Nombre de messages : 1018 Age : 30 Localisation : Dans ton coeur Date d'inscription : 13/12/2012
Personnages RP Pseudo: Jésus Pseudo : Vincent Bidalère Pseudo : Eric Couyalère
Sujet: Débranche-moi Lun 3 Juin - 21:22
A la tombée de la nuit, quand dans le ciel les nuages sont gris, je fixe l'horizon et cherche ma raison. Parfois je regrette, parfois je l’accepte. Quand les nuages s'en vont et que dans le ciel apparaissent les étoiles, je cherche. Je cherche un signe. Je cherche une voix. Mon chemin. La foi. La paix. Mon amour perdu. Et puis quand les nuages reviennent me cacher ces lumières qui scintillent, je me mets à genoux et je prie. Enfin, lorsque dans mon lit je m'éteins, mes rêves voyagent vers l'être jadis aimé.
"A la une de l'actualité cette femme, Béatrice, 47 ans qui relance le débat sur l'euthanasie. En effet, celle-ci a était mise en garde à vue ce matin pour homicide volontaire. La victime, Thierry, 51 ans, mari de Béatrice était paraplégique et ne survivait que grâce à une assistance médicale constante. Elle dit, je cite : « je ne suis pas un assassin, j'ai fais ce que je devais faire, pour lui, pour moi et pour mes enfants."
Je visionne souvent cette cassette, pour me rappeler la vague d'émotion qu'avait suscité l’événement. Mais aussi pour garder en mémoire tous les souvenirs de chaque moment vécu avec mon mari, même après sa mort. Certains m'ont insulté d'assassin, de monstre. D'autres m'ont félicité, des malades tels que Didier me remerciait d'avoir fait bouger les choses. Il m'a marqué cet homme...il souffrait de neurofibromatoses, une maladie incurable et dégénérative. A ce moment de « sa vie », la douleur ne le quittait plus (Je dis « vie » mais est-ce vraiment la vie de passer sont temps à l’hôpital, d’avoir sans cesse mal et de ne vouloir que mourir ?). Le pauvre souffrait tellement, mon dieu qu'il souffrait...après sa vingtième opération, il a vu mon arrestation depuis la télévision de sa chambre d'hôpital. Il était outré, scandalisé, révolté par ce manque de compréhension de la part des opposants à l'euthanasie. "Combien de fois ai-je demandé aux infirmières de soulager ma douleur..." disait-il. A partir de ce jour, il n'a plus jamais voulu retourner dans un hôpital et s'est laissé mourir chez lui, seul avec lui même et Dieu.
Thierry, mon mari, mon sublime et merveilleux époux. Grand, brun, les yeux vert vif, toujours à la recherche de sensation. Il était un compagnon de tous les jours parfait, après 20 années de mariage nous étions toujours amoureux, et plus encore. Il m'a donné deux beaux et grands garçons, Luc et Eric. Nous avions tout pour être heureux. La seule chose qui manquait à mon mari, il l'a répété tant de fois, ce sont des ailes. "Je vis pour voler, écouter le vent me parler quand je suis seul avec lui dans le ciel". Le saut en parachute, une passion. J'avais peur mais je n'allais pas le priver de sa raison d'être. Il sautait dans le vide une trentaine de fois chaque année. Mais un jour, ce que je craignais le plus au monde est arrivé. A la tombée de la nuit, le ciel était gris. Thierry avait fait un saut en parachute dans l'après-midi. Je ne m’inquiétais pas, il restait toujours jusqu'à tard le soir avec ses amis pour raconter leurs frissons respectifs autour d’un apéritif. Le téléphone se mit à sonner. Au bout du fil, un ami de Thierry :
- Béatrice, dit-il d'une voix tremblante. - Salut Christophe ! Comment vas-tu ? - Ecoute-moi ! Il y a eu un accident, Thierry est à l'hôpital dans un état critique.
Je n'entendis pas le téléphone s'éclater sur le carrelage blanc de la maison. Mon fils me secouait pour me demander ce qu'il se passait mais je n'entendais rien, ne sentais plus rien. La monde que nous nous étions crée venait d'exploser, son souffle puissant me propulsant dans le néant et plus loin encore. Je n’avais plus de raison, plus de voix, plus de paix, plus d’amour, plus de dieux. En seulement une dizaine de secondes ma vie, notre vie était détruite, anéantie. Mes rêves et mes projets s’envolaient, soufflés par la puissance impartiale et sans appel du destin. J’ai cessé de croire en la vie et Dieu. J’ai basculé dans la partie la plus sombre de mon être, cette partie où le cœur n’existe pas, que l’âme n’est qu’une vulgaire décoration de table, ou la saveur du pain équivaut à celle de la cendre. Après avoir amené les enfants chez ma sœur et avoir attendu pendant des heures à l’hôpital, dans une salle ou une infirmière essayait de calmer le choc que je subissais, le chirurgien me fit part de la terrible nouvelle : « votre mari va s'en sortir, il a eu beaucoup de chance ! Malheureusement la colonne vertébrale a été sévèrement touchée, il ne pourra plus jamais marcher…L’ensemble de ses organes ont été touchés eux aussi, nous devons le laisser sous respiration artificielle. Je préfère être franc avec vous madame, votre mari ne pourra jamais plus vivre sans une assistance médicale constante. Je suis désolé. ». J’ai demandé à le voir mais on me l’a interdit. Je suis donc rentrée chez moi, l’hôpital fit appel à un taxi car je n’étais pas en état de conduire. Je n’avais pas pleuré encore, je ne réalisais pas, je ne voulais pas y croire tant que je n’avais pas vu mon mari. Mais, assise dans mon canapé, en tournant la tête sur le meuble en bois vernis ou je rangeais mes documents, mon regard croisa celui de mon mari…une photo. J’ai fondu en larme. Mon cœur, mon âme et mon corps étaient devenus jouet de la souffrance, amuse-gueules de la dépression.
Les enfants…mon Dieu, je parle de souffrance mais que doivent ressentir mes deux petits anges ? Quelle égoïste je fais à parler de moi, toujours de moi ! Je ne savais comment leur annoncer, sans les perturber ni ne tomber sous le poids des larmes devant eux. Deux jours après l’accident, je me rendis chez ma sœur, Sylvie, une femme généreuse, toujours là quand j’ai eu besoin d’aide. J’ai toujours été étonné qu’une femme aussi belle et gentille soit restée célibataire aussi longtemps. Ses premières paroles ont été de me rassurer sur l’état psychologique de mes enfants : « ils vont bien ma chérie, ne t’en fais pas pour eux ». En effet, les enfants jouaient dans l’herbe, avec Hector le jeune chihuahua de Sylvie, comme si de rien n’était. A les regarder, j’ai un peu retrouvé de la sensation que l’on éprouve lorsque l’on croque à pleines dents dans le bonheur. Après m’avoir fait de gros câlins, ils me demandèrent où était leur père. J’étais comme pétrifié à l’entente de cette question, comme si mes enfants m’avaient mis un grand coup de massue au cœur. Ma sœur est tout de suite intervenue en disant aux enfants d’aller jouer et m’emmena à l’intérieur.
