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 [WIP] Instants de vie

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Tr0n

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Masculin Nombre de messages : 3306
Age : 44
Date d'inscription : 13/03/2008

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MessageSujet: [WIP] Instants de vie   [WIP] Instants de vie Icon_minitimeMar 21 Mai - 18:20

Dans le cadre de mon travail récurrent sur "Instants de vie", j'ouvre dans l'atelier un petit message modeste. Ici je vais essayer de montrer ma façon de travailler sur ces snapshots. Voici le dernier actuel après le premier jet sans aucun travail. Ce dernier texte vient d'une chanson d'Adrienne Pauly, ou plutôt d'une phrase qu'elle prononce qui me fait vibrer et qui articule toute la structure du texte : "le mégot s'écrase sur sa joue". Dans ce snapshot, je me souviens d'images d'un de mes cauchemars et j'y ajoute une grosse couche fictive pour le rendre "vivant". La première étape consiste à répéter la même structure plusieurs fois pour donner un aspect "prose poétique". Voilà ce que ça donne. Par la suite, j'essairais de montrer comment je bosse sur le "questionnement" qui est pour moi le noeud primordial de l'inspiration.

***

[JET numéro 1 - Temps de travail : 17 minutes / Aucune relecture]

- Ca fait mal hein ?
Le mégot s’écrase sur sa joue et brûle sa peau.
Il pleure de colère.
- Vas y crie encore…
La main fracasse sa tête sur la commode et l’assomme.
Il pleure de vengeance.

La juste punition d’une épouse pour « incartade nocturne » dans un vieux bar miteux. Pitoyable, elle dégage encore cette odeur de trahison, ces relents de mensonge. Elle exhale cette luxure : il la sent à des kilomètres. Elle veut prendre du plaisir dans les bras de ses marins avinés… Soit. Elle subira sa vindicte et son courroux. Elle le prend pour un con. Soit. Il va lui filer une branlée dont elle se souviendra. Elle est à lui, c’est son épouse. La sienne. Vous comprenez ? La sienne. En majuscule s’il le faut.

- Celle là tu l’as méritée !
Son pied heurte ses côtes, à terre, à demi consciente.
Il pleure toute sa haine.
- T’as compris ? Ca te suffit ?
Son pied compresse son visage sur le sol.
Il pleure. Tout court.

Un châtiment à la juste mesure de son infidélité : depuis quand une épouse modeste dandine son cul dans des endroits de débauche. Des coins minables où même lui n’allait pas pour la tromper. Ces « gens » l’ont vu, dans cette robe vermeil bien trop courte. Une aguicheuse, une prostituée de la rue des lampadaires en face des hangars.

- Tu te rends compte ? Ils vont dire quoi au boulot demain quand j’irais bosser ? Que je suis un mari cocu et que ma femme est une putain de salope qui s’envoie en l’air sur les quais ? Et gratos en plus !

Le visage tuméfié par les coups
- Mon chéri… J’étais juste chez Nadine…
- Te fous pas de ma gueule.
Il la roue de coups, s’attaque au visage une nouvelle fois. Ses coups de poing sonnent en cadence de l’horloge du salon. Jusqu’au sang. Ca le pique au fond. Où ? Là droit dans la poitrine. Elle est belle. Elle était belle. Il possède sa beauté. Elle est à lui. La sienne. Vous comprenez ? C’est la sienne. En majuscule s’il le faut.

- Tu te rends compte ? En plus tu me mens. Je sais où t’étais, le numéro de téléphone dans ton sac. Me prends pas pour un débile : je sais tout. Tu vois, je sais tout ! C’est qui ? Ils étaient combien ? Je vais aller leur défoncer le crâne.

Quatre ans plus tôt.
Sur un chemin de campagne, dans les vastes forêts verdoyantes du sud de la France, ils se promènent. Les hirondelles sont de retour ; le printemps s’affiche comme une jouvencelle qui découvre le bonheur de l’amour. Il l’embrasse, les oiseaux gazouillent, pépient, et s’envolent des branchages. Les vieux rameaux de l’hiver craquent sous leur pied et la brise fraîche et délicieuse accueille en son sein les amants. Leurs lèvres se séparent puis se retrouvent, font naître le désir au creux des reins. Tendrement, subtilement, leurs sourires niais, ils se regardent planter au milieu des cyprès. Brève accalmie annonçant la chaleur à venir, la fusion des corps dans les vignes à l’orée.
- Je t’aime.
- Je t’aime aussi ma chérie.
- Je t’aime, je t’aime, je t’aime.
- Mademoiselle voudriez vous m’épouser ?
- Oui !
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MessageSujet: Re: [WIP] Instants de vie   [WIP] Instants de vie Icon_minitimeJeu 23 Mai - 12:54

Travail classique que j'effectue sur une nouvelle, généralement rapidement. J'évoque ici ma façon de procéder. Je n'ai pas encore terminé les premières retouches. La forme prend progressivement le pas sur le fond. Je réfléchis donc à l'expression de chaque sentiment au travers des mots et des structures. Petit à petit tout en me posant des questions pour aboutir à l'expression exacte de ce que je souhaite retranscrire. On est pas dans le "snapshot" facile et rapide : je suis dans la réflexion là.

