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| TROPHEE ZOLA | |
| | Auteur | Message |
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dale cooper
Nombre de messages : 7649 Age : 46 Date d'inscription : 08/09/2008
Personnages RP Pseudo: Pseudo : ▲ Pseudo :
| Sujet: TROPHEE ZOLA Mar 29 Oct - 19:01 | |
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Pour lancer un duel : - Citation :
Moi, XXXX(nom du challenger) Je défie XXXXX (nom du champion en titre). Le trophée ZOLA doit me revenir.
Je le défie d'écrire un texte sur le thème XXXX Il aura pour contrainte : XXXX Nos textes devront être remis à l'arbitre avant le XXXX(date) S'il refuse mon défi, je deviendrai détenteur du trophée
Pour voter : - Citation :
Il vous suffit d'indiquer dans votre réponse à quel texte va votre préférence.
Vous pouvez bien entendu développer votre vote et l'accompagner d'un commentaire pour mettre en valeur les qualités et défauts du texte au niveau stylistique, lexique, orthographique ou en fonction de son originalité, son respect des contraintes et du thème demandés.
Jusqu'ici les duels qui ont lieu pour le Trophée Zola ont vu s'opposer :
décembre 2008 KinderWalker vs Mido victoire de KinderWalker
février 2009 KinderWalker vs Aeris Inalia victoire de KinderWalker
juin 2009 Walkman (tenant du titre) vs Teysa le Sombre victoire de Walkman
juillet 2009 Walkman vs Mickaël 4ème victoire consécutive de Walkman Walkman entre au Panthéon
octobre 2009 Walkman vs dvb victoire de dvb
janvier 2010 dvb vs Teclis victoire de dvb
juillet 2012 dvb vs Teclis victoire de dvb
février 2013 dvb vs Mike001 4ème victoire consécutive de dvb dvb entre au Panthéon avec le Zola
octobre 2014 dvb vs Juliette vs Mike001 victoire de Juliette
septembre 2015 Juliette vs Nicolas victoire de Nicolas
novembre 2015 Nicolas vs Juliette victoire de Juliette
Dernière édition par dvb le Lun 6 Oct - 23:05, édité 8 fois | |
| | | dale cooper
Nombre de messages : 7649 Age : 46 Date d'inscription : 08/09/2008
Personnages RP Pseudo: Pseudo : ▲ Pseudo :
| Sujet: Re: TROPHEE ZOLA Mar 29 Oct - 19:03 | |
| KinderWalker défiait Mido
d'écrire un texte sur une rencontre glauque qui ne comporterait que deux personnages. Le texte devait être court.
Les délais, n'en parlons pas.
Mais Mido est mort entre temps. Quand KinderWalker nous a rapporté son cadavre, il était sans souffle.
Nous avons déposé son corps dans la glace et nous déclarons
KinderWalker nouveau détenteur du trophée Zola
Il avait composé le texte suivant pour votre approbation :
- Citation :
- Ça fait des histoires à raconter !
Thomas n'est habituellement pas le genre de type qu'on vient ennuyer. Il est grand, musclé par des années de rugby au club de son village. Un type gentil comme tout en plus, pas le genre à s'énerver pour rien, tout sauf méchant, typiquement le genre d'ami qu'on aime à avoir, les biceps et les trapèzes en plus. Vous allez vous dire que si ce type est gentil, costaud, c'est sûrement qu'il est un peu idiot. Le genre de grand costaud timide devant les filles à qui l'on joue les mauvais tours dans la cour de récréation. Eh bien même pas ! Thomas était un type dégourdi, très capable de se débrouiller tout seul les soirs de relâche. D'ailleurs, il a monté sa compagnie, et l'a transformé en petit business confortable avant de se faire racheter par un gros poisson et de toucher une jolie prime.
Thomas, jeune et étudiant, un soir, rentre chez lui après une pizza. Le ventre plein, ses écouteurs vissés aux oreilles, un bon fou rire en mémoire, il se sent bien, distrait. Quelques minutes pour attendre le bus, l'écharpe chaude autour du coup, le vent qui se lève, froid et humide. Il fait presque nuit et les trottoirs luisent de la dernière pluie. Thomas se détend, pas du genre à imaginer pour rien. S'assoupit un moment.
Un ronflement. C'est le bus, Thomas se réveille en sursaut pour voir le bus partir de l'arrêt. Ses appels n'y changent rien, le conducteur ne fait même pas mine de ralentir. À ce moment, Thomas sent bien que sa soirée vire mal, mais refuse d'y croire. Il se morigène, vérifie les horaires et constate que c'était le dernier bus. Il n'a pas d'argent sur lui, ou pas assez pour appeler un taxi. Restent les amis, mais son mobile n'a plus de batterie. Il se résigne et commence à marcher en grommelant. La nuit va être longue. Alors, Thomas décide de couper au plus court, et passer par la grande usine. Un vieux complexe désaffecté en instance de destruction. Sordide, humide, personne n'y traine, même les toxicos ont désertés l'endroit à cause des nombreuses descentes de police. Il peut y gagner une trentaine de minutes de marche. Dans le froid et l'obscurité, une demie heure, c'est une éternité.
Thomas saute l'enceinte grillagée défoncée et s'enfonce dans le noir. Il connait les lieux, il est déjà venu ici gosse pour jouer aux terroristes et aux américains. Mais dans le noir...
Des bruits, Thomas sursaute, des gouttelettes qui s'écrasent sur les tôles ondulées. Une brève averse, avant la bruine. Il frissonne, roule des épaules. Entend un crissement de verre brisé. Sous sa semelle, une seringue vient d'exploser. Thomas pousse un juron.
« Hyahahaha »
Cette fois ci, Thomas fait un véritable saut. Volte face. Un type est appuyé contre un mur de béton. Il porte un bonnet, des frusques dépareillées et déchirées. Il se rapproche, Thomas distingue son visage, et ça ne lui plait pas du tout. Il a le nez rouge, la barbe plus sel que poivre, les rides et des poches énormes autour des yeux. Ses joues sont crevassées et ses lèvres gercées par le froid. C'est un clochard ; Thomas déteste les clochards. Depuis tout petit, ils lui font peur, l'intimident avec leurs culots monstrueux, leurs haleines chargées à la vinasse et à la Bavaria. Il n'a jamais su leur faire face.
« Petite pièce mon bon monsieur ? »
En quelques bonds, le sourire hilare fétide vient faire une révérence devant lui. L'odeur révulse Thomas, qui n'aime rien tant que la propreté. Mais il parvient à extirper un euro de sa poche et le lance au mendiant, plein d'espoir quant à une disparition soudaine. Le clochard attrape la pièce au vol, la mord, sourit de plus belle.
« J't'aime bien tu sais, tu veux une gorgée ? » Dit-il alors d'une voix faussement précieuse, en agitant la bouteille verte remplie d'un liquide noirâtre.
« Merci, non. »
« Tu sais pas c'que tu perds mon gars, mais j't'aime bien quand même. »
« Génial... »
Thomas sent qu'il a fait une erreur, et perdre son temps avec un alcoolique ne le tente pas vraiment. Il se mord la lèvre et commence à marcher. Le tintement de la bouteille sur la pièce le poursuit aussitôt.
« Tu veux pas taper la causette ? Tu veux pas une cigarette ? Tiens, t'as pas une cigarette ? »
« Je ne fume pas, désolé. » Parvient difficilement à articuler Thomas/
Thomas se concentre, cherche ses mots pour envoyer balader poliment cette fichue haleine infecte. Au bout de quelques dizaines de secondes, l'argumentaire tout prêt, il se retourne..
« Bon ! Euh... »
Le type a disparu. Thomas soupire de soulagement, parvient même à sourire un peu.
« BLAH »
« Aaah ! »
Ce crétin s'était caché, puis glissé dans son dos. Il fait retentir son rire de hyène de plus belle.
« J't'ai bien eu gamin ! »
« Putain, ça va pas ? »
« Oh allez. T'en es pas mort. »
« Faut vraiment que j'y aille, là. »
Thomas se met à courir, l'autre le poursuit, en s'esclaffant de plus belle devant la fuite. Thomas court, Thomas prend des allées sombres et Thomas se perd. Les échos de rire du clochard retentissent encore, Thomas a peur maintenant, se maudit intérieurement. Le rire s'estompe, Thomas se calme. Un hurlement ! Le clochard est revenu.
« Viens donc te marrer un peu avec moi, fais pas ta tête de cochon. »
« Par pitié laisse-moi tranquille. »
« Pitié ? Mais j'ai rien fait de mal » Son sourire continue de s'élargir. »
« Casse toi, merde, va emmerder quelqu'un d'autre ! »
Le sourire disparaît du visage abimé.
« Je déteste les insultes ! » À nouveau le sourire « Allez viens, on va bien s'amuser »
Ses yeux brillent. Thomas crève de trouille. Jette des regards affolés partout alentour. Puis il se décide. Il se recroqueville. Le clochard tord sa bouche de plus belle et s'approche. Lorsqu'il est a une dizaine de mètre. Thomas bondit, prend sa posture de rugbyman, plante un énorme raffut sur le visage du vagabond et pique le sprint le plus rapide de sa vie. Il enchaîne le dédale d'allées à toute vitesse. Derrière lui, il n'y a plus de rire, plus d'explosions.
Enfin ! Thomas aperçoit la clôture. Il s'arrête un peu avant, reprend son souffle mais un point de côté lui cisaille le ventre. Thomas tremble, ses jambes flageolent, il transpire à grosses gouttes, de peur.
Des mains apparaissent brusquement sur ses yeux et sa bouche. Le clochard s'accroche à son dos, en riant comme un détraqué. Des « s'marrer » entrecoupés d'éclats déments résonnent aux oreilles de Thomas qui panique de plus belle, les yeux écarquillés, le souffle court, la sueur aux tempes. Soudain, une décharge d'adrénaline lui déchire le ventre. Il mord de toutes ses forces la main qui le couvre. Pendant que le mendiant laisse échapper un cri de douleur au milieu des rires stridents. Thomas agrippe les épaules et le fait basculer à terre. Le type rit toujours. Thomas n'en peut plus, il voit rouge et commence à frapper le vagabond à terre. Il lui décoche dix, douze coups de poings à la tête. Il ne sait plus s'arrêter, il frappe sans discontinuer le visage, les côtes. Un dernier direct. Le mendiant ne rit plus maintenant.
Les yeux hagards, Thomas se réveillera, contemplera le sang qu'il a sur le main droite. Il lui viendra une sueur froide après l'adrénaline. Thomas s'enfuira et arrivé chez lui, il s'effondrera sur son lit, presque convulsant, pour se réveiller tard le lendemain et essayera de se convaincre que c'était un cauchemar...
Ça fait des histoires à raconter, mais pas à n'importe qui... | |
| | | dale cooper
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| Sujet: Re: TROPHEE ZOLA Mar 29 Oct - 19:08 | |
| Aeris Inalia a osé défier KinderWalker La Frange blonde s'en est pris au shokobon underground
Voici les armes que la frangée de nos cœurs avait choisies :
- Citation :
- Je le défie d'écrire un texte sur le thème "Promenade."
Il aura pour contrainte : Aucune, si ce n'est de se donner à fond. Les touches d’Aeris, trop légères, n’ont pas permis, malgré leur fluidité, de vaincre l’œuf à pattes.
KinderWalker a gagné avec le texte N°2 Et conserve fermement le trophée Zola.
Le texte N°1 a obtenu la note de 5,8/10 - Citation :
- Comment commencer ? C'est l'histoire … ? Il était une fois ? …
Enfin quoi qu'il en soit, tu te promènes. T'as tellement marché que tu ne sais même plus ce que tu fais sur cette route, ce long morceau de goudron sur lequel le soleil tape presque autant qu'il te tape dessus. Ca fait des heures que tu marches, mais toujours aucune voiture. Tout est calme, lourd, limite flippant. Tu as envie de courir, de trouver des gens, de la civilisation, de la vie. Mais il fait chaud, tout est moite, alors tu continues de te traîner. Marcher, marcher, marcher. Ce mot résonne dans tes tempes, rythme les battements de ton coeur. Tu ne penses plus à rien. Marcher …
Mais ce n'est pas vraiment le début, ça.
…
« Jane ? Jane, c'est moi. »
Le silence, oppressant. Tu pousses la porte, entres dans la cuisine. Pas un bruit. Jane doit être partie faire des courses, promener le chat … Voire se promener elle-même. Peut-être qu'elle voulait oublier ces dernières heures, s'occuper l'esprit pour s'empêcher de trop réfléchir. Ca ne lui va pas, à Jane, la réflexion. Elle est impulsive, parle trop vite, trop fort. Et dès qu'elle se met à penser, elle commence à se faire des idées. Sur tout. Sur toi. Toi et la voisine, par exemple. La façon dont tu regardes ses fesses quand elle se penche pour tailler sa haie. La façon dont elle tourne la tête quand tu tonds la pelouse torse nu, comme si elle ne voulait pas qu'on sache. Enfin elle imagine des choses, c'est pas bon.
« Jane ? … »
Là, elle avait encore trop cogité, au bureau. Ca lui avait donné mal à la tête, alors elle avait prétexté une grippe et était partie. Rentrée plus tôt à la maison, elle t'avait vu avec ladite voisine. Un peu trop près. Un peu trop haletants. Un peu trop dévêtus. Mais non, Jane, c'est pas ce que tu crois ! En même temps, difficile de ne pas y croire, deux corps collés, en sueur, sur un canapé. CINQ ANS DE MARIAGE, Vincent ! CINQ ANS ! Et tu les as foutus à la poubelle comme t'as dû jeter les millions de capotes que t'as utilisés avec elle ! Sans un regard ! Alors toi t'es parti. Lâche. Peur de t'expliquer, incapable de regarder la vérité en face : TU AVAIS TORT. Et avoir tort face à elle, cette folle, cette conne décolorée, c'était même pas possible.
« Jane, arrête de faire l'idiote ! J'suis désolé, laisse-moi t'expliquer ! »
Et puis tu es revenu. Et maintenant tu la cherches. Tu sais qu'elle est là, t'as vu ses clés de voiture sur la table. Elle doit t'attendre, comme d'habitude, genre planquée dans la salle de bain ou un autre stupide endroit, pour pouvoir te sauter dessus et te démontrer par a+b à quel point tu ne sers à rien. Tu veux pas vraiment l'entendre son explication, tu veux pas la voir avoir raison, mais tu sais que tu vas devoir y passer. Alors tu la cherches.
« Jane ? Je sais que t'es là, arrête tes conneries ! »
Elle est pas dans la salle de bain. Pas dans les toilettes, la chambre, la cuisine ou le salon. Mais ses affaires sont là, alors elle reviendra. Et puis son portable est sur la table, à côté de ses clés. Tu commences à flipper. Elle n'est nulle part, mais elle n'aurait pas pu partir sans son portable. C'est juste inimaginable. Alors tu rassembles tes pensées, et les éléments que tu as. Son portable, son sac. Ses clés. Ses clés …
« JANE ! »
Tu fonces vers le garage et tu ouvres la porte, celle qui donne sur la maison. A peine entré, tu sens le gaz qui te prend aux tripes. Tu tousses, tu suffoques. T'as à peine le temps de voir la fenêtre de la clio, ouverte, et sa main qui en dépasse que déjà t'as compris. Et tu t'enfuis. Tu cours jusqu'à la route, sans réfléchir, sans un bruit, sans rien. Tu cours pour essayer de te réchauffer parce qu'un frisson t'a glacé jusqu'à la moelle. Tu ne veux plus penser.
Petit à petit, tu ralentis. Maintenant, tu marches. Lentement. Posément. Quiconque te croise pourrait imaginer que tu es un promeneur ordinaire qui flâne par cette chaude soirée d'été.
…
Enfin, tu arrives à la plage. Tes pas t'y ont conduit sans que tu ne leur aies demandé quoi que ce soit, mais ça te va bien. Comme par hasard, il commence à pleuvoir, cliché au possible. Tu regardes la mer se rapprocher au fur et à mesure que tu avances. Elle se rapproche, encore et encore. Tu peux maintenant sentir le froid de l'eau à travers tes chaussures de toile, mais tu continues, pas après pas. Toujours, droit devant. Tu es trempé, sans savoir si ça vient de la pluie, ou des vagues qui te foncent dessus, comme pour essayer de te déstabiliser. Mais tu ne flanches pas. Tu avances, tes yeux vides fixés sur l'horizon.
Et, sans un bruit, tu sombres. Le texte N°2 a obtenu la note de 6,8/10 - Citation :
- diferente
Les portières claquent, la fermeture centralisée émet un déclic rassurant sur le parking et le couple s'en va vagabonder sur les chemins des Planches.