- Café ? - Oui, s’il te plaît…merci d’être intervenue Sylvie, je ne sais pas comment faire avec les enfants… - N’attends pas Béatrice, dit leur dès que vous rentrerez et emmène les à l’hôpital dès que vous pourrez voir Thierry. C’est la meilleure chose à faire…
Quelle femme extraordinaire, elle réussit à me faire sourire dans n’importe quelle situation. Je ne serais sûrement plus à vous conter cette histoire si elle n’avait pas été présente dans ma vie. En revenant à la maison, j’ai pris mon courage à deux bras et j’ai annoncé la nouvelle aux enfants. Je pense qu’ils se doutaient que quelque chose n’allait pas en me voyant, j’étais si pâle, un corps ou l’âme était en déroute quelque part dans l’univers. Je me faisais peur. Les enfants n’ont pas montré leur tristesse, ils m’ont fait un câlin tous les deux et nous sommes allés nous coucher. Cette nuit là, comme celles d’avant, je n’ai guère réussit à dormir. Le temps semblait s’écouler si lentement qu’il paraissait reculer. Plus rien ne serait plus jamais pareil me disais-je, et j’avais raison. Je voulais tant que tout ça ne soit qu’un rêve, que Thierry soit endormi à côté de moi, qu’il se réveille et qu’il vienne m’embrasser…mais le cauchemar était réel.
Après plusieurs mois d’angoisse et d’insomnies, l’état de mon tendre époux s’est stabilisé et il est rentré à la maison. Les deux premiers mois, il n’a pipé mots, n’a manifesté aucun signe de vie. Il était paralysé de la base du cou jusqu’aux orteils, un infirmier venait donc chaque jour lui faire sa toilette, contrôler le bon fonctionnement des machines et essayer de lui redonner le goût à la vie. J’étais dans mon lit et lui dans le sien. Je l’entendais pleurer le soir, mais je ne bougeais pas, j’attendais que la nuit passe. Il refusait de manger et devait être nourri grâce à une perfusion. Très souvent, il ressentait ce que les médecins appellent des « douleurs fantômes » qui le faisaient horriblement souffrir. Ses organes, sévèrement atteints, lui infligeaient constamment de terribles douleurs. Après ces deux mois, Eric et Luc sont allés lui parler, ils voulaient que leur père soit comme avant, toujours à les pousser à se dépasser. A l’époque, il leur disait constamment que, quoi qu’il arrive, ils devaient être toujours plus forts, tirer du bon sur tout ce que la vie leur apporterait et leur ferait subir. Les paroles de nos enfants nous ont tous les deux touchés au plus profond. Thierry a tourné la tête vers moi et les enfants et nous a dit de venir lui faire un câlin. Nous nous étions enfin retrouvés.
Peu à peu, Thierry a repris goût à la vie. Il me le dira souvent : « les enfants et toi m’avaient ouvert les yeux ». Malgré le traitement très lourd et le défilé d’infirmier, de médecins, malgré les douleurs, il revivait, restait fort. Je l’admirais et l’admirerai jusqu’à la fin de mes jours. Un être exceptionnel. Nous avions fait adapter le lit pour qu’il puisse dormir avec moi. Au bout d’un an, je ressentais un manque. On en avait vaguement parlé mais il était trop gêné pour poursuivre la conversation. J’avais envie de lui et lui de moi. Faire l’amour avec un tétraplégique est quelque chose de très difficile, j’en sais quelque chose. Nous n’osions pas parler de sexe, encore moins pratiquer. Il avait des érections mais ne le sentait pas, il ne maîtrisait absolument rien de son corps et il en souffrait vraiment. Il me sollicitait à aller voir un autre homme pour me satisfaire mais jamais je n’aurais pu aller voir quelqu'un d’autre que lui, il était l’objet de toutes mes envies, de tous mes fantasmes. Personne ne pourrait me donner autant de plaisir que lui. Et puis un jour, alors que nous nous apprêtions à dormir, il tourna la tête vers moi et me regarda avec passion. Je l’ai embrassé, comme à l’époque, nous avons oublié le handicap, les souffrances. Il m’a murmuré à l’ oreille « j’ai envie de toi ». Nous avons fais l’amour, pour la première fois depuis l’accident. Ça n’a pas duré longtemps, il ne pouvait pas maîtriser ses éjaculations mais ce n’était rien. Nous avions ressentit l’envie et la passion que procure une relation sexuelle avec la personne que l’on aime, c’était ça mon manque. Après plusieurs fois, nous arrivions à trouver satisfaction. Je lui caressais le visage, les cheveux. Il trouvait son plaisir comme il le pouvait.
Peu à peu, les années filèrent, l’handicap de Thierry était devenu normal, nous avions retrouvé un rythme. Les enfants grandissaient, ils devenaient des hommes. Eric allait passer sont bac et Luc entrait en fac de droit. Tous deux réussissaient dans tous leurs projets, j’étais si fier d’eux. Un jour, alors que je rentrais des courses, j’entendais Thierry pleurer. Affolée je suis allée le voir et lui ai demandé ce qu’il se passait.
- « Béatrice…si tu m’aimes…débranche moi », dit-il tout doucement en sanglotant. - « Mais je ne peux… » - « POUR L’AMOUR DE DIEU, hurla t-il soudain de colère et de tristesse, JE NE VIS PLUS, JE SUIS UN PANTIN DANS UN LIT ! JE VEUX MOURIR… ».
A partir de ce jour, plus rien ne fut plus jamais pareil pour moi et les enfants. Thierry refusait à nouveau de manger, il perdait du poids. Ses cheveux étaient devenus gris et commençaient à tomber. Les médecins lui firent des examens pour savoir d’où venait la perte soudaine de ses cheveux mais ne trouvèrent rien. Ils conclurent que mon mari était dans un état de dépression exceptionnel. Il ne souriait plus. Ne parlait pratiquement plus. Un jour, il a demandé à Eric et à Luc de le débrancher. Ils ont paniqué, Luc est parti de la maison ce jour là et est parti vivre chez ma sœur, le temps de retrouver son calme. Je ne pouvais couper les machines qui maintenaient Thierry en vie. Comment pourrais-je laisser partir la personne qui compte le plus pour moi ? Bientôt, ses seules paroles étaient sur le fait qu’il ne vivait pas, qu’il souffrait et qu’il ne voulait qu’une chose : mourir. Une nuit, la douleur a été plus forte que d’habitude. Il n’arrivait plus à respirer et il a dû être conduit d’urgence à l’hôpital. Il a été opéré huit fois pour maintenir ses organes en vie. L’année qui a suivi, il l’a passé à l’hôpital, entre la vie et la mort. Eric était revenu à la maison, au moment où j’avais le plus besoin de lui et de Luc. Je fis part des envies de mourir au médecin qui le suivait :
- « Vous savez Béatrice, dit le docteur, il n’est pas simple pour un tétraplégique de trouver une raison de vivre. Je comprends sa douleur mais je ne peux rien faire. L’euthanasie n’est pas autorisée en France. Votre mari m’a déjà demandé plusieurs fois d’en finir avec ses souffrances, seuls mes traitements peuvent le soulager. »
Et puis, avec le temps, Eric et Luc étaient de plus en plus proches de leur père. Ils parlaient souvent quand je n’étais pas là. Ils me firent comprendre qu’ils voulaient aider Thierry à soulager sa douleur. Je suis alors entrée dans une colère folle, j’ai hurlé que l’idée même ne devait pas leur venir à l’esprit, qu’ils étaient monstrueux de vouloir tuer leur père. Après la colère, j’ai regretté. Oh oui, j’ai tellement regretté d’avoir prononcé de tels propos. J’ai longuement parlé avec Thierry et mes fils, ils m’ont ouvert les yeux.
