Arnaud…
Comment lui dire ? Comment lui montrer ?
Tu te tiens debout dans le couloir, seul, en te réchauffant près du radiateur à cause de cette foutue maladie t’empêchant de garder un contrôle optimale sur toi-même.
Tu te figes soudain, ton visage s’éclaire et un sourire se dessine sur tes lèvres : ton cœur vient de rater un bond…Instinctivement, tu tournes la tête, et tu reconnais bien vite son ombre : il arrive.
Troublé comme à chaque fois, tu es incapable de faire un geste, tu restes bouche ouverte et yeux rivés sur l’endroit où il va se trouver dans quelques instants, dans une fraction de seconde qui te semble être une insupportable attente…
Alors tu te rappelles ce rêve perturbant où il venait te donner réponse à toutes les questions que tu te posais, pour cacher la vraie qui t’assaille encore : « m’aime-t’il ? »
Tu te souviens avoir rougi rien qu’à cause de ce simple rêve, et c’est tout naturellement que le rouge te monte à nouveau malencontreusement aux joues.
Il a passé le coin du mur, tu le vois, un pull en guise d’écharpe autour du cou…Toi qui était réchauffé, tu as brusquement besoin d’être au chaud, malgré le feu qui te consume de l’intérieur.
Ses bras ressemblent à un foyer d’accueil, une envie forte d’y pénétrer te fait faire deux pas sans que tu t’en rendes comptes…
Tu veux le toucher, prétexter de jouer les docteurs pour lui prescrire tes propres médicaments, échanger ton écharpe contre ce pull qui remplace celle qu’il n’a pas, poser ta main sur son front pour prendre La température, glisser tes mains le long de ses joues pour arriver dans son cou, afin de prétexter de chercher des ganglions…Lui faire ouvrir la bouche, poser tes lèvres sur les siennes, le serrer dans tes bras et tout lui dire…Tu as encore fait un pas, et lui continue d’avancer. Vers toi ?
Encore en pleine imagination, tu as envie de lui dire de s’approcher deux minutes et de faire tout ce que tu viens d’imaginer…
Il te frôle en passant à côté de toi, et tu reviens doucement à la réalité, un peu déçu…Mais, tu as pu sentir son contact, son parfum, et puis…n’était-ce pas un sourire sur ses lèvres, lorsqu’il t’a vu le suivre des yeux de manière aussi peu discrète ?