Deauville, il est quinze heures, le ciel est radieux. Il fait bon et un léger vent de mer apporte ses odeurs de large et rafraichi agréablement le jeune couple. Deux jeunes gens trentenaires, mariés depuis peu, rayonnants de leur nouvelle idylle. Une promenade, les caillebotis usés par le sable et le vent incessant, le front de mer et quelques peintres qui s'acharnent à le fixer sur une toile. La plage, les parasols alignés, aux couleurs pastels, bleus, rouges, orangés et le bruit des vagues qui déferlent, mousseuses, aux pieds des vacanciers.
Le couple déambule, les yeux au loin, s'échange de temps en temps un petit baiser réconfortant, se presse l'un contre l'autre, chassant une fraicheur imaginaire. Pourtant, les masques sont fins, les yeux se détournent, une lèvre est torturée, mordillée. La conscience vient hurler, tambouriner son mécontentement.
Chéri ? Hum ? J'ai quelque chose à te dire. Quoi donc ? Je n'aime pas que tu m'appelles mon lapin d'amour en public.
Chéri tourne la tête, les yeux inquiets. Il a dans le regard un je ne sais quoi de trahison, de trahi en fait. Ses joues s'enflamment. Chérie doute, un instant. Va-t-il le supporter ?
Je suis désolé, je ne le ferai plus. Oh, euh. Merci.
Silence
Tu sais, moi aussi, j'ai quelque chose à te dire. Vas-y, je t'écoute. Je trouve les rideaux hideux. Oh.
Chérie rougit à son tour. Croit à la vengeance, s'apprête à le dire, se fait contredire par la mine soucieuse de son mari. Chérie baisse les yeux. Chéri culpabilise un peu. Il s'était promis de ne rien dire.
Euh, je peux t'avouer quelque chose ? Tout ce que tu veux ! Euh, je veux dire. Oui ? J'ai démissionné de mon travail.
Surprise, incompréhension embrasent les yeux de chéri. La bouche claque, claque, se referme s'ouvre béante. Chérie anxieuse, attend la fin du ballet de gencives et la réplique.
Mais pourquoi ? Je ne m'y plaisais pas, mon patron était idiot. Mais, et le crédit de la maison ? Oh, ton travail suffit pour le payer. Ne t'en fais pas.
Chéri hésite, cherche quoi dire. Son regard virevolte, se perd, pendant que Chérie sert plus fort la main de son époux. N'y tenant plus.
Je me suis fait viré. Quoi ? v Je suis désolé. [i]Mais pourquoi ? Pas assez productif. Il paraît que je m'endormais au bureau.
Chérie outrée, danse à son tour un contrepied sur bouche bée et yeux écarquillés.
« Dormais », mais tu n'as pas honte ? Et le crédit de la maison ? Et bien, avec ton travail, je pense que ça ira. Pensais. Ça ne va plus. Mais qu'est-ce que tu pouvais faire pour t'endormir au bureau, mon dieu. Je t'en prie ! Si madame ne faisait pas sa nymphomane tous les soirs, je serai plus d'attaque pour la compta ! Je suis désolé, je ne voulais pas dire ça !
Chéri panique, se plaque une main sur la bouche. Un peu honteux, un peu sûr de son bon droit, la situation lui échappe, il tourne la tête de droite à gauche, signifiant son non résolu à la planète. Ça ne va pas se passer comme ça. Il va avoir une discussion avec sa femme et lui faire reprendre ce fichu...
Je suis enceinte !
Concerto en dents qui s'entrechoquent. Chéri passe du bleu, du rouge, au vert, au blanc. Bredouille, murmure son incompréhension.
Et ta pilule ? J'ai arrêté, paraît que ça fait un trou dans la couche d'ozone. Oh ? C'est ma vingt-deuxième semaine de grossesse, quand même.
Chérie caresse son ventre déjà bien rond. Cinquième mois, quand, même, il aurait pu s'en apercevoir. Anxiété toujours, fait accompli. L'IVG, ce sera pour le prochain, try again and insert a coin. Sourire mental, traduction physique. Chérie s'emballe.
Il saisit un stylo dans sa poche, écrit une phrase sur sa paume. « Je te quitte ». Puis lui plante la plume dans la jugulaire, une, deux, trois fois. Puis dans le ventre « T'apprendras à écrire plus vite comme ça, putain de gosse ». Chérie gémit. Chérie lui parle, au travers des glouglou du flot de sang qui coule.
Chéri, tu vas bien ? Oui, oui.
Chéri se secoue la tête. Ses sourcils se froncent. Chérie s'arrête, lui aussi, le silence est lourd, les lèvres s'ouvrent et se referment sans proférer rien de ce qui passe par leurs têtes. Chéri sort un pistolet, elle est pétrifiée. L'automatique est sur sa tempe et sa bouche tremble. PAN, des planches décolorées tachées par la cervelle spongieuse et sanguinolente. La robe de chérie est fichue.
Chérie, tu m'écoutes ? J'ai autre chose à te dire. Oui, je t'écoute. D'une voix lointaine. Je... Je t'ai menti, je t'ai trompé.
Chérie se fait prendre par surprise, sa bouche se déforme, grande ouverte, ses mains sillonnant ses joues. Ses pensées s'égarent, se croisent, s'accrochent et s'écorchent. Et se calme, chacun ses petits secrets. Chéri réfléchi, s'interroge.
C'est pour ça que tu avais la migraine tout le temps ? Un enfant ? Hum, on peut voir ça comme ça. Mais, il y a cinq mois, un mois avant le mariage... On avait décidé de s'abstenir le temps des préparatifs ? Oh, oui... Tes idées de pureté idiotes. Mais alors ...
Chérie blêmit, merde et merde et merde.
Qui ? Qui ? Ton meilleur ami. Ta meilleure amie. Non ! Non ! Quelle salope ! Quel bâtard ! Comment a-t-elle pu oser faire ça. Comment a-t-il pu se permettre un truc pareil.
Double regard croisé. Des murmures.
La pute. Le sale petit rat.
Ils se remettent à marcher, humant l'air comme on sent l'odeur de la curée. Des gens nous regardent, ce n'est pas le moment de flancher. Demi tour, marche, en avant au pas.
Chérie le regarde en coin. S'absorbe dans l'observation, espérant deviner ce qu'il pense. Elle lui donne une gifle. Il ne bouge pas. Elle s'acharne, lui bourre les côtes de coups et lui ne réagit toujours pas. Elle enrage, se saisit de son petit couteau suisse et lui plonge dans l'oeil. Pas un mouvement, pas un cri. Transpirant la fureur, elle lui ouvre la gorge. La tête bascule en arrière, retenue par quelques morceaux de muscles. Elle se saisit de son cou et lui hurle dans la trachée.
Et là, tu m'entends ? Je t'emmerde. Quoi ? Je t'emmerde, petit vendeur de pacotille de mes deux. Casse toi !
Le noir qui tendait ses montres et ses lunettes de soleil se retire précipitamment, effrayé par la violence verbale de Chéri. Le même sourit extirpe une carte bancaire de sa poche intérieure, attrape Chérie par les cheveux et la plaque contre une cabine de plage. Il lui place brutalement le fin morceau de plastique entre les deux lèvres et lui susurre dans l'oreille. « Why so serious ? ». Un coup de genou dans le ventre et elle hurle, sa bouche s'agrandissant démesurément au rythme de ses expirations et de ses petits cris. Le sang coule, goutte. Plic ploc plic ploc.
Ah, zut, il pleut Rentrons, la voiture est tout près.
En courant, le couple aperçoit les promeneurs se réfugier sous les toits accueillants des cabines de plage. La pluie s'intensifie, c'est torrentiel. Pendant cinq brèves minutes, serrés l'un contre l'autre, ils oublient ce qui vient de se passer, enlacés. Pendant cinq minutes, ils ne pensent à rien, ne disent rien, se détendent. L'averse s'éloigne et les planches sont détrempées. Main dans la main, le couple se dirige vers sa voiture, pendant que les touristes piégés s'éparpillent sur la plage et le sable humide.
Chérie pose sa tête sur l'épaule de son mari. Chéri, lui sort un neuf millimètres et tire dans la tête de sa femme avec le sourire. Les gens hurlent, la gorge de sa femme émet un gargouillis infâme. Les gens hurlent. Chéri regarde ses mains, pleine de sang et sa chemise détrempée.
Elle ne veut pas que je l'appelle mon lapin d'amour ! Elle ne veut pas que je l'appelle ... mon lapin... d'amour ?
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| | | dale cooper
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| Sujet: Re: TROPHEE ZOLA Mar 29 Oct - 19:17 | |
| Teysa le Sombre a défié Walkman La montagne s'en est pris à la rue
Voici les armes choisies :
Un évènement du quotidien et de l’ordinaire de n’importe qui
Kinder a brillamment remporté le duel avec une moyenne de 7,5/10 avec le texte n°1 - Citation :
- Il marche.
Le son régulier de ses chaussures trouve un écho étrange dans la lumière du matin. Au dehors, les façades bétonnées d'immeubles s'éclairent à peine du petit jour, et les fenêtres sont presque toutes fermées. La route est bordée de platanes qui bruissent au vent. Le ciel est superbe, d'un bleu tacheté de nuages légers, gracieux, trop ténus même pour y voir quelque forme.
Devant la bouche de métro, les pas résonnent toujours. Avant de pénétrer dans la bouche béante, il est tout prêt de marquer un temps, mais la foule qui apparaît soudainement l'en empêche aussitôt, le prend dans son flux et le projette sur les marches carrelées des boyaux souterrains. Ça et là, un guitariste ou un violoniste joue un contrepied à sa démarche cadencée. L'enchaînement de portes et de couloirs est machinal, presque automatique. La ligne quatorze, vide à cette heure, lui permet de tourner en rond. Sans cesse il bat le linoléum crasseux dans sa rame, comme soucieux de marcher tout le chemin du monde avant le jugement dernier.
Revenu sur terre, il reprend sa route, trouvant le temps de piétiner devant un Starbucks et d'emporter un grand café américain. Il aime l'odeur diluée, assez forte pour lui inspirer un rythme nouveau quelques minutes, mais pas assez puissante pour l'obliger à s'arrêter. Devant lui maintenant s'étend un grand boulevard. Les monuments défilent à sa droite, les boutiques à sa gauche, parfois se mêlent, parfois s'évitent, parfois se cachent et reviennent à l'improviste. Comme sur une autoroute, il se décale sur la gauche, pour dépasser la cohue. Il aime les voitures, ce bruit ténu, ces battements si frénétique qui l'emmènent à toute vitesse, comme l'enregistrement de sa vie écoutée seize fois trop vite par le magnétoscope. Peut-être a-t-il l'impression de pouvoir y lire son avenir, mais il entend toujours la même chose venant de ce moteur si bêtement prévisible.
Il marche, il marche, il marche.
Il s'avance, il évolue, il se fraye un chemin parmi les hommes.
Il sombre dans des pensées qui le ramènent à sa course pour le bonheur. Demain, une télévision, après, qui sait ? Il réfléchit à la danse, mais la repousse. On n'avance pas avec la danse, on ne fait que tourner, tourner et fléchir des genoux encore.
Il s'est dévoué à ses jambes.
Parvenu devant un immeuble, il expire. Il se calme, comme chaque matin. Il aime son travail plus que tout, plus surtout que ses idiots d'enfants qui passent leurs temps affalés dans le canapé à l'écoute du poste ou du transistor. Il n'iront pas loin se dit-il.
Il n'est pourtant pas très doué pour son travail. Il expédie les clients, il est vendeur de porte à porte. Et il trépigne devant l'inconsistance et l'inconstance de ses prospects. Tant d'indécision, ça ne peut que nuire à la bonne marche de la vie. Qu'ils se fixent un but et qu'ils s'y tiennent. Il est très attaché à ses valeurs morales et se définit comme autodidacte et libre penseur. Fidèle à lui-même aussi, jamais un faux pas. Jamais un écart. Il aime les manifestants, hait les CRS. Plaint les plantons, gémit au sort des videurs, garde une animosité tenace contre le travail de bureau et à la chaine.
Il marche.
Il a tellement usé le pavé qu'il l'a transformé en sable.
Il marche. Et il sourit. Teysa restera du côté sombre en échouant avec 5,5/10 et le texte n°2 - Citation :
- Je l’observais, elle, allongée dans le canapé, toujours gracieuse, toujours magnifique, son souffle paisible, sa poitrine qui se gonfle, je l’observe.
Je dépose ma main sur son visage, que je caresse délicatement.
Elle ouvre ses grands yeux verts et me regarde.
On peut sentir son plaisir d‘être là, avec moi près du feu de cheminée, qui ne fait qu’accentuer la beauté simple de ce moment.
Je la déplace délicatement pour pouvoir me lever, la regarde une dernière fois dans un sourire, puis me dirige vers la cuisine.
J’ouvre le robinet pour me servir un grand verre d’eau.
Là, je l’entends qui arrive derrière moi.
Je me retourne et la regarde, elle s’avance de sa grâce féline, ses hanches se balançant au rythme de sa démarche.
Elle campe devant moi, me regarde.
Je la prends dans mes bras, la serre contre mon cœur, un sourire au lèvre.
Elle me parle, me demande quelque chose. Je la regarde dans les yeux avant de lui répondre :
« - laisse moi le temps d’ouvrir ta boite ma petite chatte à moi »
Puis la repose sur le sol. | |
| | | dale cooper
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| Sujet: Re: TROPHEE ZOLA Mar 29 Oct - 19:19 | |
| Mickaël est venu tenter de chatouiller Walkman. Il a presque réussi à le faire rire.
Voici les armes choisies :
La futilité.
Walkman enchaine une quatrième victoire avec une moyenne de 6,06/10 avec le texte n°2 - Citation :
- "L'Homme dépassé"
La ville s'étend. Elle se répand sur la campagne comme chaque jour, à la vitesse d'un homme qui marche. Chaque matin, un peu plus de sa lourde chape de béton pèse sur la terre glaise et gluante. Au rythme des cycles blafards, cadencés par la lumière tremblotante du soleil, chaque soir, d'autres grandes barrières de gris et d'acier coupent l'horizon.
Chaque millier de nouveaux appartements est aussitôt occupé par une famille qui vient de nulle part et qui s'installe, sans que l'on sache d'où ni comment ni pourquoi. Et le gigantesque hall qui sert à entreposer l'argent déborde de coupures servant à financer les travaux perpétuels qui agitent la ville. Personne ne sait, personne ne sait tout. Souvent, un commis se présente avec une facture et on la paye. Et personne ne sait. Comme si la ville était faite de liquide, elle se déverse sur l'espace.
La ville est surplombée d'un air si lourd qu'il pèse sur les toits presque autant que le goudron des routes écrase le sol. Des fumées anthracites, des émanations épaisses qui déroulent leurs volutes avec patience au-dessus des épaules. Dans le flou opaque et poisseux, le ciel est toujours couleur charbon. Les oiseaux nagent dedans presque autant qu'ils y volent et tout ce qu'on voit se transforme en noir et blanc après quelques mètres.
Il y a un centre, et l'administration l'occupe. Il s'y prend des décisions que nul ne voit. On y décide tout mais personne ne sait rien. C’est le trou noir de la superstructure, engloutissant, rayonnant de vide. C’est son cerveau. La ville est vivante et elle est incontrôlable. Dans ses bureaux, des dizaines d'armées de fonctionnaires travaillent. Ils ne savent pas à quoi exactement mais personne ne dit rien. Depuis le centre, des lignes de bâtiments partent se perdre aux quatre points cardinaux. Dans le gruau de l'air ambiant, des stylos crissent sur des millions de feuilles, et le vacarme infernal engendré rend sourd les employés.
Les habitants sont à l'image de la ville. Gris, toujours occupés, lourds et pesants. Toujours les rues sont inondées par le flot des gens et les pavés martelés si fort qu'ils deviennent sable en quelques jours. Le bourdonnement dévale les rues, rattrape les constructions et part se perdre dans les campagnes. Ils sont innombrables. Ils ne vivent que pour vivre.
Au devant de l’horizon.
Quelques kilomètres devant les frontières mouvantes de la ville, un jeune garçon marche. Il marche jour et nuit, chassé par l'ombre tentaculaire qui toujours s'acharne à le couvrir. Devant lui s’étend un paysage presque lunaire, fait de fermes crasseuses, de champs boueux. Il est devenu golem fuyant à force de s’arracher de l’argile. Il fuit le roulement fracassant des pas et le vacarme assourdissant des plumes sur le papier. Il fuit ce qui le terrifie, toujours titubant, à chaque instant risquant de tomber pour se faire engloutir, chaque seconde se rattrapant pour repousser l'échéance. Il est épuisé, mais il marche, il marche mais pas assez vite. La ville le rattrape. Et chaque fois qu'il regarde en arrière, la grande ombre grise est plus proche et menaçante. Mickaël a loupé son coup de pas grand chose avec 5,31/10 et le texte n°1 - Citation :
- Je ne vais pas déroger à ma règle. Je le sais, mon texte serait bien mieux écrit si j’avais un plan, une idée directrice. Mais non. Je vais écrire comme me le dicte mon esprit. Parfois même il me semble que mes doigts anticipent mes idées. L’esprit humain…
Etant entendu que son style et le mien sont fondamentalement différents, je ne vous gâche pas la surprise. Parfois se joue une parodie d’anonymat. C’est ici le cas. C’est donc bien moi. Moi et un fond sonore approprié : Tu penses trop d’un groupe qui s’appelle Parazit. Je ne sais pas si le hasard fait bien les choses mais, entre la chanson et le groupe, on a balayé rapidement ce que j’estime être. Un réflexe inconscient sans doute, une manifestation involontaire d’un mal-être persistant.