Et puis vint ce soir d’octobre. Le ciel était rempli de milles étoiles étincelantes, la lune était cachée derrière les nuages. Nous étions tous ensemble, moi, Thierry, Luc et Eric. Nous avions mis un cd de musique classique, le préféré de l’amour de ma vie. Nous étions tous ensemble sur le lit placé devant la fenêtre, à contempler les étoiles. La lune sortie de derrière les nuages et vint faire briller les larmes qui coulaient le long de nos joues. Le bip qui contrôlait le rythme cardiaque de Thierry s’accélérait au fur et à mesure que les secondes passaient mais personne ne l’écoutait. La décision a été longue à prendre mais elle était prise, elle était sans appel, qu’importe les conséquences, notre âme et notre cœur le voulaient. Eric alla prendre le verre posé sur le sol, à côté du lit et me le donna. Mon mari me fit signe de la tête, ouvrit la bouche et but tout le contenu du verre. Notre étreinte fit encore plus forte, nous ne faisions plus qu’un. Déjà les somnifères commençaient à faire leur effet. Thierry avait les yeux qui se fermaient, le bip s’accélérait encore. Il n’y avait qu’un fil à débrancher, un seul et toute la souffrance le quitterait à jamais, il serait libéré, enfin…Ma main s’approcha du fil, Thierry et mes fils me regardaient, me donnaient la force. Et puis le monde trembla, partout les anges envoyés de Dieu vinrent tout autour de nous, posèrent leur mains sur celle qui tenait le fil. Les étoiles foncèrent droit sur nous et à l’impact, ma main tira le fil. Au bord du pays des rêves, il prononça ces mots :
- Je suis heureux… Thierry s’endormit. Les secondes s’écoulèrent et le bip devint constant. Les anges s’approchèrent, doucement, avec amour. Ils prirent l’âme de l’homme de ma vie et s’envolèrent avec lui, rejoindre les étoiles, traverser l’univers et continuer plus loin encore.
« Ton rêve s’est réalisé, tu voles maintenant ».
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dale cooper
Nombre de messages : 7649 Age : 46 Date d'inscription : 08/09/2008
Personnages RP Pseudo: Pseudo : ▲ Pseudo :
Sujet: Re: Débranche-moi Jeu 6 Juin - 19:05
Bon j'ai suivi ton conseil et j'ai lu avec attention ce texte.
Dans le noir dans mon lit à une heure du mat' sur mon petit écran d'ipouce.
Je t'avouerai que ça m'a un peu déprimé sur le coup (pour ne pas dire another brick in the wall de ma dépression qui couve !).
D'un autre côté je l'ai trouvé très touchant, parce que honnête et "pur", et mine de rien ça devient rare dans cette drôle d'ambiance de déni généralisé (je parle de l'ambiance générale de 2013 ! aussi bien à la télé que sur le net que dans les couloirs du boulot ou de la fac !). Tu flirtes habilement avec le larmoyant, sans jamais tomber dans le grand et lourd pathos assumé. Bel exercice d'équilibriste (tu demanderas des nouvelles à Chikoun ^^). Il y a un fil de sincérité qui tient tout au long de l'histoire, un regard à la fois intime et narratif, émouvant mais pas complaisant.
En fait ça rend l'émotion particulièrement tangible, c'est ce qui m'a le plus étonné.
A la fin du texte, on ressent un réel élan de compassion et une lueur d'espoir, un infime espoir renouvelé pour la vie, pour ce qu'elle est dans sa plus simple expression, au delà des impératifs quotidiens et mesquins qui la parasitent.
J'aime pas être touché à ce point par un texte ! C'es trop dérangeant !
Bon alors du point de vue "technique" : moins de fautes de grammaire (toujours un peu mais moins) et ça c'ets bien.
J'ai quand même toujours un peu de doute sur ta tendance à faire de trop longues énumérations :
Citation :
Quand les nuages s'en vont et que dans le ciel apparaissent les étoiles, je cherche. Je cherche un signe. Je cherche une voix. Je cherche mon chemin. Je cherche la foi. Je cherche la paix. Je cherche mon amour perdu.
outch ! 7 occurrences, ça fait beaucoup je trouve. En fait on perd vite l'impact des mots et des sentiments. L'esprit décroche rapidement et l'effet perd de sa force, là où, justement, il cherche à appuyer la multitude de sentiments contradictoires.
Madde
Nombre de messages : 187 Age : 32 Localisation : Dans le palais de sel, au-delà du désert Date d'inscription : 22/02/2012
Personnages RP Pseudo: Pseudo : Pseudo :
Sujet: Re: Débranche-moi Lun 17 Juin - 22:54
Spoiler:
À la tombée de la nuit, quand dans le ciel les nuages sont gris, je fixe l'horizon et cherche ma raison. Parfois je regrette, parfois je l’accepte. Quand les nuages s'en vont et que dans le ciel apparaissent les étoiles, je cherche. Je cherche un signe. Je cherche une voix. Je cherche mon chemin. Je cherche la foi. Je cherche la paix. Je cherche mon amour perdu. Et puis quand les nuages reviennent me cacher ces lumières qui scintillent, je me mets à genoux et je prie. Enfin, lorsque dans mon lit je m'éteins, mes rêves voyagent vers l'être jadis aimé.
« À la une de l'actualité cette femme, Béatrice, 47 ans qui relance le débat sur l'euthanasie. En effet, celle-ci a été mise en garde à vue ce matin pour homicide volontaire. La victime, Thierry, 51 ans, mari de Béatrice était paraplégique et ne survivait que grâce à une assistance médicale constante. Elle dit, je cite : « Je ne suis pas un assassin, j'ai fait ce que je devais faire, pour lui, pour moi et pour mes enfants. » »
Je visionne souvent cette cassette, pour me rappeler la vague d'émotions qu'avait suscité l’événement. Mais aussi pour garder en mémoire tous les souvenirs de chaque moment vécu avec mon mari, même après sa mort. Certains m'ont insultée (le verbe est maladroit, préférer plutôt « traiter de », qui, selon le Larousse, n'est pas familier) traitée d'assassin, de monstre. D'autres m'ont félicitée, des malades tels que Didier me remerciaient (ce sont « des malades » qui remercient) d'avoir fait bouger les choses. Il m'a marquée cet homme... il souffrait de neurofibromatoses, une maladie incurable et dégénérative. À ce moment de sa « vie », la douleur ne le quittait plus (je dis « vie » mais est-ce vraiment la vie de passer son[-t] temps à l’hôpital, d’avoir sans cesse mal et de ne vouloir que mourir ?). Le pauvre souffrait tellement, mon dieu qu'il souffrait... après sa vingtième opération, il a vu mon arrestation depuis la télévision de sa chambre d'hôpital. Il était outré, scandalisé, révolté par ce manque de compréhension de la part des opposants à l'euthanasie. « Combien de fois ai-je demandé aux infirmières de soulager ma douleur... » disait-il. À partir de ce jour, il n'a plus jamais voulu retourner dans un hôpital et s'est laissé mourir chez lui, seul avec lui-même et Dieu.
