Aillas Coordonnateur Rôliste
Nombre de messages : 3785 Age : 35 Localisation : Utopie flagrante des Arts. Date d'inscription : 23/12/2007
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| Sujet: Douze Mer 20 Fév - 15:41 | |
| Lorsque le ciel s’assombrit enfin, je frissonne, non pas qu’il fasse froid mais la fatigue accumulée m’est insupportable. J’ai les paupières lourdes et la langue pâteuse. Du haut de mes douze ans je regarde le monde, ou du moins le monde qu’il y a autour de moi, les gens sont nombreux et si pressés. Ils sont pressés alors que moi j’ai tout mon temps, quelle ironie… Je guette telle une sentinelle de pierre. Les personnes qui passent autour me jettent à peine un coup d’œil, que vaut donc un petit garçon ? L’espoir, ou une bouche à nourrir ? Un héros en puissance ou un fainéant en décadence ?
Le ciel n’est plus sombre à présent, il est totalement noir, cela doit être la faute aux lourds éclairages publiques qui scintillent avec véhémence dans l’air du soir. Ils m’éblouissent, quelle inutilité… L’œil est capable de s’habituer à une semi obscurité, en éclairant ainsi, le corps oublie même jusqu’à ses fonctionnalités les plus banales et primordiale, la vue de nuit. Maintenant de toute façon les gens ont peur de la nuit, comme avant, mais au lieu de craindre les prédateurs sauvages ils se craignent eux-mêmes. Lamentables pantins de chairs. Je m’amuse, ils sont si drôle avec tout ces paquets, on dirait qu’ils sont tous en train de déménager, sauf qu’ils enrobent leurs cartons avec de jolies fleurs et rubans. Bizarre.
Il fait froid désormais, et les gelures d’hier réapparaissent sur ma peau, tant pis. Elles partiront demain, et reviendront de toute manière. C’est le cycle de la vie. Belle et savante vie. Les gens se font moins nombreux à présent, à peine un toute les heures… Quel ennui. Ce silence morbide qui vous prend aux entrailles et vous rappel chez vous de toutes ses forces. Je pense que les gens s’obligent à faire du bruit pour se rappeler qu’ils sont vivant et s’assurer que tout va bien, un bruit de voiture soulage plus que dérange, une toux bénigne rassure… Ainsi vont les gens, s’affairant pour ne surtout pas perdre pied.
Il fait vraiment très froid, c’est étrange, en voulant changer de position, je suis resté de marbre. Bizarre impression. En tout cas je pense que cela va aller mieux puisqu’il fait de moins en moins froid, c’est un peu soudain mais j’apprécie. Comme quoi le corps humain est capable de s’adapter à tout, les gens devraient essayer pour voir. Ils loupent tant de choses à se protéger ainsi.
J’ai mal aux poumons, je sais maintenant pourquoi je n’ai plus froid, en regardant mes bras je n’ai vu que deux bouts bleutés, recouverts de givre. Dommage, j’aurais bien changé de position, j’ai mal au dos. Au loin, j’entends une voiture, une larme coule sur ma joue. J’aurais tellement aimé être avec tous ces gens, à faire du bruit pour se rassurer, à se donner des cartons enrubannés, à éviter le froid, le silence et la nuit. J’aurais tellement aimé être comme eux. Maman, pourquoi, hein ? Pourquoi pas ? Pourquoi il a fallu que tu partes si loin, où déjà ? Ah oui, Perpette les oies tu m’as dis. Du côté des Antilles. Pourquoi m’as-tu demandé de rester sur cette pierre, tu sais qu’elle est froide et dure ? Pourquoi m’as-tu dit que tu te fâcherais si je bougeais ? Tu sais Maman, j’ai mal, j’ai froid et j’ai envie de vivre…
J’ai douze ans, je suis seul au monde dans cette grande ville de Paris. J’ai douze ans, je suis congelé dans cette ruelle de St Michel. J’ai douze ans et tu sais quoi Maman ? J’aurais juste aimé vivre. Même si je sais que Perpette les oies ça n’existe pas. J’aurais aimé vivre. Même si je sais que cette nuit sera ma dernière.
J’aurais aimé vivre… | |
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