Mais revenons-en au sujet qui vous fait lire ces quelques lignes : la futilité. Beaucoup d’idées m’ont traversé l’esprit : une description d’événements sans intérêt, des destins croisés puis cet élan d’optimisme à gerber qui m’aurait fait dire que des petites choses inutiles peuvent conduire à des coups de théâtres majeurs. Une idée intéressante mais si peu réaliste. Quoique, les récits sont ce que l’on en fait après tout. La futilité, vaste sujet. Croyez-vous qu’il suffise que je distille ce mot au cours de mon récit pour vous faire penser que j’en parle ? C’est une notion assez subjective qui plus est. Selon que les gens y trouvent leur compte ou pas… certains vous diront : « Secret Story est une émission sans intérêt », d’autres affirmeront le contraire, prêts à vous pendre haut et court. L’exemple est choisi. Convenons-en, cette émission, qui n’est plus un extra-terrestre du PAF, qui est merdique à souhaits, n’est pas inutile pour tout le monde.
PAF. Mon esprit a soudainement fait un bond.
Pour quoi ? Quelque chose d’inutile ne trouve pas de réponse à cette question. Et pourtant, j’ai dans l’idée que l’on trouve toujours au moins une raison pour justifier ses propres absurdités. Dusse t’elle être ridicule, on en trouve toujours une. Cela me fait penser à ces crises que je traverse, souvent. De sombres périodes pendant lesquelles je ne trouve pas de réponse à cette question. Pourquoi suis-je sur Ter Aelis ? Pourquoi continuer alors que régulièrement me vient l’idée d’abandonner ? Pourquoi essayer de me persuader que la vie est belle ? J’arrive ici à l’exposé de l’idée qui a finalement gagnée mes faveurs.
J’ai tendance à me dire, et en plus, je me crois, que tout ça est bien inutile. Etre sur TA ne me fait pas aller mieux. Je dois composer avec d’autres individualités, je dois me forcer, me botter le cul pour faire ce que j’ai à faire…
PAF. Un coup de téléphone.
De nouveau, Madame doit aller bosser alors que ce n’était pas prévu. De nouveau, nous devons tout remettre en question parce qu’elle n’est pas foutu de dire non. Mais qu’est ce qui m’emmerde vraiment ? Je le sais moi. C’est d’être un foutu égoïste. Ce qui me fout les glandes c’est que son boulot puisse passer avant moi. Que MES plans puissent être bouleversés… D’un coup, j’ai le sentiment de n’être qu’une merde. Immanquablement, dans les secondes qui suivent, je vais m’en persuader. L’idée déjà bien encrée dans mon esprit va faire son chemin. Classique.
PAF. Je ne suis qu’une merde.
Après tout, qu’est ce que je fous ici. Je suis proche du niveau zéro en littérature et en dessin. Je me noie à moitié dans le RP. Disons récit rôliste pour arracher un sourire à mon âme, anecdotique. J’entends déjà les sermons réconfortants qui toujours, font référence à ces « autres » qui sont moins bons. Non, certes, je n’ai pas à me plaindre. Et pourtant, je ne fais que ça. Car je ne suis pas celui que je voudrais être. Et je ne suis pas l’image de moi que les autres me renvoient. Je vis dans un monde parallèle, à la recherche de mon identité. Je suis qui putain ?
PAF. La réalité reprend le dessus.
Je me rends compte que je suis en plein récit de ce qui devrait être, sous peu, un texte soumis à la critique populaire. Et se repose la question du sujet. Est ce que j’y réponds encore ? L’ai-je même seulement abordé ? Je n’ai pas la réponse à cette question et c’est plutôt grave. Mais, en même temps, qu’est ce que je risque ? Avoir une mauvaise note, échouer, ne pas emporter l’adhésion de la plupart d’entre vous. La réalité, c’est que je ne connais pas la plupart d’entre vous et pourtant j’essaie de vous séduire. N’est ce pas là l’absurdité, la futilité ? Ce comportement supposé social ou sociabilisant qui mènera à quoi. A rien. Parce que j’ai trop peur de rencontrer les gens, je ne participerais pas à l’IRL. Le dernier week-end d’août, je me demanderais si finalement je n’aurais pas dû y aller. Et puis une fois passée la session, je pourrais reprendre mon argumentation : tout ça ne sert à rien puisque cela n’a aucune incidence sur le réel.
PAF. Le chien.
Aucune incidence sur le réel ? N’est ce pas le moi réel qui écris ces mots alors que je devrais bosser ? N’est ce pas moi qui me prends la tête tous les jours pour faire face à mes contradictions ? N’est ce pas…
PAF. Un coup de téléphone.
Elle finira à 13h, ne bouleversant pas mon plan prémâché de ma journée. Ouf, je me sens mieux d’un coup. Je suis vraiment un con. Non, vraiment. Vous ne vous rendez pas compte. Je lui ai fais une maladie…pour ça. Le contrôle… On me l’avait déjà dit. Je veux tout contrôler. Ne pas sortir de mon carré, surtout pas. Mais toujours, toujours avoir la maîtrise sur ce qui s’y passe. Voilà surement pourquoi, ces temps-ci, je pense à partir. Je ne contrôle plus rien. Je ne peux plus dire stop parce que j’ai peur. J’ai peur de ce qui pourrait arriver. Ai-je peur de réussir comme on me l’a suggéré ?
Aujourd’hui, je me rends compte que je n’ai pas changé. Ogame m’avait miné et enfermé sur moi-même. Je pensais avoir changé et puis finalement… Deux pages sur Word sur la futilité, voilà ce que je devais écrire. Peut être certains diront que l’objectif est pleinement atteint : un texte vide, écriture simpliste, aucune figure de style percutante, aucun plan…le néant littéraire comme jamais personne n’avait encore osé l’approcher. D’autres pourront se dire que…
Quoiqu’il en soit, je tire ma révérence me soumettant au vote du public, aussi inutile qu’un glaçon dans un verre de Whisky.
Bien à vous.
PS : PAF. Futilité et altruisme. PAF Ne jamais dissocier le texte et son contexte. PIF PAF POUF | |
| | | dale cooper
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| Sujet: Re: TROPHEE ZOLA Mar 29 Oct - 19:21 | |
| dvb a défié Walkman Celui qui se dit insoumis voulait raffler le trophée Zola à l'hégémonique détenteur.
Les armes choisies :
"TROMANCE : trois, c'est trop"
Il aura pour contrainte qu'aucune violence physique ne saurait être tolérée dans ce texte qui traitera le trop plein d'amour.
Walkman n'a pas combattu. Il a baissé son arme, offrant ainsi le trophée à dvb . Voici le texte que nous offrait l'insoumis dvb : - Citation :
Mr Brightside
Lui
Tout avait commencé par un baiser… Le jeu de la séduction n’avait bien sûr pas marché sur elle. Il avait aimé qu’elle lui résiste. Il avait cru enfin trouver la fille idéale, celle dont il ne se lasserait pas. Son innocence, sa beauté, sa fraîcheur ; tout l’attirait. Il avait même cessé de courir après toutes ses « proies » potentielles ; c’était devenu tellement facile pour lui, qu’il n’en éprouvait plus aucune satisfaction. Mais pas avec elle. Dans les courbes de ses hanches, dans ses éclats de rire, il voyait bien plus qu’une fille à mettre dans son lit. Le jeu avait tourné à l’obsession, puis la passion finit par l’embraser avant de le consumer complètement. Il n’avait jamais aimé personne avant elle. Pourtant elle avait décidé de choisir l’autre. Pourquoi ? Elle s’était livrée à lui, comme jamais elle ne l’avait fait en dix ans de mariage. Elle avait crié son plaisir comme jamais auparavant. Ils avaient ris ensemble, ils avaient partagés tant de choses depuis ce baiser. Ce baiser parti d’un jeu, comme un défi lancé à ses certitudes : « Embrasse-moi si tu es sûre de ne pas vouloir de moi. Qu’est-ce que tu risques ? Ce n’est pas un simple baiser qui viendra à bout de tes illusions… ». Elle avait rit, puis l’avait embrassé. Elle aurait voulu que ça soit une simple bravade sans conséquence, pour lui prouver qu’il était un beau parleur, et qu’il n’aurait jamais de place dans sa vie. Mais elle n’avait pas pu quitter ses lèvres. Bientôt ils s’étaient retrouvés tous les matins au petit déjeuner, à l’heure où son mari partait travailler. Pourquoi n’acceptait-elle pas leur fin ? Ca ne devait pas être un échec pour elle, puisque jamais personne ne pourrait l’aimer comme lui. Il lui avait promis de tout son cœur : il ferait tout pour elle, il apprendrait la patience, il accepterait la relation cachée et les weekends gâchés par cet égoïste qui leur pourrissait la vie. Elle avait beaucoup pleuré. Il l’avait toujours réconforté, tandis que l’autre la traitait de plus en plus mal. Il avait voulu venir la chercher plus d’une fois, lorsqu’elle lui écrivait par téléphone de son domicile conjugal. Ces quelques lignes sur l’écran étaient parfois leur seul lien pendant des semaines. La souffrance provoquée par cette situation sordide, s’effaçait devant un simple sourire d’elle. Il n’aimerait plus jamais personne. Ce soir ils n’avaient pas fait l’amour. Elle était venue chez lui, pour lui annoncer que tout était fini. Cependant il avait lu bien autre chose à travers ses larmes : dans ses grands yeux verts il y avait la promesse d’un bonheur encore à venir. En la regardant quitter cette chambre une dernière fois, une seule pensée lui venait. Elle faisait le mauvais choix, c’était une certitude pour tous… Elle Comment ont-ils pu m’obliger à faire ça ? Choisir ? Et pourquoi ? Ca ne leur suffisait pas de me déchirer comme la pauvre poupée de chiffons que je suis entre leurs mains ? Je suis un jouet, que deux enfants se disputent. Ils me tordent et m’arrachent pour me posséder. Ils ne voient pas plus loin que leurs queues ; ils ont oublié pourquoi ils se battent, ils préfèrent leurs fiertés aveugles. Ils se foutent de moi ! Le premier qui m’aura comme trophée, pourra me poser fièrement dans un coin pour me mieux me délaisser ensuite. Dès que je me laisse convaincre par les pleurs et les arguments de l’un ou l’autre, je n’ai plus d’intérêt à leurs yeux. Je dépéris. Je ne peux pas être un fruit qui mûrit avec le temps. La routine me tue. Je dois être dévorée, ici, tout de suite. Ils font de grands gestes, de belles phrases, des promesses d’amours éternelles. Toujours. Je ne les crois plus. Ils ont vidé mon cœur à force de me remplir la tête de mots creux. Je ne veux plus rien savoir. Je n’ai pas choisi de tomber amoureuse d’un gamin pleurnichard, incapable de s’occuper de moi, m’ignorant jusqu’à ce qu’un autre pose les yeux sur moi, comme s’il avait peut qu’on lui vole son jouet. Et je n’ai pas non plus choisi de me laisser avoir par les belles paroles d’un dragueur sans cœur. Pourquoi a-t-il fallu que je tombe sur eux ? Pourquoi les ai-je laissé avoir autant d’emprise sur moi ? Je les aime pourtant… ils ne le voient même pas. C’est de leur faute. A tous les deux. Choisir ? Choisir de me disperser, de me tordre moi-même. Je n’en peux plus. Je voudrais m’assoir et pleurer, seule dans mon coin comme une petite fille. Mais ils ne me laissent pas une seule minute de répit. Il faut toujours que je rende des comptes, à l’un et à l’autre. Que je mente, que j’invente. Aucun ne me croit. Je m’en fiche. Ils me dégoûtent. Je dois choisir… Lui « Tu sais, ta femme… elle n’est peut-être pas la fille sage de tes rêves. Elle a des envies dont tu ne te doutes pas. Tu penses la connaitre parce que tu la croise tous les jours depuis dix ans, mais au fond tu la vois uniquement à travers tes certitudes. » Quel enfoiré ! Il aurait dû lui casser la figure dès ce moment là. Mais il était déjà trop tard ; il avait laissé entrer le loup dans la bergerie. Il se souvenait avec amertume de ce jour-là. « Chéri ? j’ai invité mes collègues du bureau demain soir, ça ne te dérange pas ? - J’ai mon mot à dire peut-être ? - C’est bon ! Ne le prends pas comme ça s’il te plait… - Il sera là « lui » ? - Qui ? - Tu sais très bien de qui je parle… ton joli cœur ! - Ouiii… Il sera là. Et arrête avec cette histoire ! C’est lourd ! C’est juste un collègue de boulot, je te l’ai dit. Il n’y a rien entre lui et moi. Je t’ai déjà trompé peut être ? - J’en sais rien justement ! Et même ! Il est jamais trop tard pour commencer. - Pfff… Je peux pas lutter on dirait. Monsieur a décidé que j’avais une relation extraconjugale, donc j’ai plus qu’à me mettre un drap sur la tête et m’enfermer dans la chambre ! - Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit ! - Tu le penses tellement fort ! Je te connais comme si je t’avais fait ! Ca m’apprendra à épouser le premier venu. - Alors c’est à ça que tu penses ?! Je t’ai pas obligée que je sache ! T’aurais voulu quoi ? Te taper tous les mecs du coin avant de te marier avec moi ? T’as le cul en feu ? ça te démange ? - Tu n’as pas à me parler comme ça ! T’es … t’es qu’un enfoiré ! Connard ! - Je te parle comme je veux ! Je suis ton mari ! - Ca c’est un prétexte... pas une raison valable ! Tu me traites de plus en plus mal. - Je te traiterais mieux, si tu ne faisais pas ta salope ! - J’aurai jamais dû te parler de mes collègues. - C’est bon ! Chiale pas. T’avais qu’à pas me dire que tu bossais avec un genre de « dragueur invétéré et beau gosse » pour reprendre tes propres mots. - Mais j’ai dit ça comme ça. Je le connais pas plus que ça. Tu devrais être content plutôt. J’ai enfin trouvé un boulot bien, qui me corresponde ; je veux faire bonne impression en invitant mes nouveaux collègues, histoire de me mettre en valeur… de NOUS mettre en valeur. Et toi, tu viens tout gâcher. Comme toujours. - Oui et bien, si je dois gâcher un stupide repas pour sauver mon couple, je le ferais bien volontiers… - Mais tu le gâches tous les jours, ton couple ! Sans même t’en rendre compte ». | |
| | | dale cooper
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| Sujet: Re: TROPHEE ZOLA Mar 29 Oct - 19:24 | |
| Teclis a joué les gros mastodonte pour défier dvb notre disco vedette brestoise Mais le chant de la mouette a remporté le combat et dvb conserve donc son trophée.
Ils avaient choisi de se battre sur le thème :
"le train train de l'amour avec un truc à bouffer dedans."
Aucune contrainte stylistique ou de vocable n'était proposée.
dvb a gagné avec la note de 7,4/10 mais il n'est qu'à un demi point de son rival - Citation :
- Bière, foot, bic mac, amour et fantaisie
Appartement
La scène se joue dans un bel appartement de la région grenobloise. Le soleil va bientôt se coucher, mais ses derniers rayons jouent encore dans les fils dorés des rideaux. Dans quelques instants Mickael et Anaïs vont arriver chez eux. Nous sommes samedi soir et le match de demi-finale de la Coupe de la Ligue va bientôt commencer.
Mickael a vingt-sept ans, il travaille à la gare mais il n’est pas salarié de la SNCF, c’est un peu compliqué à expliquer. Cet après-midi il a joué à la console avec ses potes, pour oublier pendant quelques heures, le stress de son boulot.
Anaïs a vingt-trois ans, elle a un BTS action commerciale et travaille à mi-temps comme vendeuse-conseillère de mode chez H&M. Le reste du temps, elle fait des heures sup chez H&M, heures qui lui sont payées une fois de temps en temps, c’est un peu compliqué à expliquer. Cet après-midi elle a fait la lessive, le repassage, a aidé sa petite sœur à faire son devoir de droit et a emmené le chat chez le vétérinaire. Ensuite elle a rappelé à Mickael qu’il lui avait promis d’aller au centre commercial, car elle voulait voir les nouvelles collections de chez Zara, comme lui avait demandé sa responsable au boulot.