Thierry, mon mari, mon sublime et merveilleux époux. Grand, brun, les yeux vert vif, toujours à la recherche de sensation. Il était un compagnon de tous les jours parfait, après vingt (d'une manière générale, on écrit les chiffres et les nombres en lettres) années de mariage nous étions toujours amoureux, et plus encore. Il m'a donné deux beaux et grands garçons, Luc et Éric. Nous avions tout pour être heureux. La seule chose qui manquait à mon mari, il l'a répété tant de fois, ce sont des ailes. « Je vis pour voler, écouter le vent me parler quand je suis seul avec lui dans le ciel. » Le saut en parachute, une passion. J'avais peur mais je n'allais pas le priver de sa raison d'être. Il sautait dans le vide une trentaine de fois chaque année. Mais un jour, ce que je craignais le plus au monde est arrivé. À la tombée de la nuit, le ciel était gris. Thierry avait fait un saut en parachute dans l'après-midi. Je ne m’inquiétais pas, il restait toujours jusqu'à tard le soir avec ses amis pour raconter leurs frissons respectifs autour d’un apéritif. Le téléphone se mit à sonner. Au bout du fil, un ami de Thierry : - Béatrice, dit-il d'une voix tremblante. - Salut Christophe ! Comment vas-tu ? - Écoute-moi ! Il y a eu un accident, Thierry est à l'hôpital dans un état critique.
Je n'entendis pas le téléphone s'éclater sur le carrelage blanc de la maison. Mon fils me secouait pour me demander ce qu'il se passait mais je n'entendais rien, ne sentais plus rien. Le monde que nous nous étions créé venait d'exploser, son souffle puissant (le souffle de qui ou de quoi ?) me propulsant dans le néant et plus loin encore. Je n’avais plus de raison, plus de voix, plus de paix, plus d’amour, plus de dieux (j'aime beaucoup cette phrase). En seulement une dizaine de secondes ma vie, notre vie était détruite, anéantie. Mes rêves et mes projets s’envolaient, soufflés par la puissance impartiale et sans appel du destin. J’ai cessé de croire en la vie et Dieu. J’ai basculé dans la partie la plus sombre de mon être, cette partie où le cœur n’existe pas, où [-que] l’âme n’est qu’une vulgaire décoration de table, où la saveur du pain équivaut à celle de la cendre.
Après avoir amené les enfants chez ma sœur et avoir attendu pendant des heures à l’hôpital, dans une salle où une infirmière essayait de calmer le choc que je subissais, le chirurgien me fit part de la terrible nouvelle : « Votre mari va s'en sortir, il a eu beaucoup de chance ! Malheureusement la colonne vertébrale a été sévèrement touchée, il ne pourra plus jamais marcher… L’ensemble de ses organes ont été touchés eux aussi, nous devons le laisser sous respiration artificielle. Je préfère être franc avec vous madame, votre mari ne pourra jamais plus vivre sans une assistance médicale constante. Je suis désolé. ». J’ai demandé à le voir mais on me l’a interdit. Je suis donc rentrée chez moi, l’hôpital fit appel à un taxi car je n’étais pas en état de conduire. Je n’avais pas pleuré encore, je ne réalisais pas, je ne voulais pas y croire tant que je n’avais pas vu mon mari. Mais, assise dans mon canapé, en tournant la tête sur le meuble en bois vernis où je rangeais mes documents, mon regard croisa celui de mon mari… une photo. J’ai fondu en larme. Mon cœur, mon âme et mon corps étaient devenus jouets de la souffrance, amuse-gueules de la dépression.
Les enfants… mon Dieu, je parle de souffrance mais que doivent ressentir mes deux petits anges ? Quelle égoïste je fais à parler de moi, toujours de moi ! Je ne savais comment leur annoncer, sans les perturber ni ne tomber sous le poids des larmes devant eux. Deux jours après l’accident, je me rendis chez ma sœur, Sylvie, une femme généreuse, toujours là quand j’ai eu besoin d’aide. J’ai toujours été étonnée qu’une femme aussi belle et gentille soit restée célibataire aussi longtemps. Ses premières paroles ont été de me rassurer sur l’état psychologique de mes enfants : « Ils vont bien ma chérie, ne t’en fais pas pour eux ». En effet, les enfants jouaient dans l’herbe, avec Hector le jeune chihuahua de Sylvie, comme si de rien n’était. À les regarder, j’ai un peu retrouvé de la sensation que l’on éprouve lorsque l’on croque à pleines dents dans le bonheur. Après m’avoir fait de gros câlins, ils me demandèrent où était leur père. J’étais comme pétrifié à l’entente de cette question, comme si mes enfants m’avaient mis un grand coup de massue au cœur. Ma sœur est tout de suite intervenue en disant aux enfants d’aller jouer et m’emmena à l’intérieur.
- Café ?
- Oui, s’il te plaît…merci d’être intervenue Sylvie, je ne sais pas comment faire avec les enfants…
- N’attends pas Béatrice, dit leur dès que vous rentrerez et emmène-les à l’hôpital dès que vous pourrez voir Thierry. C’est la meilleure chose à faire…
Quelle femme extraordinaire, elle réussit à me faire sourire dans n’importe quelle situation. Je ne serais sûrement plus à vous conter cette histoire si elle n’avait pas été présente dans ma vie. En revenant à la maison, j’ai pris mon courage à deux bras et j’ai annoncé la nouvelle aux enfants. Je pense qu’ils se doutaient que quelque chose n’allait pas en me voyant, j’étais si pâle, un corps où l’âme était en déroute quelque part dans l’univers. Je me faisais peur. Les enfants n’ont pas montré leur tristesse, ils m’ont fait un câlin tous les deux et nous sommes allés nous coucher. Cette nuit-là, comme celles d’avant, je n’ai guère réussi[-t] à dormir. Le temps semblait s’écouler si lentement qu’il paraissait reculer. Plus rien ne serait plus jamais pareil me disais-je, et j’avais raison. Je voulais tant que tout ça ne soit qu’un rêve, que Thierry soit endormi à côté de moi, qu’il se réveille et qu’il vienne m’embrasser… mais le cauchemar était réel.