[JET numéro 2 - Temps de travail : 10 minutes + Rédaction des idées]

- Ca fait mal hein ?
Le mégot s’écrase sur sa joue et brûle sa peau.
Il pleure de colère.
- Vas y crie encore…

Citation :
Crier c’est moins fort que gueuler. Vas y gueule encore…

La main fracasse sa tête sur la commode et l’assomme.
Il pleure de vengeance.

La juste punition d’une épouse pour « incartade nocturne » dans un vieux bar miteux.

Citation :
Rajouter un « ses » entre pour et incartade et supprimer les guillemets. L’idée initiale c’est de personnifier le terme incartade, mais je trouve que c’est proprement inutile sans ce cas là au final.

Pitoyable, elle dégage encore cette odeur de trahison, ces relents de mensonge.

Citation :
J’adore jouer des mots sur les odeurs, je les trouve bien plus marquant que la vue ou les sensations. Dégager une odeur oui… Mais je vais préférer « émaner ». Elle émane encore cette odeur de trahison.

Elle exhale cette luxure : il la sent à des kilomètres.

Citation :
Il manque cruellement d’un lien, d’un adjectif, d’un truc qui donne plus de corps à cette phrase. Exhaler la luxure : oui. Mais il manque le « moche », le « laid », le peu ragoutant de la luxure dans les vieux bars miteux. Bon, je réfléchis donc. Il me faut des mots pour exprimer ça. Que ressent donc le type ? Il doit avoir l’impression qu’elle pue cette sueur qu’on sent lorsqu’on fait l’amour. Comment l’exprimer ? A la façon des marins du port d’Amsterdam : la puanteur ? Un peu facile comme mot… Je cherche… Les remugles ? Moué, ça va être trop compliqué… Fétide, pestilence… Ah tiens je tiens un truc là.

La senteur à des kilomètres c’est un peu léger. Inutile. L’intérêt est bien de marquer qu’elle lui attaque le pif et les narines. Je préfère donc mettre l’accent sur le champ lexical de l’odeur : une bonne triplette devrait suffire au lecteur à mieux imaginer.

Elle exhale cette luxure fétide des remugles de la sueur. Gravé sur sa peau, la puanteur du sexe.

Peut être que je devrais réfléchir sur la sueur : à voir un peu plus tard. Là j’ai coupé la phrase, et pas de verbe dans la seconde. Structure non définitive mais je m’approche de l’idée. J’ai particulièrement alourdi la phrase : c’est volontairement, je veux que le lecteur soit pris par la lourdeur de cette odeur. J’aimerais aussi par la suite marquer cette jalousie maladive qui implique une certaine peur.

Elle veut prendre du plaisir dans les bras de ses marins avinés… Soit. Elle subira sa vindicte et son courroux. Elle le prend pour un con. Soit. Il va lui filer une branlée dont elle se souviendra. Elle est à lui, c’est son épouse. La sienne. Vous comprenez ? La sienne. En majuscule s’il le faut.

Citation :
Là je veux montrer le sentiment de possessivité au travers d’un changement de ton pour rentrer dans la tronche du personnage masculin. Je ne l’ai pas fait « progressivement ». La transition se fait sur le « Elle le prend pour un con ». Je deviens volontairement familier car je me mets dans la peau du type. Filer trop light : foutre, bien meilleur. Cette notion de possession pour la marquer bien au fer rouge dans tout le texte : je vais la répéter. Solution simple pour bien marteler le lecteur.

- Celle là tu l’as méritée !

Citation :
Non mieux : tu l’as « bien » méritée. J’hésite toujours à mettre le petit mot gentil : « salope ». C’est quand même ce qu’il pense au fond de lui. Mais non, je dois absolument me retenir, le personnage se prend surtout pour « papa » qui n’a aucune conscience de l’existence de sa femme en tant qu’être humain.

Son pied heurte ses côtes, à terre, à demi consciente.
Il pleure toute sa haine.
- T’as compris ? Ca te suffit ?
Son pied compresse son visage sur le sol.
Il pleure. Tout court.