Voiture
« Alors je prendrai un menu best of mac nuggets avec frites et coca et un menu maxi best of big mac avec pota et sprite. Et un cheese en plus. On a une réduction pour le maxi best of… - Un Deluxe ! - Quoi ? - Un Deluxe je t’ai dit. - Oui oui c’ets bon, j’ai demandé les deluxe potatoes. - Non ! t’as demandé un Big mac. - Ben c’ets pas ça que tu voulais ? - Non ! je t’ai dit un Deluxe ! - Oh ben tant pis hein ! elle a pris la commande maintenant. Et puis t’avais qu’à me le dire avant ! - Oui ben je peux pas régler TON fichu autoradio et vérifier TA commande en même temps. - Quoi ? il marche pas le poste ? - Ben t’entends bien non ? ya un espèce de réverbe dégueulasse sur les basses. - C’est parce que tu mets trop fort. C’est les enceintes qui grésillent. - Non ! ça vient sûrement pas des enceintes ! C’est des Cabass Sloop 300 S … j’ai pas payé ça une fortune pour que ça "grésille" comme tu dis. - Par carte bleue ! Voilà. Merci. A vous aussi. - Pourquoi tu dis « à vous aussi » ? Elle t’a dit « bon appétit » et tu lui réponds « à vous aussi » ? - Bah quoi, c’est par politesse. - Parce que tu crois qu’elles passent leur temps à s’envoyer des filet o fish pendant qu’elles font la caisse les filles de mac do ? - Oh c’est bon hein ! tu m’emmerdes à la fin. Faut qu’on aille faire l’essence. - Nooon ! On peut pas faire l’essence maintenant. Le match va commencer dans cinq minutes. - Oh ben t’es pas à cinq minutes près non plus. - Arrête ! T’avais toute l’après-midi pour faire l’essence. T’avais qu’à y penser avant. On ira demain. »
Mickael et Anaïs s’aiment d’amour tendre depuis bientôt cinq ans. Ils se sont connus alors qu’ils étaient étudiants et après avoir reçus leurs premiers salaires, ils ont décidé de louer ensemble cet appartement bien ensoleillé près du parc. Ils reçoivent l’allocation logement depuis qu’ils se sont pacsés et leur chat sera castré lundi matin. Ils espèrent pouvoir un jour acheter, mais pour l’instant il vaut mieux attendre car avec la crise on est sûr de rien.
Ascenceur
« Putain ! pourquoi il met toujours vingt minutes à descendre cet ascenseur ! On dirait qu’il s’arrête à tous les étages. Ils se donnent tous le mots ou quoi ? Ils savent qu’on est pressé et ils font tout pour nous emmerder ? - On est pas pressé… On aura qu’à mettre les sandwiches au micro-onde si ils sont froids. - Mais je te parle pas de ça ! - Rhoo… ça va hein ! tu vas le voir ton match. - Mais c’est déjà commencé là ! - Ben t’avais qu’à lâcher tes potes plus tôt cet aprèm’. On serait rentré plus tôt. - Ahh ! - Dis, Micouille ? tu fais un bisous dans l’ascenseur ? Smouahh ! - Oui ! Attends. - Mmm… je t’aime mon chéri. - Oui oui. Mais fais gaffe avec la boite de bouffe. - Dis. Demain on pourrait aller se balader en forêt si il fait beau. Hein ? Qu’est-ce t’en pense ? - Euh… ouai ouai, on verra. - On verra quoi ?! - Bon allez vas-y, avance là ! Ca va se refermer sinon. - Où est-ce que j’ai mis mes clefs moi encore… - Oh c’est pas vrai ! Tu peux jamais les avoir dans la main quand on arrive à la maison ? - Ben elles sont quelque part dans mon sac doudou…»
Mickael et Anaïs ne se sont pas encore aperçus que les rails de la vie les ont portés jusqu’à la gare de l’ennui. Mais comme le dit si bien Anaïs, la routine c’est rassurant, ce à quoi son amoureux répond systématiquement, qu’ils font quand même pas mal de trucs ensemble, pas comme Isabelle et son mec – c’est quoi son nom déjà ? – qui passent leur temps à faire de la randonnée et rien d’autre.
Salon, première mi-temps
« Bon il est où le Deluxe là dedans ? - Tu me passes le coca doudou ? - Attends. C’est pas vrai ça. C’est quoi ça ? - Ben c’est ton Big Mac. - Et merde ! J’avais dit un Deluxe. DELUXE ! - Ouai ben prend le mien si t’aimes pas celui là. - Non… je voulais un Deluxe… - Ohh ! tu boudes mon namoureux ! - MAIS VAS-Y ! MAIS SHOOTE !! - Hé ! attention la moquette… - MAIS QUEL ABRUTI !! - T’en as mis partout ! - Hein ? ah .. c’est pas grave. - Ouai ben on voit bien que c’est pas toi qui nettoie. - Ouai c’est bon, je passerai l’aspirateur demain. - Pour aspirer de la mayonnaise séchée ?? - Ouai… ou après le match, ou pendant la mi-temps. »
Des fois Anaïs se fait draguer par des clients quand elle est au rayon homme. Jusqu’à ses derniers temps, elle s’était contentée de sourire poliment aux garçons qui lui proposaient leur phonetel en jetant des coups d’œil discrets en direction du vigile à l’entrée. Mais depuis quelques semaines, Anaïs se surprend à laisser vagabonder ses pensées nocturnes vers d’autres visages, d’autres bras, d’autres sourires que ceux de Mickael. Elle y pense quand ils ne font pas l’amour, se retourne dans l’obscurité quand elle rougit de honte à ces idées, puis se blottit contre son fiancé pour se rassurer. D’ailleurs depuis combien de temps…
Canapé, deuxième mi-temps
« … on a pas fait l’amour ? - Hein ? pourquoi tu demandes ça ? - Ben je sais pas. J’ai l’impression que ça fait plusieurs semaines qu’on a rien fait. - Peut être pas des semaines non plus. Tu te souviens pas le week end chez Mario. Sous la tente ? - Ben c’était ya déjà deux mois de ça au moins … - Euh. Je sais pas. Mais pourquoi tu parles de ça au milieu de tout ? - Pour rien. Je pensais à ça… comme ça… - Ah... tu veux ton petit câlin ce soir hein ! Si on gagne je te fais la totale ! - T’es lourd ! Qu’est-ce que ça a à voir avec ton foot ? Et puis tu crois quoi ? que ça vient comme ça ? Juste parce que tu t’aperçois que t’as pas tiré ton coup depuis un mois et demi. - ALLEZ ALLEZ !! CA JOUE LA !! - … - Tu peux aller me chercher une bière steplé mon amour ? - Télé-bière-foot ! Non mais t’as vu ce que c’est devenu notre vie ? - De quoi tu parles ? Mais qu’est-ce que t’as ce soir ? T’as tes machins ou quoi ? - Tu devrais savoir que non ! Si t’es même pas capable de te souvenir quand est-ce que ta copine a ses règles, ben c’est que tu crains un peu mon garçon ! - J’ai pas la mémoire des dates… Mais pourquoi t’es hostile comme ça ? - Hé ! c’est pas en posant ta main sur ma cuisse que ça suffira à me calmer hein ! Tu pourrais au moins me regarder quand je te parle. - Mais je suis là. Je t’écoute, je suis près de toi. Hein mamour ? - Ouai t’es là… que tu serais dans la tribune avec tes potes que ça serait pareil ! - Mais qu’est-ce que j’ai fait pour en prendre plein la figure comme ça ? - RIEN ! rien justement. Tu fais jamais rien. T’as oublié au début quand on sortait ensemble ? On faisait toujours plein de trucs. On allait au ciné, on allait danser, on faisait le tour de l’étang. T’avais pas besoin de tes potes pour t’amuser le week end. Maintenant on se fait chier ! C’est foot toute la semaine, on sort plus, ou alors vite fait pour faire les courses, quand c’est pas moi qui les fait toute seule en Rémy. C’est nul quoi… - Pourquoi tu dis ça ? Faut pas pleurer comme ça. Tu te mets dans un état pas possible pour rien là. Ya quelque chose qui va pas ? C’est au boulot ? C’est ta responsable qui te fout la pression ? Tu veux que j’aille la voir ? Je vais aller lui dire deux mots moi, à cette bonne femme. - Mais non abruti ! C’est à la maison qu’il est le probl... - ET BUUUUUT !!!!!!!! »
Mickael et Anaïs s’aiment d’amour tendre. C’est certain. C’est pas pour rien qu’ils se sont pacsés et que demain ils iront faire le tour de l’étang. Ce soir ils feront l’amour dans leur jolie chambre. Mickael est persuadé que sa fiancée aime quand il arrive tel un champion devant son public et qu’il jette son maillot de l’Olympique Lyonnais aux pieds du lit.
Anaïs a hésité à mettre son ensemble en satin, le rose qu’elle aime tant. Elle a passé un bon quart d’heure à effacer les traces de larmes. Elle s’est parfumée et s’est un peu regardée dans la glace. Elle a pris quelques kilos depuis qu’ils vivent ensemble dans l’appartement. Lui aussi d’ailleurs. Ils devraient peut être faire de la rando avec Isabelle et son mec. Finalement elle a attendu la fin du match et est partie l’attendre sur la couette du lit, toute fraîche et maquillée, sublime dans son ensemble rose. Mickael a été agréablement surpris. Il a enlevé son maillot de foot, l’a lancé aux pieds du lit, puis a éteint la lumière avant de sauter sur le lit.
Chambre, troisième mi-temps
- Je t’aime Doudou. - Je t’aime Mamour Teclis a reçu la note de 6,8/10 avec son texte N°2 (7/10 pour le cas où Kaséhi ne savait vraiment pas compter... Mais dans les deux cas, il se retrouve abattu.) - Citation :
- Ses lèvres avaient un goût légèrement salé, mêlé subtilement aux effluves sucrées d'un fruit rouge. Délicatement, il savourait ce long baiser, sans pensée aucune. Une brise chaude les enveloppait, et balayait quelques détritus autour d'eux. La rue était encore déserte à cette heure-ci, le soleil pointait à l'horizon.
Pour la première fois de sa vie, il n'entrevoyait ni passé, ni futur ; ne réfléchissait plus. Seule l'envie de dévorer quelque chose d'insaisissable subsistait. Un nectar au parfum si délicieux que, pour rien au monde, on aurait voulu le déguster, de peur de ne jamais plus pouvoir en ressentir la fragrance. Pleinement, il s'abandonna à ce désir, idyllique, qu'il savait impossible à assouvir complètement ; et pourtant, c'était ce qu'il y avait de plus plaisant dans la dégustation de ce met. Ne jamais pouvoir l'engloutir définitivement... Leurs langues valsaient dans une étreinte que ne pouvait refléter leur promiscuité. D'une de ses mains, il caressait sa longue chevelure d'auburn, ses doigts glissant avec légèreté sur la nuque fragile. L'autre était posée sur sa poitrine, épousant la forme ferme de ses seins. A travers le tissu léger de sa robe, il croyait percevoir les pulsations de son cœur. De l'organe s'écoulait régulièrement une source intarissable de vin, dont les vapeurs parvenaient jusqu'à ses narines et l'enivrait littéralement. Tandis qu'il faisait glisser sa main vers l'une de ses hanches, elle l'embrassa plus fougueusement encore ; son petit nez se frottant au sien. Un léger filet de bave s'écoula alors qu'ils reprenaient tous deux leur souffle. Cet instant, fugace, où il abandonna ses lèvres pour respirer lui fit grande violence. Se gorger d'une bouffée d'air était un geste futile, s'il n'avait pas le loisir de goûter sa bouche. Elle se rapprocha encore plus de lui, et l'étreignit. Ils humèrent chacun leur haleines chaudes et réciproques, émoustillant leur plaisir, euphorisant leur fantasmes. La sueur collait sa chemise sur son torse, et mouillait son cou, mais elle plongea son visage dedans, la léchant avec gourmandise.
Le temps s'écoulait sans prise aucune sur ce délice, qu'ils vivaient pleinement. Ils s'étaient accaparés l'un l'autre, et par là même, mordaient ce qui se refusait toujours à l'esprit le plus aiguisé, à l'intellect le plus brillant. Ils buvaient à un calice magnifiquement empoisonné, engloutissant amour et désespoir. L'hideux mélange avait pris corps en chacun d'eux pour que le Graal des Édens puisse être croqué, sa sève sucée et sa chair engloutie sans jamais qu'il pusse les sustenter. La flamme qui était née entre eux ne parvenait qu'à mieux consumer ce rêve, cette idylle. L'essence du désir, noircie, prenait peu à peu la consistance d'une mauvaise huile, amère, qui ne se mariait pas avec les épices d'un paradis à peine entrevu. Il la serra plus fort, avec convoitise, et la couvrit de baisers. Aucun n'était sincère, car c'était un autre qui avait pris le pas, une bête dont la seule priorité était d'assouvir une faim pantagruélique. Et pourtant, chaque fois qu'il se perdait dans ses iris, d'un bleu limpide, il y percevait autre chose : une cascade cristalline dans laquelle il aurait aimé se baigner, et boire à satiété. Un lac qu'il aurait voulu à son tour devenir, pour qu'elle s'y baigne et qu'elle y boive ; qu'elle se sustente de son moi. Mais non, c'était impossible. Elle n'était que son reflet, pas lui. Il devait la posséder, et non être possédé. Il se trouvait à la place de Narcisse, mais ne ferait pas la même erreur que lui : il ne se contenterait pas de contempler son reflet, l'objet de ses rêves ; il devait y goûter. En replongeant ses lèvres dans les siennes, il y but tout son soul de plaisir et d'égoïsme. | |
| | | dale cooper
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| Sujet: Re: TROPHEE ZOLA Mar 29 Oct - 19:25 | |
| Teclis a une nouvelle fois tenté de s'emparer du Trophée Zola. Mais dvb étant le seul à avoir rendu un texte dans les temps, le gobelin zolesque conserve sa coupe.
Le sujet était "crise d'identité et les contraintes celles-ci :
"Le récit comprendra trois chapitres. Il débutera sur Facebook, se poursuivra autour d'une ou plusieurs tables et se terminera dans un lieu public que toi et moi, écriveurs, affectionnons particulièrement.
L'un des personnages s'écriera "De toute façon Ginette est une salope !"
Il sera interdit d'utiliser le verbe faire."
- Citation :
I - Sur Facebook - Citation :
J-C Méheult j’emmerde mon patron et je pisse à la raie de tous mes cons de collègues ! Marre de ce boulot de merde !
