez !

Ca fait des années qu’on prépare ce coup là ! Oui je DOIS être lancé en bourse ce matin. Oui on a une autorisation ministérielle. Non je ne plaisante pas !

Ce matin je dois être le premier homme côté en bourse et là vous me dites que je ne suis pas une marchandise ? Mais allez dire ça à mes actionnaires !

*

Condamné.
Ils nous ont condamné, mais pas à perpétuité.
Ce matin, je me suis levé du pied gauche, était-ce ma destinée de foncer tête baissée dans la faille ouverte par le changement de régime ?
Régime sveltesse annoncé depuis quelques temps déjà. Mais qui aurait pu prévoir un tel coup d’éclat ?
Bénéfices parfaitement néants cette année. Je quitterai mon poste.
Mais… Comment je vais annoncer ça à mes actionnaires ? Comment leur annoncer tout en m’accrochant à mon parachute que leur chute est brutale et définitive ?

Oublions le désagréable pour ne plus penser qu’au bonheur enfin promis.
Je dois dire que l’idée de finir mes jours sur mon île ne me déplait pas du tout.