Après plusieurs mois d’angoisse et d’insomnies, l’état de mon tendre époux s’est stabilisé et il est rentré à la maison. Les deux premiers mois, il n’a pipé mots, n’a manifesté aucun signe de vie. Il était paralysé de la base du cou jusqu’aux orteils, un infirmier venait donc chaque jour lui faire sa toilette, contrôler le bon fonctionnement des machines et essayer de lui redonner le goût à la vie. J’étais dans mon lit et lui dans le sien. Je l’entendais pleurer le soir, mais je ne bougeais pas, j’attendais que la nuit passe. Il refusait de manger et devait être nourri grâce à une perfusion. Très souvent, il ressentait ce que les médecins appellent des « douleurs fantômes » qui le faisaient horriblement souffrir. Ses organes, sévèrement atteints, lui infligeaient constamment de terribles douleurs. Après ces deux mois, Éric et Luc sont allés lui parler, ils voulaient que leur père soit comme avant, toujours à les pousser à se dépasser. À l’époque, il leur disait constamment que, quoi qu’il arrive, ils devaient être toujours plus forts, tirer du bon sur tout ce que la vie leur apporterait et leur ferait subir. Les paroles de nos enfants nous ont tous les deux touchés au plus profond. Thierry a tourné la tête vers moi et les enfants et nous a dit de venir lui faire un câlin. Nous nous étions enfin retrouvés.
Peu à peu, Thierry a repris goût à la vie. Il me le dira souvent : « Les enfants et toi m’avez ouvert les yeux ». Malgré le traitement très lourd et le défilé d’infirmier, de médecins, malgré les douleurs, il revivait, restait fort. Je l’admirais et l’admirerai jusqu’à la fin de mes jours. Un être exceptionnel. Nous avions fait adapter le lit pour qu’il puisse dormir avec moi. Au bout d’un an, je ressentais un manque. On en avait vaguement parlé mais il était trop gêné pour poursuivre la conversation. J’avais envie de lui et lui de moi. Faire l’amour avec un tétraplégique est quelque chose de très difficile, j’en sais quelque chose. Nous n’osions pas parler de sexe, encore moins pratiquer. Il avait des érections mais ne le sentait pas, il ne maîtrisait absolument rien de son corps et il en souffrait vraiment. Il me sollicitait à aller voir un autre homme pour me satisfaire mais jamais je n’aurais pu aller voir quelqu'un d’autre que lui, il était l’objet de toutes mes envies, de tous mes fantasmes. Personne ne pourrait me donner autant de plaisir que lui. Et puis un jour, alors que nous nous apprêtions à dormir, il tourna la tête vers moi et me regarda avec passion. Je l’ai embrassé, comme à l’époque, nous avons oublié le handicap, les souffrances. Il m’a murmuré à l’ oreille « J’ai envie de toi ». Nous avons fais l’amour, pour la première fois depuis l’accident. Ça n’a pas duré longtemps, il ne pouvait pas maîtriser ses éjaculations mais ce n’était rien. Nous avions ressenti[-t] l’envie et la passion que procure une relation sexuelle avec la personne que l'on aime, c’était ça mon manque. Après plusieurs fois, nous arrivions à trouver satisfaction. Je lui caressais le visage, les cheveux. Il trouvait son plaisir comme il le pouvait.
Peu à peu, les années filèrent, le handicap de Thierry était devenu normal (un handicap peut-il vraiment devenir « normal » ou s'y habitue-t-on ?), nous avions retrouvé un rythme. Les enfants grandissaient, ils devenaient des hommes. Éric allait passer sont bac et Luc entrait en fac de droit. Tous deux réussissaient dans tous leurs projets, j’étais si fière d’eux. Un jour, alors que je rentrais des courses, j’entendais Thierry pleurer. Affolée je suis allée le voir et lui ai demandé ce qu’il se passait. (les verbes utilisés ne rendent, selon moi, pas bien compte de l'urgence de la situation)
- Béatrice… si tu m’aimes… débranche moi, dit-il tout doucement en sanglotant.
- Mais je ne peux…
- POUR L’AMOUR DE DIEU, hurla-t-il soudain de colère et de tristesse, JE NE VIS PLUS, JE SUIS UN PANTIN DANS UN LIT ! JE VEUX MOURIR…
A partir de ce jour, plus rien ne fut plus jamais pareil pour moi et les enfants. Thierry refusait à nouveau de manger, il perdait du poids. Ses cheveux étaient devenus gris et commençaient à tomber. Les médecins lui firent passer des examens pour savoir d’où venait la perte soudaine de ses cheveux mais ne trouvèrent rien. Ils conclurent que mon mari était dans un état de dépression exceptionnel. Il ne souriait plus. Ne parlait pratiquement plus. Un jour, il a demandé à Éric et à Luc de le débrancher. Ils ont paniqué, Luc est parti de la maison ce jour là et est parti vivre chez ma sœur, le temps de retrouver son calme.
Je ne pouvais couper les machines qui maintenaient Thierry en vie. Comment pourrais-je laisser partir la personne qui compte le plus pour moi ? Bientôt, ses seules paroles étaient sur le fait qu’il ne vivait pas, qu’il souffrait et qu’il ne voulait qu’une chose : mourir. Une nuit, la douleur a été plus forte que d’habitude. Il n’arrivait plus à respirer et il a dû être conduit d’urgence à l’hôpital. Il a été opéré huit fois pour maintenir ses organes en vie. L’année qui a suivi, il l’a passée à l’hôpital, entre la vie et la mort. Éric était revenu à la maison, au moment où j’avais le plus besoin de lui et de Luc. Je fis part des envies de mourir au médecin qui le suivait :
- Vous savez Béatrice, dit le docteur, il n’est pas simple pour un tétraplégique de trouver une raison de vivre. Je comprends sa douleur mais je ne peux rien faire. L’euthanasie n’est pas autorisée en France. Votre mari m’a déjà demandé plusieurs fois d’en finir avec ses souffrances, seuls mes traitements peuvent le soulager.
Et puis, avec le temps, Éric et Luc étaient de plus en plus proches de leur père. Ils parlaient souvent quand je n’étais pas là. Ils me firent comprendre qu’ils voulaient aider Thierry à soulager sa douleur. Je suis alors entrée dans une colère folle, j’ai hurlé que l’idée même ne devait pas leur venir à l’esprit, qu’ils étaient monstrueux de vouloir tuer leur père. Après la colère, j’ai regretté. Oh oui, j’ai tellement regretté d’avoir prononcé de tels propos. J’ai longuement parlé avec Thierry et mes fils, ils m’ont ouvert les yeux.