Vous et 17 autres personnes aiment ça
« Jean-Christophe ? Réunion à 14 heures dans la salle Alizée. Vous n’oubliez pas, hein ? Faudra aussi qu’on discute d’un petit souci avec votre récente promotion… » Un petit souci. Avec sa récente promotion. Il n’en fallait pas plus à Jean-Christophe pour sentir le stress auréoler sa chemise de nouveau cadre moyen. Trois jours qu’il avait acquis ce nouveau statut dans la boîte, et déjà on lui parlait de « petit souci ». A neuf heures un lundi matin, voilà qui augurait une belle semaine… Aussitôt parti de son bureau, le Directeur de la Communication, laissa la place à Jean-René, l’ancien binôme de Jean-Christophe. « Très fort mec ! Toi tu as le sens de la gratitude, aucun doute là-dessus ! » Mais quoi à la fin ? C’était la journée de la soupe à la grimace aujourd’hui ? « Mais qu’est-ce que vous avez tous ce matin ? On me reproche quoi exactement ? - Bah qu’est-ce que tu crois ? Les murs ont des oreilles ici. Même les murs facebook ! - Facebook ? Mais c’est quoi ce délire ? - Oh c’est bon ! Fallait être un peu plus prudent aussi ! C’est pas très malin pour un nouveau cadre de comm’ d’étaler ses états d’âme sur internet. Tu penses bien que le Directoire a des yeux partout. Comment tu crois qu’ils recrutent ! Ils sont attentifs à tout ! T’es bien placé pour le savoir en plus ! - Mais de quoi on parle au juste ?! - Mais on parle de ta boulette sur ton mur facebook ! C’est déjà en train de tourner dans tous les couloirs ! En plus avec ta promo, ça attise les jalousies ! Y’a pas idée non plus d’être bourrin comme ça ! » Jean-Christophe se massa les yeux et prit une profonde respiration avant de reprendre le plus calmement possible cette conversation sans queue ni tête. « Peux-tu, s’il te plait, me dire précisément, de QUOI IL EN RETOURNE ?! » Jean-René le fixa avec une expression indéfinissable, à mi chemin entre la perplexité et le mépris le plus total. « Tu n’es pas au courant ou tu te fiches de moi ? » Jean-Christophe fixa ses yeux ronds dans ceux de son collègue. « Tu n’as aucune idée de ce qui se passe, hein ? T’es pourtant pas aussi stupide que ça… » Le doute l’emporta sur toute autre considération. Dans un geste trop théâtral pour être sincère, le collègue de bureau sortit une feuille A4 soigneusement pliée de sa poche, la déplia et la déposa sur le bureau de son nouveau supérieur. Jean-Christophe s’en saisit avant même qu’elle ne touche le sous-main. « J’emmerde mon patron et je pisse à la raie… - … de tous mes cons de collègues ! Ca m’englobe aussi, je suppose ? - C’est quoi le rapport avec moi ? D’où ça sort ça ? - J-C Méheult. C’est bien toi, non ? Jean-Christophe Méheult ! - Méheust. Avec un « S » - Ouai bon, t’aurai pu trouver mieux comme pseudo. Si tu crois que ça allait suffire pour brouiller les pistes. - Mais c’est pas moi ! T’as idée du nombre de types qui peuvent s’appeler « J-C Méheult », avec ou sans S, dans ce pays ? - Ouai mais pas de bol. Par un miracle ou par un autre c’est arrivé sur le bureau de Ginette très tôt ce matin. - Comme par hasard ! Si ça se trouve c’est elle qu’il l’a bidouillé. Elle est tellement garce cette morue ! - Ouai mais c’est l’assistante de direction de ton chef ! - Secrétaire de service ! Il y a une nuance qu’elle n’a pas encore bien saisie… - Pas de bol, elle est dans ses petits papiers et sa parole a valeur d’Evangile. - Ses calomnies tu veux dire ! Elle raconterait n’importe quoi pour attirer l’attention ! Oh et puis merde ! C’est pas moi tu t’en doutes bien. Et de toute façon Ginette est une salope ! » Jean-René plissa les yeux, comme pris d’une douleur soudaine. Déjà Jean-Christophe entendait le mitraillage des talons de l’assistante dans le couloir. « C’est de moi qu’on parle ? - Bonjour… - Oui c’est ça ! Et en plus on joue l’innocent ! Bravo ! Je te félicite pas ! Grossier en plus ! Ca mon p’tit bonhomme ça restera pas lettre morte. Je vais en aviser la cellule anti-harcèlement ! Au fait, le patron te demande dans son bureau ! Immédiatement ! » Le talonnage bruyant remonta le couloir jusqu’à l’antre de la mégère. Jean-Christophe dévisagea son collègue avec une moue dédaigneuse avant de se lever. Qui que pouvait être ce J-C Méheult, il allait le retrouver et le traîner devant les Tribunaux ! * * * « Avant toute chose Monsieur le Directeur, c’est pas moi ! - Ah mais si c’est vous ! On va pas revenir là-dessus. On a déjà tout entamé les démarches depuis un moment et croyez-moi vous n’allez pas vous défiler. Que voulez-vous : ce nouveau poste ce ne sont pas que des avantages, ce sont aussi des responsabilités et un devoir de respect envers l’entreprise. Vous l’avez voulu, maintenant il faut l’assumer. - Mais euh… je vous jure. Il doit y avoir méprise. Vous n’allez pas croire toutes ces idioties. - Ce sont peut être des idioties pour vous, mais la boîte doit se montrer respectueuse envers tous ses salariés. Vous devriez en faire autant. Je vous rappelle qu’avec ce poste vous représentez officiellement l’entreprise. Tâchez de ne pas l’oublier ! - Je n’ai pas à m’excusez pour des opinions qui ne sont pas de moi. - Mais on ne vous demande pas votre avis ! - C’est quand même fort de… - Ca suffit ! Vous cherchez quoi là ? Vous voulez qu’on vous retire le poste ? Avec un comportement comme ça je n’aurai aucun scrupule, vous le savez ça ? Bon assez parlé ! Vous allez prendre le chèque à la comptabilité et préparez vos affaires pour ce soir. - Quoi ? Comment cela ? Non, non ! Je connais mes droits. Je sais qu’il y a des formalités à respecter. Vous ne pouvez pas vous débarrasser de moi aussi facilement ! - S’il vous plait Jean-Christophe ! On en a déjà assez discuté. Ca suffit. C’est dit, c’est dit. Je n’ai pas que vous à gérer dans cette affaire ! - Ah bon ? Qui d’autre ? Vous surveillez tout le monde ou quoi ? - Bah oui ! C’est mon boulot de manager. Et le vôtre c’est de faire ce que je vous dis. Allez, sortez maintenant. Et n’oubliez pas : réunion tout à l’heure avec les membres du comité d’entreprise.» Incroyable. Jean-Christophe était en train de se faire limoger sans autre forme de procès, de la manière la plus expéditive qui soit et sans même pouvoir s’expliquer. D’ailleurs il n’y avait rien à expliquer. Cette histoire d’homonymie ingrate allait précipiter sa carrière aussi facilement qu’une fausse facture dans un broyeur. Le reste de la matinée, Jean-Christophe Méheust la passa effondré sur son bureau, pianotant sur son ordinateur, à la recherche de son homonyme maléfique. En vain. A l’heure de midi, Sidonie se présenta sur le seuil de son bureau. Sidonie était rattachée au service des ressources humaines, et accessoirement, la plus jeune des Délégués du Personnel, plutôt paradoxal comme double fonction. Il ne la connaissait que vaguement, à peine l’avait-il croisée plus de trois ou quatre fois jusqu’alors. « Bonjour, Sidonie. Je me doute de la raison de votre venue ici… - Bah oui c’est moi qui dois vous accompagner aujourd’hui. - Je ne sais pas si je dois me sentir rassuré ou pas. - Allez, venez on va manger. On parlera de tout ça à table. - J’ai pas très faim ! - Oui mais la journée va être longue et j’ai besoin que vous soyez très attentif. Ca n’est peut être qu’une formalité pour vous, mais pour nos camarades ça compte beaucoup. » Camarades. Quel mot désuet. Lui qui n’avait rien à se reprocher, devrait désormais composer avec un vocabulaire de lutte ouvrière et de syndicalistes à la noix. Il avait pourtant pris grand soin de ne jamais s’afficher avec les membres les plus velléitaires de la boîte. Il allait sans doute en payer les frais dès aujourd’hui. Et pourtant tout ça n’était pas de son fait ! Quelle injustice. II – A tableJean-Christophe n’avait pas pipé mot dans la voiture. La jeune femme l’avait conduit jusqu’à un restau ouvrier, non loin du siège social. Elle avait pourtant tenté de rompre la glace en lui tenant des propos pour le moins… hors de propos. La pluie, le beau temps, le concours de peintures des ouvriers. Elle insistait beaucoup sur ce point. Le jeune cadre moyen se fichait allègrement des croûtes des dégénérés de l’usine. Il avait des soucis bien plus importants en tête, et cette pimbêche, aussi ravissante qu’elle fut, ne semblait pas prendre la mesure de la situation critique dans laquelle un stupide message électronique venait de le plonger. Deux phrases dont il n’était même pas l’auteur. « Dites-moi Jean-Baptiste, vous les avez vu les œuvres du concours ? - Hein ? - Les tableaux, les dessins, les sculptures… vous les avez regardés au moins ? - Mais qu’est-ce que j’en ai à fiche ! - Oh ! Ne dites pas ça. Il y en a de très réussis. Même si j’ai trouvé le jury un peu sévère, voire même trop classique dans ses choix. - Je… je me sens pas bien. On peut parler d’autre chose ? - Je ne vous pensais pas comme ça Jean-Baptiste. Je peux vous appeler J-B ? On vous appelle bien J-B, non ? Je trouve ça plus sympa. - Mais je m’appelle pas J-B, ni Baptiste. C’est quoi encore cette histoire ? - Vous n’êtes pas Jean-Baptiste ? C’est pas vous le correspondant de la chaine de production au siège ? - De quoi ? Mais non ! Je suis Jean-Christophe Méheust ! Ou J-C Méheult, pour certains… - Ah oui c’est vrai ! Désolée. On a changé le planning au dernier moment. Quoi qu’il en soit, c’est vous qui allez avoir l’insigne honneur de vous retrouvez seul sur scène tout à l’heure ! - Vous parlez d’un honneur ! J’y suis pour rien ! Vous comprenez ça ? Je n’ai rien demandé à personne ! C’est même pas moi qui ait… Ah ça m’énerve ! C’est n’importe quoi ! - Oui je comprends qu’on puisse être nerveux. A votre place je serai peut être un peu stressée aussi, mais rassurez-vous, je serai juste à côté de vous. D’ailleurs à propos, vous avez préparez un petit quelque chose ? - Préparé quoi ? - Bah… une petite intervention ? Un texte ? Un discours ? - Oh hé ! Non ! - Mais vous comptez aborder le sujet sous quelle approche ? - Je sais pas moi ! C’est votre boulot ça, non ? En tant que déléguée ou membre de la RH ? Je sais même pas à quel titre vous intervenez d’ailleurs ! - Oh, un peu des deux à vrai dire ! - Super ! C’est vraiment expéditif ! On voit bien avec quel sérieux la boîte traite ses salariés. - Oui enfin, l’important c’est d’être là et de montrer à tout le monde que ça compte pour la Direction ! - Je vous trouve pas très rassurante. J’ai un peu de mal à saisir dans quel camp vous êtes, à vrai dire. - Pardon ? - Laissez tomber ! - Alors ? Votre intervention ? - Déjà, je vais clamer haut et fort mon innocence. J’y suis pour rien et je tiens à ce que tout le monde le sache ! Ensuite, il est hors de question que j’aille chercher ce fichu chèque à la comptabilité ! Je suis même prêt à le déchirer devant eux s’il faut. Et puis enfin, c’est moi qui vais les menacer. S’ils continuent cette mascarade, je crois bien que je vais tout renverser ! - Mmm… L’humour. Oui ça peut être une bonne approche. On ne l’a jamais tenté, mais pourquoi pas. Après tout, c’est la première fois pour vous. - Et j’espère la dernière ! - Ceci dit je crois que ça serait un peu extrême de déchirer le chèque. Oui bien sûr le montant n’est pas très important, j’ai déjà insisté sur cet aspect de mon côté, mais c’est avant tout symbolique. Ensuite, tout renverser... je crois qu’il y a beaucoup de gens qui se sont donnés du mal pour réunir toutes ces pièces. Ca serait manquer d’égard pour ces petits travailleurs de l’ombre. - Vous n’allez quand même pas prendre leur défense ? Vous êtes une vendue ma parole ! - Non je n’ai malheureusement pas pris part aux décisions. Croyez-moi que si ça avait été le cas, le résultat aurait été bien différent ! - Mais… mais vous êtes une vraie ! Une vraie… j’y crois pas ! - Disons que j’ai une certaine vision des choses… je ne suis pas très académique c’est tout ! - Hé ben dis donc ! C’est peu de le dire ! - Merci ! Je prends ça comme un compliment ! » Jean-Christophe resta coi devant la jeune femme et son aplomb. Ainsi, il n’y avait aucun espoir qu’on le prenne au sérieux. Pire, on lui avait collé entre les pattes la pire des défenses. Il n’allait pas être représenté par cette sorcière, mais bien crucifié ! L’appétit le quitta et il s’enfuit fumer dehors. III - Vers un lieu apprécié L’après-midi ne fut qu’une longue succession de remontées gastriques dans l’œsophage de Jean-Christophe. Le feuillet A4 soigneusement déplié sur son bureau, le jeune homme n’avait plus goût à rien. Il s’était résigné à subir une procédure aussi fugace que ridicule. Il rechercha tout de même les coordonnées de la Direction du Travail, des Prud’hommes et d’un avocat spécialisé en droit social. La partie se jouerait loin de son bureau et puisque le Directoire voulait tricher, il ne pouvait plus qu’espérer en l’équité des instances arbitrales. C’était trop bête. A intervalles réguliers son organiseur de tâches le prévenait que la réunion de quatorze heures était retardée. A croire que même son chef voulait le faire tourner en bourrique. C’était navrant. Tout ça parce qu’une saleté d’arriviste en talons pointus l’avait confondu avec un inconnu. J-C se demandait ce qui était le plus méprisable : la méprise elle-même ou la bêtise de ses collègues. Vers dix-sept heures, n’en tenant plus, il ferma sa session de travail et se leva pour rentrer chez lui, là où personne ne l’attendait, pas même des amis virtuels sur Facebook. En descendant les escaliers qui menaient au hall puis au parking, Jean-Christophe croisa son chef. Il lui lança un regard on ne peut plus dédaigneux et méprisant. Le chef ne releva pas. Il semblait frénétique et accaparé par d’autres nécessités. Toutefois il le héla au détour du palier. « Vous allez où Jean-Christophe ? Ca y est c’est l’heure ! - Désolé je rentre chez moi. - Ah non ! On n’a pas le temps. On doit y être dans vingt minutes. Vous avez bien pris le chèque à la comptabilité ? - Non. - Bon pour aller plus vite on va y aller tous les deux avec une voiture de service. - Non ! - Pas par là ! Le parking de la flotte est derrière. Allez venez. - NON ! J’en ai strictement rien à fou…» Sidonie, lancée par son élan, glissa sur le parquet de stuc lustré avant de manquer se casser la figure devant les deux hommes. Par réflexe, Jean-Christophe la retint, la sauvant ainsi d’une dégringolade certaine. « Oh merci J-B » Ses joues rosir un tout petit peu alors qu’elle se dégageait délicatement de l’étreinte. « Tout le monde est prêt ? Je peux venir avec vous ? Le type du service de communication est déjà parti sans m’attendre. - Mais non il est là. Enfin… il est un peu dans la lune. J-C je vous présente Sidonie, Sidonie, le gars de la comm’ » Sidonie toucha ses cheveux pour en faire tomber une épaisse mèche devant les yeux. C’était sa meilleure façon de se cacher lorsqu’elle ne savait plus où se mettre. Le chef poussa Jean-Christophe dans le bâtiment, jusqu’à une sortie de service qui donnait sur l’arrière-cour. « Mais où on va au juste, finit-il par demander. - Ben au musée d’art moderne, indiqua le directeur. - Contemporain, rectifia la jeune fille. - Mais pourquoi faire ? - Pour que vous puissiez enfin remettre les prix du concours de dessins aux lauréats de l’usine ! Vous avez lu mon dernier mail ? - Non… non, désolé Monsieur. - Rassurez-moi, vous avez bien le chèque Jean-Bastien ? Pour le gagnant ? - Le... le chèque ? Pour le concours ? Pas pour mon licenciement ? - Mhmh ! C’est ça... vous l’avez J-B ? - Non ! Je l’ai… oublié… - Oh bon sang ! Quelle tête en l’air vous faites mon petit Jean-Christophe ! Allez vite le chercher, il est dans la grande enveloppe orangée, dans le bureau de Mme Labonne ; vous pouvez pas le rater. Pendant ce temps-là, Sidonie et moi on va démarrer la voiture. Rejoignez-nous de l’autre côté du bâtiment, ça ira plus vite. » Jean-Christophe n’avait rien préparé pour son intervention. Le Directeur avait voulu profiter du concours annuel d’art plastique pour le présenter officiellement aux autres salariés. Il trouvait ça plus convivial et plus adapté pour un cadre du service de communication. Bien entendu les aigreurs infondées de Ginette, ne parvinrent jamais jusqu’à lui. Et à vrai dire, tout le monde s’en fichait, à part les deux ou trois professionnelles des gorges chaudes qui furent assez stupides pour y donner crédit. Sidonie l’assista tant bien que mal durant la cérémonie improvisée. Jean-Christophe s’en sortit plutôt bien. Il était si soulagé d’avoir tout compris de travers et de ne pas être viré, que le sourire lui venait avec naturel. Les gens rirent poliment à ses traits d’humour approximatifs et les lauréats furent félicités. Seule Ginette et ses consoeurs restèrent de marbre, en prenant bien soin de ne pas se mêler aux autres salariés. Un peu plus tard, à l’heure des flûtes et des petits fours, J-C se campa devant l’œuvre qui venait d’obtenir la troisième place. Il cherchait à en saisir le fond, ou la forme, il ne savait pas vraiment lui-même, mais la peinture lui parlait plus que toutes les autres. Il penchait béatement la tête à la recherche d’une signification cachée, mais au final il le trouvait juste beau. « Moi aussi j’aurai voté pour celui-là ! » Sidonie pencha la tête tout près de celle de Jean-Christophe, comme pour attraper le même détail qu’il étudiait dans la composition. « Je serai incapable de dire pourquoi, mais cette toile me parle beaucoup… - Moi non plus.. enfin si ! moi aussi elle me parle.. la toile. Vous savez Sidonie, je crois qu’au-delà des choses apparentes, trop faciles à interpréter ou trop insignifiantes pour être relevées, il se cache un tout autre sens. Plus mystérieux, plus indéfinissable et... et qui ne demande qu’à surgir pour révéler une toute autre vérité. En fait, il y a trop de mensonges, trop de méchanceté dans la vie quotidienne, dans les couloirs de nos entreprises ou ailleurs, pour laisser s’exprimer les plus simples et les plus pures vérités. » Etonné lui-même par ce déballage de confidences et d’analyses bancales, Jean-Christophe se tourna vers le jolie visage de la jeune femme. Celui-ci rosit encore un plus, à cause du champagne, mais pas uniquement, avant d’afficher un franc sourire. « Vous savez quoi ? Vous êtes un vrai poète J-B ! » | |
| | | dale cooper
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| Sujet: Re: TROPHEE ZOLA Mar 29 Oct - 19:30 | |
| Mike a défié Dvb dans un duel sans merci sur le sujet :
la stratégie de l'échec.