Citation :
Je reprends la même structure. Elle ne me satisfait pas tout à fait. Oui il pleure, mais il faut bien que j’arrive à montrer que c’est principalement dû à la colère et à l’adrénaline. Là pour le moment je n’ai pas d’idées originales : je répète donc la structure dans l’attente d’un truc qui pète bien.

Un châtiment à la juste mesure de son infidélité : depuis quand une épouse modeste dandine son cul dans des endroits de débauche. Des coins minables où même lui n’allait pas pour la tromper. Ces « gens » l’ont vu, dans cette robe vermeil bien trop courte. Une aguicheuse, une prostituée de la rue des lampadaires en face des hangars.

Citation :
Alors là le début ne va pas du tout. J’ai choisi au dessus d’avoir des sensations décrites de manière « littéraire » et lorsqu’on touche au type : du familier. « depuis quand » c’est moche : double mot qui sert à rien, certes on l’utilise à l’oral mais là ça me va pas.

Des épouses modestes qui dandinent leur cul dans ces endroits de débauche : il n’avait jamais osé la tromper dans ces coins minables.

C’est pas encore ça. Non je reviens plus à marquer la possession : à ne surtout pas oublier tout le long du texte.

Sa modeste épouse qui dandine son cul dans cet endroit de débauche… Jamais il n’avait osé la tromper dans ces coins minables.

Tiens en parlant de coins, et de minables. Je vais me faire une petite séance de réflexion sur le champ lexical du « bar miteux ». J’imagine. Bon : y a des traine-misères, des crève-la-faim, ça vagabonde à la recherche des putains. Y a du désespoir. Oui. Le mec doit en ressentir un peu. Le comportement de sa femme est pour lui : abject, lamentable, scandaleux, répréhensible. Oui. Je pourrais même faire un lien moraliste et religieux. Hum.
Il faut que j’accentue encore le fait que le personnage principal croit véritablement en sa justification. Mais je veux aussi donner des indices comme quoi c’est un vrai salopard qui s’octroie lui le droit de ne pas suivre la bonne morale. L’idée donc tourne autour du « Jamais ». Je vais le répéter plusieurs fois, et énumérer les sensations pour arriver dans le vif du sujet.

Jamais il n’avait imaginé qu’elle joue la putain pour ces abjects traine-misère. Jamais il ne l’avait cru capable d’offrir lamentablement ses seins aux regards concupiscents de ces crève-la-dalle.

Citation :
Il va encore manquer des éléments. La subordonnée alourdit beaucoup la répétition et ne facilite pas la lecture : le principe « jamais » + plus que parfait + subordonnée est coûteux quand on l’exprime à haute voix. Il faudra que je médite là dessus.
*** Je m’arrête ici, j’ai travaillé 10 minutes ***


- Tu te rends compte ? Ils vont dire quoi au boulot demain quand j’irais bosser ? Que je suis un mari cocu et que ma femme est une putain de salope qui s’envoie en l’air sur les quais ? Et gratos en plus !

Le visage tuméfié par les coups
- Mon chéri… J’étais juste chez Nadine…
- Te fous pas de ma gueule.
Il la roue de coups, s’attaque au visage une nouvelle fois. Ses coups de poing sonnent en cadence de l’horloge du salon. Jusqu’au sang. Ca le pique au fond. Où ? Là droit dans la poitrine. Elle est belle. Elle était belle. Il possède sa beauté. Elle est à lui. La sienne. Vous comprenez ? C’est la sienne. En majuscule s’il le faut.

- Tu te rends compte ? En plus tu me mens. Je sais où t’étais, le numéro de téléphone dans ton sac. Me prends pas pour un débile : je sais tout. Tu vois, je sais tout ! C’est qui ? Ils étaient combien ? Je vais aller leur défoncer le crâne.

Quatre ans plus tôt.
Sur un chemin de campagne, dans les vastes forêts verdoyantes du sud de la France, ils se promènent. Les hirondelles sont de retour ; le printemps s’affiche comme une jouvencelle qui découvre le bonheur de l’amour. Il l’embrasse, les oiseaux gazouillent, pépient, et s’envole des branchages. Les vieux rameaux de l’hiver craquent sous leur pied et la brise fraîche et délicieuse accueille en son sein les amants. Leurs lèvres se séparent puis se retrouvent, font naître le désir au creux des reins. Tendrement, subtilement, leurs sourires niais, ils se regardent planter au milieu des cyprès. Brève accalmie annonçant la chaleur à venir, la fusion des corps dans les vignes à l’orée.
- Je t’aime.
- Je t’aime aussi ma chérie.
- Je t’aime, je t’aime, je t’aime.
- Mademoiselle voudriez vous m’épouser ?
- Oui !
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