Et puis (répétition) vint ce soir d’octobre. Le ciel était rempli de mille[-s] étoiles étincelantes, la lune était cachée derrière les nuages. Nous étions tous ensemble, moi, Thierry, Luc et Éric. Nous avions mis un CD de musique classique, le préféré de l’amour de ma vie. Nous étions tous ensemble sur le lit placé devant la fenêtre, à contempler les étoiles. La lune sortit de derrière les nuages et vint faire briller les larmes qui coulaient le long de nos joues. Le bip qui contrôlait le rythme cardiaque de Thierry s’accélérait au fur et à mesure que les secondes passaient mais personne ne l’écoutait. La décision a été longue à prendre mais elle était prise, elle était sans appel, qu’importe les conséquences, notre âme et notre cœur le voulaient. Éric alla prendre le verre posé sur le sol, à côté du lit et me le donna. Mon mari me fit signe de la tête, ouvrit la bouche et but tout le contenu du verre. Notre étreinte fit encore plus forte, nous ne faisions plus qu’un. Déjà les somnifères commençaient à faire leur effet. Thierry avait les yeux qui se fermaient, le bip s’accélérait encore. Il n’y avait qu’un fil à débrancher, un seul et toute la souffrance le quitterait à jamais, il serait libéré, enfin… Ma main s’approcha du fil, Thierry et mes fils me regardaient, me donnaient la force. Et puis le monde trembla, partout les anges envoyés de Dieu vinrent tout autour de nous, posèrent leur mains sur celle qui tenait le fil. Les étoiles foncèrent droit sur nous et à l’impact, ma main tira le fil. Au bord du pays des rêves, il prononça ces mots :
Je suis heureux…
Thierry s’endormit. Les secondes s’écoulèrent et le bip devint constant. Les anges s’approchèrent, doucement, avec amour. Ils prirent l’âme de l’homme de ma vie et s’envolèrent avec lui, rejoindre les étoiles, traverser l’univers et continuer plus loin encore.
« Ton rêve s’est réalisé, tu voles maintenant ».
J'ai trouvé ton texte très touchant à lire, je me suis donc permis de te proposer des pistes d'amélioration. Évidemment, libre à toi de les suivre ou pas ^^
Alors, tout premier point : ton orthographe. Je pense que tu es déjà au courant que ça fait partie de tes défauts, mais quelques règles sont primordiales pour la bonne compréhension du texte par tes lecteurs, notamment l'accord en genre et en nombre des adjectifs... Tu as aussi un souci avec la concordance des temps ; parfois tu utilises le passé simple, puis tu écris la phrase suivante au passé composé, ce qui heurte un peu le lecteur et le fait s'arrêter sur des détails sans importance pour la compréhension. Ce sont, je pense, les deux grands axes sur lesquels tu dois te pencher.
Passons au positif !
Là, je rejoins dvb, tu te débrouilles très bien pour nous plonger au cœur du récit ! On a mal pour Béatrice et ses enfants, on a mal pour le(s) malade(s), on est complètement avec eux... Tu évoques aussi tout en douceur un sujet qui fait régulièrement la une de l'actualité et relance des débats, tu nous donnes ton avis sans banderoles agressives ni positions campées (puisqu'au début l'épouse se refuse à envisager la possibilité de soulager Thierry) et ça, c'est juste génial ! Conclusion : des défauts sur la forme qui nous empêchent de savourer le fond pleinement, mais lequel est très bon ! Continue comme ça, LIS ! PS : Désolée pour la mise en page mais l'éditeur me mange des paragraphes entiers si j'y touche...
Axel & Anders
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Personnages RP Pseudo: Jésus Pseudo : Vincent Bidalère Pseudo : Eric Couyalère
Sujet: Re: Débranche-moi Mar 18 Juin - 0:05
Merci à vous deux pour vos critiques, je travail énormément à l'amélioration de toutes mes nouvelles. Vos conseils me permettrons d'avancer plus vite lors de la correction de mon texte.
Axel & Anders
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Sujet: Re: Débranche-moi Mar 19 Nov - 0:48
Besoin d'un petit coup de main pour modifier les problèmes de concordance des temps. Le déplacer en atelier serait pas mal je pense, non ?
Axel & Anders
Nombre de messages : 1018 Age : 30 Localisation : Dans ton coeur Date d'inscription : 13/12/2012
Personnages RP Pseudo: Jésus Pseudo : Vincent Bidalère Pseudo : Eric Couyalère
Sujet: Re: Débranche-moi Mer 22 Jan - 17:58
[Màj d'un texte que j'avais complètement oublié = Correction des fautes. S'il en reste, je veux bien qu'on me les montre, car je n'en vois plus.]
À la tombée de la nuit, quand dans le ciel les nuages sont gris, je fixe l'horizon et cherche ma raison. Parfois je regrette, parfois je l'accepte. Quand les nuages s'en vont et que dans le ciel apparaissent les étoiles, je cherche. Je cherche un signe. Je cherche une voix. Je cherche mon chemin. Je cherche la foi. Je cherche la paix. Je cherche mon amour perdu. Quand les nuages reviennent me cacher ces lumières qui scintillent, je me mets à genoux et je prie. Enfin, lorsque dans mon lit je m'éteins, mes rêves voyagent vers l'être jadis aimé.
« À la une de l'actualité cette femme, Béatrice, 47 ans qui relance le débat sur l'euthanasie. En effet, celle-ci a été mise en garde à vue ce matin pour homicide volontaire. La victime, Thierry, 51 ans, mari de Béatrice était paraplégique et ne survivait que grâce à une assistance médicale constante. Elle dit, je cite : « Je ne suis pas un assassin, j'ai fait ce que je devais faire, pour lui, pour moi et pour mes enfants. » »
Je visionne souvent cette cassette, pour me rappeler la vague d'émotions qu'avait suscité l'événement. Mais aussi pour garder en mémoire tous les souvenirs de chaque moment vécu avec mon mari, même après sa mort. Certains m'ont traitée d'assassin, de monstre. D'autres m'ont félicitée, des malades tels que Didier me remerciaient d'avoir fait bouger les choses. Il m'a marquée cet homme... il souffrait de neurofibromatoses, une maladie incurable et dégénérative. À ce moment de sa « vie », la douleur ne le quittait plus (je dis « vie » mais est-ce vraiment la vie de passer sont temps à l'hôpital, d'avoir sans cesse mal et de ne vouloir que mourir ?). Le pauvre souffrait tellement, mon dieu qu'il souffrait... après sa vingtième opération, il a vu mon arrestation depuis la télévision de sa chambre d'hôpital. Il était outré, scandalisé, révolté par ce manque de compréhension de la part des opposants à l'euthanasie. « Combien de fois ai-je demandé aux infirmières de soulager ma douleur... » disait-il. À partir de ce jour, il n'a plus jamais voulu retourner dans un hôpital et s'est laissé mourir chez lui, seul avec lui-même et Dieu.