Ils ont bien combattu et la victoire s'est jouée à un pion. Echec et mat.
dvb gagne ce duel avec le second texte et une moyenne de 7,75/10 - Citation :
- « Tu joues avec moi ? Tu sais, comme avant. Ca fait longtemps qu'on a pas joué. S'il te plait... »
Les pièces se mettent en place. Chacune a son rôle à jouer, bien alignée sur sa rangée, son sacrifice et son but encore indécis, mal défini, et pourtant...
… toutes vont tomber jusqu'à la dernière.
Reste encore à savoir qui de moi ou de mes adversaires succombera à cette bataille.
J'ai demandé à mon fils de jouer une partie. On jouait souvent, il n'y a pas si longtemps que ça. J'aimais ça, lui apprendre les règles, les combinaisons, les histoires... C'était avant qu'il ne gagne sa tour d'ivoire, sa chambre d'adolescent, véritable forteresse impénétrable pour moi et sa mère. Pour entrer dans sa vie il faut aujourd'hui passer par la wifi.
Il me regarde d'un air réprobateur. Je vois bien que je le dérange. Il a dans le regard ce même mépris que j'adressais à mon propre père il y a des années de ça. Aujourd'hui je donnerai tout pour pouvoir faire une dernière partie avec lui. Mais il est déjà trop tard. Et mon fils s'en rendra peut-être compte lui aussi un jour.
Il se détourne de moi, claque rapidement une rafale sur son clavier, soupire et quitte à contre-coeur le cours de sa vie numérique. Il voit une dernière réponse apparaître sur son écran, sourit en coin et se lève pour me rejoindre.
Même s'il ne l'admettra jamais, je sais qu'il comprend la situation et qu'il se force à me faire plaisir. Les véritables conséquences, elles sont toutes aussi réelles pour lui. C'est juste qu'il ne peut pas les apprécier avec la même intensité. Pour lui, c'est à nouveau une fin du monde. C'est l'arracher à une vie toute neuve dans laquelle il vient à peine de prendre ses marques.
Et bien entendu, il est amoureux. Comme peuvent l'être les garçons de son âge. Sans aucune pitié ou considération pour les siens.
Le cavalier a sauté la première ligne pour engager les hostilités.
« Pourquoi tu nous fait ça encore une fois ? »
Nous. C'est un premier coup bas. Il utilise ce nous familial comme une arme à double tranchant. Comme s'il en avait quelque chose à faire de sa mère. Peut-être un peu, mais c'est bien plus facile de prétexter une collusion que d'avouer au grand jour son égoïsme exacerbé. Ailleurs il trouvera d'autres copains, d'autres petites amies. Il se braque pour une fille qu'il abandonnera dans moins d'un ou deux ans.
Je ne peux même pas lui en vouloir en fait. Moi je le sais. Tout le monde le sait. Lui pas encore.
Une tour s'avance sur l'échiquier, menaçante et froide.
« C'est une proposition que je ne peux pas refuser ».
Ca ressemble à un autre mensonge. J'ai déjà dit ça il y a deux ans. J'ai même promis que ça serait la dernière fois. Tout comme il y a cinq ans. Tout comme il y a huit ans.
Ma carrière est-elle un choix ? Bien sûr. C'est le mien principalement. C'est aussi le choix de sa mère de l'avoir acceptée dès le départ. L'ascension est à ce prix. De belles perspectives, de beaux meubles, de grandes voitures et des études assurées pour lui. Il en bénéficie aussi. C'est pour lui, pour elle que je dois accepter cette nouvelle évolution.
Encore plus loin, toujours plus loin. Dans quelques années il pourra faire ses propres choix et n'aura plus à dépendre des nôtres.
Non, je mens. Des miens uniquement.
La tour s'approche du cavalier.
Tu sais, fils... cette vie là, elle nous protège de pas mal de choses. Tu ne vois pas tous les sacrifices qu'il y a derrière ton i-pad ou sous le canapé en cuir du salon. J'aimerai te le dire. Mais je ne peux pas.
Le cavalier bat en retraite. Le fou entre en scène.
Ai-je vraiment le choix ? Les bourdes se sont enchaînées sur ce poste. Je ne pouvais pas le refuser de toute manière. Maintenant, avec cette nouvelle affectation, je n'ai plus le droit à l'erreur. Ce n'est pas un constat d'échec, c'est juste le jeu qui veut ça. Nos confortables fauteuils dans nos bureaux luxueux, ne sont jamais que des sièges éjectables. Et gare au parachute doré, il se pourrait très bien qu'il soit troué. Si on se fait reconduire trop loin, on peut très bien s'enliser pour de bon dans la médiocrité.
Je ne peux pas me le permettre.
La tour attaque la reine. Celle-ci prépare déjà sa retraite.
« Je te préviens, je ne te suivrai pas. Pas cette fois-ci. »
Je sais tu me l'avais bien dit. Que ça serait la dernière, que tu ne supporterais plus. Que toi aussi tu as une carrière, une vie, une famille.
Et quoi ? Tu veux rester là ? Avec notre fils, loin de moi ? Loin de tout ? Comme ces couples qui renoncent si facilement ? On n'a pas enduré toutes ses épreuves et assumés ces choix cornéliens pour... pour en arriver là ?
Pourras-tu vivre comme ça ? Moi à l'autre bout de l'Europe et toi ici ? Simplement pour sauvegarder un équilibre familial qui n'existe même plus ?
Il n'y a pas que ça, hein ?
A l'autre bout du plateau, il y a un autre roi. Il est encore caché derrière sa ligne de pions, prêt à roquer avec sa propre tour. Un adversaire qui attend son heure, prêt à faire tomber sa dame pour voler la mienne.
C'est facile d'être son propre patron. De gérer des hommes comme on pousse des pièces vulnérables vers l'adversaire, pour mieux le surprendre. C'est ainsi que se mènent les batailles du siècle.
La tour vient se placer en face du fou.
« Vous avez déjà accompli de grandes choses pour cette société. Ce que nous vous demandons aujourd'hui, c'est de continuer comme vous l'avez toujours fait. Vous savez très bien comme moi qu'un jour, tous vos sacrifices paieront et votre engagement sera reconnu à sa juste valeur. C'est pourquoi nous vous proposons cette nouvelle opportunité. »
Dans les rangs austères et bien habillés du Directoire, il y a des actionnaires majoritaires, des business manager, des cadres de direction et des représentants du Groupe. Et puis il y a surtout des profits à gagner et à redistribuer.
Alors on gère les ressources humaines comme n'importe quelle autre ressource matérielle. Avec conscience, méthode et détachement. Qu'est-ce qui différencie un salarié d'un trombone ? Après tout l'un comme l'autre peuvent tenir des liasses de dossiers et se voir expédier par pli simple dans un autre bureau. Ou dans un autre pays.
Le fou tient tête à la tour. La reine veille discrètement de son palais.
« Si je refuse ? Après tout je ne suis pas seul à être concerné. Il y a aussi ma famille.»
C'est une possibilité que je n'ai jamais envisagée. Tout simplement parce qu'elle n'entre pas en ligne de compte dans de telles tractations. Il ne s'agit pas de négociations lorsque la menace est si évidente.
La Tour s'avance d'une case.
« Un autre acceptera. Et de toute manière la pérennité de votre poste n'est plus assurée. Vous préférez quoi ? Subir le plan social comme vos subordonnés ? Ou obtenir de nouvelles responsabilités avec le traitement qui va avec ? »
Imparable.
Le fou supplie la reine d'intervenir.
« Et bien dans ce cas démissionne ! »
Si simple. Si pur.
Il est trop tard pour ça. Nous sommes trop vieux pour renoncer à notre confort. Je suis trop impliqué pour être l'homme d'une autre société. Toi tu n'a jamais eu à être à ma place. Tu en as profité bien plus que moi. L'argent, les avantages, les à-côtés. C'est toi qui a la meilleure place, crois-moi.
Le roi adverse a bougé.
« Je... je ne sais plus où j'en suis. Je voudrais, au moins une seule fois, assumer ma vie de femme. »
Ainsi je ne mettais pas trompé. C'est bien de ça qu'il s'agit. Le doute qui s'est immiscé dans notre couple avait le goût sirupeux du miel. Les belles paroles d'un ami, qui est un peu plus qu'un bon copain, qu'un complice ou qu'un confident.
Il a lancé toutes ses pièces dans l'attaque.
Ma place forte s'ébrèche. Ma vie menace de s'écrouler, tiraillée entre les besoins et la nécessité
Le fou reste ma dernière pièce face à une tour immuable, une reine tourmentée et un cavalier fougueux.
De l'autre côté de l'échiquier, le roi se gausse. Il attend patiemment mon abdication.
« Papa ? Tu me laisses pas gagner au moins ? J'ai passé l'âge de ces parties idiotes. Je suis meilleur que toi en plus. Pas la peine de faire semblant. Si c'est ça, j'aime autant te dire que je ne rejouerai plus jamais avec toi. »
Dans un cas comme dans l'autre j'ai perdu.
Quelque soit mon choix je perdrai.
Refuser le boulot et conserver ma femme et mon fils au prix d'un déclin assuré.
L'accepter et renoncer à eux, pour les voir investir le château d'un autre.
C'est un jeu.
Un jeu où la seule façon de gagner est de renoncer à la victoire.
Je pose la main sur mon roi. La dernière pièce s'épanche.
Echec. Tandis que son fidèle acolyte s'en sort avec les honneurs en le suivant de très peu avec 6,85/10. - Citation :
Une mouche volait dans la salle.
Pierre chercha une posture plus confortable du mieux qu'il put. La chaise était raide et il commençait à avoir mal au fessier ainsi qu'au dos à force de rester là, assis. L'arrière de sa tête était maintenant posé contre le mur, il observait la mouche flottant autour d'un tube fluorescent. Son vol l'intriguait et l'amenait à se demander s'il était possible de tirer une formule mathématique de ces boucles infinies. Une formule prévoyant les mouvements, qu'il sache ce qu'il ferait plus tard afin de ne pas le reproduire.
Le tube attirait la mouche. La mouche dansait autour du tube, il en ressortait un échange sensuel, hypnotique. La valse était entre eux deux seuls. Les mouvements arrondis donnaient naissance à une traînée s'enroulant autour du long et fin tube de vapeur de mercure.
Pierre enviait leur situation, leur promiscuité, leurs rapports.
La toux grasse de son voisin de droite ramena son regard à une hauteur plus humaine. Pierre éprouvait une certaine irritation à être tiré de ses pensées de la sorte. Surtout par un gros en sueur sûrement bourré de cachetons qui devait creuser le trou de la sécu à lui tout seul depuis vingt ans.
Pour ne pas prendre le risque d'amplifier la haine qu'il ressentait envers l'inconnu, Pierre préféra revenir à sa précédente occupation, il la trouvait beaucoup plus constructive et intéressante.
C'est alors qu'il remarqua que la mouche n'était plus là. Il tenta de la retrouver et il l'aperçut qui se déplaçait vers la sortie. Logiquement, il lui emboîta le pas, et ce, malgré la conseillère de Pôle Emploi qui appelait son nom et l'invitait à venir avec elle pour qu'ils puissent trouver un nouveau travail qui ne lui convenait pas.
Pierre avait un travail. Après quatre années d'études supérieures il en avait décroché un. Si bien que quand l'entreprise décida d'effectuer une restructuration quelques semaines plus tard, sa qualité de jeune salarié et de jeune tout court fit qu'on pouvait se passer de ses services. Aujourd'hui, il se retrouvait donc à observer des mouches et à les suivre dans la rue.
C'est ainsi qu'il rencontra Christian. Ce dernier essayait désespérément de transporter un micro-ondes du coffre de sa voiture à son appartement au cinquième. Il devait avoir plus du double de l'âge de Pierre. Il avait aussi un dos deux fois plus abîmé que le sien, une vie de maçon commencée à l'âge de dix-sept ans s'en était chargée pour lui.
Lorsque Christian vit Pierre s'approcher derrière sa mouche, il lui lança un regard implorant, auquel le chômeur répondit en passant à côté de son aîné, se cachant derrière un masque de sérieux et un air de retardataire.
Qu'à cela ne tienne ! Christian puisa dans son ego et la douleur aiguë de sa colonne vertébrale pour poser le micro-onde sur les marches extérieures du bâtiment. Il regarda partir le jeune en s'essuyant le front. Aujourd'hui, Christian essayait d'obtenir une pension d'invalidité auprès de la société et il venait de tenter d'attirer l'attention d'un membre de la société. Jusqu'ici c'était un échec.
Le maçon prit son mal en patience et se dit qu'après tout il côtoyait plus la douleur qu'il ne vivait avec sa femme qui demandait le divorce, et que ce n'allait donc pas être une foutu machine qui allait avoir raison de lui. Avec supplices, il gravit les étages se focalisant sur la mouche qui grimpait en sa compagnie. La présence fortifiante de l'insecte ne l'empêchait pas de râler après l'absence d’ascenseur.
Au troisième, il croisa la fille des Lefebvre, elle murmura un doux et presque inaudible « bonjour », qu'il n'entendit pas d'ailleurs. Elle descendit aussi vite qu'elle était apparue et Christian ne vit pas le coup dans le vide qu'elle porta près de son oreille en entendant le vrombissement de la mouche.
Celle-ci naviguait sur le flot odorant de son parfum bas de gamme chourré au Netto de la vieille zone commerciale. Elle aimait bien piquer des objets de temps en temps, histoire de se donner de l'adrénaline. Éléonore, avait des parents fan des Turtles et qui l'aimait certes, mais elle sentait qu'il lui manquait quelque chose dans la vie. Elle était étrangère aux préoccupations des gens autour d'elle, et incapable même de connaître les siennes. Elle en était alors venue à voler de petits bibelots en solitaire. Il fallait bien passer le temps.
Là, Éléonore allait retrouver une de ses rares amies dans un café. Plus tard peut-être qu'elle irait en soirée, qu'elle picolerait un peu, choperait un mec pas trop chiant et pas trop dalleux avant d'aller enfin se coucher.
Une fois dans le café, elle s'assit en face de sa copine qui avait le don exaspérant d'arriver toujours à l'heure où qu'elle se rendait. Tandis qu'elle, avait toujours le droit à la rengaine habituelle : « tu es en retard. »
En buvant distraitement son café, elle regardait une mouche glisser contre le verre de la fenêtre. La bestiole bloquait sur cet obstacle et ne prenait pas assez de recul pour pouvoir le contourner.
Éléonore ne se rendait pas compte qu'elle était comme la mouche. Les problèmes d’Éléonore étaient les problèmes de la mouche : elle créait ses propres échecs. En ne réfléchissant pas et en ne prenant pas le temps de s'arrêter un instant, la jeune femme se lançait à corps perdu vers ce qui la rongeait. Éléonore ne s'attardait pas à aimer quoi que ce soit. Elle consommait directement.
Sur le chemin des toilettes, elle passa derrière Pierre qui buvait un demi au comptoir. Il lisait un journal qui traînait sur le zinc, abandonné par son précédant propriétaire. Pierre s’intéressait précisément aux pages traitant de l'économie et aux prédictions de croissance du pays. Il soufflait en insultant mentalement le gouvernement, une bande d'impuissants pas fichus de remettre sur les rails la bonne marche de la nation. Tout partait en couille et ils l'ignoraient. Pierre le constatait tous les jours et on ne lui donnait pas l'occasion de faire un simple geste pour améliorer l'ordinaire.
Il paya sa bière et se leva de son siège. Éléonore, sur le retour des commodités, se prit dans la figure le poing d'un Pierre qui s'étirait vivement et son crâne heurta le coin du comptoir en un bruit sec. Ils sauraient plus tard qu'il n'y avait rien de grave, mais pour le moment, des clients préférèrent appeler les pompiers. Les gérants du débit de boisson ne s'en souciant point pour leur part. Le patron disait qu'un petit choc ne tuait pas.
Éléonore avait gagné la présence de Pierre puisque son amie était partie avant qu'elle ne se rende aux toilettes.
Pierre attendait assis sur une chaise à l'hôpital. Il observait une mouche racolant un tube fluorescent. Quand il apprit que Éléonore n'avait rien, il s'excusa une dernière fois et prit congé d'elle. Elle, regrettait son départ, ce qui l'a surpris. Mais l'étudiante ne fit rien pour l'arrêter. Pierre, quant à lui, pensait aux heures perdues de cette infructueuse journée. En sortant, il remonta le col de son manteau pour se protéger des microbes du gros qui toussait fort. Le même qui arrivait à maintenir sa masse sur son mince siège à Pôle Emploi. Désormais il était tout rouge et ne cessait de projeter miasmes et tsunami de transpiration.
