SOULARDS
Nous les braves fumiers des tripots vaporeux,
Nous des chemins boueux et des faubourgs perdus,
Regardons la misère et le bon malheureux,
Et buvons d'un seul geste à son âme et son dû.
Nous les vins absorbés qui crachons sur la Lune,
Nous des femmes absentes et des viles amantes,
Qui nous frappent dessus nos gueules qui des hunes,
Savent boire à la source la sève des bacchantes.
Nous la honte et l'opprobre, nous les outres percées,
Sous un triste tombeau n'avons plus qu'à verser,
Sur nos chairs humiliées les larmes de l'orgueil :
« Nous, liqueurs de fièvre morte et sirupeuse,
N'avons plus qu'à tomber sous la bouche soyeuse,
De l'absinthe et du temps que couvriront les feuilles. »