Thierry, mon mari, mon sublime et merveilleux époux. Grand, brun, les yeux vert vif, toujours à la recherche de sensation. Il était un compagnon de tous les jours parfait, après vingt années de mariage nous étions toujours amoureux, et plus encore. Il m'a donné deux beaux et grands garçons, Luc et Éric. Nous avions tout pour être heureux. La seule chose qui manquait à mon mari, il l'a répété tant de fois, ce sont des ailes. « Je vis pour voler, écouter le vent me parler quand je suis seul avec lui dans le ciel. » Le saut en parachute, une passion. J'avais peur mais je n'allais pas le priver de sa raison d'être. Il sautait dans le vide une trentaine de fois chaque année. Mais un jour, ce que je craignais le plus au monde est arrivé. À la tombée de la nuit, le ciel était gris. Thierry avait fait un saut en parachute dans l'après-midi. Je ne m'inquiétais pas, il restait toujours jusqu'à tard le soir avec ses amis pour raconter leurs frissons respectifs autour d'un apéritif. Le téléphone se mit à sonner. Au bout du fil, un ami de Thierry : - Béatrice, dit-il d'une voix tremblante. - Salut Christophe ! Comment vas-tu ? - Écoute-moi ! Il y a eu un accident, Thierry est à l'hôpital dans un état critique.
Je n'entendis pas le téléphone s'éclater sur le carrelage blanc de la maison. Mon fils me secouait pour me demander ce qu'il se passait mais je n'entendais rien, ne sentais plus rien. Le monde que nous nous étions créés venait d'exploser, son souffle puissant me propulsant dans le néant et plus loin encore. Je n'avais plus de raison, plus de voix, plus de paix, plus d'amour, plus de dieux. En seulement une dizaine de secondes ma vie, notre vie était détruite, anéantie. Mes rêves et mes projets s'envolaient, soufflés par la puissance impartiale et sans appel du destin. J'ai cessé de croire en la vie et Dieu. J'ai basculé dans la partie la plus sombre de mon être, cette partie où le cœur n'existe pas, où l'âme n'est qu'une vulgaire décoration de table, où la saveur du pain équivaut à celle de la cendre.
Après avoir amené les enfants chez ma sœur et avoir attendu pendant des heures à l'hôpital, dans une salle où une infirmière essayait de calmer le choc que je subissais, le chirurgien me fit part de la terrible nouvelle : « Votre mari va s'en sortir, il a eu beaucoup de chance ! Malheureusement la colonne vertébrale a été sévèrement touchée, il ne pourra plus jamais marcher... L'ensemble de ses organes vitaux ont été touchés eux aussi, nous devons le laisser sous respiration artificielle. Je préfère être franc avec vous madame, votre mari ne pourra jamais plus vivre sans une assistance médicale constante. Je suis désolé. ». J'ai demandé à le voir mais on me l'a interdit. Je suis donc rentrée chez moi, l'hôpital fit appel à un taxi car je n'étais pas en état de conduire. Je n'avais pas encore pleuré, je ne réalisais pas, je ne voulais pas y croire tant que je n'avais pas vu mon mari. Mais, assise dans mon canapé, en tournant la tête sur le meuble en bois vernis où je rangeais mes documents, mon regard croisa celui de mon mari... une photo. J'ai fondu en larme. Mon cœur, mon âme et mon corps étaient devenus jouets de la souffrance, amuse-gueules de la dépression.
Les enfants... Mon Dieu, je parle de souffrance mais que doivent ressentir mes deux petits anges ? Quelle égoïste je fais à parler de moi, toujours de moi ! Je ne savais comment leur annoncer, sans les perturber ni ne tomber sous le poids des larmes devant eux. Deux jours après l'accident, je me rendis chez ma sœur, Sylvie, une femme généreuse, toujours là quand j'ai eu besoin d'aide. J'ai toujours été étonnée qu'une femme aussi belle et gentille soit restée célibataire aussi longtemps. Ses premières paroles ont été de me rassurer sur l'état psychologique de mes enfants : « Ils vont bien ma chérie, ne t'en fais pas pour eux ». En effet, les enfants jouaient dans l'herbe, avec Hector le jeune chihuahua de Sylvie, comme si de rien n'était. À les regarder, j'ai un peu retrouvé de la sensation que l'on éprouve lorsque l'on croque à pleines dents dans le bonheur. Après m'avoir fait de gros câlins, ils me demandèrent où était leur père. J'étais comme pétrifié à l'entente de cette question, comme si mes enfants m'avaient mis un grand coup de massue au cœur. Ma sœur est tout de suite intervenue en disant aux enfants d'aller jouer et m'emmena à l'intérieur.
- Café ? - Oui, s'il te plaît...merci d'être intervenue Sylvie, je ne sais pas comment faire avec les enfants... - N'attends pas Béatrice, dit leur dès que vous rentrerez et emmène-les à l'hôpital dès que vous pourrez voir Thierry. C'est la meilleure chose à faire...
Quelle femme extraordinaire, elle réussi à me faire sourire dans n'importe quelle situation. Je ne serais sûrement plus à vous conter cette histoire si elle n'avait pas été présente dans ma vie. En revenant à la maison, j'ai pris mon courage à deux bras et j'ai annoncé la nouvelle aux enfants. Je pense qu'ils se doutaient que quelque chose n'allait pas en me voyant, j'étais si pâle, un corps où l'âme était en déroute quelque part dans l'univers. Je me faisais peur. Les enfants n'ont pas montré leur tristesse, ils m'ont fait un câlin tous les deux et nous sommes allés nous coucher. Cette nuit-là, comme celles d'avant, je n'ai guère réussit à dormir. Le temps semblait s'écouler si lentement qu'il paraissait reculer. Plus rien ne serait plus jamais pareil me disais-je, et j'avais raison. Je voulais tant que tout ça ne soit qu'un rêve, que Thierry soit endormi à côté de moi, qu'il se réveille et qu'il vienne m'embrasser... mais le cauchemar était réel.
Après plusieurs mois d'angoisse et d'insomnies, l'état de mon tendre époux s'est stabilisé et il est rentré à la maison. Les deux premiers mois, il n'a pipé mots, n'a manifesté aucun signe de vie. Il était paralysé de la base du cou jusqu'aux orteils, un infirmier venait donc chaque jour lui faire sa toilette, contrôler le bon fonctionnement des machines et essayer de lui redonner le goût à la vie. J'étais dans mon lit et lui dans le sien. Je l'entendais pleurer le soir, mais je ne bougeais pas, j'attendais que la nuit passe. Il refusait de manger et devait être nourri grâce à une perfusion. Très souvent, il ressentait ce que les médecins appellent des « douleurs fantômes » qui le faisaient horriblement souffrir. Ses organes, sévèrement atteints, lui infligeaient constamment de terribles douleurs. Après ces deux mois, Éric et Luc sont allés lui parler, ils voulaient que leur père soit comme avant, toujours à les pousser à se dépasser. À l'époque, il leur disait constamment que, quoi qu'il arrive, ils devaient être toujours plus forts, tirer du bon sur tout ce que la vie leur apporterait et leur ferait subir. Les paroles de nos enfants nous ont tous les deux touchés au plus profond. Thierry a tourné la tête vers moi et les enfants et nous a dits de venir lui faire un câlin. Nous nous étions enfin retrouvés.