Dans le couloir Pierre croisa également Christian, poussé dans un fauteuil roulant par une aide soignante. L'homme s'était rappelé dans le dernier escalier que le coffre de sa voiture n'était pas clos, le distrayant et lui faisant rater une marche. Ses pleurs avaient forcé sa femme à s'inquiéter de son sort, du moins temporairement. A vrai dire cela la confortait dans son choix de se séparer de Christian. S'il ne pouvait transporter un micro-onde comment prétendrait-il à la satisfaire et à satisfaire les besoins du couple ? Ce n'était pas avec sa paye de caissière qu'elle les ferait vivre tous les deux.
Pierre atteignit la sortie. Il bailla un bon coup et une mouche s'engouffra dans sa trachée. Il dut se plier en deux pour la cracher.
- 'Tain, quelle journée de merde. Saleté de putain de mouche à la con. | |
| | | Cassiopée Héliaste
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| Sujet: Re: TROPHEE ZOLA Lun 6 Oct - 22:13 | |
| Juliette la grande et forte rousse a défié le troll des forêts ainsi nommé barbu de pacotille dvb quand le 3ème homme Mike001 est venu les rejoindre pour :
répondre en moins de 3000 signes (espaces compris)trophée Zola (récits réalistes ou historiques)par un thème : L'ennuiLe texte 3 écrit pas Juliette a reçu 6 votes sur 14 est votre favori. Juliette remporte donc le trophée Zola - Citation :
Cher journal,
Je m’ennuiiiiiiiiie…
Démultiplication des voyelles, pour plus d’emphase. Ah, l’ennui, ce grand mal (mâle ?) de notre temps. De nos jours, on s’ennuie devant un film, on s’embête sur internet, on noie sa solitude dans le porno. On s’ennuie d’un sexe banal, d’un amour triste, d’une passion fictive. Tu l’aimes, mon intro ? Elle sent bon le rythme ternaire, hein ? Je m’essaie aux envolées lyriques vois-tu, petit journal, parce que je n’ai rien à faire d’autre. Donc désolée pour le mélo et le pathos.
Léane ne me sert absolument à rien, les yeux rivés sur son bouquin comme si c’était agréable. Elle lit quoi, en plus ? Ah, le Bonheur des Dames. Dans le genre inutile en plus comme lecture, ça se pose là. En même temps elle s’appelle Léane, déjà, quelle idée. Bon, c’est pas de sa faute, mais nos parents ont un peu abusé sur le coup. Tu me diras, moi … Ils ont osé m’appeler Constantine. CONSTANTINE. Mais je te demande un peu. C’est pas un vrai prénom ça. Pourquoi pas Marie-Gaillarde tant qu’on y est ? Insupportable. Bande de hippies drogués à l’eau écarlate. On n’a pas idée de faire des gosses quand on ne peut pas se gérer soi-même, mais là n’est pas la question. Constantine. Bref.
J’ai essayé de lui proposer de sortir, au moins, pour se changer les idées, mais elle me regarde à peine, la gueuse. Oui, j’utilise des mots comme « gueuse », moi aussi je lis du Zola, ça va hein. Et tu sais ce qu’elle me répond ?
« Mais tu m’emmerdes Constouche, occupe-toi toute seule aussi ! »
Constouche. Elle a osé. Pire. Surnom. Du. Monde. Et puis est-ce que c’est de ma faute si j’ai toujours besoin qu’on me distraie ? Parce que je peux m’arranger sinon, tu peux me servir de poupée barbie dont on peint le visage en plastique et arrache les cheveux, hein, soeurette. Ce serait pas mal d’ailleurs. T’en penses quoi, hein, Lélé ? Pas ouf comme surnom hein ? Ou alors je pourrais appeler ton copain et me le faire sur la table de la cuisine ? Après tout il a toujours l’air d’en avoir envie le malheureux. Et puis merde, on est jumelles, il s’en rendra peut-être même pas compte. Je pourrais te voler tes affaires, t’arracher les yeux, t’attacher les pieds et te jeter dans la Seine. Au moins, ça « m’occuperait ».
Ah, je sais pas. Donc je t’écris, c’est déjà ça. Pour ce que ça vaut … Chiant, hein ? Ben blâme Léane. Foutue Léane. Moi je vais me décolorer les cheveux à l'eau oxygénée, ce sera déjà ça. Et puis j'ai peut-être moyen de me choper une petite migraine en passant, ce sera toujours ça de pris.
Journée de merde. J'aime pas les dimanches. Le texte n°2 écrit par dvb a reçu 5 votes sur 14 et termine deuxième. - Citation :
Soupirs. Le plus frustrant je crois, c'est que personne n'est là pour m'entendre soupirer ; aucun témoin à mon exaspération, personne pour entendre les borborygmes confus et inaudibles de ma patience rageuse. Si au moins j'avais eu la présence d'esprit de m'équiper pour l'occasion d'un smartphone, d'une boite d'allumettes ou de n'importe quoi, j'aurais pu laisser divaguer mon esprit, m'occuper les mains ou encore...
Je devrais regarder mes pieds.
Je n'ai même pas de montre pour constater la désolante stagnation du temps. J'aurais pu attendre impatiemment mon tour dans une file ou dans un lieu confiné à observer mes pairs, les jauger, les jalouser, les passer en revue, tirer des conclusions hâtives sur leurs... J'aurais voulu me rabattre sur une quelconque excitation : attendre de passer un entretien, stresser dans un cabinet médical avant le résultat d'une analyse quelconque qui aurait bouleversée ou non le reste de ma vie. Non ! Au lieu de ça : rien ! Même pas une mouche voletant de-ci de-là sur laquelle fixer mon regard et mon attention... Un bruit dans le couloir ? Non. Même pas. Pénible.
Et si je regardais mes pieds ?
Pour la cinquième fois (au moins) je remets une mèche en place derrière mon oreille. Depuis combien de temps ne me suis-je pas levée pour changer de fauteuil ? Et pourquoi n'y a-t-il pas un seul truc à lire, bon sang ? Une revue politique écornée, un magazine féminin daté de trois ans, une liste de tarifs de services ou de conditions d'utilisation à la con ? Quel est est l'imbécile qui a pu oser concevoir une salle d'attente sans la moindre fenêtre ou le moindre cadre, aussi moche fut-il ? Là, tout de suite maintenant, je donnerais n'importe quoi pour être en compagnie d'un poster de Mirò, d'un calendrier des postes représentant un panier garni de petits chats ou même d'une photo jaunie du massif du Jura.
Je vais regarder mes pieds.
Patience. Ca il en faut. Pourquoi déjà ? Merde ! Quel jour on est ? C'est pas ce soir que devait venir Benjamin pour le dîner ? Non ! Je le sais en plus que c'est la semaine prochaine. J'en ai tellement marre, que j'arrive même pas à me concentrer sur ce que je vais lui préparer à manger. De toute manière ça ne servirait à rien : je ne sais pas cuisiner et Benjamin se contente de pizza congelées.
Tiens, il y a une tache sur ma godasse. Où est-ce que j'ai bien pu salir ma chaussure ? C'est bête, le vernis est tout propre autour sauf sur la pointe. Ca y est ! Je me souviens ! C'est ce matin lorsque je...
« Mademoiselle ? Tout va bien ? Madame la Directrice va bientôt vous recevoir. Désolée pour cette attente imprévue. Ca ne devrait pu être très long maintenant. »
Soupirs.
Le texte n°1, écrit par Mike001 a bénéficié de 3 votes sur 14 et finit 3ème. - Citation :
Je la sentais s'agiter sur moi. Notre affaire avait commencé depuis une petite dizaine de minutes et je me remémorais le boulot qu'il me restait : une nécro et un article sur l'association de maquettistes du coin qui avait réalisé l'opéra de Sydney en papier mâché. Bravo les gars.
J'étais l'unique responsable de la situation, si je ne l'avais pas draguée on n'en serait pas là. Elle se démenait pour prendre du plaisir, et moi, allongé en étoile de mer je me disais que Jean-Pierre Moudont avait bien choisi son jour pour rendre l'âme. Pour une fois que je réussissais à ramener une fille sympa, jolie et intéressante chez moi, il fallait que je pense à une nécro. Jean-Pierre Moudont, cinquante-six ans, écrivain, marié, deux enfants, un petit-enfant : terrassé par un os de poulet brésilien à un repas de famille. Je ne savais même pas que c'était encore possible de s'étouffer de la sorte.
Ceci dit, elle y allait avec suffisamment d'entrain pour que mon corps comprenne que quelque chose de bien lui arrivait. Je n'aurais pas dû lui proposer de monter prendre un café ; jamais un grain ne s'était retrouvé dans ma cuisine, même par accident. C'était un réflexe venu de nul part. Le genre de banalités polies qu'on sort pour feindre l'intérêt – salut, ça va ? – ou pour inviter une charmante demoiselle à passer la nuit avec soi.
Ses joues rosies, sa poitrine qui se balançait et les petits gémissements qu'elle poussait m'auraient excité en temps normal, mais Moudont ne voulait pas sortir de ma tête. Je l'imaginais manger sa cuisse de poulet sans couvert, prendre une généreuse bouchée puis porter ses mains grasses à la gorge. Malgré moi, je ricanai ; elle stoppa net.
— Qu'est-ce qu'il y a ? me demanda-t-elle. — Rien, je pensais à un truc. — T'as pas l'air bien motivé, dit-elle sèchement, tu te fais chier ? — Non, non. Vas-y, continue. — Je ne sais pas si j'en ai encore envie. Tu me chauffes et me ramènes dans ta piaule, tout ça te marrer visiblement ! Que tu n'aies pas de café, je peux l'oublier, mais pas que tu me négliges. Mets-y du cœur, bordel. T'es un mec ou pas ?
Sûr que j'en étais un. Mais j'avais beau l'être et elle avait beau presser la corde du mâle dont la virilité est questionnée, le cœur à l'ouvrage ne venait pas. Alors, elle partit.
Jean-Pierre Moudont était parti. Ils occupaient mes pensées, pourtant je m'ennuyais d'eux. Maintenant qu'ils n'étaient plus présent, je me dis que j'aurais aimé passer plus de temps en leur compagnie. Même celle de Jean-Pierre, aussi étrange cela puisse paraître. Qui viendra prendre le trophée aux mains de Juliette, même si le rouge lui va à ravir ?
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| | | Mike001 Coordonnateur Littéraire
Nombre de messages : 2662 Age : 23 Localisation : West Coast ; Phare Ouest Date d'inscription : 26/09/2010
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| Sujet: Re: TROPHEE ZOLA Lun 19 Oct - 17:40 | |
| Nicolas est à l'image d'un dresseur pokémon : il veut tous les trophées. Juliette sera-t-elle son Régis ? Le thème était : « C'est l'histoire d'un type ou d'une meuf dont c'est le premier jour de son nouveau job. » Nicolas retire son trophée à Juliette ! Avec son texte, le premier, il emporte 8 voix sur 12 et par conséquent, la victoire. Texte n°1 : - Nicolas a écrit:
- OBLIGER DE VÊTIR LE CASQUE
L'alarme de mon portable me réveille en sursaut. Le radio-réveil indique 9h40. Et je suis dans mon lit (?!) Angoisse. Qu'est-ce que... l'alarme de mon portable me réveille en sursaut. J'expire, fais le vide. Le carnaval s'arrête : c'est la réalité, cette fois. 7h50. J'ai l'impression d'avoir dormi un quart d'heure. Mes yeux rouges brûlent. Qu'est-ce que c'est dur d'à nouveau se lever tôt ! Je m'empare du sac à dos Happy Meal qui m'a servi de coussin. Ça va : le costume n'est pas trop froissé. Je retire mes deux couches de pulls, mon jean, et je l'enfile, ainsi que mes souliers. J'ai l'impression d'être déguisé, d'être un agent infiltré. De la poche du jean, j'extirpe un post-it qui me rappelle les étapes pour un nœud Windsor. Difficile, sans glace. Je mange mes quatre pains au lait, bois en grimaçant ma canette de Fanta citron frappé (idée stupide d'avoir pensé à ça pour un petit-déjeuner). J'époussette les miettes, range mes affaires dans le sac à dos. J'entends des pas sur le gravier. Je presse le bouton vert qui ouvre la porte du wagon et cours au petit trot jusqu'à la sortie de la gare. Terminus RER C : Dourdan - la Forêt. J'étais tellement paniqué à l'idée d'arriver en retard pour mille et un impondérables à mon premier jour que j'ai préféré passer la nuit dans un train à quai, à frissonner, à échouer à trouver une position confortable sur la banquette. Je suis exténué. Mais j'y suis. Et à l'heure.
L'entrepôt est à huit-cents mètres, dans la zone industrielle ; j'y suis déjà allé en repérage. Deux fois. De toute façon, il n'y a qu'à suivre le ballet des poids-lourds. Merde ! Une chose à laquelle je n'ai pas pensé : ce sac à dos ridicule, rouge et jaune, contrecarre tous mes tentatives d'être pris au sérieux. Je dois m'en débarrasser. J'avise un massif de ronces derrière le fossé qui jouxte les voies ferrées. Je le lance, mais il s'accroche gracieusement à une branche à portée de tous. Je dois franchir le fossé pour le camoufler un peu plus efficacement dans les ronces ; ce faisant, je déchire la couture du bas de mon pantalon, mais je ne m'en rends compte que deux-cents mètres plus loin. Mortifié, je tente de me convaincre que personne ne le remarquera. Et si j'essaye de rentrer ce pan de tissu dans la chaussette... Aucune solution honorable : je suis condamné à être un clown, avec ou sans sac à dos Happy Meal. Une berline aux vitres teintées de vert s'arrête à ma hauteur.
« C'est vous le nouveau ? » Une femme blonde, la cinquantaine, me transperce de ses yeux glacés. Elle a baissé sa vitre à mi-hauteur et tient relevées ses lunettes de soleil. J'acquiesce timidement. « Monte. Je t'amène. Mathieu, c'est ça ? » Je jurerais qu'elle m'a adressé un clin d'œil entendu mais ça doit être dû à l'absence de sommeil. Je lui réponds en contournant l'avant de la voiture : « C'est pas Mathieu, non. Je m'appelle Toni. » Je pose ma main sur la poignée mais j'entends le bruit sourd du verrouillage centralisé. Elle abaisse la vitre du côté passager. « Tu n'es pas le nouveau stagiaire en compta ? — Ha ben non, j'ai été recruté comme contrôleur de gestion. Par monsieur Danzale, Landaze, quelque chose comme ça. » Son visage se crispe et elle laisse retomber les lunettes sur ses yeux bleus. Puis la vitre automatique se relève et la voiture démarre à toute allure. Accueillant. Suave.
Je fais une fois le tour de l'entrepôt sans trouver quelle pourrait être l'entrée réservée aux employés. Je me résigne à passer par l'aire de déchargement des camions, au milieu de palletistes qui me regardent avec circonspection. Je murmure des bonjour presque assurés et j'avance avec une résignation feinte à travers ce dédale de manutention. Finalement, après cinq minutes à tourner en rond dans une zone réfrigérée au milieu de piles de poulets reconstitués, je suis pris en pitié par l'un des hommes qui me guide jusqu'au bureau de monsieur Danzèle (j'avais presque le bon nom !) Un bureau assez classieux aux parois et à la porte en verre. Je reconnais instantanément l'air bonhomme de celui qui m'a engagé lors du stage d'immersion entrepreneuriale de la cellule de reconversion et de réacclimatation professionnelles issue d'un partenariat expérimental entre Pôle Emploi et la Chambre de Commerce et d'Industrie à des fins de formation et d'intégration au monde du travail. J'avais obtenu l'entretien en recopiant mot pour mot la lettre de motivation du jeune homme asiatique du groupe. Les conseils de rédaction de curriculum vitae de Pôle Emploi s'étaient révélés extraordinairement efficaces : j'avais indiqué en hobby, au hasard complet, être fermement passionné de maquettisme de chars d'assaut soviétiques de la Seconde Guerre Mondiale, et ce monsieur Danzèle avait rebondi sur cette ligne comme un diable à ressort pour s'écouter parler pendant une heure des extraordinaires dons de son fils cadet pour l'origami. Je m'étais contenté de le regarder en souriant, en hochant la tête avec douceur, de presque applaudir ce prodige de 6 ans qui faisait des grenouilles en papier. Puis j'étais recruté. Comme contrôleur de gestion. Sans vraiment savoir ce que recoupaient ces trois mots mis à bout à bout. « Entrez. »
« Ah, vous voilà ! Enchanté, jeune homme. Mathieu, c'est ça ? — Non, monsieur. Je suis Toni Filiberti. Vous m'avez recruté pendant... — Mais oui, Toni ! » Il m'interrompt en frappant du poing son accoudoir et fait traîner le i de mon prénom pendant plusieurs embarrassantes secondes. « Toni, Toni... comment allez-vous, jeune homme ? Bienvenue. Bienvenue à bord ! Il regarde sa montre. On ne va pas traîner : la réunion de sensibilisation à la sécurité pour les nouveaux employés va bientôt débuter. Je vous invite à repasser ici après, que l'on s'occupe de toute la paperasse et de vous faire un badge, hein ? » J'opine, mais j'ai du mal à détourner le regard du cadre sur le bureau où Danzèle porte sur ses épaules un colley adulte déguisé en bébé. Il se lève et me guide jusqu'à la sortie du bureau, puis en referme rapidement la porte. Je pensais qu'il allait m'accompagner. Il voit mon air désarçonné et tend le bras vers la gauche. « Au fond, par là. » Je réponds maladroitement en levant le pouce sur mon poing serré. N'importe quoi.
Je trouve assez facilement la salle en question : c'est la seule devant laquelle attendent deux types qui semblent aussi perdus que moi. Personne n'a vraiment envie d'engager la conversation. On se grogne quelques monosyllabes de présentation. L'attente est longue. Un groupe de trois femmes passe devant nous. Une fois qu'elle nous ont dépassés, sans se retourner, l'une d'elles roucoule un « Mathieuuu » en imitant des gémissements de plaisir. Elles éclatent de rire. C'est donc ce grand type à l'air niais qui, sous l'effet de la gêne, passe sa main sous ses cheveux bouclés, avec qui tout le monde me confond. Sans nous regarder, un avorton au costume trop grand déverrouille la porte et nous exhorte à le suivre. Par précaution, nous nous installons à plusieurs chaises de distance les uns des autres. « Je me présente : Anton Politz. J'interviens dans plusieurs entreprises afin de sensibiliser les employés au respect des cadres de sécurité. Allons, rapprochez-vous ! » Nous nous exécutons de mauvaise grâce. Personne dans cette pièce ne semble vouloir être là. « Je ne vais pas vous imposer un Powerpoint que vous aurez oublié d'ici une heure, ha ha. Il nous gratifie du sourire le moins sincère que l'on puisse faire. Non non, je suis partisan de l'acclimatation ludique aux problématiques du travail. » Il sort de sa mallette des petits tuiles en carton et nous en distribue deux à chacun. « Sur l'une des cartes se trouve une situation à risque et sur l'autre un dispositif de sécurité. À vous de les distinguer et d'expliquer sur quoi vous avez basé votre choix. » Mon dieu que ça a l'air compliqué et chiant ! Je regarde mes deux tuiles, respectivement Des portes coupe-feu et Je ne porte pas mon casque de sécurité pour ne pas défaire ma mise en pli. Ça ne peut pas être aussi débile que c'en a l'air, si ?! Mais mes deux autres camarades ont l'air de sérieusement se creuser les méninges. Spontanément, Mathieu me montre ses deux cartes, demandant mon avis. Il a Je joue au football avec une brique en chaussures de sécurité et Un jet d'eau directionnel pour se laver les yeux en cas de contact avec des produits chimiques. « À mon avis, le plus sûr, c'est les chaussures de sécurité. Et sur l'autre, il y a quand même chimiques. » Je lui réponds que je pense qu'il est sur la bonne piste, en effet. « Alors, jeune homme, me demande Politz, vous pensez avoir trouvé ? » Je lui explique mon choix en montrant mes cartes. Il m'écoute distraitement et note sur son cahier la référence des deux tuiles, la 015 et la 112, puis il consulte à la hâte les dernières pages. « Cent-douze, cent-douze... ah voilà ! Hé bien, oui c'était la bonne réponse. Bravo ! » Mathieu est toujours plongé dans ses abîmes de perplexité et le dernier des nouveaux semble sur le point de s'endormir. Politz regarde sa montre. « Une demi-heure. Hé bien, on va s'arrêter là. Faites circuler les petites cartes jusqu'à moi, s'il-vous-plaît. Vous trouverez dans ces brochures tout ce qu'il reste à savoir sur la sécurité. » Il dépose devant chacun de nous une trentaine de fascicules, dont certains sont en anglais ou en allemand. Il y en a même un douloureusement traduit et intitulé Obliger de vêtir le casque : sécurité par-dessus le peuple.
Je repasse par chez Danzèle mais il n'y a personne dans le bureau. Je ne saurais être plus livré à moi-même. Mes intestins gargouillent sous l'effet du stress accumulé ces trois derniers jours. « Si tu cherches les gogues, mon gars, c'est là-bas » me glisse en passant un ouvrier rigolard. Visiblement, il est apparent à tout le monde que je suis sur le point de me faire dessus. « Merci... connard ! » Je prends soin de l'insulter de façon inaudible, mais ça lave un peu mon honneur. Ces toilettes sont démesurées. Les urinoirs se perdraient presque à l'horizon. Je localise une poubelle et me débarrasse des deux kilos de prospectus de Politz. Je rentre dans une cabine. Sans surprise, la meilleure façon de faire des économies d'ampleur pour une grande boîte, c'est de rogner au maximum sur la qualité du papier hygiénique et j'ai l'impression de m'essuyer avec du buvard. J'en regretterais les fascicules sur la sécurité. Soudain, dans la cabine juste à ma droite, quelqu'un se met à chanter à pleine voix. « Dans la jungle, terrible jungle, le lion est mort ce soir ! Et les hommes, tranquilles, s'endorment. Le lion est mort ce soir ! » Encore plus fou : une autre voix s'élève spontanément et à l'unisson pour les awimbowe awimbowe awimbowe. Et le récital continue alors que je reste stupéfait, le pantalon déchiré sur les pieds. Ce n'est pas vraiment ce à quoi je m'attendais pour un premier jour. Oh, et puis à quoi bon lutter ? Je les rejoins à mi-couplet : « Viens ma belle ! Viens ma gazelle ! Le lion est mort ce soir ! » Les autres voix s'interrompent. L'une d'elle, mi-inquiète, mi-menaçante, glapit. « Qui est là ? Qui chante ? » L'autre, plus hostile, aboie. « Mais qui est là, putain ?! » Je me rhabille à la hâte et me précipite hors des toilettes. Je cours au hasard dans les couloirs et trébuche sur ma ceinture que je tiens à la main. Des escarpins s'arrêtent devant mon visage. « Mathieu ? — Oui, dis-je, résigné. C'est moi... Mathieu. »
« Enchantée. Galina Janssens. Nous allons travailler ensemble. » C'est un ange qui m'aide à me relever. Ses yeux bleus comme le ciel des publicités d'Air France se plissent avec bienveillance alors qu'elle prend ma main dans la sienne. Ses longs cheveux blonds semblent si fins que la lumière se contente de les caresser. Et si je fermais les yeux, la persistance rétinienne conserverait son sourire imprimé sous mes paupières. Je suis debout. Je la contemple. Porté par n'importe qui d'autre, ce tailleur à carreaux semblerait vieillot, ridicule, mais elle sublime tout ce qui l'entoure sur un mètre et demi. Même la plante en pot presque desséchée qui fuit sur la moquette semble sexy aux côtés de Galina. Qu'est-ce ce qu'une femme aussi belle fiche ici ? Et comment une femme aussi radieuse peut sembler si authentiquement réjouie d'être ici ? Elle me guide par la main à travers le labyrinthe des couloirs. Mes pieds ne touchent plus le sol.
Elle me fait entrer dans un bureau dont les stores ont été baissés. Elle en verrouille la porte. « Les filles, je l'ai trouvé. C'est lui. Mathieu ! » Dans la pénombre, je vois des formes humaines se mouvoir, deux, non, trois paires de jambes interminables s'avancer vers moi. Galina m'a contourné et s'est penchée sur mon oreille. Elle susurre qu'elles m'attendaient avec impatience. Elles sont toutes les trois aussi séduisantes, faites dans le même moule que Galina. Athénaïs, la rousse, Nam-Kyu, l'Eurasienne, et Gloria, l'Antillaise. Leurs mains courent sur mon corps. Elles geignent de languissants Mathieu. Je me laisse faire. Une alarme tonitruante se met à sonner. Les détecteurs de fumée se mettent à pleuvoir sur nos corps à moitié dévêtus. L'eau colle leurs chemisiers à leurs poitrines, les rendant plus provocantes.
Je me réveille en sursaut. L'alarme de mon portable retentit. J'ai de l'eau qui me coule sur le visage. J'ouvre les yeux. Un clochard est en train de m'uriner dessus. « Ah ben tu t'réveilles ! Tu vas pouvoir arrêter ta sonnerie, là, parce qu'on veut dormir, nous ! » A l'autre bout du wagon, son camarade braille : « Mathieu ! Mathieu ! Arrête de lui pisser dessus ! Il va l'éteindre, son bip-bip. » Texte n°2 : - Juliette a écrit:
- Impossible de dormir. Trop d’excitation. Tant pis, j’irai au boulot après une nuit blanche, je rattraperai ce soir. Rien à foutre. Trop d’enjeu.
Ça y est, je suis journaliste. Enfin. J’aurai même ma carte de presse et tout. J’ai réussi à ne pas passer par le stade bâtard de pigiste. Merde, je suis JOURNALISTE, putain ! Dans une vraie rédaction, majeure en plus ! Après mon DUT, après ma LP, les stages innombrables, le semestre à l’étranger, je vais enfin couvrir de vrais sujets et pas juste de la PQR - ou presse quotidienne régionale, tous les faits divers à base de chiens mouillés qui font du ski nautique et les résultats de ces équipes de foot locales dont tout le monde se fout. Moi c’est prévu, je ferai du journalisme d’investigation. Ma spécialisation ? La politique. Ça, c’est du sujet. Mais je suis prêt. Au taquet. J’ai sorti les crocs, je vais les massacrer tous ces pourris. Ils vont même pas me voir venir.
6h30. Faudrait peut-être que je me bouge. C’est bien sympathique de regarder le plafond, mais j’ai quelques heures de RER devant moi et besoin d’un café. Ou cinq. Ou cinq-cent. J’espère qu’ils ont une machine à la rédac. Est-ce que je devrais prendre un thermos ? Ou ça fait vraiment trop mec qui prend ses aises dès le premier jour ? En même temps, si on s’attend à ce que je me déplace et que je fasse le pied de grue, autant que je sois bien réchauffé non ? Bon je ne prends rien, je regarderai comment font les autres et je m’adapterai. Pareil, est-ce que je ramène à manger ? Mon ordinateur ? Est-ce qu’on s’attend à ce que j’ai mon propre carnet et stylo ? Merde, est-ce que j’aurais dû acheter un de ces carnets à spirales en haut ? Comment ça s’appelle ? Est-ce que je suis censé savoir comment ça s’appelle ? Arrête tes conneries Julien, tu débutes, t’as le droit de faire quelques petites conneries, ce sera pas la fin du monde.
Comment je suis censé m’habiller ? Pas en costard évidemment, c’est pas le genre, mais est-ce que je sors la chemise ? Le jean, s’il est pas trop délavé, ça passe ? Les belles chaussures ou les baskets ? Okay c’est un métier de terrain mais à quel point je devrai rester debout ? J’aurais dû demander, j’ai jamais travaillé dans une rédaction comme ça moi ! Bon allez, souffle. C’est pas bien grave si tout n’est pas cent pour cent parfait dès la première seconde.
Rappelle-toi de tes profs Julien. Et de tes stages. Comment ils étaient habillés, tous ? Okay, je vais me baser là-dessus. Ca va aller.
7h. Il est temps d’y aller. Vivement que j’ai mon propre appart, vivre chez ses parents en banlieue y’a quand même rien de pire. Enfin. Au moins ça ne me coûte rien. Bref.
J’ai acheté le journal à lire dans les transports, histoire d’être le plus aligné possible sur leur ligne éditoriale. Il ne faudra pas que j’oublie de le jeter avant d’arriver par contre, ou de le cacher dans mon sac histoire de ne pas faire trop lèche-bottes. On ne m’a pas encore dit ce que j’étais censé faire. J’ai pris mon ordinateur et mon bloc-notes au cas où, au pire ils resteront dans mon sac. Ce sera un peu lourd, mais ça ira.
8h45. Ca y est, j’y suis. On m’avait dit 9h, mais mieux vaut faire bonne impression. Tout le monde n’est pas encore là, je me calquerai sur les horaires de tout le monde à partir de demain, c’est décidé. Qui je dois trouver ? Il faudrait peut-être que j’aille me présenter non ? Ah, l’assistante RH m’attend. Noémie. Il faut que je m’en souvienne. Noémie, Noémie. Elle me fait faire le tour des bureaux - les toilettes, l’open space, la machine à café … YES, y’en a une ! Mon bureau. Faisons une pause 30 secondes : j’ai un bureau ! Trop bien ! Bon faut pas trop que j’aie l’air d’un débutant, reprend-toi Julien putain. Papiers à signer, photo, carte de presse, ok. On me présente le patron - Roger. Roger, Roger. Et ça c’est Lisa, de la compta, d’accord. Trop de nouveaux prénoms d’un coup.
Aujourd’hui je vais suivre Laure, l’experte politique. Pas besoin de retenir son nom à elle, je suis ses chroniques religieusement depuis des années. Un monument de l’écriture, celle-là. C’est génial. Je suis trop bien, c’est génial. Génial, génial, génial. Le plan de la journée m’est présenté : j’accompagne Laure aux questions à l’Assemblée, puisqu’on est mercredi. Elle a quelque chose de prévu sur la majorité, elle doit vérifier qu’ils tiennent bien leurs promesses électorales, notamment sur la question de l’avortement, ça devrait être passionnant. Et moi j’ai le droit de préparer un petit article récapitulatif qui lui servira d’introduction. Je vais être publié, dès mon premier jour !
10h, on arrive à l’Assemblée. Ah ces politiques, langue de bois sur langue de bois. Je vois Laure prendre des notes sur son carnet. Je fais pareil sur le mien - elle me chuchote que je devrais en demander un à Noémie, le mien n’est pas aux normes du journal. Déjà j’apprends quelque chose !
12h, on retourne au bureau. Laure s’achète un sandwich et bosse devant son écran. Je vais faire pareil, ça doit être comme ça que ça marche. Elle tape tellement vite, c’est dingue ! Bon, il faut que je les impressionne. Je vais être le plus sévère possible. Ce député de gauche qui propose des mesures qui frôlent l’extrême-droite ? Je vais lui faire sa fête, à coup de références Mitterrand. Petite pique sur le régime de Vichy, et hop ! Je suis plutôt fier de moi. Laure s’est déjà absentée depuis un moment, mais comme elle ne m’a pas dit de la suivre, je reste à mon bureau et j’observe. Mail à l’assistante de rédaction avec mon article, et hop je suis tranquille ! Quelle efficacité !
15h. Et si j’allais faire un tour à la machine à café ? Les journalistes sportifs sont tous agglutinés devant, pas de résultats à reporter avant ce week-end. J’ai vraiment bien choisi mon département. J’essaie de discuter un peu ou j’observe ? Je vais me taire pour l’instant, j’aurai tout le temps d’entrer dans la conversation un autre jour, mais vaut mieux pas faire de bourde dès le premier jour, je ne maîtrise pas du tout les sujets abordés.
16h. On m’a renvoyé mon article. J’ai peur d’ouvrir le mail … Mais c’est pas mon article ça ! Les piques, les sarcasmes, tout a disparu ! A la place, il ne reste qu’un résumé plat et édulcoré. Je ne sais même pas s’ils ont gardé un mot sur dix. Je vais voir l’assistante de rédaction. Carine, elle s’appelle. Elle me dit qu’elle est désolée, mais que le député que j’ai éclaté est en fait extrêmement proche de Roger. Roger ? Ah oui, le grand patron. Donc on n’a rien le droit de dire. Sérieusement ? Elle essaie de me soutenir. C’est pas facile au début, mais on apprend vite ce qu’on peut et ne peut pas faire. Laure aussi en a fait des conneries. D’ailleurs, est-ce qu’on m’en a déjà parlé de Laure ? Incapable de sortir une phrase sans au moins trois fautes d’orthographe. Ses articles, c’est une suite de bullet-points. C’est aux AR (assistants de rédaction, donc) de tout reprendre à chaque fois. Eux qui ne seront jamais crédités.
17h. J’ai une légère nausée. Carine a eu beau essayer de me rassurer, je me suis rarement senti aussi mal.
18h. J’ai envie de dormir. Je vois que Laure n’est pas revenue (d’après Carine, elle enchaîne les pauses café avec ses potes des cabinets de ministres), moi je vais me barrer. Noémie me propose de rester pour voir un bouclage, mais honnêtement ? La flemme. Je veux juste rentrer. Prendre un bain. Ecrire dans mon journal intime. Au moins je peux y mettre ce que je veux. Et si je créais un blog ?
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