Peu à peu, Thierry a repris goût à la vie. Il me le dira souvent : « Les enfants et toi m'avez ouvert les yeux ». Malgré le traitement très lourd et le défilé d'infirmier, de médecins, malgré les douleurs, il revivait, restait fort. Je l'admirais et l'admirerai jusqu'à la fin de mes jours. Un être exceptionnel. Nous avions fait adapter le lit pour qu'il puisse dormir avec moi. Au bout d'un an, je ressentais un manque. On en avait vaguement parlé mais il était trop gêné pour poursuivre la conversation. J'avais envie de lui et lui de moi. Faire l'amour avec un tétraplégique est quelque chose de très difficile, j'en sais quelque chose. Nous n'osions pas parler de sexe, encore moins pratiquer. Il avait des érections mais ne le sentait pas, il ne maîtrisait absolument rien de son corps et il en souffrait vraiment. Il me sollicitait à aller voir un autre homme pour me satisfaire mais jamais je n'aurais pu aller voir quelqu'un d'autre que lui, il était l'objet de toutes mes envies, de tous mes fantasmes. Personne ne pourrait me donner autant de plaisir que lui. Et puis un jour, alors que nous nous apprêtions à dormir, il tourna la tête vers moi et me regarda avec passion. Je l'ai embrassé, comme à l'époque, nous avons oublié le handicap, les souffrances. Il m'a murmuré à l'oreille « J'ai envie de toi ». Nous avons fait l'amour, pour la première fois depuis l'accident. Ça n'a pas duré longtemps, il ne pouvait pas maîtriser ses éjaculations mais ce n'était rien. Nous avions ressenti l'envie et la passion que procure une relation sexuelle avec la personne que l'on aime, c'était ça mon manque. Après plusieurs fois, nous arrivions à trouver satisfaction. Je lui caressais le visage, les cheveux. Il trouvait son plaisir comme il le pouvait.
Peu à peu, les années filèrent, le handicap de Thierry était devenu normal, nous avions retrouvé un rythme. Je dis dis "normal", mais je pense que nous nous y sommes juste habitués. Difficilement. Les enfants grandissaient, ils devenaient des hommes. Éric allait passer sont bac et Luc entrait en fac de droit. Tous deux réussissaient dans tous leurs projets, j'étais si fière d'eux. Un jour, alors que je rentrais des courses, j'entendais Thierry pleurer. Affolée je suis allée le voir et lui ai demandé ce qu'il se passait.
- Béatrice... Si tu m'aimes... Débranche-moi, dit-il tout doucement en sanglotant. - Mais je ne peux... - POUR L'AMOUR DE DIEU, hurla-t-il soudain de colère et de tristesse, JE NE VIS PLUS, JE SUIS UN PANTIN DANS UN LIT ! JE VEUX MOURIR...
À partir de ce jour, plus rien ne fut plus jamais pareil pour moi et les enfants. Thierry refusait à nouveau de manger, il perdait du poids. Ses cheveux étaient devenus gris et commençaient à tomber. Les médecins lui firent passer des examens pour savoir d'où venait la perte soudaine de ses cheveux, mais ne trouvèrent rien. Ils conclurent que mon mari était dans un état de dépression exceptionnel. Il ne souriait plus. Ne parlait pratiquement plus. Un jour, il a demandé à Éric et à Luc de le débrancher. Ils ont paniqué, Luc est parti de la maison ce jour-là et est parti vivre chez ma sœur, le temps de retrouver son calme.
Je ne pouvais couper les machines qui maintenaient Thierry en vie. Comment pourrais-je laisser partir la personne qui compte le plus pour moi ? Bientôt, ses seules paroles étaient sur le fait qu'il ne vivait pas, qu'il souffrait et qu'il ne voulait qu'une chose : mourir. Une nuit, la douleur a été plus forte que d'habitude. Il n'arrivait plus à respirer et il a dû être conduit d'urgence à l'hôpital. Il a été opéré huit fois pour maintenir ses organes en vie. L'année qui a suivi, il l'a passée à l'hôpital, entre la vie et la mort. Éric était revenu à la maison, au moment où j'avais le plus besoin de lui et de Luc. Je fis part des envies de mourir au médecin qui le suivait :
- Vous savez Béatrice, dit le docteur, il n'est pas simple pour un tétraplégique de trouver une raison de vivre. Je comprends sa douleur mais je ne peux rien faire. L'euthanasie n'est pas autorisée en France. Votre mari m'a déjà demandé plusieurs fois d'en finir avec ses souffrances, seuls mes traitements peuvent le soulager.
Et puis, avec le temps, Éric et Luc étaient de plus en plus proches de leur père. Ils parlaient souvent quand je n'étais pas là. Ils me firent comprendre qu'ils voulaient aider Thierry à soulager sa douleur. Je suis alors entrée dans une colère folle, j'ai hurlé que l'idée même ne devait pas leur venir à l'esprit, qu'ils étaient monstrueux de vouloir tuer leur père. Après la colère, j'ai regretté. Oh oui, j'ai tellement regretté d'avoir prononcé de tels propos. J'ai longuement parlé avec Thierry et mes fils, ils m'ont ouvert les yeux.
Enfin, vint ce soir d'octobre. Le ciel était rempli de mille étoiles étincelantes, la lune était cachée derrière les nuages. Nous étions tous ensemble, moi, Thierry, Luc et Éric. Nous avions mis un CD de musique classique, le préféré de l'amour de ma vie. Nous étions tous ensemble sur le lit placé devant la fenêtre, à contempler les étoiles. La lune sortit de derrière les nuages et vint faire briller les larmes qui coulaient le long de nos joues. Le bip qui contrôlait le rythme cardiaque de Thierry s'accélérait au fur et à mesure que les secondes passaient, mais personne ne l'écoutait. La décision a été longue à prendre mais elle était prise, elle était sans appel, qu'importent les conséquences, notre âme et notre cœur le voulaient. Éric alla prendre le verre posé sur le sol, à côté du lit et me le donna. Mon mari me fit signe de la tête, ouvrit la bouche et but tout le contenu du verre. Notre étreinte fit encore plus forte, nous ne faisions plus qu'un. Déjà, les somnifères commençaient à faire leur effet. Thierry avait les yeux qui se fermaient, le bip s'accélérait encore. Il n'y avait qu'un fil à débrancher, un seul et toute la souffrance le quitterait à jamais, il serait libéré, enfin... Ma main s'approcha du fil, Thierry et mes fils me regardaient, me donnaient la force. Et puis le monde trembla, partout les anges envoyés de Dieu vinrent tout autour de nous, posèrent leurs mains sur celle qui tenait le fil. Les étoiles foncèrent droit sur nous et à l'impact, ma main tira le fil. Au bord du pays des rêves, il prononça ces mots :
Je suis heureux...
Thierry s'endormit. Les secondes s'écoulèrent et le bip devint constant. Les anges s'approchèrent, doucement, avec amour. Ils prirent l'âme de l'homme de ma vie et s'envolèrent avec lui, rejoindre les étoiles, traverser l'univers et continuer plus loin encore.
« Ton rêve s'est réalisé, tu voles maintenant ».
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Sujet: Re: Débranche-moi
Débranche-moi
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